Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean CASTEX, bonjour.
JEAN CASTEX
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d’être avec nous. Avant de revenir sur les propos tenus par le président de la République face aux lecteurs du Parisien, propos qui ont fait beaucoup de bruit, avant de revenir sur l’élection présidentielle, sur d’autres sujets d’actualité, parlons du pass vaccinal, projet de loi du gouvernement qui a été adopté ce matin, quand entrera-t-il en vigueur ?
JEAN CASTEX
Eh bien, nous l’espérons le 15, ça ne dépend pas que de moi et que du gouvernement, il faut désormais que ce texte passe au Sénat ; donc il vient d’être voté – vous venez de le dire – ce matin, et c’est heureux, et permettez-moi quand même de m’en féliciter, c’est une bonne chose, pas simplement pour le gouvernement, pour le pays, pour les Français, pour la lutte contre la pandémie, donc, disais-je, ce texte doit aller au Sénat, nous espérons qu’il pourra être examiné le plus rapidement possible…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Sénat qui prend son temps, lundi, commission, mardi, mercredi, débat au Sénat.
JEAN CASTEX
Oui, oui, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le regrettez ?
JEAN CASTEX
Alors, écoutez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les sénateurs, nous sommes jeudi, les sénateurs ne travaillent pas le vendredi et le samedi, le dimanche ?
JEAN CASTEX
Là, vous cherchez, Monsieur BOURDIN, vous commencez fort à ce que nous ferraillions avec le Sénat, ce n’est pas mon objectif. Je vais essayer effectivement, attendez, soyons honnêtes le Sénat m’avait dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, soyons honnêtes…
JEAN CASTEX
Le Sénat m’avait dit, le président du Sénat plus exactement, que si le calendrier initial à l’Assemblée nationale avait été respecté, le Sénat en aurait débattu dès cette semaine, le calendrier à l’Assemblée nationale a été décalé, légèrement décalé, ce qui avait conduit, vous venez de le dire, le Sénat à envisager un examen en commission, puis, en séance plénière au début de la semaine prochaine. Là, il y a eu à nouveau une petite accélération cette nuit, tant mieux, le texte a été adopté, nous allons donc, comme on dit, prendre langue, ou moi-même ou le ministre chargé des Relations avec le Parlement, avec le Sénat, pour essayer effectivement d’anticiper le plus possible…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le 15, c’est possible ?
JEAN CASTEX
Je l’espère vivement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous l’espérez vivement. Bien. Est-ce que le pass vaccinal sera limité dans le temps, je vous dis ça parce que c’est un débat, limité dans le temps, ça veut dire quoi ? Ça veut dire arrêt du pass vaccinal quand l’épidémie descendra en dessous par exemple d’un certain niveau, vous y êtes favorable ou pas ?
JEAN CASTEX
Alors, ce n’est pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est une demande des Républicains, j’ai vu.
JEAN CASTEX
Bon, écoutez, ce n’est pas ce qui, à ce stade, est prévu, puisque vous suivez tout ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, pas prévu dans le texte, mais ça peut être modifié au Sénat…
JEAN CASTEX
Oui, oui, mais je vais vous faire une réponse générale, Monsieur BOURDIN, enfin, plus vite l’épidémie baisse, et plus on pourra s’abstenir de recourir à tous ces outils, plus vous aurez face à vous un Premier ministre et un pays heureux, bon, malheureusement, malheureusement, je reviens à quand même des considérations de fond, ce n’est pas le cas, la situation sanitaire, pourquoi on fait cette loi, pourquoi on ne limite pas pour l’instant dans le temps, parce que la situation sanitaire est très préoccupante, voilà, je le dis solennellement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je vais y revenir, évidemment, nous allons y revenir dans le détail…
JEAN CASTEX
Oui, mais c’est le fond du problème…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c’est le fond du problème…
JEAN CASTEX
C’est le fond du problème, absolument. Bon, on verra bien, vous savez, il est toujours plus facile, Jean-Jacques, d’alléger des choses que de prendre des mesures difficiles, mais c’est notre responsabilité, parce que la situation le commande.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, le pass vaccinal, je vais vous poser une question qui me taraude depuis quelques jours…
JEAN CASTEX
Diable !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, diable ! Je prends le TGV, je suis vacciné, vacciné, j’ai mon schéma vaccinal total, mais je suis positif, j’ai été testé la veille, est-ce je pourrai voyager ?
JEAN CASTEX
Alors, avec le schéma vaccinal, avec le schéma vaccinal, vous aurez donc votre schéma complet. Néanmoins, néanmoins, si vous êtes positif, vous irez voir votre médecin, je suppose, Monsieur BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais non, je me suis testé. Je suis allé à la pharmacie ou j’ai pris un autotest, j’ai acheté un autotest, je suis testé positif…
JEAN CASTEX
Oui, eh bien, je vous décommande de prendre le TGV !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, bon, et si je suis non-vacciné, si je n’ai pas mon schéma vaccinal…
JEAN CASTEX
Eh bien, vous ne pourrez pas accéder…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et même si je suis testé négatif ?
JEAN CASTEX
Mais oui, parce que, pourquoi encore une fois, parce que, 1°) : vous le savez très bien, vous pouvez… il faut ramener les choses à l’essentiel encore une fois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais justement, c’est pour bien expliquer pourquoi ce pass vaccinal…
JEAN CASTEX
Vous le savez très bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi, j’aimerais savoir. Les Français veulent savoir…
JEAN CASTEX
Monsieur BOURDIN, vous savez très bien… les Français, mais ils comprennent les Français que, avec notamment le nouveau variant Omicron, on peut effectivement, même en étant vacciné, c’était votre exemple, contracter la maladie, autrement dit, être positif. D’accord, bien. On le sait. Donc effectivement, à un moment donné peut-être, on a pu penser qu’être vacciné, avoir un schéma vaccinal complet vous empêchait d’avoir la maladie, d’être positif, bon, ça diminue quand même les possibilités de l’avoir et les possibilités aussi, c’est très important, par rapport à votre question, de le transmettre, mais surtout, surtout, qu’est-ce qui est le point central dans la lutte contre pandémie, c’est de savoir si vous pouvez avoir une forme grave de la maladie, d’abord, pour vous, monsieur BOURDIN, et ensuite, pour tout notre système hospitalier qui est dans une situation extrêmement tendue, nos soignants qui sont fatigués, alors, le sujet majeur, c’est quand même d’être vacciné, car, là, les chiffres sont très clairs, Monsieur, si vous êtes vacciné, je reviens à votre exemple, même si vous êtes positif, si vous êtes vacciné vous avez 20 fois, 20 fois moins de chance d’aller…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou de risques…
JEAN CASTEX
Ou de risques plus exactement, vous avez raison, d’aller en soins critiques. C’est majeur, c’est le sujet majeur, d’ailleurs, tous les débats s’ordonnent autour de ça, il faut aller à l’essentiel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, nous allons aller à l’essentiel, effectivement, l’utilité du pass vaccinal, c’est évidemment d’alléger la pression sur le système hospitalier, on est bien d’accord, c’est la première utilité du pass vaccinal ?
JEAN CASTEX
C’est d’inciter, je dirais, pardonnez-moi, à la vaccination, au maximum…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Inciter à la vaccination, bien. Alors, les Français…
JEAN CASTEX
Faire peser, comme on dit, faire peser la contrainte sur les non-vaccinés plutôt que sur toutes celles et ceux – vous en faites partie – qui, eh bien, suivent les règles générales, c’est-à-dire, ont un comportement citoyen et civique. C’est tout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, nous allons revenir sur celles et ceux qui ne suivent pas les règles ou qui ont choisi de ne pas être vaccinés, bien. Parlons quand même des plus de 16 ans, ce sont les plus de 16 ans qui devront présenter un schéma vaccinal complet, je dis bien 16 ans, c’est bien cela ?
JEAN CASTEX
Vous avez suivi les…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pourquoi pas 18 ans, je vous dis ça parce que dans une famille, à 16 ans, si j’ai bien compris, à 16 ans, un enfant pourra aller se faire vacciner contre l’avis de ses parents…
JEAN CASTEX
Oui, c’est ça, oui, en tout cas, il n’en aura pas besoin …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n’en aura pas besoin…
JEAN CASTEX
Oui, oui, il y a une sorte de majorité vaccinale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, voilà, il y a une majorité vaccinale ; pourquoi ne pas la mettre à 18 ans ? Pourquoi 16 ans ?
JEAN CASTEX
Eh bien, pourquoi pas, bon, parce que, bon, voilà…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais pourquoi pas, mais…
JEAN CASTEX
Pourquoi pas, Monsieur BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous dis ça parce que…
JEAN CASTEX
Mais, parce que, en réalité, là aussi, objectivons les choses, savez-vous que d’ores et déjà, Monsieur BOURDIN, et c’est ça la bonne nouvelle, dans cette catégorie d’âge dont vous parlez, il y a plus de 80% de vaccinés, 80% de vaccinés. Et je pense, je pense, au-delà des questions juridiques, votre question était plutôt juridique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Juridique, oui, oui…
JEAN CASTEX
Eh bien, ça va pousser, je l’espère, la disposition qui vient d’être votée, attendons, si vous le voulez bien, la fin du texte, ça va pousser les autres à se faire vacciner également, et dans ce cas-là, il n’y a plus aucune difficulté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors la vaccination obligatoire parce que tout le monde en parle. On en parle beaucoup en Europe, l’Italie vient de décider une vaccination obligatoire pour les plus de 50 ans, j’ai vu qu’Edouard PHILIPPE, qui vous précédait à Matignon, est favorable à la vaccination obligatoire, est-ce que vous y êtes favorable ?
JEAN CASTEX
Alors, d’abord, ce n’est pas une question, si je puis me permettre, de religion ou d’idéologie, l’objectif…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non…
JEAN CASTEX
Non, non, non, mais Monsieur BOURDIN, Monsieur, figurez-vous que je me pose très souvent la question, et je n’ai pas de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j’imagine…
JEAN CASTEX
De doctrine. Bon, l’objectif, c’est le plus de gens vaccinés possible, la vaccination obligatoire, c’est un moyen, c’est un outil, ce n’est pas une finalité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est un outil…
JEAN CASTEX
Bon. 1°) : je regarde ce qui se passe à l’étranger, je commence par vous dire ça, il y a des pays qui ont… très peu jusqu’à présent, vous citez l’Italie, hier, elle a décidé pour les plus de 50 ans, l’Autriche, par exemple, a décidé, mais ça va s’appliquer le 1er février.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le 1er février
JEAN CASTEX
Vous êtes bien informé, comme d’habitude. Bon, mais jusqu’à présent, ceux qui l’ont fait avaient des taux de vaccination très, très bas, très, très bas, et donc ça leur a permis de progresser, mais même pas au niveau où nous sommes, nous ; pourquoi, parce que, écoutez-moi, la vaccination obligatoire, en réalité, c’est quoi, je regarde, c’est une amende, vous n’êtes pas vacciné, vous avez une amende, bon, l’objectif, c’est de faire vacciner les gens, ce n’est pas de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État. Donc on va contrôler ça comment, il y a un sujet d’opérationnalité, le pass, c’est beaucoup plus efficace, parce que, là, en tout cas pour ceux… pour les secteurs auxquels il est applicable, ça concerne tout le monde, bon, et donc on a déjà, me ferez-vous observer, des difficultés contre le pass, on en aura encore plus, ou on en aurait encore plus à contrôler l’obligation vaccinale, j’ajoute, pardon, je veux être complet…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, allez-y, terminez, terminez, terminez…
JEAN CASTEX
J’ajoute, Monsieur BOURDIN, que vous avez toute une catégorie de gens non vaccinés, non vaccinés, on a la cartographie, qui sont des gens qui ne sont pas forcément Antivax, au sens idéologique, mais qui sont des personnes démunies, dans des quartiers très populaires, qui sont éloignées du soin, si vous voulez, qui ne vont pas davantage se faire vacciner qu’ils vont chez le dentiste ou chez le médecin quand ils ont un problème de santé, bon. Mettre une obligation vaccinale, dont la sanction serait une amende sur ces gens-là, ne nous permettrait pas d’atteindre l’objectif…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous ne craignez pas le risque pénal ?
JEAN CASTEX
Pour moi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, oui pour les dirigeants dans l’ensemble, le risque pénal si vous si on met en place une obligation vaccinale, ça peut exister le risque pénal ?
JEAN CASTEX
Mais le risque pénal, Monsieur BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comprenez ce que je veux dire.
JEAN CASTEX
Je comprends fort bien, je comprends très bien Monsieur BOURDIN, mais enfin si je me mets…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A penser à tout ça, vous ne faites plus rien, c’est ce que vous allez me dire.
JEAN CASTEX
Monsieur BOURDIN, ce n’est qu’un risque d’ailleurs n’est-ce pas, je crois que des procédures, on ne peut pas dire qu’on ne soit pas sous contrôle permanent et des juges et des médias et du politique, ainsi va la démocratie, mais pardon non mais c’est un sujet, y compris qui me concerne très personnellement mais je veux dire, tous les jours je sais c’est avec le gouvernement, le président de la République de faire au mieux pour gérer cette pandémie, mais si je commence à me dire, oh là là, ma responsabilité pénale, le risque d’être engagé alors là...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne faites plus rien.
JEAN CASTEX
Surtout, ce n’est pas que je ne fais plus rien, c’est que je tourne la préoccupation vers ma propre personne et vers mon propre sort et pas vers celui des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien Jean CASTEX, vous parliez de contrôles, d’amendes, pass sanitaire des amendes sont prévues dans le texte, ce sont les policiers qui vont vérifier si on est titulaire d’un pass vaccinal, mais aussi un patron de bar ou un patron de restaurants, ils ne veulent pas.
JEAN CASTEX
Alors ça c’est ce qu’on appelle la vérification d’identité, alors…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui vérification d’identité.
JEAN CASTEX
Non mais vous savez il y a un débat qui est pas faux, il y a le contrôle d’identité qui relève uniquement des forces de police et de gendarmerie d’accord et puis il y a la vérification d’identité, bon. On lui avait songé, je ne sais pas si vous vous souvenez quand on a introduit à l’été dernier le pass sanitaire. Effectivement il y a eu, ah non on n’est pas là pour ça, etc, bon. On avait dit voyons, on ne savait pas finalement c’était peut-être préjugé de savoir s’il y aurait des fraudes. Maintenant il y en a, on constate qu’il y en a, donc effectivement on voudrait impliquer les gestionnaires d’établissements recevant du public dans la vérification d’identité. Pardon Monsieur BOURDIN, il faut quand même là aussi dire les choses très concrètes, ça existe déjà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour les mineurs par exemple.
JEAN CASTEX
Et quand vous payer en chèque.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça n’est jamais fait.
JEAN CASTEX
Pardon quand vous payez en chèque, on vous demande votre pièce d’identité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais personne ne paie en chèque Jean CASTEX.
JEAN CASTEX
Mais si…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De moins en moins.
JEAN CASTEX
De moins en moins.
JEAN-JACQUES BOURDIN
À Prades oui peut-être.
JEAN CASTEX
A Prades et ailleurs, je vous remercie de citer Prades, au passage je salue les Pradéennes et les Pradéens mais non non, je veux dire ce n’est pas nouveau, ce que je veux vous dire c’est que ce n’est pas nouveau que de faire ces vérifications. Donc ça, ça veut dire quoi aussi finalement, bien sûr je comprends que ce n’est pas, moi aussi et je souhaiterais les dispenser de ça mais ça veut dire quoi, ça veut dire Monsieur BOURDIN que dans la lutte contre une pandémie de la nature de celle qui nous affecte depuis des mois et des mois, chacun doit faire son petit effort, chacun doit porter son écot. Voilà je regrette, je préférais qu’il n’y ait pas de fraude, qu’il n’y ait pas de contrôle à faire, je ne suis pas naïf, il y en a. Donc les forces de sécurité vont amplifier leurs contrôles et puis on donnera la possibilité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ce sont les patrons de restaurants qui vont emmerder les Français, si j’ai bien compris, les patrons de bar qui vont emmerder les Français, Jean CASTEX.
JEAN CASTEX
Si nous sommes tous citoyens, personne n’emmerdera personne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir. Je vais revenir mais quelle est en France, revenons sur l’épidémie, quelle est en France la part de variant Omicron dans la contamination aujourd’hui, est-ce qu’on sait vraiment ?
JEAN CASTEX
Alors les chiffres que l’on a, ça dépend des régions, mais c’est entre 70 et 80% selon les informations que j’ai. Je peux m’arrêter à ça parce que ça veut dire quand même, je le dis pour celles et ceux qui nous écoutent, que du coup nous gérons encore…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Du delta.
JEAN CASTEX
Exactement, deux pandémies. Or que sait-on d’Omicron par rapport à delta, il est beaucoup plus contagieux, vous le savez, il a peut-être un temps de contagiosité un peu plus court, et plus intense dans un temps plus ramassé, mais surtout la bonne nouvelle, je le dis avec prudence, en tout cas ce qui résulte des premières observations, c’est qu’il est moins nocif, moins dangereux, il entraîne moins de formes graves. Mais Delta est toujours là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui Delta est toujours là donc le pass vaccinal est dirigé principalement contre Delta.
JEAN CASTEX
Mais Monsieur BOURDIN contre les deux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Contre les deux.
JEAN CASTEX
Mais pourquoi, parce que vous me demandez la part des contaminations, mais j’ai encore 9% de gens non vaccinés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui en plus.
JEAN CASTEX
En plus, en plus, pardon votre honneur, mais ce n’est pas rien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ça j’ai compris.
JEAN CASTEX
Et donc ceux-là, ils sont des cibles et des sources de transmission beaucoup plus importantes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le pass vaccinal ne sert pas pour Omicron, il sert pour Delta et il sert pour les non vaccinés principalement.
JEAN CASTEX
Il sert pour tout. Il sert pour nous protéger de la pandémie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Imaginons que Delta disparaisse, qu’Omicron prenne le pas sur Delta, à quoi servirait le pass vaccinal finalement parce qu’une injection égale une infection, ou une infection égale une injection, qui dit cela, c’est le ministre de la Santé ?
JEAN CASTEX
Oui, mais bien sûr, non, non, mais quand vous dites une injection égal une infection, il faut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour être protégé.
JEAN CASTEX
Oui, il faut qu’il y ait l’injection, on sait aussi, ne l’oubliez pas, puisque vous voulez tout dire, et vous dites tout, que l’idéal c’est quand même, et vous avez commencé par ça, c’était votre… le schéma vaccinal complet, c’est ça qui nous protège le plus. Le risque c’est de se dire, pardon, mais je veux être très pédagogique avec vous, si on a une infection, parce que vraisemblablement, Dieu merci, dans mes non-vaccinés il y a des gens qui ont dû s’infecter, donc avoir une petite dose d’immunité grâce à cette infection, mais ce qui protège le plus, ça on en est sûr, c’est le schéma vaccinal complet incluant la dose de rappel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, parlons des doses, l’épidémie, je redonne les chiffres, 335.000 cas en 24 heures, 26.186 patients hospitalisés, 3665 en soins critiques et 297 décès ces dernières 24 heures, il faut rappeler toujours ces chiffres, les avoir à l’esprit.
JEAN CASTEX
Vous avez parfaitement raison, l’épidémie est toujours là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous promettez 25 millions d’injections en cinq semaines, 25 millions en cinq semaines, comment allez-vous faire ?
JEAN CASTEX
En continuant à faire ce que nous avons fait. Je rappelle juste un petit chiffre, si je vous avais dit ça… Jean-Jacques BOURDIN, dont je connais les questions acérées, vous m’auriez dit "Monsieur le Premier ministre ça ne peut pas aller." Souvenez-vous, on est en juillet, d’accord ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
JEAN CASTEX
Il y avait 35 millions de vaccinés, si je vous avais dit "on sera à 53 six mois plus tard", vous m’auriez dit "il y a…". On l’a fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fait 25 millions en six mois ça, là c’est 25 millions en cinq semaines.
JEAN CASTEX
Eh bien oui, mais il faut accélérer… mais les gens éligibles au vaccin sont beaucoup plus nombreux, je vous rappelle, on a diminué la période à partir de laquelle on peut recevoir la troisième injection, voilà. Comment dire, c’est notre rôle Monsieur BOURDIN, puisque nous pensons que la vaccination, enfin nous, tous les pays du monde en réalité, pensent que la vaccination est vraiment l’arme majeure pour nous sortir de ça, pour nous protéger collectivement nous fixer des objectifs ambitieux, et tous les jours quand même, tous les jours, il y a ces centres de vaccination, ces élus, les professionnels de santé, les pompiers, les associations, tout le monde est sur le pont pour vacciner, et donc je redis à votre micro : il faut se faire vacciner, allez-y.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La quatrième dose multiplie par cinq les anticorps selon les premiers résultats d’une étude israélienne, les Israéliens sont toujours très en avance, et protège contre les complications graves, est-ce que vous allez ouvrir l’accès à une quatrième dose devant l’ampleur de l’épidémie ?
JEAN CASTEX
Comme toujours dans ces sujets, même doctrine, même réponse, les Israéliens l’ont fait, je suis ça à la loupe, après avis de leurs autorités sanitaires, qui elles-mêmes ont fait, sur la base d’observations, puisqu’ils ont un peu plus d’avance, ils ont des cohortes, comme on dit, des patients plus importants, donc dès que nos autorités sanitaires auront dit "oui, dans telle condition", et je vois bien se dessiner surtout ceux des Français…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les plus fragiles, les plus âgés.
JEAN CASTEX
Exactement, "on y va pour la quatrième dose", nous irons, c’est clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous sommes prêts.
JEAN CASTEX
Nous serons prêts.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean CASTEX, je me mets à la place des parents, qui ont appris, dimanche soir, tout à coup que le protocole sanitaire allait changer en cas de cas dans une classe, la classe de leur enfant, et alors tout de suite il faut, évidemment, évidemment, par précaution, il faut absolument que les enfants aillent se faire tester. C’est le casse-tête aujourd’hui pour trouver une place libre pour se faire tester, il faut se faire tester plusieurs fois. On a appris ça le dimanche soir, le président de la République lui-même l’a regretté, vous aussi…
JEAN CASTEX
Oui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est une erreur de communication, c’est quoi, qu’est-ce qui s’est passé ?
JEAN CASTEX
Je…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, expliquez.
JEAN CASTEX
C’est le propre de la gestion d’une crise Monsieur BOURDIN. Qu’est-ce qui s’est passé, qu’est-ce qui a changé ? Ce n’est pas tellement, si vous me permettez d’être précis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, allez-y.
JEAN CASTEX
Le protocole dans les écoles qui a changé, c’est la définition de l’isolement de tous nos concitoyens, notamment, effectivement, les enfants, mais pas que, c’est-à-dire à la fois ceux qui sont positifs et les cas contact. Les autorités sanitaires, sur la base desquelles nous avons toujours fondé la doctrine, combien de jours vous devez vous isoler, à quel rythme vous devez faire les tests, les autorités sanitaires ont adapté, à Omicron, ces règles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais ça vous avez raison.
JEAN CASTEX
Monsieur BOURDIN, elles m’ont répondu, je vais vous expliquer, le 31 décembre à 15h, le 31 décembre à 15h…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le vendredi à 15h.
JEAN CASTEX
Le vendredi, j’étais à mon bureau, à 15h, nous attendions ça, bon ! J’avais réuni le ministre de l’Education nationale, à 11h, pour nous préparer à tout ça, à 15h, d’accord ? Alors, évidemment, pourquoi… parce que je ne veux pas donner le sentiment que je leur jette la pierre, pourquoi ? parce qu’elles-mêmes, pour adapter leur doctrine, il fallait qu’elles aient des contacts avec les pays qui étaient un peu en avance sur la connaissance d’Omicron, ce qu’on pouvait faire ou pas faire, parce que c’est aussi une forme d’allégement, donc… on va dire, mais comment, il y a Omicron qui progresse et vous allégez les durées, ou vous diminuez les durées d’isolement. Donc, les autorités sanitaires ont pris le temps d’étudier tout ça, mais c’est comme ça, la crise elle arrive en fin d’année, en France, et les autorités sanitaires s’adaptent et nous avec. Donc, si vous cherchez à me dire que le Premier ministre que je suis, que le gouvernement aurait souhaité avoir tout ça 15 jours avant, bien préparer, mais pardon Monsieur BOURDIN, on est en crise, je ne suis pas dans une mer d’huile…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais je comprends très bien, mais…
JEAN CASTEX
Donc j’ai reçu le 31 décembre, le ministère en interne, par ses voies internes, a diffusé les informations et on l’a appliqué dès la rentrée. Et, comment vous dire, si vous me cherchez à me faire dire que tout ça n’est pas très satisfaisant, je vous le concède volontiers, mais c’est ce à qui nous sommes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous apportez une explication…
JEAN CASTEX
Non, mais comprenons-nous Monsieur BOURDIN, on n’est pas en temps normal, on est en crise…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça je comprends Jean CASTEX…
JEAN CASTEX
Eh bien oui, eh bien aussi ça entraîne des difficultés, je viens à la deuxième partie de votre question sur les tests.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur les tests, oui.
JEAN CASTEX
Alors un, ces tests…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous allez simplifier les choses ?
JEAN CASTEX
Monsieur BOURDIN, ces règles-là, j’en profite pour vous dire quand même, la France n’est pas une île, ces règles relatives à l’isolement, aux cas contact, aux trois tests que vous évoquez, la plupart des pays les adoptent, c’est normal puisque c’est le même virus, ou en tout cas les mêmes variants qui les frappent, on ne fait pas preuve d’originalité, j’entends dire qu’on serait, je ne sais pas, "absurdiland", non, non… mais oui c’est compliqué, la gestion de l’épidémie est compliquée, donc il faut tester, c’était votre question. Un, la France est le deuxième pays au monde à tester, on peut dire ce n’est pas assez, il y a des queues, il faut attendre, tout ça est juste, mais on a mis le paquet et nous testons beaucoup dès lors, et on peut le comprendre, que les autorités scientifiques nous disent "si vous voulez alléger" - enfin alléger – "raccourcir l’isolement, si vous voulez…" - là aussi, je rappelle, nous sommes cohérents, les règles ne sont pas les mêmes selon que vous êtes vacciné ou pas vacciné, on ne va pas simplifier, non vous dites "ça serait une simplification de mettre tout le monde sur le même pied", sûrement pas, sûrement pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on va garder les mêmes règles, les mêmes protocoles…
JEAN CASTEX
Elles entrent en vigueur, elles sont entrées en vigueur, il faut les appliquer, je le dis avec…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites aux parents… mais comment faire, comment faire pour faire dépister son enfant alors qu’on a des rendez-vous à trois jours, qu’est-ce qu’on fait ? Les parents travaillent, leurs enfants doivent aller à l’école, comment faire ?
JEAN CASTEX
Oui, ça c’est, comment dire, la raison majeure de ça c’est que nous avons souhaité que les écoles restent ouvertes, et je revendique devant vous ce choix. Effectivement le système de tests est en tension, incontestablement, j’ai vu que les délais s’allongent un peu, alors il y a des endroits où c’est plus accusé que d’autres…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est plus difficile que d’autres.
JEAN CASTEX
Mais les moyennes ne sont pas aussi, enfin ne sont pas celles que vous décrivez, le ministre de la Santé est en lien permanent avec les laboratoires, avec les représentants des pharmacies, eh bien il faut tenir le choc, voilà, et il faut prendre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je crois que 8 millions d’autotests seront distribués la semaine prochaine dans les pharmacies…
JEAN CASTEX
Absolument, vous avez raison. Pardon, excusez-moi, le problème est moins la fourniture des dispositifs que les bras, dans les laboratoires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les autotests on n’a pas besoin de bras.
JEAN CASTEX
D’où l’ouverture, d’ailleurs, la possibilité de les distribuer, de les vendre en grandes surfaces.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous allez distribuer des masques FFP2 à tous les agents du service public au contact avec les usagers ?
JEAN CASTEX
Je pensais que cette question viendrait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle vient, parce que le masque FFP2 protège mieux, Jean CASTEX.
JEAN CASTEX
Oui, Jean-Jacques BOURDIN, là aussi il y a un Haut Conseil de santé publique, ce n’est pas moi qui dit comment les masques protègent ou pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a eu des avis.
JEAN CASTEX
Absolument, eh bien nous les suivons scrupuleusement, c’est-à-dire qu’est-ce qu’ils disent, en l’état, ces avis ? ils disent que les masques FFP2 – je vous rappelle, un masque FFP2 c’est un masque très, enfin il faut le porter très bien, il représente une contrainte très forte – donc il est réservé au terme des avis dont vous parlez, aux personnels soignants, et s’agissant des patients, aux gens ayant des formes graves, ça c’est la doctrine actuelle. Nous avons, au vu de l’évolution de la pandémie, ressaisi le Haut Conseil de santé publique, qui devra nous rendre son avis, normalement, vendredi, pour savoir s’il nous dit de faire évoluer cette doctrine, et s’il le dit on le fera. D’ici là…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelle évolution, quelle évolution possible ?
JEAN CASTEX
Alors, il y en a une qui nous allons prendre tout de suite, je vous le dis par anticipation, qui concerne les personnels enseignants, les personnels enseignants, pourquoi ? parce que le virus galope, vous le savez, par exemple pour les maternelles il n’y a pas de masque, et puis il n’y a pas, on a parlé tout à l’heure tous les deux de la vaccination des enfants de plus de 11 ans, et les autres ça commence à peine, donc ils sont moins vaccinés, donc déjà avec le ministre de l’Education nationale nous avons décidé, d’ici à la fin de ce mois, ça va commencer très vite, de fournir à tous les personnels enseignants des masques chirurgicaux, vous savez qu’ils avaient des masques tissu jusqu’à présent, ce n’est pas le FFP2, ça s’appelle le FFP1, et évidemment, cher Monsieur BOURDIN, dès que, si le Haut Conseil scientifique nous dit "il faut passer à l’étage au-dessus", nous passerons à l’étage au-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et tous les enseignants recevront un masque FFP2.
JEAN CASTEX
S’il le faut. Ceci dit, ceci dit, la doctrine actuelle rappelle que déjà le masque FFP1 est très protecteur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voudrais revenir sur les propos du Président de la République.
JEAN CASTEX
Vous avez tardé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais volontairement…
JEAN CASTEX
Je vous en félicite.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous savez c’est pour faire durer le suspense…
JEAN CASTEX
Oui, je comprends.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que, pardon, mais avant les propos du président de la République, le plus important c’est la situation sanitaire en France, le pass sanitaire et les mesures que vous prenez, qui sont acceptées, ou pas, là n’est pas le débat, pour nous. Jean CASTEX, je reprends l’interview du président de la République face aux lecteurs du "Parisien", interview qui a été relue par l’Elysée, je le précise, parce que c’est important de le préciser, avant sa diffusion, pas de réaction particulière, pas de retouche de la part de l’Elysée, vous m’arrêtez si je dis une bêtise. Je relis. Après 1 heure 10, 1 heure 15, de dialogue avec les Français, le président de la République a déclaré, je cite, je cite sur la longueur : "Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale." Plus loin : "une toute petite minorité est réfractaire au vaccin, comment peut-on la réduire ? On la réduit, pardon de le dire comme ça, en l’emmerdant encore davantage. Moi je ne suis pas pour emmerder les Français, je peste toute la journée contre l’administration quand elle est bloquée, eh bien là les non-vaccinés j’ai très envie de les emmerder et donc on va continuer à le faire jusqu’au bout." C’est-à-dire, jusqu’au bout ?
JEAN CASTEX
Ça veut dire quoi, que vous auriez préféré…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Emmerder jusqu’au bout ?
JEAN CASTEX
Qu’il les félicite, Monsieur BOURDIN ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais j’aimerais qu’il s’explique, ça veut dire quoi emmerder jusqu’au bout ?
JEAN CASTEX
Pardonnez-moi, je crois que ce que vous venez de lire là, vous m’avez interrogé d’abord sur la politique que nous conduisons pour faire face à la crise sanitaire, et ce depuis des mois, c’est parfaitement cohérent. Nous souhaitons – je l’ai dit d’ailleurs, souvenez-vous, à plusieurs reprises dans mes interventions publiques – de plus en plus faire peser la pression sur les non-vaccinés, nous avons un problème. Il y a beaucoup de reportages, sur vos antennes, dans les services hospitaliers, n’est-ce pas, vous voyez ces gens qui sont admirables, qui sont épuisés, et qui ont dans les services de soins critiques des patients qui sont à 80, 90%, des non-vaccinés, avec, dans certains endroits, des déprogrammations avec tout ce que ça entraîne, eh bien oui, oui, oui, je crois que le président de la République, non seulement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous allez continuer à les emmerder.
JEAN CASTEX
On va continuer à faire peser sur eux la pression…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous et le président de la République vous allez les emmerder les…
JEAN CASTEX
Mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais le mot, le mot dans la vie courante ce n’est pas gênant…
JEAN CASTEX
Le mot est dans la vie courante…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais…
JEAN CASTEX
Le mot est dans la vie courante, d’ailleurs vous l’avez dit, vous êtes suffisamment éclairé sur tout ça, "emmerder les Français", pardon, mais "emmerder les Français", petite touche historique, vous savez très bien que c’est une formule, l’emploi du mot, puisque c’est ce qui semble choquer, c’est une formule qu’avait employé le président POMPIDOU…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n’est pas ça qui a choqué, ce qui a choqué c’est la suite, parce que le président de la République a ajouté plus loin "les antivax viennent saper ce qu’est la solidité d’une nation, quand ma liberté vient menacer celle des autres je deviens un irresponsable, un irresponsable n’est plus un citoyen." Ça veut dire que les antivax ne sont plus des citoyens ?
JEAN CASTEX
Mais non, mais non, mais non…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est le président de la République qui le dit, ce n’est pas moi ni vous, Jean CASTEX.
JEAN CASTEX
Si vous m’invitez pour m’interroger sur ce qu’a voulu dire le président de la République, acceptez que je vous réponde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors répondez-moi.
JEAN CASTEX
Et que j’éclaire, ne jouons pas sur les mots. Bien entendu, les non-vaccinés restent des citoyens. Ce qu’a voulu dire le président de la République et que je vous confirme, et au contraire que je relaie avec force, c’est que quand on est citoyen de notre belle République on a des droits mais on a aussi des devoirs. Ça s’appelle le civisme, ça s’appelle le sens des responsabilités, et je le dis comme je l’entends et vous devez l’entend tous les jours autour de vous, être antivax ce n’est pas simplement un choix personnel, encore que je fais quand même une mention : c’est aussi mon devoir de protéger peut-être aussi ces gens malgré eux. Vous savez, des fois je suis emmerdant avec mes propres enfants parce que je veux les protéger, parce que je veux leur faire faire des choses qu’ils ne voudraient pas faire et qui sont pourtant nécessaires. Regardez les frères BOGDANOV, c’est une partie de ma jeunesse, qui sont morts parce qu’ils avaient fait le choix de ne pas se faire vacciner. Ils sont morts de la Covid. Mais surtout, au-delà de ce choix personnel, on est en société. On doit être responsable et solidaire. C’est ça un citoyen. Et donc on ne peut pas dire que, voilà, par mon choix j’embolise les services de réanimation, je mets le système de soins au tapis, je contamine mon voisin. Ça, ce n’est pas possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous croyez qu’il a…
JEAN CASTEX
Ecoutez-moi, monsieur BOURDIN. Et ça l’est d’autant moins que ça n’a pas commencé hier si vous voulez. Maintenant, on sait. Au début après tout, au début quand on a lancé la vaccination, moi j’étais certain, les autorités sanitaires avaient pris toutes leurs précautions pour autoriser la vaccination mais ça a fait peur. Ça posait des interrogations. Aujourd’hui, il y a des centaines de millions de gens dans le monde qui sont vaccinés. On sait ce que ça produit la vaccination, donc le temps passe et rend effectivement de plus en plus insupportables ces comportements irresponsables. Ce qu’il dit, nous allons continuer notre politique, y compris à aller vers eux, aller convaincre, à faire en sorte qu’ils accèdent à la vaccination par tout moyen. Ça doit progresser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je me souviens le 2 décembre 2020, vous étiez ici avec moi et vous nous disiez : "mon rôle, c’est de calmer le jeu." C’est votre rôle, ce matin vous calmez le jeu. Le jeu et toute la tempête provoquée par les propos du président de la République. Mais est-ce que vous en avez parlé avec lui ? Il a regretté ses mots ou pas ? Vous ne dites rien à propos de ça ?
JEAN CASTEX
Je vous ai déjà répondu là-dessus. Mais attendez, parce que la tempête provoquée dans un certain milieu, je n’en doute pas. En tout cas, je le constate avec vous cher Jean-Jacques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
JEAN CASTEX
Bon, le président de la République il peut aussi dire parfois tout haut ce que beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens pensent tout bas parce que si vous voulez, donc il y a quand même ne l’oubliez pas - c’est une fierté du pays, je ne sais pas si je veux calmer – je veux dire je crois qu’il faut être ferme et en même temps très incitatif. Il y a quand même 80 bientôt 12% de nos concitoyens – 12% - qui sont allés vers la vaccination. Et certains, je le reconnais bien volontiers…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un peu forcés.
JEAN CASTEX
Pas de gaieté de cœur. Oui, mais il faut continuer. C’est comme ça parce que c’est l’intérêt collectif du pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
66 000 primo-vaccinés hier.
JEAN CASTEX
Formidable !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les derniers chiffres, je crois, Jean CASTEX.
JEAN CASTEX
Regardez, vous me posiez tout à l’heure, excusez-moi, la question de l’utilité du pass vaccinal, ça a donné lieu à plusieurs questions. Le fait même et c’est très intéressant, moi je suis comme vous au jour le jour les chiffres, depuis qu’on l’a annoncé, c’est-à-dire la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal, les primo-vaccinations - c’est-à-dire c’est assez décisif les primo-vaccinations, bien sûr les rappels aussi mais les primo comme dirait l’autre : on ne peut pas avoir 3 doses si on n’en a pas eu une, ça progresse significativement. Pas assez mais ça progresse, ça a repris la marche en avant donc c’est une réponse à votre question sur l’efficacité. L’efficacité, c’est ça notre sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais un jour prochain, nous n’aurons plus besoin de vaccin peut-être. Espérons-le, on est bien d’accord. C’est un pari et que vous faites évidemment. Enfin ce n’est pas un pari, c’est un espoir sur lequel vous fondez peut-être d’ailleurs toute votre stratégie Jean CASTEX.
JEAN CASTEX
Evidemment, évidemment tout gouvernement, tout responsable se donne tous les moyens à sa disposition pour qu’on en finisse avec cette pandémie. Ne me demandez pas quand elle va finir parce que ce serait osé de vous donner une réponse. La seule chose, nous aimons l’histoire : toutes les pandémies se sont arrêtées, monsieur BOURDI, elle s’arrêtera. La question pour nous, c’est de savoir si nous avons su prendre les mesures équilibrées, vous voyez. Est-ce qu’on met le pays sous cloche ? Est-ce que pour autant on ne fait rien alors que notre système hospitalier menace de craquer ? Le rôle, c’est que nous soyons pragmatiques mais aussi déterminés et, pardon de le redire devant vous, cette épidémie - vous interrogez le chef du gouvernement - bien entendu elle dépend des mesures que prennent les pouvoirs publics mais elle dépend aussi dans une République du comportement individuel de chacune et chacun d’entre nous. Ça veut dire : "Il faut faire la queue pour faire des tests", oui. "Il faut quand je suis patron de bar peut-être faire une vérification des cartes d’identité", oui. Et il faut surtout se faire vacciner et faire peser la pression…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Responsabilité, c’est le mot que vous avancez.
JEAN CASTEX
Oui, oui, oui. C’est une éthique de la société.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est une éthique de la société Jean CASTEX, mais enfin on n’aurait pas cette pression sur l’hôpital si on n’avait pas fermé 5 700 lits d’hospitalisation en 2020, non ?
JEAN CASTEX
Alors on va être très précis monsieur BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, soyez précis.
JEAN CASTEX
Bien sûr. Les lits fermés aujourd’hui, c’est là qu’on fait naître une ambiguïté très dommageable, ne sont pas des lits fermés. Ça eut existé monsieur BOURDIN, vous avez tout à fait raison…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j’ai les chiffres.
JEAN CASTEX
Parce que les hôpitaux manquaient de crédit pour les ouvrir. Aujourd’hui, les lits fermés le sont soit parce qu’on en a ouvert d’autres, soit parce qu’on ne trouve pas de personnel médical ou paramédical. Mais que ce soit dit aux Français : les moyens mis à l’hôpital, écoutez bien, par rapport aux 10 années antérieures, nous les avons - mon gouvernement - les a doublés. Les a doublés. Les budgets hospitaliers, on les a certes sûrement mégotés par le passé, nous les avons doublés. Mais même chose, les médecins qui manquent dans les réanimations ou à Prades, partout il manque des médecins, là aussi on nous dit : "Mais qu’est-ce que vous foutez ? Qu’est-ce que vous foutez ?" Le numerus clausus, c’est-à-dire chacun comprend ça, écoutez-moi monsieur BOURDIN, ç’a été créé en 1972. En 2017, le numerus clausus c’est-à-dire le nombre de médecins qu’on autorisait à former chaque année en France il était inférieur à ce qu’il était en 72. Comme si la population n’avait pas vieilli, comme si la population n’avait pas augmenté. Nous avons fait cette réforme, mais toutes celles et ceux qui m’écoutent savent bien que pour former un médecin il faut un certain temps. On a augmenté monsieur BOURDIN, non mais je veux vous répondre, pour ouvrir ces lits de 20% le nombre de places dans les écoles d’infirmières. Et je vous le dis, je suis très heureux de constater qu’il y a beaucoup de candidates pour occuper ces postes, même s’il y a aussi des démissions parce que c’est très difficile. On revalorise ces métiers comme jamais, c’est le Ségur de la santé. Donc on a engagé tout ça, il faut le dire, mais on a un retard…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On aurait pu l’engager en 2017 quand le président de la République est arrivé au pouvoir.
JEAN CASTEX
On a commencé en 2017, on a accéléré. Mais ça, c’est le rôle des crises monsieur BOURDIN. C’est qu’elles mettent en évidence nos propres faiblesses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais le rôle des politiques, c’est aussi de prévoir les crises mais ça c’est un autre débat. On ne va pas rentrer dans ce débat Jean CASTEX, mais je voudrais revenir sur les propos du président de la République, non pas sur le fond mais sur le moment. Ce n’est pas un hasard si le président de la République a prononcé ces mots-là. Je le disais tout à l’heure, il assume totalement cette déclaration en face. Ce n’est pas un hasard parce que c’est le candidat. Est-ce le candidat Emmanuel MACRON qui s’est exprimé mardi franchement ? Soyons honnêtes.
JEAN CASTEX
Vous avez lu comme moi l’interview.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je l’ai lue.
JEAN CASTEX
Emmanuel MACRON dit qu’il n’est pas candidat mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, il ne dit pas qu’il n’est pas candidat. Non, non, non, non ! "Il n’y a pas de faux suspense", c’est ce qu’il dit.
JEAN CASTEX
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
"J’en ai envie."
JEAN CASTEX
Bon, très bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il dit : "Je suis candidat", quoi.
JEAN CASTEX
Pour autant, il n’a pas déclaré sa candidature.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas officiellement.
JEAN CASTEX
Ecoutez, moi je ne suis pas Emmanuel MACRON, voilà. Qu’est-ce que je vous réponds, moi Premier ministre, si vous voulez évoquer ce sujet ? Moi je souhaiterais qu’il soit candidat…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça j’imagine.
JEAN CASTEX
Mais en même temps je dis, et je le vois tous les jours à la manœuvre puisque nous y sommes ensemble, l’heure - l’heure - c’est de gérer la crise sanitaire, de gérer le pays et de prendre les responsabilités qui nous incombent. Et nous le faisons. Et voyez-vous quand même, nous le faisons en prenant des mesures difficiles, pas forcément…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, un confinement des non-vaccinés, une sorte de confinement social des non-vaccinés.
JEAN CASTEX
En tout cas, on prend des mesures qui sont de notre responsabilité. Et que je veux dire, mais je vous l’aurais dit il y a un an, il y a 6 mois, dont le fil conducteur n’est pas la recherche de la popularité. Dont le fil conducteur n’est pas la recherche de la popularité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Cette crise sanitaire va occulter, pour l’instant occulte tous les sujets qui, à l’automne par exemple, agitaient l’opinion publique. Je parle de l’immigration, de l’insécurité, je parle de l’économie, du pouvoir d’achat. Tout ça est occulté par ce qui se passe aujourd’hui par la situation épidémique.
JEAN CASTEX
Oui. Est occulté, monsieur BOURDIN, au niveau évidemment des débats publics etc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pas dans l’opinion.
JEAN CASTEX
1 : Pas dans l’opinion et surtout pas - permettez-moi de le dire, vous avez le Premier ministre devant vous - pas dans le travail gouvernemental. Je veux dire sur tous les sujets que vous avez évoqués, les questions de sécurité, la question de la transition écologique, nous avons fait adopter des textes, nous avons déployé des moyens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais.
JEAN CASTEX
Alors que vous me disiez, et je suis le premier à le regretter, ça n’effleure pas assez dans le débat public.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que l’élection présidentielle se jouera sur le bilan ?
JEAN CASTEX
Je ne sais pas monsieur BOURDIN sur quoi se jouera l’élection présidentielle. Ce que je veux vous dire, c’est qu’assurément les Français regarderont si pendant cette pandémie historique nous les avons protégés. Si nous avons protégé notre système de santé. Si nous avons protégé notre économie qui menaçait de s’écrouler à cause de la pandémie. Si nous avons pris les mesures adaptées. Vous avez raison, moi je pourrais regretter qu’on ne dise pas que la France, là maintenant aujourd’hui monsieur BOURDIN, c’est le premier pays en matière de croissance économique en Europe. Le chômage, il est retombé nettement en dessous de ce qu’il était avant la crise. L’inflation, vous avez parlé de l’inflation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien l’inflation sur 2021 ?
JEAN CASTEX
Alors à la fin de l’année, on était à 2,9 je crois. Je vais vous dire le chiffre exact.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur l’année ça fait combien ?
JEAN CASTEX
Le problème, c’est qu’au début de l’année il n’y avait pas d’inflation, mais 2,9 on va dire en décembre. Si je vous dis ce chiffre surtout monsieur BOURDIN, bien moins que les autres pays qui nous entourent, bien moins que les autres, c’est trop 2,9. Ça va avoir des conséquences sur le pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat monsieur BOURDIN, pardon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Justement le pouvoir d’achat, j’ai deux, trois questions avec des réponses courtes.
JEAN CASTEX
Le pouvoir d’achat, moi je vous en donne une d’abord, parce que je me suis engagé à plusieurs reprises chez vos confrères, à l’Assemblée nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
JEAN CASTEX
J’ai dit : le pouvoir d’achat de nos concitoyens en 2021 augmentera. Nous avons les résultats, il a augmenté de plus de 2% alors que dans d’autres pays il a diminué.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec des inégalités mais on ne va pas entrer…
JEAN CASTEX
Mais il faut faudrait le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faudrait le faire.
JEAN CASTEX
Il faudrait le faire parce qu’on a des réponses à apporter sur ce sujet aussi, comme nous le faisons devant la représentation nationale régulièrement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors, vous parlez de l’inflation ; le Livret A, hausse le 1er février, combien, quelle hausse, je sais bien que c’est bien que c’est la BANQUE DE FRANCE qui va faire sa proposition, mais le gouvernement adoube, ça sera quoi, 0,8, le taux sera fixé à 0,8, même 1% si vous donnez un coup de pouce ?
JEAN CASTEX
Non, alors, écoutez-moi bien, donc, d’abord vous observerez qu’il n’a pas augmenté, je crois depuis 2011.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, depuis longtemps.
JEAN CASTEX
Le Premier ministre de la France applique la loi, d’accord, bon, eh bien, oui, donc je crois que c’est le 15 janvier, je n’ai pas révisé mes classiques avant de venir, mais je crois que c’est le 15 janvier que monsieur le Gouverneur de la BANQUE DE FRANCE en application de la loi, proposera au gouvernement l’augmentation du taux du Livret A liée à toute une série de paramètres, il n’y a pas que l’inflation, effectivement, nous adopterons les propositions du gouverneur pour les mettre en application à partir du 1er février…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pas de coup de pouce du… parce qu’il est possible, c’est possible ?
JEAN CASTEX
Oui, mais ce n’est pas envisagé, je vous le dis de la façon la plus claire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, ce n’est pas envisagé…
JEAN CASTEX
Voyez, là aussi, pas de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, eh bien, très bien, mais ce sera 0,8, je pense, d’après tous les calculs, j’ai regardé de près…
JEAN CASTEX
Je vois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tous les calculs…
JEAN CASTEX
J’en ferai part à monsieur le gouverneur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, eh bien, oui, vous avez raison. Bon, en ce qui concerne l’insécurité, Valérie PECRESSE était dans le sud, est dans le sud, elle est à Marseille, et elle nous a dit : elle veut ressortir le Karcher de la cave pour nettoyer les quartiers, il s’agit de remettre de l’ordre dans la rue, la sécurité, ajoute-t-elle, est la première des libertés, c’est la première des libertés, la sécurité ?
JEAN CASTEX
Alors sur le dernier point, ça, je pense que, non, ce n’est pas tout le monde qui peut être d’accord, évidemment, la sécurité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je peux citer Marine LE PEN aussi d’ailleurs…
JEAN CASTEX
Oui, non, mais ça, il y a toute une série, comme ça, de formules générales, qui peuvent recueillir l’adhésion. Le Karcher, un peu moins, quoi, là aussi, il faudrait prouver que ça ait marché, bon. Moi, ce que je pourrais faire, il me faudrait un peu de temps, si vous l’acceptiez, Monsieur BOURDIN, c’est vous dire ce que nous faisons dans tous ces quartiers dans lesquels je me rends inlassablement, je suis allé à Rennes, je suis allé en Seine-Saint-Denis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais…
JEAN CASTEX
Je suis allé à Lyon, je suis allé à Marseille. La sécurité dans les quartiers, plus que jamais, on a créé des forces de sécurité quand madame PECRESSE en avait diminué, alors, je sais bien qu’on va vous expliquer qu’on fera demain ce qu’on n’a pas fait hier, c’est un grand classique, nous avons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, vous serviez ce gouvernement, à l’époque…
JEAN CASTEX
Oui, mais moi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean CASTEX…
JEAN CASTEX
Oui, mais moi, mais j’ai fait le choix…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je me souviens…
JEAN CASTEX
Mais bien sûr, mais je ne renie rien. J’ai fait le choix d’évoluer et nous avons pris aujourd’hui les décisions, c’est-à-dire qu’on a créé 10 000 postes de fonctionnaires de police, en particulier dans ces quartiers, il y a des quartiers de reconquête républicaine, je vais vous faire une confidence, bon, eh bien, quand je vais dans des villes, hors caméras, hors vos confrères, je vais toujours dans ces quartiers faire des tours la nuit avec la BAC, la Brigade anticriminalité, le dernier que j’ai fait, c’était dans les quartiers nord de Marseille, la première question que je pose aux fonctionnaires de police, c’est : est-ce que vous rentrez partout ? Est-ce qu’il y a un seul endroit, un seul immeuble dans lequel vous n’entriez pas ? Et la réponse, c’est : mais alors, on rentre partout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, la police rentre partout, mais une fois la police partie, hop, le trafic reprend !
JEAN CASTEX
Oui, mais on en démantèle, on démantèle des…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean CASTEX…
JEAN CASTEX
Mais, oui, oui, non, mais ce n’est pas aussi simple que ça, on a des résultats, on a des résultats importants. Le sujet majeur, je vais le dire pour les uns et les autres, ceux qui nous écoutent, je comprends très bien, il faut encore améliorer l’efficacité de nos forces de sécurité, il faut surtout, vous me l’avez entendu dire 20 fois, Monsieur, restaurer l’efficacité du service public, de la justice. Et là aussi, oui, oui, non, mais Monsieur BOURDIN, les gens, ils le savent ça, s’il n’y a pas de suite pénale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il nous reste 1 minute.
JEAN CASTEX
On pourra aller chercher tous les Kärcher que vous voulez, ça ne marchera pas, ce n’est pas une bonne méthode, il faut aussi faire de la prévention, il faut relancer la machine à intégrer républicaine, une politique de sécurité ce n’est pas une politique de formules, c’est une politique de fond et c’est une politique complète, j’ai appelé ça la sécurité intégrée et on contractualise avec beaucoup de grandes collectivités, de tous bords politiques, pour faire reculer l’insécurité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean CASTEX, j’ai deux questions, réponses très courtes. A propos de l’immigration, je vous demande un chiffre, combien d’étrangers déboutés du droit d’asile ont-ils été reconduits dans leur pays en 2021 ?
JEAN CASTEX
Alors, des déboutés du droit d’asile reconduits dans leur pays en 2021 il n’y en n’a pas eu énormément, d’abord parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
JEAN CASTEX
Oui, il n’y en n’a pas eu énormément, mais, du coup, je vous rappelle que nous avons en conséquence, vis-à-vis des pays concernés, revu considérablement notre politique de visas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais il n’y en n’a pas eu énormément, on a beau revoir nos politiques de visas, il n’y en n’a pas eu énormément, vous n’avez pas le chiffre ?
JEAN CASTEX
Non, je n’ai pas le chiffre exact, on le communiquera, mais pardon, pardon, l’affaire de la politique de visas, qui est quand même extrêmement importante, on a quand même diminué, avec certains pays, jusqu’à 50% le nombre de visas octroyés, montre quand même que ça signifie qu’on ne peut pas entrer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu’il y a une volonté quoi !
JEAN CASTEX
Non seulement qu’il y a une volonté, mais surtout qu’on ne peut pas entrer dans notre pays, en provenance de ces pays-là, si ces derniers ne reprennent pas effectivement les déboutés, et en particulier ceux d’entre eux qui sont à la tête de condamnation. Donc on a eu obtenu des résultats, un peu plus forts avec certains pays que dans d’autres, c’est une mobilisation constante, je réunis régulièrement les ambassadeurs des pays concernés, mais là aussi nous sommes sur une logique de fermeté et de clarté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Jean CASTEX d’être venu nous voir ce matin pour trois quart d’heure d’interview sur RMC et BFM TV.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 6 janvier 2022