Interview de Mme Élisabeth Borne, Première ministre, à France Info le 3 janvier 2023, sur la réforme des retraites, les hausses du prix de l'énergie, les tests anti covid pour les voyageurs en provenance de Chine et la grève des médecins généralistes.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Élisabeth BORNE.

ÉLISABETH BORNE
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Vous faites votre rentrée ce matin sur France Info. Les sujets ne manquent pas, la réforme des retraites qui inquiète les Français, le pouvoir d'achat, la situation à l'hôpital également. Nous avons une heure pour aborder avec vous ces sujets et bien d'autres.

SALHIA BRAKHLIA
Jusqu'à 09h, nous allons donc vous interroger avec Marc, et ensuite, ce sont les auditeurs et les téléspectateurs de France info qui prendront la parole : 0809 40 41 42, c'est le numéro du standard au prix d'un appel local. Vous pouvez appeler dès maintenant pour poser vos questions à la Première ministre à partir de 9h00.

MARC FAUVELLE
Élisabeth BORNE, on est à une semaine exactement de la présentation de la réforme des retraites. Vous recevez aujourd'hui et demain les partenaires sociaux à Matignon, dans le cadre des consultations. Ça veut dire que cette réforme n'est pas encore entièrement bouclée, que ça peut encore bouger ?

ÉLISABETH BORNE
Bonjour. Re-bonjour. Je voudrais peut-être, tout d'abord, passer un message de meilleurs vœux à tous vos auditeurs pour cette nouvelle année, dire aussi que je suis bien consciente que, avec toutes les crises que notre pays traverse, il y a beaucoup d'inquiétudes. Mais je voudrais passer aussi un message de confiance, notre économie résiste, on crée, on continue à créer des emplois, des entreprises, et par ailleurs, moi, je veux aussi dire que mon gouvernement est pleinement mobilisé pour répondre, pour protéger les Français, pour protéger leur pouvoir d'achat.

MARC FAUVELLE
On va en parler dans quelques instants, du pouvoir d'achat. Sur la réforme des retraites, est-ce que vous dites : il y a encore des détails qui peuvent changer ou même des choses importantes, ou est-ce qu'elle est déjà prête quelque part dans l'un de vos tiroirs ?

ÉLISABETH BORNE
Bien sûr, ces concertations, elles sont utiles, il y a eu des nombreuses concertations menées par le ministre du Travail, moi, j'ai aussi rencontré à plusieurs reprises les organisations patronales et syndicales. J'ai rencontré aussi les différents présidents, présidents de groupes politiques de l'Assemblée et du Sénat. Et à chaque fois, on écoute les questions, les observations, les remarques. Vous savez, une réforme des retraites, c'est beaucoup de sujets, c'est évidemment l'âge de départ à la retraite, c'est aussi – on y reviendra certainement – la situation de ceux qui ont commencé à travailler tôt, ceux qui sont dans des métiers difficiles, mais c'est tous ces sujets qu'on aborde…

SALHIA BRAKHLIA
Mais là, on est à une semaine de la présentation de cette réforme, qu'est-ce qui reste à négocier, à discuter avec les partenaires sociaux, par exemple, vous parliez à l'instant de l'âge... du report de l'âge légal, 65 ans, c'est tranché ou ce n'est pas encore tranché, à une semaine de la présentation ?

ÉLISABETH BORNE
Les discussions se continuent, elles vont se continuer aujourd'hui même, on a eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, le président de la République l'a dit, la campagne, dans la campagne présidentielle, dans la campagne des législatives, on a porté une réforme qui décale l'âge de départ à la retraite à 65 ans. Et ce n'est pas un totem…

MARC FAUVELLE
Il y avait un doute pendant la campagne, 65 ans, ce n'est pas un totem encore aujourd'hui ?

ÉLISABETH BORNE
Ça n'est pas un totem, je le redis. Il y a d'autres solutions qui peuvent permettre aussi d'atteindre, ce qui est notre objectif, l'équilibre de notre système de retraite à l'horizon 2030, donc sur tous ces sujets, on continue à discuter avec les organisations patronales et syndicales, et avec les différentes formations politiques qui sont représentées au Sénat et à l'Assemblée nationale.

MARC FAUVELLE
Sur la durée de cotisations, Élisabeth BORNE, la réforme Touraine, qui s'applique depuis des années, prévoit de la faire passer progressivement à 43 ans, 43 années de cotisations pour avoir une retraite complète. Est-ce que vous pourriez aller au-delà de 43 ans ou pas ?

ÉLISABETH BORNE
Non, je le dis très clairement…

MARC FAUVELLE
Ça n'ira pas au-delà ?

ÉLISABETH BORNE
Je le dis très clairement, nous n'irons pas au-delà des 43 années de cotisations qui sont prévues dans la réforme Touraine pour avoir une retraite à taux plein, ça veut dire que quand j'entends des gens qui vous disent : on devra travailler ou vous devrez travailler 47, 48 ans, c'est faux, personne ne devra travailler 47 ou 48 ans, nous n'irons pas au-delà des 43 ans prévus dans la réforme Touraine.

SALHIA BRAKHLIA
Un autre point qui inquiète, aujourd'hui, on peut toucher une retraite complète donc sans décote, et sans avoir tous ses trimestres à condition d'attente d'atteindre les 67 ans, est-ce que ce seuil-là, vous allez y toucher ?

ÉLISABETH BORNE
Donc ce seuil-là, nous n'y touchons pas, donc aujourd'hui, il est 5 ans après l'âge légal de départ à la retraite, cet âge, il va bouger, mais par contre, l'âge d'annulation de la décote, l'âge qui permet à quelqu'un qui n'a pas une carrière complète de partir néanmoins sans décote ne bougera pas, il restera à 67 ans, c'est important parce qu'il y a notamment beaucoup de femmes qui n'ont pas pu avoir tous leurs trimestres et qui, en travaillant jusqu'à 67 ans aujourd'hui, n'ont pas de décote sur leur retraite, et cet âge restera le même, 67 ans demain.

MARC FAUVELLE
Il y a également une autre question, qui est une nouveauté d'ailleurs de cette réforme, c'est la retraite minimum pour tous ceux qui ont une carrière complète, c'est-à-dire 43 années de cotisations, puisque vous nous dites ce matin que vous ne toucherez pas...

ÉLISABETH BORNE
Progressivement…

MARC FAUVELLE
La retraite minimum…

ÉLISABETH BORNE
... On va passer à 43 ans, comme prévu dans la réforme Touraine.

MARC FAUVELLE
La retraite minimum à 1.200 euros, est-ce qu'elle concernera uniquement les futurs retraités ou aussi les actuels ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, ma priorité, c'est, effectivement, quand on va travailler plus longtemps, tout le monde aura une meilleure retraite. Mais on est particulièrement attentif à ce minimum de pension qui concerne ceux qui ont fait une carrière complète au SMIC, et donc il sera effectivement de 85 % du SMIC, ma priorité, c'est que ce sont les actifs qui vont devoir travailler un peu plus longtemps qui bénéficient de cette revalorisation.

MARC FAUVELLE
Emmanuel MACRON, candidat, s'était engagé à ce que ça concerne également le stock, j'allais dire, enfin, le mot n'est pas très joli…

SALHIA BRAKHLIA
Les retraités actuels…

MARC FAUVELLE
Mais les retraités actuels, ça ferait 6 millions de personnes, ce n'est plus sur la table aujourd'hui ?

ÉLISABETH BORNE
Moi, je vous dis, la priorité, c'est qu'en travaillant progressivement plus longtemps…

MARC FAUVELLE
Oui, du donnant-donnant en quelque sorte…

ÉLISABETH BORNE
On ait une meilleure retraite, après, il y aura un débat, ce sera un débat, je rappelle qu'il y aura un débat sur le projet de loi, et donc, on verra, je n'ai pas de doute qu'il y aura des propositions dans ce sens...
SALHIA BRAKHLIA
Pour être tout à fait claire, Élisabeth BORNE, pour ceux qui nous écoutent, ceux qui sont actuellement à la retraite et qui touchent une retraite de moins de 1.200 euros, quand la réforme va passer, ils ne toucheront pas 1.200 euros minimum ?

ÉLISABETH BORNE
On aura ce débat à l'Assemblée et au Sénat, moi, je vous dis que la priorité, c'est pour ceux qui vont travailler davantage…

SALHIA BRAKHLIA
D'abord, les nouveaux arrivants…

ÉLISABETH BORNE
Beaucoup plus longtemps, qui puissent effectivement bénéficier de cette retraite représentant 85 % du SMIC.

MARC FAUVELLE
A partir de quand, Élisabeth BORNE, cette retraite va-t-elle entrer en vigueur ?

ÉLISABETH BORNE
Cette réforme.

MARC FAUVELLE
Cette réforme, la retraite c'est plus tard.

SALHIA BRAKHLIA
Cette réforme des retraites…

MARC FAUVELLE
La réforme, pardon.

ÉLISABETH BORNE
Donc le président de la République l'a redit à l'occasion de ses vœux, on souhaite une entrée en vigueur de la réforme à la fin de cet été.

MARC FAUVELLE
Vous le souhaitez ou ça peut encore bouger ?

ÉLISABETH BORNE
Non, non, c'est l'objectif…

MARC FAUVELLE
Ça fait partie des choses qui se discutent…

ÉLISABETH BORNE
Non, enfin, je crois que ça, ça a été dit à de nombreuses reprises, notre objectif, c'est une présentation de la réforme, que je ferai avec mon gouvernement, avec le ministre du Travail, Olivier DUSSOPT, avec le ministre de la Fonction publique, le ministre des Comptes publics le 10 janvier, donc la semaine prochaine, présentation en Conseil des ministres le 23 janvier, ensuite, il y aura un débat à l'Assemblée nationale à partir de début février, on souhaite que ce texte soit voté avant la fin du premier trimestre pour une entrée en vigueur à la fin de l'été.

MARC FAUVELLE
La réforme, elle doit s'appliquer progressivement à partir des Français nés à partir du second semestre 1961, pardon de donner votre âge, Madame la Première ministre, vous êtes née le 18 avril 1961, ça veut dire qu'à 2 mois près, vous allez y échapper ?

ÉLISABETH BORNE
Oui, enfin, je n'ai pas le projet de partir immédiatement à la retraite…

MARC FAUVELLE
Vous ne pensez pas que vous devriez donner l'exemple dans cette réforme, et dire : elle s'applique aussi à moi, puisque je vais changer la vie de millions de personnes ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, si ça ne concernait que moi, pourquoi pas, mais, voyez, ça serait une grande innovation, et je ne suis pas sûre qu'elle serait très bien perçue de faire ça rétroactivement, le texte qui sera voté à la fin du premier trimestre, on ne va pas changer des règles, on laisse quelques mois pour l'application de la réforme.

SALHIA BRAKHLIA
Non, mais on vous pose la question parce que les oppositions disent que vous avez fait exprès, et qu'en fait, vous, vous êtes épargnée avec cette réforme des retraites.

ÉLISABETH BORNE
Oui, enfin, c'est un peu ridicule, je pense que je porte une réforme des retraites, je n'ai pas décidé mon année de naissance en fonction de la réforme des retraites ni le calendrier de la réforme.

MARC FAUVELLE
Est-ce que vous envisagez dans cette réforme de toucher aussi au montant des cotisations retraites, plusieurs économistes disent : pour quelques euros de plus cotisés ou quelques dizaines d'euros de plus cotisées, on pourrait assurer la pérennité du système, et c'est un tabou, vous avez dit tout à l'heure : je n'ai pas totem sur les 65 ans, est-ce que vous en avez un sur le montant des cotisations patronales ou salariales ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, il y a clairement une ligne rouge pour nous, c'est de ne pas augmenter le coût du travail, de baisser les impôts pour les ménages et pour les entreprises, de ne pas alourdir le coût du travail, voire de réduire le coût du travail, et donc de ne pas alourdir les cotisations sociales, c'est ce qui nous a permis de créer plus d'un million d'emplois dans le précédent quinquennat, de continuer à créer des emplois, et ma priorité, vous savez, c'est le plein emploi, c'est que notre pays continue à avoir une économie forte, qui permet de créer des emplois, qui permet d'aller vers le plein emploi, donc, non, nous ne voulons pas alourdir les cotisations, nous ne voulons pas augmenter le coût du travail.

SALHIA BRAKHLIA
Élisabeth BORNE, il y a une autre réforme qui fait grincer des dents, à la surprise générale, un projet de décret du gouvernement a été dévoilé, il y a quelques jours, et il prévoit un nouveau durcissement de la réforme de l'assurance chômage, je m'explique, si le taux de chômage passe sous la barre des 6 %, les chômeurs verront leur durée d'indemnisation raccourcie de 40 %, clairement, les syndicats disent que ce n'était pas dans les négociations, et que vous les avez pris en traîtres, parce qu'en plus, le projet de décret a été dévoilé juste avant Noël, qu'est-ce que vous leur dites ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, le décret n'est pas une surprise, ça fait des mois que le ministre du Travail a des concertations avec les organisations patronales et syndicales sur un principe qu'on veut introduire pour l'assurance chômage, qui est de dire que les règles évoluent selon la situation du marché du travail…

MARC FAUVELLE
Mais pas les 40 %, ça, les syndicats disent que ce point n'avait jamais été abordé…

ÉLISABETH BORNE
... Dans la situation actuelle, on prévoit, puisqu'il y a beaucoup de tensions de recrutement, je pense que toutes les entreprises vous disent qu'elles ont des difficultés à recruter, donc on prévoit de passer d'une indemnisation de 24 mois à 18 mois, en effet, l'hypothèse, on a voulu être transparent en affichant toutes les situations et les règles qui s'appliqueraient, y compris si le taux de chômage, ce qu'on souhaite évidemment, passe en dessous de 6 %. Moi, j'entends que ce point n'a peut-être pas suffisamment fait l'objet de discussions, donc nous allons le retirer, ce troisième niveau du décret qui entrera en vigueur au 1er février, et nous remettrons ce sujet dans la concertation sur les futures règles de l'assurance chômage.

MARC FAUVELLE
C'est un retrait définitif, il n'y a pas de loup pour les syndicats qui nous écoutent ce matin, il n'est plus question de réduire de 40 % ?

ÉLISABETH BORNE
Attendez, notre intention elle est transparente, si le chômage est à moins de 6 %, alors on pense que c'est la bonne règle d'indemnisation…

SALHIA BRAKHLIA
C'est sur la table.

ÉLISABETH BORNE
Mais, dans le décret qui rentrera en vigueur le décret qui rentrer en vigueur le 1er février, comme on n'est pas à un taux de chômage de 6 %, nous retirons cette règle, nous la remettrons dans la concertation pour les futures règles de l'assurance chômage.

MARC FAUVELLE
Élisabeth BORNE, les vacances de fin d'année ont été marquées par des grèves à la SNCF, dans les transports, Emmanuel MACRON vous a demandé de travailler à un plan pour assurer la continuité des services publics en cas de conflit social, allez-vous mettre en place un service minimum à la SNCF ?

ÉLISABETH BORNE
Ce que le président de la République a demandé c'est que l'exercice du droit de grève par quelques-uns, ne pénalise pas des millions de Français, donc la réflexion et les échanges ils démarrent, ils vont démarrer évidemment avec les directions de ces entreprises, moi ce que j'attends aussi des directions de ces entreprises c'est qu'elles s'organisent pour assurer une meilleure continuité du service public.

MARC FAUVELLE
Ça veut dire quoi ça ?

ÉLISABETH BORNE
Eh bien ça peut être par exemple, vous savez moi j'ai été PDG se la RATP, quand on a des conducteurs grévistes sur une ligne de métro il peut y avoir d'autres conducteurs qui prennent le relais, il peut y avoir des cadres…

MARC FAUVELLE
Des réquisitions ?

ÉLISABETH BORNE
Non, non, des conducteurs qui prennent…

SALHIA BRAKHLIA
Des remplacements.

ÉLISABETH BORNE
Des remplacements, des cadres aussi, qui savent conduire des RER et des métros à la RATP, qui assurent une continuité du service public pour tous les Français.

SALHIA BRAKHLIA
Donc vous demandez à Jean-Pierre FARANDOU, le patron de la SNCF, de faire appel aux cadres pour conduire des trains quand il n'y a pas assez de conducteurs ?

ÉLISABETH BORNE
Moi je vous dis, les discussions, les réflexions, elles démarrent, mais par exemple c'est une bonne façon effectivement d'assurer un service minimum, d'assurer une continuité de service, et d'éviter qu'on ait des millions de Français bloqués comme ça a été le cas au moment de Noël.

MARC FAUVELLE
Là vous prenez vos précautions pour la réforme des retraites, c'est ça, au cas où il y ait un blocage du pays ?

ÉLISABETH BORNE
Honnêtement, comme vous avez pu le voir, il n'y avait pas de réforme des retraites au mois de décembre, et c'est aussi un sujet, parce qu'on s'est retrouvé dans une situation paradoxale où les organisations syndicales nous disaient "nous on n'appelle pas à la grève", et néanmoins on avait des grèves.

SALHIA BRAKHLIA
Et vous voulez aussi interdire des jours de grève comme le fait l'Italie ?

ÉLISABETH BORNE
Enfin attendez, il y a un droit constitutionnel qui protège le droit de grève, je dis simplement que dans les modalités d'exercice de ce droit de grève…

MARC FAUVELLE
Vous avez réquisitionné dans les raffineries il y a quelques semaines.

ÉLISABETH BORNE
Les modalités d'exercice de ce droit de grève, et ça concerne aussi les directions de ces entreprises, elles doivent s'organiser pour assurer la continuité du service public.

MARC FAUVELLE
On va parler dans un instant Élisabeth BORNE d'un sujet qui concerne tous les Français, c'est l'inflation, les différentes aides du gouvernement, les factures de gaz et d'électricité, les entreprises qui s'inquiètent aussi, et puis je rappelle que dans un quart d'heure ce sont les auditeurs et les téléspectateurs qui pourront vous interroger en appelant dès maintenant le standard, 0 809 40 41 42, ou alors par l'appli France info, ou alors par le site franceinfo.fr.

SALHIA BRAKHLIA
Élisabeth BORNE, le mot inflation fait partie désormais de notre quotidien, de notre vocabulaire, est-ce que vous pouvez dire aux Français quand ça va se calmer, est-ce que vous le savez, vous ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, vous savez moi je ne vais pas m'engager, je n'ai pas forcément une boule de cristal pour prévoir ce qui va se passer dans les prochaines années, ce qu'on pense c'est qu'on va avoir un pic au début de l'année et que ça devrait baisser, donc c'est sur cette base-là que sont faites nos hypothèses, d'inflation notamment, qui sont dans le budget.

SALHIA BRAKHLIA
Donc les prix vont continuer d'augmenter ?

ÉLISABETH BORNE
Enfin, comme vous le savez, on a mis en place des aides très tôt pour protéger les Français face à la flambée des prix de l'énergie, l'électricité et le gaz, c'était les boucliers tarifaires, des remises sur les carburants, ça fait que le niveau d'inflation en France, je mesure à quel point il peut être difficile à vivre pour beaucoup de Français, mais il est à 6,2 %, très en dessous de la moyenne des pays européens, et ces aides elles vont évoluer, notamment on va maintenir un bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité pour les ménages, pour la plupart des très petites entreprises et pour les plus petites communes, avec une hausse limitée à 15 % pour le gaz et l'électricité, donc c'est 15 %, sans les aides de l'État ça aurait été un doublement des factures. Je précise aussi…

MARC FAUVELLE
Ça ce sont, Élisabeth BORNE, ça ce sont les hausses de ce début d'année, 15 % pour le gaz c'est depuis avant-hier, 15 % pour l'électricité ça sera en février…

ÉLISABETH BORNE
A partir du 1er février.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il y aura d'autres hausses sur la facture de gaz ou d'électricité des Français cette année ?

ÉLISABETH BORNE
Les hausses qui sont prévues aujourd'hui c'est cette hausse de 15 %, qu'on accompagne, et je tiens à le dire, parce qu'on me dit vous savez, 15 % de hausse d'une facture d'électricité, pour un ménage qui se chauffe à l'électricité c'est 20 euros de plus par mois, ce n'est pas 175 euros comme ça l'aurait été sans bouclier tarifaire, mais c'est tout de même 20 euros, donc il y a aussi pour les ménages les plus modestes un chèque énergie exceptionnel, de 200 ou de 100 euros, selon les revenus, et qui permet vraiment de protéger les Français.

MARC FAUVELLE
Mais est-ce qu'il y aura d'autres hausses du gaz et de l'électricité cette année pour les particuliers ?

ÉLISABETH BORNE
Moi je ne sais pas ce que seront l'évolution…

MARC FAUVELLE
Le bouclier tarifaire est prévu, cette hausse-là, jusqu'à fin juin…

ÉLISABETH BORNE
Les boucliers tarifaires…

MARC FAUVELLE
Ensuite il se passe quoi ?

ÉLISABETH BORNE
On continuera…

MARC FAUVELLE
On ne le sait pas ?

ÉLISABETH BORNE
Je vais vous dire très clairement, on continuera à protéger les ménages, en particulier les ménages les plus modestes, et on maintiendra le bouclier tarifaire jusqu'à la fin de l'année.

SALHIA BRAKHLIA
Vous rappelez l'importance du bouclier tarifaire, seulement de nombreuses entreprises disent qu'elles ne s'en sortent pas malgré les aides du gouvernement, c'est le cas notamment des boulangers, un exemple dans le Nord à Bourghelles, la boulangerie a décidé de fermer en semaine, de licencier son vendeur, de se séparer de son apprenti, parce que sa facture d'électricité elle a tout simplement bondi, elle était de 1900 euros en janvier l'année dernière, elle est de 6700 euros, elle va être de 6700 euros cette année au mois de janvier, des exemples comme celui-là, Madame la Première ministre, il y en a des dizaines, qu'est-ce que vous dites à ces gérants de boulangerie, à ces boulangers ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, moi j'entends l'inquiétude, des boulangers, des entreprises, qui peuvent avoir, recevoir leurs tarifs pour l'année qui vient, et qui voient des prix qui augmentent beaucoup, c'est bien pour ça qu'on a mis en place des aides pour les entreprises. Ce que je note c'est qu'aujourd'hui peu d'entreprises se sont déjà saisies des aides qui existent, donc c'est très important…

SALHIA BRAKHLIA
Pourquoi, parce qu'elles sont méconnues ?

ÉLISABETH BORNE
Alors je pense qu'elles ne sont pas suffisamment connues, on a notre part de responsabilité, Bruno LE MAIRE reçoit tout à l'heure, aussi, les chambres de commerce et d'industrie, les chambres des métiers, il faut que tous ensemble on fasse connaître ces aides et que les entreprises se saisissent de ces aides.

MARC FAUVELLE
Les boulangers, par exemple, disent 80 % de la profession n'est pas concernée aujourd'hui par le bouclier tarifaire, on ne peut pas….

ÉLISABETH BORNE
Oui, mais donc du coup il y a d'autres aides qui sont prévues, donc il y a ce qu'on a appelé l'amortisseur électricité, donc là pour en bénéficier il faut signaler à votre fournisseur d'électricité que vous êtes une TPE qui n'a pas de bouclier tarifaire, vous êtes une PME, dans ce cas-là vous allez bénéficier automatiquement sur votre facture d'une baisse de votre facture, donc d'une baisse par rapport au prix que votre fournisseur d'électricité vous a annoncé et qui inquiète beaucoup, notamment les boulangers, vous aurez une facture qui baissera, la différence étant pris en charge par l'État, donc il y a ce premier niveau d'aide, et pour ceux pour lesquels la facture reste trop élevée il y a un deuxième niveau d'aide, qu'on peut obtenir auprès des services des impôts, au global on prend en charge, avec ces différentes aides, de l'ordre de 40 % de la hausse de la facture d'électricité.

SALHIA BRAKHLIA
Mais pourquoi, eux, ils disent : on ne s'en sort pas, malgré tout ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, je pense qu'il y a un autre point. Il y a un autre point, c'est que certaines entreprises ont, comme beaucoup de ménages, une facture lissée sur l'année, par contre, un certain nombre et sans doute la majorité, paient leurs tarifs au mois le mois. Et les tarifs, sur les premiers mois de l'année, les tarifs dits hiver, sont beaucoup plus élevés, ils ne sont pas représentatifs de ce que l'entreprise aura à payer sur l'année, mais il y a clairement un problème de trésorerie.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, on fait quoi ?

ÉLISABETH BORNE
Donc, Bruno LE MAIRE voit tout à l'heure des énergéticiens. Je leur demande clairement de permettre aux entreprises qui sont en difficultés, d'étaler le paiement des factures sur les premiers mois de l'année, et par ailleurs, de notre côté, j'annonce à ces entreprises, qu'elles pourront demander un report du paiement de leurs impôts et de leurs cotisations sociales. On pourra faire ce report pour passer ce moment difficile en termes de trésorerie. Et puis on met en place également un point d'accueil dans chaque préfecture, où les entreprises, notamment les boulangers qui sont en difficultés, auxquels ils peuvent s'adresser, et on pourra, au cas par cas, regarder comment on peut aider davantage les entreprises qui seront en difficultés. Notre objectif il est très clair, il est d'accompagner chacun, chaque artisan, chaque boulanger, en fonction de sa situation, et les situations, elles sont très différentes, donc il faut que l'on ait ces réponses adaptées au plus près de la situation des entreprises.

MARC FAUVELLE
Un mot de la situation du réseau électrique, Élisabeth BORNE. Il y a un mois, le gouvernement a expliqué qu'il était possible, si on ne faisait pas assez d'efforts, qu'il y ait des coupures cet hiver. Depuis, les Français, les industriels, tous les secteurs ont réduit leur consommation. Est-ce que vous êtes plus optimiste aujourd'hui qu'il y a un mois ? Est-ce qu'on va y échapper ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, je pense que, effectivement on a baissé de près de 10 % notre consommation d'électricité. Je pense que c'est important, parce que ça montre que quand on se mobilise tous ensemble, l'État, les collectivités, les entreprises, les citoyens, on arrive à faire baisser notre consommation d'électricité, et en effet moi je suis beaucoup plus confiante sur les semaines qui viennent, on a à la fois remis en service, et je j'en parlais encore hier avec le PDG d'EDF, des réacteurs nucléaires qui étaient à l'arrêt pour maintenance, et en même temps on a baissé notre consommation, donc je pense qu'on peut être confiant pour les prochaines semaines.

MARC FAUVELLE
Élisabeth BORNE, le nombre de cas de Covid explose ces dernières semaines en Chine, depuis la fin des restrictions sanitaires. La France fait partie des pays qui ont mis en place des tests pour les voyageurs en provenance de Chine. A l'instant, Pékin vient de réagir pour la première fois à ces tests anti-Covid sur les voyageurs chinois. "Inacceptable", dit le régime chinois, qui évoque même de possibles contre-mesures si les pays européens continuent. Est-ce que vous allez maintenir ces tests à nos frontières ou pas ?

ÉLISABETH BORNE
Ecoutez, je pense qu'on est dans notre rôle, que mon gouvernement est dans son rôle, en protégeant les Français. Et en demandant des tests effectivement, les passagers qui embarquent aujourd'hui dans un vol en provenance de Chine à destination de la France, s'engagent à accepter un test à l'arrivée, un test qui fait l'objet aussi quand il est positif, d'un séquençage. Ça nous permet d'avoir une donnée sur l'évolution du virus. On veut évidemment s'assurer qu'il n'y a pas des nouveaux variants, et on fait ça dans le respect des règles de l'Organisation mondiale de la santé, et on continuera à le faire.

SALHIA BRAKHLIA
Donc vous assumez la demande de tests pour les voyageurs chinois, c'est le cas aussi…

ÉLISABETH BORNE
Pour les voyageurs en provenance de Chine.

SALHIA BRAKHLIA
C'est le cas aussi de l'Italie, c'est le cas de l'Espagne, ce n'est pas le cas de tous les pays européens. En fait, c'est quoi, c'est le retour du chacun pour soi ?

ÉLISABETH BORNE
Non non, absolument pas. Toutes ces décisions on les a prises après une première réunion, entre tous les directeurs généraux de la santé des pays européens. On aura des réunions de concertation. En même temps, je pense que c'est important pour nos concitoyens, de savoir qu'on a mis en place, quand la Chine a changé ses règles, est passée du zéro Covid à la levée de toutes les, de tous les contrôles, et aujourd'hui permet davantage de circulation…

SALHIA BRAKHLIA
Sauf que concrètement, un voyageur qui vient de Chine, il prend l'avion jusqu'en Allemagne, il peut prendre le train pour venir en France et il n'a pas de test à l'arrivée.

ÉLISABETH BORNE
Notre objectif c'est, et je pense que tous les scientifiques sont d'accord sur ce point, c'est vraiment de pouvoir surveiller l'évolution de l'épidémie, et y compris de pouvoir faire ces séquençages du virus, quand on est testé positif, pour avoir une bonne vision de l'épidémie, des éventuelles évolutions de ce virus. C'est ça qu'on souhaite faire, et on le fait depuis dimanche.

MARC FAUVELLE
Vous avez vu Élisabeth BORNE la tension dans les hôpitaux français de ces derniers mois, malgré les efforts faits lors du premier quinquennat d'Emmanuel MACRON, malgré les augmentations de salaires décidées pour les soignants, les 12 milliards d'euros de salaire annuel qui ont été mis sur la table pour les soignants. Est-ce que vous pouvez dire aujourd'hui aux soignants qu'il y aura d'autres augmentations substantielles dans les mois ou dans les années qui viennent ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, d'abord moi je veux à nouveau rendre hommage aux soignants. J'étais dans un hôpital à Argenteuil le 31 décembre, et nos hôpitaux font face à trois épidémies simultanées, la bronchiolite, le Covid, même si ça reflue, et la grippe.

MARC FAUVELLE
Et un manque récurrent de personnel.

ÉLISABETH BORNE
Et une fois de plus, les soignants sont très mobilisés pour faire face. Donc moi, vraiment je veux leur rendre hommage. Comme vous l'avez dit, on a apporté des premières réponses dans le précédent quinquennat, avec des augmentations importantes. Si on donne des ordres de grandeur, c'est 300 € par mois de plus pour une infirmière débutante. On voit qu'on n'a pas tout réglé avec ces augmentations de salaires, qu'il y a d'autres sujets à traiter. Tous les soignants nous disent aussi, que c'est territoire par territoire qu'on doit construire des réponses, donc c'est le sens de ce que le président de la République avait demandé dans le Conseil national de la refondation, de ce qu'a mené le ministre de la Santé, plus de 200 réunions dans chaque territoire, dans les territoires…

MARC FAUVELLE
Mais sur l'argent, on est au bout, il n'y aura pas de Ségur 2.

ÉLISABETH BORNE
Mais je pense que, honnêtement, ce dont nous parlent les soignants aujourd'hui, c'est des enjeux d'organisation, c'est des enjeux, c'est de libérer du temps médical, ce qu'on peut par exemple faire en réduisant les tâches administratives, c'est aussi en proposant des assistants médicaux pour la médecine de ville. C'est un travail sur l'attractivité des métiers, pour réduire la pénibilité, c'est tout ce travail, et le président de la République aura là aussi l'occasion de s'exprimer en fin de semaine dans ses vœux aux soignants, et mon gouvernement présentera une feuille de route dans les prochaines semaines pour répondre à ces attentes, pour apporter à la fois une réponse aux soignants et aux Français qui souhaitent avoir un système de santé qui fonctionne.

SALHIA BRAKHLIA
Élisabeth BORNE, juste sur la grève des médecins généralistes qui tend aussi la situation à l'hôpital. Les médecins généralistes font une grève, ont reconduit une grève et demandent le doublement du prix de la consultation. Vous leur dites quoi ? Vous allez accéder aux demandes ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, c'est une partie des organisations qui représente les médecins, qui ont effectivement appelé à la grève. Il y a une discussion en cours entre les médecins et l'Assurance maladie. Je peux entendre qu'ils peuvent rencontrer des difficultés, qu'ils peuvent souhaiter des améliorations. Mais ça n'est vraiment pas responsable de faire grève, notamment dans une période de fêtes, où ça a augmenté les tensions sur l'hôpital. Je dis très clairement, ça n'est pas responsable.

MARC FAUVELLE
Élisabeth BORNE, vous restez avec nous. Dans 3 minutes précisément vous serez face aux auditeurs, c'est une image, face aux auditeurs et aux téléspectateurs de France Info. Je peux vous dire qu'il y a énormément de questions sur la réforme des retraites, qui visiblement inquiète, malgré ce que vous avez précisé tout à l'heure. Vous aurez la parole en nous appelant dès maintenant au 0 809… j'ai oublié le numéro Salhia…

SALHIA BRAKHLIA
0 809 40 41 42.

MARC FAUVELLE
Merci à vous. Le journal dans un instant et Élisabeth BORNE face aux auditeurs et aux téléspectateurs de France Info.

MARC FAUVELLE
Jusqu'à 9h30 Élisabeth BORNE, la Première ministre face aux auditeurs et aux téléspectateurs de France info et face à Dominique qui nous appelle de Paris, bonjour Dominique.

DOMINIQUE
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Vous êtes gérant d'entreprise, c'est ça ?

DOMINIQUE
C'est ça.

MARC FAUVELLE
Ça commence bien. Élisabeth BORNE vous écoute.

DOMINIQUE
Alors donc j'ai une question sur la réforme des retraites. Donc ma question est la suivante, donc l'information sur la légitimité de la réforme est confuse, c'est-à-dire que les syndicats affirment que le conseil d'orientation des retraites estime que la réforme n'est pas nécessaire et le gouvernement affirme que la réforme est indispensable. Donc ma question, c'est qu'est-ce que vous comptez faire pour donner aux citoyens une information qui soit objective sur la légitimité de votre projet ?

ÉLISABETH BORNE
Alors le conseil d'orientation des retraites a publié des chiffres comme il le fait chaque année qui montrent que notre système de retraite est structurellement en déficit et qu'il le sera sur les prochaines années. Je pense que ce qui est important.

MARC FAUVELLE
Pas indéfiniment.

ÉLISABETH BORNE
Enfin qui le sera à partir de 2070 moi les hypothèses, on pourra en reparler d'ici là. Mais ce système, il est déficitaire, pourquoi ? Ce qu'on veut faire nous c'est préserver notre système de retraite par répartition qui est au cœur de notre modèle social. Un système de retraite par répartition, c'est un système dans lequel les actifs financent les pensions des retraités.

MARC FAUVELLE
Je vais me faire le porte-parole d'une partie des auditeurs Élisabeth BORNE, le gouvernement sur ce point a beaucoup changé d'avis, vous avez expliqué pendant des mois que c'était pour assurer l'avenir du système des retraites et Emmanuel MACRON lui-même dans ses vœux il y a quelques jours a dit, c'est aussi pour l'armée, c'est aussi pour financer l'école, ce qui n'est pas la même chose.

ÉLISABETH BORNE
Alors attendez, je termine, un système de retraite par répartition, ce sont donc les actifs qui financent les pensions des retraités. On vit de plus en plus longtemps, donc le nombre d'actifs rapporté au nombre de retraités ne cesse de baisser. En 2005 on avait deux actifs pour un retraité, aujourd'hui on a 1,7 actif pour un retraité, demain on aura 1,5 actif pour un retraité. On voit bien, ceux qui disent qu'on peut ne rien faire, voire qu'on peut ramener l'âge de départ à la retraite à 60 ans ne disent pas la vérité aux Français. Si on veut préserver notre système de retraite, si on ne veut pas laisser une dette sur le dos des générations futures, si on ne veut pas baisser les pensions alors il faut progressivement travailler plus longtemps. Et pour qu'il n'y ait pas de confusion, évidement les économies qu'on devra faire et les recettes supplémentaires qu'on aura…

MARC FAUVELLE
Serviront aussi à autre chose.

ÉLISABETH BORNE
Non.

MARC FAUVELLE
Non ?

ÉLISABETH BORNE
Absolument pas, non mais attendez, on a un système qui est en déficit, on a un système qui est en déficit donc il s'agit de le ramener à l'équilibre, donc on ne va pas prendre… il n'y a de l'argent en plus.

MARC FAUVELLE
Tous les efforts des Français serviront uniquement aux retraites.

ÉLISABETH BORNE
Tous les efforts, enfin tous les efforts, oui tous les efforts serviront à financer les retraites.

MARC FAUVELLE
C'est pus clair comme ça.

ÉLISABETH BORNE
Par ailleurs si on va vers le plein emploi, ce qui est au cœur de notre projet, alors il y aura d'autres recettes, des impôts, des cotisations sociales, d'autres types de cotisations sociales qui pourront financer d'autres politiques, mais il faut être très clair le système est en déficit, tout ce qu'on demande comme effort aux Français servira à financer le système de retraite.

SALHIA BRAKHLIA
Bonjour Georges.

GEORGES
Oui.

SALHIA BRAKHLIA
Vous nous appelez du Pas-de-Calais et vous aussi vous avez une question sur la réforme des retraites pour la Première ministre.

GEORGES
Oui bonjour Madame.

ÉLISABETH BORNE
Bonjour Monsieur.

GEORGES
Je suis donc directeur d'école en fin de carrière, PPCR a introduit des nouvelles modalités salariales et donc je vais moi travailler un peu plus longtemps si je comprends tout, je vais donc vous coûter beaucoup, beaucoup plus cher, c'est-à-dire que chaque année, je vais prendre un échelon à 200 euros, c'est les échelons de la classe exceptionnelle spéciale et donc je ne comprends pas où est l'économie pour l'Etat dans le fait que vous allez me payer beaucoup plus cher et que quand je partirai en retraite donc un petit peu plus tard j'en garderai près de 80 % puisque j'ai commencé à travailler à 19 ans. Voilà expliquez-moi juste ça parce que c'est quelque chose que je ne comprends pas.

MARC FAUVELLE
Mettez-moi à la retraite et faites des économies, et faites des économies, dit Georges, Élisabeth BORNE.

GEORGES
C'est un peu ça, c'est un peu ça.

ÉLISABETH BORNE
Bon, moi, je ne connais pas suffisamment votre situation pour répondre précisément donc à votre cas personnel, ce que je peux vous dire, c'est qu'on a en France une part des seniors qui travaillent, dans la tranche 60-64 ans, qui est de l'ordre d'un tiers, c'est plus du double chez nos voisins en Europe, on voit bien qu'on se prive de créer de la richesse, on a des dépenses en plus, et si les gens travaillent un peu plus longtemps, mais sans doute, ils ont aussi des meilleurs salaires, et donc demain, une meilleure retraite, mais c'est ce qui permet d'assurer l'équilibre du système, on voit bien que ça crée forcément un déséquilibre dans le système, si on a deux tiers des Français qui ne travaillent pas pendant que c'est moins de la moitié des Allemands qui ne travaillent pas, voyez.

MARC FAUVELLE
Nathalie nous appelle de Bordeaux. Bonjour Nathalie.

NATHALIE
Bonjour Madame BORNE. Je suis très honorée de vous parler.

ÉLISABETH BORNE
Bonjour.

NATHALIE
Je vous souhaite mes meilleurs vœux pour cette année qui va être très compliquée, je crois. Moi, je…

ÉLISABETH BORNE
Tous mes vœux, Madame…

NATHALIE
Merci. Moi, je suis médecin urgentiste, je ne souhaite pas vous interroger là-dessus, je souhaite essayer de comprendre auprès de vous pourquoi en France, dans un pays comme la France, ce système de mise en place de la retraite à 60, à plus de 65 ans, bloque à ce point-là, alors que dans tous les autres pays, tous les autres pays ont adopté 65, 67, voire 69, pourquoi un pays comme la France dit non de façon aussi catégorique ? Moi, j'ai 54 ans, je ne souhaite qu'une chose, c'est bosser jusqu'à 70 ans, si je peux. Je ne comprends pas pourquoi les Français refusent…

MARC FAUVELLE
On en a trouvé une, Élisabeth BORNE, pardon.

NATHALIE
Voilà, je voudrais que vous m'expliquiez ça, si vous pouvez, je ne comprends pas, pour moi, c'est 2 et 2 égale 5, de savoir que dans un pays comme la France, on refuse à ce point-là de continuer à travailler si on peut.

ÉLISABETH BORNE
Oui, en fait, je pense qu'il y a un point important d'abord, c'est qu'on n'est pas tous égaux devant le travail, et qu'une réforme des retraites, elle doit être juste, donc elle doit tenir compte de la situation de ceux qui ont commencé à travailler parfois très tôt, et de la situation de ceux qui ont des métiers difficiles, qui vont générer de l'usure professionnelle, qui doivent pouvoir partir plus tôt. Ensuite, je pense qu'on a certainement insuffisamment travaillé au sein des entreprises sur l'attractivité du travail, sur les conditions de vie au travail, sur la formation des salariés, sur le fait de leur proposer aussi des évolutions professionnelles, des parcours professionnels intéressants, et donc, c'est pour ça que quand on aborde cette question de la réforme des retraites, il y a aussi tout un volet sur le maintien dans l'emploi des seniors, le fait de redonner toute leur place aux seniors dans les entreprises. Et je pense que c'est la responsabilité aussi des employeurs, avec les organisations syndicales, de travailler à l'attractivité des métiers, je vous dis, à la qualité de vie au travail, et donc, à l'envie que les Français peuvent avoir de continuer à travailler.

SALHIA BRAKHLIA
Direction la Meurthe-et-Moselle où Myriam nous attend au standard de France Info. Bonjour Myriam.

MYRIAM
Bonjour. Bonjour Madame BORNE, bonjour à tous.

ÉLISABETH BORNE
Bonjour Madame.

MYRIAM
Je suis salariée du secteur privé, j'ai 51 ans, et j'ai une carrière complète, ma question concerne la réforme des retraites et l'allongement de la durée de cotisations, moi, je me pose la question, pourquoi vous ne réfléchissez pas dans le sens à mettre plus de personnes en activité, vous venez de dire que de moins en moins de cotisants pour payer les retraites, mais alors qu'on sait déjà que 40 % à peu près des personnes de plus de 57 ans ne sont plus en activité, et de façon générale, comment on peut faire pour augmenter le nombre de cotisants, par exemple, en réduisant les avantages du chômage ou la durée du chômage, et faire travailler plus de personnes, parce qu'on incite toujours ceux qui travaillent déjà à cotiser encore plus, quoi, alors qu'il y a beaucoup de personnes qui ne travaillent pas…

SALHIA BRAKHLIA
Il y a un point sur l'emploi des seniors en fait…

MYRIAM
Oui.

ÉLISABETH BORNE
En fait, on agit sur tous ces sujets, on agit à la fois pour faciliter l'entrée des jeunes dans la vie professionnelle, vous savez qu'on se caractérise en France par un taux d'emploi des jeunes qui est plus bas qu'ailleurs, et un taux d'emploi des seniors qui est plus bas qu'ailleurs, donc il faut agir à la fois pour faciliter l'entrée dans la vie professionnelle des jeunes, c'est tout ce qu'on a pu faire dans le précédent quinquennat, en développant par exemple l'apprentissage, on doit être à plus de 800.000 apprentis sur l'année 2022, on a le Contrat d'Engagement Jeune, pour accompagner les jeunes, pour qu'ils rentrent plus facilement dans la vie professionnelle, et donc, pour augmenter la part des jeunes qui ont un travail, on agit aussi sur le maintien dans l'emploi des seniors, je l'ai dit, c'est un des chantiers de la réforme des retraites d'améliorer, enfin, de s'assurer qu'on donne toute leur place aux seniors dans les entreprises, vous savez qu'il y a bien souvent…

SALHIA BRAKHLIA
Comment obliger à les garder après 55 ans ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, enfin, précisément, ça fait partie des discussions qui vont se continuer aujourd'hui même avec les organisations patronales et syndicales, on souhaite que les entreprises s'engagent à former leurs seniors, à ne pas les faire partir par anticipation, et c'est tout le sens aussi de l'index qu'on veut mettre en place, qui donnera une image de la politique que l'entreprise…

MARC FAUVELLE
Le MEDEF ne veut pas…

ÉLISABETH BORNE
Eh bien, je pense que c'est important d'avoir une image de la politique de l'entreprise vis-à-vis des seniors, et puis, Madame, vous l'avez sans doute entendu aussi, on agit aussi sur les règles de l'assurance chômage pour s'assurer que quand on est dans une situation favorable du marché du travail, eh bien, effectivement, on incite les demandeurs d'emploi à retourner vers l'emploi, naturellement, en les accompagnant et en les formant.

MARC FAUVELLE
Question de Nathan, qui nous a écrit depuis le Calvados sur franceinfo.fr, Madame la Première ministre, pourquoi ne pas procéder par référendum, tiens, pour cette réforme des retraites ?

ÉLISABETH BORNE
Oui, moi, j'entends cette question, mais vous savez…

MARC FAUVELLE
Comme ça, vous économisez des 49.3.

ÉLISABETH BORNE
Alors, d'abord, je vais vous dire, mon objectif, c'est évidemment comme sur tous les textes que mon gouvernement a présentés, de trouver un compromis, et vous me donnez l'occasion de le dire, il y a 10 textes qui ont été votés depuis l'installation de cette nouvelle assemblée…

MARC FAUVELLE
Il ne vous reste plus qu'un seul joker…

ÉLISABETH BORNE
Non, attendez, il y a 10 textes qui ont été votés, seuls 2 ont été adoptés avec un recours au 49.3, 2 textes très particuliers, les textes financiers, sur lesquels les oppositions nous avaient dit que : quel que soit le contenu, elles voteraient contre. Donc mon objectif, c'est, sur la réforme des retraites, comme sur les autres textes, de trouver un compromis avec les différentes forces politiques…

SALHIA BRAKHLIA
Avec la droite en particulier ?

ÉLISABETH BORNE
Avec ceux qui voudront bien s'associer effectivement à cette réforme des retraites qu'on souhaite juste, équilibrée et qui nous permette de ramener et de préserver notre système de retraite.

MARC FAUVELLE
Référendum ou pas…

ÉLISABETH BORNE
Donc sur le référendum, je pense que ce qu'il faut avoir en tête, c'est qu'une réforme des retraites, ce n'est pas oui, non, ce n'est pas un sujet, ce sont de très nombreux sujets…

MARC FAUVELLE
On a bien fait voter les Français, et on a bien voté, il y a quelques années, pour un traité constitutionnel d'un millier de pages européen…

ÉLISABETH BORNE
Je pense que c'est important, moi, je crois beaucoup au travail parlementaire, il va y avoir une réforme que je présenterai, je l'ai dit, le 10 janvier, qui fera l'objet d'un texte en Conseil des ministres le 23 janvier, et ensuite, il y aura un débat parlementaire, et moi, je suis certaine que les parlementaires auront à cœur d'améliorer aussi la réforme, donc ça sera effectivement une réforme adoptée dans un débat au Parlement.

SALHIA BRAKHLIA
Vous jouez votre place, là, Élisabeth BORNE, avec cette réforme des retraites ?

ÉLISABETH BORNE
Écoutez, je ne me pose pas la question dans ces termes, moi, je suis convaincue…

MARC FAUVELLE
Et vous ne dites pas non, non plus…

ÉLISABETH BORNE
Je suis convaincue que notre pays a besoin d'une réforme des retraites, pour moi, voyez, moi, je ne me résigne pas…

SALHIA BRAKHLIA
Clairement, si ça plante, vous partez ?

ÉLISABETH BORNE
Écoutez, je vous dis, je ne vous répondrai pas dans ces termes-là. Moi, je suis dans ces fonctions pour porter des réformes justes pour les Français, c'est la réforme des retraites, c'est la transition écologique, c'est la refondation de nos services publics, je suis à ma tâche, et je ne raisonne pas comme ça.

MARC FAUVELLE
0809 40 41 42, le standard de France Info, Julien patiente depuis quelques minutes. Bonjour Julien.

JULIEN
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Vous nous appelez de Meudon, c'est ça, en région parisienne.

JULIEN
Exactement.

MARC FAUVELLE
Élisabeth BORNE vous écoute, et nous aussi.

JULIEN
Bonjour Madame la Ministre. Mais en fait…

ÉLISABETH BORNE
Bonjour Monsieur…

MARC FAUVELLE
Première ministre, Première…

SALHIA BRAKHLIA
Oui, Première maintenant.

JULIEN
Oui, Première, excusez-moi, excusez-moi. J'ai une question donc concernant la désertification médicale, concernant le fait qu'en fait aujourd'hui, je vois plein de régions dans lesquelles les médecins ne viennent plus s'installer, et une de mes questions est toute simple, c'est pourquoi ne pas envisager une affectation par site au niveau des études de médecine, c'est-à-dire au même titre que ceux des ingénieurs militaires, par exemple, on leur donne la possibilité, soit, de faire une carrière civile, et auquel cas, ils assument l'endroit où ils vont travailler, et quels types de métiers ils vont effectuer, pourquoi les médecins ne seraient pas soumis au même statut.

MARC FAUVELLE
Donc obliger les étudiants en médecine à partir travailler dans des déserts médicaux, c'est ça ?

JULIEN
Exactement. Et pour ma part, je vois plein de maisons de santé qui s'établissent à différents endroits, qui sont souvent peuplées les premiers mois et puis qui voient leurs médecins partir. Et aujourd'hui, ce que je ne comprends pas, c'est qu'on n'établisse pas un système d'affectation par site, pour les médecins généralistes.

MARC FAUVELLE
Élisabeth BORNE.

ÉLISABETH BORNE
Alors, je pense, je vous invite à en discuter avec des étudiants en médecine. Qu'il faille recourir à des obligations, moi je ne pense pas. Qu'il faille par contre créer toutes les conditions pour que des étudiants puissent par exemple, et c'est ce qu'on va faire avec une 4e année pour l'internat des médecins généralistes, qu'on leur donne l'occasion d'aller exercer dans un territoire où on manque de médecins, qui puissent être accueillis dans des maisons pluridisciplinaires de santé, qu'on facilite leur installation, ça je pense que c'est effectivement la bonne voie, et c'est ce qu'on va faire, c'est ce que le ministre de la Santé va faire, de faciliter, en lien évidemment avec les élus, avec les professions médicales qui existent dans un territoire, l'installation des nouveaux médecins dans ces territoires. Mais ce sujet des déserts médicaux, je sais qu'il inquiète énormément les Français, c'est pour ça que l'on a mené toutes ces concertations, parce que les situations sont différentes et donc les réponses sont différentes d'un territoire à l'autre, mais je le disais, on présentera une feuille de route sur toutes les mesures qu'on peut prendre pour assurer à chaque Français, notamment ceux qui ont des maladies chroniques, qui peuvent évidemment avoir accès à un médecin traitant, et organiser au mieux la complémentarité entre les différents professionnels de santé, le médecin, le pharmacien, le kiné, les infirmières, pour apporter le meilleur service et apporter une réponse en termes de santé, dans tous les territoires.

SALHIA BRAKHLI
Fabien nous appelle de Rennes. Bonjour Fabien. Votre question à la Première ministre.

FABIEN
Bonjour Madame la Première ministre.

ÉLISABETH BORNE
Bonjour monsieur.

FABIEN
Je souhaitais vous interroger sur la situation donc des hôpitaux aujourd'hui, puisque bon, tout le monde le sait, au vu de l'actualité, qu'il y a un problème notamment de sous effectifs chroniques dans les hôpitaux. Et alors ma première question elle est sur le fait que l'on a vraiment l'impression que le gouvernement donne des mesurettes si je puis dire, et que le la situation depuis un an et demi n'est toujours pas réglée et il n'y a pas de véritable plan Marshall mis en œuvre au sein des hôpitaux. Je ne suis pas du tout dans le milieu hospitalier pour ma part, mais c'est un constat que je fais, et je me pose des questions pour le futur de l'hôpital, tant qu'à la situation va se dégrader, et j'ai peur que dans un futur mes enfants ne pourront même plus aller se faire soigner correctement, parce que l'hôpital sera tellement tombé en désuétude, que…

MARC FAUVELLE
Vous l'entendez, Élisabeth BORNE, cette inquiétude-là ? "J'ai peur d'envoyer mes enfants se faire soigner à l'hôpital".

ÉLISABETH BORNE
Enfin, là, enfin je peux vous assurer que les soignants dans les hôpitaux, ils sont vraiment très mobilisés pour apporter…

MARC FAUVELLE
Mais ça, personne n'en doute, la question elle est vraiment sur les moyens humains et financiers.

ÉLISABETH BORNE
Mais, la question que pose monsieur, c'est comment on arrive à sortir de ces difficultés. On a eu la crise du Covid, on voit qu'on est confronté à plusieurs épidémies en même temps, et moi je vois bien qu'on a des soignants en face de nous qui sont épuisés. Donc on n'a pas pris des mesurettes, monsieur, je pense que c'est pas forcément le terme que j'emploierais, quand on a effectivement investi 12 milliards d'euros pour améliorer la rémunération des personnels soignants, de ceux qui sont dans l'accompagnement, dans le précédent quinquennat, mais on voit que finalement ça ne suffit pas, et qu'il y a très certainement des mesures à prendre sur l'attractivité de ces métiers. Je le disais, mon gouvernement travaille, plusieurs ministères y travaillent, à un plan sur l'attractivité de ces métiers. Il y a vraiment des enjeux de conditions de travail, des enjeux de conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée. Il faut de l'attention tension à ces personnels soignants qui peuvent être fatigués, qui ont aussi des contraintes de vie personnelle, et donc c'est la feuille de route que le ministre pourra présenter dans quelques semaines.

MARC FAUVELLE
Noa nous attend au standard. Bonjour Noa.

NOA
Bonjour.

MARC FAUVELLE
18 ans, étudiante en communication. C'est ça ?

NOA
Oui.

MARC FAUVELLE
On écoute votre question.

NOA, ÉTUDIANTE EN COMMUNICATION – HAUTS DE SEINE
Merci beaucoup de me laisser la parole. Bonjour Madame la Première ministre, bonne année.

ÉLISABETH BORNE
Bonjour, bonne année à vous.

NOA
Merci. Ma question concerne le dispositif d'aide qui concerne donc les factures d'électricité des boulangers. Et je voulais savoir : est-ce que cette aide mise en place par le ministre Bruno LE MAIRE, va aussi concerner les restaurants, les bars et les cafés, qui ont eux aussi du mal à payer leurs factures d'électricité, de gaz etc., et qui décident donc, soit de payer en retard leurs factures et leurs employés, ou bien qui décident de fermer ? Et dernière petite question : est-ce que par hasard vous prenez les stagiaires en communication ?

MARC FAUVELLE
Ah !

SALHIA BRAKHLI
C'est bien. C'est bien d'y avoir pensé.

MARC FAUVELLE
Si on peut glisser un CV au passage…

ÉLISABETH BORNE
C'est bien vu.

MARC FAUVELLE
Au-delà des boulangers – le CV vous verrez hors antenne – au-delà des boulangers, Élisabeth BORNE ?

ÉLISABETH BORNE
En fait, toutes les entreprises peuvent avoir accès à des aides pour payer leurs factures d'énergie. Il y a, la plupart des très petites entreprises qui ont accès au bouclier tarifaire, pour les TPE PME il y a l'amortisseur électricité qui est une baisse directe sur la facture, et pour ces entreprises si ça ne suffit pas, et les plus grosses entreprises, il y a un guichet qui est au service des impôts, qui accompagne les entreprises, et grosso modo moi je le redis, on peut prendre en charge pour les TPE PME, jusqu'à 40 % de la hausse de la facture d'électricité.

MARC FAUVELLE
Mais vous avez vu qu'un grand groupe comme WILLIAM SAURIN vient de mettre 800 personnes en chômage partiel, parce que ses factures énergétiques sont trop élevées, il s'agit de faire chauffer les boîtes de conserve avant de les refermer tout simplement. Le groupe dit : aujourd'hui c'est plus simple de fermer mes usines que de payer mes salariés, à ce prix-là, à ces tarifs-là, électriques. Vous nous dites, comme pour les boulangers, le dispositif existe, il est simplement mal connu.

ÉLISABETH BORNE
Alors, moi j'ai vu en effet que cette entreprise a décidé de mettre je crois 4 sites sur 8 en activité partielle. Evidemment moi je ne le regrette. Elle sera reçue cet après-midi au ministère de l'Industrie, pour qu'on regarde avec elle, quelle est la situation de sa facture d'énergie et comment on peut l'accompagner avec les aides. Moi je le redis, toutes les entreprises peuvent s'adresser, soit pour les petites entreprises, je disais dans le point d'accueil qui va être mis en place dans chacune des préfectures, les situations des plus grosses entreprises seront traitées au niveau du ministère, mais vraiment, pour chaque entreprise nous voulons apporter une réponse.

SALHIA BRAKHLIA
Aurélien a 31 ans et il est agent administratif, il nous attend, il nous appelle du Bas-Rhin, bonjour Aurélien.

AURÉLIEN
Bonjour, bonjour Madame la Première ministre.

ÉLISABETH BORNE
Bonjour Monsieur.

AURÉLIEN
Meilleurs vœux tout d'abord pour cette nouvelle année.

ÉLISABETH BORNE
Tous mes vœux.

AURÉLIEN
Moi j'ai une question concernant l'aide sur le carburant, qui a pris fin au 31 décembre dernier, et avec une nouvelle aide qui est mise en place en 2023, notamment un chèque carburant, qui est plafonné à 1314 euros pour une personne seule, est-ce que ça veut dire que quand on gagne 1480 euros par mois net on est considéré comme une personne plutôt aisée pour le gouvernement puisqu'on n'a pas le droit à cette aide ?

ÉLISABETH BORNE
Alors, en effet, dans la suite de la remise carburant qui a existé jusqu'au 31 décembre on met en place une indemnité carburant travailleur, donc on recentre les aides sur les carburants sur ceux qui ont besoin de leur voiture pour aller au travail. Ça concerne tous les ménages, en fait les 50 % de ménages les plus modestes…

MARC FAUVELLE
Mais uniquement ceux qui travaillent, par exemple une famille de chômeurs, ou un père, ou une mère, qui élève seul ses enfants, qui n'a pas de travail, qui doit aller les chercher à l'école n'y a pas le droit.

ÉLISABETH BORNE
Alors, quelqu'un qui est demandeur d'emploi a droit à des aides spécifiques qui sont mises en place par Pôle emploi, mais effectivement…

MARC FAUVELLE
Pas pour aller chercher les enfants à l'école.

ÉLISABETH BORNE
Mais vous savez, enfin on a aussi entendu des critiques sur le fait qu'on finançait massivement des énergies fossiles avec nos remises carburant, pour ces raisons, et aussi parce qu'on doit aussi tenir compte de l'équilibre de notre budget, on resserre les aides sur ceux qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler, mais c'est la moitié des ménages, c'est 10 millions de ménages qui pourront bénéficier de cette indemnité carburant travailleur.

MARC FAUVELLE
On part du côté de la Drôme où nous attend Eric, 58 ans, bonjour Éric, on vous écoute.

ÉRIC
Oui, bonjour Madame BORNE.

ÉLISABETH BORNE
Bonjour Monsieur.

ÉRIC
Ma question est simple, qu'est-ce que vous prévoyez pour les gens qui sont nés après 61 et qui seront au chômage l'an prochain, parce qu'il va y avoir un effet de ciseau, c'est des gens qui vont voir leur retraite reculer et leur durée d'indemnité chômage réduite, donc qui vont se retrouver plusieurs mois, voire une année ou deux, sans aucun revenu, aucun, même pas le RSA, puisque les gens qui sont mariés, qui sont propriétaires, qui ont un peu des économies, devront les dépenser pour survivre ?

MARC FAUVELLE
Pour les chômeurs actuels qui vont être les premiers concernés par la réforme.

ÉLISABETH BORNE
Enfin…

SALHIA BRAKHLIA
Ceux qui sont nés après 61.

ÉLISABETH BORNE
Moi mon projet pour les demandeurs d'emploi dans une situation où on a énormément de tension sur le marché du travail c'est de les accompagner pour qu'ils puissent retrouver un emploi.

MARC FAUVELLE
Eric pardon, c'est votre cas, vous êtes au chômage en ce moment, c'est ça

ÉRIC
Je serai au chômage l'année prochaine, je suis licencié économique d'une société qui faisait 5 milliards de bénéfice, validé par… de Madame BORNE, je serai au chômage, j'ai déjà envoyé énormément de CV dans la nature, je n'ai reçu aucune réponse, je pense que mon seul crime c'est d'avoir 58 ans.

ÉLISABETH BORNE
Enfin, moi je le redis, quand on engage ces concertations sur la réforme des retraites avec les organisations patronales et syndicales, notre objectif c'est aussi que les seniors en entreprise soient davantage, que leur situation soit mieux prise en compte, qu'on se préoccupe davantage de les maintenir dans l'emploi. Moi je ne peux pas me satisfaire d'avoir des entreprises, souvent des grandes entreprises, qui font partir les seniors, souvent à 59 ans, c'est votre cas Monsieur si je comprends bien, avec l'idée que la personne pourra être au chômage pendant trois ans avant de prendre sa retraite, je pense que ces pratiques-là elles doivent évoluer et c'est bien le sens, aussi, de ce volet sur le maintien dans l'emploi des seniors, sur les concertations qu'on est en train de mener avec les organisations patronales et syndicales, pour qu'on donne une autre place aux seniors en entreprise. Sur votre situation en particulier, Monsieur, peut-être qu'on pourra regarder hors antenne.

MARC FAUVELLE
Merci à vous. Pardon à toutes les auditrices, tous les auditeurs, qu'on n'a pas eu le temps de prendre, qui ont patienté parfois longuement au standard de France Info, merci à tous, il y a eu des dizaines et des dizaines d'autres questions sur les retraites, preuve, Élisabeth BORNE, qu'il y a encore beaucoup de points sans doute qui inquiètent. Je rappelle ce que vous nous avez dit ce matin sur les retraites, les 65 ans ce n'est pas forcément un totem, il faut comprendre que ça pourrait être 64 aussi, la durée de cotisation, on n'ira pas au-delà de 43 ans, ce qui est déjà prévu par la réforme Touraine d'il y a une dizaine d'années, pas touche à l'âge de 67 ans, qui est l'âge qui permet de toucher sa retraite à taux plein, pour le reste il faudra patienter encore une petite semaine. J'ajoute cette autre information que vous nous avez donnée, cette fois sur la réforme de l'assurance chômage, le décret qui prévoit de raboter la durée de 40 % des chômeurs quand le chômage est sous les 6 % est à la poubelle ce matin. Merci beaucoup – ça c'est moi qui l'ajoute – merci beaucoup Élisabeth BORNE, bonne journée à vous


source : Service d'information du Gouvernement, le 3 janvier 2023