Interview de M. Christophe Béchu, ministre chargé de la transition écologique et de la cohésion des territoires, à Sud Radio le 30 juin 2023, sur les violences en France après la mort d'un jeune tué par un policier et la question climatique.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER
Bonjour Christophe BECHU.

CHRISTOPHE BECHU
Bonjour Patrick ROGER.

PATRICK ROGER
Quels sont les derniers éléments dont vous disposez sur cette troisième nuit d'émeutes, vous au gouvernement ?

CHRISTOPHE BECHU
Vous en avez résumé l'essentiel il y a quelques instants, un peu moins de 700 interpellations et une nuit de chaos dans beaucoup de villes qui me plonge dans un mélange de colère et de tristesse. D'abord parce que je pense aux habitants de ces quartiers, aux maires qui ce matin font le décompte de la bibliothèque brûlée, de la médiathèque incendiée, du bus qu'on a pris pour cible à tel endroit, du centre social. Des émeutiers qui démolissent les quartiers dans lesquels ils vivent, qui privent leurs voisins de partir en vacances parce qu'ils ont brûlé la voiture, qui ont incendié le lieu où des enfants de ce quartier auraient dû aller en centre de loisirs dans quelques jours. Et de la colère parce que cette situation, elle ne vient pas de nulle part : elle est aussi liée au fait que certains continuent de refuser à appeler au calme. Là où la mère de Nahel avec dignité a pu dire hier soir qu'elle n’en voulait pas à la police mais à un homme, certains tentent de faire des amalgames en expliquant que ce serait la police qui tue, pour attiser cette colère et souffler sur les braises.

PATRICK ROGER
Oui. Donc là, vous pensez à certains notamment à l'extrême gauche, c'est ça ?

CHRISTOPHE BECHU
Bien entendu. Je pense à monsieur MELENCHON et ses tweets dans lesquels il refuse d'appeler au calme. Je pense à des députés LFI qui expliquent qu’ils appellent à la justice et pas au calme, comme si les deux n’étaient pas compatibles, alors que l'auteur du coup de feu est en détention, alors qu’il a été mis en examen, alors qu'il a été suspendu. Le sujet aujourd'hui, c'est évidemment d'apaiser la situation - ça a été le sens hier une déclaration commune de toutes les associations d'élus sur le perron de Matignon, aux côtés d'Elisabeth BORNE - c'est le sens des déclarations responsables de la quasi-totalité de la classe politique, mais c'est une nécessité.

PATRICK ROGER
Christophe BECHU, donc vous leur lancez un appel, un appel quoi ? C’est républicain pour ne pas être complice, entre guillemets, de la violence ?

CHRISTOPHE BECHU
C'est un appel républicain mais, pardonnez-moi de vous le dire, c'est même un appel de bon sens. Comment peut-on souhaiter le chaos ? Comment peut-on encourager des comportements qui consistent à détruire des lieux et des institutions publiques qui profitent d'abord à ceux qui habitent dans ces quartiers ? Comment peut-on jeter l'opprobre sur des forces de l'ordre qui, tout au long de l'année, nous protègent ? Comment peut-on faire en sorte de recourir à des amalgames à l'issue d'un drame quand, dans le même temps, les mêmes, quand vous avez des événements abominables atroces d'un viol, d'un meurtre vous disent : pas d'amalgame, ne nous précipitons pas sur un fait divers pour demander à changer la loi, regardons la situation de manière calme, ce sont les mêmes qui vous disent ça après un certain nombre d'actes criminels et qui là, parce que c'est un policier qui est mis en cause, veulent que tout s'embrase. C'est irresponsable, c’est inconscient et c’est indigne.

PATRICK ROGER
C'est anti-républicain alors si je vous suis, non ?

CHRISTOPHE BECHU
Bien sûr que c'est anti-républicain. Je veux dire, il y a des gens qui dans ce contexte visent les institutions républicaines, et il y en a qui par derrière les alimentent pour essayer de profiter du chaos.

PATRICK ROGER
Alors dans les saccages et les violences, on a vu beaucoup de bâtiments publics saccagés, attaqués cette nuit. C'est un symbole justement de l'Etat attaqué ?

CHRISTOPHE BECHU
Il y a deux types de dégradations. Il y a ceux qui, sous couvert de tout ça, en profitent pour aller faire leurs courses avec une forme de délinquance et de criminalisation qui se généralise au pied des bâtiments. Mais il y a, comme vous le dites, des symboles qui sont visés et des symboles comme des écoles, comme une médiathèque, comme un centre social qui sont des lieux qui sont le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, qui sont les endroits dans lesquels on accueille sans distinction les gens pour les aider. Quand un tribunal de proximité qui était censé, je crois du côté d’Asnières, juger des situations de surendettement est visé par des cocktails molotov, ce sont ceux qui sont concernés par cette justice de proximité qui vont être privés d’une possibilité d’action.

PATRICK ROGER
Comment ramener le calme ? Parce qu’une note des renseignements indique qu'il faut s'attendre même à une contagion, à une extension.

CHRISTOPHE BECHU
Il faut ramener le calme d'abord avec des discours qui doivent être les mêmes et qui doivent être tenus par tout le monde : apaisement, retour au calme, pas d'amalgame, dignité, en rappelant qu’on n’est pas face à un drame qui est provoqué par une institution mais par un acte qui est un acte isolé. Ensuite j’entends des débats, des appels pour dire qu’il faudrait prendre telle ou telle mesure. Je ne crois pas que ce soit sur un plateau de télévision ou une antenne de radio qu'on décide de l'opportunité d'un état d'urgence ou qu'on apprécie…

PATRICK ROGER
Est-ce que vous songez quand même à décréter cet état d'urgence en fait au gouvernement, comme le réclame donc une partie d'élus, notamment à droite, et puis comme l'avait fait Jacques CHIRAC en 2005 ?

CHRISTOPHE BECHU
En 2005, c'est une décision qui avait été prise après une dizaine de nuits consécutives comparables à des images qu'on a pu voir.

PATRICK ROGER
Et donc, il faut attendre des nuits consécutives d’émeutes ?

CHRISTOPHE BECHU
Je ne dis pas ça. Ce que je dis précisément, c'est qu’à trop vouloir comparer des situations, on risque de passer à côté du vrai sujet. L'état d'urgence avait été un des moyens pour arriver au retour au calme. Je le redis, tous les républicains doivent, à l'image de tous les élus de toutes tendances politiques qui, de l'Association des maires, de l'Association des départements, de l'Association des régions de l'Association Ville et banlieue, ont appelé à ce calme, doivent appeler au calme, et le reste c'est évidemment une question qui se pose mais qui doit se poser dans un cadre qui n'est pas un cadre médiatique. Le sujet, c'est les moyens qui sont nécessaires et qui peuvent aider les forces de l'ordre dans leur mission, point. Et donc ce n'est pas un débat partisan, ce n’est pas un débat d'opinion, c'est une décision qui est lourde, qui entraîne un certain nombre de conséquences en termes de libertés publiques, et donc qui doit se prendre dans un cadre approprié, et ça n’est pas celui du débat médiatique, Patrick ROGER.

PATRICK ROGER
Oui. Et vous Christophe BECHU, en tant que ministre de la Cohésion des territoires, est-ce que vous encouragez quand même aussi les communes à décréter des couvre-feux nocturnes comme l'ont fait quelques communes. Je pense à Clamart, Meudon par exemple.

CHRISTOPHE BECHU
Je comprends évidemment la décision de ces maires de mettre tout en œuvre, y compris pour envoyer un message à leur propre population parce que, au risque de ne pas être très populaire, il y a aussi des messages à envoyer aux familles. Moi quand j'entends qu'on se retrouve avec des jeunes de 13 ou 14 ans, ces jeunes ils ont des parents et la première responsabilité avant d'aller chercher celle des pouvoirs publics, des forces de l'ordre, du gouvernement ou de la mairie, c'est la responsabilité de chaque maman, de chaque papa par rapport à son propre enfant.

PATRICK ROGER
Oui. Mais alors en tant que ministre, est-ce que vous dites qu’il y a un manque de cohésion, ministre de la Cohésion des territoires. Qu’aujourd'hui ce qui éclate là en fait aujourd'hui, c'est le fait qu'il n'y ait plus de cohésion en fait des territoires et qu'il y a les fameux quartiers perdus de la République.

CHRISTOPHE BECHU
Qu'il y ait des situations qui soient compliquées dans plein d’endroit, c'est une évidence, et le dire à haute voix ce n'est ni faire un aveu ni une confession.

PATRICK ROGER
Oui, mais il y en a certains qui l’ont nié jusqu’à présent, qui le nient dans le discours.

CHRISTOPHE BECHU
Vous savez, le hasard du calendrier fait qu’à la fin de la matinée, la Première ministre réunira le comité interministériel des villes. C'était prévu depuis des semaines.

PATRICK ROGER
Qui va avoir lieu où d'ailleurs ?

CHRISTOPHE BECHU
Qui va avoir lieu à Matignon, à la fois pour lui donner un cadre en termes de solennité et pour faire en sorte que ce soit une occasion avec l'ensemble des élus de ces quartiers de pouvoir échanger. Il se réunit de manière régulière, il examine les moyens très importants qui sont mis au titre de la politique de la ville. Depuis justement le milieu des années 2000 avec l'Agence nationale de rénovation urbaine, avec un certain nombre de dispositifs, on a fait progresser la cohésion dans nombre de quartiers. Ça ne se voit pas partout, mais ce sont dans beaucoup d'endroits des espaces publics sur lesquels on a été reconquérir de la mixité, de l'activité, et donc c'est d'autant plus douloureux de voir aujourd'hui des habitants de ces quartiers qui démolissent des investissements qui ont été faits avec la solidarité de tout le monde, parce que précisément la cohésion ç’a été l'obsession depuis vingt ans d'une partie des gouvernements. Il y a évidemment des ratés, des choses qui ne fonctionnent pas, des angles morts, des choses qui sont encore à améliorer mais on ne peut pas dire que rien n'a été fait.

PATRICK ROGER
Oui, 40 milliards dans la politique de la ville ces dernières années, alors on est peut-être allé trop loin aussi dans la rénovation urbaine mais pas assez dans le lien social et l’humain aussi, non ? On revient toujours sur la fameuse police de proximité et pour avoir un lien avec ces habitants et avec ces jeunes.

CHRISTOPHE BECHU
Là où vous avez raison Patrick ROGER, c'est que parfois l'accent a été mis sur ce qui se voit plutôt que sur ce qui se vit, et que le sujet dans un certain nombre d'endroits, c'est moins la question de l'architecture que la question de l'accompagnement. Mais encore une fois, je sens bien la volonté qu’auraient certains de dire : puisqu'il y a eu ce drame abominable, réglons tout, réinterrogeons tout, changeons la loi, modifions les règles, modifions la politique de la ville. Vous savez, légiférer sous le coup de l'émotion ce n'est jamais une bonne idée. Se poser des questions, ne pas avoir de tabou, regarder dans les yeux l'ensemble des sujets et des problèmes, OK. Mais le faire avec calme, avec sérénité et en évitant des réponses qui, dans l'urgence, pourraient ne pas être les mêmes.

PATRICK COHEN
Sauf qu’il y a urgence quand on voit ce qui se passe dans la rue et qu'il y a un risque d'embrasement encore dans les jours qui viennent, Christophe BECHU.

CHRISTOPHE BECHU
Je l’entends pleinement et, vous savez, la mobilisation du gouvernement elle est totale. Le ministre de l'Intérieur qui hier a fait en sorte de dimensionner un dispositif pour précisément contenir une partie de ce que nous avons vécu, en a pleinement conscience. Le fait que la Première ministre ce matin réunisse autour d'elle les ministres concernés, puis le président de la République à 13 heures, ce sont autant de signes qui montrent bien à quel point la situation est suivie, avec beaucoup de minutie, d'attention par le sommet de l'Etat. Et dans le même temps, la priorité des priorités - et il n'y en a pas d'autres - c'est d'appeler au calme, c'est de se tenir aux côtés des élus qui sont en première ligne dans ces quartiers. C'est de rappeler - je le redis - les propos de la mère de Nahel qui dit : je n'en veux pas à la police, j'en veux à un homme, celui qui a pris l'avis de mon fils, et de ne pas laisser le procès des institutions remplacer le passage de la justice sur un acte et sur un drame que personne ne nie et qui suscite la compassion de tous les Français.

PATRICK ROGER
Pour calmer, il faut comprendre que la justice doit passer et va passer.

CHRISTOPHE BECHU
C’est le cas. Ce que je veux dire, c'est que chacun regarde. L'auteur du coup de feu, il est en détention, il a été suspendu donc la justice elle est en marche. Qu’on n’utilise pas ce drame comme un prétexte.

PATRICK ROGER
Oui, quelles annonces on peut avoir ce matin - enfin, ce midi - avec votre Comité interministériel des villes qui, initialement je crois, devait se tenir d'ailleurs à Chanteloup-les-Vignes en fait, c'est ça ? Sauf que le bâtiment a été saccagé, non ?

CHRISTOPHE BECHU
Pas à ma connaissance. Je ne sais pas à quel endroit à Chanteloup-les-Vignes le Comité interministériel des villes était censé se tenir. Ce que je sais, c’est que la décision qui a été prise hier, c'était de se dire que, compte tenu de la mobilisation des forces de l'ordre sur ces différents territoires, il n’était sans doute pas utile de dimensionner un dispositif de sécurité pour accueillir ça, et que le plus important c'était que la réunion se tienne et qu'elle soit l'occasion avec l'ensemble des élus de villes et de banlieues, de partager la situation telle qu'elle était prévue. Je le redis, ça fait des mois que ce Comité interministériel des villes, il est à l'agenda à la toute fin du mois de juin. Le président de la République lors de son déplacement à Marseille avait annoncé qu'il se tiendrait, il n'a pas été supprimés. Au contraire, il a été maintenu pour que ce soit l'occasion de discuter comme c'était prévu avec l’ensemble des élus.

PATRICK ROGER
De faire un bilan et puis peut-être de proposer un certain nombre de mesures face à la situation, en fait, d'urgence.

CHRISTOPHE BECHU
Ce sera l'occasion à la fois de suivre l'ordre du jour qui était prévu : où en sommes-nous sur la politique de la ville.

PATRICK ROGER
Il y aura des annonces fortes forcément, non ?

CHRISTOPHE BECHU
Il y aura évidemment une prise de parole de la Première ministre à l’issue.

PATRICK ROGER
Oui. Et le président de la République, est-ce qu’il doit parler ? Ou ce n’est pas prévu pour l’instant ?

CHRISTOPHE BECHU
Il a déjà eu l’occasion, lui aussi de faire passer quelques messages d'appel au calme et je n'ai pas de doute sur le fait qu’il prendra toutes les décisions qui sont utiles.

PATRICK ROGER
Inexplicable, injustifiable, ce sont ses mots, est-ce que c'était un appel au calme ça ?

CHRISTOPHE BECHU
C'était la traduction très précise de tous ceux qui ont vu cette vidéo.

PATRICK ROGER
Oui, inexcusable, ça.

CHRISTOPHE BECHU
Je ne sais pas si vous avez-vous-même vu les images mais je veux dire, elles sont récentes.

PATRICK ROGER
Non mais il y a une enquête en même temps ? On ne peut pas se prononcer en fait trop vite, le procureur a apporté quelques éléments supplémentaires hier sur la course poursuite sans excuser évidemment le geste du policier ensuite, le tir à bout portant.

CHRISTOPHE BECHU
Je l'entends mais l'expression du président de la République, je pense qu'elle a été l'expression de toutes celles et tous ceux qui ont vu cette vidéo et qui, en voyant ces images, ont été choqués ; ça ne remplace pas le temps de l'enquête mais ça traduit aussi une forme d'émotion.

PATRICK ROGER
Christophe BECHU, vous êtes aussi donc ministre de la Cohésion des territoires et bien sûr aussi de la transition écologique. Il y a une autre actualité qui vient percuter un peu cette nuit, en fait ces nuits d'émeute, c'est le Haut conseil au climat qui a rendu mercredi un rapport sous forme d'avertissement pour le Gouvernement sur le fait que France n'est pas prête à faire face aux effets du changement climatique, qu'est-ce que vous répondez effectivement à cela ?

CHRISTOPHE BECHU
Ce Haut conseil pour le climat, il commence par constater que nous avons en 2022 tenu les engagements que nous avions pris sur le plan climatique. Je sais que la plupart du temps, on ne parle que de ce qui ne va pas et pas de ce qui va bien mais nous avons à nouveau baissé nos émissions de 2,7% et la présidente du Haut Conseil pour le climat, elle dit : il y a aujourd'hui 18 pays seulement dans le monde qui baissent leurs émissions depuis une décennie ; dans ces 18 pays, il y a la France mais la France doit accélérer et en parallèle le Conseil dit : attention, il n’y a pas seulement la baisse des émissions, il y a aussi le fait de s'adapter aux changements climatiques et je suis déjà venu sur votre antenne pour expliquer que c'est la raison pour laquelle nous lancions pour la fin de cette année le Plan national d'adaptation à une France à 4 degrés ; c'est la raison du plan Eau, c'est la raison du Plan forêt qui a été présenté ; c'est la raison du Plan de gestion des vagues de chaleur que j'ai eu l'occasion de présenter. Donc l’avertissement, la recommandation du Haut Conseil pour le climat, le Gouvernement est précisément en train de la suivre.

PATRICK ROGER
Oui mais vous allez faire des annonces, je crois, en milieu de semaine prochaine en fait de nouveau justement, qui iront dans quel sens alors ?

CHRISTOPHE BECHU
Je vais avoir l’occasion comme je le fais au début de chaque mois de faire un point sur la situation hydrique du pays, de préciser où nous en sommes sur les nappes phréatiques et puis dans quelques jours de dévoiler l'application, la plateforme qui permettra à chacun en tapant son adresse de savoir quelles sont les restrictions qui s'appliquent là où il est où, là où il part en vacances pour que précisément chaque geste compte et chacun se rappelle la nécessité qu'on soit très attentif à cette ressource.

PATRICK ROGER
C'est un appel à la responsabilité de chacun, à la conscience de chacun aussi que vous voulez lancer sur le climat ?

CHRISTOPHE BECHU
Vous savez de manière générale, je crois à la responsabilité, à la nécessité de faire en sorte d'associer tout le monde, c'est vrai pour faire en sorte d'avoir le retour au calme dans nos cités, c'est vrai pour se mobiliser pour le climat, c'est vrai pour éviter tous les drames. On sait que la situation très sèche que connaît notre pays, ça augmente les risques de feux de forêt, rappeler que 95% des feux de forêts sont d'origine humaine et qu'à un moment il y a un geste qui les provoque et donc que la responsabilité de chacun, elle est engagée, c'est s'inscrire exactement dans la même vision d'un domaine dans lequel le Gouvernement a une responsabilité, celui de fixer un cadre, celui de délivrer les moyens. Les collectivités sont le lieu de proximité mais les individus, chacun, chacun de nous a sa part de responsabilité dans le chemin.

PATRICK ROGER
Oui mais le Haut Conseil au climat dit que ça ne va pas assez vite, il y a des choses qui sont faites mais ça ne va pas assez vite. Ça fait bientôt un an que vous avez été nommé vous, justement quel bilan vous tirez justement de ces un an, est-ce que vous avez envie de rester à ce poste alors qu'on parle de remaniement, tiens au fait au passage ?

CHRISTOPHE BECHU
Le Haut Conseil pour le climat, il dit qu'il faut accélérer le rythme et c'est très exactement la ligne fixée par le président de la République au début de l'année où il expliquait que nous devions doubler le rythme de baisse de nos émissions. Mercredi prochain, Patrick ROGER, il y aura la présentation de la stratégie de planification écologique sur laquelle je travaille avec d'autres, sous l'autorité d'Elisabeth BORNE pour expliquer comment on 2030 nous aurons diminué nos émissions de gaz à effet de serre pour respecter nos engagements européens. Ce travail, il est prenant sur un sujet qui ne laisse personne indifférent. Sur les questions écologiques, vous avez des gens qui considèrent que ça ne va pas assez vite et puis, on entend des Français qui se trouvent parfois que ça va trop vite ou que les mesures – ZFE, le ZAN sur lequel on a aussi eu des échanges qui sont motivés par des considérations de santé publique ou d'écologie, elles entraînent des conséquences sociales ou en termes de liberté et on voit bien qu'il y a une ligne étroite qui est à définir. Depuis un an, je m'efforce à la fois d'assurer parfois le service après-vente de certains textes ; on vient de proposer des modifications sur le 0 artificialisation nette pour faire en sorte de l'adopter.

PATRICK ROGER
Oui avec beaucoup de questions d'ailleurs qui se posent dans les campagnes !

CHRISTOPHE BECHU
Avec dans quelques jours la remise d'un rapport que j'ai commandé sur les zones à faible émission pour qu'on puisse assouplir le dispositif et faire en sorte de proposer des évolutions …

PATRICK ROGER
Moins 40% d'ici 2030, c'est possible alors ?

CHRISTOPHE BECHU
Bien sûr que c'est possible ! Nous allons y aller et c'est le sens des mesures qui sont prises quand on réunit les 50 sites les plus émetteurs pour faire en sorte de baisser leurs émissions, c'est le sens du Plan de plantation d'un milliard d'arbres parce qu'il faut comprendre qu'il y a baisser nos émissions mais il faut aussi stocker du carbone et donc ça suppose de miser sur la nature ; c'est le sens des mesures qui vont réformer MaPrimeRénov dans quelques mois avec plus de moyens financiers, avec davantage d'accompagnement physique ; c'est le sens du partenariat avec les collectivités territoriales pour territorialiser cette planification. C'est vraiment au cœur du Conseil de planification écologique qui se tiendra mercredi prochain.

PATRICK ROGER
Merci Christophe BECHU, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et avant donc cette réunion de mercredi prochain, je le rappelle il y a un conseil interministériel de la ville tout à l’heure à 11 heures. Réunion à laquelle vous allez participer avec l’ensemble en fait du Gouvernement et une prise de parole d’Elisabeth BORNE


source : Service d’information du Gouvernement, le 30 juin 2023