Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
Olivier KLEIN, bonjour.
OLIVIER KLEIN
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Vous êtes à l'Elysée où il y a une réunion de crise ce matin
OLIVIER KLEIN
Non, pas à l’Elysée, à Beauvau.
CHRISTOPHE BARBIER
À Beauvau, vous êtes à Beauvau. C’est à Beauvau que se tient la réunion pour commenter, je suppose, les émeutes de la nuit, les événements de la nuit à Nanterre mais aussi dans de nombreuses villes en France et en Ile-de-France.
OLIVIER KLEIN
Ecoutez, il faut faire un bilan de la situation. Moi je veux retenir l'émotion du gouvernement. Ce qui s'est passé, c'est d'abord la mort d'un jeune homme. Le président a présenté ses condoléances à la famille, la Première ministre a redit l'émotion de la nation. C'est vrai que cette nuit, on a vu s'exprimer la colère et il faut qu'on prenne la mesure de cette situation, et qu'on continue à travailler pour que la nuit prochaine ne soit pas la reproduction de la nuit qu’on vient de connaître.
CHRISTOPHE BARBIER
Vous-même, vous avez porté un message de condoléances à la maman de Nahel. Vous l’avez eue au téléphone ? Quel message vous lui avez porté ?
OLIVIER KLEIN
Ecoutez, un message de condoléances. Il n’y a rien d'autre à dire à une maman qui a perdu son fils de 17 ans et lui dire que la nation était à ses côtés dans le drame qu'elle vivait, et puis bien évidemment aussi, la nécessité que ce drame n'apporte pas de violence. Apporter de la violence ne réglera pas la tristesse de cette maman, et moi je porte aussi cet appel au calme. J’étais le maire de Clichy-sous-Bois, les quartiers populaires ont besoin qu’on continue à travailler, qu'on les accompagne. Il y a eu déjà beaucoup de choses de faites et on va continuer à le faire. Le président a fait des annonces à Marseille il y a quelques jours et donc c'est des quartiers sur lesquels l’attention du gouvernement est importante, l’attention de la France est importante depuis de nombreuses années. Ça fait quarante ans que la politique de la ville existe et je sais à quel point on a fait beaucoup de choses, mais il y a parfois des étincelles insupportables qui provoquent ces situations et ces crises ne sont pas acceptables.
CHRISTOPHE BARBIER
Vous l’avez dit, vous avez été maire de Clichy-sous-Bois longtemps. Est-ce que vous avez l'impression de revivre ce qu'on a vécu en 2005 à l'époque, à Clichy-sous-Bois et ailleurs ?
OLIVIER KLEIN
Non, il n’y a jamais rien de comparable. Ce qui est important, c'est d'être dans la médiation, dire qu'il y a évidemment de la tristesse, qu’il y a évidemment de la colère mais il ne faut pas retourner cette colère contre sa ville, contre son quartier, contre la police. Il faut continuer à travailler pour ces quartiers, à faire que ces quartiers soient des lieux d'émancipation, des lieux de développement. Je ne veux pas comparer des moments qui sont différents. Ce que je sais, c'est qu’il y a un jeune homme, Nahel, qui est mort dans des circonstances dramatiques et qu’on doit respecter la douleur de cette famille, et donc l'apaisement respecte la couleur de cette famille.
CHRISTOPHE BARBIER
Dans les choses à changer, est-ce qu'il n'y a pas une remise à plat nécessaire des relations entre la police et la population, et notamment la police et la jeunesse dans ce type de ville ?
OLIVIER KLEIN
C'est un travail de longue haleine qui existe déjà. Il y a les délégués police population qui font un travail remarquable. Moi comme élu local, j'ai toujours des relations extrêmement apposées. Il y a les centres de loisirs jeunes menés par la police dans un grand nombre de quartiers. Il y en a 22 en France. Mais oui, il faut en permanence travailler sur cette relation, la police, elle doit, et souvent, c’est le cas, se sentir comme un poisson dans l’eau dans nos quartiers, et c’est ce travail qu’il faut mener en permanence, en continuant à agir notamment sur l’école, le président de la République à Marseille a été dans des écoles, a vu la manière dont des projets pédagogiques, la matière dont les cités éducatives jouaient un rôle, la manière dont le dédoublement des CP, des CE1 permettait de faire que nos enfants dans les quartiers populaires progressent plus vite. Donc il ne faut jamais renoncer, moi, vous savez, ce matin, j’ai de l’émotion, j'ai de la tristesse, mais je suis aussi extrêmement combatif, les quartiers populaires, c'est là où je vis, c'est ma vie, c'est mon engagement, aujourd'hui j'ai l'honneur d'être ministre de la Ville et du logement, donc il faut vraiment ne jamais renoncer, et ce matin, on va travailler avec les membres du gouvernement, il y a un conseil interministériel de la ville qui normalement doit se tenir vendredi pour dire ce qu’on… qui est le sens de l’engagement du gouvernement ce matin.
CHRISTOPHE BARBIER
Vous travaillez, là, dans l’urgence, sur le retour au calme, dans la classe politique, certains n’embrayent pas, Jean-Luc MELENCHON dit : nous, on n’appelle pas au calme, on appelle à la justice, vous comprenez cette réserve ?
OLIVIER KLEIN
Mais oui, enfin, il faut appeler au calme, c’est insupportable d’avoir un autre… il faut un peu de décence dans des moments comme celui-là, mais oui, tout le monde appelle à la justice, le président de la République l’a dit, la Première ministre l’a dit, mais ça, c’est normal, on est dans un Etat de droit, oui, il y aura de la justice, il y aura une explication sur ce qui a pu se passer, mais la justice ne veut pas dire des révoltes, parce que la colère des habitants des quartiers, elle est légitime, mais cette colère, elle ne doit pas se traduire en violences, et surtout pas en violences contre son propre quartier, contre ses propres voisins.
CHRISTOPHE BARBIER
Comment vous interprétez ça, vous, élu à Clichy-sous-Bois, des gens qui détruisent les écoles, les mairies, les équipements publics de leur quartier ?
OLIVIER KLEIN
Parce qu’il y a une forme de rancune, il y a un travail qu’il faut mener de longue haleine sur la reconnaissance, moi, à Clichy, comme dans beaucoup d’autres villes, cette question de la reconnaissance, comment on reconnaît les habitants de ces quartiers à travers leurs qualités, leurs compétences et pas en les stigmatisant et en les montrant du doigt, le gouvernement a déjà fait beaucoup, il faut continuer, il ne faut jamais renoncer, et encore moins quand il y a des moments comme ceux-là, il ne faut surtout pas ajouter de l'huile sur le feu, il faut dire aux jeunes de ces quartiers, aux habitants de ces quartiers qu'on est à leurs côtés, qu'on les aide et qu'on va continuer à le faire.
CHRISTOPHE BARBIER
Que dites-vous à ceux qui à droite et à l'extrême-droite font entendre un autre son de cloche, qui disent, comme François-Xavier BELLAMY, par exemple, si ce jeune n'avait pas refusé d'obtempérer, s'il n'avait pas redémarré, il serait encore en vie ?
OLIVIER KLEIN
Moi, je dis qu’il faut à ce stade aujourd'hui du respect, du respect pour cette famille, du respect pour ce jeune qui est décédé, être à côté de cette famille, je dois vous laisser, cher Christophe.
CHRISTOPHE BARBIER
La marche blanche cet après-midi, dernière question, vous inquiète ?
OLIVIER KLEIN
Non, une marche blanche, c’est un moment d'apaisement, de recueillement, un jeune est décédé, que les habitants de son quartier, que ses amis, que sa famille aient ce temps de communion laïque, ensemble de recueillement, c'est normal, mais cette marche blanche, elle doit aussi être un appel au calme pour le respect de Nahel.
CHRISTOPHE BARBIER
Eh bien, Monsieur le Ministre merci d'être intervenu sur Radio J, en direct, et au plaisir de vous accueillir physiquement pour parler de votre politique du logement.
OLIVIER KLEIN
Je reviens très vite.
CHRISTOPHE BARBIER
Merci.
OLIVIER KLEIN
Merci.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 30 juin 2023