Texte intégral
Juste quelques mots de conclusion générale sur cette journée. Comme vous pouvez le voir, je ne suis pas Thierry Breton, mais Thierry, malheureusement, a eu un empêchement de dernière minute, et donc il me revient la charge non pas de me substituer à Thierry Breton mais à vous remercier d'abord de votre présence aux uns et aux autres, tous les participants des différentes tables rondes qui, toute la journée, tant les orateurs, les modérateurs que les intervenants nous ont permis vraiment, sur le sujet de l'autonomie stratégique, d'évoquer des sujets majeurs, évidemment, qui prennent une lumière toute particulière à l'aune de l'actualité de cette guerre en Ukraine. Et comme ça été dit, notamment par les différents orateurs de cette dernière table ronde, on voit bien que cette crise, cette guerre en Ukraine, qui fait suite à cette crise sanitaire, va avoir des répercussions à court, moyen et long terme sur, évidemment, la géopolitique, sur les questions de sécurité mais aussi sur les questions économiques et commerciales. Et donc, cette thématique de l'autonomie stratégique européenne, évidemment, prend une dimension toute particulière, particulièrement pertinente en cette heure sombre pour notre continent.
Alors nous avons évoqué toute la journée différents sujets ; évidemment la résilience de nos chaînes de valeurs. Nous avons pu voir qu'au coeur de notre politique commerciale et de son articulation avec la politique industrielle et la politique de concurrence ; cette résilience des chaînes de valeurs est absolument clé, et les discussions de ce matin ont montré l'importance d'associer secteur privé à ces réflexions et à ces travaux dans l'analyse des vulnérabilités. C'est ce que font les Etats membres en lien avec la Commission, en ce moment même ; et puis dans les réponses industrielles, commerciales, à court, moyen et long terme que nous devrons mettre en oeuvre, nous avions commencé ce processus avant même évidemment cette guerre en Ukraine avec notamment un exemple du projet de Chips Act s'il est nécessaire d'évoquer un exemple tout concret.
Deuxièmement, ont été évoquées les questions au soutien au système multilatéral malgré les difficultés, malgré les tensions qui font jour. Nous avons besoin de continuer à soutenir la mise en place d'un système multilatéral basé sur des règles qui nous permette, dans l'avenir, de faciliter le commerce ; un commerce le plus loyal possible, le plus durable possible, le plus équitable possible ; et pour ça il faut réformer l'OMC, ça a été dit. Evidemment dans un contexte encore plus difficile peut-être que ce que nous avions imaginé mais en travaillant avec nos partenaires toujours et encore. Evidemment au sein de l'Union européenne mais plus largement, particulièrement dans le cadre de la trilatérale avec les Etats-Unis et le Japon, par exemple sur l'encadrement des subventions industrielles comme l'a rappelé tout à l'heure le ministre japonais Hosoda. Et cette MC12 (CM12) de juin 2022 jouera un rôle important en ce sens, et sachez que nous allons continuer de mobiliser nos partenaires de l'Union européenne pour ce faire. Je me rends en Inde, en fin de semaine, d'ailleurs, où je rencontrerai notre homologue pour parler de ces questions-là notamment.
Ensuite, a été évoquée la question de la lutte contre les pratiques commerciales abusives et déloyales ; tout ce qui est fait en ce moment même par la Commission, par le Parlement, par le Conseil pour doter l'Union d'outils qui permettent de mieux juguler ces questions de concurrence déloyale, va dans ce sens-là ; tous ces instruments qui permettent de doter l'Union d'outils autonomes, à n'en pas douter, efficaces pour permettre éventuellement de réagir à des pratiques déloyales, mais aussi pour surtout dissuader nos partenaires d'avoir des pratiques déloyales à l'encontre de l'Union européenne ; et pas simplement en défensif : aussi avec une vision qui vise à ouvrir les marchés. Nous sommes en train de finaliser, et merci chère Marie-Pierre [Vedrenne] du travail que tu fais avec tes collègues du Parlement, avec Bernd Lange et toute l'équipe de la commission pour faire en sorte que nous puissions avoir un accord sur cet instrument pour l'ouverture des marchés publics. Nous voyons avec cet instrument IPI que nous allons avoir la possibilité de forcer à l'ouverture des marchés de nos partenaires commerciaux. C'est l'objectif.
Donc, on voit bien que ces instruments n'ont pas qu'une visée défensive, mais aussi d'ouverture de marchés, parce que c'est ça qui nous incite à aller plus loin : se faire respecter, faire respecter des règles loyales, exiger la réciprocité pour davantage de commerce, davantage d'ouverture au service de la croissance économique.
Et puis, il faut lutter contre une nouvelle forme - alors, cela a été dit - une forme qui existait, mais qui prend peut-être une force plus importante malheureusement, qui est cette coercition économique, utiliser le commerce et l'économie pour mettre une pression politique à l'Union européenne. Avec l'exemple bien sûr, Monsieur le Ministre, de ce qui se passe actuellement entre la Chine et la Lituanie, ou ce qui s'est passé, ou ce qui se passe encore entre la Chine et l'Australie, mais aussi peut-être avec d'autres pays. Nous devons être moins naïfs dans ce domaine-là comme dans d'autres, et nous doter d'outils pour dissuader encore une fois nos partenaires d'utiliser le commerce et l'économie pour nous faire passer des messages politiques ou nous mettre une pression politique.
Merci donc à vous tous pour votre mobilisation. Nous avons beaucoup de travail devant nous pour bâtir cette autonomie stratégique au service évidemment de nos économies, au service de notre commerce, au service de notre indépendance et au service de notre liberté.
Merci à la Commission de s'être mobilisée pour cette journée, je pense à Valdis [Dombrovskis] tout particulièrement aujourd'hui, avec qui nous travaillons au quotidien ; et avec toutes les équipes de la DG Trade, chère Sabine [Weyand], qui est très engagée pour bâtir cette autonomie stratégique ; Margrethe Vestager était là, ce matin ; et merci au parlement européen qui a un rôle absolument clé ; et merci à tous les Etats membres qui sont mobilisés avec nous pour faire avancer cette idée si importante pour l'avenir.
Merci à tous de votre participation. Merci à celles et ceux qui l'ont organisé. Je pense bien sûr à la direction générale du Trésor et ici à la direction de la diplomatie économique, au ministère de l'Europe et des affaires étrangères, pour avoir organisé cette journée de travail très riche. Merci à tous.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mars 2022