Interview de M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse à LCI le 3 janvier 2022, sur le nouveau protocole sanitaire à l'école suite à l'augmentation des contaminations de Covid-19 et l'organisation pour la continuité pédagogique.

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Texte intégral

ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour à tous et bonne année évidemment à tous également. Notre premier invité pour cette année 2022, c’est vous Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Education, ça tombe à pic si je puis dire, si vous me passez cette expression. Merci d’être sur LCI. On a beaucoup de questions très précises qu’on se pose, que les parents se posent, que les enseignants se posent en cette rentrée scolaire. D’abord, le principe, Monsieur le Ministre, les contaminations explosent, est-ce que vous êtes sûr de vous, est-ce que vous ne regrettez pas ce matin d’avoir maintenu cette rentrée au 3 janvier ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, c’est une décision que nous avons prise en conscience, en Conseil de défense, je le disais dès mardi dernier, de maintenir les écoles ouvertes, en grande cohérence avec ce qu’on a fait depuis le début de cette crise, depuis avril 2020 et la décision de déconfiner. Vous le savez, c’est même une caractéristique de la France, et j’observe d’ailleurs que les autres pays européens, progressivement, se sont mis aussi pour la plupart dans cette vision, et donc aujourd’hui nous considérons que les enfants sont vraiment la priorité des priorités de notre société française, et pour cela il faut avoir les écoles ouvertes, parce que l’école n’est pas une petite chose, ce n’est pas quelque chose de marginal, c’est fondamental pour les enfants, et donc je ne regrette pas du tout, au contraire c’est très important d’avoir les écoles ouvertes. L’école, je l’ai souvent dit pendant cette crise, mais je le redis ce matin, l’école c’est bon pour les enfants, et ils ont besoin d’aller à l’école et nous avons tout fait pour qu’il en soit ainsi. Merci, j’en profite même pour le dire à tous les professeurs, tous les directeurs d’école, chefs d’établissement, je sais très bien que c’est difficile que… et aux parents d’élèves aussi, pour tout le monde c’est compliqué et difficile, mais le jeu en vaut la chandelle, parce que c’est important pour nos enfants.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, on va voir en termes d’organisation comment ça s’organise précisément, mais vous dites : l’école c’est fondamental pour les enfants. Mais la santé aussi. Valérie PECRESSE, ce matin, dit qu’une semaine, une semaine de rab de vacances, pardon, aurait permis de mesurer les dégâts en termes de contamination post-Noël, et on aurait repris peut-être plus sereinement le 10 janvier.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, mais c’est toujours la solution de facilité de fermer l’école, mais c’est-ce qu’on doit faire en tout dernier recours, quand on a tout essayé par ailleurs si vous voulez. Et puis, donc je regrette quand dans le débat public, que ce soit Valérie PECRESSE ou d’autres, le premier réflexe soit de dire : ah tiens, et si on fermait une semaine, et puis pourquoi pas deux, vous savez, comme ça arrive parfois malheureusement dans certaines familles où l’école est quelque chose qu’on rate facilement. C’est pas du tout mon état d’esprit, mon état d’esprit c’est que chaque jour d’école est important pour les enfants. Ce variant est évidemment très contaminant, nous le savons, en même temps il s’est avéré maintenant moins dangereux que les variants précédents, il est évident que pour nos enfants ce n’est pas important d’aller à l’école, dans ce contexte.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais, si je me mets à la place des parents, est-ce que les enfants sont en sécurité à l’école ? Est-ce qu’ils sont mieux protégés, enfin ils sont protégés au mieux dans l’école de la République aujourd’hui ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr. Mais vous savez, dans les périodes précédentes vous avez, par exemple la bronchiolite, la gastro-entérite, d’autres formes de grippes, existent aussi, pour lesquelles les enfants pour le coup sont plus victimes. Aujourd’hui, dans les services de pédiatrie, vous avez plus de bronchiolite que de problèmes liés au Covid…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais les protocoles ne sont pas tout à fait les mêmes, vous êtes d’accord.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais on n’arrête pas la vie sociale des enfants à la première épidémie si vous voulez. Donc bien sûr qu’il faut être très sérieux sur le sujet, c’est ce que nous sommes. On me reproche par ailleurs le fait que les enfants portent des masques, on nous reproche des mesures considérées comme drastiques, qui rendent la vie quotidienne compliquée, oui, parce que les mesures sanitaires par ailleurs sont extrêmement rigoureuses, et c’est donc normal d’avoir cet équilibre entre d’une part l’école ouverte et d’autre part des mesures sanitaires rigoureuses.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça c’est votre principe de base, c’est votre doctrine. Sur le principe justement, il y a une réflexion, une critique très vive sur ce calendrier de cette rentrée, avec des annonces que vous avez faites hier, la veille pour le lendemain, à la dernière minute. Pourquoi ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, vous savez, c’est souvent comme cela, on est obligé d’être dans cette situation, d’abord pour être au plus près de la réalité sanitaire, ensuite parce qu’il y a des processus. Nous avons eu le Conseil de défense lundi dernier, vous le savez, j’ai donné les grands principes après, précisément pour qu’on puisse se préparer. J’ai dit dès mardi dernier que le grand changement serait qu’il y aurait, lorsqu’il y a un cas de contamination dans une classe, eh bien un retour à la maison…

ELIZABETH MARTICHOUX
C’est vrai, mais tout le monde ne l’avait pas entendu à l’époque, on était le 28 décembre, je crois.

JEAN-MICHEL BLANQUER
A l’époque, lorsque je l’ai dit, il y a eu des commentaires pour dire : mais pourquoi s’exprime-t-il déjà alors que ce n’est pas définitif ? Non, c’est précisément pour que les esprits se préparent. Ensuite, nous avons eu à attendre jusqu’à vendredi l’avis, à la fois du Conseil scientifique et de la Haute autorité de santé publique, et puis ensuite l’élaboration de tous les protocoles, avec…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous reconnaissez que c’est tard, par rapport à la mise en oeuvre des mesures.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr. Ah mais je reconnais, vous savez je suis le premier à le regretter, mais c’est un c’est un processus qui ne peut pas être autrement, si on veut prendre des décisions au plus près de la réalité, c’est-à-dire si on veut prendre une décision d’abord en Conseil de défense sur les grands principes à partir de la réalité sanitaire, et ensuite tout le travail technique qui doit être fait, parce que c’est… Vous savez, on nous reproche parfois que les décisions soient prises, soit par le Conseil de défense, soit même par le président de la République tout seul…

ELIZABETH MARTICHOUX
En solitaire, en solo.

JEAN-MICHEL BLANQUER
En réalité, vous voyez très bien dans ce qui s’est passé la semaine dernière, que ce n’est pas comme ça que ça marche. Il y a un travail de préparation, on arrive en Conseil de défense, on regarde les grands principes, là par exemple c’est là qu’on a décidé que l’école serait ouverte, et on l’a fait au plus près de la rentrée.

ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que l’école et l’économie quoi qu’il en coûte, dans le fond, doivent fonctionner, c’est ça votre état d’esprit et celui du président.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui. Notre état d’esprit il est très simple, c’est : les enfants ont droit à l’école.

ELIZABETH MARTICHOUX
L’école et l’économie quoi qu’il en coûte.

JEAN-MICHEL BLANQUER
L’école, en tout cas, pour ce qui me concerne, l’économie bien sûr mais c’est encore d’autres sujets…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais parce que c’est lié, parce que les parents aussi doivent travailler.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais le premier des motifs, ce n’est pas qu’il y ait l’école pour que les parents soient libres, même si c’est évidemment le deuxième motif, mais le premier motif c’est tout simplement que les enfants ont besoin d’aller école, je ne le dirai jamais trop…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, vous l’avez dit déjà.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et je le redirai toujours, parce que c’est vrai pendant la pandémie, c’est vrai évidemment en dehors de la pandémie aussi.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce matin c’est aussi l’occasion de passer des messages aux profs évidemment. Je vous lis ce témoignage que j’ai trouvé dans Libération ce matin, Jeanne, 28 ans, prof d’anglais dans un collège à Lille. « Alors que le reste de la société va bénéficier de 3 jours de télétravail pour limiter les risques de contamination, on nous envoie au casse-pipe, visiblement la vie d’un prof compte moins que celle d’un autre ». Voilà ce qu’elle dit cette prof d’anglais de 28 ans. Qu’est-ce que vous lui dites ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Je dis d’abord que ce qui est très important, c’est d’être vacciné dans cette période, c’est le cas de plus de 90 % des professeurs.

ELIZABETH MARTICHOUX
Tous les profs ne sont pas vaccinés.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ils ne le sont pas pleinement, non.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a 10 % des enseignants…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Il doit rester encore… un peu moins, je pense, on doit faire encore une enquête pour faire le point, mais…

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous savez précisément qui est vacciné et qui ne l’est pas ? Les 10 %, vous les avez identifiés ? Ils sont identifiés ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
C’est-à-dire qu’ils sont identifiés au sens où nous faisons des enquêtes, pour savoir tout simplement le pourcentage de professeurs vaccinés, mais pour l’instant il n’y a pas d’obligation vaccinale dont les professeurs, d’ailleurs comme pour la plupart des professions, il n’y a pas d’obligation vaccinale. Par contre, il y a quand même deux choses…

ELIZABETH MARTICHOUX
Pardon, juste j’ai une question là-dessus…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, deux points à dire par rapport à ce que vous avez dit.

ELIZABETH MARTICHOUX
Allez-y, allez-y, pardon.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Un, c’est une profession beaucoup plus vaccinée que les autres, parce que sans doute des personnes plus responsables. Deuxièmement toutes les enquêtes nous montrent que c’est une profession moins contaminée que les autres, précisément parce que plus responsable aussi, avec respect des gestes barrières, etc. Donc c’est des propos un petit peu excessifs, pendant cette crise…

ELIZABETH MARTICHOUX
Non, mais elle compare, la vie d’un prof compte moins que celle d’un autre, même si elle est vaccinée, si elle fait partie des 90 %...

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, mais ce n’est évidemment pas le cas…

ELIZABETH MARTICHOUX
Elle dit : « on nous envoie au casse-pipe ». Vous comprenez ce qu’elle veut dire ou pas ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Je comprends très bien ce qu’elle veut dire, je pense que c’est des formules excessives, que pendant cette épidémie nous avons tous à avoir un esprit de responsabilité, ça n’est pas drôle, ça avait pas facile, c’est un effort particulier qui est demandé à chacun, fort heureusement ce n’est pas une corporation celle des professeurs, qui a été plus contaminée que d’autres, depuis le début de cette crise, c’est même le contraire, et tant mieux…

ELIZABETH MARTICHOUX
C’est ça la preuve…

JEAN-MICHEL BLANQUER
… et je les en félicite d’ailleurs, puisque c’est précisément parce que des gestes sont accomplis au quotidien. Et depuis le début, je dis d’ailleurs que l’école est une école aussi de gestion de la pandémie, c’est-à-dire que c’est les bons principes pédagogiques d’hygiène et de sécurité qui sont aussi répandus par l’école, et donc quand les enfants vont à l’école, c’est aussi ces principes qu’ils acquièrent. Je suis d’ailleurs souvent frappé quand je parle avec les enfants, quand je les écoute, de voir à quel point ils ont intégré cela, et souvent c’est par l’école qui l’ont intégré.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce que vous dites, Jean-Michel BLANQUER, c’est que c’est compliqué, on va le voir dans le détail, mais que c’est compliqué tout court et pour tout le monde, mais juste sur les profs non vaccinés, j’ai quand même question : est-ce que les parents savent si le prof est vacciné ou pas ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non.

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce qu’il y a des profs non vaccinés, qui sont devant des classes ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr, cela peut arriver, bien sûr, et ils sont, par contre les gestes barrières sont appliqués, les seuls cas vraiment problématiques, c’est quand nous avons eu des professeurs faisant l’apologie antivax, là c’est un problème.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y en a eu beaucoup ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, c’est rare, c’est plutôt l’inverse qui se passe, c’est-à-dire qu’on a des professeurs qui précisément parce que par exemple…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais il y en a eu, il y en a qui se…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, ça peut arriver, il y a de tout, vous savez, mais dans ces cas-là nous réagissons, bien sûr.

ELIZABETH MARTICHOUX
D’accord. Mais donc il y a des enseignants, à peu près 8 % ; 10 %, que vous n’avez pas identifiés, c’est une statistique.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, nous devons avoir encore… C’est par enquête que nous pouvons le savoir, et uniquement par enquête, donc nous devons en mener encore une prochainement. Je pense que ce chiffre de 10 %, que vous déduisez de mon 90 %, a sans doute baissé encore, mais nous le saurons dans quelques temps.

ELIZABETH MARTICHOUX
« A sans doute baissé encore », mais ils sont devant les classes, et les parents ne le savent pas. C’est une information. La nouvelle règle, ce matin, la plus importante, Jean-Michel BLANQUER, c’est donc devant le primaire. S’il y a une apparition d’un cas, l’apparition d’un cas dans une classe de primaire, eh bien le cas est isolé, bien sûr, l’enfant doit rester chez lui…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr.

ELIZABETH MARTICHOUX
Qu’est-ce qui se passe pour tous les autres enfants ? Prenons le cas, lundi prochain, il y a l’enseignante qui dit : votre petit camarade CM1, il s’appelle Aurélien, eh bien il est resté chez lui parce qu’il est positif. Qu’est-ce qui se passe ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Dans ces cas-là, tout le monde peut revenir à l’école, dès lors qu’on a un test négatif, de ce point de vue là ça ne change pas depuis la règle que nous avons établie fin novembre, qui a été un changement important, qui est que : on n’a pas automatiquement une fermeture de classe, mais on a la possibilité pour chaque enfant de revenir, dès lors qu’il présente un test négatif.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais alors, le jour même ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, le jour même, bien sûr.

ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que si l’enseignante dit : « Aurélien est un cas positif », tous les enfants rentrent chez eux faire un test, comment ça se passe ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, évidemment, après il y a beaucoup de pragmatisme dans la manière de faire, ça dépend de l’heure à laquelle les choses sont constatées, là vous avez des protocoles qui s’appliquent sur le terrain, je sais que ce n’est pas toujours facile, très souvent c’est le lendemain que le retour à l’école se passe, c’est-à-dire que vous avez très souvent les enfants qui rentrent plus tôt ou qui rentrent le soir, et puis le lendemain un test négatif… C’est compliqué bien sûr, mais c’est le test négatif qui le lendemain permet de revenir.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, les enfants doivent tous rentrer chez eux pour faire un test…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr.

ELIZABETH MARTICHOUX
… chez eux. Alors ça, c’est les parents qui fournissent le test…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais ça, ce point-là n’est pas…

ELIZABETH MARTICHOUX
Les parents devront passer à la pharmacie et acheter un test.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, tout à fait, c’est ce que nous faisons depuis plus d’un mois maintenant, ça a marché, c’est ce qui nous a permis au mois de décembre d’avoir le moins possible de classes fermées, autour de 3 000 classes fermées, ce qui est relativement peu par rapport à la situation générale. Et ça nous a permis surtout de multiplier par plus de 6 le nombre de tests réalisés sur les enfants, entre novembre et décembre.

ELIZABETH MARTICHOUX
D’accord.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Donc on a responsabilisé les familles, et cette politique a marché.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, la classe reste vide, tant que les enfants n’ont pas fait ce test.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais c’est quelque chose qui…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce premier test.

JEAN-MICHEL BLANQUER
… dure moins de 24 heures, et ensuite les enfants reviennent, avec un test négatif, et le changement, en fait le plus grand changement dans la période qui s’ouvre là, c’est qu’au moment où les parents sont allés faire leur test pour leur enfant, parce qu’il y a un enfant contaminé dans la classe, donc quand ils vont à la pharmacie, le pharmacien leur donne gratuitement 2 autotests pour en faire un au 2e jour, donc ce qu’on appelle J2, 2 jours après le 1er jour, et puis à J4, 4 jours après le 1er jour pour voir si l’enfant est négatif.

ELIZABETH MARTICHOUX
4 jours après le premier test.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Le premier test.

ELIZABETH MARTICHOUX
Le J + 2 c’est le jour où les enfants font un premier test, c’est un test antigénique ou un test PRC, ça n’est pas un autotest. En fait il faut 3 tests pour les enfants cas contact.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Tout à fait.

ELIZABETH MARTICHOUX
Le premier, antigénique, PCR, et les 2 autres, ce sont des autotests gratuits, que les parents vont chercher à la pharmacie.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Tout à fait. Donc je le répète pour que ce soit parfaitement clair, mais c’est vraiment…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui oui, parce que c’est une ingénierie un peu compliquée quand même.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui et non, mais enfin en deux mots, donc c’est exactement ce que vous avez dit, je ne corrige pas un mot, mais c’est juste pour que ce soit clair pour tous ceux qui nous regardent. Donc il y a une première chose qui ne change pas, qui existait déjà avant…

ELIZABETH MARTICHOUX
Les premiers tests.

JEAN-MICHEL BLANQUER
… et qui par exemple aujourd’hui peut s’appliquer, comme ça s’appliquait juste avant de partir en vacances de Noël. Donc, un test qu’on fait en pharmacie pour vérifier qu’on est négatif, et si on est négatif on revient à l’école avec ça. Et le jour où on fait ça, on nous donne 2 autotests, et ces 2 autotests on les utilise 2 jours plus tard, et 4 jours plus tard, pour vérifier qu’on est toujours négatif. Voilà.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, et vous demandez une attestation sur l’honneur aux parents.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous ne demandez pas aux enfants de revenir avec leur test et de le montrer à la maîtresse.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, là on demande une attestation sur l’honneur aux parents.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Pour simplifier les choses, parce que sinon, on rentre, déjà, tout ceci crée beaucoup de complications pour la gestion quotidienne de l’école primaire, nous parlons de l’école primaire, et avec des petits enfants, donc c’est tout simplement pour responsabiliser tout le monde, un des mots-clés, si vous voulez, enfin, il y a trois mots clefs finalement, pragmatisme, on essaie d’être au plus près des réalités de terrain, proportionnalité, on essaie de prendre des mesures qui toujours sont contraignantes, créent des complications, mais sont les moins floues, les moins dures possibles pour la vie quotidienne, et puis, bien sûr, responsabilisation, et la responsabilisation, c’est par exemple quand depuis la fin du mois de novembre, nous avons demandé de faire un test en pharmacie…

ELIZABETH MARTICHOUX
Là, il n’y en pas un, il y en a trois…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et je crois que c’est important dans une crise, proportionnalité, pragmatisme, responsabilisation…

ELIZABETH MARTICHOUX
Les trois P de Jean-Michel BLANQUER ce matin.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, non, il me semble qu’il y a un « R » dans responsabilisation…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ah, pardon, excusez-moi, PPR. Et alors si, parce que ce sont les enseignants qui vont devoir contrôler tout ça, recevoir les enfants, d’ailleurs s’il y a un enfant qui revient sans test, sans attestation, sans parents, qu’est-ce qi se passe, on le renvoie chez lui, qu’est-ce qu’elle fait la prof…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, un enfant de l’école primaire n’arrive pas sans parents à l’école le matin…

ELIZABETH MARTICHOUX
En CM1, CM2, ça peut arriver.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, en fin d’école primaire, et en tout état de cause, malheureusement, les directeurs d’école sont habitués à ce genre de cas, mais c’est vrai qu’un enfant qui n’a pas ce qu’il faut doit retourner chez lui, bien sûr.

ELIZABETH MARTICHOUX
L’enseignant, bon, encore une fois, ce sont les enseignants et leur directeur d’école qui vérifient tout ça, et vous-même, vous reconnaissez que c’est quand même un peu compliqué, ce n’est pas leur rôle tellement de...

JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien, depuis le début de la crise, ils font des choses qu’on ne fait pas en temps ordinaire, et encore une fois, nous cherchons le moindre inconvénient, mais inconvénients il y a bien sûr.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi ne pas distribuer, alors ça, c’est une récrimination qu’on entend de la part des politiques, par exemple, encore le porte-parole de Yannick JADOT hier, qui commentait votre rentrée, très critique, comme d’autres, qui disent : pourquoi est-ce que vous ne distribuez pas des masques FFP2, qui sont plus filtrants ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, bon, j’espère que la campagne présidentielle ne va pas amener trop de personnes dans cette campagne, avec polémique pour un oui ou pour un non sur le sujet de l’épidémie, ce serait bien que les sujets polémiques aillent sur d’autres terrains, parce que je pense que ça ne sert vraiment pas l’intérêt général. Je suis un peu surpris de voir des porte-paroles d’EELV s’exprimer sur des sujets parfois qui relèvent de la compétence des collectivités locales, quand les communes EELV ne sont même pas elles-mêmes à la hauteur de leurs responsabilités là-dessus…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous parlez des purificateurs d’air peut-être, on va en parler après…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, par exemple, j’ai entendu monsieur JADOT parler des capteurs de CO2, c’est de la compétence de la commune pour les écoles, donc, que fait Grenoble, que fait Poitiers, que fait Bordeaux, ce sont des mairies EELV, que font-elles pour les capteurs de CO2 ? C’est la question...

ELIZABETH MARTICHOUX
Elles ne font pas assez les collectivités ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien, d’après monsieur JADOT lui-même, non, alors qu’il demande à son propre maire élu de son camp de faire ce qu’il doit faire, c’est-ce qui me surprend dans ce type de polémiques, c’est-à-dire que, on voit des gens qui trouvent dans l’épidémie une occasion de faire polémique au lieu de servir l’intérêt général.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais est-ce que ce n’est pas une question légitime de dire, c’est à l’Etat que devrait incomber la responsabilité d’équiper toutes les écoles de purificateurs d’air, dans d’autres pays, eh bien, ce sont…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, non, dans d’autres pays, si vous prenez l’Allemagne, ce n’est évidemment pas l’Etat central, ce sont les lands…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce sont les lands, bien sûr, les landers, et donc…

ELIZABETH MARTICHOUX
Eh bien, ce sont les représentants de l’Etat…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, qui sont…

ELIZABETH MARTICHOUX
Les lands…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce qui serait l’équivalent de nos régions. Donc non, écoutez, quand il y a le sujet des masques par exemple, le sujet des masques relève de la compétence de l’Etat, s’agissant des adultes, puisque nous protégeons nos personnels par les masques, et donc nous fournissons des masques depuis le début de la crise, c’est un nombre très important, des dizaines de millions de masques que nous avons distribués, c’est de la même façon tout ce qui a trait à la protection de nos personnels relève de la compétence de l’Etat, ce qui a trait aux équipements, par exemple, l’hygiène au quotidien, le savon le gel hydro-alcoolique, les capteurs de CO2, éventuellement les purificateurs d’air quand c’est nécessaire, tout ceci relève de la compétence des collectivités, nous sommes la main dans la main avec les collectivités, nous avons même créé un fonds pour venir en appui de celles qui seraient impécunieuses pour acheter des capteurs de CO2. Donc nous sommes au rendez-vous de nos responsabilités, moi je suis coopératif, mais quand après, ceux-là mêmes qui ont cette responsabilité viennent me reprocher quelque chose qu’ils ne font pas eux-mêmes, encore une fois, que monsieur JADOT aille demander au maire de Grenoble, au maire de Poitiers, à la maire de Poitiers et au maire de Bordeaux où ils en sont sur les capteurs de CO2, et après, on en reparlera.

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce qu’ils ont fait assez, est-ce que, à votre avis, les collectivités locales qui disent : bon, c’est à l’Etat, ce serait à l’Etat de le faire, c’est ce que dit Yannick JADOT, mais vous, vous dites : c’est aux collectivités locales, qu’est-ce que vous dites aux maires qui ne s’y sont pas mis, je crois que vous dites vous-même que 20 % des…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Pour les communes, c’est 20 %, pour les départements et les régions c’est un peu plus, vous avez des régions qui ont eu des politiques volontaristes sur le sujet, d’autres moins.

ELIZABETH MARTICHOUX
Lesquelles ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Moi, je veux bien, si vous voulez, je veux bien qu’on récupère cette compétence de l’Etat, qu’on demande à l’Etat de le faire, mais alors, dans ce cas, il faut que, unanimement, les représentants des élus nous disent : on ne veut plus de notre compétence en la matière, c’est un discours totalement contraire que j’ai entendu pendant toute la crise, on nous disait : laissez-nous faire au plus près du terrain, donc aujourd’hui, l’Etat est là pour soutenir les collectivités. C’est le cas par exemple au travers du plan de relance pour tout ce qui est rénovation thermique, avec des travaux qui ont lieu actuellement dans beaucoup d’endroits en France, et qui contribuent aussi à la lutte contre l’épidémie, donc on est derrière les collectivités pour aussi améliorer quelque chose qui devait être amélioré, c’est-à-dire les conditions d’hygiène au quotidien, les toilettes des écoles, des collèges et des lycées méritent très souvent de grandes améliorations ; tous ces sujets, c’est des compétences des collectivités, mais l’Etat est derrière pour aider, donc soyons coopératifs, ne cherchons pas des polémiques sur ces sujets qui sont des mauvaises polémiques…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mauvaises polémiques…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Par ailleurs, je rappelle que les gestes barrières les plus fondamentaux, c’est : se laver les mains, c’est ouvrir les fenêtres, des choses très simples du quotidien, et c’est aussi cela qui doit nous permettre de nous protéger, ne l’oublions pas.

ELIZABETH MARTICHOUX
Selon le conseil scientifique, en janvier, 200.000 enseignants seront cas positifs ou en garde d’enfants contaminés, ce sont aussi des parents, est-ce que vous avez les remplaçants qui permettent d’assurer cette continuité de l’école à laquelle vous êtes si attaché ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, on est en train d’augmenter le nombre de remplaçants par des recrutements, on a une capacité normalement qui est de l’ordre de 9 % dans le 1er degré de remplaçants, c’est-à-dire que pour 100 professeurs, on en 9 capables…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez un vivier, pour dire les choses…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Un vivier de remplaçants de 9 %.

ELIZABETH MARTICHOUX
Un vivier de remplaçants de 9 %.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Tout à fait. On est en train de l’augmenter pour passer à au moins 12 %.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous recrutez qui ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Par exemple, actuellement, des vacataires qui sont des profs, des jeunes professeurs retraités, donc un professeur qui a pris sa retraite depuis 1 an, 2 ans ou 3 ans, qui reprend du service…

ELIZABETH MARTICHOUX
Jusqu’à 3 ans ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Parfois même un peu plus, mais en tout cas, des volontaires bien entendu, qui sont d’accord pour le faire, c’est en général des personnes expérimentées.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et alors des retraités qui vont se retrouver devant des classes après avoir…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, ça nous le faisons parfois, souvent, vous avez des personnes…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça ne pose pas de problèmes, de difficultés ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, eh bien, en cas de circonstances exceptionnelles, vous savez, en général, quand vous avez été professeur, vous adorez ça, et il y en a un certain nombre qui sont prêts à rendre service, et puis, il y a un côté civique dans cette action, je trouve ça bien.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y en a beaucoup déjà engagé…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Là, je n’ai pas l’évaluation aujourd’hui, non, oui, il y en a un certain nombre, bien sûr.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ça se compte comment, 10.000, 20.000, 5.000 ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Chez nous, c’est tout de suite rapidement la loi des grands nombres, je pourrai vous fournir le chiffre peut-être d’ici une semaine, quand les choses seront complètes, mais c’est évidemment plusieurs centaines par Académie, oui, bien sûr, et tant mieux, c’est un signe, vous savez, l’Education nationale, c’est une grande maison, et souvent, vous avez des personnes retraitées qui s’impliquent dans l’Education nationale après leur retraite, mais c’est un exemple que je vous donne, nous avons aussi des contractuels, autrement dit, des personnes plus jeunes pour le coup que nous recrutons, souvent, ça peut être des personnes qui par exemple n’ont pas eu le concours précédemment, mais qui ont quand même des aptitudes pour enseigner, et que, momentanément, nous recrutons ; nous faisons cela depuis le début de la crise, en avril dernier en particulier, j’avais lancé une grande campagne pour cela, de façon à assurer la continuité, maintenant, je ne nie pas que le mois de janvier peut être un peu tendu…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous le dites ainsi ce matin, dans les colonnes du Parisien, vous avez cette phrase : janvier sera tendu ; vous n’êtes pas totalement serein quand même ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Forcément, c’est vrai pour toutes les activités de la nation, pas seulement pour l’Education.

ELIZABETH MARTICHOUX
Qu’est-ce que vous craignez ? Mais alors, qu’est-ce que vous craignez, précisément pour l’école ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
La chose la plus difficile finalement dans la période actuelle, c’est non pas les formes graves, pardon, mais le fait que des gens se trouvent en difficulté par des formes modérées de la maladie, et donc, ils sont absents, donc ça n’est pas gravissime, mais c’est juste que ça crée plus d’absents que d’habitude…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça désorganise l’école, donc vous craignez une désorganisation de l’école…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et donc, ça peut désorganiser l’école, mais vous savez, il y a le même sujet sur chacune des activités de la nation, donc nous sommes en train de nous organiser pour arriver à ce qu’il y ait une continuité du service public.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ce que je veux dire, c’est que dans ce climat d’incertitudes, qui n’est pas nouveau et que vous essayez de gérer depuis le début, quand même, vous redoutez une forme de désorganisation, ça peut arriver, on n’est pas à l’abri ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors le mot est trop fort, je pense que nous arriverons à traverser ce mois de janvier, mais bien entendu, on est sur des sujets parfois imprévisibles, par exemple, dans tel territoire, d’un seul coup, il peut y avoir beaucoup plus d’absents, parce que le virus circule beaucoup plus, ce sont des choses sur lesquelles il faut, ensuite, eh bien… nous nous sommes préparés à répondre à cela, il y a aussi l’enseignement à distance qui peut être déclenché dans tous les cas…

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors justement, j’ai une question, parce que j’entendais un enseignant en parler hier, elle se demandait si elle devait faire du présentiel et du distanciel à partir du moment où elle aurait plusieurs cas positifs dans sa classe ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Lorsque lorsqu’il y a ce type de situation, nous y sommes maintenant habitués, c’est particulièrement vrai dans l’enseignement secondaire, vous avez toutes sortes de formules, mais la formule la plus basique, si je puis dire, c’est qu’on donne mais résumés de cours aux élèves, ils ont des devoirs qui leur sont donnés, et donc, il y a quelque chose qui se passe à distance, la formule la plus élaborée, c’est lorsqu’on a, et ça existe aussi, des formules qui permettent à des élèves depuis chez eux de suivre, de suivre les cours, donc, c’est ce qu’on appelle les classes hybrides, qui permettent, les classes hybrides distancielles, ça existe, et ce qui permet d’avoir les deux à la fois, vous savez, et puis, vous avez toute une série de formes intermédiaires, mais depuis le début de la crise, il y a eu beaucoup de formation continue pour aider les professeurs à faire face à cette situation…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc c’est possible…

JEAN-MICHEL BLANQUER
De la distribution de matériels, les choses ne sont jamais parfaites, je suis le premier à le reconnaître, mais encore une fois, c’est une situation de crise, regardons comment les autres pays s’en sortent et voyons à quel point…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, oui, oui, et c’est vrai que souvent, vous dites : quand on se compare, on se console…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c’est plus que ça, en l’occurrence pour la France, c’est vraiment… c’est un pays regardé pour ce qui s’est passé ; donc…

ELIZABETH MARTICHOUX
A l’école…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et vous savez, dans ces moments-là, il faut surtout qu’on soit dans un esprit d’unité et de civisme, c’est ce que j’appelle de mes voeux depuis le début et c’est ce qui se réalise en bonne partie, même si sur le terrain politique, il peut y avoir des gens qui ont envie de créer parfois un peu de polémiques…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous dites : il y a plus de polémiques que de réelles difficultés sur le terrain dans le fond…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, non, il y a de très grandes difficultés, mais la difficulté, il y a deux façons d’y faire face, soit, en l’affrontant, soit en la commentant, donc il faut évidemment qu’on soit bien soudé, je pense que c’est ce qui se passe pour l’essentiel. Ce qui me frappe, c’est la parole des enfants, voyez, en venant, j’écoutais un enfant parler sur une antenne, ce n’était que des paroles justes, des paroles de bon sens sur le fait que, eh bien, c’était bien de se tester pour être en sécurité, et que, oui, il y avait de la contrainte mais qu’on était bien obligé de la vivre. Les enfants font partie de ceux qui finalement savent parfois nous donner de bonnes leçons de civisme…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, vous préférez écouter les enfants parfois que les adultes, c’est une nouvelle règle, c’est jusqu’à quand ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
C’est pour ça que je fais ce métier…

ELIZABETH MARTICHOUX
C’est jusqu’à quand ces nouvelles règles ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, comme vous le savez, tout est en fonction de l’évolution de l’épidémie, c’est donc là aussi le pragmatisme qui compte…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, donc aucune visibilité sur ce… vous ne pouvez pas répondre ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr que c’est impossible…

ELIZABETH MARTICHOUX
Au mois de janvier… parce que vous dites que janvier sera tendu….

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce qu’il y a, ce qu’on peut se dire, si vous voulez, c’est qu’on a le sentiment que le pic est pour bientôt, donc, à un moment donné, nous aurons traversé ce pic, et dès que ce sera possible, nous allégerons les protocoles sanitaires, bien sûr, c’est ce que nous avons toujours fait, on fait évoluer le curseur dans un sens ou dans un autre en fonction de l’épidémie, il y a un scénario optimiste, il existe ce scénario optimiste…

ELIZABETH MARTICHOUX
Et qui est donc ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien, qui est, que cette épidémie, d’abord, traverse son pic dans peu de temps, qu’elle soit assez peu…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais ça, c’est l’épidémie…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Que finalement, ses conséquences sanitaires soient…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça, c’est en termes épidémiologiques, pour l’école, on peut se dire qu’au moins 3 semaines, quoi, jusqu’à la fin du mois de janvier…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Vraisemblablement, tout ce que nous avons mis en place…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vraisemblablement…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et pour au moins tout le mois de janvier. Mais évidemment, je suis le premier à désirer que nous allégions dès que possible.

ELIZABETH MARTICHOUX
On a pris le temps, vous l’avez vu, de décrire, c’était important, parce qu’il y a beaucoup de questions, une encore qui mériterait un peu de temps, mais je vous demande une réponse rapide, la campagne de vaccination à l’école pour les 5-11 ans, est-ce que vous vous l’organisez ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, en lien avec le ministère de la Santé, donc chaque école primaire de France est appareillée avec un centre de vaccination, donc c’est par l’intérieur de l’école que se passe la vaccination, mais tout parent d’élève peut avoir l’information au cours des prochains jours de la part de son école sur le centre de vaccination où l’enfant peut aller ; il y a aussi une campagne d’information sur la façon dont ça se passe ; sur aussi l’intérêt de la vaccination…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais les infirmières scolaires et les médecins scolaires sont mis à contribution dans l’école ou pas ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Depuis le début, les infirmières et les médecins scolaires sont mis à contribution dans la mobilisation générale, mais c’est toujours en relation avec la médecine de ville et la médecine hospitalière pour réaliser, et l’ensemble d’ailleurs de ceux qui sont mobilisés pour la vaccination.

ELIZABETH MARTICHOUX
D’accord, sérénité relative, en tout cas, grande vigilance de Jean-Michel BLANQUER ce matin.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Sérénité et unité, citoyenneté, civisme, c’est très important de savoir pourquoi on fait les choses, d’avoir une boussole, là, la boussole, c’est les enfants, c’est l’école, la situation, elle est difficile, bien entendu. Bravo aux professeurs, bravo à tous les personnels aussi des collectivités locales qui font un travail énorme là-dessus. Et montrons une fois de plus que nous sommes un beau pays qui sait traverser ce genre de situation…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il faut imaginer Sisyphe heureux quand même, l’épidémie…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Nous devons l’être bien sûr, là aussi, vous avez eu raison d’utiliser cette expression, parce que nous mettons aussi un peu d’optimisme pour nos enfants dans cette période, c’est aussi ce que nous leur devons. Nous leur devons ça.

ELIZABETH MARTICHOUX
Allez, juste un mot, mais, parce que vous êtes un ministre qui compte dans le gouvernement, Eric CIOTTI hier sur LCI a dit : Emmanuel MACRON n’aime pas la France au sujet du drapeau français qui était absent de l’Arc de Triomphe remplacé par le… enfin, remplacé, il y avait le drapeau européen.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y avait le drapeau européen.

JEAN-MICHEL BLANQUER
La campagne présidentielle permet maintenant toutes les formules à l’emporte-pièce, cela en st une, évidemment qu’Emmanuel MACRON aime la France, et d’ailleurs Eric CIOTTI aussi. Ne nous faisons pas des procès comme ça. Bien sûr que nous aimons la France, nous l’aimons charnellement, le président d’ailleurs à une l’occasion de le dire dans ses récentes interventions...

ELIZABETH MARTICHOUX
C’est déplacé, ou bon, voilà ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c’est déplacé, c’est regrettable, parce que, ne nous faisons pas ce procès-là, soyons un pays encore un fois uni autour de l’amour de notre pays, ça ne me fait pas peur de le dire, j’aime mon pays, beaucoup, très fort. Je fais tout ça pour les enfants et pour le pays, et donc que le président de la République aussi.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous reviendrez parler politique…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et les hommes d’Etat se voient dans ces moments-là, c’est le cas du président de la République, et c’est le cas de ceux qui dans une campagne présidentielle, savent aller rechercher l’intérêt général, plutôt que les petites polémiques.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il n’y en a pas beaucoup ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Les Français jugeront, les Français verront…

ELIZABETH MARTICHOUX
Les Français jugeront, et vous viendrez nous en parler.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Les Français voient comment les gens…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce matin, c’est…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous savez, on voit comment il y en a qui essaient de résoudre les problèmes ou ceux qui essaient de profiter des problèmes, et c’est je crois, regardez Emmanuel MACRON en 2017, comment avec la bienveillance, le respect de l’adversaire, il a été élu.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci Jean-Michel BLANQUER d’avoir été ce matin sur LCI, pour apporter toutes ces précisions très importantes, alors que les enfants évidemment reprennent l’école. Bonne journée à tous.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci à vous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 4 janvier 2022