Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'industrie, à Sud Radio le 14 décembre 2021, sur la politique industrielle.

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Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

BENJAMIN GLAISE
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Benjamin GLAISE.

BENJAMIN GLAISE
Merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. Réindustrialisation du pays, la situation de la fonderie Sam, interview d'Emmanuel MACRON demain soir, le Covid, on va revenir sur l'ensemble de ces sujets, mais d'abord quelques mots sur, eh bien l'annonce que vous avez fait hier concernant cette nouvelle aide de l'Etat pour les entreprises, les industries afin de faire face aux pénuries, aux problèmes d'approvisionnement, on pense notamment aux semi-conducteurs. Quel autre type de pénurie ça concerne et sur des secteurs, quels secteurs importants de notre économie ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors la crise sanitaire est en train ou a désorganisé les chaînes de production mondiale. Les bateaux coûtent beaucoup plus cher et s'agissant de l'acier, de l'aluminium, du magnésium des semi-conducteurs vous l'avez dit et d'un certain nombre de matières premières nécessaires pour les chaînes de production, non seulement les prix se sont envolés mais surtout les délais d'approvisionnement sont gigantesques. On me dit aujourd'hui que sur les semi-conducteurs on peut être à 60 semaines, c'est-à-dire plus d'un an de délai d'approvisionnement. Par rapport à ça les entreprises doivent faire preuve de beaucoup d'agilités, elles doivent surtout faire des stocks, elles doivent payer plus cher et donc ça augmente leurs besoins de trésorerie avant même qu'elles ne soient en capacité de produire. Et les mesures que nous avons prises hier avec Bruno LE MAIRE et avec Elisabeth BORNE, elles ne visent pas à faire des aides supplémentaires mais à soulager la trésorerie des entreprises en leur permettant de passer ce cap, c'est-à-dire entre le moment où elles doivent acheter ces composants très chers à l'autre bout du monde et le moment où elles les utilisent et elles peuvent enfin les retrouver dans leur chiffre d'affaires et passer l'augmentation des prix. C'est l'objectif du prêt par exemple BPI de 10 ans qui permet pendant 3 ans de ne pas rembourser tout de suite le prêt et de passer ce cap et ensuite de lisser l'effort sur les 7 années qui suivent.

BENJAMIN GLAISE
Concrètement ce prêt qui va se manifester, comment, de quelle façon, c'est quoi les particularités de ce prêt que vous avez annoncé ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est un prêt que vous négociez avec BPI. BPI c'est une banque mais elle est publique, elle est au service du développement des entreprises. C'est un prêt d'une durée de 10 ans, je l'ai dit, donc qui est long. c'est un prêt avec 3 ans de différé d'amortissement, ce qui est en langage direct, veut dire que vous ne payez pas les premières années le remboursement du prêt de façon à coller avec des difficultés d'approvisionnement qu'on connaît et qui est lissé sur une durée suffisamment longue pour que l'entreprise puissent gérer ce moment qui ne ressemble à aucun autre et qui est lié à la crise sanitaire puisque nous faisons évidemment l'hypothèse qu'en sortie de crise les bateaux vont se remettre à fonctionner normalement, les chaînes de production vont se remettre à fonctionner normalement et ce auxquels nous faisons face qui est d'une augmentation des matières premières va se remettre à fonctionner normalement.

BENJAMIN GLAISE
Vous avez parlé de la question des trésoreries bien sûr qui est essentielle actuellement pour les entreprises, encore plus avec ces difficultés d'approvisionnement, il y a aussi la question de l'emploi, vous en avez pas parlé, c'est aussi un objectif ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait bien sûr parce qu'il y a des difficultés d'approvisionnement, vous avez des entreprises qui fonctionnent au ralenti, alors c'est très frustrant parce que l'économie repart, parce que la France ayant un taux de croissance qui devrait être supérieur à 6,5%, mais lorsque vous fabriquez par exemple une voiture et qui vous manque les 3 semi-conducteurs qui coûtent rien du tout pour finaliser la voiture, vous ne pouvez pas produire la voiture. Et donc des chaînes de production sont aujourd'hui au ralenti et pour ne pas là aussi créer du chômage indus puisqu'il y a les commandes, il y a la capacité à produire, il y a les salariés, nous mettons en place le financement de l'activité partielle comme nous l'avions fait, ou chômage partiel, comme nous l'avions fait pendant le confinement pour permettre aux gens de continuer à rester dans l'entreprise et de là aussi passer ce moment très particulier de tensions sur les approvisionnements.

BENJAMIN GLAISE
Ça veut dire, alors il y a certains secteurs où ça repart vraiment, où on cherche justement à embaucher, où on a du mal à embaucher et pourtant il y a encore un certain nombre d'aides qui sont en place, l'industrie, elle n'est pas encore totalement remis sur pied.

AGNES PANNIER-RUNACHER
En fait vous avez des secteurs de l'industrie qui sont en surchauffe et d'autres secteurs qui sont au ralenti. On voit dans l'aéronautique toutes les entreprises qui font des mono-couloirs attendent encore la commande et que ça redémarre. Les entreprises qui sont elles sur des avions de pour des petites lignes, des lignes moins lointaines ont redémarré plein pot. Donc on a des situations extrêmement hétérogènes et c'est ça qui explique ces tensions, mais moi ce que je veux dire c'est que l'industrie en France elle recrée de l'emploi, c'est nouveau, vous savez qu'entre 2000 et 2016 ce pays a détruit un million d'emplois industriels net avec la politique menée par le gouvernement, par le président de la République et la volonté que nous avions de faire de la reconquête industrielle une priorité, nous en avons recréé en 2017, 2018 et 2019. Et au fond ce qui est important, c'est que, en dépit de la crise en 2021 ça continue, on a 70000 offres d'emploi sur Pôle emploi aujourd'hui, on en avait dans l'industrie, on en avait à peine 40000 avant la crise.

BENJAMIN GLAISE
Mais avec une économie, Agnès PANNIER-RUNACHER, qui est sous perfusion encore aujourd'hui, ça va durer combien de temps ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas du tout, je rappelle qu'aujourd'hui les entreprises entre guillemets sous perfusion représentent moins de 10 % des entreprises économiques, donc il faut pas dire ça, au contraire les entreprises sont reparties, elles ont aujourd'hui des carnets de commandes remplis et leur difficulté, c'est de recruter d'une part et c'est la surchauffe sur les approvisionnements des matières premières parce que c'est également reparti dans d'autres pays et comme le virus continue à circuler, on a ces difficultés dans des pays qui ferment des usines le temps que le virus se passe et qui réouvrent et tout ça induit plus d'argent, enfin plus de coûts des matières premières.

BENJAMIN GLAISE
Ça veut dire qu'on envisage en tout cas la fin du quoiqu'il en coûte là, on est clairement dans cette idée-là.

AGNES PANNIER-RUNACHER
On en est sorti depuis longtemps, le quoi qu'il en coûte. On en est sorti à la fin de l'année dernière, on est aujourd'hui sur du sur mesure, c'est-à-dire que des entreprises qui ne peuvent pas travailler ou qui ont des grandes difficultés pour travailler, je pense à l'événementiel, je pense aux discothèques évidemment qui elles sont interdites de travailler aujourd'hui, continuer à être accompagnées, mais toutes les autres entreprises et ça représente l'essentiel de notre économie fonctionnent et fonctionnent plutôt très bien. Encore une fois le taux de croissance il est le plus haut depuis 50 ans en France, plus de 6,5% en 2021, le taux d'emploi, c'est-à-dire la proportion de la population en âge de travailler qui travaillent est le plus élevée depuis 50 ans, ça n'était jamais arrivé depuis des années et le taux de chômage est au plus bas depuis 10 ans.

BENJAMIN GLAISE
Après vous avez des entreprises qui se sentent lâchées, c'est le cas de la fonderie Sam, j'aimerais qu'on en parle puisque l'ultime projet de reprise n'a pas été validé par RENAULT qui touche portant des aides de l'Etat. Les lettres de licenciement sont arrivées, commencent à arriver pour les plus de 330 salariés, les prévisions de RENAULT en terme de reclassement et de primes elles étaient insuffisantes aujourd'hui ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors d'abord je veux dire que cette fermeture de site et il y en a encore sur le territoire, vous savez qu'il y a eu 2 fois plus d'ouvertures de sites industriels cette année, l'année dernière en pleine crise que de fermetures de sites industriels, néanmoins chaque fermeture de site industriel est un drame pour les salariés, pour le territoire et je veux redire aux salariés qu'on sera à leurs côtés et on est à leurs côtés. La situation de Sam, elle est un peu particulière, c'est une entreprise qui a été 2 fois en redressement judiciaire en 2017 et en 2019 dans laquelle nous avons mis l'argent pour permettre à l'exploitation de continuer, qui perdait beaucoup d'argent, c'est plus de 20 millions d'euros qui ont été mis pour la période de recherche de repreneurs et voilà il y a quelques jours il y avait pas de repreneur qui pouvait permettre à cette entreprise de continuer. C'est la situation que l'on constate, c'est extrêmement frustrant, nous le vivons comme un échec mais c'est la situation. Aujourd'hui qu'est-ce que nous faisons ? D'abord je demande à RENAULT de prendre toutes ses responsabilités, c'est le seul client de la Sam, ils ont une responsabilité à l'égard des salariés.

BENJAMIN GLAISE
Ça veut dire quoi prendre toutes ses responsabilités ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors c'est plusieurs choses, c'est très concret.

BENJAMIN GLAISE
C'est quoi justement le poids du gouvernement là-dessus ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est évidement faire des propositions de reclassements mais on le sait les sites de RENAULT sont assez éloignées de l'Aveyron, donc RENAULT va le faire tout en sachant que pour beaucoup de salariés ces propositions ne vont pas être acceptées, il faut vraiment avoir envie de déménager pour accepter ces propositions. La 2e chose c'est de l'argent, je veux dire c'est de donner, c'est d'avoir une contribution financière pour chacun des salariés pour leur permettre de rebondir professionnellement. La 3e chose, c'est ce que nous faisons aussi avec le fond fonderie que nous avons mis en place puisque cette situation elle résulte aussi d'une transformation plus profonde de l'automobile, les Français achètent plus de voitures électriques, c'est très bien, mais ça a une conséquence sur ceux qui produisent des pièces pour moteurs thermiques. Et donc avec le fonds fonderie nous accompagnons les entreprises, les sous-traitants qui sont en difficulté et notamment pour reconvertir ou reclasser les salariés.

BENJAMIN GLAISE
Mais par rapport à RENAULT, il n'y a pas de pouvoir justement de la part du gouvernement de peser, vous appelez à la responsabilité de RENAULT.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Si nous posons sur l'accompagnement financier, nous pesons évidemment sur les reclassements en sachant que c'est une possibilité mais qui va conserver probablement à nombre de mineurs de personnes parce que beaucoup de salariés souhaitent continuer à travailler dans leur territoire et c'est parfaitement légitime, mais il faut le faire quand même on ne peut pas injurier l'avenir. Et nous allons également accompagner le reclassement des salariés. Par ailleurs je précise une chose, Jean-Pierre FLORIS a été missionné…

BENJAMIN GLAISE
Chargé de mission.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Est un grand, je dirais industriel, qui a fait sa carrière notamment dans tout ce qui est SAINT-GOBAIN etc, et dans différents secteurs industriels est à Decazeville aujourd'hui pour voir les salariés, pour travailler sur la réindustrialisation du site. Je l'ai dit également nous avons 2 projets avec des entreprises qui permettraient de créer de l'emploi de manière significative sur lesquelles nous travaillons et nous avons lancé une mission choc industriels, il y a 2 mois pour regarder toutes les possibilités de création d'emplois que nous pouvons accélérer dans les entreprises du territoire. Tout cela doit déboucher au début de l'année avec des propositions pour le territoire pour faire en sorte d'avoir des emplois industriels sur lesquels les salariés puissent se repositionner.

BENJAMIN GLAISE
Est-ce que vous avez déjà au moins des débuts de pistes justement sur l'avenir du site ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait mais nous avons des débuts de piste, moi je ne fais pas des promesses en l'air et donc j'attends d'avoir des choses en dur, des choses signées pour pouvoir les évoquer.

BENJAMIN GLAISE
En tout cas vous avez des propos plutôt rassurants pour justement pour le bassin d'emploi sur place.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous savez sur ces situations on l'a vécu sur Bridgestone, on l'a vécu sur LVM, il y a un délai minimal pour retrouver des activités industrielles, mais sur Bridgestone nous en avons retrouvé, sur LVM qui est dans le grand Est nous en avons retrouvé et nous continuons à faire en sorte de recréer de l'emploi industriel. Je ne dis pas que c'est facile. Je ne dis pas que c'est un combat gagné d'avance mais avec de la détermination politique nous avons aujourd'hui renversé la vapeur en matière d'emplois industriels et nous créons plus d'emplois industriels que nous nous en détruisons et nous comptons bien continuer dans cette direction.

BENJAMIN GLAISE
Agnès PANNIER-RUNACHER, sur un autre sujet, mais il va peut-être en parler de l'industrie justement Emmanuel MACRON avec l'interview donc demain soir sur LCI et TF1, interview qui a déjà été enregistrée mais qui sera diffusé demain soir, il en parlera de l'industrie.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, je ne vais pas préempter les propos du président de la République mais c'est vrai que l'industrie est un sujet important, c'est un sujet sur lequel le mandat du président de la République a marqué une rupture, une rupture avec 30 ans de capitulation industrielle et moi j'entends aujourd'hui des candidats à la présidentielle qui ont le mot industrie plein la bouche, mais ils ont été aux affaires, et qu'ont-ils fait, qu'a fait Madame PECRESSE en 2008, 2009 alors qu'elle était dans le gouvernement et que ça correspond aux années où il y a eu le plus de destructions d'emplois industriels net depuis 30 ans, 140000 destructions d'emplois industriels nets en une seule année. Qu'a fait monsieur MONTEBOURG qui peut se targuer dans son passage au gouvernement d'avoir eu constamment des destructions d'emplois industriels nets. La réindustrialisation, il y a ceux qui en parlent et il y a ceux qui la font et nous nous l'avons fait concrètement aujourd'hui, donc oui je pense que le président de la République pourrait effectivement évoquer ce thème, mais il a un bilan qui appelle bien d'autres choses aussi.

BENJAMIN GLAISE
Dans le bilan il y a aussi des choses plus sombres bien sûr avec une, on sent une tension dans la société française, que ce soit avec… on a connu dans ce quinquennat quand même pas mal de crises, on pense bien sûr aux gilets jaunes, on pense aux désaccords plus récents sur les la politique sanitaire, l'abstention aussi au vote à l'extrême-droite au-delà de 30%, finalement est-ce que il y a pas aussi beaucoup plus de tension dont la société actuelle aujourd'hui ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois qu'il faut se rappeler de la situation dans laquelle on était en 2017. En 2017 on a tendance à oublier que le vote à l'extrême-droite représentait un peu près la même proportion qu'aujourd'hui. cette situation elle est le propre de beaucoup de démocratie qui se sont retrouvées confrontées à une globalisation qui a fait perdre pied un certain nombre de territoires dans lesquels, je parlais de désindustrialisation, dans lesquels des usines ont fermé, dans lesquels des gens se sont retrouvés abandonnés et dans lesquels ces gens-là ont considéré et probablement de manière assez légitime que c'était inacceptable et que ils ne se retrouvaient pas représentés convenablement politiquement. Et si depuis 4 ans nous menons ce combat de la réindustrialisation et je veux juste dire un truc, regardez la carte de la désindustrialisation et la carte de la montée de l'abstention, elles sont quasiment les mêmes. Ce n'est pas une question d'immigration, vous avez évidement des tensions sur ce sujet, mais ce n'est pas la question première que nous disent les gens…

BENJAMIN GLAISE
Alors pourquoi une intervention en tout cas d'Emmanuel MACRON demain soir ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Les gens me disent, moi je veux vivre au pays et je veux avoir un emploi.

BENJAMIN GLAISE
Dites-nous pourquoi il a choisi pour cette intervention Emmanuel MACRON, parce que c'est vrai, c'est vrai que c'est plutôt surprenant, on attend qu'il soit candidat a finalement a priori et ça sera pas le cas il n'annoncera pas demain, il faudra encore attendre. Demain soir on devait avoir Valérie PECRESSE, sur une interview sur une chaîne concurrente sur BFM, finalement c'est reporté, ce choix de la date, il interpelle quand même, il surprend, est-ce que c'est une façon aussi finalement de faire face à Valérie PECRESSE parce qu'on a un petit peu peur justement de la voir monter comme ça dans les sondages ?

BENJAMIN GLAISE
Ecoutez non, je pense que le président de la République a pris la parole un certain nombre de fois. nous sommes un pays qui traverse des crises sans égal, la crise sanitaire, c'est pas un fait de société, c'est un fait exogène qui touche l'ensemble de la planète et qui a des conséquences économiques, sociales et sanitaires qui appellent à avoir un capitaine à la tête du bateau et que ce capitaine à la tête du bateau donne la direction et explique où il compte aller et prenne en compte les besoins des Français, les besoins de protection, les besoins d'ambition aussi des Français, ça me paraît une très bonne chose et cela est assez…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc il n'est pas en campagne, il ne sera pas en campagne demain soir.

BENJAMIN GLAISE
Vous le savez, on va travailler jusqu'à la dernière minute. Le fait que nous soyons aujourd'hui en action sur le volet économique avec les résultats qu'on connaît, sur le volet social parce qu'il faut accompagner un certain nombre de personnes qui ont été malgré tout victimes de la crise et pour lesquelles des dispositifs classiques de droit commun ne fonctionnent pas. Comment on fait ? On est dessus évidemment. Je pense beaucoup aux étudiants par exemple, à tout ce que nous déployons pour essayer de faire en sorte que leur scolarité se passe de la manière la meilleure possible avec le plus d'interactions sociales possibles. Enfin vous avez un impact psychologique aussi de cette crise, nous ne voulons pas qu'il y ait une génération sacrifiée.

BENJAMIN GLAISE
Justement passons à cette crise.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc oui nous travaillons, nous sommes à la manoeuvre et le président de la République tient la barre et c'est très bien comme ça.

BENJAMIN GLAISE
Juste sur cette crise sanitaire et sur le Covid, j'aimerais qu'on en parle aussi, c'est important Agnès PANNIER-RUNACHER, sur ce variant Omicron avec le 1er décès officiel au Royaume-Uni, pour ce qui est des doses de rappel, déjà est-ce qu'on a les commandes, est-ce qu'elles ont été faites, est-ce qu'on a suffisamment de 3e dose là ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors oui nous avons des stocks à hauteur de 27 millions de doses. Nous avons des livraisons à hauteur de 15 millions de doses par mois en janvier et en février et je me suis assurée et ça date du mois de mai à ce que nous ayons dans le cadre européen des commandes de 67 millions de doses en 2022 et en 2023. Ça ne veut pas dire que toutes ces doses seront in fine utilisées pour des Français, ça veut dire que quoiqu'il arrive nous avons la capacité à vacciner les Français, c'est comme ça que nous l'avons conçue. Donc aujourd'hui nous avons ces doses. Vous avez des laboratoires comme Valneva et comme Sanofi qui arrivent au bout de leur étude clinique et qui…

BENJAMIN GLAISE
Tout à fait laboratoire Franco-Autrichien, il faut le dire, Valneva.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc Valneva franco-autrichien suédois, c'est trois européens et Sanofi qui arrivent au terme de leurs tests et qui eux-mêmes vont donner une capacité additionnelle à vacciner, donc nous n'avons pas de problème de nombre de dose aujourd'hui, les chaînes de production que nous avons mises en place l'année dernière fonctionnent et fonctionnent très bien.

BENJAMIN GLAISE
Dernière question très rapidement puisque le temps passe très vite, sur cette 3e dose. On avait un auditeur qui nous rappelait, voilà moi j'ai été vacciné au Pfizer, maintenant la 3e dose Moderna, pour quelles raisons est-ce que c'est inquiétant ou pas, on rappelle que ça avait été déconseillé pour les moins de 30 ans ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors non ce n'est pas inquiétant, je rappelle que le vaccin Moderna a reçu une autorisation de mise sur le marché, que c'est un vaccin qui est sûr et que c'est un vaccin qui est extrêmement efficace, comme le vaccin Pfizer et en fait je trouve un peu troublant aujourd'hui que nous soyons tous à nous préoccuper de quelle marque est notre vaccin alors que collectivement personne ne se préoccupe de savoir quel est le laboratoire qui a fabriqué sa dose de grippe, c'est à peu près les mêmes temps de développement puisque c'est des souches qui sont faites d'une année sur l'autre, ou personnes se préoccupe de savoir si sa dose de rappel de DT Coq polio était la même que celle de la fois précédente. Donc à un moment il faut revenir aux fondamentaux, vous allez des médecins, ils sont présents dans les centres de vaccination et ce sont eux qui ont fait les études et qui sont capables d'accompagner. Ce sont les prescripteurs et si on nous dit et moi je suis la première à le considérer, que le vaccin Moderna est sûr et efficace alors il est sûr et efficace.

BENJAMIN GLAISE
Merci à vous, Agnès PANNIER-RUNACHER, je rappelle ministre déléguée en charge de l'Industrie, merci d'avoir été avec nous et bonne journée.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci beaucoup.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 décembre 2021