Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
Olivia GRÉGOIRE est votre invitée ce matin.
LAURENCE FERRARI
Bonjour Madame la ministre.
OLIVIA GRÉGOIRE
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans La Matinale de CNews. Votre parole est très attendue parce que les boulangers sont en état d'alerte, peut-être pas l'ensemble de la profession mais au moins 10 000 d'entre eux sont vraiment dans une situation extrêmement compliquée face à la hausse de leur facture d'énergie et puis la hausse des matières premières : œufs, beurre, amandes, on est en pleine galette des rois. Pourquoi est-ce qu'il vous a fallu autant de temps pour réaliser que certains d'entre eux sont dans une situation catastrophique ? Ils témoignent tous les jours sur les plateaux de CNews, ils disent : la facture a été multipliée par 2, 3, 5, 10 parfois 22. Est-ce que les mesures que vous avez annoncées hier sont de nature à aider ces boulangers en danger de mort ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Il y a plusieurs questions et j'ai à cœur de vous répondre précisément. La dernière question que vous posez : est-ce que les aides sont de nature à aider nos boulangers qui sont dans une situation très difficile, on va y revenir, oui. Pourquoi autant de temps ? Je ne peux pas décemment laisser dire que j'aurais attendu gentiment que la crise s'envenime. Ça fait plusieurs mois, depuis en l'occurrence le mois de septembre, que chaque mois voire chaque semaine nous travaillons avec la confédération des boulangers, avec les acteurs boulangers, avec les chambres des métiers, avec les artisans pour mettre en place des aides. Vous voyez, il y avait quand je suis arrivé un guichet qui était un peu compliqué. Qu'est-ce que j'ai fait avec Bruno LE MAIRE dès cet été ? On l'a simplifié et on a amplifié les aides puisque maintenant on a deux dispositifs qui se complètent pour prendre en charge jusqu'à 40 % de la facture.
LAURENCE FERRARI
D'accord. Et quand la facture elle explose de 10 ou 20 fois, ça ne suffit pas.
OLIVIA GRÉGOIRE
Alors on va être très clair et c'est aussi l'objet du message ce matin. Pour des factures qui feraient fois 10 ou fois 22 à l'aune de l'exemple que vous donnez, on est là sur des montants qui sont absolument exorbitants, qui sont démentiels et qui sont - je pèse mes mots – irresponsables. C'est pourquoi Bruno LE MAIRE et moi-même avons réuni hier tout au long de la journée bien sûr les acteurs boulangers, mais aussi les fournisseurs d'énergie pour leur rappeler déjà les engagements qu'ils avaient pris avec nous.
LAURENCE FERRARI
Une charte.
OLIVIA GRÉGOIRE
Tout à fait, une charte. C'est un texte basiquement qui a été signé, c'est un engagement. Et un engagement on le respecte et on tient sa parole.
LAURENCE FERRARI
Avec des mesures contraignantes à la clé ou pas ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Avec des mesures obligatoires qui sont de proposer déjà, ce qui n'était pas le cas - souvenez-vous à l'automne : on avait ce problème de boulangers qui n'avaient pas de contrats qui ne leur avaient pas été proposés - on avait un problème de contrats qui n'étaient pas proposés à nos petites entreprises. Ça s'est amélioré au cours de l'automne et puis on les a revus hier pour leur dire que nous avions, que j'avais très simplement sur mon bureau des cas comme ceux que vous citez, de fois 10, fois 12, fois 22 qui n'étaient pas possibles à tenir, surtout dans un contexte où les prix baissent un peu en ce moment sur le prix de l'énergie, de l'électricité et du gaz. Nous avons donc demandé aux fournisseurs, pour ces cas exceptionnels avec des coûts exorbitants, d'accepter de regarder au cas par cas pour résilier les contrats, que nos boulangers, nos artisans puissent les résilier…
LAURENCE FERRARI
Sans frais.
OLIVIA GRÉGOIRE
Sans frais, et qu'on puisse leur proposer une alternative avec un contrat avec des prix plus raisonnables, qui correspondent d'ailleurs plus aux prix de marché. C'est une annonce qui a été faite hier. J'ai par exemple entre mes mains, j'ai à cœur d'être très simple et concrète, un dossier, vous voyez, où un boulanger qui est passé sur votre antenne il y a à peu près un mois…
LAURENCE FERRARI
Monsieur PEDUSSEL ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Non, c'en est un autre, un monsieur de l'Oise, qui avait un montant de 2 500 euros par mois de factures et qui, à cause d'un petit différé de paiement, s'est vu rompre son contrat par le fournisseur qui lui a demandé pas moins de 63 000 euros d'indemnité de résiliation, dossier transmis par un boulanger de Nice qui est assez médiatique…
LAURENCE FERRARI
(inaudible)
OLIVIA GRÉGOIRE
Tout à fait. Lorsqu'il a refusé de payer cette indemnité, on lui a dit : on vous propose en alternative pour effacer cette dette de résiliation, on vous propose un contrat à 12 000 euros par mois. Ça n'est pas une option, 63 000 euros sur des résiliations, ça n'est pas une option un contrat à 12 000 euros par mois. Là typiquement on a pris le dossier en main, il est chez le médiateur de l'énergie, et je vais être très claire, Bruno LE MAIRE l'a été hier : s'il faut dénoncer ces fournisseurs sur la place publique nous le ferons, s'il faut potentiellement engager des poursuites nous le ferons aussi.
LAURENCE FERRARI
Avec des sanctions financières.
OLIVIA GRÉGOIRE
Avec des sanctions financières.
LAURENCE FERRARI
Là c'est un cas particulier. Là je parle du cas de Julien PEDUSSEL
OLIVIA GRÉGOIRE
Mais pour avoir le dossier, c'est aussi des cas assez particuliers.
LAURENCE FERRARI
Évidemment. Artisan boulanger dans l'Oise, facture normalement de 1 800 euros avant la crise, aujourd'hui il est à 12 800 euros.
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui.
LAURENCE FERRARI
Là il va falloir la payer cette facture de 12 800 euros, il ne va pas avoir le choix. Même s'il rompt son contrat, même s'il le renégocie, même s'il y a les aides. Comment il va les payer ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Alors déjà, ce monsieur est très concrètement en contact avec nous et…
LAURENCE FERRARI
Vous l'avez appelé ?
OLIVIA GRÉGOIRE
On l'a appelé et on travaille avec lui. Je ne vais pas rentrer plus dans les détails mais nous avons travaillé avec la préfecture et typiquement, monsieur avait en tête l'amortisseur mais il ne savait pas qu'il avait le droit en plus à l'aide du guichet impots.gouv.fr On a donc repris son cas, on va retravailler son contrat aujourd'hui avec mes équipes et on va voir dans quelle mesure il peut bénéficier de la résiliation dont je viens de vous parler pour renégocier un contrat à des tarifs plus raisonnables. Quoi qu'il advienne, on est à ses côtés et très concrètement je suis en train de m'occuper de lui et de son dossier.
LAURENCE FERRARI
D'accord, mais sur les 12 800 euros même si les aides se montent, aller, entre 20 et 40 %, il ne pourra pas faire face à la dépense. Vous le savez, ça.
OLIVIA GRÉGOIRE
On a dans chaque préfecture et c'est aussi… J'ai trois messages que je passerais à la fin pour nos amis boulangers, on a dans chaque préfecture un point d'accueil pour ceux qui ne s'en sortent pas malgré les aides.
LAURENCE FERRARI
Dans chaque préfecture ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Dans chaque préfecture de France.
LAURENCE FERRARI
Vous m'assurez que là, s'ils y vont à 10 heures, il y a quelqu'un qui les reçoit ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui.
LAURENCE FERRARI
On vérifiera.
OLIVIA GRÉGOIRE
Dans chaque préfecture de France, il y a aujourd'hui sur la demande de la Première ministre la semaine des vacances de Noël et de Bruno LE MAIRE, nous avons activé dans chaque préfecture un point d'accueil pour les boulangers, pour qu'ils puissent voir à quoi ils ont droit et si ça ne suffit pas, comment on étale, et si ça ne suffit pas qu'est-ce qu'on peut faire de plus. Vraiment on est à côté de chacun d'entre eux.
LAURENCE FERRARI
Alors vous dites il y a le guichet, il y a les aides et puis il y a le report en fait : on peut reporter le paiement des charges etc, mais ça n'est pas des aides. Il faudra le payer.
OLIVIA GRÉGOIRE
Ce n'est pas la solution au problème.
LAURENCE FERRARI
On est d'accord, ce n'est pas la solution au problème.
OLIVIA GRÉGOIRE
Il n'y a pas de tabou là-dessus. Par contre pour avoir été petite cheffe d'entreprise, il y a des moments où ta tréso, ta trésorerie comme on dit, elle est très tendue. Vous l'avez dit en introduction, la hausse du prix des matières premières, ils n'ont pas que le problème de l'énergie. C'est pour ça que le problème boulanger est très spécifique : l'explosion de l'intégralité de leurs matières premières. En réalité ils se retrouvent pour certains dans des besoins de trésorerie assez importants pour les prochains mois, et donc il est important de leur laisser du souffle comme on dit et de pouvoir étaler un certain nombre de paiements, que ce soit leur facture d'énergie d'ailleurs puisque vous savez qu'on est en heure pleine hiver, qu'on passe ensuite heureusement au printemps et que les heures au printemps coûtent un peu moins cher, en été aussi. Donc l'idée c'est peut-être d'essayer d'étaler le paiement quand il reste à charge à payer. L'idée c'est aussi, si ça ne suffit pas, de décaler les paiements par exemple de l'URSSAF qui sont parfois assez lourds pour nos petites entreprises, pour qu'ils puissent le faire avec plus de temps, et donc c'est aussi des dispositifs qu'on a activés hier notamment du côté de l'État.
LAURENCE FERRARI
Ça c'est un report de dettes.
OLIVIA GRÉGOIRE
C'est un report de charges.
LAURENCE FERRARI
D'accord. Ce qu'ils demandent de façon très simple, c'est de bénéficier des tarifs réglementés.
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui.
LAURENCE FERRARI
De passer de ces fameux compteurs jaunes aux compteurs bleus, ce qu'ont les particuliers. Pourquoi est-ce que vous ne le faites pas ? C'est beaucoup plus simple en fait en réalité de les aider comme ça.
OLIVIA GRÉGOIRE
Alors on aura l'occasion d'en parler aussi sur le marché européen. Moi j'ai un message très simple ce matin à passer aux Français, je l'ai déjà passé d'ailleurs il y a plusieurs mois. Dans des moments compliqués comme ceux-là, avec une crise de l'énergie aussi compliquée, il faut se méfier des solutions qui paraissent si simples, pour certaines tellement simples qu'elles en deviennent séduisantes, qui sont jolies sur le papier mais qui dans la réalité ne sont pas justes ou fonctionnent mal, donc je vais revenir là-dessus.
LAURENCE FERRARI
D'accord, expliquez-moi.
OLIVIA GRÉGOIRE
Il y a deux choses. Ce dont vous parlez, ce qu'on appelle le TRV le tarif réglementé de vente qui quand même, permettez-moi de le rappeler, accompagne un million et demi de nos toutes petites entreprises et qui, jusqu'à 36 kVA leur permet d'être protégés par le même bouclier tarifaire que les ménages, pas plus de 15 % d'augmentation cette année. Un million et demi de TPE. On a des acteurs comme les boulangers qui sont au-dessus de ce plafond et qui consomment plus d'énergie.
LAURENCE FERRARI
A cause de leur four évidemment.
OLIVIA GRÉGOIRE
Bien sûr. Si on décidait de mettre en place un bouclier pour toutes les entreprises, mettons au même niveau que celui des ménages, 15 %, déjà soyons très clair : si on mettait le même bouclier en place, ça nous coûterait des milliards d'euros que nous n'avons pas. Il faut être responsable.
LAURENCE FERRARI
Parce qu'on ne les a plus, parce qu'on les avait pour le Covid…
OLIVIA GRÉGOIRE
Ce n'est pas qu'on ne les a plus, c'est aussi qu'entre le Covid et aujourd'hui ce qui s'est passé, c'est que la donne économique a changé. En 2020, on empruntait à 0 % et à des taux négatifs. Au moment où je vous parle, on emprunte à 3 %. L'argent coûte beaucoup plus cher et la situation est tendue sur les marchés et pour le pays aussi. On ne va pas aller faire exploser la dette aujourd'hui puisque vous m'inviterez dans 6 mois pour me dire : "Madame GRÉGOIRE, pourquoi vous avez cramé la caisse pour aider les entreprises…"
LAURENCE FERRARI
Elle a déjà bien été cramée la caisse.
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui, ça c'est pareil…
LAURENCE FERRARI
Une expression de Valérie PÉCRESSE à l'époque.
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui, ou open bar. Je rappelle pour l'open bar qu'un certain nombre sont venus boire un coup à l'open bar et en étaient ravis quand il fallait bénéficier du fonds de solidarité, des PGE ou du chômage partiel.
LAURENCE FERRARI
Oui mais le PGE il faut les payer, et souvent les échéances elles arrêtent maintenant.
OLIVIA GRÉGOIRE
Le chômage partiel, il ne faut pas le rembourser.
LAURENCE FERRARI
Non, mais le PGE oui.
OLIVIA GRÉGOIRE
Le fonds de solidarité, il ne faut pas le rembourser. Et les échéances elles passent et vous savez, on a moins de 1 % d'entreprises qui n'arrivent pas à les rembourser, donc ça c'est pareil : il faut faire attention aux effets de myopie. Nos entreprises remboursent en responsabilité leur PGE pour plus de 95 % d'entre elles. Donc les problèmes qu'on a sur quelques PGE on les traite, on les étale aussi sur 10 ans, on le fait. Je reviens à votre question très précise : pourquoi pas un bouclier ? 1/ Ça coûterait un bras pour le dire simplement, mais le problème c'est que tout cet argent que ça coûterait ne serait pas nécessairement justifié parce que vous iriez aider des entreprises qui n'en ont pas besoin, puisque vous diriez : toutes les entreprises, toutes les PME par exemple de moins de 250 salariés peuvent bénéficier de ce bouclier. Ça accompagnerait des entreprises qui n'en ont pas besoin, qui n'ont pas de cuisson, et donc on n'a pas à dilapider de l'argent public.
LAURENCE FERRARI
Pourquoi ne pas alors dire : on aide ceux qui ont besoin d'utiliser leur four ? C'est un critère.
OLIVIA GRÉGOIRE
Il y a 12 milliards sur la table pour aider ceux qui font marcher leur four, amortisseur + guichet, 12 milliards. Il faut aller les chercher. L'enjeu ce n'est pas une nouvelle aide, l'enjeu ce n'est pas le beurre que font les oppositions politiques sur la crise des artisans, l'enjeu c'est de dire à nos boulangers à quoi ils ont droit. Tous les jours j'en ai au téléphone qui me disent : je ne savais pas que ça existait. Si seulement on pouvait se dire une semaine - une semaine - tous les élus, peu importe nos bords politiques, pendant une semaine, on va voir nos boulangers non pas pour mettre de l'huile sur le feu mais pour leur dire : tu as le droit à ça, tu as le droit à ça, tu as le droit à ça, je pense que pour nos boulangers, pour l'intérêt général, ça mériterait et ça vaudrait le coup de faire passer l'intérêt général avant nos intérêts politiques.
LAURENCE FERRARI
C'est pour ça qu'ils vont tous recevoir une lettre de Bruno LE MAIRE pour leur expliquer à quoi ils ont droit exactement.
OLIVIA GRÉGOIRE
Et de moi-même dans les jours qui viennent pour rappeler l'intégralité des dispositifs auxquels ils ont droit. Deuxièmement je leur demande d'aller voir sur impots.gouv.fr, les aides sont déjà activables pour les factures de novembre-décembre, pour les factures d'octobre, pour bénéficier dès janvier de ces aides.
LAURENCE FERRARI
C'est rétroactif.
OLIVIA GRÉGOIRE
C'est rétroactif, impots.gouv.fr. Deuxièmement je leur dis : dites à votre fournisseur d'énergie, peu importe lequel c'est, que vous êtes une PME. Vous aurez l'amortisseur sur votre facture à la fin du mois pour moins 20 % sur votre facture. Troisièmement, dans chaque préfecture vous pouvez être reçu pour être accompagné en plus si c'est nécessaire. On a des dispositifs qui sont là, on est aux côtés de nos boulangers. Décaissons ces 12 milliards ensemble et s'il faut faire plus, on fera plus. On a toujours fait plus pour ceux qui avaient besoin d'être aidés.
LAURENCE FERRARI
Avant de passer au marché européen de l'électricité, ils disent aussi beaucoup, les petits boulangers : mais nous on a la concurrence des grandes surfaces, parce qu'eux évidemment ils amortissent les coûts.
OLIVIA GRÉGOIRE
Ce qui est vrai.
LAURENCE FERRARI
La baguette, elle est 10 fois moins – j'exagère…
OLIVIA GRÉGOIRE
73 centimes en moyenne.
LAURENCE FERRARI
73 centimes contre 1,20 euro, 1,30 euro.
OLIVIA GRÉGOIRE
1,20 euro.
LAURENCE FERRARI
Mais franchement, il y a une distorsion de concurrence énorme pour eux.
OLIVIA GRÉGOIRE
Il y a une concurrence même si, on en a peu de temps donc je ne veux pas trop rentrer dans les détails, mais vous en avez fait l'amère expérience parfois : le pain de son boulanger et le pain de la grande surface…
LAURENCE FERRARI
On est d'accord.
OLIVIA GRÉGOIRE
Chacun a ses qualités mais n'est pas exactement de même qualité, d'ailleurs ne dure pas aussi longtemps et au plan économique n'est pas forcément si intéressant.
LAURENCE FERRARI
Mais quand on n'a pas le choix…
OLIVIA GRÉGOIRE
Il y a beaucoup de mamans avec qui je discute qui n'ont pas beaucoup de choix et pas beaucoup de revenus mais qui préfèrent quand même un pain qu'elles gardent deux jours plutôt qu'un pain qui dure une demi-journée. Il y a de la concurrence, c'est bien pour ça que je suis montée au créneau dès le mois de septembre-octobre en rappelant, et notamment à mes supérieurs au plan politique, qu'il y avait cette concurrence très forte de la grande distribution et que s'il y a bien un bien qu'on ne peut pas augmenter dans des proportions incroyables, c'est le prix de la baguette. Donc évidemment il y a ce problème d'augmentation des prix et je veux dire là aussi que pendant des mois les boulangers se sont débrouillés à faire évoluer leurs recettes, à augmenter un peu le prix des viennoiseries, à augmenter un peu le prix du pain, arrive un moment où il faut qu'il soit aidé, c'est le sens de mon message ce matin à la préfecture, auprès de votre fournisseur dites que vous êtes une PME et appelez celui que vous appelez tous les mois pour faire vos comptes, votre expert-comptable, il va vous aider sur impots.gouv.fr, ce n'est pas compliqué, je vous le garantis, à être aidé et à bénéficier des aides rapidement. Vraiment il faut qu'on décaisse.
LAURENCE FERRARI
Les boulangers appellent à manifester le 23 janvier à Paris. Est-ce que vous avez peur que ce soit les boulangers, les petits artisans, les nouveaux gilets jaunes de 2023 ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Vous savez la peur ne fait pas avancer le schmilblick.
LAURENCE FERRARI
Non mais ça ne vous plaît pas l'idée.
OLIVIA GRÉGOIRE
L'idée que chacun s'exprime me plaît, moi je suis libérale et l'idée que même quand on n'est pas content voir surtout quand on n'est pas content je trouve ça sain et démocratiquement plutôt sain. Moi ce qui m'importe si vous voulez c'est que d'abord depuis 2018 quand certains vivent, je pense aux oppositions beaucoup, grâce aux gilets jaunes et grâce à l'agitation politique, nous on se bat pour mieux rémunérer le travail, pour faire baisser le chômage, pour améliorer nos services publics, nous on se bat pour les Gilets jaunes, pour leurs revendications depuis plusieurs années. Ce qui m'importe aujourd'hui ce n'est pas de temps si je puis me permettre les Français qui pourraient rejoindre des ronds-points, ce qui m'inquiète aujourd'hui c'est que la France tourne en rond.
LAURENCE FERRARI
Il compte quand même ces gens qui reviendraient des ronds-points. Ce n'est pas méprisable.
OLIVIA GRÉGOIRE
Tout le monde compte évidement, certainement pas, certainement pas. mais ce qui compte c'est qu'on ne tourne pas en rond et donc ce qui compte c'est qu'on ait aussi le courage de dire que ce soit sur les retraites qui arrivent ou sur les réformes qu'on fait ou sur les aides qu'on apporte dans cette crise, qu'on essaye de faire avancer le pays. Et donc je ne suis pas handicapée par la peur, je suis attentive, vigilante bien sûr et mon objectif c'est de faire en sorte que d'ici au 23 janvier et bien après ils savent qu'il y a 12 milliards pour eux à aller chercher et qu'il faut qu'on aille les chercher.
LAURENCE FERRARI
Jordan BARDELLA, président du Rassemblement national a adressé une lettre aux boulangers et il demande au gouvernement de sortir des règles européennes de fixation des prix de l'électricité. Le Portugal et l'Espagne l'ont fait, pourquoi est-ce que nous, nous sommes infichus de le faire en France ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Alors vous voyez typiquement une réponse simpliste à un problème compliqué et je le dis c'est séduisant.
LAURENCE FERRARI
Il n'y a pas que lui qui le dit, il y a de nombreux experts et ingénieurs en énergie…
OLIVIA GRÉGOIRE
Mais j'aurai la même réponse pour les experts, voilà. Si c'était aussi simple, je ne vous cache pas qu'on s'en serait aperçu. Il y a 2 sujets. Il y a le fait que nous n'avons pas du tout le même rapport sur l'énergie à l'Europe que les Espagnols et les Portugais. Une chose par exemple, les Espagnols et les Portugais n'importent pas d'énergie, n'exportent pas d'énergie avec le marché européen. Par conséquent ils sont très autonomes et ils ont donc décidé de se retirer, de sortir du marché. Si jamais il y a par exemple un problème d'énergie et d'électricité à importer en Espagne, ça va leur coûter extrêmement cher d'importer de l'électricité et ça met les consommateurs en risque de rupture d'électricité. La France…
LAURENCE FERRARI
Nous on est dans un cadre différent.
OLIVIA GRÉGOIRE
La France elle importe, elle exporte, d'ailleurs on était bien content au mois de novembre d'importer de l'électricité allemande quand on en a eu besoin à un tarif raisonnable.
LAURENCE FERRARI
Grace aux centrales à charbon.
OLIVIA GRÉGOIRE
Et donc on est, comme on appelle, interconnecté, on est au cœur de l'interconnexion européenne sur l'énergie. Donc on ne peut pas sortir comme l'ont fait les Espagnols et les Portugais parce qu'on n'a pas du tout le même rapport à l'énergie que cette péninsule ibérique. Ce qu'on veut et ce qui va être fait cette année et c'est ce que fait, à quoi pousse Bruno LE MAIRE depuis un an et demi, c'est qu'on réforme ce marché de l'électricité pour faire en sorte qu'il soit, que le prix de l'électricité soit décorrélé du prix du gaz. C'est à la table…
LAURENCE FERRARI
Qu'on paie le prix…
OLIVIA GRÉGOIRE
La commission l'a dit, européenne, c'est à la table de travail au 1er semestre 2023.
LAURENCE FERRARI
Mais dans 6 mois ils seront peut-être tous morts là les boulangers.
OLIVIA GRÉGOIRE
Non ils ne seront pas tous morts, Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Il y a un problème de courage politique face à l'Allemagne ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Non.
LAURENCE FERRARI
On a peur de braquer nos alliés allemands ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Non. Ceux qui sont courageux dans l'histoire, soyons très clair, c'est nous. Ce n'est pas un problème de courage, s'il y en a bien un qui a du courage avec les Allemands, c'est Emmanuel MACRON et c'est Bruno LE MAIRE. C'est un problème qu'on doit être 27 à faire bouger un marché avec des pays qui ont pas exactement les mêmes rapports que nous à l'énergie. Nous on a nos avantages, les Allemands ont leurs avantages et donc ce n'est pas si simple que ça. C'est très joli de dire sur un plateau ou dans une lettre comme le fait monsieur BARDELLA, sortons… Ok et si au mois de mars on a un problème et si au mois d'avril on a on a besoin d'électricité, il fait comment Monsieur BARDELLA ?
LAURENCE FERRARI
Mais le problème c'est qu'on n'est plus serein en matière énergétique. On a mis notre filière nucléaire à genou, c'est ça aussi le problème et ça c'est la responsabilité du gouvernement.
OLIVIA GRÉGOIRE
Mais ça, ça mérite une émission.
LAURENCE FERRARI
Vous avez raison.
OLIVIA GRÉGOIRE
Ce n'est pas la responsabilité de ce gouvernement spécifiquement.
LAURENCE FERRARI
Qui a fermé Fessenheim ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Ça fait 15 ans, ça fait 15… alors prenons Fessenheim avec grand plaisir.
LAURENCE FERRARI
Edouard PHILIPPE.
OLIVIA GRÉGOIRE
Qui a signé le décret de fermeture de Fessenheim, qui a mis en œuvre, c'est nous, qui a décidé, ce n'est pas nous.
LAURENCE FERRARI
D'accord, mais moi…
OLIVIA GRÉGOIRE
Moi je ne suis pas du genre à me défiler.
LAURENCE FERRARI
François HOLLANDE.
OLIVIA GRÉGOIRE
C'est le gouvernement précédent.
LAURENCE FERRARI
Il y avait qui au gouvernement ?
OLIVIA GRÉGOIRE
Oui mais vous savez en vrai, moi je n'ai…
LAURENCE FERRARI
C'est un autre débat, vous avez raison, mais c'est au cœur du sujet.
OLIVIA GRÉGOIRE
… aucun problème à dire que la politique énergétique, c'est un débat qu'il faut reprendre sur les 15 dernières années, pas sur les trois dernières années ou sur les 15 derniers mois, que le problème soit plus visible aujourd'hui because la crise, je suis d'accord.
LAURENCE FERRARI
En tout cas on a fait passer le message pour les boulangers, ils peuvent aller dans les préfectures et se renseigner sur les aides dont ils peuvent bénéficier.
OLIVIA GRÉGOIRE
Impôt.gouv.fr, appelez vos comptables, ils décaisseront cet argent, on est là pour ça, s'il faut faire plus, on fera plus, mais déjà décaissons les 12 milliards.
LAURENCE FERRARI
Merci Olivia GRÉGOIRE d'être venue ce matin.
OLIVIA GRÉGOIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 janvier 2023