Texte intégral
SEBASTIEN KREBS
Et l'invité du jour, c'est vous Olivier KLEIN. Bonjour
OLIVIER KLEIN
Bonjour.
SEBASTIEN KREBS
Merci de nous rejoindre sur le plateau de RMC, bienvenue. Vous êtes le nouveau ministre délégué à la ville et au logement, ancien maire de Clichy-sous-Bois, vous avez aussi présidé l'Agence de rénovation urbaine. Nos villes transformées en fournaise, 38 degrés à Paris hier, il va en faire quarante aujourd'hui. Idem à Lyon. Plus de quarante degrés à Nantes, sur quasi toute la façade ouest. On se rend compte qu'on n'est pas prêt à vivre sous cette température-là. Nos logements, nos villes ne sont pas adaptés.
OLIVIER KLEIN
Oui. Enfin, c'est vrai que c'est des conditions extrêmes et il faut réfléchir plus vite comment transformer la ville, transformer le logement, transformer les conditions de travail, et surtout comment être plus attentif aux plus fragiles et aux plus pauvres parce que dans ces moments de crise, grande chaleur, grand froid, c'est les plus précaires qui trinquent en premier. Donc il faut tout à la fois avoir des mesures significatives de transformation, d'amélioration énergétique des logements, regarder sur les conditions de travail, mais aussi agir tout de suite pour être au plus près des plus fragiles. Et c'est ce qu'on essaie de faire avec le Gouvernement à travers le Plan grande chaleur, le Plan canicule, aller vers les plus précaires.
SEBASTIEN KREBS
Ça, c'est l'urgence. Mais… enfin, ce n'est pas faute d'avoir été prévenu sur les évolutions du climat, et la France a pris énormément de retard. Vous parliez des quartiers populaires, ce sont les quartiers les plus bétonisés. On parle de végétaliser les villes ; on voit encore pas mal de béton dans les villes. On a pris du retard ?
OLIVIER KLEIN
On a probablement pris du retard mais il y a aussi eu beaucoup de transformations. Ça fait longtemps, et parfois aussi dans les quartiers les plus populaires qu'on travaille à la renaturation. Moi, je vous l'avais dit, je suis président de l'Anru. Ça fait trois ans maintenant qu'on a lancé un projet qui s'appelle « Quartier fertile » avec l'arrivée de fermes urbaines. Aujourd'hui, quand l'Anru finance une école, on regarde tout : on regarde la cour, on regarde la capacité d'avoir des îlots de fraîcheur, on regarde la manière dont la cour et l'école elle-même va être sensible ou pas sensible aux hausses et aux baisses de température, et puis tout le travail qui est mené sur la rénovation thermique. Le Gouvernement a lancé des projets précédents comme celui de MaPrimeRenov. C'est des mesures qui sont nouvelles, qui sont importantes pour l'habitat privé ; il faut continuer à le faire aussi pour le logement social.
SEBASTIEN KREBS
C'est tout l'urbanisme en clair qu'il faut repenser. Et chaque fois qu'on construit quelque chose maintenant, il faut envisager ces périodes où il va continuer de faire très chaud ces étés, des chauds à répétition.
OLIVIER KLEIN
Il faut envisager en permanence la qualité énergétique d'un logement parce que qu'on soit dans les périodes de grande chaleur ou de grand froid, ou dans une période normale, il faut être sobre avec les consommations d'énergie en permanence. Et donc tout ce qui permet de limiter les consommations d'énergie, ça a un effet d'abord bénéfique pour les plus fragiles parce que ça limite les dépenses. Quand on a moins besoin de se chauffer, bien évidemment, on limite les dépenses. Dans les périodes de grande chaleur, on se met à l'abri. On évite d'utiliser clim, ventilateurs, etc. Donc c'est en permanence qu'il faut être attentif à la question d'aujourd'hui.
SEBASTIEN KREBS
C'est quand compliqué d'éviter d'utiliser le ventilateur dans ces périodes de canicule.
OLIVIER KLEIN
Aujourd'hui, bien évidemment. Mais on sait aussi que... et il faut regarder ce que font les pays les plus chauds : on n'ouvre pas sa fenêtre, on ferme ses volets. Il faut trouver aussi des méthodes simples, une serviette humide pour son animal au sol. Enfin tout ce qu'on on a appris à faire de manière assez empirique, et qu'il faut faire encore plus aujourd'hui. Et je le redis, il faut aussi être très attentif aux plus fragiles.
SEBASTIEN KREBS
Vous avez cité MaPrimeRenov' qui est donc ce dispositif permettant de financer, en tout cas de recevoir une aide pour financer la rénovation thermique des logements. On en est où ? Combien de logements on a pu rénover grâce à cette prime ?
OLIVIER KLEIN
L'objectif, c'est de rénover 700 000 logements par an. Ça, c'est l'habitat privé. La PrimeRenov', ça concerne tout à chacun pour son pavillon, ça concerne les copropriétés. Et c'est des mesures qui peuvent être à la fois individuelles et collectives au niveau d'une copropriété. C'est des mesures qu'il faut accompagner encore plus. C'est pour ça que le Gouvernement a décidé de mettre en place des accompagnateurs Renov pour que le projet qu'on met en place soit un projet qui couvre tous les champs d'une rénovation énergétique, pas simplement changer les fenêtres, isoler ses combles, mais regarder : regarder la qualité du chauffe-eau, regarder la qualité du ballon si on est en chauffage électrique, pour vraiment gagner en sobriété énergétique. Et c'est vraiment un enjeu. Le Président de la République l'a dit : l'objectif, c'est 700 000 logements privés par an, mais on va essayer d'aller plus loin, et c'est vraiment une volonté.
SEBASTIEN KREBS
Cette prime, c'est 3 700 euros en moyenne. Mais on se rend compte que parfois, ça ne suffit pas. Y compris la Cour des comptes a émis des critiques sur cette PrimeRenov' disant que dans 70% des cas, finalement, on se limite à changer le système de chauffage et pas forcément à s'attaquer au fond du problème, c'est-à-dire l'isolation. Comment on fait pour aller plus loin ?
OLIVIER KLEIN
C'est exactement ce que je viens de vous dire, c'est pour ça qu'on va mettre en place un maximum d'accompagnateurs Renov dans les agences locales d'économie d'énergie pour qu'on regarde l'ensemble des problématiques du logement, pas seulement une isolation.
SEBASTIEN KREBS
Mais ça veut dire qu'il faut aussi peut-être plus de fonds encore pour financer…
OLIVIER KLEIN
Non. Aujourd'hui, ce n'est pas une problématique d'argent ; c'est bien une problématique, un, de former les artisans parce qu'on manque d'artisans formés pour réaliser ces travaux. C'est une problématique d'accompagnement et de bien sérier les problèmes de chaque logement parce que les logements peuvent être différents : on peut être chauffé… on peut être au gaz, on peut à l'électricité. Et donc il faut que l'accompagnateur Renov soit présent du début jusqu'à la fin, indique les bonnes solutions aux particuliers. Et aussi, et je le redis mais c'est un autre volet, beaucoup de gens habitent dans le logement social et il faut aussi accompagner et accélérer la rénovation du logement social.
SEBASTIEN KREBS
Vous avez la garantie aujourd'hui que ce dispositif PrimeRenov' sera prolongé sur l'ensemble du quinquennat ?
OLIVIER KLEIN
Ecoutez, je crois que le Président l'a dit plusieurs fois, la Première ministre l'a redit dans son discours de politique générale à l'Assemblée, c'est vraiment un objectif. On ne peut pas commencer par les questions que vous avez faites sur les problématiques énergétiques, et se dire qu'à un moment, le logement qui est quand même le lieu du plus grand nombre - parce que je vous l'ai dit, je parle des plus précaires mais j'ai été marqué par ce que j'ai fait cette nuit avec cette maraude en direction des sans domicile fixe - il faut, et le Président l'a dit, continuer cette volonté très forte de réhabiliter le logement.
SEBASTIEN KREBS
Vous citez les sans-abri. On oublie souvent qu'on meurt plus dans la rue l'été, dans ces périodes de chaleur, que l'hiver, en période de grand froid, parce qu'il n'y a aussi pas de… très peu de centres d'hébergement. Est-ce qu'il faut des dispositifs en ces périodes de canicule, supplémentaires ?
OLIVIER KLEIN
Moi, d'abord, je voudrais vraiment féliciter tous ceux que j'ai vus à Emmaüs, il y a quelques jours ou cette nuit au Samu social, qui sont vraiment extrêmement mobilisés. J'ai vu de la bienveillance, j'ai vu de la patience et j'ai vu comment on pouvait mettre à l'abri des gens, certains qui ne le souhaitaient pas, il faut beaucoup parler. Et donc les dispositifs qui sont en cours avec le soutien des associations de l'Etat, c'est bien d'aller vers, de proposer de l'eau, d'écouter, de soigner. Et vraiment, j'ai été très impressionné.
SEBASTIEN KREBS
Il faut des centres d'hébergement pour les mettre à l'abri ?
OLIVIER KLEIN
Oui, il faut continuer cette politique.
SEBASTIEN KREBS
Il n'y en pas en ce moment ?
OLIVIER KLEIN
Non. C'est une politique qui a été mise en place par le Gouvernement. Il y a beaucoup de mises à l'abri qui sont mises en oeuvre. Il y a aussi une solution qui a été lancée par le Gouvernement précédent avec le dispositif « Logement d'abord », qui est un moyen de sortir de l'hébergement d'urgence, que l'hébergement d'urgence n'est pas une solution, c'est bien évidemment une réponse à l'urgence, mais il faut aller vers les pensions de famille et d'autres dispositifs qui permettent des réponses plus pérennes.
SEBASTIEN KREBS
On va quand même évoquer les loyers. Dans cette période difficile pour le pouvoir d'achat, c'est l'une des mesures du projet de loi du Gouvernement qui sera discuté aujourd'hui à l'Assemblée, une mesure qui s'appelle le Bouclier loyers, c'est le terme de Bruno LE MAIRE, l'indice de référence des loyers. En gros, les loyers vont pouvoir augmenter de 3,5 % cette année. Ce qui est moins que l'inflation mais ce qui est une augmentation quand même. Et ensuite, ces loyers seront bloqués pendant un an. La gauche, elle, demande un gel total des loyers de 3,5 %. C'est quand même conséquent pour des locataires. Il a fallu faire des concessions ?
OLIVIER KLEIN
Non, non. En l'occurrence, il ne s'agit pas de concessions. D'abord, vous l'avez dit, c'est dans un ensemble de mesures : la mesure sur les loyers, et viennent accompagner d'autres mesures sur le pouvoir d'achat. Ensuite, je crois que c'est une mesure équilibrée parce qu'il y a une augmentation qui est limitée d'abord, qui est un maximum. Un certain nombre de bailleurs sociaux, par exemple, que j'ai déjà rencontrés n'appliqueront pas cette augmentation, et je m'en réjouis parce qu'il faut équilibrer cette mesure. Il y a un certain nombre de propriétaires, bailleurs ou bailleurs sociaux, qui ont besoin aussi, eux, d'accompagner un certain nombre de travaux à faire dans les logements. On ne peut pas avoir la discussion qu'on avait tout à l'heure sur la qualité des logements, et priver un certain nombre de propriétaires de cette capacité à faire. C'est une mesure qui est à maximum, 3,5%, qui vient accompagner la hausse des APL. Je veux redire que la hausse des APL, elle, elle s'applique au 1er juillet de 2022, donc immédiatement. Et la hausse des loyers, elle est possible, elle n'est pas bien évidemment obligatoire et elle pourra s'appliquer avec un plafond de 3,5% jusqu'en juin 2023. Donc vous avez une mesure qui est équilibrée.
SEBASTIEN KREBS
Elle sera discutée aujourd'hui à l'Assemblée. Vous avez espoir qu'elle soit votée en l'état entre… parce qu'on sait que ça fait débat entre la gauche - je le disais - qui demande un gel et la droite qui veut protéger les propriétaires. Vous avez sentiment d'avoir trouvé le point d'équilibre ?
OLIVIER KLEIN
J'ai le sentiment qu'on a trouvé le point d'équilibre, et c'est ce point d'équilibre que je défendrai aujourd'hui à l'Assemblée.
SEBASTIEN KREBS
Merci Olivier KLEIN d'être venu ce matin sur RMC.
OLIVIER KLEIN
Merci.
SEBASTIEN KREBS
Ministre délégué à la ville et au logement.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 juillet 2022