Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour François BRAUN.
FRANÇOIS BRAUN
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes le ministre de la Santé, de la Santé et de la Prévention… Vous y tenez, on va y revenir. Et ce n'est pas forcément évident en ce moment d'être ministre de la Santé : grippe, Covid, bronchiolite, tensions sur les médicaments, tensions sur les urgences, déserts médicaux ; le système de santé est dans une crise à la fois structurelle et conjoncturelle. Mais vous n'avez pas le masque… Et pourtant, je voudrais juste qu'on regarde et qu'on écoute ce que disait Emmanuel MACRON hier.
EMMANUEL MACRON
J'ai mis le masque… Non pas parce que… je vous rassure, je serais malade ou autres mais je suis les préconisations de mon ministre de la Santé et face à la remontée de l'épidémie et de la conjonction, je pense que c'est bien de faire de la pédagogie parce qu'on n'a pas envie de revenir vers des obligations généralisées forcément et donc c'est aussi une manière de reprendre des habitudes basées sur le volontariat et l'esprit de responsabilité. Voilà.
APOLLINE DE MALHERBE
J'avoue que je pensais que vous le mettriez…
FRANÇOIS BRAUN
Écoutez non, parce que nous ne sommes que deux. Je vous ai demandé… sans dévoiler, si vous aviez des facteurs de risques particuliers ; vous n'en avez pas. Le studio est vaste. Il n'y a pas beaucoup de personnes, nous ne sommes pas en promiscuité comme je le dis pour les conseils quand il faut mettre le masque. Donc là nous pouvons de façon tout à fait raisonnable ne pas porter le masque. Par contre, si nous repartons en métro tous les deux, je vous conseillerai de porter le masque et je le porterai aussi.
APOLLINE DE MALHERBE
Monsieur le Ministre, ça veut dire qu'il y a donc certains endroits où vous allez encourager à le porter, voire même obliger… Vous pourriez le faire ? Vous parliez évidemment des métros, des trains bondés, quand on voit les images notamment en ce moment en Ile-de-France… Il faudrait peut-être passer à l'obligation, non ?
FRANÇOIS BRAUN
Depuis le début, depuis que je suis arrivé, ma méthode, c'est de convaincre et de faire confiance aux Français. Je crois que j'ai raison, c'est la bonne méthode. Le Président de la République l'a redit hier : il faut montrer, expliquer, convaincre. Je ferai cet après-midi d'ailleurs en ce sens, avec la professeur Brigitte AUTRAN…
APOLLINE DE MALHERBE
… Vous avez sollicitez une conférence de presse mais c'est aussi ce matin que vous en profitez pour redire toute la manière de lutter contre le Covid. Alors on va reprendre depuis le début : d'abord est-ce que oui ou non, aujourd'hui, vous considérez qu'on est dans ce qu'on appelle une 9e vague ?
FRANÇOIS BRAUN
En tout cas, nous sommes dans une nouvelle vague ; depuis 15 jours, le taux de contamination augmente. Si on se rappelle un petit peu les chiffres qu'on donnait il y a 18 mois, nous sommes à 600 pour 100.000 en termes d'incidence, donc ce qui est élevé ; nous avons ce petit R en fait qui explique comment le virus se reproduit d'une personne à l'autre, quand il est supérieur à 1, ça veut dire qu'une personne en contamine plus d'une - c'est le cas actuellement et depuis 15 jours - donc nous sommes dans une remontée de la contamination liée à un nouveau variant, pas plus dangereux que ce fameux BA5 mais en tout cas…
APOLLINE DE MALHERBE
Il s'appelle comment celui-ci ?
FRANÇOIS BRAUN
C'est BQ1.1.
APOLLINE DE MALHERBE
Et BQ1.1, il touche quel genre de personnes ? Quels profils ?
FRANÇOIS BRAUN
C'est la même chose que les précédents ; il est plus virulent, c'est-à-dire qu'il se transmet plus facilement que son "père", entre guillemets, si je peux m'exprimer… qui est le BA 5 puisque c'est un sous-variant de BA5 ; il se transmet plus facilement mais il n'est pas plus grave. Par contre, il touche de la même façon les personnes les plus fragiles et c'est vers ces personnes qu'il faut avoir une action forte ; une action forte qui concerne la vaccination et une action forte qui concerne les gestes barrières.
APOLLINE DE MALHERBE
On ne peut pas dire que pour l'instant, du point de vue de la vaccination, vous avez eu des actions fortes ; il n'y a que 20% de ces personnes à risques qui ont fait leur dose de rappel ; est-ce qu'il suffit, comme vous dites, d'encourager ? Vous dites que votre méthode est la bonne, là ça ne fonctionne pas.
FRANÇOIS BRAUN
Alors il y a 20% des plus de 80 ans ; il y a 40% des 60-80 ans ; c'est insuffisant bien entendu. C'est pour cela qu'avec mon collègue Jean-Christophe COMBE, nous allons avoir un message encore plus fort vis-à-vis des directeurs d'EHPAD par exemple…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça veut dire quoi un message plus fort ?
FRANÇOIS BRAUN
Un message plus fort, ça veut dire que maintenant il va y avoir des morts, enfin je crois qu'il faut être clair ; on continue à mourir tous les jours en France du Covid alors qu'on peut se faire vacciner. Donc ça c'est pour les personnes fragiles, les personnes âgées…
APOLLINE DE MALHERBE
Ceux qui meurent aujourd'hui… j'allais dire Docteur… mais vous l'êtes aussi, mais Monsieur le Ministre, ceux qui meurent aujourd'hui en France du Covid, c'est qui ?
FRANÇOIS BRAUN
Ce sont les personnes âgées, les personnes qui ont ce qu'on appelle des facteurs de risques - une hypertension artérielle, un diabète, une obésité -alors qui ne sont pas forcément âgés et puis ce sont surtout les patients par exemple que j'ai été voir la semaine dernière à l'hôpital Foch : ce sont les patients qui sont traités pour le cancer, qui sont immunodéprimés ou des patients qui sont greffés par exemple ; ce sont des patients qui ne réagissent pas aux vaccins de par le traitement qu'ils en, qui sont donc extrêmement fragiles et pour lesquels la seule protection, ce sont les gestes barrières, le port du masque, le lavage des mains.
APOLLINE DE MALHERBE
Et la vaccination de leurs proches, de leur entourage.
FRANÇOIS BRAUN
Exactement, vous avez raison, la vaccination de leurs proches et de leur entourage. C'est pour ça que l'autre message qui est important, c'est que tout le monde peut se faire vacciner. La vaccination n'est pas réservée aux personnes à risques ou aux plus de 60 ans comme j'ai pu l'entendre, la vaccination, c'est pour tout le monde. Mais la cible - même si le terme n'est pas très bon - la cible pour moi, ce sont les plus fragiles bien évidemment.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors moi je trouve que ça, c'est assez théorique, c'est-à-dire qu'on a quand même du mal à comprendre qui devait se faire vacciner…
FRANÇOIS BRAUN
Tout le monde.
APOLLINE DE MALHERBE
Depuis le début, vous dites "les plus de 60 ans" ; maintenant, vous dites en fait "tout le monde" sauf que dans les faits… on a l'un de nos journalistes qui s'est rendu hier dans deux pharmacies ; il a une quarantaine d'années, il est jeune, en bonne santé et il a dit : je souhaite me faire vacciner…. Donc si je vous écoute, ce matin, il a le droit et il n'y a pas de problème, il peut y aller, sauf que dans la première pharmacie, on lui a dit : on n'est pas prêt, on sera prêt… revenez après les fêtes, donc au 1er janvier.
FRANÇOIS BRAUN
Ce n'est pas normal.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc il va dans une deuxième pharmacie et là, on lui dit : on ne vaccine pas les moins de 60 ans parce qu'on n'a pas reçu de directive de la part de la DGS, la Direction générale de la santé. Et le pharmacien lui a dit : ils parlent à la télé avant que ce ne soit vraiment officialisé.
FRANÇOIS BRAUN
Non mais c'est officialisé depuis le début, enfin je veux dire, on ne va pas donner une directive alors qu'on a dit dès le départ que le vaccin était accessible à tout le monde ; donc je le redis, je le répète, je le répéterai autant de fois qu'il faut : tout le monde peut se faire vacciner contre la grippe et contre le Covid ; il y a une partie de la population qui est plus à risques ; c'est ma responsabilité en tant que ministre de la Santé et de la Prévention, d'avoir un message plus fort sur ces personnes à risques parce que ce sont les personnes qui peuvent mourir du Covid. Mais tout le monde peut se faire vacciner. Il est tout à fait normal que si vous allez voir vos parents âgés pendant les fêtes…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous vous rendez compte : si la pharmacie dit "revenez après le 1er janvier" !!
FRANÇOIS BRAUN
Ce n'est pas acceptable… je ne vais pas vous demander le nom de la pharmacie… ce n'est pas acceptable.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais de fait, c'est quand même ça la situation. Il y a eu cette confusion pendant longtemps ; maintenant, ça y est, vous commencez à faire passer le message que tout le monde peut y aller mais c'est vrai qu'on ne sait pas, on ne comprend pas et si les pharmaciens eux-mêmes ne le savent pas, j'avoue que c'est compliqué quoi !
FRANÇOIS BRAUN
Oui vous avez raison, c'est pour ça que j'insiste bien entendu.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous allez envoyer des directives ?
FRANÇOIS BRAUN
Ils les ont déjà ; ils ont déjà les directives disant que la vaccination est ouverte à tout le monde ; tous les ans, la vaccination de la grippe, on commence par les personnes les plus fragiles et on l'ouvre à tout le monde ; c'est pareil pour le Covid.
APOLLINE DE MALHERBE
Le dernier vaccin doit avoir eu lieu quand ? C'est-à-dire que ce n'est plus une question de doses… ce n'est plus : vous en avez eu trois, vous devez avoir la quatrième… ça s'appelle maintenant des rappels et c'est tous les combien ? Si j'ai été vaccinée avant l'été par exemple ou si j'ai eu le Covid il y a trois mois, est-ce que je peux quand même me faire vacciner ?
FRANÇOIS BRAUN
Si on veut faire le plus simple possible, les rappels globalement c'est tous les six mois. Voilà, c'est le plus simple. Après, il y a des cas particuliers. Si vous êtes plus à risques en fonction de si vous avez été vacciné, fait une maladie etc, on peut raccourcir ce délai à trois mois et ça, c'est votre médecin qui va pouvoir vous le dire. Mais globalement, pour faire simple, c'est tous les six mois.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors on a compris qu'il fallait désormais compter les charges Ecowatt ; est-ce qu'on doit garder "Tous Anti-Covid" sur nos téléphones ?
FRANÇOIS BRAUN
J'ai gardé "Tous Anti-Covid" sur le mien.
APOLLINE DE MALHERBE
D'accord. Et donc avec potentiellement la possibilité de le réactiver… une alerte… ça marche toujours ?
FRANÇOIS BRAUN
Ça marche toujours bien entendu.
APOLLINE DE MALHERBE
Une question sur les clusters puisque c'est une information RMC : on apprend qu'il y a 60 EHPAD qui sont dans des situations de cluster de Covid avec des résidents à nouveau confinés, à nouveau coupés du monde ; est-ce que c'est la démarche à suivre ? Vous imaginez bien que dans les familles, ça a ressuscité des angoisses.
FRANÇOIS BRAUN
Je comprends tout à fait l'angoisse que ça fait remonter ; en plus, je l'ai vécu, donc ça me parle tout particulièrement. Mais c'est bien la preuve qu'il faut insister sur la vaccination, c'est ça qui est important ; maintenant, si on n'a pas la vaccination, il nous reste les gestes barrières et les gestes barrières, c'est effectivement l'isolement ; après, il y a isolement et isolement ; on est dans un isolement avec port d'un masque, masque si possible FFP3, c'est mieux et puis lavage des mains, gestes barrières…
APOLLINE DE MALHERBE
FFP3… moi j'en étais restée à FFP2…
FRANÇOIS BRAUN
FFP2 pardon… FFP3, c'est vraiment quand on a des risques importants…
APOLLINE DE MALHERBE
Lavage des mains, ouverture des fenêtres, on connaît tout ça ; et donc si je vous entends François BRAUN, il n'est pas question d'obliger le port du masque… de revenir à une obligation du port du masque dans les transports ?
FRANÇOIS BRAUN
En l'état de l'information que j'ai sur cette reprise épidémique, j'insiste sur la responsabilité de nos concitoyens ; le président de la République l'a redit hier : il faut reprendre les bons réflexes, les bons gestes ; quand on est dans des endroits confinés, les uns - entre guillemets - sur les autres, il faut porter un masque, ça vous protège, ça protège la personne qui est à côté de vous ; vous ne savez pas si la personne assise dans le métro à côté de vous, elle n'a pas un traitement pour le cancer, elle n'est pas immunodéprimée. Et puis ça protège notre système de santé qui est en fortes tensions. Vous savez, il y a un an et demi, on applaudissait tous les soirs les professionnels de santé qui étaient au front face à cette maladie. Je ne demande pas aujourd'hui qu'on les applaudisse tous les soirs, même s'ils le méritent ; ce que je demande, c'est qu'on les protège en portant le masque quand on est dans des zones où il y a beaucoup de monde.
APOLLINE DE MALHERBE
Il y a eu ce débat politique autour de la question de la réintégration des soignants non vaccinés. Vous vous y opposez ad vitam ? Ou est-ce que vous avez une date où vous vous dites qu'un jour ils pourront revenir ?
FRANÇOIS BRAUN
J'ai dit que je suivrai les avis que j'ai demandés d'ailleurs à la Haute autorité de santé et au Conseil consultatif national d'éthique ; pourquoi deux avis ? Parce que ce problème doit être traité par deux axes : un axe de santé - en fait il ne faut pas qu'un soignant puisse contaminer des personnes fragiles…
APOLLINE DE MALHERBE
La France insoumise qui avait proposé cet amendement, disait pouvoir les réintégrer avec un test négatif.
FRANÇOIS BRAUN
Mais c'est inapplicable de faire un test négatif tous les jours ! Et la personne arrive au travail, on lui fait un test, c'est positif, il repart ?! Et qui va le remplacer sur son poste de travail ?! Enfin c'est ingérable. Donc ça c'est le premier point, il y a le côté médical ; ensuite, il y a le côté éthique auquel j'attache beaucoup d'importance : quel est le sens du métier de soignant ? Le sens du métier de soignant, c'est de protéger les autres, de prendre soin - vous savez le care versus le cure… des Anglo-Saxons…
APOLLINE DE MALHERBE
Care, ça veut dire prendre soin, cure, ça veut dire soigner…
FRANÇOIS BRAUN
… Exactement. C'est ça le sens su métier de soignant ; prendre soin, ce n'est pas exposer à un risque supplémentaire. Ça, c'est une vraie question éthique ; c'est le côté global. Après, il faut savoir de quoi on parle ; on parle d'un nombre minime – minime - de professionnels du système de santé…
APOLLINE DE MALHERBE
Ils sont 4.000 environ…
FRANÇOIS BRAUN
Non, on est de l'ordre de 0,2% - j'ai fait faire une enquête la semaine dernière - c'est très peu…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça fait combien de personnes ?
FRANÇOIS BRAUN
On va être aux alentours de 8.000 personnes…
APOLLINE DE MALHERBE
Ah oui ! Quand même !
FRANÇOIS BRAUN
Mais il y a très très peu de soignants, de personnes directement en contact. Mais les chiffres ne veulent pas dire grand-chose ; derrière chaque cas, il y a un problème individuel et je m'attache en particulier vis-à-vis des Outre-mer avec mon collègue Jean-François CARENCO, à régler problème individuel par problème individuel parce que derrière, il y a des vies, il y a des familles…
APOLLINE DE MALHERBE
En en même temps ça peut être difficilement compréhensible parce que si vous en réintégrez certains et pas d'autres…
FRANÇOIS BRAUN
Non non mais nous travaillons pour pouvoir… je ne parle pas de réintégrer… je parle de leur proposer d'autres solutions…
APOLLINE DE MALHERBE
D'autres boulots…
FRANÇOIS BRAUN
Où ils ne soient pas en contact des plus fragiles avec une prise de risques pour les patients ; on n'est pas là pour leur faire prendre des risques, on est là pour les protéger.
APOLLINE DE MALHERBE
François BRAUN, plusieurs questions encore à voir : les pénuries de médicaments, la bronchiolite qui est à un pic dans certains départements et on a la cheffe du service pédiatrie du CHU de Rennes qui disait qu'il faudrait peut-être envisager de fermer les écoles pour stopper la propagation de la bronchiolite, les écoles et les crèches. Qu'est-ce que vous répondez ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors la bronchiolite, nous sommes encore dans une phase ascendante, nous ne voyons toujours pas le pic ; c'est une épidémie qui est la plus importante depuis 10 ans en termes de volume. On voit toute la pression que ça a apporté sur notre système de santé qui est déjà en difficulté ; fermer les écoles, il n'y a pas d'indication, en tout cas pas de justification à cela maintenant, d'autant que nous allons arriver dans une période de vacances. On a bien vu lors des vacances précédentes que ça a permis d'infléchir un petit peu ; là, on arrive à une durée qui laisse espérer une petite descente. Mais la difficulté, la crise qu'il y a autour de la bronchiolite, est assez symptomatique des difficultés de notre système de santé ; elle nous permet de se repencher sur le problème de la santé de l'enfant d'une façon globale. J'ai ouvert avant-hier les Assises de la santé de l'enfant et de la pédiatrie, de l'enfant et de l'adolescent, avec justement l'objectif d'avoir une feuille de route au printemps sur les années qui viennent pour revoir complètement cette prise en charge.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais au printemps, l'épidémie qu'on traverse aujourd'hui sera derrière nous, enfin j'espère. Et il y a quand même une question immédiate : quand vous écoutez en effet la cheffe du service pédiatrie du CHU de Rennes, elle tire le signal d'alarme et elle dit : si ça ne tenait qu'à moi, j'envisagerais de fermer les écoles pendant un temps pour stopper la propagation de l'épidémie. Ça, vous dites non ?!
FRANÇOIS BRAUN
Non… mais déjà, la bronchiolite touche quels enfants ? Les enfants de moins de 2 ans ! Donc ce n'est pas une question d'école. A la limite, on se pose la question sur les crèches mais on fait attention, on se lave les mains.
APOLLINE DE MALHERBE
La fermeture des crèches, vous dites non.
FRANÇOIS BRAUN
Je dis non parce que de toute façon, les gestes barrières vont là aussi nous protéger et nous protègent. Donc ce n'est pas du tout une question d'école. Maintenant je connais l'investissement des soignants de la pédiatrie qui sont sous pression avec cette crise depuis plus d'un mois maintenant. J'ai pris des mesures immédiates pour améliorer leurs conditions de travail en termes de rémunération, en termes de reconnaissance de la pénibilité dans les services de soins continus, la possibilité de racheter du matériel quand il en manque ; ça, je dirais que c'est le traitement immédiat face à cette crise. Maintenant, il m'importe de prendre en compte les difficultés sur le long terme - c'est ça les Assises de la pédiatre et de la santé de l'enfant - et nous avançons.
APOLLINE DE MALHERBE
François BRAUN, difficultés avec la bronchiolite, difficultés pédiatriques, et tout ça à un moment où il n'y a plus de Doliprane, plus d'Amoxicilline.
FRANÇOIS BRAUN
Ce sont deux problèmes différents…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est un peu le même, quand votre enfant a la bronchiolite, il y a aussi du Doliprane comme traitement…
FRANÇOIS BRAUN
Bien sûr. Alors le Doliprane, donc c'est le Doliprane pédiatrique qui pose problème ; je vais être très clair et très transparent par rapport à ça : on a eu des soucis, si vous vous souvenez, il y a un mois et demi avec le Doliprane ; on a beaucoup parlé du Doliprane ; c'étaient là des problèmes d'approvisionnement, des problèmes de fabrication du Doliprane. Je m'étais exprimé en disant suite à l'avis des professionnels du médicament, que le problème allait être réglé dans les semaines qui viennent. J'assume tout à fait ce que j'ai dit à cette époque…
APOLLINE DE MALHERBE
Sauf le "quelques semaines qui viennent"… là on se retrouve avec "plus de sirop enfant"…
FRANÇOIS BRAUN
Alors qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi on n'a plus de sirop enfant ? Alors le sirop enfant est fabriqué pourtant en Europe, majoritairement en Allemagne mais là nous avons eu - heureusement c'est en cours d'être réglé – un mouvement social chez Sanofi qui produit justement et qui importe finalement de l'Allemagne en France ce sirop enfant chez ses distributeurs, une centrale de distribution qui a diminué la distribution, ils n'ont fourni la semaine dernière que 30% de ce qu'ils fournissent d'habitude. Donc ce n'est pas un problème de stock si vous voulez, c'est un problème de distribution.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous savez quand ils vont reprendre la production ?
FRANÇOIS BRAUN
Ce n'est un problème de distribution essentiellement ; un peu de production mais surtout de distribution. Le mouvement social est en train d'être réglé ; ça va reprendre. Donc on aura et on a du Doliprane qui va revenir ; en plus j'ai pris une mesure - c'est très technique - mais les pharmaciens ne commandent plus directement chez Sanofi mais via les grossistes. Et c'est à nos grossistes de répartir de façon géographique…. Donc on a du Doliprane, peut-être pas aujourd'hui dans toutes les pharmacies ; il y a des alternatives aussi au Doliprane…
APOLLINE DE MALHERBE
Pas pour les moins de six mois… C'est quand même ceux qui en général sont touchés par la bronchiolite…
FRANÇOIS BRAUN
Je veux dire quelque chose sur le Doliprane comme sur d'autres produits d'ailleurs…
APOLLINE DE MALHERBE
L'Amoxicilline…
FRANÇOIS BRAUN
Mais restons d'abord sur le Doliprane si vous permettez juste pour une petite précision : je ne veux pas qu'il y ait de mouvement de panique et je ne veux pas que les gens stockent ; pourquoi je dis cela ? Parce qu'hier en une journée, nous avons consommé trois journées de stocks de Doliprane enfant. On n'a pas eu trois fois plus de malades en une journée ; simplement les gens - je comprends leurs angoisses et leurs inquiétudes - mais se sont dit "je vais aller en chercher au cas où". Non, il faut éviter de faire cela. On aura du Doliprane en fonction des besoins… pas dans toutes les pharmacies tout de suite…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais l'Amoxicilline, ce n'est pas Sanofi. C'est quand même encore plus grave j'ai envie de dire parce que là on est quand même sur un antibiotique !
FRANÇOIS BRAUN
Oui et non parce que là, il y a des alternatives antibiotiques et les sociétés scientifiques…
APOLLINE DE MALHERBE
Pour les enfants ?
FRANÇOIS BRAUN
Oui pour les enfants… Les sociétés scientifiques ont produit des recommandations là aussi pour dire : si on n'en a pas, vous pouvez faire autrement. L'Amoxicilline a un problème plus général, un problème avec ce qu'on appelle le principe actif, justement cette amoxicilline, ce médicament, il y a aussi un problème de chaînes de production - les chaînes de production tournent à plein mais sont parties de stocks plus bas - alors vous savez qu'en France, on a une surveillance très pointue de nos stocks dans les médicaments dits essentiels et quand on dit qu'on est en pénurie, ça veut dire qu'on a un stock de moins d'un mois. Ça ne veut pas dire qu'on n'en a plus, ça veut dire qu'on a un stock de moins d'un mois et c'est ce que moi je suis de très près bien entendu. Un dernier point par rapport à cela : l'engagement France 2030 - vous allez me dire que c'est loin peut-être - mais j'ai besoin aussi de réfléchir loin ; l'engagement du président de la République sur France 2030, c'est justement rapatrier en France et en Europe ces productions de produits essentiels.
APOLLINE DE MALHERBE
Et je voulais qu'on dise un mot aussi des préservatifs puisque Emmanuel MACRON a annoncé, à la surprise générale hier, la gratuité des préservatifs pour les 18-25 ans. C'est assez surprenant parce que c'est vrai qu'au moment où on se dit que peut-être que ce serait le masque qui allait devenir gratuit, vous avez choisi le préservatif pour les 18-25 ans. Pourquoi ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors ce n'est pas si surprenant que cela ; il ne vous échappera pas qu'un des enjeux majeurs, c'est la santé des jeunes, la santé des adolescents et des enfants, et la reprise des infections sexuellement transmissibles qui sont une grande cause d'infertilité, reprise principalement justement sur cette tranche d'âge. Donc un des axes forts quand je dis que ma politique, c'est de lutter contre les inégalités d'accès à la santé, c'est aussi par rapport à la santé sexuelle, la santé mentale de nos jeunes. Donc c'est dans la logique de ce que j'ai porté dans la loi de financement…
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'aujourd'hui, un jeune entre 18 et 25 ans peut se présenter à la pharmacie ?
FRANÇOIS BRAUN
Le président de la République l'a dit hier, c'est à partir du 1er janvier. On a encore quelques modalités pour ce remboursement. Mais ça va être très simple : on va se présenter et on va pouvoir avoir…. Sans problème.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas un remboursement, en fait c'est la boîte gratuite.
FRANÇOIS BRAUN
C'est un remboursement à 100% par la Sécurité sociale ; on est en train de voir avec la Sécurité sociale comme on adapte. Actuellement c'est possible sur ordonnance ; on va le rendre possible sans ordonnance comme d'ailleurs le dépistage des infections sexuellement transmissibles qui là va être possible pour les moins de 26 ans, gratuit, sans ordonnance ; comme d'ailleurs aussi ce qu'on appelle la pilule du lendemain, la contraception d'urgence, qu'on rend gratuite et accessible sans ordonnance pour toutes les femmes. Donc voyez que cette annonce du président de la République vient dans une logique globale autour de la santé sexuelle.
APOLLINE DE MALHERBE
François BRAUN, ministre de la Santé et de la Prévention. Et vous serez encore sur BFM tout à l'heure puisque à BFM TV retransmettra en direct votre conférence de presse, ce sera à 17 heures.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 décembre 2022