Texte intégral
PATRICK ROGER
Bonjour, François BRAUN.
FRANÇOIS BRAUN
Bonjour.
PATRICK ROGER
Plusieurs questions, à la une, ce matin, la pénurie de médicaments, où en est-on de la relocalisation, d’ailleurs de la production ? Qu’est-ce que veut dire aussi l’accès direct des médicaments innovants ? C’est-ce qu’on va voir. Nous reviendrons aussi sur la réintégration des soignants non vaccinés sur les réponses au manque de médecin ou de personnel. Commençons donc, si vous voulez bien, par les annonces autour de la réindustrialisation, là, d’une façon générale, par Emmanuel MACRON. Dans le secteur de la santé, où les pénuries sont apparues au grand jour, ces derniers temps, on pense au Doliprane, hier, et même ces derniers jours, une commission sénatoriale pointe une pénurie sur 3 000 médicaments. Est-ce exact ?
FRANÇOIS BRAUN
Il faut bien préciser de quoi on parle. Quand on parle de pénurie, on a l’impression qu’on a plus du tout de ce médicament. Ce n’est pas le cas. Donc, je préfère parler de tensions dans les stocks. Au fait, nous avons des stocks de médicaments en fonction des médicaments, ce sont des stocks, déjà que nous demandons aux industriels, depuis 2019 d’un mois à trois mois, et nous avons une agence, l’agence de sécurité du médicament qui surveille cela de très près et dès qu’il y a un risque de diminution de ces stocks, les entreprises nous informent. L’agence de sécurité du médicament fait son travail, donc, nous avons multiplié de façon très importante les alertes. Pour autant, ça ne veut pas dire que nous manquons de tous ces médicaments.
PATRICK ROGER
Mais il y a quand même une tension sur 3 000 médicaments ? Alors, comme c’est dit par la Commission sénatoriale…
FRANÇOIS BRAUN
Il y a une tension, sur, effectivement, beaucoup de médicaments. Alors, c’est une tension qui n’est pas que française, malheureusement, puisqu’on pourrait dire, on va trouver ailleurs, j’étais, il y a dix jours, avec mes collègues européens, justement, sur ce sujet de pénurie de médicament, parce que s’il y a des solutions en France, et nous en avons mis en oeuvre, il y a aussi des solutions qui doivent passer par l’Europe, bien sûr.
PATRICK ROGER
Et alors, sur les projets de relocalisation, de fabrication de médicaments, où on en est-on ? Est-ce qu'il y a des projets concrets ? Alors, évidemment…
FRANÇOIS BRAUN
Alors, il y a des projets, un projet qui est maintenant bien identifié, qui est le projet de séquences, qui est de remettre la production de paracétamol en France. Donc, ça, c'est déjà en route. Maintenant, il faut voir dans quel contexte on se positionne pour ses relocalisations, déjà, s'assurer quels sont les médicaments essentiels, ça a été mon premier travail. Là, j'ai une première liste qui m'a été fournie par les différents scientifiques de 280 médicaments essentiels. Elle va être probablement un petit peu ajusté, encore un petit peu diminué. Sur l'ensemble de ces médicaments, nous identifions tous les points de production depuis la fabrication de la molécule jusqu'à la distribution dans la pharmacie et puis, les endroits où il y a des risques des dangers. Ce sont des molécules essentielles ? Il y a une interrogation sur la relocalisation en France et en Europe de ces molécules, c'est le travail que nous menons actuellement avec le ministre de l'Industrie, Roland LESCURE, c'est le travail que nous menons au niveau européen.
PATRICK ROGER
Ça pourrait concerner plusieurs usines et combien d'emplois ? Vous avez déjà les chiffres ?
FRANÇOIS BRAUN
Non. C'est trop tôt pour parler de cela, mais si je fais référence à Choose France, qui était à la réunion hier, avec l'ensemble des entrepreneurs, le domaine de la santé, c'est à peu près un milliard, déjà, d'investissements supplémentaires en France, PFIZER essentiellement, on en a parlé, mais aussi des laboratoires comme GSK ou CHIESI, que j’ai pu rencontrer hier, ils vont réinvestir en France, pour de la recherche donc avec des emplois, demain pour de la production.
PATRICK ROGER
Vous annoncez allez aussi aux investisseurs étrangers l'expérimentation accès direct pour les médicaments innovants. Qu'est-ce que ça signifie concrètement ? Parce qu’il y a un problème parfois de confiance quoi, bien sûr, avec tout ce qui est innovation quoi, ça fait avancer et ça pose en même temps, ça pose un certain nombre de question.
FRANÇOIS BRAUN
C'est pour ça que je mets en place un certain nombre de mesures pour faciliter l'accès aux médicaments très innovants. Je crois que c'est ça qui est important. Les Français doivent pouvoir bénéficier de ces innovations comme nos voisins allemands ou comme d'autres pays. Cet accès direct permet à un industriel que son médicament soit distribué avant même ce que l'on appelle « L'autorisation de mise sur le marché », mais dès lors que les scientifiques ont jugé que le médicament avait un bénéfice important pour les patients, nous avons maintenant une procédure qui permet de le mettre très vite sur le marché et à disposition des Français.
PATRICK ROGER
Sans aucun risque ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, sans aucun risque, c'est sous l’avis, bien sûr des autorités scientifiques qui nous confirment que ce médicament est efficace, n'a pas de danger et apporte surtout quelque chose de plus par rapport aux médicaments qui existent.
PATRICK ROGER
Oui, c’est ça, parce que vous savez, à travers la crise du Covid, des bas, il y a eu un certain nombre de questionnements. D’ailleurs, est-ce qu'il faudrait une commission d'enquête ? Nicolas DUPONT-AIGNAN disait une commission d'enquête, parlementaire ou pas, mais sur les effets secondaires de la vaccination au Covid, je crois, est-ce que vous, vous êtes favorable ou pas ? Pour des questions de transparence.
FRANÇOIS BRAUN
Il faut être transparent. Je pense que le milieu scientifique l'est totalement. Les patients qui ont été vaccinés sont suivis. Pour l'instant, il n'y a pas d'alerte, il n’y a aucune alerte par rapport aux dizaines de millions personnes qui ont été vaccinées.
PATRICK ROGER
Il y en a eu sur des femmes, par exemple, des troubles menstruels et autres quoi. Ça a été signalé.
FRANÇOIS BRAUN
Oui mais qui ne sont pas significatif par rapport à l'ensemble des personnes qui ont été vaccinées. Vous savez, on parle beaucoup de cette vaccination Covid. C'est une des vaccinations qui a été le plus utilisée dans le monde et pour laquelle on a le plus d'expérience.
PATRICK ROGER
Depuis hier, justement, à propos du Covid, les soignants personnels non vaccinés peuvent réintégrer leur poste. Est-ce que vous avez eu des chiffres précis d'ailleurs, à l'issue de cette première journée ?
FRANÇOIS BRAUN
Non. Pas encore très clairement, déjà, il était très difficile d'avoir des chiffres sur les personnes concernées. Vous savez, on dit « soignant », en fait, ce sont les personnes du service public hospitalier dedans il y a des soignants, il y a des non-soignant, il y a tout ce qu'on appelle les personnels techniques, qui sont indispensables au fonctionnement de l'hôpital. Globalement, c'était déjà assez peu, les premiers chiffres que l'on avait, il y a quelques mois, c'était de l'ordre de 0,3% de l'ensemble des effectifs, quelques milliers, donc, probablement à peu près la moitié seulement de soignants. Je crois qu'il il faut tourner la page de cette période Covid. La Haute autorité de santé, a indiqué que la vaccination n'est plus obligatoire pour les soignants. Je l'avais interrogé d'ailleurs, en juillet dernier, à ce sujet, la loi de 2021 dit que dès lors que la Haute Autorité de Santé a émis cet avis, il n'y a plus aucune raison de ne pas les réintégrer. J'ai donc fait appliquer la loi, ce qui est tout à fait normal. J'ai envie de dire, passant autre chose, comme l'a dit l'OMS, ce n'est plus une urgence de santé publique internationale.
PATRICK ROGER
D’ailleurs, le Covid n'est plus une urgence, en fait, aujourd'hui, parce qu'il y a des soignants vaccinés positif qui peuvent travailler quoi ?
FRANÇOIS BRAUN
Oui, on a beaucoup discuté autour de tout ça, en fait, des gens qui étaient positifs, qu'on forçait à venir travailler pendant les vagues d'épidémies. C'est faux. On ne les a jamais forcés.
PATRICK ROGER
Non mais, aujourd'hui. Je parle de maintenant.
FRANÇOIS BRAUN
Aujourd'hui, oui, alors, il faut il faut appliquer, les gestes barrières et a fortiori, lorsqu'on est…
PATRICK ROGER
Comme du gel devant vous.
FRANÇOIS BRAUN
Du gel, des masques quand on est dans les services hospitaliers est tout-à-fait normal.
PATRICK ROGER
Donc, le Covid, c’est un rhume, c'est devenu un rhume ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors, c’est un rhume qui, comme la grippe, tue encore. Donc, il faut quand même garder ça présent à l'esprit. Ça tue encore les personnes les plus fragiles, les personnes les plus âgées, il faut être, il ne faut continuer à être prudent, il faut continuer à protéger les personnes les plus fragiles, donc aller vacciner.
PATRICK ROGER
L'hôpital, le Président promet de désengorger les urgences d'ici à 2024, il y a un peu de boulot quand même. Concrètement, comment peut-on faire ? Hocher de la tête en disant non, c’est possible ?
FRANÇOIS BRAUN
Oui, non seulement, c'est possible, mais c'est une promesse qui sera tenue. Vous savez, les urgences, c'est un domaine que je connais bien, le problème des urgences, c’est à deux niveaux : essentiellement, c'est les gens qui arrivent aux urgences et qui pourraient être pris en charge ailleurs, et puis, des gens qui doivent être hospitalisés à partir des urgences et pour lesquels on ne trouve pas de lit disponible. Alors, il y a deux solutions, si je veux schématiser, la première, c'est la mise en place des services d'accès aux soins, donc, l'évolution du SAMU, un petit peu, qui se complète avec la médecine générale. Donc, le 15, vous avez un problème de santé aigu votre, médecin traitant n’est pas disponible, vous faites le 15, on va vous trouver la solution la plus adaptée à votre cas qui, la plupart du temps, ne sera pas d'aller aux urgences. Et d'ailleurs les mesures que j'avais prises cet été en ce sens, pour la première fois, l'été dernier, donc, il y a une diminution du nombre de passages aux urgences. Donc, on voit bien que cela est possible. Il faut renforcer ces services d'accès aux soins principalement par une grande campagne que j'ai lancée hier, de recrutement des assistants de régulation médicaux, c'est un métier qui est mal connu et qui est essentiel.
PATRICK ROGER
Oui. On va arriver là, à l’été. Vous êtes confiant, justement, pour les urgences, cet été. Et puis, le système que vous avez mis en place
FRANÇOIS BRAUN
Vous savez, je dois être vigilant avant d'être conscient. Il faut absolument donner tous les moyens. Notre hôpital est en difficulté d'une façon d'une façon générale. Il est de ma mission de donner les moyens nécessaires pour prendre en charge les patients.
PATRICK ROGER
Alors, depuis que vous êtes à la tête du ministère de la Santé, combien avez-vous pu investir précisément dans l'hôpital ?
FRANÇOIS BRAUN
Depuis juillet dernier, six milliards d'euros supplémentaires pour l'hôpital que j'ai pu investir, mettre pour cette réorganisation de l'hôpital qui est nécessaire, qui va se poursuivre. Le président de la République s'est engagé sur l’hôpital, sur le suivi des carrières, sur la refonte du financement de l'hôpital. Ce sont des gros travaux qui sont en cours.
PATRICK ROGER
Oui, alors, ces six milliards, ils passent où, précisément pour que les Français voient cette différence quoi ?
FRANÇOIS BRAUN
Ces six milliards, ils ont été dans la meilleure valorisation du travail de nuit et de week-end. Vous savez, c'est particulièrement pénible. Il n’y a plus beaucoup de métiers qui travaillent la nuit ou encore mardi, évidemment, mais il y en a plus tant que ça. Et puis, les métiers du soin sont des métiers où on ne peut pas faire de télétravail, je crois que ça semble évident, mais il est bon de le rappeler. Ça a été aussi du…
PATRICK ROGER
Non, on ne fait pas du télétravail mais on peut faire de la téléconsultation, c'est ce qui se développe beaucoup quoi ?
FRANÇOIS BRAUN
Exactement. Alors, là, on ouvre une page et j’annonce dans la journée, la nouvelle feuille de route du numérique en santé. C’est-à-dire qu’on a une première feuille de route qui nous a permis de rattraper notre retard en numérique et là nous continuons dans cet axe-là, avec des orientations fortes comme la prévention, comme gagner du temps médical comme le…
PATRICK ROGER
Alors, mais c'est quoi, ça va être très concrètement, justement cette feuille de route numérique ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors, très concrètement, je crois que le plus simple, la meilleure façon de voir, c'est ce qu'on appelle « Mon espace santé », c'est ce carnet de santé numérique que nous avons tous, plus de 90% des Français ont accepté d'avoir ce carnet de santé numérique sur lequel l'ensemble de nos informations médicales sont mises progressivement déjà toutes vos ordonnances, tous vos résultats de laboratoire… Je travaille avec les fournisseurs de logiciels pour que les comptes-rendus d'autres médecins traitants intègrent, ce qui va permettre aux professionnels de santé d'avoir toute l'information en deux clics et donc, de gagner du temps dans votre prise en charge et de la sécurité.
PATRICK ROGER
Et ça, ça doit changer immédiatement, là, ce sera obligatoire pour tout le monde ou pas ?
FRANÇOIS BRAUN
C’est déjà en place. Ce n'est pas obligatoire dans ce sens, mais c'est déjà en place, parce que l'assurance maladie qui porte ce carnet de santé numérique, ce « Mon espace santé » a déjà écrit à tout le monde, vous avez reçu comme moi un courrier, alors vous avez peut-être oublié en vous disant : « Si vous ne voulez pas, dites-le nous », mais sinon, nous ouvrons votre « Mon espace santé », sur le carnet de santé numérique et ça agit un peu comme une plateforme sur laquelle d'autres logiciels viennent agrafer des logiciels de suivi de pathologies chroniques. Donc, très intéressant dans le cadre de la prévention des logiciels par rapport aux médicaments etc.
PATRICK ROGER
Donc, ce matin, vous nous annoncez une grande accélération sur le numérique pour la santé quoi ?
FRANÇOIS BRAUN
Exactement, avec bien sûr un axe très fort sur la sécurité des données.
PATRICK ROGER
Est-ce qu‘il n'y a pas aussi des abus sur le numérique sur les téléconsultations par exemple qui sont qui sont plus chères bien sûr, sur Doctolib aussi, alors, là, je crois qu’il faut faire le ménage un petit peu, alors, par rapport à « Certains professionnels de santé », entre guillemets, qui sont sur Doctolib.
FRANÇOIS BRAUN
Alors, déjà, au niveau des téléconsultations, ce sont les mêmes prix qu'une consultation normale, sont remboursés de la même façon. Donc, là-dessus, mais le problème est réglé.
PATRICK ROGER
Donc, vous payez plus cher ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors, pas forcément, non.
PATRICK ROGER
Pas forcément ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, il n’y a pas de d'actes plus cher de télé consultation. Alors, après, il y a des actes qui peuvent être facturés plus chers par différents types de médecins, mais ça, c’est est différent. Quant à, vous parliez de…
FRANÇOIS BRAUN
Alors déjà, au niveau des téléconsultations, elles ont mêmes prix qu’une consultation normale, elles sont remboursées de la même façon.
PATRICK ROGER
Oui, mais vous payez plus cher ?
FRANÇOIS BRAUN
Donc le problème est réglé.
PATRICK ROGER
Mais vous payez plus cher hein ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors pas forcément.
PATRICK ROGER
Pas forcément ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, pas forcément.
PATRICK ROGER
Ah bon ?
FRANÇOIS BRAUN
Non, il n’y a pas d’acte plus cher de téléconsultation. Alors après, il y a des actes qui peuvent être facturés plus chers par différents types de médecins, mais ça, c’est différent. Quant à… Vous parliez de…
PATRICK ROGER
Il me semblait bien, pourtant, que c’était plus cher, mais que c’était le même prix qui était remboursé quoi. C’est un peu ça, non ? Bon, sur la téléconsultation.
FRANÇOIS BRAUN
À revoir, mais normalement, non.
PATRICK ROGER
Vous ferez une téléconsultation ?
FRANÇOIS BRAUN
Il n’y a pas de souci.
PATRICK ROGER
Bon. Et sur DOCTOLIB ?
FRANÇOIS BRAUN
Alors sur DOCTOLIB, on a vu il y a quelques mois l’alerte qu’il y a eu sur finalement les non-professionnels de santé qui étaient sur DOCTOLIB. Je dois saluer l’engagement de DOCTOLIB hein qui s’était engagé à régler ce problème. Plus de 5700 professionnels ont été radiés de DOCTOLIB.
PATRICK ROGER
C’était quoi ? C’était des naturopathes ?
FRANÇOIS BRAUN
Voilà, c’était en tout cas des gens qui n’étaient pas professionnels de santé. Je crois que c’est important, il y a besoin de transparence, on ne peut pas tromper les gens. Il y a les professionnels de santé, il y en a d’autres professionnels. Mais en tout cas, je dois dire que DOCTOLIB, en l’occurrence, a fait le travail.
PATRICK ROGER
Mais il y a des naturopathes qui peuvent avoir pignon sur rue tout de même quoi.
FRANÇOIS BRAUN
Il y a des médecins qui peuvent aussi se dire naturopathe. Donc dans ce cas-là, ils sont quand même médecin.
PATRICK ROGER
Oui. Bon, il en demeure encore un petit peu sur DOCTOLIB, mais c’est à eux de faire le ménage, c’est ce que vous dites ?
FRANÇOIS BRAUN
Et ils le font très bien.
PATRICK ROGER
Dites-moi, là où vous faites le ménage, c’est aussi sur le HHC, c’est une molécule qui vient du cannabis, et qui serait plus dangereux, c’est pour ça que vous voulez l’interdire ?
FRANÇOIS BRAUN
En tout cas, les médecins addictologues m’alertent en disant : « C’est une molécule qui entraîne une addiction », donc extrêmement forte. C’est d’ailleurs une molécule qui est connue pour être rajoutée aux produits issus du cannabis pour les rendre plus forts et plus addictifs. Il y a une faille dans la législation concernant cette molécule qui n’est pas triée. J’ai demandé, là aussi, à l’agence nationale de sécurité de médicament d’identifier clairement est-ce que c’est un stupéfiant ou pas. J’attends leur réponse rapidement maintenant. Si c’est un stupéfiant, ça rentre dans la liste des stupéfiants, et dès lors, l’interdiction est automatique.
PATRICK ROGER
Alors ça, ça pourrait venir quand ? Dans les jours qui viennent ? Dans les semaines qui viennent ?
FRANÇOIS BRAUN
Dans les semaines qui viennent. J’ai demandé vraiment à la NSM d’accélérer un petit peu les choses.
PATRICK ROGER
Oui. Donc sur cette molécule, sur la convention citoyenne, sur la fin de vie, c’est prononcé donc il y a quelques jours. Vous, donc vous êtes ministre de la Santé et de la Prévention. Quel est votre avis ?
FRANÇOIS BRAUN
Déjà, je veux saluer le travail qui a été fait par la convention citoyenne. C’est un sujet qui est extrêmement délicat, tout le monde le sait. Il y a eu un travail qui s’est fait en concertation, dans le calme. Ce qui est très intéressant d’ailleurs, c’est qu’il y a des personnes qui ont changé d’avis au cours de ces débats. Je crois que ça, il faut garder ça présent à l’esprit. Pour ma part, je considère que c’est un sujet de société avant d’être un sujet médical. C’est un vrai sujet de société. Quelle est la direction que veut prendre la société française ? On voit que le CÉSE, le Comité Économique Social et Environnemental s’est positionné aussi pour l’Aide Active à mourir. D’autres groupes de personnes se positionnent différemment.
PATRICK ROGER
Vous, vous n’y êtes pas favorable, à l’Aide Active à mourir ?
FRANÇOIS BRAUN
Je suis favorable à ce que les personnes aient une fin de vie la moins pénible possible, bien entendu. Simplement, mon point d’alerte, et c’est ce que je dis souvent, c’est qu’on parle de fin de vie… Moi, par expérience, par mon métier, j’ai rencontré énormément de personnes en fin de vie, des jeunes, des vieux, des enfants, etc. C’est, chaque fois, la fin d’une vie. Ce n’est pas la fin de vie générique, c’est la fin d’une vie, et il faut revenir sur ce côté très individuel de la relation dans ces derniers moments. Voilà. Après, en tant que ministre, bien entendu, j’écoute la société, je vois ce que la société française va demander.
PATRICK ROGER
Quel est le calendrier que vous avez demandé par Emmanuel MACRON ?
FRANÇOIS BRAUN
Le calendrier a été posé par le Président de la République. Un projet de loi qui soit travaillé avec les parlementaires à la fin de l’année, avec en particulier quelque chose sur lequel tout le monde est d’accord qui est l’augmentation des moyens pour ce qu’on appelle les soins palliatifs.
PATRICK ROGER
Une dernière question, François BRAUN, puisque vous êtes ministre de la Santé et de la Prévention. Il y a aussi la santé mentale. Sud Radio, avec d’autres partenaires du psycho-don qui agit pour la santé mentale qui aura lieu dans quelques jours. C’est l’une des préoccupations majeures, parce que quand je vois les chiffres, c’est l’un des premiers coups pour l’assurance maladie. Trois milliards. Que fait-on pour la santé mentale en fait aujourd’hui en France ?
FRANÇOIS BRAUN
Je pense que c’est effectivement un enjeu qui est essentiel. Nous avions, il y a un peu plus d’un an, les assises de la santé mentale, le Président de la République a participé d’ailleurs, qui a enrichi un peu notre feuille de route en termes de santé mentale, avec un axe, bien entendu, qui est très fort vers les plus jeunes et vers les adolescents. Il faut aussi voir ce qu'il reste à faire, mais voir ce qui a été fait, par exemple le déploiement des maisons des adolescents, maintenant, dans tous les départements, c'est ouvert pour que les adolescents puissent venir en charge. Le développement de « MonParcoursPsy », vous savez, on a dit beaucoup de choses sur « MonParcoursPsy », c'est presque 100 000 personnes qui en ont bénéficié, c'est énorme. Donc, des choses sont en place, il faut continuer à les renforcer. Pour ma part, j'ai une volonté de m'attacher dans le cadre précis de la santé mentale aussi, à toutes les addictions, aux racines des addictions, puisqu’on parle bien sûr du tabac, de l'alcool, que ce sont les principales addictions, on parlait tout à l'heure du HHC et d'autres drogues, parce que j'ai vu avec les psychiatres et je leur ai demandé de travailler là-dessus. C'est la racine même de l'addition chez les tout jeunes. Pourquoi devient-on addict à un produit ou à un autre ? Et ça va être un axe de travail pour les mois qui viennent.
PATRICK ROGER
Merci François BRAUN, ministre de la Santé et de La prévention qui était l'invité ce matin de Sud Radio.
FRANÇOIS BRAUN
Merci.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 24 mai 2023