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JOURNALISTE
Le Ministre de la Santé est à Rennes, cet après-midi, il se rend notamment à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé publique, à l’école des infirmiers, aussi, et au service pneumologie du CHU, auparavant. Il est notre invité ce matin.
ERIC BOUVET
Bonjour François BRAUN.
FRANÇOIS BRAUN
Bonjour.
ERIC BOUVET
Vous êtes donc à Rennes, cet après-midi, dans un contexte de tension, pour les établissements de santé du département, situation très tendue à Saint-Malo, des urgences régulées à Fougères, à centre 15, qui bas des records d’appel à Rennes et des urgences très souvent saturés, quelle réponse vous apportez, François BRAUN, à tous ces problèmes ?
FRANÇOIS BRAUN
Ah, les réponses sont de deux ordres : tout d’abord des réponses immédiates, c’est ce que j’ai fait depuis cet été, où on parlait déjà de crise des urgences, cet été, sur des problématiques un peu différentes, donc nous ont permis d’améliorer la situation, de reconnaître la pénibilité du travail de nuit, de donner la possibilité de faire appel à de la téléconsultation, également de façon un peu plus large, et puis, il faut maintenant s’attaquer au fond du problème, c’est-à-dire s’attaquer à cette réforme, cette refondation de notre système de santé, c’est ce qu’a annoncé le président de la République, lors de ses voeux aux professionnels de santé, vendredi dernier. Donc, la feuille de route et maintenant le cap est maintenant tracé, et nous envoler vers cette réforme du système de santé, puisque c’est une réforme de l’ensemble, à l’hôpital comme en ville, qui est indispensable, pour maintenir l’excellence de notre système.
ERIC BOUVET
Mais, François BRAUN, ça fait des années qu’on entend les mêmes plaintes dans les hôpitaux, ça fait des années, des décennies que tout le monde de plaint, par exemple, du manque de lit d’hospitalisation, ce que les urgentistes appellent « des lits d’aval ». Comment se fait-il que ce problème ne soit pas résolu, qu’il n’y ait rien de nouveau alors qu’ils datent de vingt ou trente ans ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors que le système de santé était maltraité depuis, oui, une trentaine d'années, avec des réformes successives qui n'ont pas améliorées la situation, ça, c'est certain, le diagnostic est fait, il est partagé. Maintenant, il faut se préoccuper essentiellement du traitement, et vous savez, c'est aussi un problème de méthode. Et la méthode, elle est maintenant de vraiment prendre les choses au fond, c'est-à-dire transformer notre système de santé, qui est un système de santé qui a été construit sur l'offre de soins, c'est-à-dire qu’on a mis pendant des années des offres de soins un peu partout en se disant : « Ça va marcher », ça ne marche plus parce que l'offre de soins diminue ; on a de moins en moins de professionnels. Si on ferme des lits ce n'est pas pour le bonheur de fermer des lits, c'est simplement parce que nous n'avons plus de personnel pour mettre à côté des malades. Et parallèlement, les besoins de santé de la population n'ont fait qu'augmenter avec, bien sûr, le vieillissement, mais aussi les progrès de la médecine. Donc, nous avons maintenant un déséquilibre, il convient de tout remettre à plat et de reconstruire ce système autour des besoins de santé de nos concitoyens.
ERIC BOUVET
Le ministre de la Santé est notre invité, ce matin, sur France Bleu Armorique. François BRAUN, au CHU de Rennes, les cadres de santé étaient en grève, hier, pour dénoncer un projet de réorganisation des permanences, un mouvement inédit, là aussi, les personnels sont épuisés. Vous avez prévu de leur apporter des réponses aujourd'hui ?
FRANÇOIS BRAUN
Oui, les personnels sont épuisés, c’est ça qui n’est pas acceptable dans notre système. On a un système de santé qui continue, fort heureusement, à soigner, à sauver, même, tous les jours, grâce à l’engagement des professionnels de santé mais ces mêmes professionnels de santé souffrent. Ils souffrent d’une organisation imparfaite, ils souffrent également d’une perte de sens. Alors, je rencontrerai, bien sûr, et je passerai au CHU, cet après-midi, pour voir, un petit peu, la situation, Mais ce que je comprends, dans ce mouvement des cadres de santé, c’est un problème, aussi, de continuité du travail, de… L’hôpital est une structure comme la santé dans son ensemble, qui travaille 24h/24. Les services d’urgence tournent 24h/24. Il est difficilement compréhensible que les moyens changent et qu’on ait moins de moyens la nuit alors que ça tourne de façon identique. Donc il y a bien toute une réorganisation de l’hôpital à faire, avec - comme l’a dit le président de la République - dans cette pénibilité de la permanence des soins, chacun doit prendre sa part.
ERIC BOUVET
François BRAUN, on est malheureusement pris par le temps. Un mot quand même des déserts médicaux, parce qu’en Bretagne, comme ailleurs, nous aussi, nous devons faire face aux déserts médicaux. Vous plaidez pour l’incitation à l’installation, mais on voit bien depuis des années, là aussi, que l’incitation ça ne suffit pas. Comment faire alors, passer à la coercition, en tout cas, à l’obligation de s’installer dans des zones peu pourvues ?
FRANÇOIS BRAUN
Non. Je l’ai dit, l’obligation de s’installer n’est pas une bonne solution, pas par dogme mais simplement parce que ça ne marche pas et ça aura un effet même contraire. Je regrette qu’on n’aura pas beaucoup de temps pour déployer toute l’explication mais forcer des gens à s’installer fait que moins de médecins choisiront la médecine générale et on en aura encore moins sur le territoire. Non, nous proposons, avec le président de la République, d’autres solutions, ce n’est pas que l’incitation, c’est faciliter aussi l’installation et le maintien, parce qu’il faut aussi penser aux médecins qui sont aussi dans ces territoires et s’assurer qu’ils restent sur ces territoires. Donc nous avons un panel de solution que je serais amené à décliner dans les jours qui viennent.
ERIC BOUVET
Merci beaucoup, François BRAUN, d’avoir été l’invité de France Bleu Armorique, ce matin, ministre de la Santé qui sera à Rennes, cet après-midi, notamment à l’EHESP, à l’école des infirmiers et au service pneumologie au CHU de Rennes. Bonne journée à vous monsieur le Ministre
Source : Service d’information du Gouvernement, le 13 janvier 2023