Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour, Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour Sonia MABROUK.
SONIA MABROUK
"Sbire d'Emmanuel MACRON, garde-chiourme de la macronie", c'est ainsi qu'a été qualifiée la présidente de l'Assemblée nationale Yaël BRAUN-PIVET, notamment de la part de la France Insoumise qui l'accuse d'avoir manœuvré avec zèle au mépris de la démocratie parlementaire pour éviter tout vote sur l'abrogation de la retraite à 64 ans. Que répondez-vous à ces critiques et ses attaques à son égard ?
GABRIEL ATTAL
Yaël BRAUN-PIVET, elle assume son rôle de présidente de l'Assemblée nationale. Elle le fait avec courage dans une assemblée dont chacun peut voir, quand on regarde les débats, à quel point ces derniers peuvent être enflammés, difficiles. Ce que je constate, c'est que l'opposition et notamment la NUPES, les Insoumis, à chaque fois qu'ils perdent entre guillemets sur un vote ou sur l'adoption d'un texte, ils en viennent à contester absolument toutes les règles et notre Constitution. Yaël BRAUN-PIVET n'a fait qu'appliquer les règles de la Constitution.
SONIA MABROUK
Elle est rentrée dans le rang ? C'est une présidente affaiblie aujourd'hui ?
GABRIEL ATTAL
Elle n'a fait qu'appliquer la Constitution. Moi, je trouve ça plutôt sain et rassurant que la présidente de l'Assemblée nationale, qui est quand même une institution majeure dans notre République, applique les règles constitutionnelles. Ce que je constate encore une fois, c'est qu'il y a eu un vote en commission qu'un article de cette proposition de loi qui voulait abroger la réforme des retraites a été supprimé par le vote des députés de la commission des affaires sociales, que les députés de l'opposition veulent réintroduire cet article mais qu'il y a des règles et que la Constitution prévoit notamment qu'il y a un amendement, qu'une mesure qui est proposée par les parlementaires qui n'est pas financée – en l'occurrence, on parle de 20 milliards d'euros – ne peut pas être mis en débat.
SONIA MABROUK
Il y a des règles et il y a la respiration démocratique. Ne pas avoir permis un vote sur l'abrogation de la retraite à 64 ans, n'est-ce pas une entorse à notre démocratie ?
GABRIEL ATTAL
Mais encore une fois, vous savez, si les oppositions et notamment la NUPES, les Insoumis n'avaient pas fait de l'obstruction lorsqu'on a examiné le projet de loi sur les retraites à l'Assemblée nationale il y a quelques mois…
SONIA MABROUK
Il peut y avoir beaucoup de si dans ce cas-là. Et si vous, vous aviez accepté un vote ? Pourquoi avoir peur du vote ?
GABRIEL ATTAL
Sonia MABROUK, s'il n'a pas pu y avoir de vote en première lecture à l'Assemblée nationale, c'est parce que les Insoumis avaient déposé plusieurs dizaines de milliers d'amendements et qu'il n'a pas pu y avoir de vote. J'étais dans l'hémicycle, ils ont monopolisé la parole pendant des dizaines, des centaines d'heures donc il faut regarder où sont les responsabilités. Encore une fois, je trouve assez étonnant qu'aujourd'hui le débat se fasse autour de l'application ou non des règles de notre Constitution. Je pense que c'est sain - et on parlera peut-être d'autres sujets pour lesquels on attend que les règles soient appliquées : dans nos écoles, dans nos rues, à nos frontières - je trouve que c'est sain que les représentants de la nation et singulièrement la présidente de l'Assemblée nationale respectent la lettre de la Constitution, et je trouve toujours inquiétant mais malheureusement ça n'est plus surprenant que la NUPES ne veuille pas respecter la Constitution.
SONIA MABROUK
Monsieur ATTAL, six mois de bras de fer, six mois de manifestations, six mois d'une contestation populaire, six mois de sondages qui indiquent que l'opinion est contre majoritairement cette réforme des retraites, un vote ça n'aurait pas été contre les règles.
GABRIEL ATTAL
Vous savez, c'est toujours difficile de porter une réforme des retraites. Ce n'est jamais très populaire quand on regarde par le passé. Il y a eu cette réforme qui a été adoptée avec un 49.3 mais il y a eu un vote sur une motion de censure où les députés pouvaient se prononcer sur cette réforme en décidant de renverser le mouvement s'ils n'étaient pas d'accord avec cette réforme. Cette motion n'a pas été adoptée, il y a eu un vote sur cette motion. À partir de là encore une fois, ce sont les règles de notre Constitution qui s'appliquent et je regrette et je m'étonne toujours d'entendre des représentants de la nation contester l'application de notre texte fondamental qu'est la Constitution.
SONIA MABROUK
Quels risques et quelles conséquences aura cette contestation que vous dénoncez de la part de la France Insoumise ?
GABRIEL ATTAL
Encore une fois, je pense que quand on a des débats sur nos règles, sur notre devise républicaine dont on a le sentiment parfois qu'elle n'est pas toujours respectée à nos frontières, dans nos écoles, dans des hôpitaux ou sur le territoire national, avoir des représentants de la nation qui balayent d'un revers demain nos règles fondamentales et notre Constitution, je ne suis pas sûr que ça envoie un message utile dans un moment encore une fois où notre pays peut être traversé par des difficultés.
SONIA MABROUK
Elle est refermée la parenthèse du feuilleton de la réforme des retraites, Gabriel ATTAL ? Ce matin, cette matinée, l'ambiance sera très certainement survoltée à l'Assemblée. LFI veut déposer une motion de censure qui a peu de chances d'aboutir. Est-ce que c'est la fin du feuilleton pour vous ?
GABRIEL ATTAL
Ce qui est certain, c'est que dans le cadre de la réforme des retraites, il y a un certain nombre de débats et de sujets qui ont été ouverts. Je pense notamment à la question de la pénibilité, à la question de l'emploi des seniors. Sur ces sujets-là, évidemment qu'on va continuer à avancer.
SONIA MABROUK
Mais sur les retraites ?
GABRIEL ATTAL
On a ouvert la réforme France Travail. Ensuite, la réforme a été adoptée, elle va donc s'appliquer à partir de septembre prochain.
SONIA MABROUK
Donc politiquement, c'est fini ?
GABRIEL ATTAL
Encore une fois je vous dis, il y a un certain nombre de sujets qui restent dans le débat et sur lesquels on doit avancer. Et la réforme France Travail qui a été présentée permet notamment sur plusieurs de ces sujets de continuer à progresser.
SONIA MABROUK
Au sujet de la France Insoumise, Gabriel ATTAL, Mathilde PANOT s'est illustrée hier sur les réseaux sociaux en critiquant vertement La Une d'un journal, Le Parisien, intitulée "l'école face au défi de l'abaya" et consacrée aux multiples incidents à l'école à ce sujet. Mathilde PANOT a dénoncé une islamophobie qui fait vendre en ciblant le journal. Comment vous réagissez à cela ?
GABRIEL ATTAL
Moi, je n'ai pas de surprise malheureusement, je vais vous dire, sur la prise de position de la présidente du groupe de la France Insoumise à l'Assemblée nationale. Je rappelle qu'on l'avait vue avec les autres responsables de la France Insoumise défiler dans les rues de Paris avec le CCIF qui a été, je le rappelle, dissous en conseil des ministres, qui était une association, un groupement responsable d'entrisme radical dans nos institutions et notamment à l'école, porteur de discours islamistes, et donc je ne suis pas surpris de voir cette prise de position. Je la déplore évidemment encore une fois. Moi je pense qu'il y a aujourd'hui des groupes qui cherchent à bousculer notre pacte républicain, qui cherchent à faire de l'entrisme dans des établissements scolaires, et je l'ai vu quand j'étais secrétaire d'État à l'Éducation nationale. Et je pense que face à ce phénomène, plutôt qu'avoir des responsables politiques qui cherchent à faire du clientélisme, à surfer là-dessus dans une logique électoraliste extrêmement malsaine, je pense qu'on aurait besoin d'un rassemblement des forces politiques pour lutter contre ce phénomène.
SONIA MABROUK
Et vous au gouvernement, que faites-vous ? Comment ne pas laisser seuls et démunis les enseignants, les proviseurs ? Est-ce qu'il faut interdire par exemple l'abaya ?
GABRIEL ATTAL
On a une loi de 2004, je le rappelle, qui interdit les signes religieux à l'école.
SONIA MABROUK
L'abaya est un signe religieux ? Est-elle un signe religieux ?
GABRIEL ATTAL
Évidemment. Évidemment que c'est un signe religieux. Ensuite, on a beaucoup progressé ces dernières années notamment sur la transparence. Pourquoi est-ce qu'on a ce débat ? D'abord parce que Jean-Michel BLANQUER dans le précédent quinquennat a décidé - j'étais son secrétaire d'État, je l'ai vu - qu'il y ait une remontée systématique de toutes les atteintes à la laïcité dans les établissements scolaires. Et ce qu'a décidé le ministre Pap NDIAYE, c'est la publication, la transparence sur ces chiffres - je crois que c'est mensuel ou trimestriel - mais en tout cas qu'on publie ces chiffres. Si on a ce débat, c'est précisément parce qu'il a réuni les recteurs en début de semaine face à ce phénomène.
SONIA MABROUK
Les réunions, c'est bien mais quelle action ? Donc vous, vous êtes clairement pour l'interdiction de ces vêtements que vous qualifiez de religieux ?
GABRIEL ATTAL
Moi, je considère qu'on a une loi aujourd'hui qui interdit le port de signes ostensibles religieux dans nos établissements scolaires.
SONIA MABROUK
Donc ça peut comprendre le port de ce vêtement que vous appelez vêtement religieux.
GABRIEL ATTAL
Évidemment. Ensuite moi ce que je pense, c'est qu'il faut être aux côtés et outiller nos enseignants, nos chefs d'établissements, la communauté éducative qui parfois peut se retrouver seule et démunie face, encore une fois, à de l'entrisme et de la contestation de nos lois et singulièrement de la loi de 2004. Donc s'il faut continuer à mobiliser des juristes, des experts, des spécialistes pour être aux côtés et accompagner, outiller la communauté éducative, évidemment qu'il faut le faire.
SONIA MABROUK
Venons-en plus spécifiquement, Gabriel ATTAL, à vos dossiers avec l'opération Colbert. Alors l'opération Colbert, c'est une vaste opération coup de poing de lutte contre les trafics de tabac. C'est une opération flash sur une semaine. Quels résultats pouvez-vous nous annoncer ce matin à ce sujet ?
GABRIEL ATTAL
Moi, je suis ministre du Budget et donc je suis aussi ministre des Douanes. Les douaniers sont rattachés non pas au ministère de l'Intérieur mais au ministre du Budget, et c'est une très grande fierté pour moi d'être leur ministre parce qu'ils font un travail absolument exceptionnel dans notre pays pour protéger la frontière, contrôler la marchandise, protéger les Français. Et ils luttent contre tous les trafics, ils saisissent 70 % des stupéfiants qui sont saisis sur notre sol, et qu'est-ce qu'on a vu ces dernières années ? On a vu une explosion des trafics de tabac de contrebande ou de contrefaçon. On voit des réseaux mafieux, criminels, qui se tournent de plus en plus vers le tabac, qui étaient auparavant sur des stupéfiants et qui se tournent de plus en plus vers le tabac en se disant que ça va leur rapporter et qui prennent moins de risques. On ne leur fait pas assez peur. Et moi ma volonté encore une fois, c'est qu'on leur fasse peur et qu'on les sanctionne. Donc j'ai plusieurs leviers. D'abord on va augmenter les peines, il y a une loi qui est en discussion au Parlement. Pour les trafics de tabac, on va passer d'un an à trois ans de prison, de cinq ans à dix ans en bande organisée.
SONIA MABROUK
Attendez, juste sur ce point Monsieur le Ministre. C'est très bien de durcir les peines, encore faut-il qu'elles soient appliquées et qu'elles soient prononcées, ces peines. Les forces de l'ordre vous disent très souvent : on voit ces trafiquants quelques semaines après, quelques mois après au même endroit, libres dans la rue.
GABRIEL ATTAL
Évidemment. Mais vous savez, c'est pour ça par exemple que dans le texte de loi que je viens d'évoquer, on ajoute une mesure qui fait débat y compris avec la gauche, d'une peine d'interdiction complémentaire du territoire français pour les vendeurs de tabac à la sauvette, qui souvent sont des étrangers. On a des villes et des quartiers comme à Paris ou à Toulouse, où vous traversez le quartier et vous êtes littéralement harcelé par des vendeurs à la sauvette de tabac. Et donc oui, on propose aussi cette peine complémentaire d'interdiction du territoire français. Ensuite, il faut qu'on ait des moments où on a des opérations coup de poing extrêmement fortes, où on va pilonner les points de deal, pilonner les trafics, harceler les trafiquants. Et donc effectivement pendant une semaine, on a eu plus de 5 000 douaniers, policiers, gendarmes qui ont été mobilisés sur tous les vecteurs du trafic pour aller harceler les trafiquants et les réseaux. Donc très concrètement, on a eu des opérations coup de poing sur des lieux de vente à la sauvette. On a eu des opérations coup de poing avec des contrôles sur des épiceries de nuit, des bars à chicha qui, on le sait, régulièrement vendent du tabac de contrebande. On a eu un bouclage des frontières hier matin sur vingt points de passage à la frontière terrestre du territoire. On a eu des contrôles renforcés sur 700 vols qui arrivaient sur notre sol ces dernières semaines. Qu'est-ce qui s'est passé concrètement ? On a doublé le nombre d'infractions constatées de saisie sur notre sol par rapport à une semaine normale. On a eu plus de 8 tonnes de tabac de contrebande et de contrefaçon qui ont été saisies, donc on ne voit que cette action est efficace. Moi je veux continuer à la renforcer. Très concrètement, on va renforcer les moyens techniques de nos douaniers dans les années à venir. Je mets 45 millions d'euros sur deux ans pour renforcer le nombre de scanners, de maîtres-chiens, et tous nos outils qui vont nous permettre de mieux contrôler. On va durcir les peines, je le disais à l'instant avec la loi qui est en discussion en ce moment qui sera adoptée avant l'été, et on va continuer à mobiliser. Il y aura d'autres opérations Colbert au niveau national et au niveau local.
SONIA MABROUK
Donc quand on veut, on peut. Mais en quoi ce n'est pas une opération de communication que vous venez nous annoncer ce matin ? C'est une opération flash, coup de poing, sur une période qui est restreinte. Vous allez la renouveler mais enfin, ça reste sur des petites périodes, Monsieur le Ministre. Vous n'allez pas pouvoir multiplier les douaniers comme les petits pains malheureusement.
GABRIEL ATTAL
Évidemment, tout le reste du temps il y a les contrôles classiques qui se nouent. Là, c'était une semaine de mobilisation et je veux vraiment saluer…
SONIA MABROUK
Oui, avec un trafic en pleine explosion, lucratif comme jamais.
GABRIEL ATTAL
Mais je vous le disais, on est en train d'augmenter sensiblement aussi nos moyens techniques. Dans deux ans maximum, on sera capable de contrôler et de scanner 100 % des colis qui arrivent par le fret express sur notre sol de pays en dehors de l'Union européenne, pour être capable d'identifier des colis qui contiennent des stupéfiants ou du tabac. On renforce encore une fois nos capacités de scanners dans nos ports, dans nos gares, dans nos aéroports.
SONIA MABROUK
Donc résultat, quand vous dites…
GABRIEL ATTAL
L'an dernier, on a saisi plus de 650 tonnes de tabac. C'est un quasi doublement encore sur une année donc on voit que ça explose. On a l'an dernier, pour la première fois dans notre histoire, identifié sur le sol national des usines clandestines de tabac de contrefaçon. C'est des usines non déclarées qui produisaient entre un et deux millions de cigarettes par jour.
SONIA MABROUK
Harceler les trafiquants.
GABRIEL ATTAL
Et je le dis, le tabac c'est terrible pour la santé, parce que c'est des produits souvent qui sont encore pire…
SONIA MABROUK
Et ça alimente la grande criminalité.
GABRIEL ATTAL
Encore pire que les cigarettes classiques, qui sont déjà très dangereuses. Deux, c'est terrible pour la sécurité, puisque ça finance des réseaux criminels, mafieux, responsables de beaucoup d'insécurité. Trois, c'est terrible pour nos buralistes, dont on a besoin partout sur le territoire, parce qu'ils créent du lien social, parce qu'ils permettent d'accéder au service public. Ils se prennent les augmentations du prix du paquet, qu'on assume, pour des raisons de santé publique, mais de l'autre côté si vous avez des trafics qui explosent et la possibilité d'identifier, d'accéder à des paquets très peu chers, facilement, pour eux c'est double-peine. Donc c'est aussi à eux qu'on doit ce contrôle.
SONIA MABROUK
Autre sujet régalien Gabriel ATTAL, l'immigration, avec la sortie très ferme d'Édouard PHILIPPE, ancien Premier ministre et peut-être presque candidat pour 2027, affirmant qu'il faut revenir sur les Accords de 68, cette fameuse règle dérogatoire pour les Algériens. Comment qualifier son positionnement ? Et a-t-il raison sur le fond ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien d'abord, Édouard PHILIPPE c'est un membre éminent de la majorité…
SONIA MABROUK
Et ça ne nous a pas échappé.
GABRIEL ATTAL
Il est président d'un parti, qui a un groupe parlementaire dans la majorité, qui est évidemment totalement légitime à prendre position, et à faire des propositions…
SONIA MABROUK
Libre mais loyal ou loyal mais libre.
GABRIEL ATTAL
Oui, mais moi je pense que…
SONIA MABROUK
Mais vous êtes d'accord avec cette proposition.
GABRIEL ATTAL
… c'est toujours utile au débat. Moi je vais vous dire, je ne suis pas en charge du dossier de l'immigration, c'est mon collègue Gérald DARMANIN, qui mène actuellement des consultations…
SONIA MABROUK
Mais vous faites partie du gouvernement, de la majorité…
GABRIEL ATTAL
.. avec toutes les forces…
SONIA MABROUK
Vous seriez capable d'aller jusque-là ? Puisque le message, il vous dit : "vous n'allez pas assez loin", semble-t-il.
GABRIEL ATTAL
Moi je vais vous dire, ce que je veux c'est qu'on soit efficace, voilà, encore une fois. Et je pense que le risque c'est qu'à force de se regarder entre partis politiques, on finisse par perdre de vue les Français.
SONIA MABROUK
Qu'est-ce que ça veut dire ? Parce que là vous êtes en pleines tractations avec les LR et négociations. Vous en faites trop et vous ne regardez pas la boussole de l'opinion ?
GABRIEL ATTAL
Non, justement, ce que je dis, c'est aux oppositions et notamment aux LR, qu'à un moment je pense qu'il faut qu'on soit capable d'avancer ensemble. Évidemment, on n'est pas, il y a un parti de l'opposition et puis nous on est de la majorité, donc on ne peut pas être d'accord sur tout, mais enfin je pense qu'on peut arriver à se mettre d'accord pour avoir une politique beaucoup plus efficace, plus ferme, plus juste aussi sur l'immigration dans notre pays, c'est ce qu'attendent les Français. Encore une fois, moi je parlais à l'instant des trafics et des douaniers qui protègent la frontière, je pense que les frontières ça a un sens, elles sont peut-être invisibles parfois dans l'Union européenne, parce qu'on a aussi progressé sur ce sujet-là, mais elles existent et donc c'est important qu'on puisse maîtriser ce qui arrive sur notre territoire.
SONIA MABROUK
Répondre au sujet de l'immigration, Gabriel ATTAL, ça participe du fait de répondre aussi aux interrogations et inquiétudes des classes moyennes, populaires, dont vous parlez souvent, et l'autre préoccupation évidemment de ces Français, ce sont les impôts. Vous êtes en train de construire le prochain budget, comment va se matérialiser très concrètement la promesse de baisse d'impôts ? Vous avez dit : pas de baisse de la TVA, vous avez exclut, pas de nouvelles aides ciblées parce que c'est la fin du quoi qu'il en coûte. Qu'est-ce qu'il reste ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien on va continuer à faire ce qu'on a fait depuis 5 ans, je rappelle qu'on a supprimé la taxe d'habitation, on a supprimé la redevance télé, on a baissé l'impôt sur le revenu pour les deux premières tranches de 5 milliards d'euros, on a défiscalisé les heures supplémentaires…
SONIA MABROUK
Promesse de nouvelles baisses d'impôts.
GABRIEL ATTAL
Oui, et donc c'est dans cette logique là que l'on va continuer à avancer. Le président nous a demandé de lui faire des propositions, il y a plusieurs leviers possibles.
SONIA MABROUK
Exemples.
GABRIEL ATTAL
Il y a là l'impôt sur le revenu, il y a les cotisations sociales que vous payez, c'est-à-dire la différence entre votre brut et votre net, il y a d'autres leviers qu'on peut imaginer. On est en train de chiffrer, de lui faire, de préparer des scénarios, et ensuite c'est le président et la Première ministre qui trancheront. Mais moi je vous le dis, indépendamment de cette baisse d'impôts, évidemment qu'on fera, dès qu'on en aura la possibilité, il y a aussi un objectif de désendettement du pays, moi je souhaite que le budget de 2024 ça soit le budget des classes moyennes, parce que la réalité c'est quoi, c'est qu'on met des moyens en plus pour l'éducation. Il faut que ça se traduise par des remplacements quand il y a des enseignants qui sont absents sur une courte durée, alors qu'on sait aujourd'hui qu'il y a beaucoup d'absences qui ne sont pas remplacées.
SONIA MABROUK
Budget des classes moyennes.
GABRIEL ATTAL
On met se mariant sur la santé, c'est évidemment pour que les Français qui ne peuvent pas forcément se payer la santé privée, ils puissent accéder à… qu'ils aient un accès aux soins de qualité partout sur le territoire. On met de l'argent pour la sécurité, c'est pour que les Français qui travaillent, qui paient des impôts pour vivre en sécurité, puissent rentrer chez eux en sécurité, avoir des enfants, une famille qui vit en sécurité. Donc toute cette action-là, elle est aussi tournée vers ces Français qui font tourner le pays, qui se lèvent le matin, qui vont travailler, qui paient des impôts pour avoir des services publics plus efficaces.
SONIA MABROUK
La France qui se lève tôt. Merci Gabriel ATTAL. Juste une question, dans votre parcours, qu'est-ce que vous vous interdisez pour la suite ?
GABRIEL ATTAL
Qu'est-ce que je m'interdis pour la suite ?
SONIA MABROUK
Vous répétez la question pour avoir le temps de réfléchir…
GABRIEL ATTAL
Oui, c'est ça…
SONIA MABROUK
Généralement, on dit "rien", quand on a les ambitions que vous avez.
GABRIEL ATTAL
Oui, c'est ça, mais enfin, je veux dire, si je m'étais interdit des choses, je ne serais probablement pas là où j'en suis aujourd'hui.
SONIA MABROUK
Donc vous ne vous interdisez rien pour la suite.
GABRIEL ATTAL
Eh bien non. Pourquoi ?
SONIA MABROUK
Bien, mais je ne sais pas, je vous posais la question, parce qu'il y a peut-être 2027 en vue, c'était l'objectif…
GABRIEL ATTAL
Ah bon, alors, si c'est à ça que vous pensiez… Non non.
SONIA MABROUK
Ah, non, vous ne pensez pas à ça en vous rasant le matin.
GABRIEL ATTAL
Non non, moi je…
SONIA MABROUK
Merci Gabriel ATTAL.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 juin 2023