Texte intégral
D'abord je voudrais remercier la Présidence suédoise pour le travail qu'elle effectue en ce moment pour faire avancer les grands chantiers qui sont ceux du commerce au sein de l'Union européenne. Je pense que nous avançons positivement dans le cadre de la Task force avec les Etats-Unis, notamment sur le dossier de l'IRA, avec des exemptions qui pourront concerner les entreprises et les produits européens. Pour ce qui ne pourra pas être réglé dans le cadre de la plateforme, nous avons bien sûr besoin d'une politique industrielle européenne puissante et efficace.
Nous aurons également des discussions en ce qui concerne la Chine. La Chine est évidemment un partenaire économique important de l'Union européenne. Il n'y aura pas de transition énergétique au niveau mondial et de lutte contre le changement climatique sans la Chine. Mais la Chine est aussi un compétiteur et nous sommes extrêmement attentifs à un certain nombre de pratiques, notamment de subventionnement des entreprises chinoises ou d'obstacles sur les accès au marché, qui sont des distorsions de concurrence. Nous attendons que l'Union européenne mette en place les outils nécessaires, en plus des mesures antidumping qui sont mises en oeuvre pour lutter contre ces pratiques de distorsion de concurrence qui instaurent une concurrence déloyale.
Nous parlerons aussi de la réforme de l'Organisation mondiale du commerce. Nous souhaitons que la MC13 puisse être l'occasion d'une réforme d'ampleur qui puisse notamment permettre de débloquer l'organe d'appel, d'avoir ce qui est nécessaire à une concurrence loyale sur l'ensemble de la planète et au maintien d'un multilatéralisme de la politique commerciale. Donc une capacité de règlement des différends opérationnelle. Et puis nous avons également les enjeux sur la pêche avec la suite des négociations que nous avions eues lors de la MC12 pour nous attaquer, cette fois-ci, à ce qu'on appelle la surpêche ou la surcapacité. Donc ce sont des discussions que nous aurons.
Et nous aurons des discussions sur la politique commerciale. Nous accueillons favorablement un certain nombre d'accords qui sont en discussion. Je pense notamment à l'accord sur l'Australie, même s'il y a encore des points à faire bouger pour protéger davantage nos filières agricoles. Puis, bien sûr, nous avons la question du Mercosur. La France a posé des conditions extrêmement claires. Force est de constater qu'à ce stade les cases ne sont pas cochées. Nous le réaffirmerons à nos partenaires européens.
Q - À quel point pensez-vous qu'on devrait s'aligner sur les Américains quand il s'agit de contrôler les investissements sortants ? Est-ce qu'il faut beaucoup de prudence là-dessus ? Comment vous positionnez-vous ?
R - Alors la sécurité économique est évidemment un point stratégique pour la politique commerciale et pour la protection de nos propres investissements. Donc, en ce qui concerne les investissements entrants, nous sommes extrêmement vigilants notamment sur nos entreprises dites stratégiques. Il y a une question qui peut être posée effectivement sur les investissements sortants. Elle est posée aujourd'hui par les Etats-Unis d'Amérique. Nous allons l'examiner, en examinant aussi ce qui peut y avoir comme effet d'extraterritorialité de ce type de dispositif, et faire en sorte que cela n'introduise pas non plus des comportements de distorsion de concurrence pour nos propres entreprises.
Q - Sur les accords commerciaux, il y en a beaucoup sur la table. Est-ce qu'il n'y a pas une sorte de fatigue avec tous ces accords qui avancent très lentement et qui ne bougent pas ?
R - Alors, d'abord, les accords commerciaux sont positifs lorsqu'ils prennent en compte les nouveaux critères qui sont ceux de la Commission : à la fois protéger davantage l'humain et la planète, la prise en compte des règlements de l' OIT sur la lutte contre le travail forcé, le travail des enfants - donc c'est lutter contre le dumping social -, également la prise en compte des accords de Paris comme clause essentielle des traités, ou encore le nouveau règlement de lutte contre la déforestation. Tout cela c'est protéger également la planète. Et bien sûr les mesures miroir que nous poussons et qui elles protègent également la santé donc lutte contre le dumping sanitaire. Donc c'est extrêmement important aussi. Après, il faut que les accords puissent avancer sans mettre en péril également nos propres filières. Je pense notamment aux filières agricoles. Donc il faut que nous soyons totalement vigilants sur ce point. Et de ce point de vue-là, c'est le temps qui passe à la négociation pour aboutir à des compromis qui soient acceptables, par les Etats mais aussi par les opinions publiques.
Q - Êtes-vous déçu qu'il n'y ait toujours pas d'accord sur les matières premières critiques avec les Etats-Unis comme annoncé par Biden ?
R - Je pense que nous sommes en bonne voie pour aboutir à un accord. Les discussions se poursuivent, ça fait partie des sujets sur lesquels on peut aboutir à des compromis comme la question des automobiles électriques en leasing qui sont des points sur lesquels on peut avoir un compromis dans le cadre des pouvoirs interprétatifs du Président des Etats-Unis sur la loi américaine.
Q - Qu'est-ce que vous attendez du TTC ?
R - La prochaine réunion aura lieu le 30 et 31 mai prochain. Nous attendons que l'on puisse poursuivre les discussions notamment sur un certain nombre de volets technologiques. Et en matière commerciale nous attendons d'avoir des discussions sur la fameuse transparence en matière de subventions qui faisait aussi partie des discussions que nous avons eues dans le cadre de la Task force au niveau de l'Inflation reduction Act".
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mai 2023