Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Amélie OUDEA-CASTERA.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Bonjour.
MARC FAUVELLE
N’y voyez aucun rapport avec l’actualité du jour mais est-ce qu’un sportif condamné pour violences conjugales aurait sa place sur un terrain une fois sa peine purgée ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, je ne me suis pas posé la question en ces termes. Je pense que l’affaire à laquelle vous faites référence, le parti Renaissance et la Ministre déléguée à l’Egalité hommes-femmes se sont exprimés l’un et l’autre, je suis absolument alignée avec cette position.
MARC FAUVELLE
La position du gouvernement, c’est qu’il doit démissionner Adrien QUATTENENS, puisqu’on parle de lui ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
En tout cas que si ces faits s’étaient produits dans le parti Renaissance, il y aurait eu une exclusion et de manière définitive.
MARC FAUVELLE
Exclusion définitive et il doit repasser devant les urnes.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, je ne vais pas m’exprimer plus avant sur ces questions. Elles sont du ressort aujourd'hui de la France insoumise qui a son fonctionnement. Le gouvernement, encore une fois, s’est exprimé sur ces sujets. Moi ce que je veux souligner, c’est que ça me choque comme femme et que, voilà, j’ai la chance aujourd'hui d’appartenir à une équipe gouvernementale dont la force de l’engagement sur le sujet de la prévention et de la lutte contre les violences conjugales est quelque chose d’extraordinairement important.
MARC FAUVELLE
Vous considérez qu’un député a valeur d’exemple, pour revenir à la question initiale ? Sportif, député, ça ne se vaut pas dans ces cas-là ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense que sur ces sujets-là, vous savez, chacun doit être exemplaire. C’est un fléau qu’il faut combattre avec la plus grande fermeté.
SALHIA BRAKHLIA
Amélie OUDEA-CASTERA, nous sommes à moins de 500 jours des Jeux olympiques. Est-ce qu’on est dans les temps dans l’organisation ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
On est dans les temps, absolument. On est à 471 jours des Jeux olympiques.
SALHIA BRAKHLIA
Ah vous les comptez ! Vous les comptez les jours !
AMELIE OUDEA-CASTERA
Quasiment chaque jour. Je vais quasiment chaque jour sur le site de Paris 2024 pour vérifier notre compte-à-rebours donc je commence maintenant à l'avoir assez bien en tête. 504 jours des Jeux paralympiques, vous savez que ce sera dimanche le J moins 500, qui sera d’ailleurs une journée importante de mobilisation collective. On est dans nos temps de passage, la tâche est lourde, large, grande, profonde mais on avance. On avance bien, on avance en équipe et avec, je crois, beaucoup de concret.
SALHIA BRAKHLIA
Toutes les infrastructures, tous les sites seront prêts à temps, vous nous l'assurez aujourd'hui.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui. On a aujourd'hui un plan de route qui est très détaillé et sur nos enjeux de sécurité, de transport, d’engagement écologique, de maîtrise budgétaire, de sujet logistique, de services, de restauration, nous sommes complètement à la tâche et engagés.
SALHIA BRAKHLIA
On va entrer dans les détails justement. Peu importe le pays organisateur, tous les budgets des JO, on le sait, explosent. Ici il a déjà gonflé, on a atteint aujourd'hui presque 9 milliards d'euros de budget au total alors qu'en 2017 l'enveloppe prévue était de 6,6 milliards. Il faut s'attendre à d'autres dérapages ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, il n’y a pas de dérapages, il n’y a pas de dérapages. Je pense que c'est important de bien préciser. Le budget du Comité d'organisation, c'est 4,4 milliards d'euros financés à 96 % par des fonds privés exclusivement. Premier point. Deuxième point, lors de la récente révision budgétaire, il y a simplement une évolution des coûts de 10 % qui a été enregistrée dont 5 % au titre de l'inflation. Londres à la même époque était à plus 16 % sans le contexte d'inflation que nous connaissons.
SALHIA BRAKHLIA
Mais ça fait 100 millions, un peu plus de 100 millions de plus pour l'Etat.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ensuite on a du côté de la SOLIDEO un second budget qui est de 3,8 milliards d'euros, qui lui a marginalement augmenté avec l'inflation, ce qui est un peu de l'inflation dans la construction, les matériaux, mais en aucun cas il n'y a de dérapage. Et au global si on prend ces deux budgets - 4,4, et 3,8 milliards - au global, les investissements publics, les fonds publics sont inférieurs à 25 %
MARC FAUVELLE
Les Jeux olympiques sont censés être un événement populaire, c'est le mot que les organisateurs répètent en boucle depuis qu'ils ont été attribués à la France. Mais au vu des prix des billets, vous les avez sans doute constatés vous aussi, on en est loin. 3 millions de billets vendus malgré des prix qui sont parfois affolants. Je vous donne deux exemples : 145 euros la place pour du rugby à 7, 195 euros pour les qualifications de l'escrime. Est-ce que c'est normal ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors d'abord moi ce que je voudrais quand même vraiment rappeler, c'est qu’on parle du plus grand événement sportif de la planète, des meilleurs athlètes au monde qui se disputent le Graal le plus convoité et c'est une fois tous les quatre ans.
MARC FAUVELLE
Les Jeux ça se mérite et ça coûte cher.
AMELIE OUDEA-CASTERA
On ne se pose pas ce genre de question quand on va à un concert par exemple celui de Madonna.
MARC FAUVELLE
Mais personne n’a promis un concert de Madonna populaire. Je parle du prix des billets.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense que ce qu'il faut absolument rappeler, c'est qu'on a sur nos Jeux olympiques un million de billets à 24 euros, c'est le prix d'entrée.
MARC FAUVELLE
Dont beaucoup ont été achetés par les collectivités locales.
AMELIE OUDEA-CASTERA
On a la moitié des billets commercialisés qui sont inférieurs à 50 euros et nous n'avons que 10% des billets supérieurs à 200 euros. Ce qu'il faut se rappeler aussi, c'est que le volet olympique il s'autofinance. Donc il faut bien qu'il y ait aussi des recettes de billetterie et donc qu’il y ait des personnes qui, parce qu'ils en rêvent, parce qu’ils sont profondément amoureux de sport, qui veulent absolument assister à cette compétition, payent parfois des tickets élevés mais dont je rappelle aussi qu'ils n'ont en rien une supériorité par rapport à ce qui s'est fait lors des éditions précédentes. Et même si je prends Londres, quand on raisonne à parité de pouvoir d'achat là aussi en tenant compte de l'inflation, on est plutôt un peu en dessous. Donc ce sont les prix habituels pour des Jeux olympiques et, comme vous l'avez dit, on a mis en place une billetterie populaire où l'Etat va offrir 400 000 billets. Les collectivités territoriales vont faire de même sur une partie de leur public. C'est 400 000 billets pour la jeunesse, pour des bénévoles du mouvement sportif, pour des associations, pour des personnes en situation de handicap et le but est de rester vraiment sur cette promesse d'accessibilité et nous serons au rendez-vous de cette dimension.
MARC FAUVELLE
On va évoquer dans un instant, Amélie OUDEA-CASTERA, la cérémonie d'ouverture du… Vous avez la date ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
26.
MARC FAUVELLE
26 juillet 2024, casse-tête sans doute pour les organisateurs puisqu'on attend des centaines de milliers de personnes pour assister à une parade sur la Seine. (…)
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec la ministre des Sports Amélie OUDEA-CASTERA, on l’a dit la cérémonie d’ouverture des JO, ce sera le 26 juillet 2024, au départ on avait évoqué 600 000 personnes pour y assister le long de la Seine, finalement elles seront combien ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
C’est en train d’être affiné sur les quais bas, c’est-à-dire les places payantes, on est sur une jauge à 100 000 et sur les quais hauts les travaux se poursuivent pour avec la préfecture de police, Gérald DARMANIN et la Maire de Paris, Anne HIDALGO, bien caler ce qu’on va faire sur la partie quais hauts, mais il y aura en tout cas plusieurs centaines de milliers de personnes qui vont pouvoir bénéficier de cette parade des athlètes le long des six kilomètres de la Seine. C’est une journée importante puisqu’aujourd’hui Thomas JOLLY, le directeur artistique des cérémonies va pouvoir présenter les éléments de ces travaux au CIO et ça permettra ensuite d’affiner la dimension plus sécuritaire de la préparation d’événements.
MARC FAUVELLE
Mais ça veut dire par exemple que tous ces spectateurs seront fouillés avant d’arriver sur place.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors les modalités précises, elles vont être affinées et elles seront expliquées. Ce qui est sûr c’est qu’il y aura des périmètres de sécurité et qu’on veut que cet événement, il soit sûr pour être une grande fête. Mais ça ne veut pas du tout dire que chaque personne sera criblée à son arrivée, tout ceci encore une fois va être précisé par Laurent NUNEZ et ce que nous voulons c’est d’arriver à ce que cette cérémonie qui est inédite sur la Seine, elle permette de mettre à l’honneur tout ce que la France a de meilleur dans sa conception artistique, mais aussi dans l’organisation.
SALHIA BRAKHLIA
Demain vous avez rendez-vous, vous avez une réunion de prévu avec votre collègue des Transports, Clément BEAUNE pour parler justement de la faisabilité de transporter des centaines de milliers de personnes tous les jours d’un site olympique à un autre, est-ce que tout est prévu, c’est-à-dire même en cas de grève parce qu’on sait avec la mise en concurrence des bus RATP par exemple, un mouvement de grève pourrait surgir justement pendant les JO, est-ce que tout est prévu ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors il y a, vous savez, une force dans ce chantier des jeux olympiques et paralympiques, c’est la dimension sociale et les partenaires sociaux avec une charte sociale, un comité de suivi de la charte sociale, c’est une démarche qui a été beaucoup impulsée par Bernard THIBAULT et à laquelle aussi les organisations patronales contribuent, Geoffroy ROUX de BEZIEUX étant par exemple dans ce dispositif. On a évidemment un enjeu de climat social, de bonne qualité du dialogue social, d’anticipation, il y a aujourd’hui des dispositifs qui nous permettent de réguler ça et moi je suis certaine qu’en anticipant bien nos enjeux de ressources humaines à l’été, en arrivant à bien expliquer les choses et en partageant les enjeux et l’envie de réussir ce chantier, on a la capacité d’anticiper que les choses se passent de manière fluide au sein des opérateurs, à la SNCF, à la RATP, avec Jean CASTEX, Jean-Pierre FARANDOU, on travaille sur ces sujets-là.
MARC FAUVELLE
On a cité tout le monde.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Et Clément BEAUNE. Tout ceci, non mais c’est important de le dire et je crois qu’on travaille de manière confiante, de manière fluide en anticipant bien les chantiers et maintenant les prochains mois permettront d’ancrer encore plus ce dialogue social pour bien anticiper les événements de l’été 2024.
MARC FAUVELLE
Pouvez-vous nous dire ce matin s’il y aura oui ou non des athlètes russes aux jeux de Paris ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je ne peux pas vous le dire aujourd’hui parce que la décision est à venir sur ces sujets-là, le chef de l’Etat s’exprimera à l’été, le CIO lui-même en temps utile dans la dernière partie de l’année exprimera sa position sur ces sujets, pour l’instant il a exprimé des recommandations qui portent sur les fédérations internationales.
MARC FAUVELLE
Qui aura le mot final, c’est le CIO ou c’est Emmanuel MACRON ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
C’est le CIO qui a le mot final mais évidemment en écoutant l’ensemble des parties prenantes et la voix du Chef de l’Etat, Emmanuel MACRON sera évidemment très écoutée sur ces sujets.
SALHIA BRAKHLIA
Mais quelle position du chef de l’Etat justement là-dessus ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors écoutez, moi je ne vais pas préjuger de sa position, ce que je peux vous dire, c'est qu'on veut à la fois être résolument aux côtés de l'Ukraine et ce n’est pas que des mots, c'est toute une aide et c'est aussi dans le champ sportif une aide de un millions d'euros que j'ai décidé moi de débloquer en faveur de la délégation olympique et paralympique ukrainienne et c'est en même temps ne pas contrevenir à certains principes onusiens de non-discrimination des personnes en raison de leur nationalité ou de leur passeport.
MARC FAUVELLE
Par exemple un athlète qui soutient la guerre en Ukraine, est-ce que vous l’imaginez …
AMELIE OUDEA-CASTERA
Dans cet équilibre-là, il faut il faut regarder s’il peut y avoir un régime de neutralité, s'agissant de la Russie qui a un historique quand même assez particulier sur ces sujets sportifs, il y a des difficultés particulières qu'il ne faut pas nier et aujourd'hui on sait très bien que des athlètes russes qui n'ont pas, enfin voilà qui ont soutenu de près ou de loin la guerre, qui sont plus ou moins affiliés à l'armée russe n'auront pas à leur place aux Jeux olympiques et paralympiques de. Paris 2024, c’est clair.
MARC FAUVELLE
Donc si les athlètes russes viennent sous bannière neutre l'idée c'est que l'on n'entende pas l'hymne russe à Paris.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non de toute façon dans le régime neutralité il n’y a ni hymne, ni drapeau, ni même mention du nom du pays, c'est vraiment sous un régime de stricte neutralité. La question c'est qu'elle peut être ce régime de neutralité, il y a d'autres questions complémentaires qui se posent, la question du financement par des entreprises russes, la question des modalités de sélection, il y a un dialogue qui est continue là-dessus avec le CIO mais aussi avec l'IPC, l'International Paralympic Committee qui lui décidera pour les jeux paralympiques et il y a un important rendez-vous fin septembre prochain sur ces sujets-là.
SALHIA BRAKHLIA
Pour la première fois une joueuse de l'équipe de France de football Amel MAJRI est venue avec son bébé de 9 mois à Clairefontaine, la nounou était prise en charge par la FFF, vous dites quoi, il était temps ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je dis que ça fait plaisir, moi je trouve qu'il y a un vent de fraîcheur sur cette équipe de France de foot féminine qui nous fait à tous du bien, belle victoire hier contre le Canada, l'arrivée d'Hervé RENARD, tout un plan d'action qui va être présenté demain par Philippe DIALLO, Jean-Michel AULAS sur la promotion du foot féminin et moi qui suit très active sur ce sujet pour essayer que nos mamans dans le sport ne subissent plus des contraintes qui sont injustifiées, qu’il y ait une belle équité dans les règlements sportifs et qu’il y ait autour d'elles des aménagements une sérénité qui leur permet de vivre pleinement leur maternité sans renoncer à leur passion et à leur excellence dans le sport.
MARC FAUVELLE
C’est bien que les mamans sportives puissent venir avec leur bébé à Clairefontaine mais les papas, les joueurs de l'équipe de France vous leur demandez de faire la même chose pour ceux qui ont des enfants en bas âge ou qui vont avoir ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense que sur ce sujet il faut bien distinguer ce qui relève vraiment…
MARC FAUVELLE
Pourquoi c’est toujours les femmes qui emmènent les bébés ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense que vous avez raison et d'ailleurs je me suis exprimée il y a quelques jours sur ces sujets-là, il y a un certain nombre d'aides qui relèvent non pas de la maternité mais de la parentalité et donc les aides personnalisées…
MARC FAUVELLE
Oui généralement on le fait à deux.
AMELIE OUDEA-CASTERA
… de l'Agence nationale des sports, moi j'ai souhaité que ça puisse aussi bénéficier à des jeunes papas quand il faut par exemple avoir voilà des financements supplémentaires, des frais spécifiques liés à la garde des enfants, il n’y a pas de raison que ce soit plus pour les femmes que pour les hommes. En revanche tout le volant d'aide qui a trait aux femmes dans la réathlétisation, dans la dimension de prise en compte des éléments de santé qui sont vraiment du ressort des femmes et des moments d'interruption de pratiques sportives liées à leur état de maternité, ça c’est spécifique aux femmes.
MARC FAUVELLE
Mais si par exemple Kylian MBAPPE a un bébé dans les mois qui viennent, ce qu'on lui souhaite évidemment, vous lui dites emmène le à Clairefontaine, donne l’exemple.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je suis sûre qu’il sera très attendu le petit mini Kylian. Non mais moi vous savez, en plus je viens d'un sport, le tennis où tout ceci existe déjà, c'est-à-dire que sur les Grand Chelem, vous avez des services de nurserie avec des gardes d'enfants qui bénéficient aussi bien, enfin voilà qui bénéficient aux familles dans leur ensemble. On ne distingue pas est-ce que c'est pour le garçon, est-ce que c'est pour la fille, je pense que on vit dans un moment et dans une époque où il ne faut pas penser que c'est réservé aux femmes, les papas ont aussi, peuvent avoir le sentiment que leurs enfants leur manquent et que sur une longue tournée ils ont besoin de les retrouver et d'être en famille.
SALHIA BRAKHLIA
Toujours en parlant des femmes, je reviens sur les joueuses de l'équipe de France de foot, elles ont désormais aussi des shorts bleus, certains disent que ça les rassure, le jour où elles sont, où elles ont leurs règles, est-ce que ça sera la règle désormais pour toutes les équipes de France dans toutes les disciplines ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Moi je pense que chacune des équipes va avancer, dans le cyclisme, il y avait déjà des choses qui avaient été faites, je sais que par exemple dans le tennis là aussi à Wimbledon les sous-vêtements… Donc je pense que chaque discipline va avancer, c’est là aussi un joli progrès symbolique, la couleur, la doublure, la matière, on avance et je pense que sur ce sujet des cycles mensuels il faut avoir une approche plus large que celle des équipements et aussi bien tenir compte de la formation des entraîneurs et puis progresser sur tout ce qui est optimisation de la forme de nos athlètes par rapport aux profils hormonaux qu’elle présente. Tout ceci, c'est des choses qui se perfectionnent dans le sport aujourd’hui professionnel et de haut niveau on avance sur ces sujets.
MARC FAUVELLE
Amélie OUDEA-CASTERA, ministre des Sports qui compte les jours avant les Jeux est l'invitée de France Info jusqu'à 9h00.
- Toujours avec la Ministre des Sports, Amélie OUDEA-CASTERA. Il y a un débat en ce moment dans le monde sportif sur la place des athlètes transgenres. La Fédération internationale d'athlétisme par exemple a décidé de les exclure de la catégorie femmes au nom de l'équité sportive. Est-ce que vous comprenez cette décision ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Je pense que c'est un sujet difficile et évolutif dans lequel on doit naviguer entre deux exigences : une exigence d'inclusion et en effet une exigence liée au respect de l'équité sportive.
MARC FAUVELLE
Parce qu'on considère qu'un homme qui devient femme va avoir de meilleurs résultats que les femmes. Ou peut avoir.
AMELIE OUDEA-CASTERA
En tout cas, il faut que les impacts sur la performance soient clairs. Jusqu’à présent les règles dans l'athlétisme international, c'était de dire qu'il fallait que les athlètes transgenres se maintiennent en dessous d'un certain niveau de testostérone. Là ils ont pris une décision différente qui est de dire que tous les athlètes qui ont eu une puberté masculine sont en effet écartés des compétitions.
MARC FAUVELLE
Oui.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Tout le monde n'est pas sur cette ligne-là. Là encore le progrès scientifique va éclairer la décision de ces acteurs-là. Moi ce que je retiens, c'est cette volonté d'inclusion. Je vais vous donner un exemple qui est celui de la Coupe du monde de rugby en France dans 149 jours. Vous voyez que je connais aussi le compte-à-rebours de notre Coupe du monde de rugby. Et là nous ce qu'on veut, parce qu’on a des règles côté Fédération française de rugby qui sont plutôt plus inclusives que celles de World Rugby au niveau international, c'est intégrer concrètement cette dimension des athlètes transgenres dans l'événement qu'on organisera autour de la Coupe du monde de rugby.
MARC FAUVELLE
Et quelle sera la règle pour les JO ? Est-ce qu’il y aura des athlètes transgenres ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Elle dépendra de chacune des fédérations internationales.
MARC FAUVELLE
Il n’y aura pas de règles communes ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ce sont elles qui régissent les règles relevant de leur discipline. Il y a, je vous l'ai dit, des différences d'une discipline à l'autre mais ce qui est important, c'est que tout ceci soit pour moi éclairée par des éléments probants sur le plan scientifique.
SALHIA BRAKHLIA
Le ramadan a débuté depuis la fin mars. Est-ce que vous faites partie de ceux qui disent qu'il faut mettre en place des mesures particulières pour que les joueurs qui suivent le ramadan puissent faire une petite pause pendant les matchs ? De foot par exemple ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Moi je pense que là là-dessus il faut être très clair sur nos principes. La laïcité, la protection de la liberté de croire, de ne pas croire, neutralité du service public, pas de prosélytisme. Et en même temps, il faut être à la fois très déterminé et aussi, j'ai envie de dire sans esprit de polémique sur la manière dont ces principes clairs ils se mettent en oeuvre. Et je trouve que dans le foot là en France, ça s'est plutôt pas mal passé jusqu'à présent. Parce que de manière assez pragmatique, des joueurs de confession musulmane ont pu rompre leur jeûne en utilisant des temps de pause, en utilisant les mi-temps. Il y a des solutions de manière pragmatique qui peuvent être prises et je retiens qu’en Ligue 1 comme en Ligue 2 et plus largement aussi dans le sport amateur, puisque la Fédération française de football s'est exprimée sur ce sujet-là…
MARC FAUVELLE
Pour dire qu’elle était opposée à l’idée de pause.
AMELIE OUDEA-CASTERA
En rappelant les termes de ses statuts, sur la neutralité des lieux de pratique et la neutralité des compétitions. On a des solutions pragmatiques.
MARC FAUVELLE
Donc pas de pause par exemple pendant une mi-temps ? À la mi-temps oui, mais pas pendant le temps de jeu.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Pas d’éléments spécialement aménagés mais en revanche le cadre actuel de la pratique du football permet de manière pragmatique de permettre à chacun de vivre sa religion et c'est ça qui est important.
SALHIA BRAKHLIA
Mais est-ce que c'est du pragmatisme quand l'entraîneur du FC Nantes par exemple Antoine KOMBOUARE a carrément décidé d'écarter les 5 joueurs de son équipe qui font le jeûne du ramadan les jours de match ? Est-ce que vous trouvez ça normal ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Alors je pense que ça, ça relève de chaque équipe. C'est des décisions de sélectionneur qui ne m'appartient pas à moi de commenter. Je pense qu'il y a une analyse de l'état de forme, de la manière dont la participation de ces joueurs elle se compare par rapport à d'autres joueurs dans l'équipe. On a vu qu'un BENZEMA avait très bien performé donc ceci est relatif, dépend des athlètes et là aussi je pense qu'il faut faire confiance aux acteurs pour trouver les meilleures solutions sur ces sujets-là. Je trouve que le cadre de la laïcité à la française a montré qu'il donnait l'espace et le contexte pour permettre de gérer bien ces situations.
MARC FAUVELLE
Vous avez des nouvelles de Noël LE GRAËT ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, je n'ai pas de nouvelles récentes de Noël LE GRAËT.
MARC FAUVELLE
Vous avez cherché à en prendre ou pas ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Non, pas spécifiquement.
MARC FAUVELLE
Il a quitté la tête de la Fédération française de foot, il reste à la tête du bureau de la FIFA à Paris, vous allez forcément être amenée à le voir, à le croiser dans le cadre de ses fonctions, non ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Oui mais vous savez, à chaque fois que j'ai croisé Noël LE GRAËT, les choses ont été cordiales. Nous nous sommes salués, je suis restée polie…
MARC FAUVELLE
Lui aussi ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Donc je n’ai pas d'appréhension par rapport au fait de le recroiser, ça fait partie de la vie. Encore une fois c’est quelqu'un qui a apporté des choses au football français. Il y a un moment, il n'avait plus la légitimité pour continuer. Il s'en est rendu compte, il en a tiré les conclusions et je pense que maintenant on est dans une ère nouvelle. Ça fait partie des choses et du cours des choses.
MARC FAUVELLE
Et vous n'aurez aucun problème à travailler à nouveau avec lui au nom de la FIFA pour ce qui le concerne ?
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, sur ce sujet de la FIFA il aura un rôle qui lui est confié par cet organisme-là à Paris. Noël LE GRAËT, moi je peux avoir une conversation avec lui. Aujourd'hui mes interlocuteurs privilégiés, ce sont les dirigeants du football français. J'ai un dialogue qui est très fluide, qui est confiant avec eux, on construit plein de choses là encore sur le football féminin, donc je suis très confiante et très apaisée sur la manière dont tout ceci continuera dans les mois à venir. Pas d'appréhension sur ces sujets.
SALHIA BRAKHLIA
Le Paris-Saint-Germain est, semble-t-il, candidat au rachat du Stade de France. Est-ce qu'il pourrait passer sous pavillon qatari.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Le Stade de France ?
MARC FAUVELLE
Oui, le PSG c'est déjà fait.
AMELIE OUDEA-CASTERA
Ecoutez, on a engagé là-dessus une démarche sans préjuger du tout de si, pour l'échéance de renouvellement de la concession du Stade de France qui arrive à l'été 25, on reviendra sur un régime de concession ou sur un régime de cession. Tout ceci va être regardé. Le but, c’est de faire émerger le meilleur projet, de garder une vocation sportive que nos deux grandes fédérations – foot, rugby – s’y sentent bien et qu'on ait un projet qui préserve à la fois les intérêts économiques et financiers de l'Etat et qui soit protecteur aussi du contribuable. Ça c'est le cadre qu’on s’est donné. Il y aura des étapes, des négociations, des discussions qui vont se passer jusqu'à la fin du mois d'avril dans une première étape, un processus qui va continuer et qui n'aboutira qu’en fin d'année 2024. Il n’y a pas de raison par principe d'écarter l'idée qu’un opérateur étranger puisse faire partie d'une candidature ou d'un groupement en vue d'une candidature, mais le Qatar pas plus qu’un autre.
MARC FAUVELLE
Merci à vous Amélie OUDEA-CASTERA, ministre des Sports, invitée ce matin de Franceinfo.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 17 avril 2023