Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du gouvernement, à Europe 1 le 22 mars 2022, sur le décès d'Yvan Colonna, la situation en Corse et l'élection présidentielle.

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Média : Europe 1

Texte intégral

SONIA MABROUK
Bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour Sonia MABROUK.

SONIA MABROUK
Trois semaines après son agression par un détenu djihadiste Yvan COLONNA est mort hier soir, est-ce que vous craignez un regain de tension et de grande violence sur l'île ?

GABRIEL ATTAL
Yvan COLONNA est décédé hier des suites de ses blessures trois semaines après cette terrible agression dont il a été victime, chacun sait les raisons qui ont conduit Yvan COLONNA en prison, l'assassinat de sang-froid du préfet ERIGNAC, mais les circonstances dramatiques dans lesquelles il a été tué sont évidemment très choquantes et je devine ce qu'est la douleur de sa famille à qui je veux adresser ce matin mes condoléances. Il faut maintenant appeler au calme et au dialogue. Vous savez que Gérald DARMANIN s'est rendu sur place, il a rappelé l'action du gouvernement. Je veux rappeler qu'à la demande du Premier ministre une inspection a été diligentée pour faire la lumière sur les conditions de cette agression, qu'une information judiciaire est ouverte aussi et que le Parlement s'est saisi de la question avec des auditions, donc moi ce que je dis c'est que toute la lumière sera faite sur l'enchaînement qui a conduit à cette situation qui n'est pas acceptable.

SONIA MABROUK
La lumière, oui Monsieur ATTAL, mais ça met justement en lumière ou en avant une faille béante de notre système pénitentiaire, quelle sanction dans la hiérarchie ? Il y a eu au minimum des négligences très graves.

GABRIEL ATTAL
Manifestement il y a un dysfonctionnement très grave et donc nous attendons le retour de cette inspection qui doit faire la lumière sur l'enchaînement des choses, et évidemment qu'on en tirera toutes les conséquences. Il y a aussi une information judiciaire qui est ouverte et puis il y a des auditions qui sont menées par le Parlement, vous voyez bien que c'est une affaire qui est très suivie et que vraiment on va chercher ce qui s'est passé, les responsabilités.

SONIA MABROUK
Il faut avoir évidemment, et vous l'avez eue, une pensée pour la famille ERIGNAC et pour la veuve de la famille ERIGNAC, Yvan COLONNA était dans un état très grave depuis son agression, la fin était malheureusement en tous les cas prévisibles, dans quelle mesure, Gabriel ATTAL, avez-vous engagé le débat sur l'autonomie en sachant cela, pour tenter de calmer la rue, comme le dit l'opposition ?

GABRIEL ATTAL
Les discussions institutionnelles sur la Corse elles se sont ouvertes dès le début du quinquennat…

SONIA MABROUK
Elles se sont accélérées là récemment.

GABRIEL ATTAL
Vous savez que le candidat Emmanuel MACRON, interrogé dans sa conférence de presse jeudi dernier sur le sujet, a rappelé les propos qu'il avait tenus, je crois que c'était en 2018, où déjà on abordait la question de l'autonomie, donc il y a des discussions depuis le début du quinquennat. Il y a eu un gros travail qui a été fait aussi sur l'avenir économique de la Corse avec le plan de relance, il y a beaucoup de travaux qui ont eu lieu ces dernières années.

SONIA MABROUK
Vous allez nous dire qu'entre l'agression et l'ouverture du débat, là ces derniers jours sur l'autonomie, il n'y a aucun lien, aucun rapport, il faudrait vous croire ?

GABRIEL ATTAL
Il y a eu évidemment un dialogue qui s'est renoué et qui s'est intensifié entre l'Etat, le gouvernement et les élus de Corse, moi d'ailleurs je veux saluer les discussions qui ont eu lieu avec Gérald DARMANIN qui est resté, je crois, près de 3 jours sur place…

SONIA MABROUK
Ça a abouti à quoi ? C'est bien de rester sur place, c'est mieux d'avoir des résultats.

GABRIEL ATTAL
Ça aboutit, je crois, à ce que Gérald DARMANIN et le président de l'exécutif corse, Monsieur SIMEONI, se soient accordés sur une méthode, et un dialogue qui va s'établir, des discussions, des travaux qui vont s'établir, à partir je crois de la première semaine d'avril, et dans les prochains mois, pour avancer sur tous les enjeux et notamment la question institutionnelle, avec deux préalables…

SONIA MABROUK
Enfin, on ne sait toujours pas ce qu'on met derrière l'autonomie !

GABRIEL ATTAL
Mais précisément c'est pour ça qu'il va y avoir un dialogue et un travail main dans la main.

SONIA MABROUK
Mais quelles lignes rouges vous mettez à ça ?

GABRIEL ATTAL
Les lignes rouges elles ont été posées par le président de la République, elles sont d'ailleurs dans le compte-rendu qui a été signé à la fois par le ministre et par le président de l'exécutif corse, c'est évidemment le maintien de la Corse dans la République et le fait qu'on n'acceptera jamais qu'il y ait deux catégories de citoyens dans la République, une fois qu'on a dit ça on peut regarder l'ensemble des questions, y compris institutionnelles, les questions de compétences, et puis travailler main dans la main pour avancer.

SONIA MABROUK
Gabriel ATTAL, vous ouvrez un débat sur l'autonomie à quelques semaines du premier tour avec, on l'a entendu, des lignes rouges, mais plus largement, Emmanuel MACRON ne veut pas de débat, il préfère un public choisi, des Français triés sur le volet pour poser des questions. Un candidat qui survole l'élection, qui pense que c'est plié, c'est ça votre conception de la politique aujourd'hui ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez Sonia MABROUK, je constate que d'une manière générale d'habitude être sortant c'est censé être un fardeau, qu'aujourd'hui les oppositions nous expliquent que ce serait un avantage, c'est donc notre bilan doit être plutôt positif, si elles considèrent cela. Emmanuel MACRON il n'a pu être candidat que depuis trois semaines, certains candidats ont pu l'être depuis deux ou trois ans, donc c'est normal qu'il n'ait pas encore pu faire tout ce que les autres candidats ont fait depuis deux ans.

SONIA MABROUK
Ce n'est pas ce qui lui est reproché ! C'est de ne pas descendre dans l'arène.

GABRIEL ATTAL
Je m'inscris en faux avec ce que vous avez dit parce qu'il y a du débat, je rappelle qu'Emmanuel MACRON a débattu, en tout cas répondu aux questions des journalistes pendant près de 4 heures dans une conférence de presse, je rappelle qu'il a échangé avec des Français, d'abord à Poissy, ensuite à Pau…

SONIA MABROUK
Vous avez une drôle de notion de qualifier l'échange Monsieur ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Ce n'était pas des Français, comme vous l'avez dit, triés sur le volet, à Pau je rappelle qu'ils ont été sélectionnés par la presse quotidienne régionale, je crois le journal " Sud-Ouest " et " La République des Pyrénées ", qui ont sélectionné des Français pour interroger le président de la République, le candidat en l'occurrence dans ce cadre-là, et évidemment qu'il va continuer à faire campagne, autant qu'il le peut, mais chacun comprend que dans la situation actuelle…

SONIA MABROUK
Et comme il le veut, sans débat, sans confrontation.

GABRIEL ATTAL
Mais, je viens de vous dire, il y a du débat, avec des journalistes, avec des éditorialistes…

SONIA MABROUK
Mais c'est mieux avec les candidats Monsieur ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Avec des Français.

SONIA MABROUK
Ce sont eux qui aspirent à être président, ou présidente en l'occurrence. D'ailleurs ce matin est-ce que face à moi il y a le porte-parole du gouvernement ou un soutien d'Emmanuel MACRON, ou les deux à la fois mon Capitaine ?

GABRIEL ATTAL
Oh, vous savez, les choses sont assez classiques, quand vous m'interrogez sur la politique gouvernementale, ça a été le cas sur la Corse, vous m'interrogerez peut-être sur l'Ukraine, c'est le porte-parole du gouvernement qui vous répond, vous pouvez aussi me poser des questions plus politiques, ce que vous êtes en train de faire, sur la campagne, et à ce moment-là c'est le soutien du président qui vous répond, mais tout comme quand je venais vous voir pendant la campagne des élections régionales, je parlais aussi en tant que porte-parole du gouvernement sur les dossiers gouvernementaux, et responsable de la majorité sur les questions plus politiques, c'est évidemment le CSA, maintenant l'ARCOM, qui fait le décompte du temps de parole, je le précise parce que c'est vrai que pour les auditeurs c'est important de savoir comment ça se passe, donc quand je réponds à vos questions sur la candidature du président c'est décompté du temps de parole des soutiens du président de la République candidat.

SONIA MABROUK
Avant de mettre la casquette du soutien, vous gardez la casquette du porte-parole, parce que je vais vous poser une question sur l'action du gouvernement. Selon nos confrères du " Figaro " ce matin le gouvernement, Gabriel ATTAL, envisage de taxer les superprofits sous forme d'une taxe exceptionnelle sur les entreprises énergétiques, est-ce que c'est une option sérieuse ?

GABRIEL ATTAL
Non, Bruno LE MAIRE s'est exprimé sur le sujet encore dimanche et indiquait que cette option n'avait pas été retenue. Nous ce qu'on souhaite c'est que tout le monde participe à l'effort, et qu'évidemment une entreprise, dès lors qu'elle engrange des bénéfices, doit participer à l'effort, c'est ce qu'on a demandé, y compris aux groupes pétroliers, et d'ailleurs vous aurez noté que TOTAL, par exemple, a annoncé qu'ils allaient participer à l'effort pour faire baisser le coût du carburant pour les Français, le gouvernement a annoncé une baisse de 15 centimes au litre, qui entrera en vigueur au 1er avril, et TOTAL a annoncé qu'ils allaient participer à l'effort en baissant de 10 centimes au litre l'essence dans leurs stations.

SONIA MABROUK
Alors expliquez-nous cette option, cette taxe, c'est quoi, c'est un bâton, c'est une épée de Damoclès au cas où les efforts ne sont pas suffisants, que les superprofits seraient importants, vous la mettrez en place ?

GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas, c'est un journal qui met ça en avant. Nous, vous savez que…

SONIA MABROUK
Donc vous fermez la porte ce matin à cette taxe sur les superprofits ?

GABRIEL ATTAL
Ah mais Bruno LE MAIRE l'avait fait dimanche.

SONIA MABROUK
Non, mais vous ce matin ?

GABRIEL ATTAL
Mais vous savez, nous notre objectif c'est évidemment que les entreprises puissent participer, quand elles le peuvent, à l'effort, c'est aussi de maintenir l'attractivité qu'on a retrouvée pour notre pays. On est constant depuis 2017 en n'augmentant pas les impôts, en ne créant pas de taxes…

SONIA MABROUK
Monsieur ATTAL, vous pouvez dire ce matin qu'il n'y aura pas cette taxe…

GABRIEL ATTAL
C'est pour ça que la France est redevenue, depuis 3 ans, le pays le plus attractif en Europe pour les investissements étrangers…

SONIA MABROUK
On entend, pour la réputation et l'attractivité…

GABRIEL ATTAL
Dans tous les baromètres internationaux c'est ça qui est constaté, aussi parce qu'on a cette cohérence et cette ligne dont on ne déroge pas.

SONIA MABROUK
Vous ne dérogerez pas, donc il n'y aura pas de taxe sur les superprofits.

GABRIEL ATTAL
Je m'inscris dans la suite des propos de mon collègue Bruno LE MAIRE, ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance.

SONIA MABROUK
Donc c'est un non, il n'y aura pas, même s'il y a une fronde contre la hausse des prix, même s'il y a des dépôts de carburants qui sont bloqués, vous n'irez pas sur cette option-là ?

GABRIEL ATTAL
Je vous ai dit qu'on fait en sorte que les entreprises, et notamment les pétroliers, participent à l'effort.

SONIA MABROUK
Sur le pouvoir d'achat justement, face à l'envolée des prix, il y a une candidate à la présidentielle qui a très tôt préempté ce sujet, c'est Marine LE PEN, elle est aujourd'hui la candidate du pouvoir d'achat ?

GABRIEL ATTAL
Moi, vous savez, je crois que la principale garantie, la première garantie du pouvoir d'achat, c'est le travail et c'est l'emploi, c'est tout.

SONIA MABROUK
Ce n'est pas ma question, mais bien, je note.

GABRIEL ATTAL
Oui, mais je vous réponds, je vais y venir…

SONIA MABROUK
Sur Marine LE PEN.

GABRIEL ATTAL
Je ne vois pas ce qui dans le programme de Marine LE PEN permettrait de créer davantage d'emplois pour les Français et de garantir du travail pour les Français.

SONIA MABROUK
Vraiment, vous voulez qu'on vous cite les différentes propositions ?

GABRIEL ATTAL
Vous pouvez, mais en tout cas moi je constate qu'il y a une ligne qui engendrerait une destruction d'attractivité pour notre pays, une diminution des échanges à l'international et notamment en Europe vue la ligne qui est la sienne, or précisément ce dont on a besoin c'est de continuer à créer des emplois en France. On a le taux de chômage le plus bas depuis 15 ans, le taux de chômage des jeunes le plus bas depuis 40 ans, le taux d'emploi le plus haut depuis qu'il est mesuré, vous avez des centaines de milliers de Français qui ont retrouvé un emploi l'an dernier grâce à cette politique.

SONIA MABROUK
Avant de me faire le projet d'Emmanuel MACRON et le bilan, Monsieur ATTAL, est-ce que ces candidats, Marine LE PEN ou Jean-Luc MELENCHON, sont les candidats qui apparaissent comme ceux qui protègent les plus fragiles aujourd'hui ?

GABRIEL ATTAL
Non, vous me demandez quelle est la première garantie du pouvoir d'achat, et moi je le dis, c'est l'emploi, et pour ça il faut une politique qui permet de créer des emplois. Vous me parlez de Jean-Luc MELENCHON et de Marine LE PEN, je ne crois pas une seule seconde que leur politique, si elle était appliquée, permettrait de créer des emplois, je pense au contraire que s'attaquer aux entreprises, s'attaquer à l'attractivité de notre pays, reviendrait à détruire des emplois et ça ne serait pas bon pour le pouvoir d'achat des Français.

SONIA MABROUK
Il propose, Jean-Luc MELENCHON, un SMIC à 1400 euros, apparemment la proposition fait mouche, en tous les cas dans les sondages qui ne sont qu'une photographie à l'instant T il y a une dynamique, un duel Emmanuel MACRON-Jean-Luc MELENCHON n'est pas une vue de l'esprit aujourd'hui, c'est une option.

GABRIEL ATTAL
D'abord qu'il faille augmenter la rémunération de ceux qui travaillent, on est totalement d'accord avec ça, et notamment de ceux qui travaillent avec les plus bas salaires. Je rappelle qu'on a augmenté la prime d'activité, qu'on a baissé les charges, et donc aujourd'hui une personne qui travaille au SMIC, elle reçoit évidemment son SMIC, mais avec les dispositifs de soutien que nous avons portés en plus, notamment la prime d'activité, elle est déjà autour de 1400 euros nets.

SONIA MABROUK
C'est intéressant, je vous interroge sur les autres, vous me répondez sur vous, vous avez une capacité à réagir…

GABRIEL ATTAL
Vous m'interrogez sur les 1400 euros…

SONIA MABROUK
Oui, oui, sur un duel…

GABRIEL ATTAL
Et puis ensuite vous m'interrogez sur un duel de deuxième tour, moi je préfère parler de ce qui préoccupe les Français, c'est-à-dire le concret, leur rémunération, ensuite on verra ce que donnera le premier tour de l'élection présidentielle, moi je n'ai pas de boule de cristal, mais encore une fois nous effectivement on n'a pas la même ligne que Jean-Luc MELENCHON, qui souhaite augmenter le SMIC, faire ça de manière uniforme pour toutes les entreprises de notre pays ça reviendrait à détruire de l'emploi, notamment dans les PME, chez les artisans, chez les commerçants, donc nous la ligne qu'on suit, c'est pour répondre vraiment très concrètement à votre question, c'est d'augmenter la rémunération de ceux qui travaillent avec les plus bas salaires en les soutenant dans leur pouvoir d'achat avec des dispositifs qui sont financés par l'Etat.

SONIA MABROUK
Et pourtant, malgré ce que vous dites, le projet d'Emmanuel MACRON, Gabriel ATTAL, est vu par certains comme un projet de droite, et de droite, elle où vous votre jambe gauche, oubliée, disparue ?

GABRIEL ATTAL
Je constate que ça fait cinq ans qu'on entend des commentateurs ou des responsables politiques expliquer qu'on serait de droite ou qu'on serait de gauche…

SONIA MABROUK
Vous n'allez pas me dire que vous vous en fichez royalement, présidentiellement ce matin, retraite à…

GABRIEL ATTAL
Ministériellement peut-être…

SONIA MABROUK
Arrêtez…

GABRIEL ATTAL
Non, mais à la fin je pense que…

SONIA MABROUK
Retraite à 65 ans, réforme pour conditionner le RSA, si ce n'est pas de droite, où est votre boussole politique Monsieur le porte-parole ?

GABRIEL ATTAL
Non mais, ce que je vous dis c'est que, on entend des gens nous dire ça depuis cinq ans, qu'à la fin je pense que les Français ils regardent très concrètement ce qui a changé pour eux, et le bilan que je vous donnais à l'instant sur le taux de chômage le plus bas depuis 15 ans, je ne sais pas si les Français se disent que c'est de droite ou de gauche, en tout cas c'est utile pour eux. L'an dernier il y a eu 720.000 jeunes en apprentissage, un record historique, ils étaient moins de 300.000 avant 2017, est-ce que les Français qui nous écoutent se demandent si c'est de droite ou de gauche, non, ils se disent que c'est utile pour les jeunes, pour les entreprises et pour le pays. Et donc là notre programme, qu'est-ce qu'il prévoit ? Il prévoit des mesures qui notamment vont nous permettre d'atteindre le plein emploi dans cinq ans. Je ne sais pas si c'est de droite ou si c'est de gauche, mais c'est utile pour les Français.

SONIA MABROUK
A quel prix, en conditionnant le RSA et finalement en créant des travailleurs précaires certains disent, à quel prix ?

GABRIEL ATTAL
Vous savez, dans RSA le A c'est pour Activité, Active, de même que pour le RMI, dans le I c'était Insertion, donc l'objectif de ce filet de sécurité c'est de permettre à des Français de retrouver le chemin de l'emploi. Est-ce qu'on considère qu'aujourd'hui ça fonctionne ? Eh bien non, je suis désolé de le dire, ça ne fonctionne pas, prenez les bénéficiaires du RSA, au bout de sept ans il n'y en a qu'un tiers qui est dans l'emploi, c'est donc bien qu'il faut faire évoluer le dispositif. Est-ce qu'il faut le faire en stigmatisant les bénéficiaires du RSA ? La réponse est non. Est-ce qu'il faut le faire en les accompagnant davantage, effectivement en leur demandant des heures en contrepartie pour se former, pour être en situation de retrouver un emploi…

SONIA MABROUK
Des heures de formation ou travail, c'est différent, ça n'a pas été clair, formation ou travail.

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, c'est des activités qui permettent le retour à l'emploi.

SONIA MABROUK
Oui, mais est-ce qu'une activité est une formation ou un travail ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, ça peut être une formation, ça peut être une mise en situation professionnelle dans une entreprise, ou dans un établissement public, ça peut être de l'engagement au service de l'intérêt général, il y a toute une palette possible, qui s'adapte évidemment aux personnes qu'il y a en face, parce que tous les bénéficiaires du RSA n'ont pas les mêmes besoins, ils ne sont pas tous éloignés de la même manière de l'emploi, et donc il faut s'adapter à chacun, mais il faut avoir ce travail-là parce que, finalement, les pouvoirs publics ne peuvent pas s'auto-octroyer une forme de solde de tout compte en expliquant qu'en versant une allocation à des bénéfices ils n'ont plus trop à s'en occuper et à regarder comment est-ce qu'ils retrouvent l'emploi.

SONIA MABROUK
Monsieur ATTAL, ce qui manque peut-être dans votre projet, en tous les cas on ne l'a pas entendu, le mot n'a même pas été prononcé, en tous les cas il n'y a pas d'architecture à ce sujet, immigration, délinquance, totalement absent quand Emmanuel MACRON…oui ?

GABRIEL ATTAL
Je suis très surpris de ce que vous dites, puisqu'un tiers de l'intervention du président de la République, dans sa conférence de presse, portait sur les questions régaliennes.

SONIA MABROUK
Avec quelle proposition phare ? Je vais vous en citer une, vous allez me dire ce que vous en pensez, là c'est un autre candidat, Eric ZEMMOUR qui propose un ministère de la remigration pour renvoyer 100.000 étrangers par an, délinquants, fichés S, clandestins.

GABRIEL ATTAL
Mais je ne vais pas commenter les propositions des uns et des autres, surtout celles qui sortent à trois semaines du premier tour, pour des candidats qui visiblement veulent…

SONIA MABROUK
Ça s'appelle une campagne présidentielle.

GABRIEL ATTAL
Ils ont un problème de dynamique et ils veulent recréer le débat autour de leur candidature, mais si vous me parlez des questions d'immigration et de sécurité, c'était un tiers de la prise de parole du président dans sa conférence de presse, avec des propositions très concrètes. Sur la sécurité, on a commencé à inverser une tendance en recrutant 10.000 policiers et gendarmes, on veut aller plus loin, en doublant la présence des forces de l'ordre sur le terrain d'ici à 2030, en réduisant l'après la paperasse, les formalités administratives. On veut, c'est très concret pour ceux qui nous écoutent, qui habitent à la campagne comme on dit, on veut créer 200 nouvelles brigades de gendarmerie dans les territoires ruraux. On veut recruter…

SONIA MABROUK
Que ne l'avez-vous fait pendant cinq ans !

GABRIEL ATTAL
Eh bien je viens de vous dire qu'on a recruté 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires…

SONIA MABROUK
Oui, mais là ce que vous me dites ce sont des renforts, ce sont des ajustements…

GABRIEL ATTAL
On veut aller encore plus loin, on veut aller encore plus loin, on veut recruter aussi 8500 personnels supplémentaires dans la justice, là on a aussi fait, on a augmenté de 30 % le budget mais on va aller plus loin.

SONIA MABROUK
On va conclure Gabriel ATTAL, c'est important évidemment, sur les conséquences et sur la guerre en Ukraine. Demain le président ukrainien va s'exprimer devant le Parlement français, après avoir parlé devant le Congrès américain, devant le Bundestag notamment, et on a appris que ZELENSKY s'est dit prêt à parler du Donbass et de la Crimée directement avec POUTINE. Est-ce qu'il faut y voir une piste d'espoir de négociations aujourd'hui ?

GABRIEL ATTAL
Il faut y voir à nouveau le fait que le président ZELENSKY, et il est constant sur ce sujet-là depuis début du conflit, est prêt à négocier, à discuter, avec Vladimir POUTINE, mais pour négocier et discuter il faut être deux, jusqu'à aujourd'hui, manifestement, le président POUTINE n'a pas souhaité avoir cette discussion et cette négociation en direct avec le président ZELENSKY, c'est d'ailleurs pour ça que le président de la République, le président MACRON, fait l'intermédiaire entre les deux, parce qu'aujourd'hui le président POUTINE ne souhaite pas discuter directement avec…

SONIA MABROUK
Il y a beaucoup de médiations, israélienne, turque, allemande, française.

GABRIEL ATTAL
Et donc nous ce qu'on dit c'est qu'il faut qu'il y ait une discussion, une négociation, mais on ne négocie pas avec un pistolet sur la tempe, et donc pour ça il faut qu'il y ait un cessez-le-feu, c'est notre demande, qu'il y ait un cessez-le-feu qui puisse permettre des négociations entre la Russie et l'Ukraine, c'est ça aujourd'hui la priorité.

SONIA MABROUK
Merci Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 mars 2022