Texte intégral
CÉLINE ASSELOT
Bienvenue si vous nous rejoignez à l'instant pour l'invité du 8.30 sur France Info la radio et sur France Info canal 27. Bonjour Jean-François ACHILLI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bonjour Céline ASSELOT.
CÉLINE ASSELOT
À mes côtés comme chaque matin, et bonjour Olivier KLEIN.
OLIVIER KLEIN
Bonjour.
CÉLINE ASSELOT
Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin, vous êtes ministre délégué à la Ville et au Logement, et vous êtes aussi le maire de Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, alors on est à quelques jours de la rentrée scolaire, marquée cette année par une pénurie d'enseignants, qui sera particulièrement visible dans certains départements dont le vôtre. Alors, est-ce qu'à Clichy il y aura bien un professeur devant chaque classe à la rentrée comme l'a promis votre collègue de l'Éducation nationale ?
OLIVIER KLEIN
Écoutez, je l'espère et je le crois. C'est évidemment un sujet extrêmement important pour tout le monde, les élus locaux, les parents, le ministre de l'Éducation nationale, moi j'y ai toujours été très attentif, après…
CÉLINE ASSELOT
Vous l'espérez, vous n'êtes pas sûr ?
OLIVIER KLEIN
Le jour de la rentrée je ne suis pas très inquiet, heureusement, parce que l'Éducation nationale s'est donnée les moyens de recruter. A Clichy j'ai la chance, notamment dans le premier degré, d'avoir un personnel stable, présent depuis de nombreuses années, investi, et je veux vraiment les saluer et les remercier, et dans le second degré aussi on travaille bien, moi j'ai l'habitude – je suis enseignant moi-même – donc j'ai l'habitude d'accueillir les nouveaux profs chaque année, leur faire faire le tour de Clichy-sous-Bois c'est quelque chose… évidemment la rentrée scolaire, on se rappelle tous de nos différentes rentrées je crois, d'une certaine manière, et c'est des moments importants, on en parlera aussi tout à l'heure, la question de l'école, des fournitures, ces moments de transition sont des moments très importants. Rentrer à la grande école, vous vous rappelez comment ça s'est passé pour vous ?
CÉLINE ASSELOT
Oui, justement celle-ci elle se passe un peu dans l'incertitude, vous disiez que vous n'étiez pas totalement sûr de la manière dont ça allait se passer, vous imaginez pour les parents, pour les élèves eux-mêmes qui ne savent pas trop bien, après deux années marquées par la pandémie, comment va se passer cette rentrée, ce n'est pas optimal pour prendre les mots de Pap NDIAYE.
OLIVIER KLEIN
Écoutez, je ne crois pas qu'aujourd'hui, les enfants, les élèves de Clichy-sous-Bois, et leurs parents, se disent est-ce qu'il y aura un enseignant devant le tableau jeudi matin, je pense qu'ils sont quasiment certains qu'il y en aura, après on peut toujours avoir un malade même le jour de la rentrée, ça peut nous arriver même à nous.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Olivier KLEIN, le ministre de l'Éducation nationale, Pap NDIAYE, a précisé, c'était hier soir sur France 2, que la hausse des salaires promise pour les enseignants c'était pour septembre 2023, le Gouvernement s'apprête également à faire un geste en ce qui concerne ce que vous évoquez, les fournitures scolaires.
OLIVIER KLEIN
Oui, moi je, avec le ministre Pap NDIAYE, on parle depuis qu'on s'est rencontrés de cette question des fournitures, moi j'ai entendu l'allocation de rentrée scolaire, des suspicions jetées sur les plus fragiles, à Clichy-sous-Bois ça fait trois ans maintenant que tous les ans, à la rentrée, tous les enfants de Clichy, du CP au CM2, vont avoir sur leur table l'ensemble du trousseau nécessaire, et il y a beaucoup de maires déjà qui font ça, et je crois qu'on peut…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous dites quoi, la gratuité pour certains types de classes, pour les fournitures…
OLIVIER KLEIN
Oui, l'école elle est gratuite, cette école républicaine à laquelle on tient tous, elle est gratuite, et on sait qu'au-delà de l'allocation de rentrée scolaire il y a d'autres dépenses, il y a des dépenses importantes, on voit à quel point la morsure de la crise est présente dans nos quartiers, et moi j'ai envie, avec le ministre, de travailler, pour la rentrée 2023, à une procédure qui ferait que, dans les quartiers populaires en tout cas, les enfants aient tous leurs fournitures. Alors il faut travailler, il faudra faire du sur-mesure, d'abord parce qu'il y a des maires qui ont déjà commencé à le faire, d'autres qui y réfléchissent, donc on va réfléchir. La politique de la ville elle a cette force, c'est d'avoir…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
…Au niveau national ?
OLIVIER KLEIN
En tout cas c'est notre souhait d'y travailler dans les quartiers populaires, les quartiers en politique de la ville, les cités éducatives, mais aussi l'ensemble des quartiers en politique de la ville, on pourrait travailler avec les parents, avec les enseignants, parce que ce trousseau il faut le définir, moi je sais qu'à Clichy-sous-Bois à certains niveaux je donne 8 tubes de colle, des cahiers, mais tous les enfants ont le même cahier, il n'y a pas celui qui va voir "Hello Kitty", l'autre celui qui va avoir "Superman" et celui qui va avoir le PSG sur sa couverture…
CÉLINE ASSELOT
Ça veut dire que c'est l'école qui achète, ce ne sont pas les familles.
OLIVIER KLEIN
Alors, à Clichy c'est la ville qui achète, ça coûte à peu près 30 euros par enfant, on est soutenu par l'Éducation nationale parce qu'on a fait les listes ensemble, et financièrement on est soutenu par le ministère, qui est le mien maintenant, celui de la politique de la ville, donc ce que le ministère de la politique de la ville a pu faire pour le maire de Clichy-sous-Bois, je pense qu'il peut le faire aussi pour d'autres, et puis on va y travailler avec le ministre…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et ça concernerait quoi Olivier KLEIN, les quartiers dits REP, les quartiers de réseau d'éducation prioritaire ?
OLIVIER KLEIN
Aujourd'hui la volonté que l'on a avec le ministre, c'est de travailler à cette nouvelle formule, donc évidemment les quartiers populaires, les écoles en REP+ et en REP, mais il y a aussi des enfants pauvres dans des quartiers qui ne sont pas en REP ou REP+, donc il faudra trouver une proposition qui est juste, équitable, et c'est là-dessus qu'on se donne l'objectif de travailler pendant toute cette année scolaire, mais on sait aussi que dès cette année il y a des enfants pour lesquels c'est difficile et on va travailler, avec le ministère de l'Éducation nationale, le ministère de la Ville, à regarder là où il y a des difficultés, en collège il y a ce qu'on appelle le fonds social, dans le premier degré c'est plus difficile, donc on va…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc, si on vous comprend bien Olivier KLEIN, projet pour la rentrée 2023…
OLIVIER KLEIN
Absolument, un projet pour la rentrée 2023.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
De gratuité des fournitures scolaires pour certains types de familles, ça veut dire quoi, ça veut dire que l'allocation de rentrée scolaire, l'ARS, est insuffisante, parce qu'elle est destinée à ça quand même ?
OLIVIER KLEIN
Elle est destinée aussi à ça, mais quand vous avez une rentrée, enfin moi je suis parent et je vois les parents des quartiers populaires, il faut acheter des habits, il faut acheter des chaussures…
CÉLINE ASSELOT
Est-ce qu'il ne faudrait pas l'augmenter tout simplement cette allocation de rentrée scolaire, pourquoi pas à destination de certaines familles ?
OLIVIER KLEIN
Mais, elle a été augmentée, c'est aussi le sens des efforts que fait le Gouvernement pour cette rentrée, mais avoir ce trousseau sur la table, le jour de la rentrée, ça a une force symbolique, ça a une force d'équité, moi franchement je vois l'effet que ça a eu sur Clichy-sous-Bois, je vois l'effet que ça dans un certain nombre de villes que je connais, il y a une forme d'appartenance à avoir ce matériel partagé par tous les enfants, ce matériel réfléchi. On parle de sobriété, la sobriété elle est partout, elle est aussi là-dedans, faire des achats groupés ça n'a pas le même coût, dire aussi aux enfants le jour de la rentrée que le cahier de l'année dernière, s'il n'est pas complètement terminé, on a le droit de le ramener, ce n'est pas une honte, au contraire, un cours de mathématiques de 4e qui suit le cours de mathématiques de 5e, on ne doit pas se culpabiliser de ça, donc cette sobriété-là, cette équité-là, avec le ministre de l'Éducation nationale, on souhaite la porter.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Que dites-vous de la proposition de loi des Républicains pour encadrer l'utilisation de l'ARS, l'allocation de rentrée scolaire, et lutter, c'est le terme de la proposition de loi, contre la fraude, il faut contrôler ?
OLIVIER KLEIN
Je n'en peux plus de ça, franchement, je l'ai dit avant d'être ministre, cette suspicion qu'on jette en permanence sur les plus fragiles…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est Jean-Michel BLANQUER qui parlait des écrans plats, votre prédécesseur, enfin à l'Éducation nationale.
OLIVIER KLEIN
J'ai déjà dit à ce moment-là que ce n'était pas ça la réalité, et de toute façon cette allocation de rentrée scolaire, elle rentre dans des porte-monnaie déjà bien creux, donc que les gens aient besoin d'utiliser cette allocation pour faire leurs courses, pour acheter le goûter, ou pour les fournitures scolaires, d'une certaine manière cet argent ils en ont besoin.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc là la fin de l'abondance décrite par Emmanuel MACRON ne s'applique pas alors ?
OLIVIER KLEIN
Ce n'est pas de l'abondance. Permettre aux enfants de ce pays d'étudier dans les meilleures conditions possibles, de manière juste et équitable, c'est tout sauf de l'abondance, c'est de la justice.
CÉLINE ASSELOT
Olivier KLEIN, ministre délégué à la Ville et au Logement, maire de Clichy-sous-Bois, vous restez avec nous bien évidemment, 8h40 on fait le point sur l'actualité de ce vendredi.
(…)
CÉLINE ASSELOT
Avec toujours dans le studio de France Info Olivier KLEIN, ministre délégué à la Ville et au Logement, maire de Clichy-sous-Bois. Alors, Olivier KLEIN, il y a un projet d'arrêté du Gouvernement qui provoque la colère de nombreux élus locaux, ça concerne les "dark stores", donc ce sont ces entrepôts destinés aux entreprises de livraison ultrarapide qui se multiplient dans les centres-villes, alors vous voulez réguler leur installation, mais il y a de nombreux maires qui veulent carrément les empêcher, comme le maire de Villeurbanne, Cédric VAN STYVENDAEL, il était l'invité il y a quelques jours de France Info.
CEDRIC VAN STYVENDAEL, MAIRE PS DE VILLEURBANNE
Nous souhaitons continuer à pouvoir donner un certain nombre d'autorisations pour réguler cette implantation. Moi je ne souhaite pas demain être le maire d'une ville fantôme qui serait uniquement composée d'entrepôts avec des vitres sans tain derrière lesquelles s'agitent des hordes de livreurs sous-payés, exploités par des entreprises, donc c'est sûr que ce n'est pas le modèle de ville que je souhaite.
CÉLINE ASSELOT
Alors, Olivier KLEIN, est-ce qu'on ne risque pas de voir ces centres-villes se transformer en villes fantômes ?
OLIVIER KLEIN
En tout cas je ne le souhaite pas non plus, je suis absolument d'accord avec mon collègue et avec beaucoup de mes collègues, ce n'est pas du tout l'image de la ville qui est la mienne, celle d'une ville dans laquelle on a des vitrines, des commerces, de la vie, etc.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Réguler ou interdire ?
OLIVIER KLEIN
Il faut réglementer, il faut réglementer et il faut donner le pouvoir aux maires de prendre leur décision, mais la réalité c'est qu'aujourd'hui les maires sont, d'une certaine manière, en difficulté, parce que si ce sujet est mis sur la table c'est qu'aujourd'hui des "dark stores", des "dark kitchens", ouvrent dans nos centres-villes, au cœur de nos quartiers, et pour pouvoir réguler il faut réglementer et dire de quoi on parle, parce que les maires ils ont des pouvoirs, celui du plan local de l'urbanisme, et donc il faut que l'on définisse bien ce que sont ces entrepôts, ces espaces de livraison et de retrait, mais pas…
CÉLINE ASSELOT
Il y a un vide juridique, on est d'accord.
OLIVIER KLEIN
Pour moi il y a un vide juridique, et aujourd'hui dans ce vide juridique les "dark stores" s'enfoncent et ouvrent. La réalité c'est qu'aujourd'hui s'il y a des plaintes, dans Paris ou ailleurs, c'est que des "dark stores" ont ouvert, que devant il y a des dizaines de mobylettes qui attendent, que le matin il y a des camions qui livrent et qui bloquent la circulation, et qu'un ancien commerce se retrouve avec des vitrophanies toutes noires qui fait qu'on ne voit pas. Donc, notre proposition, qui a été mise au débat, et à la concertation, est de travailler, et dès le 6 septembre on réunira l'ensemble des acteurs pour réfléchir, avec Olivia GRÉGOIRE, à définir ce que sont ces "dark stores", et surtout à donner le pouvoir aux maires.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est le cheval le cheval de Troie le "dark store", c'est la mort du petit commerce ?
OLIVIER KLEIN
Il ne le faut pas. C'est des nouveaux modes de consommation, personne ne peut le nier, moi je n'ai pas besoin d'avoir une brosse à dents qui arrive chez moi en 13 minutes, je peux m'en passer.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et quand vous dites régulation ou réglementation, de toute façon leur présence va flinguer le petit commerce, Olivier KLEIN.
OLIVIER KLEIN
Non, pas forcément parce que, d'abord il faut que chacun réfléchisse à ses vrais besoins de consommation, il y a les "dark stores", il y a les "dark kitchens", il y a des modes de consommation qui ont évolué, mais en tout cas on ne peut pas laisser faire ces choses-là de manière non réglementée, non surveillée…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Concrètement, qu'est-ce que vous envisagez, concrètement ?
OLIVIER KLEIN
Concrètement, définir ce qu'est un "dark store", permettre au maire de définir son plan local de l'urbanisme, et de dire dans ce quartier-là, dans cette zone industrielle là, pourquoi pas, c'est des entrepôts, il y a toujours eu des entrepôts, de la logistique, elle existe au cœur de nos villes.
CÉLINE ASSELOT
Les maires qui ont écrit au Gouvernement, le maire de Villeurbanne, mais aussi la maire de Paris, le maire de Lyon, le maire de Marseille, plein d'autres, ils disent justement, vous vous proposez de réguler pour réglementer, mais ça va empêcher les élus locaux de pouvoir faire ce qu'ils veulent…
OLIVIER KLEIN
Au contraire. Ces derniers jours, vous imaginez bien, j'ai beaucoup échangé avec les maires, le maire de Marseille, la maire de Nantes, le maire de Nice, hier matin avec Emmanuel GRÉGOIRE le premier adjoint à la maire de Paris, aujourd'hui la situation n'est pas bonne. Enfin, si on en parle comme ça, c'est qu'aujourd'hui ils ouvrent, les maires ont du mal à les faire fermer parce qu'on a ouvert, on a dit que ça allait être un magasin, au final c'est un "dark store", on n'a pas fait le changement de destination, les procédures d'infraction au code de l'urbanisme sont longues, donc moi ce que je veux c'est sortir du statu quo et donner vraiment cette capacité aux maires, mais on aura besoin de la justice, de la police…
CÉLINE ASSELOT
Est-ce qu'on ne pourrait pas tout simplement interdire ces "dark stores" dans les centres-villes par exemple ?
OLIVIER KLEIN
Ce n'est pas aussi simple que ça.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous les mettez dans les ZAC, pas dans les centres-villes, pas dans les cœurs de villes, ça peut être ça, non ?
OLIVIER KLEIN
Mais, pour définir une interdiction il faut d'abord définir de quoi on parle et ensuite, il y a peut-être des maires qui auront une autre vision, enfin je ne vais pas citer de marque, mais il y a des "dark kitchens" en ce moment qui fleurissent, vous regardez votre application le soir, vous avez envie de manger quelque chose, il y a aussi des maires qui diront peut-être pour améliorer la capacité de commander quelque chose de sympathique, donc moi je veux laisser les maires prendre les décisions en toute connaissance de cause.
CÉLINE ASSELOT
On ne peut pas faire grand-chose justement contre ces "dark stores", contre ces "dark kitchens", la politique, dans son sens global, dans son sens global, n'a pas beaucoup de marge de manœuvre, de pouvoir, finalement…
OLIVIER KLEIN
Le pouvoir c'est le code de l'urbanisme, pour moi le pouvoir c'est le code de l'urbanisme, c'est la destination, c'est dire de quoi on parle, et c'est ça sur lequel on travaille, avec Olivia GRÉGOIRE et l'ensemble du Gouvernement, et avec les maires, parce qu'ils sont les sachant de leur ville.
CÉLINE ASSELOT
Donc il n'y a pas de sentiment d'impuissance vis-à-vis de ces… ?
OLIVIER KLEIN
Je ne dis pas que ce sera facile, parce qu'il y a toujours un coin dans lequel certains essayent de s'infiltrer, mais en tout cas c'est la volonté du Gouvernement de réglementer et de permettre aux maires de décider là où ils en veulent, là où ils n'en veulent pas, et puis il y aura probablement des évolutions, des tentatives de dire ah mais ça ce n'est pas un "dark store" parce qu'il y a du "click and collect", etc., c'est tout ça qu'il faut qu'on réfléchisse ensemble et c'est vraiment la volonté du Gouvernement.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors, Olivier KLEIN, le discours d'Emmanuel MACRON sur la fin de l'abondance a été critiqué par la gauche, vous venez vous-même des rangs de cette gauche, qu'elle a jugé, ce discours, indécent vis-à-vis des millions de chômeurs et de précaires. Ce qu'en a dit Philippe MARTINEZ, le secrétaire général de la CGT, qui était invité ici même à votre place sur France Info hier.
PHILIPPE MARTINEZ, SECRETAIRE GENERAL DE LA CGT
C'est sûrement la situation que vit le président de la République l'abondance, avec ses amis, mais ce n'est pas la réalité de millions et de millions de citoyens et de citoyennes de ce pays. Il a oublié le message des élections présidentielles, avec le taux d'abstention que tout le monde connaît, et il veut continuer à imposer des sacrifices aux mêmes.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous partagez son regard, celui Philippe MARTINEZ, vous qui venez des rangs de la gauche ?
OLIVIER KLEIN
Moi je ne crois pas… enfin, on peut caricaturer le discours du président de la République, lorsqu'il parle de la fin de l'abondance, il parle de la situation actuelle, la situation actuelle, elle est celle d'une crise qui fait suite à une autre crise. Moi j'ai aussi écouté ce que disait le président de la République, dans ce même discours, il a parlé d'égalité des chances, il a parlé de l'école, il est aujourd'hui en Algérie et ce n'est pas n'importe quoi, donc il faut tenir aux Français un discours de vérité, il faut, et ça c'est mon rôle au Gouvernement, se donner les moyens d'aider les plus fragiles parce que, on le sait, lorsqu'il y a des crises c'est dans les quartiers populaires, c'est là où il y a les plus fragiles, qu'on la prend de plein fouet le premier, et lorsqu'il y a une reprise c'est aussi dans ces quartiers que cette reprise, cette relance arrive souvent en dernier, donc moi je suis là pour protéger, participer à la réflexion du Gouvernement d'Élisabeth BORNE sous l'autorité du président de la République, à voir comment les effets de ces crises soient amortis, c'est le sens du projet de loi sur le pouvoir d'achat qu'on a défendu, un certain nombre de membres du gouvernement, sur différents sujets, parce que, oui, la situation est fragile et elle l'est encore plus au regard de la crise climatique, de la crise sociale, de la crise sanitaire dont on vient de sortir.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous évoquez cette crise que nous traversons, vous ne pensez pas qu'il y a eu un rendez-vous manqué, la taxation des superprofits, voulue par la gauche ?
OLIVIER KLEIN
Oui mais, je ne crois pas que ça règle la situation. D'abord c'est un débat qui est probablement encore…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Une forme de solidarité peut-être.
OLIVIER KLEIN
C'est un débat qui est encore sur la table, je crois que la capacité des entreprises, françaises notamment, à participer à l'effort, est nécessaire. Aujourd'hui le choix qui est fait ce n'est pas à travers la taxation, mais à travers un effort partagé, un effort sur les prix des énergies, le prix des carburants, si l'effort n'est pas suffisamment marqué par ces entreprises il faudra peut-être remettre ce sujet sur la table, mais aujourd'hui organisons, aidons notre économie, aidons à aller, comme le souhaitent le président de la République et la Première ministre, vers le plein emploi, je crois que c'est un objectif…
CÉLINE ASSELOT
Vous n'y êtes pas opposé fondamentalement ?
OLIVIER KLEIN
Moi je suis opposé à ce qui peut mettre en péril l'économie de ce pays et notre volonté d'aller vers le plein emploi, ce qui est important pour moi c'est comment les plus fragiles sont accompagnés dans cette crise, qu'est-ce qu'on leur propose, je parlais tout à l'heure des fournitures, mais qu'est-ce qu'on va proposer aux habitants des quartiers populaires, qu'est-ce qu'on leur propose, moi par exemple j'ai mené le travail sur un article sur la loi du pouvoir d'achat en mettant en place un bouclier qui empêche l'augmentation des loyers plus basse que ce qu'elle aurait pu être en fonction de l'inflation, j'ai proposé l'augmentation des APL à partir du 1er juillet.
CÉLINE ASSELOT
Pour terminer sur la question des profits, taxer davantage une entreprise comme TotalEnergies qui fait des milliards de bénéfices, dans cette période particulière, ce n'est pas mettre en péril l'économie française, ni le plein emploi.
OLIVIER KLEIN
Non, mais on lui a demandé d'autres types d'effort à travers le prix des carburants, leur réponse, et je ne doute pas que ces efforts qu'on leur demande seront appliqués sur la durée.
CÉLINE ASSELOT
8h50 sur France Info, restez avec nous, nous sommes toujours avec Olivier KLEIN le ministre délégué à la Ville et au Logement, maire de Clichy-sous-Bois, on fait le point sur l'actualité de ce vendredi.
(…)
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Avec Olivier KLEIN le ministre délégué à la Ville et au Logement et encore maire de Clichy-sous-Bois, je dis encore maire parce que ce n'est pas sûr que vous le restiez en fait.
OLIVIER KLEIN
Non, la règle est qu'on ne le reste pas, on travaille, avec mon équipe municipale, à ma succession, parce que c'est important qu'une ville aussi importante que Clichy continue à être gérée, je resterai présent bien évidemment dans la vie municipale.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors Olivier KLEIN, après la canicule de l'été et ses ravages, est-ce que nous pouvons redouter un hiver trop rude, est-ce que nous risquons des coupures de chauffage et comment est-ce que vous vous préparez à une telle éventualité dans les villes ?
OLIVIER KLEIN
Alors, je ne vais pas faire Madame Soleil sur la météo. Oui, les chocs climatiques sont de plus en plus nombreux, il faut s'y préparer, il faut se préparer aux périodes de canicule, il faut se préparer aux périodes de grand froid, il faut faire preuve de sobriété, parce que la sobriété énergétique elle est extrêmement importante…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ça c'est le principe, comment est-ce qu'on fait preuve de sobriété, là maintenant ?
OLIVIER KLEIN
D'abord dans ses comportements, de tout à chacun, en travaillant sur les passoires thermiques, comme on le fait, parce qu'il y a aujourd'hui des logements qui sont indécents dans ce pays, indécents d'un point de vue climatique notamment, qui sont ce qu'on appelle des passoires thermiques, où on chauffe le ciel et les petits oiseaux plutôt que ce qui est à l'intérieur et l'été on reçoit toute la chaleur, donc c'est pour ça que depuis deux jours, par exemple, les logements classés F et G comme on dit, ne peuvent plus augmenter leur loyer, quand on est propriétaire d'un logement de ce type-là on sait qu'on n'a plus le droit d'augmenter son loyer, on n'a plus droit d'augmenter son loyer quand on change de locataire, on n'a plus le droit d'augmenter son loyer quand le locataire reste le même…
CÉLINE ASSELOT
Et ça vous pensez que ça va être suffisant pour inciter…
OLIVIER KLEIN
Non, ça ne sera pas suffisant.
CÉLINE ASSELOT
Les propriétaires bailleurs à faire les travaux ?
OLIVIER KLEIN
Non ce n'est pas suffisant, mais vous savez que ce n'est qu'une première étape, à partir du 1er janvier 2023, on ne pourra plus remettre en location un certain nombre de logements, en 2025 il faudra faire des travaux…
CÉLINE ASSELOT
C'est 2025 pour les logements classés G, qui seront interdits donc à la location…
OLIVIER KLEIN
Absolument, et 23 c'est pour les passoires thermiques.
CÉLINE ASSELOT
F 2028, E 2034, on a quand même un petit peu le temps de voir quand même, le temps de chauffer les petits oiseaux comme vous dites.
OLIVIER KLEIN
Non, le E, c'est un logement décent. Il y a plusieurs définitions. Il y a l'indécence, le truc qui est vraiment une passoire, et là il fallait agir très vite, et c'est 2023, ensuite il y a des mesures, on ne laisse pas les propriétaires, bailleurs ou les bailleurs sociaux seuls, c'est pour ça qu'on a mis en place MaPrimeRénov', c'est pour ça que l'ANAH accompagne les propriétaires, accompagne les copropriétaires, à faire les travaux nécessaires, c'est pour ça qu'on met en place un guichet unique, un service public de la rénovation énergétique, pour que tout à chacun ait les informations, les compétences, l'accompagnateur Rénov', et on en recrute de plus en plus, pour que, en toute connaissance de cause, on fasse les travaux, et c'est nécessaire, pour que, un, on protège la planète, on protège ses locataires pour vivre décemment, c'est aussi une question de pouvoir d'achat. Bien évidemment, on en parlait tout à l'heure, plus on dépense pour chauffer le ciel, moins on dépense pour se chauffer soi-même.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Nous sommes tous d'accord Olivier KLEIN, c'est du long terme tout de même, c'est long de rénover un parc immobilier, mais…
OLIVIER KLEIN
Août 2024 ce n'est pas du long terme, c'était hier.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais sur l'hiver qui arrive, s'il y a un risque de coupures de chauffage parce qu'il y a un hiver trop rude et des pénuries d'énergie, qu'est-ce qu'il est prévu dans les cartons du Gouvernement, est-ce que vous regardez cette éventualité-là ?
OLIVIER KLEIN
D'abord l'ensemble des professionnels, on parlait de EDF, ENEDIS tout à l'heure, à travers les centrales nucléaires, travaillent à se préparer à ce qu'il n'y ait pas ce choc-là, ensuite il y a des dispositifs qui sont des incitations à la sobriété…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Il faut que les centrales tournent à plein régime, vous êtes d'accord ?
OLIVIER KLEIN
Il faut que les centrales tournent, on sait qu'elles ne pourront pas fonctionner à plein régime pour un certain nombre d'entre elles. Il y a des incitations, d'abord il faut tous qu'on se demande quelle est la bonne température dans sa chambre à coucher, moi je crois que 19 degrés ça suffit, et ça permet de faire des économies, on a tous dans nos comportements…la sobriété c'est une sobriété à toutes les échelles, la sienne, individuelle, celle de la ville, celle du quartier, celle du logement, et c'est toutes ces politiques-là qu'il faut que l'on mène en même temps, dans des temps qui sont raisonnables, et pour cet hiver moi je crois aux efforts de chacun, aux compétences de nos grands groupes industriels pour protéger les Français d'un risque de pénurie, mais en tout cas on s'y prépare. C'est d'abord dans la prévention, dans le discours et dans la pédagogie qu'on va qu'on va progresser.
CÉLINE ASSELOT
Est-ce qu'on doit contraindre les commerces, les entreprises, à éteindre la lumière la nuit par exemple, parce qu'on quand on se balade dans les villes on voit encore beaucoup de vitrines éclairées ou de bureaux vides éclairés par exemple ?
OLIVIER KLEIN
Moi je le crois parce que c'est une responsabilité collective la sobriété, donc oui il y a des lumières qui ne sont pas nécessaires. Il y a celles…
CÉLINE ASSELOT
Il faut contraindre ?
OLIVIER KLEIN
Oui, probablement ; il y a celles de la sécurité et de la tranquillité publique, moi je suis maire, ça a été dit, je sais à quel point les Clichoises et les Clichois, et les habitants des quartiers, sont attachés à rentrer chez eux, y compris le soir, avec un peu de lumière, il y a aussi des nouveaux dispositifs, à Clichy on a changé tout notre éclairage, en quelques années on est passé à la led, et c'est important, et puis il y a un certain nombre d'éclairages qui ne sont pas nécessaires, qui peuvent être éteints, il faut être tous citoyen sur ces questions-là.
CÉLINE ASSELOT
Donc on pourrait aller vers ce type d'interdiction, ou une autre ?
OLIVIER KLEIN
Oui, oui, mais il y en a déjà un certain nombre d'interdictions que les maires prennent sur, les enseignes, l'éclairage, etc., et moi je pense qu'elles sont justes. Cette responsabilité elle est collective, il faut que chacun agisse parce que…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Quitte à sanctionner ?
OLIVIER KLEIN
Oui, quitte à sanctionner. Enfin, est-ce qu'on a besoin aujourd'hui d'avoir une enseigne lumineuse allumée toute la nuit sur un magasin fermé ? Ce n'est pas ça qui va augmenter les ventes le lendemain matin !
CÉLINE ASSELOT
Merci beaucoup Olivier KLEIN d'avoir accepté notre invitation ce matin sur France Info, ministre délégué à la Ville et au Logement, maire de Clichy-sous-Bois.
OLIVIER KLEIN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2022