Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Bonjour.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il faut qu'on prenne l'habitude de ne plus vous voir comme ministre de la Santé. Merci en tout cas d'être là. Je crois que c'est une de vos premières prises de parole depuis que vous avez été nommé ministre en charge des Relations avec le Parlement et la Vie démocratique. Vous nous direz tout à l'heure, la vie démocratique, quelles sont vos priorités. Mais alors justement, à quoi ressemblera ce Parlement sur lequel vous veillerez comme le lait sur le feu ? A quoi ressemblera-t-il le 20 juin au lendemain du second tour des législatives ? Je vous propose de regarder tout de suite la projection de notre partenaire IFOP. Regardez, entre voilà 275 à 310 sièges pour la majorité. Pas loin, pas loin la NUPES qui rêve de vous détrôner. Olivier VERAN, êtes-vous à l'abri d'un accident électoral ?
OLIVIER VERAN
Ce qui est certain, c'est qu'il faut à tout prix l'éviter. Les Français ont fait confiance à Emmanuel MACRON pour être leur président de la République lors des élections présidentielles, et maintenant normalement une élection législative qui a lieu après la présidentielle ça doit être la confirmation de cette confiance, c'est-à-dire qu'il faut accorder au président de la République une majorité à l'Assemblée nationale pour qu'il puisse maintenant dérouler le programme, pour plus de pouvoir d'achat, la révolution la transition énergétique, le régalien avec la sécurité etc., c'est fondamental, c'est l'enjeu de la stabilité Elizabeth MARTICHOUX, qui se joue. Si vous aviez un Parlement qui d'emblée, dès un début de mandat, ne serait pas en concordance avec le programme pour lequel le président de la République a été élu, ce serait une déstabilisation majeure de la politique dans notre pays pour les années à venir. Et donc la stabilité est essentielle, et le choix de la cohérence, et le choix de la mobilisation des Françaises et des Français, et j'espère qu'ils seront nombreux, on en parlera les 12 et 19 juin prochains, ça doit être, je le souhaite, d'accorder leur confiance à des députés qui ont fait le boulot pendant 5 ans.
ELIZABETH MARTICHOUX
Je vous demande si vous êtes à l'abri d'un accident électoral, logiquement vous me dites « j'espère que non », mais j'insiste, par exemple Patrick MIGNOLA, qui est président du groupe MoDem à l'Assemblée, disait sur LCP lundi soir « je ne sais pas si on aura une majorité ». Etes-vous à l'abri d'un accident électoral, quand vous regardez les sondages, la réponse est non selon les sondages.
OLIVIER VERAN
Je ne fais pas le résultat d'un scrutin électoral. C'est la démocratie. Je suis ministre en charge de la vie démocratique, je ne vais certainement pas me permettre de juger par avance ce qui va se passer. Ce que je dis aux Françaises et aux Français qui nous regardent, c'est qu'il est fondamental d'abord d'aller voter, c'est tous les 5 ans les élections législatives, et c'est toute la politique qui sera conduite dans notre pays pendant 5 ans. Nous avons par exemple, Elisabeth MARTICHOUX, l'objectif dès le lendemain des élections législatives, de faire examiner et adopter par le Parlement, un texte fondamental pour les Français, qui traite du pouvoir d'achat, c'est l'augmentation des pensions de retraite pour nos retraités, en moyenne 63 € par mois de plus par retraité dans notre pays. C'est l'augmentation du point d'indice pour les fonctionnaires, c'est la suppression de la redevance audiovisuelle, c'est le bouclier tarifaire qui protège aujourd'hui les Français d'une inflation massive sur le prix de l'énergie. Je rappelle quand même qu'en France le coût moyen de l'électricité a augmenté de 4 %, alors qu'il aurait augmenté de plus de 40 % si nous n'avions pas ce bouclier tarifaire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que c'est normal qu'on n'ait toujours pas de précisions sur le chèque alimentaire ? Parce que tout ce que vous dites, en fait il y a des semaines et des mois presque que vous l'annoncez, il faut attendre l'élection législative. Le chèque alimentaire c'est toujours aussi flou. Est-ce que c'est normal de se présenter devant les Français en ayant donné aucune précision sur ce sujet-là ?
OLIVIER VERAN
Eh bien, ce qui n'est absolument pas flou et nous avons la cohérence avec nous, c'est de dire aux Français que partout où il y a un enjeu de pouvoir d'achat, partout où il y a une augmentation des matières premières, du prix des matières premières, partout où il peut y avoir des difficultés pour s'achalander ou se ravitailler, nous allons agir pour que les Français ne soient pas en difficulté. Ce que nous faisons, d'ailleurs ce qui protège les Français de l'inflation galopante par rapport aux voisins des Pays-Bas par exemple, l'inflation est de 12 %, imaginez qu'ils perdent un mois et demi de salaire aux Pays-Bas, ce qui n'est pas le cas en France, même si il y a une inflation, et nous allons couvrir cette inflation en augmentant le pouvoir d'achat des Français. Donc ce sera dans le domaine alimentaire. Vous aurez ces précisions, le projet de loi en est en cours de préparation, de finalisation, et dès le lendemain des élections législatives, si nous avons la majorité, il sera présenté en Conseil des ministres et examiné au Parlement.
ELIZABETH MARTICHOUX
On vous entend ce matin…
OLIVIER VERAN
Mais je le redis, c'est essentiel.
ELIZABETH MARTICHOUX
On vous entend ce matin, mais ce qui frappe c'est l'atonie de la campagne. Effectivement, alors Emmanuel MACRON fait son retour sur le terrain, il l'a fait mardi, il reviendra mercredi, cela dit il a eu plus d'un mois d'absence sur la scène nationale. Pourquoi faire si peu campagne ? Ça ne le concerne pas seulement lui, mais d'abord lui.
OLIVIER VERAN
D'abord, le président de la République était lundi au Conseil européen, pour traiter de la question ukrainienne, c'est fondamental. Mardi il était à Cherbourg pour parler justement de la Priorité santé, pour renforcer l'accès aux soins, faire reculer les déserts médicaux, lancer une mission sur les urgences, pour agir très vite…
ELIZABETH MARTICHOUX
On y reviendra.
OLIVIER VERAN
Aujourd'hui il est sur la question de l'école avec le nouveau ministre de l'Education nationale. Donc il lance les deux chantiers prioritaires que sont l'école et la santé, il continue d'aborder les questions internationales…
ELIZABETH MARTICHOUX
Plus d'un mois et demi d'absence, pratiquement, depuis qu'il a été réélu.
OLIVIER VERAN
Pardonnez-moi, mais je ne crois pas du tout que le président de la République ait été absent…
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que, pardon, est-ce que dans le fond il n'y a pas chez vous une sur sous-estimation du risque, que ça ne se passe pas comme en 2017 ? En 2017 vous avez eu un raz-de-marée absolu dans la foulée de l'élection d'Emmanuel MACRON, est-ce que vous avez pensé que ce serait la même chose cette année ?
OLIVIER VERAN
Personne ne pense que ça pourrait être la même chose. Vous avez raison de dire qu'il y a une forme d'apathie, peut-être pas une atonie, mais une apathie. Moi je suis très présent sur le terrain dans ma propre circonscription grenobloise, mais aussi dans les circonscriptions des copains, des collègues, que je vais aider. J'irai juste après votre émission en Ile-de-France, j'ai fait pas loin de 40 circonscriptions depuis quelques semaines, et je discute beaucoup avec les Français. Ils me parlent…
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous prenez votre part de responsabilité dans cette apathie ?
OLIVIER VERAN
Ils me parlent de pouvoir d'achat, ils me parlent de sécurité, ils m'ont parlé la semaine dernière d'Elisabeth BORNE, parce qu'ils voulaient savoir si on la connaît etc. Il y a beaucoup d'intérêts autour de sa personne, donc les Français sont un peuple puissamment politique, et moi je suis convaincu que dans la dernière ligne droite les Français vont se dire : c'est important d'aller voter dimanche 12 juin, je prends 5 minutes de mon temps pour aller mettre un bulletin de vote, parce que c'est un acte démocratique majeur. Ensuite, vous avez, pardon on sort de la période Covid, on n'a plus les masques, on est à nouveau dehors, il fait très beau, il y a eu 2 ans qui ont été extrêmement difficiles, donc ça, ça participe un peu de l'apathie générale. Et vous avez aussi, pardon de le dire, du côté de la Nupes, du côté de Jean-Luc MELENCHON, la volonté de piper un peu l'enjeu de cette élection.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi ?
OLIVIER VERAN
Avec un Jean-Luc MELENCHON qui vous dit partout, avec des affiches partout de lui, disant « Elisez-moi Premier ministre ». Donc les gens sont nécessairement un peu perdus. Donc moi je considère qu'il ne faut pas mentir aux Français, il faut leur dire ce qu'on va faire. Nous on a le mérite de la clarté, je le redis, au lendemain des législatives, paquet pouvoir d'achat, une semaine après un projet de loi majeur sur les énergies renouvelables, c'est-à-dire que les grandes priorités nationales elles sont au rendez-vous, et nous sommes prêts à agir.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce qui frappe dans notre sondage, c'est que 63 %, je ne sais pas si on peut le revoir, mais 63 % des Français sont favorables à une cohabitation, précisément. Ça vous interroge sur le manque d'élan qui accompagne cette campagne de la majorité, dont on peine à voir les lignes majeures ?
OLIVIER VERAN
Moi je vous dis, non seulement je ne suis pas favorable, vous comprendrez pourquoi, à une cohabitation, mais quand bien même ce n'est pas mon candidat qui aurait gagné, je ne serais pas favorable. 5 ans de cohabitation, avec deux programmes qui en l'occurrence sont antinomiques l'un de d'autre, enfin, il faut quand même rappeler que Jean-Luc MELENCHON veut nous faire croire que s'il était « élu », on n'élit pas un Premier ministre, il est décidé par le président de la République, mais s'il avait une majorité au Parlement, Jean-Luc MELENCHON sortirait du commandement intégré de l'OTAN, au moment où il y a un conflit ukrainien. Jean-Luc MELENCHON ferait des blocages tous azimuts. Je ne sais pas si vous avez parcouru son programme. Moi je suis allé voir son programme Internet, les Français peuvent vérifier. Vous faites une recherche par mots-clés, vous tapez « rechercher » dans votre page internet. Le mot interdit ou interdire ou Interdiction, vous savez combien de fois il apparaît ? 41 fois. 41 fois. Le mot taxe…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous voulez faire peur avec Jean-Luc MELENCHON ?
OLIVIER VERAN
Je ne fais pas peur avec Jean-Luc MELENCHON, je dis que Jean-Luc MELENCHON n'est certainement pas, ni ma tasse de thé politique, ni certainement pas ce qu'il nous faut pour la France aujourd'hui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais il est un danger ? Vous dites c'est un danger si jamais son programme était appliqué, s'il venait à Matignon ?
OLIVIER VERAN
C'est un danger économique et social. Il ferait exploser de fait les inégalités sociales, en faisant à nouveau progresser le chômage, parce qu'il n'y aurait plus d'investissements en France, parce que les entreprises auraient du mal à se fournir, parce qu'il n'y aurait plus de dynamique économique, nous perdrions toute crédibilité au niveau européen et au niveau international. Ce qu'il propose aussi c'est un Frexit caché. Quand il dit, « en fait nous resterons Européens si tout le monde suit nos règles », écoutez c'est formidable, mais ce n'est pas les règles que nous avons adoptées en commun, d'ailleurs je rappelle qu'il était pour Maastricht à l'époque, comme quoi il a aussi changé. Sur la laïcité on a vu qu'il avait changé, sur l'Europe on a vu qu'il avait changé, donc il est en train de faire des propositions altermondialistes, pardon de le dire, au moment où la France a retrouvé une image sur la scène européenne et mondiale, avec un président de la République qui est très actif depuis 5 ans, il nous vante une alliance altermondialiste avec le Venezuela, Cuba, l'Iran, etc. C'est quand même…
ELIZABETH MARTICHOUX
En vous écoutant…
OLIVIER VERAN
J'invite vraiment chacun qui se pose la question à le lire. Moi je viens de la gauche, Elizabeth MARTICHOUX, j'ai été député socialiste, je ne me cache pas derrière mon petit doigt, je sais ce que c'est que les valeurs de gauche, je les ai, c'est ce qui m'anime encore, mais je m'inscris dans le dépassement en politique et ça me convient très bien, et je considère qu'on fait de la bonne politique.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il dit : « je suis la gauche ».
OLIVIER VERAN
Mais ce qu'il propose, pardonnez-moi, l'explosion de fait des inégalités sociales, comme conséquence de la destruction économique qu'il promet pour le pays, ce n'est pas une politique de gauche, c'est ravageur.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais, en vous écoutant, les partenaires, pardon, les partisans de Jean-Luc MELENCHON, et Jean-Luc MELENCHON lui-même il dit : « mais c'est gagné. On leur fait peur, c'est qu'effectivement on constitue une menace pour la majorité ».
OLIVIER VERAN
Mais, est-ce que l'objectif quand on veut diriger un pays, c'est de faire peur à ses concurrents ou est-ce que c'est de protéger les Français ? Eh bien je vous dis que…
ELIZABETH MARTICHOUX
Si vous le sentez comme une menace électorale, c'est qu'ils ont gagné une partie de la bataille de l'opinion.
OLIVIER VERAN
Ce qui nous mobilise, Elizabeth MARTICHOUX, et qui est l'essence de notre programme, pour lequel le président de la République a fait campagne et sur lequel il a été élu, c'est un programme de protection des Français, de protection de la planète. C'est : nous allons protéger l'économie du pays et les économies des Français. Je ne veux pas, je ne veux pas qu'on se réveille avec une gueule de bois, en se disant : qu'est-ce qui va se passer ? Une grande période d'incertitude. Souvent avec des conséquences…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et c'est un risque aujourd'hui.
OLIVIER VERAN
… qu'on mettrait des années et des années à rattraper.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc il y a un risque aujourd'hui que ça se produise.
OLIVIER VERAN
Mais, de toute façon une élection présente toujours une part, non pas de risque, mais d'incertitude…
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. Je ne vous dis pas que du jour au lendemain…
OLIVIER VERAN
… c'est aussi la beauté de la démocratie.
ELIZABETH MARTICHOUX
« Je ne vous dis pas que du jour au lendemain nous allons créer un paradis, mais je vous promets que du jour au lendemain nous ferons cesser l'enfer », dixit Jean-Luc MELENCHON hier soir à Paris. Sophia CHIKIROU, candidate aussi pour la Nupes à Paris, elle a cogné fort sur plusieurs figures du gouvernement, dont vous êtes : « On ne change pas une équipe de nazes, 5 ans de répression, de matraquage policier et finalement une médaille pour DARMANIN », fin de citation. Voilà comment Jean-Luc MELENCHON martèle en campagne que c'est vous le danger. C'est le statu quo.
OLIVIER VERAN
Quand je parlais de l'image de la France, mais l'image de la France pour les Français aussi. Quand vous êtes candidat à une élection législative, que vous faites campagne pour le dirigeant de votre parti politique et que vous traitez vos opposants de nazes, vos concurrents de nazes, pour moi tout est là. La politique ce n'est pas un jeu en fait, ce n'est pas de la politique-fiction ou de la téléréalité…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est un rapport de forces.
OLIVIER VERAN
Mais c'est quelque chose de très sérieux.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et ils sont crédités…
OLIVIER VERAN
Il faut s'intégrer…
ELIZABETH MARTICHOUX
D'une forte représentativité au Parlement.
OLIVIER VERAN
Quand le référentiel international ne vous va pas, vous agissez pour le changer, ce que nous faisons. Le président de la République par exemple s'est engagé pour refaire des traités européens, pour changer la façon de faire, pour que ça aille plus vite etc. Le plan d'investissement qu'il a obtenu pendant la crise Covid est la démonstration même que quand on est crédible, on arrive à obtenir des moyens supplémentaires. Vos bars, les restaurants, les commerces qui n'ont pas fermé, les entreprises qui investissent, le chômage qui a baissé malgré la crise Covid, l'objectif du plein emploi qui est devant nous pour la première fois, je n'étais pas né la dernière fois qu'on parlait de plein emploi. Tout cela est lié à la crédibilité de la France et à l'action d'un président.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais on n'entend pas. C'est ça qui est assez frappant, c'est qu'il n'y a pas d'élan, il n'y a pas d'énergie au sein de la majorité. Qui est le chef de la majorité d'ailleurs ?
OLIVIER VERAN
Nous avons une Première ministre, Elisabeth BORNE, que je connais très bien, qui est totalement engagée pour transformer le pays.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce qu'il est suffisamment sur le terrain ? Je crois qu'elle a soutenu un candidat sur le terrain aux législatives, en dehors de sa propre campagne bien sûr. C'est ça être le chef de la majorité ?
OLIVIER VERAN
Nous sommes toutes et tous sur le terrain. Je vous le disais, j'en ai fait pas loin de 40, d'autres ministres font beaucoup de circonscriptions, aident les collègues. Les uns les autres nous allons nous supporter, et nous faisons campagne. La Première ministre est aussi en charge de préparer les textes dont vous m'avez parlé, vous m'avez interrogée sur le chèque alimentaire, ce sont des arbitrages, ce sont des questions qui sont compliquées, qui nécessitent beaucoup de travail. Je la connais, c'est une bosseuse, c'est vraiment une bosseuse, elle fait des horaires extrêmement extensibles. Donc nous préparons pour… nous nous préparons pour que le 20 juin, au lendemain des élections législatives, il n'y ait pas de période de latence et que nous puissions dire aux Français : voilà, tac tac tac, révolution énergétique, révolution de pouvoir d'achat, le régalien, la sécurité, on y va.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et encore une un mot de la campagne, parce que la preuve que cette campagne, vous reconnaissiez vous-même quelle était apathique, c'est que vous essuyez crise sur crise. Il y a eu le cas Damien ABAD, il y a la crise du Stade de France. On va en parler plus précisément, mais est-ce que ça va impacter le scrutin ? Est-ce que ces crises-là, elles vont faire en sorte que vous ayez moins de députés ? « La polémique Stade de France risque de nous coûter 50 députés, comme la TVA sociale de BORLOO, allusion à 2007 », ça c'est la citation d'un haut gradé de la Macronie dans L'Opinion ce matin. Ça va vous coûter cher ?
OLIVIER VERAN
J'aime bien les hauts gradés qui en off, on ne sait jamais qui c'est.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, et c'est la règle, mais vous avez du…
OLIVIER VERAN
Franchement, Elizabeth MARTICHOUX, on parle de l'avenir de notre pays pour les 5 ans à venir. On parle de la révolution énergétique, de la transition environnementale, de l'émission zéro carbone d'ici à 2050, on parle d'objectifs qui sont majeurs, non seulement pour notre quotidien mais aussi pour les années à venir et les générations à venir. Je ne peux pas penser une seconde que même si on peut regretter fortement ce qui s'est passé pour ce match de foot, c'est un impact tels que cela change la face de la France, de l'Europe, et du monde pendant des années !
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ça donne une idée de désordre et de défaut de sécurisation.
OLIVIER VERAN
Enfin, pardonnez-moi, il faut garder, toutes proportions gardées, le ministre de l'Intérieur s'est expliqué très longuement hier devant les sénateurs…
ELIZABETH MARTICHOUX
Suffisamment ?
OLIVIER VERAN
Mais il a apporté avec une transparence totale, les chiffres, les éléments, il y aura d'autres auditions j'ai cru comprendre, qui allaient suivre pour toute la transparence soit faite, le Parquet de Bobigny est saisi, l'Inspection générale de la police nationale est saisie, l'UEFA est saisie. Toutes les enquêtes sont ouvertes pour comprendre les dysfonctionnements. La France, par le passé, a su montrer qu'on savait organiser des événements internationaux, nous aurons l'occasion de redorer notre image à l'étranger si c'est votre inquiétude, à l'occasion de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques de 2024.
ELIZABETH MARTICHOUX
Emmanuel MACRON était-il agacé, peut-être même plus, par la polémique Stade France ?
OLIVIER VERAN
Je n'en ai pas parlé avec lui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous avez eu des échos ? A-t-il demandé à Gérald DARMANIN de changer de ton et de faire un mea culpa ? Ce qu'il a fait hier soir.
OLIVIER VERAN
J'ai entendu la porte-parole du gouvernement, Olivia GREGOIRE, dire hier en point presse, en sortie de conseil des ministres, que Gérald DARMANIN avait évidemment la confiance du président de la République. Encore une fois, il l'a dit lui-même, ce qui s'est passé…
ELIZABETH MARTICHOUX
Enfin, l'Elysée a fait savoir qu'il avait demandé à Gérald DARMANIN d'être un petit peu plus dans la modestie qu'il ne l'avait été. Et de fait hier soir il l'a été, il ne l'avait pas été encore.
OLIVIER VERAN
Vous faites état de off que, vous comprendrez bien pourquoi, je ne peux pas commenter.
ELIZABETH MARTICHOUX
En conseil des ministres, il n'en a pas parlé hier matin ?
OLIVIER VERAN
Non, il n'en a pas été question et pas dans ce sens-là.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pas un mot ? Pas un mot sur le Stade de France ?
OLIVIER VERAN
Pas en ce sens-là. Il a évoqué la question du Stade de France, il l'a évoqué en appelant à la transparence etc, ce qui est encore une fois le cas. On peut regretter tous – enfin, je veux dire, il n'y a pas un Français qui ne regrette pas ce qui s'est passé et qui ne trouve pas que ces scènes, ces images auraient dû être évitées, auraient sans doute pu être évitées. Maintenant ça fait appel à des mécanismes qui sont complexes, qui nécessitent d'avoir des enquêtes, des retours d'expérience pour qu'on n'ait plus à le voir. Ce sera le cas. Encore une fois, mettre ça en corollaire avec l'avenir de notre pays et l'Europe pour les cinq ans à venir, ça me semble…
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui. Marine LE PEN demande la démission de Gérald DARMANIN.
OLIVIER VERAN
Elle demande la démission de tout le monde. Elle a demandé ma démission au moins cinq ou six fois. La première fois qu'elle a demandé ma démission Marine LE PEN, c'est quand j'avais dit non pour donner de la chloroquine comme des bonbons à tous les Français.
ELIZABETH MARTICHOUX
Je vous ai demandé tout à l'heure de commenter le fait que 63 % selon l'Ifop, notre partenaire, de Français réclamaient une cohabitation. Vous ne m'avez pas répondu vraiment à la question. Ça ne vous interroge pas quand même ? Ça ne dit rien ? 63 %, c'est une très forte majorité de Français qui souhaiteraient voir quelqu'un d'autre de la majorité à Matignon. Ça ne vous remet pas un peu en question ?
OLIVIER VERAN
Mais Elizabeth MARTICHOUX, ça remet toute la classe politique et le fonctionnement même de notre vie démocratique - on va peut-être aller sur le sujet de mon périmètre parce que c'est intéressant – en question. Parce que ce sondage que vous présentez aujourd'hui, vous auriez pu présenter le même il y a cinq ans et le même il y a dix ans. C'est ma troisième candidature à une élection législative, j'ai toujours eu le procès en illégitimité sitôt qu'on avait gagné une élection. Alors que quand vous gagnez une élection par définition, c'est que vous êtes légitime parce que vous êtes démocratiquement élu. Comment est-ce qu'on fait pour rebâtir un système de confiance, de confiance et de crédibilité, de l'action publique aux yeux des Français ?
ELIZABETH MARTICHOUX
Quelles sont vos priorités ?
OLIVIER VERAN
Comment est-ce qu'on explique que lorsque j'étais médecin hospitalier et que j'avais la blouse blanche, j'avais 86 % de confiance des Français a priori, et lorsque je sortais de l'hôpital, que j'enlevais la blouse blanche et que je mettais l'écharpe tricolore de député, je tombais à 10 % ? J'étais le même, c'est le même sens de l'engagement, donc il ne s'agit pas des personnes.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors quelles sont vos priorités pour restaurer cette confiance et faire en sorte que la démocratie fonctionne davantage ?
OLIVIER VERAN
C'est la nouvelle méthode qui a été prônée par le président de la République pendant la campagne présidentielle.
ELIZABETH MARTICHOUX
On n'a pas bien compris.
OLIVIER VERAN
C'est le fameux avec vous. Justement, on va concevoir des choses ensemble. Et vous verrez, je peux avoir beaucoup de défauts mais pas celui de manquer d'idées et d'engagements sur les sujets qui me tiennent à coeur. Et c'est un sujet qui me tient énormément à coeur. Il faut pouvoir entendre…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous allez organiser une consultation ?
OLIVIER VERAN
Il faut pouvoir entendre d'abord le silence des urnes et le bruit de la rue. Il faut pouvoir tenir compte des Français qui s'expriment et de ceux qui ne s'expriment pas. Nous sommes un peuple extrêmement politique, probablement le plus politique du monde. Si vous assistez à un repas de famille le dimanche, si vous allez prendre un café entre collègues après l'émission, les Français parlent de quoi ? De politique. Il n'y a pas un autre pays que la France dans lequel vous avez autant de responsables politiques dans les matinales, Elizabeth MARTICHOUX, ou dans les émissions. Parce que ça nous plaît et on est un peuple qui a un avis sur la question et qui creuse cet avis.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça plaît un peu moins qu'avant.
OLIVIER VERAN
Non, c'est le fonctionnement de la politique qui plaît moins.
ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà.
OLIVIER VERAN
Par contre, les sujets politiques tiennent à coeur des Français. Comment est-ce qu'on permet de transformer cette motivation en mobilisation ? Et comment est-ce qu'on entend davantage la parole des Français ? Moi j'ai trop connu la démocratie participative où on interroge les gens, peu ou prou ils répondent, et ensuite on ne leur fait pas de feedback. C'est-à-dire qu'on ne revient pas vers eux en leur disant : voilà, on a tiré les fruits de l'enseignement, on a tiré l'enseignement de ce que vous nous avez dit et on va travailler, on va avancer ensemble. Moi je pense qu'en la matière il faut innover, et en termes de vecteurs d'information et de communication et en termes de mobilisation. Il faut qu'on puisse transformer la fabrication d'un certain nombre de lois, et on va avoir de très beaux textes devant nous qui vont nécessiter de mobiliser davantage les Français, et se mettre à hauteur des Français. C'est-à-dire leur permettre de s'exprimer de façon facile, massive sur les sujets du quotidien.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donnez-nous vraiment une idée de ce que sera la méthode.
OLIVIER VERAN
Je ne vous donne pas aujourd'hui la méthode parce que 1/ je n'arrive pas avec une méthode qui est tout faite, j'arrive avec une ambition, une intention.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'avez pas encore les moyens.
OLIVIER VERAN
Attendez Elizabeth MARTICHOUX, je suis arrivé il y a dix jours.
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce qu'on est au coeur du sujet.
OLIVIER VERAN
Je viendrai devant vous dans quelques semaines ou dans quelques mois, parce que je pense que c'est quelque chose qui se travaille avec les intellectuels, avec les écoles de sciences sociales, avec les politologues, avec des représentants des corps intermédiaires. C'est quelque chose qui se travaille pour qu'on puisse arriver avec quelque chose de construit à proposer aux Français et qu'on réussisse. L'objectif c'est de réussir.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour comprendre, donc vous allez consulter, vous n'allez pas faire ça tout seuls dans votre ministère, c'est ce que vous voulez nous dire. Vous reviendrez vers les Français je ne sais pas comment, consulter aussi les Français. Par ailleurs il y a effectivement des outils, par exemple le mode de scrutin. Est-ce que vous êtes pour la proportionnelle ?
OLIVIER VERAN
Ça fait partie de la réflexion entre la réforme constitutionnelle, la réforme des institutions qui a été annoncée par le président.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous y êtes favorable ? Vous ?
OLIVIER VERAN
Pardonnez-moi, je suis le ministre en charge des Relations avec le Parlement et la vie démocratique, donc je ne vais pas vous donner ici un avis de but en blanc, alors que je vais être parmi ceux qui vont consulter les uns et les autres. J'ai été reçu par le président du Sénat, par le président de l'Assemblée nationale, je reçois au ministère les différents présidents des groupes parlementaires, les présidents de commissions pour commencer cette consultation pour qu'on ait une réforme institutionnelle.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous commencez quand ? Au lendemain des législatives si vous êtes élu ?
OLIVIER VERAN
Ça commencera dans l'été probablement avec des modalités de consultation qui seront définis par le président de la République en matière de réforme constitutionnelle. Mais si vous voulez, c'est une transformation qu'il nous faut opérer parce qu'il y a une attente de la part des Français. Moi je considère qu'on ne peut pas se satisfaire d'avoir 50, 40 % d'abstention avec, en même temps, un peuple français qui est un peuple, je le redis, éminemment politique. Ce n'est pas que ça ne les intéresse pas, c'est qu'ils n'y croient pas.
ELIZABETH MARTICHOUX
On promet des réformes depuis des décennies sur ce sujet presque. Effectivement, on a encore rien vu vraiment de décisif. On verra si vous êtes à l'oeuvre. Si vous êtes élu, parce que vous vous appliquerez évidemment la règle : si vous n'êtes pas élu député, vous êtes candidat à Grenoble – on ne peut pas aller plus loin pour des raisons de temps de parole et de règle électorale - mais si vous êtes élu vous resterez au gouvernement, sinon vous serez obligé d'en sortir, c'est la règle. Un mot quand même parce que, encore une fois, le ministère de la Santé, vous n'êtes pas indifférent aux enjeux évidemment pour y avoir été trois ans, même si ça n'est plus votre ministère. Une enquête flash d'un mois sur les urgences a annoncé le chef de l'Etat. Pourquoi ? Le chef de l'Etat, réélu après cinq ans, il a besoin d'une évaluation de l'hôpital ? Honnêtement ? Franchement ?
OLIVIER VERAN
Je vais vous dire une chose, on est exactement dans le coeur du sujet.
ELIZABETH MARTICHOUX
On est un peu stupéfait.
OLIVIER VERAN
Non, on est dans le coeur du sujet. François BRAUN, c'est le patron du SAMU. Pas depuis hier, depuis un certain nombre d'années. Il connaît tous ses collègues, il parcourt tous les services d'urgence de tout le pays depuis des années. Evidemment c'est quelqu'un que j'ai consulté aussi beaucoup lorsque j'étais ministre en charge et qui a des propositions qui sont quasiment finalisées, qu'il faut pouvoir formaliser, consulter, concerter avec l'ensemble du corps hospitalier qui attend - et à raison - des mesures très fortes pour l'accès aux soins notamment d'urgence dans notre pays. Donc qui dit grande transformation dit, et c'est normal, consultation. Si vous aviez un plan qui arrivait comme ça, en disant : écoutez, on a travaillé depuis des mois ; évidemment qu'on a travaillé cette question-là, on ne découvre pas le sujet aujourd'hui, vous nous diriez : alors attendez, c'est un truc qui arrive d'en haut, vous n'avez pas consulté. Donc trois semaines ou quatre semaines pour pouvoir consulter l'ensemble des urgentistes de ce pays, des infirmiers, pour apporter des solutions opérationnelles, Brigitte BOURGUIGNON aura à faire des propositions, et vous verrez que ce sera efficace.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Olivier VERAN d'avoir été ce matin sur LCI.
OLIVIER VERAN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 juin 2022