Déclaration de M. Joël Giraud, secrétaire d'État à la ruralité, sur la stratégie de l'Union européenne pour la région alpine, à Bolzano le 26 janvier 2021.

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Circonstance : Passation de la Présidence de la SUERA

Texte intégral

Monsieur le président de la province autonome de Bolzano Arno KOMPATSCHER,
Monsieur le ministre de l'éducation, de l'université et de la culture de la province autonome de Trento Mirko BISESTI,
Mesdames, et Messieurs en vos qualités respectives,
Mesdames et Messieurs,


Tout d'abord, je tiens à vous remercier sincèrement pour votre accueil. Pour avoir participé activement à la création de cette stratégie en tant que parlementaire et vice-président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Premier vice-président de l'Association européenne des élus de montagne puis Secrétaire d'État chargé de la ruralité, je suis particulièrement heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour ouvrir la Présidence italienne de la SUERA.

La présidence française qui s'achève avec cette passation de la roue symbolique de la SUERA était une présidence collégiale, une gouvernance communale, entre l'Etat et les trois régions Provence-Alpes- Côte d'Azur, Auvergne-Rhône Alpes et Franche Comté. Cet exercice exceptionnel par sa durée, a été pour nous un moment intense de fraternité et de construction, au-delà d'une vision commune, d'une action conjointe ; en réalité, j'ose le terme, familiale. Ce n'est pas anodin dans un État comme celui de la France.

C'est aussi cela, l'esprit de la SUERA : la prise de conscience par nos États et nos régions qu'ils partagent l'appartenance à une même communauté de vie et de destin, solidaires de nos hautes montagnes, de nos vallées encaissées, des plaines adjacentes et des métropoles.

D'abord sur le front de la transition écologique. Oui, la région alpine est en première ligne face aux effets du dérèglement climatique : modification et perte de biodiversité, éboulement et inondation, fonte des glaciers, recul et diminution de la période d'enneigement ; la pression s'accroît et les effets, d'ores et déjà visibles, touchent la vie des habitants et les écosystèmes. En portant la lutte contre le changement climatique comme priorité de son action, la SUERA a su prendre la mesure des transitions en cours dans le massif.

Aussi, par la signature du traité de Lisbonne, l'Union européenne a consacré, via l'article 174, son engagement en matière de cohésion sociale, économique et territoriale en faveur des zones peu denses et des territoires de montagne. La SUERA est à ce titre opérante, elle est efficace. Elle est, je crois, l'exemple même d'une stratégie macro-régionale qui incarne cet article 174 à l'échelle européenne et qui pourrait être développée dans notre approche européenne de cohésion des territoires.

Enfin, la SUERA incarne une coopération transfrontalière concrète pour la vie des habitants. Vivant moi-même à la frontière franco-italienne, je suis conscient qu'il s'agit d'un enjeu majeur de la vie quotidienne des habitants des Alpes. 20 000 km de frontières terrestres internes à l'Union européenne, 2 millions de travailleurs transfrontaliers, dont plus de 20 % vivant en France. C'est une réalité incontournable que nous devons prendre en compte dans l'élaboration de nos politiques publiques et à laquelle la SUERA permet de répondre, à la fois en prêtant attention à la diversité des territoires mais aussi avec le goût de la proximité.

La Présidence française a voulu faire du massif des Alpes un espace central dans la coopération européenne en matière de démonstrateur des transitions possibles, de protection de l'environnement et d'amélioration de la qualité de vie de ses habitants. Cela s'est matérialisé au quotidien par des réflexions sur des actions très concrètes : désengorger les routes et les cols en favorisant le fret ferroviaire commercial ; privilégier l'intermodalité pour faciliter la vie des travailleurs transfrontaliers ; ou encore renforcer, à l'échelle européenne, la protection de la biodiversité, de la richesse de la faune et de la flore des Alpes, et promouvoir l'économie circulaire et les énergies renouvelables. Parmi ces évènements, je voudrais à nouveau citer ces inédits états généraux de la transition du tourisme en montagne, organisés fin septembre derniers dans une trentaine de vallées alpines françaises et avec un panel d'acteurs européens pour refonder le modèle touristique alpin.
Aujourd'hui, je suis fier que ce soit nos amis italiens qui reprennent dignement le flambeau, avec comme symbole cette roue que nous nous passons de présidence en présidence depuis la présidence inaugurale slovène en 2016 et nous avons le plaisir de vous remettre. Je sais pouvoir compter sur vous ; pour qu'au-delà  de la cohérence, une réelle continuité s'établisse dans nos actions conjointes.

À ce titre, les mots de mon ami Luciano CAVERI, Assesseur du gouvernement de la Région autonome de la Vallée d'Aoste prononcés lors de la dernière Assemblée générale de la SUERA résonnent dans mon esprit comme s'ils étaient miens.

Nous avons besoin que la SUERA reste avant tout un projet politique, une ambition démocratique. La place des habitants des Alpes dans les politiques publiques et la prise en compte de la diversité des territoires (montagnes, vallées, villes et même métropoles), sont les véritables sujets de la Stratégie européenne pour la région alpine. Nos objectifs, nos groupes de travail, nos instances, ne sont que des moyens pour renforcer cette ambition politique.

Or cette force de la légitimité démocratique doit nous aider à parler d'une même voix à Bruxelles et auprès de nos États-membres. Dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne, je ne manquerai pas avec la Ministre de la cohésion des territoires Jacqueline Gourault, à vanter la SUERA comme un modèle, pour une gouvernance européenne renouvelée et surtout pour une meilleure prise en compte de nos territoires alpins.


Nous, alpins, devons exprimer une unité au-delà de la diversité de nos vallées, de nos cultures. La SUERA nous offre une opportunité historique de construire une unité alpine au-delà des territoires, au-delà des régions, au-delà des États. Une unité qui incarne une méthode originale de construction d'une Europe proche des citoyens, une Europe des territoires.

La ringrazio ; Je vous remercie.


Source : Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, le 9 mai 2022