Extraits d'un entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger, à la francophonie et chargé des petites et moyennes entreprises, avec RMC le 30 décembre 2021, sur les protocoles sanitaires et le passe vaccinal face à l'épidémie de Covid-19.

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  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat au Tourisme, aux Français de l'étranger, à la Francophonie et chargé des Petites e

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Texte intégral

Q - Avant toute chose, Jean-Baptiste Lemoyne, le masque, retour du masque obligatoire à l'extérieur, à discrétion des préfets, ce sera le cas donc, en Ile-de-France, à partir de demain. En quoi est-ce utile ?

R - C'est utile dans les endroits à l'extérieur où, souvent, il y a beaucoup de passages, où on peut se retrouver parfois en grande proximité en attendant un transport public, etc... Et donc, c'est pour ça que le masque est réactivé dans certaines zones, vous l'avez vu. Cela a été pris effectivement sur le périmètre de Paris, parfois, sur certains centres villes, ailleurs, en France. Et l'idée, c'est de pouvoir mieux se protéger quand, encore une fois, il y a parfois de la promiscuité ou beaucoup de brassage. Il n'y a pas 36.000 solutions pour lutter contre ce virus : c'est naturellement le masque, quand on est en intérieur, et parfois en extérieur, dans des zones très, très denses, ce sont les gestes barrières et la vaccination.

Q - Et à l'extérieur, vous le disiez pour le masque à l'extérieur dans certaines zones les plus densément peuplées. Mais là où on a du mal à comprendre, c'est que dans certaines zones, et en même temps, Olivier Véran nous disait hier le virus est partout sur tout le territoire, ça déferle absolument partout. Pourquoi ne pas prendre cette mesure, port du masque obligatoire à l'extérieur, partout en France, pour de la cohérence, plus de logique ?

R - La logique, c'est, encore une fois, de le mettre là où il y a de la forte densité, parce que c'est là où on peut parfois se retrouver à quelques centimètres d'une personne, et que le variant, le virus puisse se transmettre. On voit bien que lorsqu'on se promène sur les beaux sentiers de l'Yonne, ce que je recommande, en Puisaye ou dans le Gâtinais, et qu'on est seul sur son chemin, ou seulement à deux ou trois, on voit qu'il y a moins de risques que si on est serrés, à quinze ou vingt, autour d'un arrêt d'autobus sur la voie publique à Paris. Et donc, c'est ça, la logique ; finalement, toutes ces mesures, vous savez, quand on les regarde et qu'on les prend une par une, c'est quand même le gros bon sens qui doit prévaloir. Et de ce point de vue-là, c'est pour ça que ce combat, on ne le gagnera que tous ensemble, et finalement, c'est la responsabilité de chacun qui fait qu'on arrivera à triompher de ce fichu virus, qui est un inattendu permanent.

(...)

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, le passe vaccinal, en débat à l'Assemblée en commission depuis hier, plusieurs amendements notables ; le premier, c'est un amendement de Sacha Houlié d'ailleurs, adapter les jauges en fonction de la capacité des salles et des stades, c'est peut-être plus logique d'ailleurs que cette règle unilatérale des 2.000 à l'intérieur, 5.000 en extérieur ?

R - Alors, le Gouvernement a plutôt vocation à défendre le texte qu'il propose au Parlement, donc le débat se fera en séance publique ; et donc, je note que le rapporteur du projet de loi ne s'est pas déclaré, lui, favorable à cette option. Donc voilà, le débat se tiendra lundi prochain en séance. Ce qui est sûr, c'est que cette histoire de jauge...

Q - En Italie, c'est un pourcentage selon la capacité des salles....

R - Oui, oui, oui, mais c'est vrai que ce qui a été proposé par le Premier ministre...

Q - Ce qu'on connaissait auparavant d'ailleurs...

R - Ce qui a été proposé par le Premier ministre, c'est que les grands rassemblements soient limités à une jauge de 2.000 personnes en intérieur, 5.000 en extérieur...

Q - Ça ne bougera pas, vous reviendrez sur cet amendement ?

R - Ecoutez, je ne vais pas aujourd'hui répondre à place du ministre de la Santé qui, lui-même, sera au banc pour défendre le texte. Ce que je sais, c'est que le Gouvernement est attaché à son texte, et ce que je veux préciser sur les jauges, c'est très important, parce que, et c'est une information exclusive, je pense, pour vous et pour vos auditeurs, c'est que le monde de l'événementiel était très inquiet, et nous avait écrit, à Bruno Le Maire, le monde des foires, des salons, parce qu'ils pensaient qu'ils étaient pris dans ces rassemblements, et que, du coup, ils devaient se contraindre aussi à ces 2.000 personnes en intérieur, eh bien, je veux leur dire que dès lors que ce sont justement ce qu'on appelle des établissements recevant du public qui sont circulants, eh bien, ils ne sont pas concernés par ces jauges, et ça serait donc....

Q - C'est-à-dire ?

R - Eh bien, ça veut dire si je suis organisateur par exemple d'une foire, d'un salon professionnel, je peux recevoir...

Q - Le salon de l'agriculture en février prochain n'est pas concerné par la jauge des 2.000, ni par celle des 5.000 ?

R - C'est que l'ensemble des foires et salons ne sont pas concernés par les jauges, en revanche, il y a un protocole sanitaire qui s'applique. Ce protocole précise naturellement qu'il faut mettre en place des voies de circulation, il faut s'assurer qu'il n'y ait pas une trop grande proximité, etc., entre les stands, entre les gens, etc., mais c'est très important, parce que ça signifie que la vie continue.

Q - Pas concernés par les jauges, pas concernés par le passe vaccinal ?

R - Alors, ils seraient concernés par le passe vaccinal, parce que tous les endroits qui étaient concernés par le passe sanitaire, au 15 janvier, basculent sur le passe vaccinal, dont font partie les foires et les salons.

Q - Donc c'est uniquement valable pour les jauges... Foires, salons, parcs d'attractions, Jean-Baptiste Lemoyne ?

R - Alors, les zoos et les parcs d'attractions, de la même façon, ne sont pas concernés par les jauges, puisque ce sont des établissements recevant du public où on circule, on n'est pas statique, on ne reste pas à un même endroit. Alors, il y a une précision : au sein de ces zoos ou de ces parcs d'attraction, parfois vous pouvez avoir un espace, comment dire, de projection, un espace qui lui, du coup, comme d'autres ensembles culturels, peut être concerné par la jauge. Mais, dès lors que je chemine pour pouvoir découvrir, par exemple au Zoo de Beauval, toutes les espèces qui font la richesse de notre planète et de notre biodiversité, eh bien là, il n'y a pas de jauge qui s'applique.

Q - Par exemple, quand je m'assois pour voir le spectacle du Puy-du-Fou, pour être très concret, là il y aura une jauge, mais si je circule à l'intérieur du parc, pas de jauge, Jean-Baptiste Lemoyne ?

R - Exactement, et c'est très important de le préciser, parce que certains s'inquiétaient, et donc, aujourd'hui, je veux leur dire, naturellement, la vie continue, avec toujours de la vigilance, de la prudence, parce qu'encore une fois, regardez aujourd'hui les chiffres, on en est à plus de 200.000 cas positifs hier, ça veut dire que c'est des records. Et souvenez-vous, au mois de mars 2020, quand les chiffres étaient inférieurs, tout le pays était sous cloche ! Tout le pays était quasiment à l'arrêt, confiné. Donc, c'est vous dire les progrès qu'on a faits, dans le fait de maintenir au maximum notre vie et la vie économique du pays, grâce à cette vaccination et grâce aux efforts collectifs. Et c'est pour ça que je veux rendre grâce également à vos auditeurs qui participent à ce combat.

Q - Vous faites une exception là, dans le système des jauges ?

R - Non, nous faisons une distinction entre les rassemblements statiques et les endroits où on circule. C'est très différent d'être au même endroit, au même moment, pendant deux heures, sans bouger, à être plusieurs milliers ou plusieurs centaines, et au contraire, d'aller, de déambuler. On voit que ce n'est pas du tout la même nature d'équipements, et donc, là aussi, c'est du bon sens, et il s'agit tout simplement de faire en sorte que la vie continue, avec les précautions qui s'imposent, mais pas avec, je dirais, un excès de rigidité.

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, il nous reste une minute, j'ai deux questions, elles sont très simples, les réponses vont être très simples. Le passe vaccinal sera-t-il exigé pour les voyageurs étrangers ?

R - La logique c'est que le passe sanitaire est déjà exigé pour les étrangers. Et donc, nous avons mis en place, nous, des cellules de conversion, d'ailleurs, de ces certificats de vaccination étrangers en passes sanitaires. Et donc, ils seront aussi concernés dans les établissements qui le demandent par les passes vaccinaux, naturellement.

Q - Le passe vaccinal aura-t-il une conséquence sur le tourisme ? Est-ce que vous avez déjà les premières projections pour 2022, passe vaccinal ou d'ailleurs menace Omicron, Jean-Baptiste Lemoyne ? On a vu les annulations en cascade dans l'aérien.

R - Oui. Je vais vous dire, pour l'instant, jusqu'au mois de décembre, on a bien rebondi, bien résisté. Et d'ailleurs les chiffres du mois de décembre sont intéressants. Gîtes de France, + 7 points de fréquentation par rapport à 2019, avant la crise. Logis Hôtel, + 20% de séjours, + 30% de chiffre d'affaires par rapport, là aussi, à 2019.

Donc il y a un vrai rebond, les Français ont envie de prendre l'air. Et ce qui va nous aider à tenir face à cette vague, c'est qu'il y a un socle domestique français. Les Français ont redécouvert la France. Moi, j'ai vanté l'été bleu blanc rouge, aujourd'hui, c'est l'hiver bleu blanc rouge.

Q - Et vous les encouragez à continuer à le faire, alors qu'Omicron va déferler ?

R - Mais, encore une fois, il s'agit de prendre toutes les précautions, mais vous le voyez, dès lors que les précautions sont prises, la vie doit continuer.

Maintenant, vous savez, le Français et le touriste, ils s'adaptent. Aujourd'hui, on réserve de plus en plus en dernière minute. Donc, ce qu'on observe en ce moment effectivement, c'est des annulations, notamment la frilosité pour les prochaines vacances de février, mais si nous arrivons dans les prochaines semaines à juguler Omicron, et à faire face, je n'ai pas de doute qu'il y aura aussi à nouveau les Français de retour pour pouvoir prendre l'air, s'oxygéner. La montagne française a d'ailleurs beaucoup à offrir, elle redémarre, 9 stations sont sur 10 sont d'ailleurs contentes de la façon dont elle se déroule. Donc, c'est très important ; et puis, là aussi, on continuera à être à leurs côtés en cas de pépin. Certains ne voient pas les clientèles britanniques venir dans certaines stations de ski. On est en travail permanent avec les acteurs pour trouver les meilleures solutions. Encore une fois, l'Etat est là.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 décembre 2021