Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Stanislas GUERINI.
STANISLAS GUERINI
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Emmanuel MACRON dévoile tout à l’heure le plan du gouvernement pour mieux gérer les ressources en eau avec un objectif, c’est de réduire notre consommation d’eau de 10% d’ici deux ans. Est-ce que vous allez mettre les administrations au régime sec ?
STANISLAS GUERINI
Bien sûr. On va mettre en tout cas les administrations en action pour atteindre ces objectifs, ça ne voudra pas dire au régime sec. On va faire exactement comme on a fait pour le plan de sobriété énergétique, on nous avait dit : vous n’y arriverez pas avant au moins un an et demi, et pour l’énergie, pour l’électricité, pour le gaz, on l’a fait en moins de six mois. Et on ne l’a pas fait en réduisant la qualité de vie au travail des fonctionnaires. On l’a fait en mobilisant toutes les énergies, en accompagnant les agents, en investissant dans les administrations, on va faire exactement pareil sur l’eau. Le président de la République portera…
MARC FAUVELLE
Donc dans les écoles, dans les mairies, dans les hôpitaux, il faut s’attendre à quoi ? Comment est-ce qu’on économise 10 %, et 25 %, même dans la décennie qui vient ?
STANISLAS GUERINI
Eh bien, d’abord, vous dire que le périmètre de l’Etat, c’est 22 millions de mètres cubes, si on économise 10 %, c’est comme si on effaçait la consommation d’une ville comme Angoulême en eau, c’est rendre trois piscines olympiques tous les jours à nos agriculteurs, à tous ceux qui ont besoin d’eau dans le pays, dans un moment où – vous le savez – il y a des sécheresses qui sont historiquement élevées. Et donc, on va mobiliser, avec des mesures de bon sens, en déployant des kits hydro-économes, vous savez, les trucs de bon sens, des mousseurs sur des robinets, des dispositifs où on économise dans les chasses d'eau, pardon d'être aussi concret que ça, mais une chasse d'eau, c'est 9 litres d'eau potable à chaque fois qu'on la tire, on peut très facilement économiser un litre et demi si on déploie un dispositif tout simplement économe. Donc on va le faire en accompagnant les administrations. Et moi, je pense que c'est utile que les administrations soient exemplaires, parce que quand on demande des efforts à nos concitoyens, et le plan eau, c'est évidemment un plan d'ampleur, c’est le président de la République qui le portera, il a été préparé depuis des mois autour de notre Première ministre, par Christophe BECHU et par Bérangère COUILLARD. Il faut que l'administration soit exemplaire, il faut qu'on soit un pas devant au fond si on veut être capable de demander des efforts à nos concitoyens, parce que la sobriété énergétique, la sobriété des ressources, c'est évidemment un effort collectif qu'on doit tous engager.
SALHIA BRAKHLIA
Stanislas GUERINI, Emmanuel MACRON a donné une interview au magazine Pif, où il explique qu’en cas de…
STANISLAS GUERINI
Ça, ce n’est pas pareil…
SALHIA BRAKHLIA
C'est un tout autre sujet…
STANISLAS GUERINI
C’est un autre sujet…
MARC FAUVELLE
Sans transition…
SALHIA BRAKHLIA
Où le chef de l’Etat explique qu’en cas d'énorme crise, le président peut s'en remettre aux électeurs, c'est quoi une énorme crise ?
STANISLAS GUERINI
D’abord, c'est une interview qu’il a donnée il y a quelques semaines…
SALHIA BRAKHLIA
Fin février…
STANISLAS GUERINI
Si je ne dis pas de bêtise. Et c’est très bien que le président de la République puisse s'exprimer…
MARC FAUVELLE
Parle aux lecteurs de Pif…
STANISLAS GUERINI
Parle aux lecteurs et aux jeunes lecteurs qui s'intéressent aussi à ce qui se passe dans leur pays, tout simplement. Donc je crois qu'il a expliqué avec des mots simples des situations politiques, il n‘a pas dit en commentaire immédiat ce que nous sommes en train de vivre, moi, ce que je crois, c'est que le moment nécessite u dialogue, de la concertation, c'est ce que nous faisons, c'est ce que nous voulons faire pour les semaines à venir. Donc le président de la République…
SALHIA BRAKHLIA
Je reviens sur la phrase du président de la République, en cas d'énorme crise, le président peut s'en remettre aux électeurs, on ne vit pas une énorme crise, là, ce qui se passe avec la réforme des retraites, ce n'est pas une crise ?
STANISLAS GUERINI
On vit un moment de tension évidemment dans notre société, on vit un moment de conflit social avec des manifestations, avec une part de manifestations très légitimes, avec aussi des dérives violentes, c'est beaucoup plus problématique…
SALHIA BRAKHLIA
Mais vous-même, vous parlez de crise démocratique.
STANISLAS GUERINI
Moi, je crois que, je l’ai dit, la crise de la démocratie, c'est une crise d'efficacité de la vie politique, d'apporter des réponses aux questions fondamentales des Français, aux questions du quotidien, c'est à ça qu'il faut s'atteler encore davantage, c'est de ça dont on doit parler avec l'ensemble des acteurs, comment on répond à la question du pouvoir d'achat, comment on fait en sorte que le travail paie plus, comment on répond à la question fondamentale de la transition écologique, comment on réinvestit notre service public, ça, ce sont les questions fondamentales, moi, je crois que c’est à ça qu'il faut s'attaquer pour répondre aux enjeux de fatigue démocratique, et on voit que c'est le cas dans notre pays, ça doit passer par du dialogue, ça doit passer par de la concertation, c'est à ça qu’il faut s’attacher, et je crois qu’il faut le faire plus intensément encore.
MARC FAUVELLE
Alors, justement, Elisabeth BORNE a invité les syndicats mercredi prochain à Matignon, est-ce que vous pouvez nous confirmer tout d'abord que la question du report de l'âge légal à 64 ans ne sera sur la table mercredi ?
STANISLAS GUERINI
D'abord, les syndicats, certains d'entre eux, on dit qu'ils venaient…
MARC FAUVELLE
Ce n’est pas ma question…
STANISLAS GUERINI
Qu’ils venaient, je vais vous répondre, vous allez voir…
MARC FAUVELLE
On va partir de loin…
STANISLAS GUERINI
Je me doute bien que vous n’allez pas me laisser répondre à côté, donc je vais vous répondre directement, ils ont dit qu’ils voulaient parler retraite et travail, c'est un bon ordre du jour…
MARC FAUVELLE
Ça, c’est l'ordre du jour, retraite et travail ?
STANISLAS GUERINI
Les syndicats ont des sujets dont ils veulent parler…
MARC FAUVELLE
Mais quel est l’ordre du jour ?
STANISLAS GUERINI
Et donc les syndicats pourront parler des sujets et de leurs préoccupations, moi, je crois que c'est très important de ne pas fermer les choses. Et ils pourront parler de tous les sujets. Après, un dialogue, et la première condition d'un dialogue respectueux, c'est la sincérité, la sincérité, c'est de dire qu'aujourd'hui, le gouvernement évidemment n’a pas abandonné son ambition d'équilibrer notre système de retraite…
MARC FAUVELLE
Est-ce que les 64 ans sont discutables…
STANISLAS GUERINI
N’a pas l’intention de dire : eh bien, aujourd’hui, on abandonne les 64 ans, et donc, je vous réponds très directement, nous, on a cette conviction qu'on doit rééquilibrer et préserver notre système de retraite, et donc qu'on a porté une réforme des retraites avec une augmentation de la durée…
MARC FAUVELLE
Donc si vous me passez l'expression, ce sera : cause toujours, tu m'intéresses ?
STANISLAS GUERINI
Non, ce n’est pas : cause toujours, tu m'intéresses, une fois que j’ai dit ça sur les 64 ans, puisque c'est la question que vous me posez, ça ne veut pas dire qu'il n’y a rien à discuter, y compris sur la question des retraites, il y a des questions totalement fondamentales. Comment on aménage…
SALHIA BRAKHLIA
Sauf que c’est là-dessus qu’ils viennent les syndicats…
STANISLAS GUERINI
Mais moi, je suis en train de vous parler de retraite, comment on aménage les fins de carrière, comment on prépare la retraite, comment on fait de la prévention sur l'usure professionnelle, tout ça, c’est des sujets qui sont…
MARC FAUVELLE
Est-ce qu’il pourrait par exemple y avoir davantage d’exemptions aux 64 ans ?
STANISLAS GUERINI
Mais Marc FAUVELLE, pardon, une seconde…
MARC FAUVELLE
Aujourd’hui, il y a 40 % des gens qui pourraient partir avec la réforme avant 64, vous pourriez augmenter ?
STANISLAS GUERINI
Mais la question des retraites, elle pose 1.000 questions sur la nature d'une carrière, la qualité du travail, moi, je suis en train de vous parler par exemple de retraite progressive, la capacité à adapter son temps de travail quand on arrive sur une dernière partie de carrière, se mettre à temps partiel et conserver sa rémunération, ça, c'est quelque chose qui n’est pas en dehors du texte retraite, qui est dans le texte sur les retraites, comment ça marche, qui ça concerne, on est en train de l’instaurer par exemple pour les fonctionnaires…
SALHIA BRAKHLIA
Donc en fait, Elisabeth BORNE, si on vous écoute, elle va parler de ce qu’il y a autour des 64 ans, mais pas des 64 ans ?
STANISLAS GUERINI
D’abord, je le répète, les syndicats, ils viendront avec leurs sujets, et ils pourront parler de leurs sujets je pense qu'on ne ferme pas les éléments de discussion. Mais on doit avancer…
MARC FAUVELLE
Un peu quand même…
STANISLAS GUERINI
Et avancer sur les sujets qui sont directement liés à la question des retraites, la retraite progressive, ce n'est pas sujet qui est à côté de la plaque…
SALHIA BRAKHLIA
On va en parler pour les fonctionnaires justement…
STANISLAS GUERINI
Oui, mais, pardon, une seconde, on investit un milliard d’euros sur la prévention de l'usure pour les salariés du privé, un demi-milliard d'euros pour les métiers à l'hôpital, qui sont des sujets absolument essentiels, ce n'est pas des broutilles, ça, ça se discute, comment ça marche, qui ça concerne, comment on adapte les carrières, vous voyez bien que ces sujets ne sont pas à côté du sujet retraite. Et de tout ça, je crois qu'on doit parler, on doit mettre les mois qui sont devant nous à profit, parce que, cette réforme, on verra, on va d'abord attendre de voir ce que dit le Conseil constitutionnel, mais cette réforme, elle a vocation à s'appliquer à l'automne. Ça nous laisse des mois qui doivent être un temps de travail utile, on nous a fait le reproche d'avoir abordé la question des retraites avant celle du travail, je crois que notre responsabilité collective, si on veut vraiment répondre aux attentes des salariés, aux attentes des agents publics, c’est de parler de tous ces sujets-là, d'adapter aussi la qualité du travail, les parcours de carrière, et donc, c'est tout ça dont on doit parler, je crois que c'est notre responsabilité.
MARC FAUVELLE
Toujours avec le ministre de la Fonction publique, Stanislas GUERINI, dans la loi qui a été adoptée par le gouvernement, la loi retraite, la retraite des fonctionnaires est toujours calculée sur les 6 derniers mois au lieu des 25 meilleures années dans le privé, et les primes ne sont toujours pas prises en compte dans le calcul de la retraite, est-ce que vous êtes prêt à ouvrir une réflexion là-dessus ?
STANISLAS GUERINI
On a décidé de ne pas changer le système, de faire une réforme qui ne remette pas en cause les caractéristiques du système de calcul des retraites dans la Fonction publique. Je constate d'ailleurs que la réforme que nous portons aujourd'hui, elle a probablement moins inquiété les fonctionnaires que la réforme qui était en préparation en 2019…
MARC FAUVELLE
Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
STANISLAS GUERINI
D’abord, le fait qu'il y ait eu moins de grévistes dans la Fonction publique en 2023 qu'en 2019, de façon assez sensible, ça ne veut pas dire qu'il n’y a pas de la mobilisation, je ne suis pas du tout en train de la nier…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, il y en a quand même…
STANISLAS GUERINI
Mais je crois que la réforme que nous avons portée aujourd'hui, elle est comprise, elle nécessite un effort, ça, il ne faut pas se raconter d'histoire, pour les salariés du privé, comme pour les agents publics, je l’ai toujours présentée de façon absolument transparente, mais elle nous permet d'améliorer le système de retraite dans la Fonction publique, et vraiment, je veux insister là-dessus, parce qu'on demande un effort collectif, l'allongement de la durée de cotisations, le recul de l’âge de départ à la retraite, tout ça, c'est vrai, mais nous améliorons considérablement le système, sur des éléments que j'évoquais à l'instant, on va permettre aux agents de la Fonction publique de se mettre à temps partiel à la fin de leur carrière, en gardant système, un niveau de rémunération…
SALHIA BRAKHLIA
Et ça, ce sera à quelles conditions ?
STANISLAS GUERINI
Mais justement, c’est ça qui est intéressant, et c'est ça dont il faut qu'on discute avec les organisations syndicales, ça sera à la demande des agents, ce n’est pas l'administration qui dira par nature : ça, c’est interdit à telle branche de telle ou telle administration, quand l'agent le demandera, il pourra l'obtenir, et l'administration devra justifier de façon assez précise…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais pardon, mais à quelles conditions, je suis un agent de la Fonction publique, j’ai 60 ans, je veux passer en retraite progressive, comment je fais, à 60 ans, je peux ?
STANISLAS GUERINI
Ce que nous avons prévu dans le texte, c’est de le faire 2 ans avant l'âge d'ouverture des droits, donc à partir de 62 ans, c'est la même chose pour les salariés du privé…
MARC FAUVELLE
C’est raté Salhia…
STANISLAS GUERINI
Que pour les agents de la Fonction publique, c’est un peu tôt…
SALHIA BRAKHLIA
Sauf qu’aujourd’hui, c’est 60 ans dans le privé, alors…
STANISLAS GUERINI
Pour vous, si je puis me permettre, Salhia BRAKHLIA, mais on va faire la même chose, et on va le faire sur un principe où c'est l'administration, c'est-à-dire l'employeur public, en l'occurrence, qui devra justifier précisément si l'agent pour, par exemple, les questions d'organisation des services, ne peut pas bénéficier de la retraite progressive, mais tout ça, ça s'organise, ça se discute, ça doit s'insérer justement dans le dialogue social, dans nos politiques RH. C’est ça dont on doit parler…
SALHIA BRAKHLIA
Donc la demande doit venir de l'agent, mais est-ce que l'âge peut changer selon les métiers, du côté de la santé, par exemple, est-ce qu'on pourra partir plus tôt ?
STANISLAS GUERINI
Ça, on a conservé un système…
SALHIA BRAKHLIA
Par rapport à l'enseignement ou à un autre…
STANISLAS GUERINI
Je ne veux perdre personne, là, à l'antenne, on a conservé un système dans la Fonction publique où il y a des âges de départ en fonction des métiers, ça s'appelle les catégories actives, ceux qui font des métiers directement sur le terrain très difficiles, qui ont des âges d'ouverture des droits anticipés, ils vont continuer à avoir des âges d'ouverture les droits anticipés même si eux aussi, ils vont voir un allongement de leur durée de travail, mais ça, on le conserve, je le dis, parce que, parfois, dans le débat public, on a l'impression que tout le monde part à 64 ans dans le pays, ce n'est pas vrai, il y a plus de 4 actif sur 4 qui ne partiront pas à 64 ans, et ça reste le cas aussi dans la Fonction publique, mais de façon légitime, je ne dis pas ça en laissant entendre, ça m'agace parfois d'entendre que les fonctionnaires seraient les ultra-privilégiés du système de retraite, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai dans le taux de remplacement dont ils bénéficient aujourd'hui, qui est à peu près le même que les salariés du privé, et quand ils ont des âges de départ anticipés, ça correspond à des conditions de travail qui sont des conditions de travail difficiles. Et moi, je pense qu'il faut aller encore plus loin et faire plus de prévention sur l'usure et la pénibilité, il n'y a pas de fatalité au fond à ces questions-là, et quand je vais voir des agents, c'est de ça dont ils parlent.
MARC FAUVELLE
Stanislas GUERINI, pour booster l'emploi des 60 ans et plus, l'idée du gouvernement, c'est d'instaurer un index senior obligatoire dans les grandes entreprises, d'abord celles de plus de 1.000 salariés, puis, dans un deuxième temps, celles de plus de 300 salariés, il y a un homme que cette mesure n'enthousiasme pas plus que ça, il est venu nous le dire, il y a quelques jours sur ce plateau, c'est le patron du MEDEF, Geoffroy ROUX DE BEZIEUX.
GEOFFROY ROUX DE BEZIEUX, PRESIDENT DU MEDEF
Pourquoi, nous, on est dubitatifs sur l’index senior, parce que vous avez des secteurs où tout simplement les seniors ne sont pas qualifiés, je pense à des start-ups, et inversement, des secteurs où vous ne pouvez pas embaucher des jeunes. Vous savez quel est le plus grand employeur de France qui n'aura pas l'index senior ?
MARC FAUVELLE
L'Etat.
SALHIA BRAKHLIA
L’Etat.
GEOFFROY ROUX DE BEZIEUX
Les collectivités locales. Ecoutez, on en a marre, je vais vous dire tout simplement, que l'Etat nous dise : faites ce que je vous dis, mais ne faites pas ce que je fais, c'est une vision un peu, pardon, mais, bureaucratique, centralisée, j’ai presque envie de dire soviétique de l'économie.
MARC FAUVELLE
Ce n’est pas un peu étrange que l'Etat ne mette pas en place un index qu'il impose aux entreprises ?
STANISLAS GUERINI
Ce qui est un peu étrange, si vous me permettez, c’est la remarque du patron du MEDEF, en l'occurrence, puisque…
MARC FAUVELLE
Parce que ça fait longtemps qu’on ne vous avait pas dit que vous étiez soviétique…
STANISLAS GUERINI
Dans les administrations, oui, c’est vrai, mais par ailleurs, dans les administrations, il y a une garantie de l'emploi, donc notre sujet, ce n’est pas que…
MARC FAUVELLE
Il n’y a pas de problème d’emploi des seniors dans l’administration ?
STANISLAS GUERINI
On ne met pas les gens dehors, voyez, dans l’administration, en revanche, je crois qu'on a à beaucoup progresser sur la bonne utilisation du temps, des gens, de l'énergie qu’ils ont, je crois que c’est ça les questions qui sont essentielles…
SALHIA BRAKHLIA
Non, mais il va y avoir un index senior dans l’administration ou pas ?
STANISLAS GUERINI
Donc nous, en l’occurrence, il n’y a pas une chute d’emplois dans la Fonction publique à partir d'un certain âge, puisque les fonctionnaires, ils gardent leur métier. Mais, en revanche, je pense qu'on a les mêmes enjeux…
MARC FAUVELLE
Oui, mais en fonction de la pyramide des âges, peut-être que dans quelques années, il y aura de moins en moins de seniors entre 50 et 60 ans…
STANISLAS GUERINI
Moi, les problèmes que j’ai aujourd’hui, c’est qu’il y a beaucoup de départs à la retraite dans les administrations, et que les difficultés qu'on a sont plutôt des difficultés d’attractivité, de pouvoir…
SALHIA BRAKHLIA
De recrutement, oui, on va en parler…
MARC FAUVELLE
Mais pourquoi vous ne dites pas aux entreprises et à GEOFFROY ROUX DE BEZIEUX, on va le faire pour vous montrer que dans la Fonction publique, il n’y en a pas…
STANISLAS GUERINI
Si vous me laissez une seconde, je vais vous dire quel est l’enjeu pour moi, c'est justement un enjeu d'adaptation des carrières, des parcours, parce que c'est vrai que dans la Fonction publique, comme ailleurs, il y a des gens qui sont usés par leur travail, parfois par des tâches physiques, parfois ils sont usés parce que, il y a du stress, quand on travaille des enfants en bas âge, quand on travaille les enfants handicapés par exemple, ce sont des métiers qui peuvent avoir d'autres formes de pénibilité, et donc ce qu'il faut faire, au fond, c'est répondre aux 3 grandes questions qui se posent : est-ce que je peux adapter mon temps de travail, c'est la question, j’en parlais à l’instant, de la retraite progressive, est-ce que je peux adapter mon poste, améliorer les conditions de travail, c'est l'investissement, un demi-milliard d'euros pour les métiers par exemple de l'hôpital, et est-ce que je peux adapter ma carrière, mon parcours de carrière, est-ce que je peux changer de métier. On a pris beaucoup de mesures dans la réforme des retraites, et c'est pour ça que je vous disais, vous voyez qu'il y a beaucoup de choses à discuter, comment ça s’applique, comment ça marche, pour permettre aux gens, aux fonctionnaires en l'occurrence, de changer plus facilement de métier, eh bien, tout ça, maintenant, on doit le mettre en oeuvre et le faire vivre.
MARC FAUVELLE
Sur le temps de travail notamment, Salhia BRAKHLIA, une question, puisque Gabriel ATTAL a annoncé il y a quelques jours, enfin, il y a quelques semaines…
SALHIA BRAKHLIA
La semaine de 4 jours…
MARC FAUVELLE
Une expérimentation.
SALHIA BRAKHLIA
Oui, à l’URSSAF de Picardie, 4 jours à l'URSSAF, sauf qu’au final, eh bien, elle ne concerne que 3 personnes sur les 200 éligibles, ça s'appelle un flop ?
STANISLAS GUERINI
Non, il a e bien raison de lancer cette réflexion-là, et d'ailleurs, on peut adapter le temps de travail dans la Fonction publique, on peut le faire dans beaucoup d'administrations…
MARC FAUVELLE
Là, très clairement, là, ça n’a pas marché…
STANISLAS GUERINI
Et ça se fait d’ailleurs, ça se fait par exemple à l’hôpital, pour l’organisation du temps, parfois, on travaille intensément pendant un temps donné, et puis, ensuite, on a un temps de repos, donc vous voyez qu’il y a des outils aujourd'hui pour pouvoir adapter le temps de travail, mais c'est ça la bonne question, c'est comment est-ce qu'on pense davantage aux conditions de travail, à l'environnement de travail physique, à l’adaptation des espaces, à l’adaptation du temps de travail…
SALHIA BRAKHLIA
Mais quand vous entendez les agents dire par exemple, ceux de l’URSSAF, là, en Picardie, ils disent : eh bien, nous, on s’attendait à une diminution du temps de travail, eux, en fait, ils nous proposent de faire beaucoup plus d’heures par jour pendant quatre jours…
STANISLAS GUERINI
Alors, on a toujours été clair, ce n’était pas une réduction du temps de travail qui avait été présentée, là…
SALHIA BRAKHLIA
Nous, ça ne marche pas, ça ne nous convient pas…
STANISLAS GUERINI
Je pense que les réflexions sur l'environnement de travail, les conditions de travail, elles sont centrales. Moi, je les ai lancées depuis le premier jour, depuis que je suis ministre de la Fonction publique, on a lancé avec les organisations syndicales un travail très intense pour justement améliorer et s'intéresser davantage aux conditions de travail, la santé au travail, c'est une question qui est très importante, le temps de travail, l'environnement de travail, l'égalité entre les femmes et les hommes, vous me parliez à l'instant d'index, eh bien, moi, je vous le dis à votre antenne, on va instaurer un index de l'égalité salariale entre les femmes et les hommes dans la Fonction publique, pour le coup, il n’existait pas…
SALHIA BRAKHLIA
Enfin, dans le privé, ça a été instauré il y a quatre ans…
STANISLAS GUERINI
Il n’existait pas, eh bien, j’ai constaté que ça n'était pas normal. Et donc nous allons, puisqu'il y a des écarts de rémunération dans la Fonction publique entre les femmes et les hommes…
MARC FAUVELLE
Il sera mis en place quand ?
STANISLAS GUERINI
Comme dans le privé. Cet été. La semaine prochaine, moi, je serai au Sénat et avec les sénateurs, puis, ensuite, avec les députés, on instaurera cet index d'égalité salariale. On renforcera aussi des dispositifs…
SALHIA BRAKHLIA
Pardon, mais la CFDT dit que ça ne sert à rien parce que les inégalités, elles persistent, les femmes perçoivent quand même 20% de moins que les hommes aux mêmes postes…
STANISLAS GUERINI
Moi, je pense que l’index, c’est un outil qui est complémentaire des plans d'action…
SALHIA BRAKHLIA
Ce n’est pas contraignant…
STANISLAS GUERINI
Un index, ça sert à pointer…
MARC FAUVELLE
Avec des sanctions ?
STANISLAS GUERINI
Et donc, on va…
MARC FAUVELLE
Stanislas GUERINI, avec des sanctions dans la Fonction publique, dans les fonctions qui ne le respectent pas ?
STANISLAS GUERINI
Bien sûr…
MARC FAUVELLE
C’est-à-dire que vous allez fixer un objectif de parité complète ? C’est important…
STANISLAS GUERINI
Je vais vous répondre, il y aura deux types de sanction possibles. D’abord, sur des administrations qui ne publieraient pas l'index, ça, c'est l'évidence, et puis, ensuite des administrations qui n'amélioreraient pas justement leurs résultats, et on va se mettre dans une culture de résultats. Et moi, ma réponse, c'est que je ne vais pas faire que l'index, mais ça aussi, ce sont des bons sujets de discussion à avoir avec les organisations syndicales, on va aussi rendre beaucoup plus ambitieux ce qui avait été instauré dans la loi Sauvadet, il y a maintenant dix ans, ce qu’on appelle les nominations équilibrées, qu'on puisse tendre vers la parité dans les nominations pour tous les postes d’encadrement de l’Etat. Je veux par exemple que pour tous les postes qui sont à la décision du gouvernement, on soit d'ici la fin du quinquennat à 50% de nominations entre les femmes et les hommes, parce que c'est comme ça qu'on va aussi bouger la ligne. Vous voyez que toutes ces questions-là, l'égalité salariale, la santé, l'environnement au travail, le temps de travail, ce sont des questions qui sont au coeur de l'agenda social, qu'on a, que j'ai lancées avec les organisations syndicales, eh oui, on est en train de transformer, de moderniser la Fonction publique, parce qu'on doit répondre aussi à un enjeu d'attractivité, moi, je pense que c’est une condition d’efficacité encore une fois…
MARC FAUVELLE
Il est 12h30, non, il est 08h52…
STANISLAS GUERINI
Pardon, vous m’interrogez sur des questions importantes.
MARC FAUVELLE
Toujours avec le ministre de la Fonction publique, Stanislas GUERINI. L’an dernier les salaires des fonctionnaires ont été revalorisés de 3,5%, qu'est-ce qui est prévu pour cette année ?
STANISLAS GUERINI
On a augmenté le point d'indice de 3,5%, je le précise, parce que ça vient s’ajouter aux augmentations moyennes qui sont prévues tous les ans, on va en discuter avec les organisations syndicales. Moi je ne vais pas vous annoncer avant d'avoir ouvert la discussion avec les organisations syndicales qu'elles seraient des mesures prévues…
MARC FAUVELLE
Et vous avez un budget à respecter, est-ce qu’il y aura quelque chose, d’abord, comme augmentation ?
STANISLAS GUERINI
On fait face à une deuxième année avec un niveau d'inflation qui est important, on verra exactement où est-ce qu'on atterrit mais, même si la France est préservée de l'inflation par rapport à beaucoup de pays autour de nous, il y a une inflation qui est importante, il y a une inflation particulièrement qui touche les bas salaires, parce que l'inflation elle est concentrée beaucoup sur les sujets alimentaires, sur les sujets du carburant, et donc les bas salaires sont impactés, donc, moi si j'entre dans cette discussion j’entrerai avec une logique qui vise à préserver la rémunération des bas salaires, qui existent aussi dans la fonction publique.
MARC FAUVELLE
Donc il n’y aura pas forcément de mesure générale pour tous les fonctionnaires, mais plutôt pour les catégories C.
STANISLAS GUERINI
Mais ça, pardon si je vous déçois, moi je ne vais pas vous faire des grandes annonces fracassantes un matin à la radio sans avoir ouvert la discussion avec les organisations syndicales, c'est de ça dont il faut qu'on puisse se parler. Moi je dis aux organisations syndicales on doit parler de ces sujets-là, parce que quand je vais sur le terrain, que je me déplace, les agents, je ne dis pas qu’ils ne me parlent jamais de retraite, ils me parlent aussi de retraite, mais plutôt dans un mode d'adaptation de leur parcours…
SALHIA BRAKHLIA
Non, mais vous êtes sur un signal ouverture, on peut parler augmentation, c’est ce que vous dites aux syndicats ?
STANISLAS GUERINI
Et ils me parlent beaucoup de pouvoir d’achat, et ils ont raison parce que c’est ça le sujet aussi central, qui génère d’ailleurs des droits à la retraite pour la suite, donc…
SALHIA BRAKHLIA
Stanislas GUERINI, quel signal vous donnez aux syndicats, oui, on pourra parler augmentation ?
STANISLAS GUERINI
On doit parler des sujets essentiels, et le sujet du pouvoir d'achat et de la rémunération c'est un sujet essentiel.
SALHIA BRAKHLIA
Vous avez décidé d'interdire le téléchargement et l'utilisation de l'application TikTok aux 2,5 millions de…
STANISLAS GUERINI
Pas que, mais entre autres oui.
SALHIA BRAKHLIA
Oui, on en parlait, de fonctionnaires du pays, est-ce que ça va concerner aussi les téléphones privés ?
STANISLAS GUERINI
Non. Non, non, j’ai pris cette décision d’interdire sur les téléphones professionnels, c’est l'évidence, d'abord pour des raisons de sécurité qui ont été abondamment commentées, il y a beaucoup de pays européens qui sont en train de prendre cette décision-là parce qu’il y a certaines applications dont les données ne sont pas traitées en Europe et ça peut poser des questions de sécurité, on sait qu'une application c'est plus intrusif sur un téléphone portable, ça a accès à plus d'informations dans votre téléphone, que la consultation d'un site Internet, et donc d'abord pour des raisons de sécurité on a pris cette décision d'interdire TikTok, entre autres, et d'autres applications, sur les téléphones pros, et puis aussi, je vais vous dire pour des raisons de bon sens, des applications de jeux, de téléchargements, de streaming, de vidéos, elles n’ont pas leur place sur les téléphones portables, sauf, sauf, je le précise quand même, s’il y a un usage professionnel.
MARC FAUVELLE
Est-ce que la mesure, Stanislas GUERINI, concerne aussi Emmanuel MACRON, qui est sur TikTok ?
STANISLAS GUERINI
Emmanuel MACRON, le président de la République, il n’a pas TikTok sur ses téléphones professionnels, j’ai eu l’occasion d’en discuter…
MARC FAUVELLE
Donc c’est d’autres gens, sur d’autres téléphones, mais c’est à l’Elysée quand même.
STANISLAS GUERINI
C’est l’ensemble des fonctionnaires.
MARC FAUVELLE
Donc Emmanuel MACRON sur TikTok c’est terminé ?
STANISLAS GUERINI
L’ensemble des fonctionnaires d’Etat…
SALHIA BRAKHLIA
Il va fermer son compte.
STANISLAS GUERINI
Mais je vous précise les choses, il y a aujourd’hui des fonctionnaires qui ont des besoins d'utilisation de ce type d'applications qui sont des besoins professionnels, des fonctionnaires qui s’occupent de la communication d’un ministre, c’est légitime que y compris sur leurs téléphones professionnels ils puissent avoir des comptes de réseaux sociaux, TikTok par exemple, donc ça ne veut pas dire…
MARC FAUVELLE
Mais du coup est-ce que ces téléphones sont sécurisés pour éviter ce que vous venez de décrire, un risque de fuites ?
STANISLAS GUERINI
Précisément, ça ne veut pas dire qu’on va justement interdire l'utilisation de tels ou tels réseaux sociaux, mais simplement la présence pour des salariés, pour des agents, qui n’en n’auraient pas l'usage, de ces applications sur les téléphones professionnels, donc un, il peut y avoir des dérogations, deux on peut les garder sur ses téléphones, personnels évidemment, et donc c’est, je pense avec bon sens qu’on prend cette mesure.
SALHIA BRAKHLIA
Mais trois, est-ce qu’il y aura des contrôles, puisque vous interdisez, mais comment vous êtes sûr que… ?
STANISLAS GUERINI
D’abord on fixe la règle, c’est quand même notre responsabilité à nous de la fixer, on va ensuite adapter effectivement les téléphones pour qu'on puisse rendre impossible le téléchargement de ces applications, mais là, dans un premier temps, l'enjeu ce n’est pas d'être Big Brothers et d'aller faire la vérification sur chaque téléphone portable de chaque agent d'Etat, mais c'est de fixer des règles du jeu, elles sont nécessaires, tout simplement.
MARC FAUVELLE
Dans la liste des applications interdites il y a donc TikTok, il y a aussi Netflix, il y a encore Candy Crush, est-ce que vous soupçonnez les fonctionnaires de regarder les séries ou de jouer à Candy Crush pendant leurs journées ?
STANISLAS GUERINI
Vous avez l’esprit mal placé…
MARC FAUVELLE
C’est sur la liste que vous avez publiée.
STANISLAS GUERINI
Mais bien sûr, parce que c’est encore une fois, j’insiste, du bon sens, voilà, une application de jeu sur un téléphone professionnel, je pense qu’il ne faut pas aller chercher très loin pour se dire qu’elle n’y a pas sa place, tout simplement.
SALHIA BRAKHLIA
Donc là, on n’est pas sûr de la protection de données, en fait, là, on est sur : on veut interdire le fonctionnaire d’aller sur un jeu pendant le boulot…
STANISLAS GUERINI
C’est pour ça que je vous ai présenté les choses de façon très précise, le point de départ, c'est un enjeu de sécurité, et c'est ça qui nous a conduit à nous interroger sur ce type d'application, sur leur caractère intrusif, et ensuite, la décision, elle est aussi fondée sur un enjeu, je crois que chacun peut comprendre, ceux qui nous écoutent ce matin, de bon sens. Les applications dites récréatives, elles n’ont pas leur place sur les téléphones personnels…
MARC FAUVELLE
Donc là, si je vous demandais, ce que je ne ferai pas, votre téléphone professionnel, si je vous demandais votre téléphone portable, ce que je ne ferai pas, il n’y a pas l'application Candy Crush ?
STANISLAS GUERINI
Non.
MARC FAUVELLE
Il n’y a pas Netflix ?
STANISLAS GUERINI
Non, non plus, mais…
MARC FAUVELLE
Vous pouvez nous le promettre ?
STANISLAS GUERINI
Mais alors, on peut faire toute la liste, ça, je peux vous le promettre, je n’ai aucune difficulté par contre, il y a des réseaux sociaux, mais pour une raison d'ailleurs très simple, 1°) : j'en ai un usage professionnel, et 2°) : c'est mon téléphone personnel que j'ai dans ma poche, en l'occurrence, donc, moi, comme des fonctionnaires, des agents d'Etat, j'ai le droit, et ils auront le droit de garder ce type d'application sur leur téléphone personnel, voilà, j’espère avoir rassuré ce matin.
MARC FAUVELLE
Stanislas GUERINI, ministre de la Fonction publique, était ce matin l'invité de France Info, merci et bonne journée.
STANISLAS GUERINI
Merci à vous.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 31 mars 2023