Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Clément BEAUNE.
CLEMENT BEAUNE
Bonjour.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes le ministre des Transports et la parole du gouvernement ce matin sur RMC. On va faire le point avec vous évidemment sur ce qui s'est passé cette nuit mais aussi sur l'état des transports, les transports qui reprennent progressivement, vous allez nous le dire, mais de manière encore parcellaire. Avant de vous entendre, je voudrais qu'on écoute le témoignage de Karim, chauffeur poids-lourds. (…) Karim, on a le ministre sous la main donc c’est le moment aussi de pouvoir lui demander si on les écoute ou pas. Qu’est-ce que vous répondez à Karim, Clément BEAUNE ?
CLEMENT BEAUNE
Il y a une colère qui s’exprime, qui est liée au meurtre du jeune Nahel. La souffrance, la colère même elles peuvent se comprendre. En revanche la violence, d'ailleurs Karim l'a très bien dit et je crois que dans son témoignage, il l’a expliqué aux jeunes : ce n’est pas en cassant les services publics, ce n’est pas en détruisant les services publics, ce n’est pas en enlevant aux quartiers ce dont ils ont le plus besoin : le transport par exemple, d'écoles, de bibliothèques qu'on va améliorer la situation. Il ne faut pas confondre la colère et la violence. Et donc dans un état de droit, dans une République…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais qu’est-ce qui va régler la situation ? S’ils ont le sentiment que depuis… Imaginez des jeunes qui ont fait une formation, qui ont fait l’effort effectivement de se former mais qui derrière ont le sentiment qu’ils ne sont pas choisis pour des raisons injustes…
CLEMENT BEAUNE
Mais vous avez complètement raison, mais ça c’est un débat qui est très profond : la colère, elle renvoie sans doute à ce genre de choses depuis des années, mais il ne faut pas confondre les choses. En ce moment, il y a un drame qui concerne un jeune, sa famille, ses proches. On a vu sa mère avec beaucoup de dignité hier. Il faut que la justice passe tout simplement. Il ne faut en aucun cas justifier les violences. On va y venir mais les violences contre des bus, contre les écoles, contre les commissariats ça ne se justifie pas. Il faut est très simple et très clair là-dessus.
APOLLINE DE MALHERBE
Faisons le bilan là-dessus.
CLEMENT BEAUNE
Bien sûr, il y a des actions de long terme. La Première ministre présidera aussi un comité sur les villes cet après-midi pour que les conditions de vie, pour que les discriminations, pour que tout ça s'améliore au recul, et je crois qu'il faut distinguer ces sujets. Parce que si on dit que l'justifie l'autre, on n’est plus dans un ordre républicain.
APOLLINE DE MALHERBE
Clément BEAUNE, précisément sur les transports qui ont également été pris pour cible. On sait que la nuit précédente, une rame de tram et de métro avait été incendiée, littéralement détruite. Qu'en a-t-il été l'été de cette nuit qui vient de s'écouler ? Est-ce que vous avez à déplorer de la casse dans les transports ?
CLEMENT BEAUNE
Oui, cette nuit a de nouveau été très difficile et je veux d'abord dire que ce sont des actes de vandalisme – il faut nommer les choses - totalement inacceptables, totalement injustifiables et qui sont des actes dirigés en réalité contre ceux qui ont le plus besoin des services publics dans les quartiers. Je veux apporter mon soutien aussi aux agents des transports publics comme à tous les agents publics qui ont parfois mis en sécurité des passagers. Il y a une rame qui a été brûlée à Clamart la nuit précédente, ça a été un guet-apens en réalité et le conducteur, les passagers se sont mis à l'abri avec beaucoup de courage, et je rends hommage à tous ceux qui les ont aussi secourus. Cette nuit, malheureusement, nous avons vécu une situation encore plus difficile, avec plusieurs attaques contre des centres de bus, et une qui a abouti à des incendies à Aubervilliers, c’était un garage de bus en quelque sorte, ce qu’on appelle un centre de remisage, ce n’est pas un dépôt d’où partent les bus, mais c’est 13 bus qui ont été visés, 12 qui ont complètement brûlé, et donc c’est un acte totalement scandaleux, parce qu’encore une fois, c’est un acte qui retire du service public, qui ne se justifie en rien, et qui ne va pas résoudre une quelconque difficulté ou répondre à une quelconque colère. Donc il faut être très ferme là-dessus, et je serai dans quelques instants Valérie PECRESSE, avec Jean CASTEX à Aubervilliers.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous vous rendrez sur place là où donc 12 bus…
CLEMENT BEAUNE
Bien sûr, ce matin…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous nous l’annoncez ce matin sur RMC, vous faites cette précision…
CLEMENT BEAUNE
Et au total, en Ile-de-France, c’est malheureusement une vingtaine de bus qui ont été incendiés cette nuit.
APOLLINE DE MALHERBE
Une vingtaine de bus incendiés cette nuit. Il n’y avait pas de transport en commun cette nuit en Ile-de-France, ni bus, ni tram, est-ce que, d’abord, au moment où on se parle, il est 7h48, est-ce que les transports ont repris ?
CLEMENT BEAUNE
Pas totalement, il y a une mesure de précaution qui a été prise la nuit dernière, qui était nécessaire, qu’on a décidée avec la préfecture de police, avec la région Ile-de-France, parce qu’on ne peut pas mettre en danger ni les agents des transports publics, ni évidemment les usagers, ça aurait été irresponsable, et comme on ne sait pas localiser exactement les zones de risque, on a décidé de prendre cette mesure exceptionnelle, de précaution à partir de 21h. Ce matin, le trafic reprend, mais je le dis, il reprend progressivement, il reprend partiellement, sur le bus et sur le tramway, et toute la journée, au moins toute la matinée, mais sans doute toute la journée, le trafic sera fortement perturbé en Ile-de-France sur ce qu’on appelle le réseau de surface, les bus et les tramways, car on ne prend pas le moindre risque, et surtout, il y a les dégâts, sur un certain nombre de lignes, de tram, de bus, sur les trajets des lignes. Et donc, ce sera une réouverture partielle. Donc je le dis aux usagers, malheureusement, on fait tout pour que le service public des transports fonctionne le plus vite et le mieux possible, mais il y aura de fortes perturbations aujourd’hui en Ile-de-France.
APOLLINE DE MALHERBE
Qu’en est-il des autres grandes métropoles ?
CLEMENT BEAUNE
Alors, on est en train de regarder au cas par cas, il y a eu des mesures de précaution, de fermeture totale ou partielle, qui ont été prises dans d’autres grandes villes, je pense à Bordeaux par exemple, le trafic semble assuré au maximum aujourd’hui, mais là aussi, il faut le dire, et cette nuit, et dans la journée, nous ne prendrons aucun risque dans les transports publics, ce sont les métropoles ou les régions qui organisent les transports…
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ça veut dire…
CLEMENT BEAUNE
Elles doivent assurer ces mesures de précaution…
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu’il faut comprendre, Clément BEAUNE, que cette mesure qui a été prise la nuit dernière pourrait être prise à nouveau ce soir, et dans les nuits qui viennent ?
CLEMENT BEAUNE
Vous comprenez bien que c’est une situation évolutive, on s’adapte à la situation, mais on ne peut pas l’exclure, et s’il y a des risques, on n’hésitera pas à prendre ces mesures de précaution, parce que je sais que ne pas avoir de transport public, c’est très compliqué pour beaucoup de gens qui reviennent du travail ou qui travaillent de nuit, je mesure parfaitement les choses, j’étais hier, dès le matin, à la RATP, les agents se mobilisent massivement pour faire reprendre, même dans des conditions difficiles, le trafic, mais s’il y a un risque, on ne peut pas faire circuler un bus ou un tramway. Donc on n’hésitera pas à prendre des mesures de sécurité de précaution.
APOLLINE DE MALHERBE
Certaines villes, comme Neuilly-sur-Marne ou Clamart, vous évoquiez tout à l’heure la rame qui avait doc été brûlée à Clamart, avait décidé d’instaurer un couvre-feu, est-ce que ça, vous le comprenez, et est-ce que ça pourrait être élargi ?
CLEMENT BEAUNE
Alors, ça, c’est des mesures d’ordre public, qui dépassent la question des transports…
APOLLINE DE MALHERBE
Et qui sont prises par les municipalités, je le précise…
CLEMENT BEAUNE
Exactement, ce sont les municipalités qui, dans leurs pouvoirs locaux, prennent ces mesures, je ne sais pas dire aujourd’hui là où il y aura des zones de risque, etc., mais les maires qui prennent ces mesures, ce n’est jamais de gaieté de cœur, et c’est, là aussi, pour assurer la sécurité de leurs concitoyens, donc, je pense…
APOLLINE DE MALHERBE
Elles auront votre soutien ?
CLEMENT BEAUNE
Elles auront le soutien du gouvernement si nécessaire, ce n’est pas le gouvernement qui les prend, ce sont les maires. Mais quand ils les prennent, je pense que ce doit être dans des situations où il y a des risques, et donc il faut le comprendre aussi.
APOLLINE DE MALHERBE
Clément BEAUNE, il y a des départements qui ont décidé de réduire ou d’interdire la vente de carburant en jerrican, est-ce que là encore, ça a été fait en accord avec vous, et est-ce que vous comprenez, et est-ce que vous dites, ça pourrait être prolongé ?
CLEMENT BEAUNE
Alors, il n’y a pas de mesures nationales qui sont de cet ordre-là ou qui sont prévues, qu’il y ait des mesures ponctuelles, encore une fois, on le regarde, et puis, il y a un contrôle à chaque fois par les préfectures pour savoir si ces mesures sont justifiées, proportionnées, légales. Encore une fois, il faut faire confiance aux élus. La Première ministre a reçu les élus locaux hier, on est tous dans le même bateau, pour passer un message républicain, et j’aimerais que tout le monde le fasse, parce que malheureusement, ce n’est pas le cas de tous les partis politiques, d’apaisement, de responsabilité, de sérénité. Vous savez, la violence n’amènera pas la justice, c’est la justice qui apportera l’apaisement…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais quand vous dites, j’aimerais que tous les partis le fassent, est-ce que, Clément BEAUNE, il faut comprendre que vous avez quasiment le sentiment que certains partis, j’imagine que vous pensez à La France Insoumise qui est souvent dans votre viseur, prennent prétexte au fond de ces émeutes ?
CLEMENT BEAUNE
Moi, je ne mène pas de faux procès, j’appelle à l’unité, à la sérénité, je ne vais pas faire le contraire, revanche, c’est très grave, oui, quand on dit des choses qui sont graves et fausses et qui jettent de l’huile sur le feu, littéralement, quand on dit qu’en France, il n’y aurait pas de droit, qu’il y aurait des permis de tuer, que le gouvernement ou que d’autres forces politiques seraient en train de chercher la colère et la violence, de justifier la violence. On doit être simple et très clair, condamner toutes les violences, faire passer la justice, je le redis, la violence n’amènera pas plus de justice, elle ajoute à l’injustice, et d’ailleurs, quand on brûle un bus, quand on brûle une école, quand on brûle une bibliothèque, vous croyez que qui en paie les frais, qui en subit les dégâts, ce sont ceux qui souffrent le plus aujourd’hui et qui veulent la justice.
APOLLINE DE MALHERBE
Clément BEAUNE, ministre des Transports, merci d’être venu donc sur RMC ce matin…
CLEMENT BEAUNE
Merci à vous.
APOLLINE DE MALHERBE
On retient que 12 bus ont donc été entièrement détruits à Aubervilliers, une vingtaine de bus ont été détruits dans toute la France, vous êtes donc le ministre des Transports.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 30 juin 2023