Interview de M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, à France Info le 14 janvier 2022, sur la révision du protocole sanitaire et la situation sanitaire dans les écoles.

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Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour Marc FAUVELLE.

MARC FAUVELLE
Dans la foulée des manifestations hier, le Premier ministre Jean CASTEX a convié les syndicats enseignants, c'est lui qui a présidé la réunion qui a eu lieu en votre présence. C'est déjà lui, il y a quelques jours, qui avait annoncé la révision du protocole sanitaire. Est-ce que vous êtes un ministre sur la touche ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, pas du tout. D'abord ça s'est passé au ministère de l'Education nationale. Il ne vous a pas échappé que c'est moi qui ai fait les annonces à la fin, et il ne vous a pas échappé non plus, qu'il y a une dimension très interministérielle dans la gestion de la crise. Et c'est normal que le Premier ministre, dans un moment qui est difficile, soit en appui, d'autant plus qu'une partie des décisions qu'il y avait à prendre, relève soit du ministère de la Santé, soit du ministère des Finances, donc c'était un processus normal, qui montre au contraire la collégialité gouvernementale, et c'est justement ce que je souhaitais.

MARC FAUVELLE
Il n'y a pas de problème BLANQUER aujourd'hui ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, si vous prenez ce qui s'est passé l'année dernière, la semaine dernière pardon, c'est le fait de passer à 3 autotests, c'est quelque chose que j'ai demandé au Premier ministre, ce qui s'est passé cette semaine c'est du travail très collectif avec le Premier ministre. Donc je ne sais pas s'il y a un problème BLANQUER, mais je ne pense pas que ça soit le sujet.

MARC FAUVELLE
Vous en avez marre de prendre des coups, non ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, ce n'est pas ça, c'est que moi j'aime la rationalité si vous voulez, c'est-à-dire le fait qu'on puisse prendre des décisions et qu'on puisse les prendre de manière rationnelle justement, et c'est donc ce que nous avons fait encore hier soir avec des choses qui étaient attendues par le terrain, et que je suis très heureux de pouvoir annoncer.

SALHIA BRAKHLIA
Jean-Michel BLANQUER, vous-même vous avez reconnu que la mobilisation était forte hier, est-ce qu'elle vous a surpris ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, elle était annoncée, et donc je savais bien qu'il y aurait une mobilisation assez importante et donc j'en prends acte. Et vous savez, je comprends l'essentiel. On est tous lassé de ce virus et il est normal que, à un moment donné une lassitude s'exprime. Il se trouve que c'est dans le milieu Education nationale et que ça s'est beaucoup exprimé hier, mais au-delà de ça, ce qui est important c'est de créer des facteurs d'unité, dans notre pays comme dans l'Education nationale, de façon à traverser au mieux.

SALHIA BRAKHLIA
Sauf qu'à écouter les syndicats hier, le problème c'était vous, c'était votre gestion de la crise sanitaire, certains de vos propos « on ne fait pas grève contre un virus », quand vous quand vous annoncez la veille au soir dans la Presse un nouveau protocole sanitaire aussi, eh bien ça crispe, est-ce que vous comprenez que certains de vos agissements ont heurté ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, agissements, je ne sais pas si je reprendrais votre mot, mais ce qui est certain, c'est qu'hier la réunion était très utile de ce point de vue-là, parce qu'elle a permis d'être vraiment à la fois précis, long et clair, sur le pourquoi de ces choses. Ça a d'ailleurs rejoint la réponse que je faisais à Marc FAUVELLE, là, l'interministérialité elle permet de comprendre pourquoi nous sommes obligés de communiquer le dimanche, parce que c'est le…

SALHIA BRAKHLIA
La veille de la rentrée.

JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est le vendredi soir que le Haut Conseil de la santé publique nous donne l'élément...

MARC FAUVELLE
Vous n'étiez pas obligé de le faire dans un journal.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, je n'ai pas fait… Alors, vous savez, je crois que ce n'est pas la peine de revenir éternellement là-dessus, mais nous avons mis les informations sur le site internet du ministère, avant cette communication dans le journal. Mais je crois qu'aujourd'hui on va peut-être passer à autre chose…

MARC FAUVELLE
On va passer, oui, dans un instant, à la suite. Vous n'avez pas fait de mea culpa hier soir, face aux syndicats, vous n'en ferez pas ce matin. Sur rien.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, mais, si, mais bien sûr…

MARC FAUVELLE
Si ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Si vous souhaitez un mea culpa, je n'ai aucune difficulté…

MARC FAUVELLE
Non, je vous pose la question : est-ce que vous en avez fait un hier soir ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ecoutez, je ne suis pas parfait, je fais des erreurs, je crois que c'est le propre de l'être humain, et cela m'arrive évidemment et je n'ai aucun problème à dire que je suis désolé de certaines choses. Mais c'est important aussi de, peut-être pas être dans des logiques de cristallisation excessive, sur une personne, quand on connaît le processus de décision. Encore une fois, il y a eu le vendredi soir le Haut Conseil de la santé publique, on a travaillé tout le 1er janvier collectivement entre les ministères, pour un protocole…

SALHIA BRAKHLIA
Donc, en gros, ce que vous nous dites ce matin c'est que la responsabilité est collective, la responsabilité gouvernementale, face à cette gestion de la crise sanitaire à l'école.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais ce n'est pas une responsabilité, ça a l'air de dire que quelque chose aurait dysfonctionner, mais c'est le processus qui est ainsi, si vous voulez. Il y a eu le Conseil de défense d'abord, on renvoie au Conseil de la santé publique, ensuite cela donne un protocole général en population générale, puis nous le transposons pour que tout ça soit cohérent. Vous savez, dès qu'il y a un point qui n'est pas cohérent entre les différents documents, tout le monde le voit à juste titre, et on se plaint des ajustements qui sont ensuite nécessaires. Donc c'est un travail précis, extrêmement sérieux, rigoureux. Le Haut Conseil a des raisons aussi pour avoir attendu longtemps avant de rendre, parce qu'ils font un travail de comparaison internationale, ils font un travail évidemment très sérieux de santé publique, donc dans cette situation de crise sanitaire, nous sommes obligés parfois d'être extrêmement réactifs, d'aller vite, d'annoncer des choses peu de temps avant qu'elles s'appliquent, et hier c'était extrêmement intéressant d'entendre le ministre des Solidarités de la Santé, bien expliciter ce processus, et c'est vrai que disons que le l'immédiateté médiatique ne permet pas toujours de tout expliquer comme il le faudrait. Donc voilà, mais je crois que maintenant on doit peut-être un peu passer à autre chose, mais c'est…

SALHIA BRAKHLIA
On va avancer.

MARC FAUVELLE
Allez, les mesures, d'abord si vous le permettez Jean-Michel BLANQUER, il y a toutes les mesures annoncées hier, et il y a ce qui ne semble pas avoir été annoncé, peut-être qu'on se trompe : est-ce qu'on change les 3 tests en 5 jours, les 3 autotests en 5 jours, pour les élèves, qui a été un des motifs de crispation des profs et des parents ? Ça, ça ne change pas ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Je ne suis pas sûr que ce soit un élément de crispation…

MARC FAUVELLE
Eh bien pour ceux qui ont passé du temps à faire la file, pour acheter et pour trouver…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non mais justement, mais vous avez sans doute remarqué, ces derniers jours c'était beaucoup moins le cas…

MARC FAUVELLE
Ça, ça ne change pas, vous le confirmez.

JEAN-MICHEL BLANQUER
… la mesure de remplacer le test, le 1e test par un autotest, a été mesure de simplification, et d'ailleurs, si nous… D'abord on ne change pas les choses de nature sanitaire comme ça si facilement, elles ont eu raison d'exister, et puis en plus vous le savez bien, si on changeait encore, on dirait : mais vous changez toutes les 5 minutes. Donc je crois qu'il faut au contraire stabiliser ce que nous avons et ça je crois que chacun le comprend.

SALHIA BRAKHLIA
Donc on garde les 3 autotests en 5 jours et il n'est pas question de le faire à l'école comme on peut le voir à l'étranger, comme au Luxembourg.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, non, pour l'instant c'est un système où vous allez chercher vos 3 autotests à la pharmacie avec un bon de l'école, dès lors qu'il y a eu une contamination dans la classe de votre enfant.

MARC FAUVELLE
Et pourquoi on ne passe pas aux tests salivaires, comme le font là encore certains de nos voisins ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Là aussi il y a eu beaucoup d'explications pour expliquer que les autotests salivaires ne sont pas homologués en France, pas plus d'ailleurs que chez nos voisins. Il faudrait… Il y a une comparaison européenne qui a été faite, aujourd'hui un test salivaire si vous voulez prend du temps à donner son résultat, quand c'est un test salivaire PCR, tels que nous les pratiquons aujourd'hui, nous en faisons, environ 200 000 par semaine, en revanche les autotests salivaires ne sont pas homologués.

MARC FAUVELLE
Alors, ce qui a été annoncé hier soir, ce sont des renforts. On a fait des calculs ce matin à la Rédaction de France Info. On a eu un peu de mal. Est-ce qu'on peut donner une enveloppe globale, sachant que certains sont des contrats, on verra le détail après, mais combien de renforts vont arriver dans les jours ou les semaines qui viennent, toutes catégories confondues ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, si vous voulez, je peux additionner.

MARC FAUVELLE
Allons-y.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais c'est additionner, pardonnez-moi, des choux et des carottes, parce que…

MARC FAUVELLE
Alors, on va commencer par les choux.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, crois que c'est mieux de dire de quoi on parle. C'est-à-dire, vous avez 3 300 contractuels jusqu'à la fin de l'année scolaire, donc ça c'est quelque chose qui vient encore renforcer la mobilisation que nous avons depuis décembre pour muscler nos effectifs de remplacement.

MARC FAUVELLE
Là ce sont des enseignants.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et au passage, je signale que c'est quelque chose qui s'est plutôt bien passé depuis quelques semaines, je dis bien « plutôt bien », rien n'est parfait, mais en tout cas nous avons pu pourvoir la plupart du temps aux remplacements nécessaires, même s'il y a évidemment des manques, c'est pour ça que nous allons faire des recrutements supplémentaires. Nous allons avoir recours à ce qu'on appelle les listes complémentaires dans le 1er degré, donc c'est ceux qui n'ont pas été reçus au concours mais qui sont en quelque sorte les premiers collés comme on dit, et ceux-là donc désormais, sont les listes complémentaires ouvertes.

MARC FAUVELLE
Combien ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors c'est uniquement dans le 1er degré et ça se… Honnêtement je n'ai pas le chiffre national des listes complémentaires, mais c'est évidemment plusieurs centaines de personnes qui sont concernées. Vous allez ensuite les 1 500 assistants d'éducation, là c'est dans le second degré, jusqu'à la fin de l'année, donc ça c'est très important, parce que beaucoup de personnes sur le terrain et les organisations nous signalent que ce qu'on appelle la vie scolaire, c'est-à-dire les assistants d'éducation…

MARC FAUVELLE
Très perturbés en ce moment.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Très perturbé, tout simplement…

SALHIA BRAKHLIA
Ce sont des surveillants, eux ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce sont des surveillants, c'est donc des personnes dont on a beaucoup besoin, a fortiori, dans la période actuelle, et donc nous en avions déjà recrutés, mais nous recrutons plus, 1 500 de plus. Il y a aussi 1 500 vacataires administratifs, eux ils viennent en appui des inspecteurs de l'Education nationale, donc dans les circonscriptions du 1er degré. Ça signifie que c'est des personnes qui vont aider les inspecteurs qui eux-mêmes appuient les directeurs et directrices d'école dans la gestion de la crise. Et puis on a aussi ce qu'on appelle des médiateurs lutte anti-coronavirus, on recrute 1 700 de plus, ce sont des personnes qui viennent dans les écoles, chaque fois qu'il y a du travail à faire, par exemple lorsqu'on fait les tests salivaires…

MARC FAUVELLE
Ça fait 8 000 si je compte bien.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Si vous avez additionné bien…

MARC FAUVELLE
J'espère que je ne me trompe pas, sinon je vais vraiment être ridicule…

SALHIA BRAKHLIA
… suivi des cours de maths.

JEAN-MICHEL BLANQUER
… à cette addition, ajoute donc des gens du 1er degré, du second degré dans des fonctions très très différentes.

MARC FAUVELLE
On va voir le détail Jean-Michel BLANQUER, si vous permettez, on s'interrompt un petit instant, le temps du Fil Info à 8h41 avec Thomas BENECH.

SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec le ministre de l'Education national, Jean-Michel BLANQUER. Vous venez d'annoncer près de 8.000 renforts dans l'Education nationale. A partir de quand arriveront-ils sur le terrain ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ils arrivent progressivement sur le terrain. Dès la semaine prochaine, les premiers recrutements supplémentaires – je rappelle que nous avions fait déjà quelques recrutements dans le passé et que l'année dernière, nous avions été en mesure d'en faire certains…

SALHIA BRAKHLIA
Là, les 8.000, c'est en plus ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est en plus bien sûr et ça va être au cours des prochains jours et des prochaines semaines.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu'ils ont vocation à rester une fois que le Covid sera reparti ou est-ce que leur contrat s'arrête tout de suite après ou à la fin de l'année scolaire ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors c'est pour ça que je voudrais distinguer les différentes choses puisque par exemple les listes complémentaires, c'est pour la vie qu'ils sont recrutés si je puis dire…

MARC FAUVELLE
Et là c'est quelques centaines, c'est ce que vous nous avez dit…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et tandis que les autres, ce sont des contractuels pour la plupart des catégories que j'ai citées, c'est jusqu'à la fin de l'année scolaire.

MARC FAUVELLE
Vous ne pensez pas que les syndicats vont vous demander de pérenniser ces postes assez vite ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ils seront peut-être dans leur rôle de le demander ; si la crise du coronavirus continue, peut-être qu'on gardera ces renforts mais ça, ça doit se regarder pragmatiquement.

SALHIA BRAKHLIA
Pour les enseignants particulièrement.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, la question des moyens de remplacement est toujours un sujet, c'est toujours tendu et a fortiori en période épidémique, mais je dois dire que le système a quand même plutôt bien tenu - on a des problèmes de remplacements dans certains endroits mais on a plutôt bien tenu – là encore, si on se compare aux autres pays européens, on a même vraiment plutôt très bien tenu.

MARC FAUVELLE
Allez, l'autre annonce concerne les masques FFP2 ; ça fait des mois et des mois que les syndicats enseignants les réclament. Vous allez en distribuer 5 millions. Pour qui précisément ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors sur les masques FFP2, vous dites que ça fait des mois, c'est exact ; ça fait aussi des mois que nous interrogeons justement le Haut Conseil de la santé publique et que même encore dernièrement, il nous disait que ce n'était pas forcément une mesure souhaitable.

MARC FAUVELLE
Alors quoi vous le faites aujourd'hui ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
On le fait parce qu'il y a des raisons particulières, par exemple s'agissant des professeurs d'école maternelle, ils sont devant des enfants qui n'ont pas de masque et on peut tout à fait comprendre que ce soit une attente de leur part.

SALHIA BRAKHLIA
C'est pour les rassurer, c'est ça ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, il y a une dimension pour rassurer en effet et puis… ce qui peut être aussi justifié, simplement le port du masque FFP2 pendant une journée entière, ce n'est pas forcément quelque chose de très agréable non plus et rappelons que nous livrons aussi maintenant des masques chirurgicaux en plus des masques en tissu que nous délivrions auparavant…

SALHIA BRAKHLIA
Ils sont arrivés, les masques chirurgicaux promis par le Premier ministre ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, ils sont en train d'arriver sur le terrain, les premiers arrivent justement en début de semaine prochaine et ça va s'échelonner jusqu'à la fin du mois et ainsi, le rythme sera pris ; ce sera 5 millions de masques chirurgicaux. Rappelons qu'on a délivré déjà 170 millions de masques en tissu depuis le début de la crise, répartis dans les 60.000 points que représente l'Education nationale.

MARC FAUVELLE
Jean-Michel BLANQUER, chaque enseignant de ce pays aura désormais - je ne parle pas des plus petits, des FFP2, mais des plus grands - aura désormais 2 masques chirurgicaux par jour, un pour le matin, un pour l'après-midi ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est cela que nous avons assuré en effet et par ailleurs, s'agissant des masques FFP2, nous en distribuons 5 millions ; la priorité, c'est écoles maternelles, ensuite écoles élémentaires. Il y a aussi les AESH, c'est-à-dire les personnes qui s'occupent des élèves en situation de handicap ainsi que les professeurs qui sont dans des classes spécialisées avec les élèves en situation de handicap. Et puis après, autant que de besoins pour les professeurs du primaire et du secondaire qui ont des raisons de souhaiter un masque FFP2.

MARC FAUVELLE
Vous avez dit hier que ce sera à la demande, les masques FFP2 ; ça veut dire que chaque enseignant devra faire une demande de masques ou ils vont être distribués simplement dans tous les établissements ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça veut dire que les stocks sont disponibles : vous aurez les masques en tissu tels que nous les distribuons, les masques chirurgicaux et les masques FFP2, donc ça laisse un choix…

SALHIA BRAKHLIA
Donc les FFP2, à partir de quand ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
On va commencer les livraisons là aussi à partir de la semaine prochaine, il faut quand même un certain délai avant que tout cela arrive mais disons que d'ici à la fin du mois, c'est quelque chose qui se généralise.

SALHIA BRAKHLIA
Vous aviez qu'on ne revient pas sur le protocole sanitaire, sur les trois tests demandés en 5 jours ; au primaire, le principal syndicat vous a demandé de revenir sur la règle d'un cas, une fermeture ; est-ce que vous avez abordé cette question hier soir ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui bien sûr, nous l'avons traitée, cette question et d'ailleurs je pense que ça fait partie des sujets sur lesquels la discussion permet d'avancer puisque ce que chacun comprend bien, c'est qu'avec le variant Omicron, nous avons une évolution évidemment des conséquences des mesures prises dans les précédents protocoles, de sorte que si on faisait cela, en gros ça reviendrait à fermer la grande majorité des classes et ça créerait d'ailleurs un désordre insurmontable qui amènerait forcément à la fermeture générale.

MARC FAUVELLE
Il y a combien d'élèves malades aujourd'hui, si on revient à un élève malade, une classe qui ferme ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous voulez combien d'élèves…

MARC FAUVELLE
Dans tout le pays aujourd'hui…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça dépend, c'est par jour… Donc c'est environ 10.000 par jour que nous constatons aujourd'hui.

MARC FAUVELLE
On fermerait 10.000 classes par jour…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui et pour plusieurs jours. Et par ailleurs on ne connaît pas encore ce qui se passera au cours des jours suivants. Donc vous avez aujourd'hui la nécessité d'avoir la lutte contre le risque que représente le virus et une diminution du risque mais vous ne pouvez pas le supprimer complètement et d'ailleurs, comme je l'ai toujours dit, quand l'enfant n'est pas l'école, il est ailleurs ; pendant les vacances par exemple, il y a évidemment beaucoup de contaminations d'enfants.

SALHIA BRAKHLIA
Aujourd'hui il y a combien de classes fermées ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors nous sommes aujourd'hui à 3.000 classes fermées mais c'est un chiffre qui a diminué du fait du mouvement d'hier et puis du fait de mercredi, donc c'est un chiffre qui va forcément remonter au cours des prochains jours.

MARC FAUVELLE
Pour être parfaitement clair, on ne reviendra pas à la règle un cas, une fermeture de classe.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non pour la raison que je viens de vous dire… à court terme…. Par définition, je suis obligé d'assumer le fait que nous nous adaptons à la réalité, peut-être que ça reviendra mais pour l'instant, vu les caractéristiques du variant, ça n'est pas d'actualité.

MARC FAUVELLE
Jean-Michel BLANQUER, le masque n'est plus obligatoire depuis hier dans les Yvelines en extérieur et depuis ce matin à Paris sur décision dans les deux cas de deux tribunaux administratifs ; est-ce que ça vaut dans les cours de récré ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, nous avons là quelque chose qui a été défini justement par le Haut conseil…

MARC FAUVELLE
On garde le masque dans les cours de récré…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Nous allons réinterroger les autorités de santé. Vous savez, je suis le premier à désirer que les enfants portent le moins possible le masque. Il y a eu un moment, lorsque les choses se sont calmées, une des premières mesures que nous avons prises, c'était d'enlever le masque des enfants dans certains départements. Donc dès que ce sera possible, on le fera mais ça, je ne le ferai pas sans avoir consulté les autorités de santé. Mais il est évident que parmi les choses éminemment souhaitables, dès que possible, il y a cela mais il va falloir attendre encore un peu.

SALHIA BRAKHLIA
Jean-Michel BLANQUER, ça fait des mois que les oppositions vous demandent d'installer des purificateurs d'air, des capteurs de CO2 dans toutes les classes de France et ça fait des mois que vous dites : non c'est aux communes de les installer. Vous voyez bien que ça n'avance pas !

JEAN-MICHEL BLANQUER
Là aussi on en a parlé hier… Le Premier ministre a rappelé…

SALHIA BRAKHLIA
Pourquoi vous ne les achetez pas vous- mêmes ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Il a rappelé que c'est une règle constitutionnelle ; il y a des compétences dans notre pays, d'ailleurs quand elles ne sont pas respectées et à juste titre, certains protestent !

MARC FAUVELLE
Attendez, il y a des masques mais vous ne pouvez pas acheter les capteurs ?!

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, les masques, nous les donnons parce que c'est notre responsabilité d'employeur.

MARC FAUVELLE
Et les capteurs, ce n'est pas de la responsabilité de l'employeur ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
On a dégagé de l'argent pour les capteurs mais… j'ai créé un jour-là une cellule de bâtis scolaires au ministère de l'Education nationale pour venir en appui des collectivités locales ; c'est une compétence des collectivités locales mais déjà, les collectivités locales, parfois, se sont interrogées : comment est-ce que l'Etat récupère comme ça des compétences dans une situation de crise ? Donc on doit respecter les compétences et d'ailleurs beaucoup de communes, de départements et de régions ont acheté cela. Avec le Premier ministre, nous avons rappelé hier que nous abondons un fonds pour venir en soutien des collectivités locales. Il est déjà de 20 millions d'euros, il n'est pas consommé pleinement au moment où je vous parle ; s'il était consommé pleinement, nous le réabonderons. Donc nous sommes en appui des collectivités locales et encore une fois, elles s'équipent. Donc ce sujet des capteurs de CO2, c'est un sujet qui est sur la table depuis 2020. Et dès le début, j'ai dit qu'il fallait s'équiper et dès le début c'est un message aux collectivités locales…

SALHIA BRAKHLIA
Parce que les collectivités locales disent : on a déjà plein de choses à prendre en charge comme les centres de vaccination, depuis le début de la crise !

JEAN-MICHEL BLANQUER
Nous sommes en coopération complète avec les collectivités locales sur ces sujets, depuis le début ; souvenez-vous des débats sur le savon, le gel hydro-alcoolique… l'Etat a aidé les collectivités !

MARC FAUVELLE
Sauf que le savon et le gel hydroalcoolique sont arrivés assez vite ; là ça ne marche pas…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, il y avait des problèmes au début et ça s'est enclenché parce que souvent d'ailleurs l'Etat effectivement était en appui.

MARC FAUVELLE
Vous dites aux maires de villages et de villes qui nous écoutent : appelez-nous et on vous finance ?!

JEAN-MICHEL BLANQUER
Il n'y a rien de nouveau dans ça… ça fait un an et demi.

MARC FAUVELLE
Mais ils n'ont pas trouvé de numéro de téléphone du ministère…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais si mais d'ailleurs il y a des équipements… il y a beaucoup d'endroits où vous l'avez. Ce que les organisations syndicales nous disent, c'est qu'il y a des endroits où on leur dit que ce n'est pas très utile de le faire. Nous allons faire un travail de conviction pour effectivement arriver à la généralisation. Bon ce sujet-là n'est pas le seul sujet de la gestion de la crise sanitaire, c'est un thermomètre, il faut ramener aussi les choses à leur juste dimension, mais en tout cas la généralisation est l'objectif visé. Je crois que… pas dans le monde syndical mais dans le monde politique, certains ont cherché des polémiques, voyez, monsieur JADOT m'en a cherché une… je ne sais plus… c'était sur votre antenne avant Noël, il avait l'air de ne pas savoir que c'était une responsabilité des communes. Alors je lui ai dit : mais que font les communes EELV ? Alors depuis, je vois que par exemple Grenoble s'est dépêchée pour en acheter. Donc vous voyez, il y a des vertus à ce débat et donc allons-y ; c'est bien que Poitiers fasse pareil parce que je crois que ce n'est pas encore le cas aujourd'hui, on va avancer. En tout cas notre but, c'est la généralisation de ces capteurs et l'Etat est en soutien des collectivités pour cela.

MARC FAUVELLE
On commence sur les examens Jean-Michel BLANQUER, et d'abord sur les évaluations, ce n'est pas des examens, sur les CP, qui devaient commencer la semaine prochaine, repoussés mais à quand ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est un objet de discussion des prochains jours, ça devait commencer lundi prochain…

MARC FAUVELLE
En fait c'est le nouveau Jean-Michel BLANQUER, tout se discute.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, mais attendez, ça n'est pas nouveau. Vous savez, il faut sortir un petit peu des clichés, nous avons, nous sommes en communication permanente avec les organisations syndicales. Ce qui est nouveau depuis hier, c'est d'institutionnaliser le fait de parler entre santé, éducation nationale, et organisation syndicales.

MARC FAUVELLE
Ça sera toujours à trois, comme ça.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça sera deux fois par… non, santé et éducation nationale, on ne va pas mobiliser le Premier ministre à chaque fois, par contre deux fois par mois, cela permettra à la santé, au ministère de la Santé, d'expliciter un certain nombre de choses et on gagnera une étape.

MARC FAUVELLE
Ça veut dire que vous êtes réconcilié avec Olivier VERAN après votre clash d'avant-hier ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, il n'y a pas de clash, il y a de la discussion. Santé et éducation, on se parle depuis le début de la crise, c'est même comme ça qu'on a réussi à maintenir les écoles ouvertes…

SALHIA BRAKHLIA
Ça a été aussi un peu tendu.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais il est normal que nous ayons eu des points de vue différents à plusieurs reprises, nous les avons toujours réglés avec beaucoup de cordialité…

MARC FAUVELLE
Vous lui avez souhaité un bon rétablissement depuis qu'il est malade, hier ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, d'ailleurs je lui ai envoyé un message hier pour récapituler ce que nous avions dit, et lui souhaiter un bon rétablissement, et le remercier, puisqu'il a tenu la réunion malgré le fait qu'il est positif au Covid.

MARC FAUVELLE
Les épreuves de spécialités du bac prévues au mois de mars…

JEAN-MICHEL BLANQUER
A distance, je précise.

MARC FAUVELLE
Oui, non mais j'espère. Les épreuves de spécialités du bac pour les élèves de terminale c'est au mois de mars, est-ce qu'elles pourraient être repoussées elles aussi ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est possible. Nous allons justement en discuter. Vous savez, c'est important ces enseignements de spécialités, puisque dans la réforme du baccalauréat, c'est vraiment les points forts des élèves qui s'expriment…

MARC FAUVELLE
C'est 1/3 de la note.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et c'est un point important de la note, donc nous regardons ça avec beaucoup d'attention. C'est important qu'en temps ordinaire ça se tienne au mois de mars, nous ne sommes pas dans des temps ordinaires, donc nous allons voir si c'est pertinent de les reporter, et pour ça je vais écouter aussi le Conseil national de la vie lycéenne, que je vais réunir bientôt, et sortir avec la solution la plus consensuelle, comme nous l'avions fait les deux années précédentes, à chaque fois que nous avons dû nous adapter en fonction de la crise.

SALHIA BRAKHLIA
Alors justement, il est hors de question de les transformer en contrôle continu ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, on n'est pas en situation de les transformer en contrôle continu, c'est plutôt un enjeu sur la date, et là encore il est normal de faire attention à tous les problèmes qui ont été posées sur le terrain par le virus, et qui nous obligent à des adaptations et j'espère évidemment qu'on pourra être le plus près possible de l'organisation normale du baccalauréat.

SALHIA BRAKHLIA
Jean-Michel BLANQUER, les députés et sénateurs ont échoué à trouver un accord sur le Pass vaccinal hier en Commission mixte paritaire, le texte va donc revenir à l'Assemblée nationale. Mais une question se pose : est-ce que les mineurs non vaccinés pourront participer aux sorties scolaires, sans faire de tests, sans Pass sanitaire ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Les mineurs non vaccinés ont toujours été sanctuarisés dans notre système scolaire. S'il y a un endroit où ne s'applique pas le Pass sanitaire devenu Pass vaccinal, c'est dans les activités scolaires.

SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire qu'un mineur qui va au cinéma, au musée avec l'école, n'a pas besoin de Pass sanitaire…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Les différences que nous avons faites jusqu'à présent…

SALHIA BRAKHLIA
En revanche, s'il y va seul, oui.

JEAN-MICHEL BLANQUER
… ça dépend de l'endroit où l'on va, si c'est uniquement des scolaires ensemble ou si on se mêle à d'autres publics.

MARC FAUVELLE
Donc au cinéma par exemple, il doit se faire tester, le non-vacciné ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça dépend. Vous pouvez avoir réservé une salle de cinéma…

MARC FAUVELLE
Oui, alors, admettons qu'il y ait d'autres personnes dans la salle ou au musée avec d'autres visiteurs ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
… j'en profite pour dire, parce que là c'est des points, presque, je veux dire, de détails, qui sont dans notre foire aux questions que chacun peut voir. J'en profite pour signaler que depuis le 1er janvier, puisque vous me parlez de sorties scolaires, le Pass culture collectif que nous avons préparé avec Roselyne BACHELOT, est en vigueur. C'est une petite révolution, parce qu'il y a aussi des réformes qui s'élaborent malgré la crise. Ça signifie qu'on finance les sorties scolaires à partir de la classe de 4e, dans toute la France, à partir de maintenant. C'est à hauteur de 500 et 700 € par classe annuellement, et donc les sorties scolaires souffrent un peu en ce moment du fait de la crise, mais je voudrais quand même donner un message d'espoir, c'est que, assez rapidement on va avoir au contraire une possibilité de faire des sorties scolaires culturelles, beaucoup plus en France.

MARC FAUVELLE
Merci à vous Jean-Michel BLANQUER et bonne journée.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 janvier 2022