Texte intégral
CÉLINE ASSELOT
Bonjour à vous Olivia GRÉGOIRE.
OLIVIA GRÉGOIRE
Bonjour.
CÉLINE ASSELOT
Merci d'être à nos côtés ce matin, Ministre déléguée en charge des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme. Alors on va évoquer évidemment le climat politique, le climat social de cette fin d'année, les conséquences de la crise énergétique également sur les entreprises. Un mot d'abord de GO SPORT, cette entreprise qui saura aujourd'hui si elle est placée en cessation de paiement. Il y a 2 100 salariés qui sont concernés. Est-ce que le pire est à craindre pour cet emblème qui est emblématique du monde du sport en France ?
OLIVIA GRÉGOIRE
C'est un emblème, vous l'avez rappelé, emblématique et qui a plutôt bien réussi ces dernières années. C'est une enseigne qui a été au plan actionnarial dirigée par la même personnalité que l'enseigne CAMAÏEU qui a connu aussi beaucoup de difficultés – vous en avez beaucoup parlé – mais qui a fini par être rachetée au final et donc ça ne s'est pas si mal terminé. On est attentif. Vous savez, le gouvernement a beaucoup aidé, que ce soit CAMAÏEU d'ailleurs ou l'ensemble des entreprises en difficulté, maintenant c'est au tribunal de commerce d'exprimer ou non s'il y a liquidation et quoi qu'il advienne, le gouvernement dans ces cas-là et notamment Bercy en priorité est aux côtés des salariés si jamais une décision difficile était prise afin de leur permettre de se repositionner et de retrouver du boulot.
CÉLINE ASSELOT
Mais vous dites ça arrive effectivement après CAMAÏEU. Est-ce qu'il faut s'inquiéter pour le commerce physique en France, concurrencé par le commerce en ligne, ou est-ce que c'est la vie normale finalement des entreprises ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Un peu des deux et merci de poser la question comme ça. Un peu des deux. Il y a des mutations très profondes dans la consommation en ce moment et on le voit, pas uniquement à cause de l'inflation mais aussi depuis le Covid avec pas mal de commerce digital mais aussi des enseignes physiques qui pour certaines résistent très bien notamment dans les centres-villes. Le commerce de proximité résiste bien, il a fait une formidable saison d'été notamment. On a aussi des enseignes qui doivent évoluer et c'est vrai que GO SPORT rencontre des difficultés qui sont assez symbolique de la période dans laquelle on est. Ça n'est pas pour autant le signe de défaillances en cascade, soyons très précis. Moi ma mission c'est de garder le sang-froid dans des moments qui peuvent être un peu chauds. Nous avons aujourd'hui toujours moins de 40 000 défaillances dans notre pays, nous étions à plus de 54 000 en 2019 ; nous sommes donc loin du nombre de défaillances, de faillites pour le dire simplement qu'il y a deux ans mais nous surveillons ce chiffre avec beaucoup d'attention. Et ce chiffre pour terminer, c'est aussi le signe que la vie économique repart, l'économie a été un peu surgelée pendant le Covid : quand vous avez le chômage partiel, des PGE et des fonds de solidarité, il y a moins de faillites. L'économie repart, les faillites aussi mais n'oublions pas les créations d'entreprise qui restent très majoritairement supérieures aux faillites.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Olivia GRÉGOIRE, vous dites "garder le sang-froid", on a évoqué GO SPORT à l'instant. Moi je vous citerai Christophe FANICHET, le PDG de SNCF Voyages qui vous a précédée sur Franceinfo : on va rembourser pour les voyageurs dont le train sera annulé 200% du prix du billet annonce donc Christophe FANICHET. Qu'est-ce que vous dites, vous, ce matin de cette grève à la SNCF ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Je dis que je ne sais pas si 200% d'un billet de train peut racheter le fait qu'on ne soit pas avec son papa ou sa maman le soir de Noël. Je suis une citoyenne avant d'être une ministre et je le serai toujours. Je suis profondément choquée par ce qui se passe depuis maintenant 48 heures. Je trouve que c'est assez irresponsable que de condamner 200 000 voyageurs à se ruer soit vers une location de voiture dans des conditions difficiles - il n'y a pas forcément des voitures à louer – et ce que je trouve encore plus injuste je vais vous dire, Jean-François ACHILLI, et profondément injuste c'est qu'en réalité ceux qui devaient partir dans les territoires et qui n'ont pas de train doivent se ruer aussi sur l'avion, et tout le monde ne peut pas se payer un billet d'avion surtout au dernier moment. Donc ça veut donc dire qu'il y a des gens autour de nous et beaucoup qui ne vont tout simplement pas pouvoir passer un jour, deux jours de Noël avec ceux qu'ils aiment. Je trouve ça irresponsable pour rester polie mais ma pensée est un peu plus virulente que celle-là.
CÉLINE ASSELOT
Il aurait fallu sanctuariser le week-end de Noël, c'est-à-dire…
OLIVIA GRÉGOIRE
Je ne sais pas.
CÉLINE ASSELOT
Autour des rémunérations et du parcours de carrière des contrôleurs plutôt après les fêtes ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui mais vous voyez, le soir de Noël, il y a aussi plein d'enfants qui naissent. Moi je pense aux sages-femmes, je suis députée du 15ème, je pense à l'hôpital Necker, je pense à ces anesthésistes réanimateurs, à ces chirurgiens, à ces sages-femmes, à ces infirmières qui bossent, qui bossent même le soir de Noël, qui bossent le 31 décembre…
CÉLINE ASSELOT
Mais c'est les revendications des contrôleurs que vous ne comprenez pas.
OLIVIA GRÉGOIRE
C'est le moment. Les revendications elles sont toujours légitimes, le droit de grève il est absolument légitime, le droit aux vacances et le droit à retrouver sa famille aussi, et je trouve que le moment est vraiment… C'est vraiment irresponsable de choisir ce moment-là du 24 au 25, c'était 48 heures, on n'était pas obligé de le faire là.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais vous allez nous dire dans un instant les entreprises, le tourisme même ne vont pas si mal, l'économie ne va pas si mal.
OLIVIA GRÉGOIRE
Non, elles vont bien.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais ça dit quoi cette grève du climat en ce moment, de ce climat politique, de ce moment un petit peu suspendu dans ce pays ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Ça dit que certains continuent à privilégier leur intérêt particulier versus l'intérêt général. Ça dit que par rapport à une économie qui bien sûr souffre un peu - il ne vous a pas échappé ici ni d'ailleurs aux Français qu'il y a une guerre à 3 heures et demie de Paris, d'ailleurs il n'y a même pas question de grève, il n'y a même pas question d'ailleurs de coupures d'électricité, il n'y a plus d'électricité pendant des heures et des heures en Ukraine, et les enfants sont logés dans des sacs poubelles, il faut quand même rappeler un peu la réalité des faits - donc ça dit que notre économie elle souffre en Europe, bien sûr, à cause de cette crise énergétique, mais la réalité je vous donne trois chiffres. C'est que nos entreprises se portent bien, elles sont très résistantes. Nous avons eu des entreprises et notamment des PME qui continuent d'investir : plus 8 % de crédit aux entreprises en octobre, plus 3 % de taux d'investissement de nos entreprises sur le troisième trimestre de cette année 2022 et nous avons pour les vacances de Noël, vous voyez des prédictions - enfin ce n'est pas des prédictions, c'est des chiffres plutôt encourageants – 55 % des Français veulent et normalement devraient pouvoir partir à Noël avec un budget légèrement en hausse de 35 euros : 568 euros en ménage en moyenne, et par ailleurs 7% de réservations et de taux d'occupation en plus par rapport aux années précédentes. Donc le tourisme résiste, nos PME résistent, certains ont décidé de gâcher un peu la fête.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Avec une petite musique, Olivia GRÉGOIRE, du "tout va mal".
OLIVIA GRÉGOIRE
Qui n'est pas très nouvelle. Vous avez un peu d'expérience journalistique, on est souvent un peuple préoccupé parfois angoissé, parfois à raison. Il y a aussi des difficultés. Quand vous allez aujourd'hui au supermarché, quand vous allez au marché tout simplement, vous vous rendez bien compte que les prix prennent 10, 15 % et ce n'est pas évident pour tout le monde. Donc il y a effectivement des tensions, vous avez un gouvernement qui se bat pour maintenir le pouvoir d'achat, vous avez des angoisses des entrepreneurs sur la facture d'énergie en 2023, mais vous avez au-delà de ces angoisses sur l'avenir au moment où on se parle, on termine l'année avec une économie qui résiste et une décroissance en France qui, par rapport à toute l'Europe, est une des seules à se maintenir positivement. Donc la mission d'un gouvernement, ce n'est pas d'encourager les prophéties auto-réalisatrices négatives, la mission d'un membre du gouvernement c'est de garder le sang-froid et de regarder la réalité des chiffres même si je me dois, et j'en tiens compte, de bien sûr faire très attention au ressenti des gens. Vous voyez, l'inflation en ça est un phénomène très intéressant à observer. Les gens me disent dans la rue - je fais beaucoup de déplacements – "vous dites 6 % d'inflation mais madame, ce n'est pas ce que je vis en faisant mes courses" : les Français ont raison parce que quand ils font leurs courses, c'est 12 % d'inflation dans l'alimentaire, donc la perception des gens est juste. Pour autant, notre économie résiste et je me dois de le dire.
CÉLINE ASSELOT
On va parler quand même des difficultés des entreprises notamment vis-à-vis de la facture énergétique dans un instant avec vous Olivia GRÉGOIRE. On reprend cet entretien après le fil info.
(…)
CÉLINE ASSELOT
Olivia GRÉGOIRE, ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l'Artisanat, du Tourisme. On évoquait les entreprises qui résistent, il y a un instant, mais on a aussi beaucoup d'échos de la part de commerces, je pense aux boulangeries par exemple qui sont touchées par la hausse des matières premières, par la hausse du prix de l'énergie. Les fours, à faire fonctionner ça coûte extrêmement cher, certains disent tout simplement "on ne passera pas l'hiver". Qu'est-ce que vous pouvez leur répondre et est-ce qu'il y a des aides spécifiques qui sont prévues ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Alors, déjà je suis ce sujet et surtout nos amis boulangers depuis des mois. Et je veux dire qu'entre ceux qu'on peut parfois entendre sur les plateaux, que je contacte à chaque fois, c'est important de le dire, qui parfois disent : "Tous les boulangers vont mourir, on ne va pas passer l'hiver", en réalité on est peu ici dans la prophétie qui ne se réalisera pas, et c'est tant mieux. Non, nous boulangers ne vont pas mourir.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ils ne vont pas si mal.
OLIVIA GRÉGOIRE
Nos boulangers ont des difficultés, mais on va les aider. Leur situation est particulière, vous l'avez compris et dit, parce qu'ils ont de la cuisson, ils ont pas mal de dépenses d'énergie. Parce que le beurre, le sucre, la farine, ont augmenté, effectivement la production leur coûte plus cher, et contrairement à beaucoup de commerçants, ils ont peu de marge pour augmenter les prix…
CÉLINE ASSELOT
Oui, sur des produits qui coûtent…
OLIVIA GRÉGOIRE
On sait combien c'est difficile d'envisager de monter une baguette à plus de 1,30 € ou 40. Bon. Je veux déjà dire qu'ils ont fait beaucoup d'efforts. Ils ont essayé de trouver des solutions. Ils ont augmenté le prix des viennoiseries, ils ont fait passer des petites hausses de 5 ou 10 centimes, ils se sont débrouillés depuis des mois. Et puis moi, ils sont venus moi en me disant : "Madame GRÉGOIRE, ça fait des mois qu'on se débrouille, vu la facture qu'on reçoit au mois de décembre pour l'année 23, on n'y arrivera pas, il faut faire plus". Donc moi je travaille avec les organisations professionnelles, pas uniquement avec ceux qui parfois crient au loup sur les plateaux, et parfois avec des intérêts un peu politiques derrière ; on a travaillé avec la confédération.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous pensez à qui ? Qui crie au loup ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Je ne cite jamais personne, mais je vois bien des boulangers qui parfois font un peu leur beurre sur la crise des boulangers, si vous me permettez l'expression, et j'ai à cœur de dire calmement, comme on a travaillé avec Dominique ANRACT, qui est le patron de la Confédération des boulangers. On leur met en place l'amortisseur, comme pour toutes les PME, l'année prochaine, sur la facture d'énergie, directement, juste en montrant que vous êtes une PME, c'est pas compliqué.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est quoi, un amortisseur électricité ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Exactement, c'est ce dont on parle depuis des mois. C'est à partir d'une attestation qui prouve juste que vous êtes une PME, moins de 250 salariés, vous allez voir sur votre facture d'énergie, directement prise en charge par l'État, 15 à 20 % de la facture.
CÉLINE ASSELOT
A partir du ?
OLIVIA GRÉGOIRE
1er janvier. Donc ça, je vais vous dire, on travaille beaucoup à Bercy et pendant notamment les fêtes de fin d'année, pour faire en sorte que dès la facture de janvier, ce soit inscrit noir sur blanc, - 15 ou - 20 %, pris en charge par l'État.
CÉLINE ASSELOT
Ça va coûter combien ?
OLIVIA GRÉGOIRE
On met 12 milliards d'euros sur la table. 12 milliards d'euros qui sont en partie financés par ce que nous faisons en Europe, c'est-à-dire le plafonnement du prix du mégawattheure, et donc nous captons l'argent que gagnent les énergéticiens, pour le mettre au pot, dans un pot pour nos entreprises. 12 milliards d'euros. Force est de constater que malgré cet amortisseur, on a encore certaines PME, dont la dépense en énergie représente toujours plus de 3 % du chiffre d'affaires. C'est toujours le même chiffre qui démontre si vous êtes ou pas très exposé à l'énergie. Les boulangers demeurent bien souvent encore exposés à l'énergie, après l'amortisseur. Donc nous mettons en place et nous préservons le guichet qui devait s'arrêter à la fin de l'année, sur impots.gouv.fr, pour que les boulangers et toutes les PME, parce que ça ne s'adresse pas qu'aux boulangers, parce qu'on a aussi des traiteurs qui peuvent avoir des difficultés, que les boulangers dont la dépense énergétique représente toujours plus de 3 % du chiffre d'affaires, après la prise en charge de l'État, puissent avoir une aide complémentaire.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est cumul des deux.
OLIVIA GRÉGOIRE
C'est cumul des deux. Si vous voulez, le guichet devait s'arrêter, nous cumulons les deux. Pour vous donner juste une idée, je ne prends même pas le temps d'en exemple, je ne veux pas être trop longue, ça va permettre de prendre en charge à peu près 25 % de la facture d'énergie en direct. Ça va permettre de prendre en charge 40 % de la hausse de la facture de nos PME et de nos boulangers.
CÉLINE ASSELOT
Mais ça c'est combien de jours en fait, quelle visibilité vous nous donnez ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Toute l'année 23.
CÉLINE ASSELOT
Toute l'année.
OLIVIA GRÉGOIRE
Toute l'année 23.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Olivia GRÉGOIRE, toutes ces aides, le bouclier tarifaire sur les 3 années on va dire…
OLIVIA GRÉGOIRE
Ça c'est pour les ménages.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui. Quelle est la facture globale entre les entreprises et les ménages ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Alors, très bonne question. Les ménages, le bouclier tarifaire qui nous protège en tant qu'individus…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Tous.
OLIVIA GRÉGOIRE
… à 15% de hausse l'année prochaine, c'est 110 milliards d'euros sur 3 ans.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est l'équivalent du plan de relance.
OLIVIA GRÉGOIRE
Eh bien c'est est ce que je dis. C'est un plan de relance de la consommation…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Le pays a les moyens de…
OLIVIA GRÉGOIRE
Le pays a contracté ce bouclier tarifaire, et mis en place ce bouclier tarifaire, le premier en Europe en octobre 21. Les taux étaient un peu moins élevés, donc nous avons pris cette position, les taux ont beaucoup remonté depuis, mais lorsque nous avons pris cette position, c'est que nous pouvions le faire, et c'est un choix fort du gouvernement, de la Première ministre Élisabeth BORNE, de soutenir la demande, pour que les gens continuent à aller faire leurs courses. 110 milliards qui vont directement dans le pouvoir d'achat des Français, puisqu'on prend en charge une partie de la facture d'énergie. Les entreprises, je vous ai dit, 12 milliards d'euros pour les deux dispositifs, mais il ne faudrait pas oublier que quand on a fait la ristourne carburant, nos dirigeants d'entreprise, nos indépendants, nos artisans, en ont aussi bénéficié. Il y a eu d'autres mesures un peu techniques, mais qu'ils connaissent bien, sur le GNR ou la TIFCE, qui représentent un peu plus de 30 milliards d'euros pour les entreprises. 110 et 30, on est à peu près à 140 milliards d'euros.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous ne craignez pas qu'au final on vous dise : eh bien c'était très bien ça, mais la dette publique ne cesse de gonfler ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Mais si, mais bien sûr que si, puisque les mêmes, soyons clairs, et maintenant j'ai un peu d'expérience, qui viennent me demander plus et nous demander plus à Bruno LE MAIRE, les mêmes qui nous disent "ça n'est pas suffisant", seront les mêmes qui viendront nous dire l'année prochaine "mais vous avez cramé la caisse, et vous avez gaspillé l'argent public". Donc bien sûr qu'on fait attention, et vous voyez, c'est pour ça qu'on n'a pas voulu par exemple mettre en place le bouclier tarifaire dont vous parlez, pour toutes nos PME. Parce que si on avait fait ça, d'abord c'était une hérésie au plan économique, on aurait aidé des entreprises qui n'en avaient pas besoin, ce qui est absurde, et deuxièmement, ça aurait écouté des dizaines et des dizaines et des dizaines de milliards de plus. Donc on a fait un choix qui est ciblé sur les PME qui souffrent, et notamment nos artisans. Mais on ne cède pas, par exemple, aux sirènes de la gauche ou de l'extrême gauche, qui demanderaient un bouclier tarifaire qui coûterait quasiment une centaine de milliards d'euros.
CÉLINE ASSELOT
Est-ce que vous serez aussi attentive Olivia GRÉGOIRE à l'évolution des prix ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Bien sûr.
CÉLINE ASSELOT
Parce que, si tant est que la facture énergétique à un moment, j'allais dire, baisse un peu ou que la pression soit moins forte, ce qu'évidemment tout le monde espère, est-ce que les prix vont baisser, est-ce que la baguette va repasser de 1,30 € à 1,20 € ? Pas forcément finalement.
OLIVIA GRÉGOIRE
Ce que je sais, c'est que dès qu'on va retrouver un peu d'air et dès que, pour être précis, les boulangers par exemple vont retrouver un peu de marge, parce que c'est ça le sujet, bien évidemment ils vont rebaisser, mais ça n'aura pas, ça peut prendre un peu de temps. Aujourd'hui…
CÉLINE ASSELOT
Vous savez que c'est les craintes des Français, de dire : l'inflation on la comprend aujourd'hui, mais on sait que les prix ne vont pas redescendre ensuite.
OLIVIA GRÉGOIRE
Les Français sont des gens intelligents, c'est-à-dire qui savent très bien que quand les prix augmentent, rares sont les fois où les prix baissent derrière. Donc oui on est extrêmement vigilant sur l'augmentation des prix. Moi j'ai pris des mesures, je ne suis pas restée à regarder les prix monter. Pas plus tard que la semaine dernière, sans faire une loi, sans alourdir le travail du Parlement, moi j'ai rassemblé l'ensemble des distributeurs de la grande distribution, des grandes enseignes où les Français vont faire leurs courses. J'ai rassemblé l'ensemble des représentants des PME, dans la chaîne agroalimentaire on a 20 000 PME, 250 000 salariés, et je leur ai demandé de signer un pacte de solidarité commerciale. L'ensemble de nos PME vont pouvoir faire passer la hausse des prix de l'énergie, auprès des distributeurs qui se sont engagés à passer la hausse des prix des PME. Vous voyez, on peut faire des choses pour essayer de maintenir les prix, de les contrôler. Et comme on parle souvent de ce qui ne marche pas, j'avais à cœur aussi de rappeler que parfois ça marche, et vous voyez, sans loi, sans coercition, on a réussi à aligner tous les acteurs de la grande distribution et les PME pour faire en sorte qu'il y ait plus de solidarité entre eux et qu'on maintienne les prix bas le plus longtemps possible.
CÉLINE ASSELOT
08h50, Olivia GRÉGOIRE…
OLIVIA GRÉGOIRE
Rappelons que c'est quand même l'inflation la plus faible d'Europe, je sais qu'on le répète beaucoup, mais ce n'est pas parce qu'on le répète qu'il faut l'oublier. Nous sommes à 17% aux Pays-Bas, 6,2% en France.
CÉLINE ASSELOT
Olivia GRÉGOIRE, ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l'Artisanat, du Tourisme. On se retrouve juste après le fil Info. (…)
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Olivia GRÉGOIRE, vous avez lu j'imagine dans Le Figaro ce matin l'interview croisée de Gérald DARMANIN et Olivier DUSSOPT, vos deux confrères du gouvernement sur la future loi immigration. Vous allez créer des visas métier en tension, quelle est l'idée ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Le constat est assez simple. Vous prenez par exemple le périmètre dont j'ai la charge, sur les métiers dans l'hôtellerie, les cafés et la restauration, il manque 200 000 personnes.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous diriez quoi ? Les métiers que les Français ne veulent plus faire ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Moi je suis pragmatique, il n'y a pas de jugement de valeur. Je ne sais pas s'ils ne veulent plus les faire, s'ils ne peuvent plus les faire, s'ils n'en ont plus envie. Le fait est que nos restaurateurs, nos hôteliers, nos cafés ne trouvent plus personne pour servir. Voilà, c'est un fait. Deuxième fait, services à la personne. Les jeunes enfants, nos parents âgés ont beaucoup de mal à trouver des gens pour les accompagner. 300 000 emplois à pourvoir dans les services à la personne d'ici à 2030, vous voyez.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais avec quel niveau de salaire ? Parce que la question qui est posée aujourd'hui, ce sont ces métiers que les Français ne veulent plus ?
OLIVIA GRÉGOIRE
C'est un peu plus complexe que ça parce que, vous voyez, sur l'hôtellerie et la restauration, plus 16% d'augmentation de salaire cette année. Ça n'a pas suffi à faire revenir massivement les Français vers ces métiers, donc ce sont des changements plus structurels qui dépassent la seule question des salaires. Ça correspond aussi à des envies de conditions de vie, de qualité de vie : pas forcément vouloir bosser le week-end, vouloir voir ses enfants etc Le Covid est passé par là et on a aujourd'hui, sur des pans entiers de notre économie, des métiers qui ne sont pas pourvus. Vous vous rendez compte : 200 000 plus 300 000, ce que je viens de vous dire, je vous dis que d'ici horizon 2030, c'est quasiment un demi-million de personnes qu'il va falloir trouver pour pourvoir ces métiers.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc hors frontières.
OLIVIA GRÉGOIRE
En France. C'est pour ça aussi qu'on a passé la loi sur l'assurance chômage avec Olivier DUSSOPT. 100 à 150 000 personnes aujourd'hui au chômage vont être orientées vers ces métiers sous tension avec une légère diminution de la durée d'indemnisation. Ça, c'est une réforme structurelle. Il y a aussi le plan que nous avons mis en place depuis octobre 2021. Jean CASTEX a mis en place avec Olivier DUSSOPT et Elisabeth BORNE un plan à l'époque d'un milliard d'euros pour ramener des chômeurs de longue durée, c'est du structurel. Non mais à sujet compliqué, il faut une réponse de fond, c'est ce qu'on fait avec l'assurance chômage…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous dites pragmatique.
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui mais là, je suis très pragmatique.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous entendez la droite républicaine, celle d'Eric CIOTTI ou la droite nationale, celle de Marine LE PEN disent appel d'air.
OLIVIA GRÉGOIRE
Mais très bien. Mais qu'ils blablatent sur les plateaux, c'est très bien. Nous on a un problème économique, les appels d'air et les considérations morales, qu'ils partent en vacances avec. Nous on a une compétition internationale l'année prochaine avec la Coupe du monde de rugby, des Jeux olympiques en 2024, 20 à 25 millions de touristes qui arrivent en France et il nous manque du monde.
CÉLINE ASSELOT
Olivia GRÉGOIRE, comment ça va marcher concrètement ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Donc les métiers sous tension, pour terminer juste votre question Jean-François ACHILLI, les métiers sous tension déjà arrêtons de faire peur aux Français, c'est 7, 10 000 personnes, quelques milliers de travailleurs qui sont déjà en France depuis trois ans, donc les appels d'air blabla : ils sont déjà en train de bosser en France ces gens-là bien souvent, dans des conditions pas satisfaisantes et donc ce qu'on propose c'est sur une durée limitée sur ces métiers sous tension, de les mettre en situation régulière. Les considérations morales et les jugements de valeur de Marine LE PEN qui blablate au Parlement quand on a des restaurateurs qui ont plus de risques, Jean-François ACHILLI, et oui ça me met en colère ce genre de considérations morales : nos restaurateurs ont plus de risques de fermer dans les deux ans qui viennent parce qu'ils ne trouvent pas de salariés qu'à cause de leur facture d'électricité. Alors maintenant il faut prendre le sujet à bras-le-corps, trouver des solutions et les accompagner et ne pas être dans les grandes déclarations au Parlement.
CÉLINE ASSELOT
Ça veut dire restauration, ça veut dire petite enfance, aide à la personne, bâtiment, tout ça ça fera partie des filières…
OLIVIA GRÉGOIRE
C'est l'objet de nos négociations, de nos discussions avec Olivier DUSSOPT avec lequel je travaille sur cette liste des métiers sous tension.
CÉLINE ASSELOT
Elle sera définie de quelle manière, sur quels critères ?
OLIVIA GRÉGOIRE
On est en train d'y travailler. On travaille beaucoup avec les organisations professionnelles qui savent mieux que personne quelles sont les défaillances dans leur secteur et on va continuer à y travailler en janvier. On n'a pas terminé. Moi je suis encore en train de travailler avec Olivier DUSSOPT et ses équipes sur les métiers que je lui suggère d'ajouter à la liste des métiers sous tension. Après il y a un débat au Parlement et j'espère qu'il permettra d'enrichir un peu peut-être la liste.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Olivia GRÉGOIRE, vous avez évoqué les Jeux olympiques, il en sera question demain au Conseil des ministres. Il y a un projet de loi qui arrive.
OLIVIA GRÉGOIRE
Il y a la présentation d'un projet de loi sur les jeux Olympiques.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous, votre le secteur si je puis dire, c'est l'ouverture des magasins et des commerces le dimanche dans Paris, dans la région parisienne. Vous allez l'obtenir ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Je l'espère. On la soumet au vote des parlementaires ensuite, il y a le projet de loi qui est présenté demain. Moi je m'occupe effectivement de leur proposer que, dans le cadre des Jeux olympiques, on puisse laisser la liberté à nos commerces d'ouvrir le dimanche.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Tous les commerces ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous savez que la maire de Paris n'y est pas très favorable à part quelques zones dédiées.
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui. Alors comment dire joliment ? "Souvent maire de Paris varie", puisque la maire de Paris était radicalement contre la loi Macron qui permettait l'ouverture des commerces le dimanche sous certaines conditions il y a quelques années, et puis quand on l'a votée elle s'est mise à être radicalement pour puisqu'elle s'est empressée d'offrir 12 dimanches d'ouverture aux commerçants parisiens. Donc comme on est à Noël, je vais être optimiste : j'espère qu'elle se ralliera à notre cause après le vote de la loi comme la première fois.
CÉLINE ASSELOT
Mais ça veut dire, Olivia GRÉGOIRE, que vous seriez favorable à ce que ce soit la règle tout le temps dès aujourd'hui et pas seulement réservée aux Jeux olympiques.
OLIVIA GRÉGOIRE
Moi je suis favorable à un concept qui est assez développé dans notre pays mais qu'il ne faut jamais oublier, qui est écrit sur toutes nos mairies et qui s'appelle la liberté. Je suis favorable à ce qu'on laisse un peu nos commerçants aussi se relever des années extrêmement difficiles dont ils sortent. Il ne faudrait pas oublier les Gilets jaunes, il ne faudrait pas oublier ces dimanches pendant presque deux ans où ils ont eu énormément de difficultés, il ne faudrait pas oublier pour le Covid.
CÉLINE ASSELOT
Qu'on laisse à chacun la liberté d'ouvrir ou pas le dimanche.
OLIVIA GRÉGOIRE
Je suis très favorable, et on ne me refera pas à l'âge avancé que j'ai, à la liberté d'entreprendre, à la liberté de commercer et à la liberté de choix de nos commerçants : le choix de pouvoir décider d'ouvrir le dimanche s'ils le souhaitent.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
La vie politique n'est jamais très loin, Olivia GRÉGOIRE. On vous a vue déambuler dans le Marais, dans Paris hier avec Clément BEAUNE, Marlène SCHIAPPA. Vous êtes en campagne pour 2026.
OLIVIA GRÉGOIRE
Pas du tout. Je suis aux côtés des commerçants avec deux élus de Paris : Marlène SCHIAPPA est élue à la région, Clément BEAUNE était dans sa circonscription avec la députée Clara CHASSANIOL, je ne voudrais pas l'oublier, et aller voir les commerçants, les épiceries solidaires, aller voir….
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Pas d'ambition municipale vous concernant.
OLIVIA GRÉGOIRE
Aucune ambition si ce n'est parler des factures d'électricité, et c'était l'objet d'ailleurs de l'échange que nous avons eu avec le boulanger dans le Marais et que je vais rappeler aujourd'hui pour trouver des solutions. Et puis, je vous le dis avec humour, mais il va falloir s'y habituer parce qu'on va continuer à déambuler avec Sylvain MAILLARD, avec Gilles LE GENDRE, avec les élus de Paris et c'est bien normal : on est élu de Paris et heureusement qu'on va voir nos concitoyens, nos commerçants, nos artisans, nos entreprises.
CÉLINE ASSELOT
Ce n'est pas une campagne électorale ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Non, ça s'appelle tenir son engagement d'élu de Paris, tenir son engagement de parlementaires même quand on est ministre et rester aux côtés de nos commerçants et de nos concitoyens.
CÉLINE ASSELOT
Merci Olivia GRÉGOIRE.
OLIVIA GRÉGOIRE
Merci à vous.
CÉLINE ASSELOT
Ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l'artisanat et du Tourisme.
OLIVIA GRÉGOIRE
Et bonnes fêtes.
CÉLINE ASSELOT
Belles fêtes à vous bien sûr.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 décembre 2022