Texte intégral
ALIX BOUILHAGUET
Bonjour Stanislas GUERINI
STANISLAS GUERINI
Bonjour.
ALIX BOUILHAGUET
Merci d'être avec nous ce matin. Un mot d'abord pour commencer sur le Conseil d'orientation des retraites, il a rendu son rapport, le système devrait être à nouveau déficitaire sur les 25 prochaines années, elle en est où cette réforme des retraites promise par Emmanuel MACRON, elle va se faire ou elle ne va pas se faire ?
STANISLAS GUERINI
D'abord c'est intéressant de partir effectivement des faits, de voir qu'on a un système des retraites, malgré ce qu'on peut entendre parfois, qui durablement déficitaire.
ALIX BOUILHAGUET
Alors il est sorti du rouge les deux dernières années, et là il devrait rebasculer.
STANISLAS GUERINI
Certes, mais je pense qu'il y a peu de débat sur le fait qu'il soit durablement déficitaire, et au-delà de ça on sait qu'on a un certain nombre de progrès sociaux à financer, si on veut mieux pouvoir financer l'autonomie de nos anciens par exemple, si on veut apporter un certain nombre de progrès aux Français, on va devoir effectivement travailler plus longtemps. Nous avons toujours été clairs sur cette question-là, pendant l'élection présidentielle, vous savez parfois c'était plus facile de mettre…
ALIX BOUILHAGUET
Il a été clair, mais il y a eu le rapport Delevoye, il y a eu…
STANISLAS GUERINI
Ce sujet sous le tapis…
ALIX BOUILHAGUET
Il y a eu une première version qui a été effectivement stoppée, il nous a dit, Emmanuel MACRON, que ça devrait entrer en vigueur à l'été 2023, mais sauf qu'on ne connaît ni les modalités, ni la durée, ni l'âge.
STANISLAS GUERINI
D'abord c'est une ambition qui est réaffirmée, nous souhaitons effectivement poser une réforme des retraites qui doit permettre de financer des progrès, qui doit permettre de financer aussi des retraites minimales à 1100 euros, et dans laquelle figure l'idée de travailler plus longtemps, rien n'a été caché aux Français, on doit pouvoir avancer cette réforme, mais on doit le faire dans la concertation…
ALIX BOUILHAGUET
Donc, 64, 65 ans ?
STANISLAS GUERINI
Exactement cette concertation-là, sur les modalités, durée d'allongement, durée de cotisation, recul de l'âge légal, rythme pour mener cette réforme, que va mener Olivier DUSSOPT, avec les partenaires sociaux…
ALIX BOUILHAGUET
Le ministre du Travail.
STANISLAS GUERINI
Je pense que c'est comme ça qu'on doit préparer, mener une réforme qui est extrêmement importante, mais dans un cadre qui a été posé pendant l'élection présidentielle, qui est un cadre parfaitement clair, qui indique que nous allons devoir travailler plus longtemps. Et on va le faire parce que, si on parle de la question des retraites, sans la lier à la question du travail, ça n'a pas de sens, il faut le faire effectivement en donnant à nos actifs les plus aînés, les plus seniors, la possibilité aussi de plus travailler, et donc c'est cet ensemble-là qui sera cohérent et présenté aux Français.
ALIX BOUILHAGUET
Est-ce qu'on reste sur les 65 ans ? Emmanuel MACRON lui-même a fait une petite volte-face, 65 ans, et puis après il a fini par dire 65 ans ce n'était pas un tabou, on est sur quel âge ?
STANISLAS GUERINI
Il a donné cet objectif-là de pouvoir progressivement, quatre mois par an, allonger l'âge de départ à la retraite, mais dans le même temps il a indiqué, il a demandé à son ministre du Travail, à Olivier DUSSOPT, de mener cette concertation avec les partenaires sociaux, sur les modalités, pour construire une réforme qui soit à la fois juste, je le réaffirme ici, il y a un certain nombre de progrès à financer, et en même temps plus efficace, parce qu'il en va du financement de notre modèle social.
ALIX BOUILHAGUET
Donc vous dites qu'il y a des marges de manœuvre pour les concertations. Les syndicats ils redoutent un passage en force dans le cadre justement du vote du budget, est-ce qu'ils ont raison de s'inquiéter ?
STANISLAS GUERINI
Vous m'interrogez une fois sur le fait qu'on aurait mis la réforme sous le tapis et puis la question d'après sur un passage en force, c'est peut-être le signe, tout simplement, que nous avons la bonne méthode qui consiste à discuter avec les organisations syndicales, à poser les choses, à partir…
ALIX BOUILHAGUET
Donc ils n'ont rien, ils n'ont pas à s'inquiéter d'un éventuel passage en force dans ce vote de financement de la Sécurité sociale, notamment sur la durée, l'allongement des cotisations ?
STANISLAS GUERINI
D'abord je crois que c'est très important d'être extrêmement clair, y compris sur le calendrier. Le président de la République a indiqué que son souhait c'était que cette réforme puisse s'appliquer à l'été 2023, il n'y a pas de raison de remettre en cause ce calendrier, ça donne le temps de la concertation, elle est très importante cette concertation, je crois qu'il faut l'appuyer sur les éléments les plus factuels possibles, c'est pour ça que c'est très utile d'avoir ce rapport du Conseil d'orientation des retraites pour poser les choses et voir d'où part notre pays, parce que nous avons un niveau de travail global qui est moins important que certains de nos voisins et pour autant nous avons un modèle social qui est extrêmement ambitieux, eh bien nous nous souhaitons garder cette ambition, on ne souhaite pas baisser les pensions de retraite, comme d'autres dans la classe politique française, au contraire on souhaite les augmenter.
ALIX BOUILHAGUET
Dernier mot sur ce sujet. Les syndicats sont plutôt vent debout et le patronat il n'est pas chaud non plus, il préférerait que le gouvernement il focalise plutôt sur la réforme de l'Assurance chômage.
STANISLAS GUERINI
J'ai souvenir d'un temps où le patronat incitait une politique qui visait à faire en sorte que les Français travaillent plus, en quantité, travaillent plus parce qu'on arrive petit à petit à résoudre le problème du chômage, travaillent plus, et je crois que le patronat a pendant longtemps était clair, sur le besoin de faire cette réforme des retraites, eh bien nous nous avons le courage politique de la mettre sur la table, sans avoir rien dissimulé pendant l'élection présidentielle, je crois que c'est un avantage aussi d'avoir était clair avec les Français, mais une méthode qui consiste à concerter, à discuter, à essayer de créer du consensus, c'est ça aussi ce quinquennat, et je crois que c'est ce que les Français nous ont demandé de faire.
ALIX BOUILHAGUET
Un mot aussi sur cette nouvelle convention citoyenne lancée par Emmanuel MACRON, cette fois-ci c'est sur la fin de vie, est-ce que c'est la bonne méthode quand on voit finalement qu'il y a eu beaucoup de renoncements sur la précédente convention citoyenne qui concernait le climat ?
STANISLAS GUERINI
D'abord moi je m'en réjouis, et sur le fond, et sur la forme, je crois en effet, et vous voyez la majorité parlementaire, qu'il y a une envie du pays de pouvoir avancer sur cette question-là, et d'aller plus loin aujourd'hui…
ALIX BOUILHAGUET
Je rappelle juste pour les téléspectateurs qu'il y a déjà la loi Claeys-Léonetti, qui accorde effectivement un droit à une sédation pour ne pas souffrir avant de mourir, et vous me dites il faut quand même aller plus loin.
STANISLAS GUERINI
Je crois qu'il faudra exactement partir là aussi de la situation actuelle, objectiver peut-être les limites de la loi Claeys-Léonetti, et de l'envie collective de pouvoir effectivement mieux choisir sa fin de vie.
ALIX BOUILHAGUET
Vous pensez qu'il y a un consensus de l'opinion publique et de la classe politique sur ce sujet ?
STANISLAS GUERINI
Je le crois, mais dans l'intention générale, et je crois qu'ensuite quand on regarde ce sujet dans les détails, quelles sont les modalités, qui choisit, comment ça s'opère, quels sont les délais de rétractation, comment on exprime son choix, on voit bien que cette question elle est beaucoup plus complexe que quand on la regarde rapidement et parfois un peu de loin, donc je crois qu'il y a un consensus pour avancer, mais on doit faire ce type de réformes sociétales, qui sont très importantes, qui laissent je crois des marques très profondes dans notre société, justement en essayant de créer du consensus.
ALIX BOUILHAGUET
Ça ne déchire pas la société.
STANISLAS GUERINI
Dans le quinquennat précédent moi je me réjouis qu'on ait pu avancer sur la PMA pour toutes, voyez, sans déchirer la société, ça avait été davantage le cas pour le mariage pour tous, eh bien je crois que sur la fin de vie il est extrêmement sage effectivement de mettre en place cette convention citoyenne, sur un sujet qui est très précis, sur lequel on a besoin d'avoir, ou d'auditions, des rapports de la science, des différents comités, comité national d'éthique, qui ont déjà travaillé sur ces questions-là, pour éclairer nos concitoyens et pour en amont d'un débat parlementaire, qui ne sera pas effacé par cette convention citoyenne, essayer de préparer du consensus, je pense que c'est la bonne manière pour avancer.
ALIX BOUILHAGUET
Emmanuel MACRON il a aussi donné son plan, on n'est pas encore rentré dans les détails, mais pour lutter contre la crise énergétique pour les Français, c'est grosso modo pas plus de 19 degrés cet hiver, pour les services publics, concrètement quelles mesures ?
STANISLAS GUERINI
On est en train de toutes les discuter, que ça soit sur les mobilités, sur la gestion de l'électricité, du gaz dans les bâtiments, sur la rénovation thermique, sur l'organisation du travail, il y a beaucoup beaucoup de pistes pour pouvoir effectivement tout faire pour, dès cet hiver, réduire nos consommations. Je donne un exemple. La meilleure maîtrise des systèmes de chauffage dans les bâtiments des administrations publiques c'est quelque chose qui est fondamental, est-ce qu'on peut déployer des "énergies managers", des gens qui vont permettre de mieux réguler par exemple le réglage des chauffages, installer des thermostats intelligents, voyez, ce genre de choses, qui va permettre…
ALIX BOUILHAGUET
Vous avez avancé, vous, l'idée de développer le télétravail.
STANISLAS GUERINI
Moi je discute toutes les idées, effectivement l'organisation du travail en fait partie, le télétravail il existe déjà, donc moi ce que j'ai simplement, et je mets en discussion avec les organisations syndicales, mais on va continuer à en discuter avec elles, c'est simplement dans des moments de pic comment on organise les choses, c'est-à-dire que s'il y a une partie des agents publics qui sont en télétravail et l'autre dans un bâtiment, à la fois on chauffe les maisons et puis le bâtiment public concerné…
ALIX BOUILHAGUET
Donc ça pourrait être aussi une fausse bonne idée.
STANISLAS GUERINI
Donc voyez, c'est ça qu'il faut regarder, mais je crois ce qui est très important c'est comprendre deux choses, un, que ce plan de sobriété ça doit être la première étape de la planification écologique, ce n'est pas quelque chose qu'on fait simplement parce que Monsieur POUTINE a décidé de fermer le robinet de gaz, c'est quelque chose qu'on fait parce que durablement on doit arriver vers cette société décarbonée, donc on a une première étape, mais qui va être suivie de beaucoup d'autres. J'étais vendredi sur le chantier d'une nouvelle cité administrative, c'est une cité administrative qui va permettre de réduire par 10, c'est à Nevers, les émissions de CO2 de l'ensemble des administrations qui vont la rejoindre, donc vous voyez qu'il y a des actions très court terme…
ALIX BOUILHAGUET
Il y a des marges de manœuvre.
STANISLAS GUERINI
Et puis il y a des actions de plus long terme. Et la deuxième chose que je voudrais dire c'est que tout ça doit se faire en embarquant tout le monde, depuis le terrain, avec les agents, moi je ne crois pas qu'on puisse décréter la planification écologique simplement en envoyant une circulaire et puis en disant vous devez baisser vos consommations, il faut des éléments très concrets, très tangibles, et on va accompagner les agents.
ALIX BOUILHAGUET
On vous entend. Merci beaucoup Stanislas GUERINI.
STANISLAS GUERINI
Merci à vous.
ALIX BOUILHAGUET
Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2022