Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le soutien à la Moldavie, à Paris le 21 novembre 2022.

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Circonstance : Conférence de presse à l'issue de la 3ème Conférence ministérielle de soutien à la Moldavie

Texte intégral

Merci de votre présence.


Le Président de la République et son homologue moldave, Mme Sandu, viennent de clore la 3ème Conférence de soutien à la Moldavie, il y a quelques instants. Ils ont souligné, vous l'avez peut-être vu, l'importance que nos deux pays attachent à cette initiative, initiative soutenue aujourd'hui, à Paris, par 34 pays et 15 organisations internationales. Donc, je veux commencer par remercier les coprésidents qui sont avec moi aujourd'hui, Annalena Baerbock - merci Annalena -, et Bodgan Aurescu, deux pays, Allemagne et Roumanie, avec lesquels nous avons lancé cette Plateforme de soutien en mars de cette année, peu de temps après l'agression russe en Ukraine. Je remercie également Nicu Popescu et les nombreux membres du gouvernement moldave qui étaient présents à Paris, aujourd'hui, pour cette 3ème Conférence de soutien.

Nous avons lancé cette plateforme avec la volonté d'aider la Moldavie à faire face aux conséquences de l'agression de la Russie contre l'Ukraine, une agression non provoquée, délibérée, une guerre choisie par la Russie, et qui impacte fortement la Moldavie puisqu'elle est proche géographiquement de l'Ukraine. Et elle subit un certain nombre de conséquences de cette agression sur le plan sécuritaire, économique, énergétique et également avec des tentatives de déstabilisation politique. Je voudrais rappeler que ce qui se joue en Ukraine, aujourd'hui, concerne tous les pays du monde, je veux le dire et le répéter : tous les pays du monde. Parce que cette agression constitue non seulement une agression contre un pays indépendant, souverain, mais une agression contre les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies, et également une préoccupation partagée par tous les pays du monde face aux conséquences négatives, à commencer par les conséquences économiques négatives qu'elle a sur l'ensemble de la communauté internationale.

Je reviens à la Moldavie : elle est concernée par les agissements russes sur le plan sécuritaire : d'abord, faut-il rappeler que l'armée russe occupe illégalement, depuis, longtemps, une partie du territoire moldave, la Transnistrie. Elle est impactée directement, maintenant, sur le plan énergétique. La destruction intentionnelle par la Russie des infrastructures énergétiques ukrainiennes a privé la Moldavie des importations d'électricité dont elle a besoin. Par ailleurs, il s'agit d'un chantage énergétique dans lequel s'est ouvertement engagée la Russie, et qui a des conséquences en Moldavie, évidemment, pays qui est confronté maintenant à la baisse de 50% des livraisons de gaz qui lui étaient destinées et à un certain nombre de menaces sous-jacentes.

Impact économique évidemment, sur le pays, puisque la Moldavie doit accueillir et a accueilli à bras ouverts de très nombreux réfugiés ukrainiens. Le Président le rappelait, je le rappelle : il y a 80.000 réfugiés ukrainiens en Moldavie, cela représente 3% de la population du pays. C'est le pays du continent qui reçoit le plus de réfugiés ukrainiens par habitant. Nous les en remercions et nous leur devons reconnaissance pour cela.

Les participants à cette réunion ont pris des engagements importants à nouveau, aujourd'hui : un soutien qui se portera prioritairement d'abord sur l'urgence énergétique, parce que l'hiver approche, et nous devons permettre à la Moldavie de s'approvisionner en gaz et en électricité. Nous devrons également - et c'est l'objet d'un autre axe d'effort - aider à garantir les conditions d'accueil satisfaisantes pour les réfugiés, en leur permettant de se loger, en leur fournissant des denrées alimentaires, en permettant aux enfants d'être scolarisés.

Et puis deuxième grand axe, un soutien à plus long terme, afin d'aider la Moldavie à moderniser ses infrastructures, à renforcer son économie, à avancer dans sa transition et dans sa marche vers l'Union européenne. Le Président de la République le disait : nous ne faisons que notre devoir en faisant cela et la France veut démontrer qu'elle est présente ; elle a annoncé aujourd'hui une enveloppe supplémentaire, nouvelle, de 100 millions d'euros, qui seront versés d'ici la fin de l'année, pour les plus urgents d'entre eux, ceux qui concerneront le Haut-Commissariat aux réfugiés, le Programme alimentaire mondial et l'UNICEF, 10 millions d'euros sur ces 3 programmes d'urgence. 2 millions d'euros mobilisés très rapidement dans le cadre de la BERD pour soutenir les réformes du pays, dans le domaine de l'énergie, mais aussi dans celui de l'administration publique, et 90 millions d'euros qui seront investis par l'AFD d'ici 2024, avec un accent mis notamment sur le développement des infrastructures énergétiques.

Donc un engagement renouvelé de notre pays, un engagement complet et un engagement de grande ampleur, qui vise à répondre à l'urgence, en particulier aux difficultés de cet hiver pour la population. On voit que l'hiver est aussi une arme de guerre de la part de la Russie. Et au-delà, un soutien qui vise à l'accompagner dans son rapprochement vers l'Union européenne. Nous avons donné, vous vous en souvenez, le statut de candidat à l'Ukraine et à la Moldavie, au mois de juin dernier.

Toute adhésion prendra du temps et nécessite des étapes. La Moldavie a d'ores et déjà franchi un certain nombre de pas dans les réformes qui lui étaient demandées par la Commission et par ses partenaires européens. Elle a montré aussi sa volonté d'accélérer, en rejoignant la Communauté politique européenne, et en étant prête à accueillir, l'an prochain, le prochain sommet début juin. Et donc nous voulons l'aider sur le court terme, mais l'aider également à préparer cette adhésion./.

(...)

Frédéric Mondoloni (Directeur de l'Europe continentale, EUC) - Merci. Juste, peut-être, pour souligner modestement ce que vient de dire le ministre, en disant que la France était aux côtés de la Moldavie, bien sûr, dans tous les domaines, y compris dans le domaine de la réponse éventuelle de la France aux demandes moldaves en matière de sécurité. Comme l'a dit le ministre moldave, M. Popescu, ce qui se joue en Moldavie, c'est non seulement la sécurité et la stabilité de la Moldavie, mais aussi plus globalement la sécurité de l'Europe. Et donc la France est, avec ses partenaires, derrière la Moldavie, dans ce domaine également, si cela était nécessaire.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 novembre 2022