Texte intégral
JULIETTE MICHENEAU
Bonjour Marc FESNEAU.
MARC FESNEAU
Bonjour.
JULIETTE MICHENEAU
Ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire, justement on va en parler avec notre chronique "Nouvelle éco", si vous êtes, vous êtes auditeur de France Bleu, je n'en doute pas, vous le savez c'est tous les matins 7h15, ce matin il est question de moutarde, produit qui depuis des mois manquent à l'appel dans certains rayons et chez nous même une institution locale comme la moutarde de Charroux est impactée par la pénurie mondiale de graines de moutarde.
(…) Rencontre avec un producteur.
JULIETTE MICHENEAU
Des graines de moutarde produites au Canada à 80%, le Canada qui a subi une grave sécheresse l'an dernier, et en France eh bien on n'en produit presque pas de la moutarde, c'est une culture qui n'est pas aidée par la PAC, la Politique Agricole Commune, et c'est un exemple parmi d'autres, Marc FESNEAU, pour montrer qu'il y a urgence de relocaliser certaines productions, d'en encourager certaines, non ?
MARC FESNEAU
Oui, absolument. Il y a deux sujets qui sont évoqués là, c'est à la fois le sujet conjoncturel qui est évoqué, c'est le sujet des emballages, d'un certain nombre de hausses de tarifs et de produits qui sont liées à la production animale et qui sont liées à la guerre en Ukraine parce que ça a un impact sur l'énergie, et puis le deuxième sujet, qui est sujet principal, c'est le sujet de la moutarde, pour ce qui nous concerne là effectivement. Alors, ce n'est pas que la France, en gros 80% de la production mondiale dépendait de la production de moutarde initiale au Canada, ça doit nous interroger effectivement sur le fait que pendant des années, c'est des dizaines d'années où on ne s'est pas soucié en se disant après tout il y a un producteur mondial, ça suffit à couvrir les besoins, est-ce qu'on aurait besoin de relocaliser, et donc ça ça participe effectivement, en termes de souveraineté alimentaire, d'une nécessité sur tous les produits de faire en sorte de détenir une grande part, pour ne pas dire une totalité, de capacité productive pour faire en sorte de lutter contre le dérèglement climatique, parce que pourquoi ça n'a pas marché cette année, parce qu'il y a une très mauvaise récolte, comme vous l'avez dit…
JULIETTE MICHENEAU
Une grosse sécheresse au Canada, oui.
MARC FESNEAU
Au Canada, et donc on ne peut pas se retrouver en situation de dépendance à ce point-là. C'est la moutarde, ce n'est pas un produit…
JULIETTE MICHENEAU
De première nécessité, on est d'accord, mais…
MARC FESNEAU
C'est un produit de nécessité, mais ce n'est pas un produit qui nous privé de nous alimenter, mais ça doit nous interroger, ce modèle-là, sur le modèle qui pourrait se développer, qui est un modèle de perte de souveraineté, et qui fait que dans la mondialisation qui s'était construite on avait parfois délesté ou laissé à d'autres le soin de nous nourrir, et donc c'est là-dessus qu'il faut qu'on travaille.
JULIETTE MICHENEAU
Alors, est-ce qu'on refait l'inventaire justement de ces productions qu'on ne produit pas assez en France aujourd'hui, enfin il y a un rapport sénatorial, d'un sénateur LR de Haute-Loire, Laurent DUPLOMB, là qui sort et qui nous dit que nos importations alimentaires ont doublé depuis 2000.
MARC FESNEAU
Oui, oui, mais c'est une tendance lourde, alors, sans citer tous les produits, mais on voit bien que sur les fruits et légumes on a beaucoup perdu en capacité de souveraineté, sur la viande globalement il y a un certain nombre de problèmes de souveraineté. Alors ça doit nous interroger sur quoi ? premier sujet c'est d'améliorer la compétitivité de la ferme France, parce que c'est souvent une affaire de compétitivité qui fait que les produits viennent de l'importation, deux ça pose l'interrogation de la rémunération des agriculteurs, dans un certain nombre de cas c'est parce que la rémunération n'était pas au rendez-vous que les productions ne se sont pas développées, et ça c'est un élément important, trois c'est aussi la capacité sur chacun des produits de regarder quelles sont les normes qu'on s'impose en France, quelles sont les noms que s'imposent d'autres pays dans l'espace européen, pour pas qu'on crée des distorsions de concurrence. La question de la distorsion de concurrence, dans un espace qui est ouvert, ça n'a pas de sens si on n'arrive pas à le faire à l'échelle européenne. Il y a un certain nombre de contraintes réglementaires qui sont plutôt franco-françaises qu'européennes, et qui font qu'on perd en compétitivité par rapport à d'autres acteurs européens, donc c'est tous ces sujets-là sur lesquels il faut travailler. J'ai lancé la semaine dernière un plan de souveraineté fruits et légumes, ça doit porter sur la compétitivité, sur la recherche et l'innovation, sur la capacité à installer des jeunes, pour faire en sorte qu'on retrouve une capacité plus grande en termes de fruits et légumes, pour ne donner que cet exemple.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 octobre 2022