Interview de Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques à BFMTV le 18 novembre 2022, sur la polémique autour du brassard arc-en-ciel pour soutenir la cause LGBT lors de la Coupe du monde de football au Qatar et le lien entre le sport et la politique.

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Média : BFM TV

Texte intégral

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Amélie OUDEA-CASTERA.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Bonjour.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions, vous êtes ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, voilà votre titre en longueur, on va évidemment parler sport, on va parler politique, et on va aussi parler sport et politique. Je voudrais d'abord commencer bien sûr par l’état d’esprit aussi des Bleus parce que vous êtes une des dernières personnes à les avoir vus avant qu’ils ne partent au Qatar, vous avez dîné avec les Bleus en début de semaine, comment vont-ils ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Moi je les ai trouvés bien, je les ai trouvés souriants, je l’ai ai trouvés unis, manifestement contents de se retrouver, concernés et concentrés.

APOLLINE DE MALHERBE
Concernés, concentrés, avec un peu des anecdotes, vous avez dîné avec eux, c'était à Clairefontaine, on s'inquiète évidemment de la santé notamment de Karim BENZEMA, vous n'avez rien à nous dire là-dessus ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, je pense que les organismes sont très éprouvés, c'est la fin de saison, les championnats ont été extraordinairement exigeants, donc il y a une fatigue des corps, et d'ailleurs toute la préparation de Didier DESCHAMPS et de Guy STEPHAN, son adjoint, elle est tournée sur l'optimisation de la récup des joueurs, cette récupération elle est absolument décisive, et là il faut que toutes les fibres se reconstituent, les énergies remontent, ils dorment beaucoup, ils sont très attentifs à cette dimension-là, et je suis sûre qu'ils seront maintenant mardi soir en pleine forme.

APOLLINE DE MALHERBE
A se requinquer, vous dites organismes éprouvés, vous les avez trouvés un peu fatigués ou ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, non, on voit aucune fatigue quand on leur parle, mais…

APOLLINE DE MALHERBE
Rassurez-nous quand même ce matin.

AMELIE OUDEA-CASTERA
La succession des blessures montre que les organismes, voilà, a tiré beaucoup sur la machine, donc c'est l'un des effets de ce report à novembre, et c'est important que là toute l'attention soit portée sur maximiser ces moments de récupération, d'optimisation de la reconstitution de l'énergie.

APOLLINE DE MALHERBE
On a envie de vibrer, on a envie de vibrer avec eux, c'est aussi pour ça que je vous demande comment ils vont, parce qu'en fait on en oublierait presque de penser à eux, on pense beaucoup Qatar, on pense beaucoup Qatar et ça écrase un peu la question même de savoir si on va soutenir ou non nos joueurs. Vous irez au Qatar s’il y a des quarts de finale, on sait qu'Emmanuel MACRON a dit qu’il irait s’il y a des demi-finales, sans hésitation, ou est-ce que vous trouvez que tout ça quand même bien encombré, y compris vous-même, vous avez été obligés de vous poser tous sans cesse des questions ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, on ira sans hésitation, et avec même de l'impatience, avec de la confiance dans le fait qu'ils atteindront ces stades-là de la compétition, qui sont des stades de la compétition où il y aura une énorme pression, un énorme enjeu, et donc moi j'ai hâte de pouvoir les retrouver, je suis absolument confiante dans le fait qu'ils iront à ce stade de la compétition.

APOLLINE DE MALHERBE
Et vous serez à la fois supportrice, ministre évidemment. Je voudrais qu'on écoute quand même ce que dit Emmanuel MACRON sur le sport et la politique parce que, c'est un peu ambigu quand même, quand on sait votre rôle, le simple fait que vous soyez ministre des Sports, le sport est-il politique ?

EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Je pense qu’il ne faut pas politiser le sport. Que la question soit climatique ou qu’elle soit des droits de l'homme, il ne faut pas se la poser à chaque fois que l'événement est là, c'est au moment où on l’attribue qu'on doit se la poser.

APOLLINE DE MALHERBE
Sincèrement le sport n’est pas politique, il ne faudrait pas politiser le sport ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Emmanuel MACRON il a mis le sport au coeur de la cité, il nous demande de travailler sur la place du sport à l'école et il est lui-même force d'impulsion sur des grandes, belles, politiques publiques sportives, notamment en matière d'équipements de proximité, etc., donc il n’y a pas de doute sur le fait qu'on a l'ambition de mettre le sport au coeur de notre projet de société, au coeur de cette vie quotidienne des Français, c'est essentiel, pour autant quand on dit il ne faut pas politiser le sport, ça veut dire il ne faut pas laisser le sport otage des récupérations, des manipulations, des instrumentalisation à des fins de politique politicienne, c’est ça qui est important.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais c’est politique quand ça vous arrange et ce n’est pas politique quand ça ne vous arrange pas.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, mais je pense que, dans le contexte, c'était vraiment les bons mots, pourquoi ? parce qu’on a besoin de préserver l'équipe de France des polémiques, de la laisser se concentrer sur le jeu, on a besoin que les 10.000 supporters français, qui ont fait le choix d'aller au Qatar, ils puissent vivre leur passion pour le football sans les culpabiliser, et on a aussi besoin de se centrer sur ce qui rassemble les peuples, sur ce qui peut être un facteur de paix, d'unité, de fédération, beaucoup plus que sur polémiques politiciennes et qui n'ont souvent pas d'autre objectif que de combler une inaction qu'on a eue par le passé, de se réveiller un petit peu tard, y compris sur le choix de ces événements. Je pense que, le président d’ailleurs l'a dit, c'est important de se poser la question des critères, des vertus des événements, des candidatures, au moment où ces candidatures se décident, 12 ans après c'est compliqué et c'est ça qu'il a voulu exprimer.

APOLLINE DE MALHERBE
Ce que vous voulez dire c'est que maintenant que c'est au Qatar il faut faire avec, mais malgré tout, quand vous dites il vaut mieux être du côté de la paix, oui, mais est-ce du côté de la paix ce n’est pas justement faire en sorte qu'il n'y ait pas de persécutions, je pense par exemple à la question des homosexuels et des LGBT ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, tant l'émir, que les différents ministres, que, en relais, les autorités de la FIFA, ont dit que tout le monde serait le bienvenu au Qatar quel que soit son origine, son genre, son orientation sexuelle, sa religion, donc ce message-là c'est celui sur lequel nous comptons de la manière la plus vigilante possible.

APOLLINE DE MALHERBE
Quand le capitaine des Bleus est interrogé sur le fait de porter ou non un brassard arc-en-ciel, voilà ce qu'il répond.

HUGO LLORIS, CAPITAINE DE L’EQUIPE DE FRANCE
Lorsqu'on est en France, lorsqu'on accueille des étrangers, on a souvent l’envie qu’ils se prêtent à nos règles, qu’ils respectent notre culture, j’en ferai de même lorsque j’irai au Qatar, tout simplement, donc après je peux être d’accord ou pas d’accord avec leurs idées, mais je dois montrer du respect par rapport à ça.

APOLLINE DE MALHERBE
C’est une idée, l’homophobie ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non c’est… enfin, on sait qu'aujourd'hui le régime juridique en matière d'homosexualité n'est absolument pas satisfaisant au Qatar, ce qui est important, je le redis, c'est le message de tolérance, et la sécurité avec laquelle les personnes qui sont homosexuelles pourront se rendre, comme tous les autres supporters, au Qatar.

APOLLINE DE MALHERBE
Ce n’est pas pour faire une polémique que j'insiste sur ce point, mais ce qui me frappe quand même c'est que quand on regarde les autres pays, il n'y aurait aucun pays qui le ferait, mais les Pays-Bas, la Belgique, l'Angleterre, le Pays de Galles, la Suisse, ont annoncé qu'ils porteraient ce brassard, pourquoi la France ne le ferait pas ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, alors moi, là-dessus, j'avais salué l'initiative de l'équipe de France de le faire lors des matchs de Ligue des nations, vous vous souvenez que Raphaël VARANE, puis Antoine GRIEZMANN, les deux capitaines, l’avaient porté, j'avais trouvé que c'était bien, je l’avais dit, bon… les propos de LLORIS il faut quand même se souvenir que ça intervient dans un moment où de la Fédération française de foot, par la voix de son président, donne quand même plus ou moins une consigne de ne pas le porter, et où ils pensent que la FIFA va plutôt l'interdire, et vous savez, dans les sportifs il y a aussi un côté, je respecte les règles, je respecte le cadre, pour moi ce qui est extrêmement important c'est que nos Bleus soit engagés. Vous avez vu la lettre qu’ils ont écrit, dans laquelle ils sont sans ambiguïté sur la condamnation de toutes les formes de discrimination, ils indiquent qu'ils soutiendront les ONG, qui sont en soutien de l'ensemble des droits humains, à travers le fonds Génération 2018…

APOLLINE DE MALHERBE
C’est quoi ces ONG, vous savez qui c’est ces ONG ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ça peut être Amnesty, ça peut être Human Rights Watch…

APOLLINE DE MALHERBE
Ça peut être, mais on ne sait pas si ce sera ça.

AMELIE OUDEA-CASTERA
En octobre dernier ils ont déjà amorcé leur effort de mobilisation de ce fonds Génération 2018, et je retiens d’ailleurs que LLORIS était l’un des principaux moteurs de la création, avec VARANE d'ailleurs, de ce fonds, donc… un Antoine GRIEZMANN, à plusieurs reprises, s'est distingué par justement son soutien absolument à tous les supporters, toutes les personnes homosexuelles, c'est l'un de ceux qui a été le plus en verve sur ces sujets de lutte contre toutes les formes d'homophobie et…voilà. Maintenant, moi je l’ai toujours dit, les Bleus ils sont libres de leur expression, pour moi ce qui est important c'est qu'on ait senti leur engagement, le fait qu'ils étaient concernés par ce sujet et que, eux-mêmes ont envie d'exprimer un message.

APOLLINE DE MALHERBE
Je vous repose la question parce qu’il y a deux choses dans ce que vous venez de nous dire à l'instant, vous venez nous dire ça intervient quand même dans un contexte où la Fédération française…

AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui, je pense qu’ils étaient un peu perturbés par ça.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ça veut dire aussi qu’au fond, en fait la question elle n’aurait pas dû tant être posée à Hugo LLORIS lui-même qu’à Noël LE GRAËT, c'est-à-dire est-ce que la responsabilité de ne pas porter le brassard, je le rappelle, contrairement aux Pays-Bas, à la Belgique, à l'Angleterre, au Pays de Galles, à la Suisse, aux Etats-Unis, qui ont même changé leur logo pour que le drapeau LGBT soit carrément affiché partout ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors, je pense que le sujet n'est pas fermé, parce que la FIFA ne s’est pas prononcée, on pensait qu'elle l'interdirait il y a quelques jours, pour l'instant elle ne s'est pas prononcée, elle a dit qu’elle le ferait en temps voulu, c'est maintenant imminent qu’il y ait cette décision, et je sais, pour en avoir longuement parlé, tant avec Didier DESCHAMPS qui était à ma gauche au dîner à Clairefontaine, qu'avec Hugo LLORIS qui était à ma droite à ce dîner, on a beaucoup échangé sur ce thème-là, et eux, ce qui est difficile, c'est qu'il y a ce côté, il y a des règles sur ce qu’on appelle le field of play, le terrain de jeu, qui s'imposent, et donc c'est ce cadre-là auquel ils pensent, et eux ce qu'ils veulent c'est exploiter leur liberté d'expression de parole, d'action, et en l'occurrence de financement, pour être absolument sans ambiguïté dans ce soutien aux droits humains, dans la lutte contre toutes les formes de discrimination.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous dites soutien aux droits humains, je vous repose la question : est-ce que vous connaissez le nom des ONG qui vont être, parce qu'en effet ils ont dit « on va s'engager dans des ONG », mais personne ne sait quelles ONG, qui va les choisir. Est-ce que vous le savez ? 

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, mais il y en a plusieurs. Typiquement, je pense qu’un Amnesty International a fait un travail très important…

APOLLINE DE MALHERBE
Et ça fera partie de ce fonds ? 

AMELIE OUDEA-CASTERA
Autour de la situation du Qatar. Mais il y en a d'autres, il y en a plusieurs, j'en ai cité une autre, voilà, ce choix leur appartiendra. On est dans un moment où encore une fois les règles de la FIFA vont se préciser, moi je leur fais confiance, je pense que leur lettre disait, portait les bons messages, et que cette volonté de contribution financière elle est aussi un signe, une preuve de leur engagement.

APOLLINE DE MALHERBE 
Amélie OUDEA-CASTERA, vous avez dit que vous aviez à votre droite je crois, Didier DESCHAMPS, et à votre gauche Hugo LLORIS… 

AMELIE OUDEA-CASTERA
C’est l’inverse.

APOLLINE DE MALHERBE
L’inverse, pardon. Noël LE GRAËT, il était où dans la table. 

AMELIE OUDEA-CASTERA
En face.

APOLLINE DE MALHERBE
En face. Vous avez échangé un peu avec lui ? 

AMELIE OUDEA-CASTERA
Je l’ai salué, je lui ai dit bonjour, et puis il a fait un petit spitch au début, moi un petit spitch à la fin, et voilà.

APOLLINE DE MALHERBE
Chacun dans son coin, quoi.

 AMELIE OUDEA-CASTERA
Eh bien oui, enfin on n’était pas à proximité. Non, mais la situation…

APOLLINE DE MALHERBE
On ne peut pas dire qu’il y a une folle proximité. 

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, pour l'instant, voilà, moi je suis au travail, mes équipes d'inspection générale du sport de l'Education, de l'Enseignement supérieur et la Recherche a lancé un audit, on est au travail, pour regarder les modalités de pilotage de cette fédération, pour regarder aussi la façon dont elle s'empare d'un sujet comme celui des violences à caractère sexiste ou sexuel, où il faut absolument qu'elle fasse preuve d'une exemplarité à laquelle je l'ai vraiment appelée.

APOLLINE DE MALHERBE
Et Noël LE GRAËT qui était justement l'invité de RMC, je voudrais que vous l'écoutiez, notamment sur la question de l'atmosphère qui réside au sein de la Fédération française, et de la question aussi du sexisme et du rapport aux femmes.

NOËL LE GRAËT
Dans cette affaire, je vous regarde dans les yeux, tous, moi je n’ai rien fait.

JOURNALISTE
Vous n’avez jamais harcelé personne.

NOËL LE GRAËT
Personne.

JOURNALISTE
Vous n’avez jamais envoyé de sms déplacé à des collaboratrices ?

NOËL LE GRAËT
Je ne sais même pas les écrire.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors, il ne sait pas écrire des sms dit-il, ce serait sa défense, contre les enquêtes qui disent qu'il aurait envoyé des sms très lourds, c'est le moins qu'on puisse dire : « Venez dîner chez moi ce soir, je préfère les blondes, donc si ça vous dit… Vous êtes drôlement bien roulée, je vous mettrais bien dans mon lit ». Noël LE GRAËT qui dit : « Non, ça ne peut pas être moi, je ne sais pas écrire les sms ». 

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, moi je n’ai pas interagi avec lui par sms, donc je ne me prononcerai pas sur le sujet. Ce que je veux, c'est que cet audit aille au bout, j'ai été très claire sur le fait qu'il fallait un respect absolu de toutes les personnes, qu'il fallait non seulement libérer la parole mais libérer l'écoute des victimes, des plaignants, j'ai pris sa extraordinairement au sérieux, j’ai tout de suite diligenté, dès les révélations de So Foot, un audit là-dessus, et nous regardons de manière approfondie. De la même façon, sur le domaine des violences à caractère sexiste et sexuel, dans le foot au niveau des territoires, dans différentes situations, on accélère la marche. Tous les cas qui ont pu être mentionnés, ont fait l'objet d'un examen approfondi, qui est en cours par les équipes, et nous diligentons tout ce qu'il faut sur le sur le plan des mesures administratives, l'analyse, les enquêtes, le signalement, à la justice, quand c'est nécessaire. Il faut que chacun prenne sa part, il y a la justice, il y a le disciplinaire par les fédérations, et il y a les mesures de police aussi, administratives, qui peuvent éloigner les fauteurs de troubles, des auteurs de ce type de violences absolument inacceptables, de nos enfants, de nos jeunes, dans nos pratiquants, c'est ça qui est important.


APOLLINE DE MALHERBE 
Ce qui est évident, et là le coup on le sent, Amélie OUDEA-CASTERA, c’est que, ces questions elles vous paraissent importantes, que vous, vous vous heurtez quand même un peu à une difficulté qui est que ce Noël LE GRAËT et la FFF sont en face de vous, voilà, un monde auquel vous vous confrontez, je sens quand même qu'il n’y a pas de soutien de votre part, qu'il y a une défiance, vous attendez, est-ce que vous auriez aimé au minimum que le temps de cette enquête il se mette en retrait ? 

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ce qu'il faut, c'est que cette fédération devienne exemplaire. Je reprends aujourd'hui le sujet des violences à caractère sexiste et sexuel, on voit que la proportion de signalements dans cette fédération n'est pas à la mesure de sa proportion en termes de licenciés, en termes de poids dans la pratique et dans le sport. Donc il y a un effet retard, en même temps elle a fait certaines choses bien, elle est par exemple à l'origine de la mise en place d'un contrôle de l'honorabilité des éducateurs sportifs et des bénévoles, donc je pense qu'il faut faire preuve de discernement. Moi mon message, c'est quand on est la première fédé de foot… de France, qu'on a 2 millions de licenciés, qu'on a 15 000 clubs, il faut être exemplaire, et est ça que j'attends de cette fédération, et de ses dirigeants.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous attendez qu’ils deviennent exemplaires, le message est très clair. Madame la Ministre, autre dossier bien sûr les JO, les JO en 2024. Comment on va faire justement pour des JO exemplaires ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
On a des engagements qui sont forts à différents niveaux. D'abord en matière écologique avec l'engagement qu'on a pris par rapport aux Jeux de Londres de diviser par deux l'empreinte carbone. D'être même, par une politique ambitieuse de compensation, d'être sur une neutralité au niveau du bilan carbone d'ensemble de cet événement. Donc on baisse de moitié les émissions, on compense, on soutient des projets de biodiversité en France, à l'étranger pour être le plus possible à l'équilibre. En matière sociale, on a aussi l'un des clauses qui nous permettent de faire travailler des publics en insertion : un objectif de deux millions d'heures de public, pour faire travailler les publics en insertion sur les différents chantiers des Jeux olympiques et paralympiques. On a également dans le choix des prestataires un engagement d'avoir 25 % de TPE, de PME et de faire travailler des entreprises du secteur de l'économie sociale et solidaire. Des Jeux paritaires aussi, ce sera les premiers Jeux paritaires.

APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire quoi paritaires ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Autant d'athlètes femmes que hommes pour la partie Jeux olympiques, et on veut au global, à travers le fait qu’on a 95 % des équipements temporaires ou déjà existants, le fait qu'il y ait une sobriété budgétaire autour de tout ça, on veut est sur un nouveau modèle de jeu qui soit beaucoup plus compact, beaucoup plus sobre au global.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous les trouvez comment les mascottes ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Je les trouve mignonnes, je les trouve mignonnes.

APOLLINE DE MALHERBE
C’est politique aussi de mettre un bonnet phrygien. Finalement, c’est quand même politique.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Ah, je pense que le bonnet phrygien c'est plus que politique. C'est l'Histoire, et c'est l'ADN, c'est la culture de notre pays notamment.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous regrettez, j'imagine, qu'elles soient fabriquées principalement en Chine.

AMELIE OUDEA-CASTERA
On va essayer d'avoir plus d'ambition sur une relocalisation de la production en France.

APOLLINE DE MALHERBE
C’est possible encore, vous pensez ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
On est au travail là-dessus, on a des contacts avec l'ensemble des ministères. On va essayer de remonter cette proportion. Je retiens que d'ores et déjà, le volume de commandes et de production qui se fait en France a permis quand même de relocaliser en France au niveau d’une deux entreprises prestataires - les deux sont françaises – une cinquantaine d’emplois. On est au travail pour augmenter cette proportion de la production qui va se faire en France ou en Europe.

APOLLINE DE MALHERBE
OK. Donc on peut espérer que dans les semaines, les mois qui viennent, vous nous annonciez que finalement…

AMELIE OUDEA-CASTERA
On est au travail pour cet objectif.

APOLLINE DE MALHERBE
D'accord. C'est un objectif de réduire la part de ces mascottes qui serait fabriquée en Chine. C'est ce que j’entends.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Absolument. D’augmenter celle qui serait en France.

APOLLINE DE MALHERBE
Amélie OUDEA-CASTERA, la question de la sécurité aussi pour les JO, on en avait beaucoup parlé bien sûr après les violences autour du Stade de France. Est-ce que ça, vous avez vraiment le sentiment d'en avoir tiré les leçons et qu'il n'y aura pas de chaos ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
On en a tiré toutes les leçons. On a Gérald DARMANIN, le ministre de l'Intérieur, qui est extraordinairement mobilisé sur cette question avec l'ensemble de ses services, des préfets, des directeurs qui pilotent la préparation de la dimension sécurité de nos Jeux avec énormément de précisions aujourd'hui. Il y a plusieurs chantiers. Il y a celui de la cérémonie d'ouverture, il y a la sécurisation du relais de la flamme, il y a la sécurisation des fanzones. Il a annoncé la mobilisation des moyens, vous savez qu'on aura à peu près 30 000 forces de sécurité intérieure qui seront mobilisées en complément d'à peu près 25 000 agents de sécurité privée. Pour la cérémonie côté forces de sécurité intérieure, ça va même monter jusqu'à 45 000 et dans le cadre de la LOPMI qui est en discussion au Parlement, il y a eu la création de nouvelles forces de gendarmerie, de police, de 11 unités de forces mobiles. Donc on est vraiment précisément mobilisés tout ça.

APOLLINE DE MALHERBE
Sur cette question de sécurité. Un pronostic pour le match de mardi France-Australie ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
France.

APOLLINE DE MALHERBE
France évidemment mais combien ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, on verra. Ce qui est sympa, moi je me dis qu’il y a des bonnes ondes parce que c'était le même match qu’en début de parcours pour le Mondial en Russie en 2018, qui leur avait souri. Je sais que c'est difficile de gagner deux fois le titre de suite mais il y a quand même des équipes - l'Italie, le Brésil - qui l'ont fait. Moi je veux qu'ils aillent décrocher cette troisième étoile.

APOLLINE DE MALHERBE
Et après Didier DESCHAMPS, Zinedine ZIDANE ?

AMELIE OUDEA-CASTERA
Didier fait un travail formidable. Il est respecté par tous ses joueurs. Avec Guy STEPHAN, c’est un duo d'exception. Didier, c'est un de ceux qui a pu gagner cette compétition à la fois en joueur, en coach, en capitaine, en sélectionneur. Je veux dire, c’est immense pour le foot français.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous n’avez pas envie de commencer dès maintenant à penser à la suite.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Je leur souhaite vraiment bonne chance, ils vont nous faire rêver. On a besoin qu’ils nous donnent du bonheur à tous.

APOLLINE DE MALHERBE
Je vous pose des questions mais vous répondez vos réponses, c’est compliqué. Non, non, mais je comprends mais voilà, vous n’avez pas envie de vous prononcer sur Zinedine ZIDANE mais j'imagine quand même que c'est une question qui se pose ou qui vous a traversé la tête.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Didier aujourd’hui il est super à la tâche avec son équipe, respecté par tous les joueurs, il a une expérience exceptionnelle. On doit se réjouir avec un R majuscule de l’avoir avec nous à la tête de l’équipe.

APOLLINE DE MALHERBE
Tout le monde se réjouit et tout le monde a envie de se réjouir encore davantage dans les semaines qui viennent. Amélie OUDEA-CASTERA, merci d'être venue répondre à mes questions ce matin. Je rappelle que vous êtes la ministre des Sports, ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques.

AMELIE OUDEA-CASTERA
Merci à vous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 21 novembre 2022