Interview de M. Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion, à France Bleu Ardèche le 14 juin 2023, sur la relocalisation de médicaments en France et la réforme des retraites.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

EMMANUEL CHAMPALE
Bonjour Olivier DUSSOPT.

OLIVIER DUSSOPT
Bonjour.

EMMANUEL CHAMPALE
Le président de la République chez vous, dans le Nord Ardèche, pour annoncer la relocalisation de médicaments en France, hier, médicaments qui ne seront pas fabriqués, à proprement parler, ici. Est-ce que ce n’est pas un moyen indirect de vous soutenir après la séquence des retraites, ça ?

OLIVIER DUSSOPT
Je suis vraiment très heureux que le président de la République soit venu en Ardèche. Nous avons visité deux entreprises principalement, le laboratoire AGUETTANT, au sein duquel le président a annoncé les mesures pour la localisation de médicaments produits en France, et le groupe AGUETTANT bénéficie de ces mesures. Il a déjà bénéficié d'aides pour moderniser ses lignes de production, pour recruter à Champagne, en Ardèche, tout comme sur ses autres sites, et nous allons continuer à accompagner ce groupe. Et puis nous avons aussi visité une autre entreprise, ASF CHAMATEX, qui produit des baskets, c'est la seule entreprise à produire des baskets en Europe, et donc le président leur a confirmé que nous sommes à leurs côtés, pour accompagner leur extension.

EMMANUEL CHAMPALE
Mais concernant quand même l'annonce de la relocalisation des médicaments, ça ne se fera pas, à proprement parler en Ardèche, très franchement.

OLIVIER DUSSOPT
Pas tout, évidemment. Pas tout évidemment, mais je vous le dis et je…

EMMANUEL CHAMPALE
AGUETTANT par exemple va produire 3 des 25 premiers médicaments relocalisés, à Lyon, pas à Champagne.

OLIVIER DUSSOPT
A Lyon, dans son siège, mais comme je vous l’ai dit il y a un instant, Champagne fait aussi l'objet de soutien de la part d'Etat, puisque nous avons cofinancé la robotisation d'une ligne, le développement d'une ligne, et le président a fait le choix de devenir en Ardèche, ce que j'apprécie évidemment, et il l'a fait pour dire aussi que la relocalisation, dans le secteur du médicament, comme dans tous les secteurs, nous avons accompagné la création de 300 entreprises, de 300 usines vous exactement, au cours des dernières années. Ça se fait dans tous les territoires, pas que dans les métropoles, mais aussi dans des territoires plus ruraux comme le nôtre.

EMMANUEL CHAMPALE
C'est totalement un hasard s'il est venu chez vous, son ministre du Travail ?

OLIVIER DUSSOPT
Je ne crois pas. Je ne crois pas que ce soit un hasard effectivement. Et je…

EMMANUEL CHAMPALE
C’est quoi, c'est un soutien, franchement, dites-nous Olivier DUSSOPT.

OLIVIER DUSSOPT
C’est une preuve…

EMMANUEL CHAMPALE
Est-ce que vous l’avez pris comme ça, en tout cas ?

OLIVIER DUSSOPT
C’est une preuve de confiance, et je l'apprécie, évidemment, personne ne vous dira l'inverse. Et c'est une preuve de confiance, c’était aussi sa volonté de venir dans un département où il n'avait pas pu venir depuis qu'il a été élu président de la République. La dernière fois qu'il était venu, c'était aussi mon invitation, pour visiter le groupe IVECO en 2015, groupe qu’il avait accompagné comme ministre de l'Economie, et donc il souhaitait venir en Ardèche, je suis très heureux d'avoir pu l'accueillir en Ardèche, et par ailleurs sur ma circonscription, avec Laurence HEYDEL GRILLERE, ma suppléante, et cela témoigne d'une confiance que j'apprécie bien évidemment.

EMMANUEL CHAMPALE
Une confiance qui est importante par les temps qui courent, enfin vous n’ignorez pas qu’il y a des rumeurs insistantes de remaniement. Est-ce que vous êtes inquiet, vous pour votre poste, est-ce que vous qui devez passer au tribunal en novembre, est-ce que vous craignez d'être écarté du gouvernement ou pas ?

OLIVIER DUSSOPT
Attendez, je me suis déjà exprimé sur ce dossier, et j'ai dit qu’au cours des différentes vérifications, le Parquet avait classé 4 des 5 points sur lesquels il a voulu procéder à des vérifications, ce qui est quelque chose d'important pour moi, il a notamment classé et dit qu'il n'y avait rien sur tout ce qui concerne les questions de corruption, d'enrichissement. C'est important pour moi. Il reste un point, qui remonte à 2019, il y a 14 ans, sur une procédure de marché, et je compte bien convaincre le tribunal de ma bonne foi pour ce sujet-là. Pour le reste, des remaniements il y en a ; il y en aura, et ça n'appartient qu'au président de la République de déterminer, de décider, qui appartient ou pas à un gouvernement. Je suis à mon post, je travaille et je fais en confiance avec lui.

EMMANUEL CHAMPALE
Vous sortez comment de l'épisode de la séquence des retraites, qui n’est pas tout à fait fini d'ailleurs, parce qu'on sent bien qu'il y a encore de l'amertume, hier on a vu un important dispositif des forces de l'ordre pour la visite d'Emmanuel MACRON ; on sent effectivement que tous les Français n'ont pas digéré cet épisode. Et vous ?

OLIVIER DUSSOPT
Les Français étaient nombreux à s'opposer à cette réforme, parce que tout relèvement de l'âge de départ à la retraite en France, s'est toujours traduit par une opposition, par des manifestations, et c'est normal, c'est la démocratie, nous sommes dans un pays qui garantit le droit de grève et le droit de manifestation. Le débat parlementaire a eu lieu, 175 heures de débat, des votes, des motions de censure rejetées, un Sénat qui a voté, un Conseil constitutionnel qui a validé. Aujourd’hui, nous travaillons à la mise en oeuvre. Est-ce que le débat a été fatiguant ? Oui parfois. Parfois, parce qu’à l'Assemblée notamment j'aurais préféré qu'on parle plus de retraite et entendre moins d'insultes, moins d’invectives de la part de la France insoumise ; plutôt que de déposer 20 000 amendements uniquement pour bloquer le débat, j'aurais préféré qu'ils fassent des propositions. Donc oui, c'est un débat qui par ailleurs peut être fatigant. Mais très franchement, il y a des métiers bien plus fatigants que le mien. Et donc je sors de cette séquence en forme et très motivé.

EMMANUEL CHAMPALE
Olivier DUSSOPT, il y a eu ces dernières semaines quasiment une annonce gouvernementale par jour. Est-ce que c'est facile aujourd'hui, est-ce qu’on peut aujourd’hui, quand on est au pouvoir, passer comme ça et dire : tiens, on va essayer un peu de noyer le poisson, en tout cas c'est l'impression que ça donne.

OLIVIER DUSSOPT
Ce n'est pas le but, nous avons un programme de travail et la réforme des retraites est une réforme importante, mais ça n'est pas la seule. Dans d'autres domaines, y compris dans mon ministère, nous avons d'autres projets. J'ai présenté au Conseil des ministres un projet de loi pour faciliter le partage de la valeur et des dispositifs d'intéressement de participation dans les entreprises de moins de 50 salariés. J'ai présenté la semaine dernière un deuxième projet de loi pour réformer le service public de l'emploi, le rendre plus efficace pour ramener vers l'emploi, raccompagner vers l'emploi ceux qui en sont le plus éloignés. Tous mes collègues sont au travail. Le ministre de la Justice présente sa loi de programmation, le ministre de l'Intérieur a fait voter la loi d'orientation et de moyens pour la sécurité intérieure et donc pour les forces de l'ordre, et nous avons des dizaines de chantiers qui sont ouverts, c'est normal, et ça n'est pas une volonté de parler d'autre chose. La réforme des retraites, elle va rester dans la tête de tout le monde. C’est simplement d’avancer et de continuer à travailler.

EMMANUEL CHAMPALE
Il y aura d'autres textes qui devront être votés à l'Assemblée, le gouvernement n'a toujours qu'une courte majorité, est-ce que la solution aujourd'hui c'est de se rapprocher des Républicains ? On en entend beaucoup parler ces derniers temps.

OLIVIER DUSSOPT
La solution c'est de travailler avec tous les députés, tous les sénateurs de bonne volonté, quelle que soit leur appartenance à la gauche ou la droite. Il y a un certain nombre de textes qui peuvent rassembler les majorités et nous l'avons démontré. Avant la réforme des retraites, j'ai porté une réforme du marché du travail qui a été adoptée. J'avais porté avec mes collègues de Bercy un projet de loi de finances rectificative dès juillet 2022, sur les questions de pouvoir d’achat, qui a été adopté. La loi pour la relance du programme nucléaire a été adoptée, la loi sur la sécurité intérieure a été adoptée, tout ça sans 49.3. Vous savez, on nous dit parfois : c'est compliqué et vous manquez de majorité. Ce que je vois, moi, c'est que depuis un an maintenant, 50, un peu plus 50 contextes ont été examinés, et adoptés par l'Assemblée nationale, il n’y en a que 4, 2 projets de loi de finances, un projet de loi de finances pour la Sécurité sociale et la réforme des retraites, 4 majeurs, qui ont nécessité un 49.3. Vous savez, quand on parle de relance du programme nucléaire, quand on parle de loi de programmation militaire, quand on parle de loi d'orientation pour le ministère de l'Intérieur, quand on parle de la transition écologique ou quand on parle, comme ça a été le cas pour mon ministère, de réforme du marché du travail, je pense que ce sont des textes majeurs, sur lesquels des majorités se sont créées, donc nous travaillons avec toutes celles et ceux qui sont dans un état d’esprit de bonne volonté.

EMMANUEL CHAMPALE
Merci à vous Olivier DUSSOPT…

OLIVIER DUSSOPT
Merci beaucoup.

EMMANUEL CHAMPALE
Ministre du Travail, qui avez donc accompagné Emmanuel MACRON hier dans sa première visite ardéchoise en tant que président de la République. Merci à vous et bonne journée.

OLIVIER DUSSOPT
Merci, à vous aussi.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 15 juin 2023