Texte intégral
NEÏLA LATROUS
Il est 8h37 sur RMC et BFM TV, bonjour Stanislas GUERINI.
STANISLAS GUERINI
Bonjour.
NEÏLA LATROUS
Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, merci d'être sur RMC et BFM TV ce matin, on a plein de questions à vous poser notamment sur la rentrée scolaire, est-ce qu'il va vraiment y avoir un professeur devant chaque classe, mais d'abord je voudrais revenir sur la rencontre avec Gérald DARMANIN et les syndicats de police, le ministre de l'Intérieur qui dit comprendre leur colère et leur fatigue, mais qui leur demande aussi de ne pas oublier le sens de leur mission, ça veut dire que la récrée est finie, si j'ose l'expression, est-ce que ça veut dire qu'en tout cas ils doivent reprendre le travail et vite ?
STANISLAS GUERINI
Non, je ne crois pas que ça soit comme ça que les policiers voient les choses, c'était pour eux pas une récréation, c'est pour eux un mouvement de colère, de grande lassitude, parfois d'incompréhension aussi…
NEÏLA LATROUS
Elle a été entendue, mais vous dites il faut reprendre le travail.
STANISLAS GUERINI
Face à une situation, et parfois un débat public qui attaque les policiers, qui les remet en cause systématiquement, et donc il faut d'abord, avant tout, soutenir le travail des policiers. Vous savez, moi je n'aurai jamais de double discours vis-à-vis des policiers. Quand, avec le ministre de l'Intérieur, on a pu aller à leur rencontre, à leurs côtés, voir des policiers blessés dans le cadre de leurs fonctions, parfois avec des individus face à eux qui veulent tuer du flic, parce que cela existe, eh bien on sait la difficulté du travail des policiers. Donc moi j'ai une absolue certitude que les policiers ils ont le sens du devoir, ils savent que la population a besoin d'eux…
NEÏLA LATROUS
Mais vous ne répondez pas à ma question, est-ce que vous leur dites on vous a écoutés…
STANISLAS GUERINI
Et donc je suis absolument convaincu que oui…
NEÏLA LATROUS
Il faut reprendre le travail ?
STANISLAS GUERINI
Ils reprendront le travail. Ils ont été hier reçus par le ministre de l'Intérieur…
NEÏLA LATROUS
Quand ils voudront ?
STANISLAS GUERINI
Ils ont été reçus par le ministre de l'Intérieur, qui les a écoutés, qui les a, je crois compris, comme il le fait depuis trois ans. Vous savez, les policiers, les gendarmes, les policiers municipaux, les sapeurs-pompiers, ils savent qu'ils ont à la tête du ministère de l'Intérieur un ministre qui est extraordinairement engagé à leurs côtés, qui les défend, qui défend leur honneur, qui défend les moyens qui se sont les leurs pour travailler, qui défend aussi leurs conditions de travail, qui défend leur rémunération, ils savent qu'ils peuvent compter sur le ministre de l'Intérieur, qu'ils peuvent compter sur le gouvernement, pour pouvoir les défendre et les protéger.
NEÏLA LATROUS
Sauf que, Stanislas GUERINI, vous évoquez les pompiers et les gendarmes, on ne voit pas de mouvement similaire chez les pompiers ou chez les gendarmes. Hier Gérald DARMANIN évoquait des chiffres, moins de 5 % de grévistes, dans d'autres corps de métier on a connu cela et ça ne provoque pas l'émoi que ça a provoqué pendant une semaine avec l'embarras qu'on a pu sentir au sein du gouvernement. Il y a une spécificité de la police dans le rapport entre gouvernement et… ?
STANISLAS GUERINI
Vous savez, moi je fais le constat, depuis une semaine, qu'il faudrait quasiment que chaque responsable politique choisisse son camp, c'est très marquant. On peut défendre les policiers, je le fais sans ambiguïté, avec intensité, comme je l'ai toujours fait, comme le ministre de l'Intérieur, comme l'ensemble du gouvernement, l'a toujours fait, défendre l'institution judiciaire, défendre le lien entre la police et la jeunesse, j'étais hier avec des policiers qui encadrent des jeunes pendant les vacances, qui font un travail absolument formidable. On n'a pas, en République, à choisir son camp, et j'ai l'impression ces derniers jours que défendre les policiers…
NEÏLA LATROUS
Mais sans choisir son camp, moins de 5% de policiers à l'arrêt.
STANISLAS GUERINI
Ou comprendre l'émotion suscitée quand on voit des vidéos, la vidéo d'Hedi, qui a été blessé, ça consisterait…
NEÏLA LATROUS
C'est ce jeune homme de 22 ans…
STANISLAS GUERINI
A devoir choisir son camp, défendre la République ce n'est pas choisir un camp, c'est défendre les règles de la République.
NEÏLA LATROUS
Sans choisir un camp, moins de 5% de policiers en arrêt maladie ou qui ont refusé d'aller travailler, moins de 5 % de policiers à l'arrêt ça suffit à ébranler le gouvernement ?
STANISLAS GUERINI
Mais vous voyez, Neïla LATROUS, c'est la démonstration de l'importance du travail des policiers. Quand les policiers font le choix de se mettre en retrait, eh bien ceux qui trinquent c'est les plus pauvres, c'est les plus précaires, c'est ceux qui ont eu le plus besoin de cette institution, et de la police, et c'est souvent dans les quartiers populaires qu'on a besoin de la police, donc oui, le travail des policiers est central, indispensable, dans notre société, et c'est donc pour ça que quand ils se mettent en retrait ça a des conséquences, immédiates.
NEÏLA LATROUS
Et à ce titre ils disent il faut des spécificités dans notre traitement, y compris par la justice. Est-ce qu'il leur faut un statut particulier, comme ça existe d'ailleurs pour les militaires ? les militaires, dans le cadre de leurs fonctions, ils ont une juridiction spécialisée, pas les policiers.
STANISLAS GUERINI
D'abord, je crois qu'il faut, dans ces moments, particulièrement es moments de grande tension, rappeler des choses simples, l'Etat de droit. Le président de la République l'a fait dans la plus grande clarté, " en République, nul n'est au-dessus des lois ", c'est le premier principe. Le deuxième principe…
NEÏLA LATROUS
Ils ne le contestent pas, ils disent il faut que la loi reconnaisse notre spécificité.
STANISLAS GUERINI
Je vais y revenir ; de façon très spécifique, puisqu'ils ont formulé des propositions au ministre de l'Intérieur, deuxième principe c'est que nul n'est en dessous des lois, c'est celui de la présomption d'innocence, il doit s'appliquer à tout citoyen et singulièrement aux forces. Troisième principe, puisque c'était important, c'était le fond dans le débat public, c'est la séparation des pouvoirs, c'est l'indépendance de la justice, elle a parfois été mise en cause, elle doit s'appliquer, cette indépendance-là, et défendre ces institutions de la même façon, ce n'est pas, encore une fois, choisir un camp, on y perd toujours quand on donne le sentiment qu'il y a, ou d'un côté la justice, ou d'un côté la police, on peut défendre l'un et l'autre.
NEÏLA LATROUS
Est-ce qu'au regard des spécificités de leur mission il faut faire faire évoluer la loi pour qu'ils n'aillent pas en détention provisoire ?
STANISLAS GUERINI
Après, après, les policiers ont formulé des propositions, c'est aux responsables politiques de pouvoir les entendre. Ils ont formulé des propositions notamment sur la protection fonctionnelle, moi je considère, pour l'ensemble des agents publics, qu'on peut peut-être encore améliorer les choses sur cette protection fonctionnelle…
NEÏLA LATROUS
De quelle façon ? je rappelle c'est, en gros c'est comment est-ce que les policiers sont aidés par l'institution quand ils sont face à la justice.
STANISLAS GUERINI
L'institution accompagne un fonctionnaire…
NEÏLA LATROUS
Comment on peut améliorer la protection fonctionnelle ?
STANISLAS GUERINI
Singulièrement un fonctionnaire de police, soit quand il est incriminé, pour l'accompagner dans une procédure judiciaire, soit quand il est lui-même victime d'attaque, la protection fonctionnelle c'est aussi pour protéger, pour défendre, un policier, un fonctionnaire, ou des…
NEÏLA LATROUS
Elle doit être améliorée ?
STANISLAS GUERINI
Je pense qu'on peut encore améliorer la situation. Vous savez, moi je suis très marqué, indépendamment des policiers, moi je suis le ministre de la Fonction publique, de l'ensemble des fonctionnaires, de voir à quel point les fonctionnaires, qui sont en première ligne, c'est le cas d'évidence pour les forces de l'ordre, c'est le cas aussi pour tous les agents qui sont derrière des guichets, c'est le cas pour des agents qui sont dans des hôpitaux, dans des écoles, vivent des agressions aujourd'hui, qui sont d'une intensité chaque jour davantage, nous avons vécu des drames, des fonctionnaires ont été assassinés encore ces derniers mois…
NEÏLA LATROUS
Et donc qu'est-ce qu'on améliore dans cette protection ?
STANISLAS GUERINI
Donc je formulerai, avec mes collègues du gouvernement, des propositions pour pouvoir mieux protéger les fonctionnaires, les agents publics de notre pays, je pense qu'on peut le faire sur la protection fonctionnelle, faciliter son déclenchement, qu'il soit plus immédiat, parfois ça se joue dans des conditions pratiques, améliorer la protection fonctionnelle pour les ayant-droit, c'est-à-dire parfois la famille des fonctionnaires, qui peuvent être menacés, incriminés, faire en sorte par exemple qu'une administration puisse porter plainte en lieu et place de l'agent qui a été agressé, immédiatement, même quand il n'y a pas eu de dommages matériels sur une administration, voyez, il y a aujourd'hui des dispositifs qu'on peut améliorer et le gouvernement travaille, nous nous sommes encore réunis cette semaine, à pouvoir formuler des propositions pour améliorer les dispositifs de protection des agents publics parce que ce sont eux qui sont en première ligne, qui rendent les services publics, nous l'avons vu encore avec les violences urbaines il y a quelques semaines.
NEÏLA LATROUS
Stanislas GUERINI, il y a un principe dans la Fonction publique, c'est le devoir de réserve, il s'applique notamment par exemple, je reste sur ma comparaison, pour des militaires à qui il est demandé, il y a deux ans, lorsqu'une tribune a été signée par des militaires, la ministre des Armées a demandé des sanctions en disant qu'il fallait respecter ce devoir de réserve. Est-ce que Frédéric VEAUX, le directeur général de la Police nationale, sort de son devoir de réserve lorsqu'il exprime des positions que certains jugent politiques ?
STANISLAS GUERINI
Frédéric VEAUX c'est un grand fonctionnaire, c'est un grand fonctionnaire, et il fait sa mission à la tête de la Police nationale, mais, il faut être très clair, c'est aux responsables politiques de formuler des propositions, de formuler des propositions d'évolution éventuellement de la loi, et c'est aux parlementaires de la voter.
NEÏLA LATROUS
Ce n'est pas à Frédéric VEAUX ?
STANISLAS GUERINI
Donc, s'il y a des choses à améliorer dans le statut des policiers, je crois que je viens de vous dire des choses suffisamment précises sur par exemple la protection fonctionnelle, c'est aux responsables politiques, à la tête des institutions, de proposer des évolutions de la loi, et toujours aux parlementaires de la voter souverainement.
NEÏLA LATROUS
Est-ce qu'un fonctionnaire peut utiliser l'arrêt maladie comme le font ces centaines de policiers pour exprimer un mécontentement, est-ce que… ?
STANISLAS GUERINI
Mais il ne faut pas se tromper de débat Neïla LATROUS, il y a…
NEÏLA LATROUS
C'est un débat important, c'est l'argent des Français Stanislas GUERINI.
STANISLAS GUERINI
Il y a une colère, une lassitude, des forces de police, que je crois que chacun peut comprendre, et d'ailleurs la population française ne se trompe pas sur cette question-là, elle soutient, sans ambiguïté, majoritairement, massivement, la police qui la protège au quotidien, et moi je n'aurai jamais de double langage. Donc, les policiers…
NEÏLA LATROUS
Vous ne parlez pas d'arrêts maladie de complaisance par exemple, comme ça a pu être évoqué il y a quelques semaines quand a été annoncé un plan de lutte contre la fraude sociale ?
STANISLAS GUERINI
Les policiers, ces derniers jours, c'était leur façon, on va se dire clairement, c'était leur façon de se mettre en retrait face à une émotion…
NEÏLA LATROUS
Donc ce n'est pas grave ?
STANISLAS GUERINI
A une colère, il faut qu'ils puissent reprendre le travail, la population française a besoin d'eux, ils ont été reçus par leur ministre, ils ont été écoutés par leur ministre, et je n'ai pas de doute que, parce qu'ils ont le sens de l'intérêt général, de la continuité des services publics, je crois qu'elle anime chacun des fonctionnaires de ce pays, ils reprendront le travail et leur mission, encore une fois, leur mission qui est précieuse au service des Français.
NEÏLA LATROUS
Donc il n'y a pas de volonté d'aller contrôler ces arrêts maladie particulièrement. Un mot, l'avocat d'Hedi, que vous évoquiez, le jeune homme de 22 ans, a regretté l'absence d'un mot de compassion de l'exécutif à son encontre, est-ce que ce matin vous dites moi j'ai de la compassion pour Hedi ?
STANISLAS GUERINI
C'est plus que de la compassion, moi quand j'ai vu la vidéo de ce jeune homme, je n'ai pas été ému, je pense que cette vidéo elle restera gravée en moi, dans chaque personne qui a visionné ces images d'un jeune homme qui a perdu un bout de son crâne, dont la vie sera irrémédiablement changée. Tout ce qu'on peut imaginer en voyant cette vidéo c'est d'abord de lui souhaiter de la force, du courage, pour reprendre le cours de sa vie, adresser aussi des mots et des paroles à sa famille, il l'a mentionné lui-même, elle l'entoure aujourd'hui, et puis souhaiter que la vérité, que la justice, soit faite dans l'affaire qui le concerne très directement, je crois que c'est ça que la République lui doit, au fond, elle doit à chacun des citoyens français. Et dire cela, encore une fois, ce n'est pas, comme je l'ai trop entendu dans le débat public, parler contre les policiers, parler contre l'institution, je crois que l'institution elle mérite aussi que la justice puisse avancer et faire son travail.
NEÏLA LATROUS
Ce que dit l'institution aussi c'est qu'elle manque de bras pour accomplir un certain nombre de missions…
STANISLAS GUERINI
C'est vrai.
NEÏLA LATROUS
Les policiers qui ont rencontré Gérald DARMANIN hier réclament plus d'hommes, sauf qu'il n'y a jamais eu autant de départs parmi les forces de l'ordre, sans même parler d'augmenter les recrutements comment palier cette hémorragie, comment l'arrêter ?
STANISLAS GUERINI
D'abord, il faut dire les choses très directement, c'est vrai, c'est vrai des policiers et c'est vrai dans la Fonction publique, moi j'en ai fait ma première priorité…
NEÏLA LATROUS
Il manque du monde partout…
STANISLAS GUERINI
C'était l'attractivité de la Fonction publique…
NEÏLA LATROUS
Dans la police, à l'école, dans la pénitentiaire.
STANISLAS GUERINI
Aujourd'hui beaucoup d'employeurs ont des difficultés à recruter, c'est vrai dans le privé, c'est vrai dans le public, mais c'est encore plus vrai dans la Fonction publique, et c'est moi mon combat principal. C'est la raison…
NEÏLA LATROUS
Mais ça veut dire qu'il faut en passer par des contractuels ?
STANISLAS GUERINI
C'est la raison pour laquelle, d'abord, il faut considérer qu'il y a une partie de la réponse qui doit se situer sur la fiche de paie, moi c'est la raison pour laquelle je me bats pour obtenir des moyens pour revaloriser la rémunération des fonctionnaires de ce pays…
NEÏLA LATROUS
1,5 % d'augmentation sur la paie du mois de juillet.
STANISLAS GUERINI
Ce sera bien davantage, en réalité, pour les fonctionnaires les moins rémunérés. J'ai obtenu cette année qu'on puisse avoir une enveloppe salariale qui soit équivalente à ce que nous avons fait l'année dernière, ça sera 3,5 milliards d'euros sur la deuxième partie de l'année, plus de 6 milliards d'euros l'année prochaine…
NEÏLA LATROUS
Ça fait combien sur la fiche de paie pour chaque agent ?
STANISLAS GUERINI
Consacrés à revaloriser. Voyez, pour les fonctionnaires qui sont au début de leur rémunération, c'est-à-dire les moins bien rémunérés, ça sera des augmentations de plus de 7%, de plus de 7%, entre le 1er janvier 2023 et le 1er janvier 2024, donc c'est plus d'une centaine d'euros pour des fonctionnaires qui sont en début de grille, c'est-à-dire ceux qui ont pris l'inflation, pardon pour l'expression, mais en pleine face, de plein fouet, parce que l'inflation elle reste moins forte que dans les autres pays européens, mais elle est, et elle est particulièrement là…
NEÏLA LATROUS
Et qui comparent, et qui disent l'électricité augmente beaucoup plus, de 10%…
STANISLAS GUERINI
Sur les produits de première nécessité…
NEÏLA LATROUS
Les fruits et légumes de 16%…
STANISLAS GUERINI
Bien sûr, vous avez raison.
NEÏLA LATROUS
Les fournitures scolaires sans doute de 10%, ils vous disent 7% ça ne compense pas.
STANISLAS GUERINI
Mais moi c'est la raison pour laquelle j'ai fait le choix, dans les propositions que j'ai soumises à la Première ministre, qui les a actées, activées, de pouvoir concentrer nos efforts justement sur les plus faibles rémunérations, parce que vous mentionnez une augmentation générale, de 1,5%, effectivement les plus hautes rémunérations dans la Fonction publique, comme ailleurs, elles sont moins impactées par une augmentation de l'électricité parce que dans le panier ça coûte moins dans le budget d'un ménage, ça a moins d'importance, mais pour quelqu'un qui est au niveau du SMIC ou un petit peu au-dessus du SMIC, oui la conséquence est très forte, et donc c'est la raison pour laquelle les plus hautes rémunérations elles augmenteront que de 1,5%, mais les premiers niveaux de rémunération dans la Fonction publique ça sera, en rémunération fixe, de plus de 7%. Et je ne m'arrête pas là puisque, à la rentrée, considérant justement cette difficulté de pouvoir d'achat, j'ai fait le choix de pouvoir verser pour environ la moitié des fonctionnaires une prime de pouvoir d'achat, elle sera de 800 euros, de 800 euros, elle sera versée à la rentrée, pour les fonctionnaires les moins bien rémunérés, et elle ira jusqu'à 300 euros bruts, jusqu'à 3250 euros de rémunération. Donc voyez, je pense qu'une première partie de la réponse c'est de ne pas regarder à côté quand on parle fiche de paie, mais ça ne suffit pas, l'autre partie de la réponse…
NEÏLA LATROUS
Où est-ce qu'on trouve les professeurs ?
STANISLAS GUERINI
C'est aussi, pardon je le dis d'un mot, mais c'est une façon de vous répondre, y compris sur les professeurs, dans les conditions de travail, les conditions d'organisation du travail, le logement des fonctionnaires, la santé au travail, l'égalité entre les femmes et les hommes, l'adaptation du temps de travail, ce sont tous ces éléments-là…
NEÏLA LATROUS
Là vous me parlez de chantiers qui sont sur le long terme, mais il y a une promesse qui est pour la rentrée, qui est un professeur devant chaque classe à la rentrée.
STANISLAS GUERINI
Oui, bien sûr.
NEÏLA LATROUS
Concrètement, il manque combien de professeurs aujourd'hui, et où est-ce qu'on trouve les remplaçants ?
STANISLAS GUERINI
Voyez, l'année dernière il manquait 4000 professeurs, quand on a regardé les choses à la fin de l'année, le différentiel entre le nombre de professeurs qui étaient dans le budget et puis, au fond, ceux que nous avons réussi, soit à garder, vous avez bien raison, ou à attirer dans la Fonction publique, donc c'est un immense chantier…
NEÏLA LATROUS
Et aujourd'hui il en manque combien ?
STANISLAS GUERINI
Sur lequel mon collègue Gabriel ATTAL est extrêmement engagé, c'est à la fois un chantier d'attractivité, des mesures très importantes ont été prises, 2 milliards d'euros pour la rémunération fixe, inconditionnelle, des professeurs, 1 milliard d'euros supplémentaire pour ceux justement qui s'engageront dans des missions, et notamment, c'est une partie de la réponse, pour pouvoir mieux remplacer à l'école, c'est un chantier qui est absolument primordial, central, c'est pour ça qu'on s'engage…
NEÏLA LATROUS
Mais l'an dernier vous dites il manquait 4000 professeurs, il en manque autant à l'heure où on se parle ?
STANISLAS GUERINI
Nous avons fait justement les choses pour pouvoir accélérer les recrutements, et comme le président de la République l'a indiqué, comme la Première ministre, comme le ministre de l'Education nationale l'a indiqué, à la rentrée il y aura un professeur dans chaque classe, c'est l'engagement que nous prenons et c'est le travail quotidien que mène mon collègue Gabriel ATTAL, et que nous menons tous pour aussi, je le disais, il ne faut pas regarder à côté des sujets, revaloriser la rémunération, repenser aussi plus globalement l'attractivité des métiers.
NEÏLA LATROUS
Stanislas GUERINI, votre collègue Eric DUPOND-MORETTI saura aujourd'hui s'il est renvoyé devant la cour de justice de la République, en fait il est soupçonné de prise illégale d'intérêt, j'explique en deux mots, il est soupçonné d'avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats auxquels il s'était opposé lorsqu'il était avocat. Est-ce qu'on peut être ministre de la Justice et être soi-même en prise avec la justice ?
STANISLAS GUERINI
Voyez, la première partie de notre entretien, pour moi, a consisté à dire de respecter l'indépendance des institutions, l'indépendance de la justice, je ne vais pas l'instant d'après commenter une procédure en cours, y compris si elle concerne un collègue du gouvernement. Par ailleurs…
NEÏLA LATROUS
Ça ne pose aucun problème politique ?
STANISLAS GUERINI
Je n'ai pas de doute sur la probité, mais je ne commenterai pas, en tant que membre du gouvernement, une affaire en cours. Je crois que le Garde des Sceaux est engagé, lui aussi, dans un formidable chantier de modernisation, de revalorisation aussi de la justice, de recrutement, il fait un travail absolument essentiel et formidable pour la justice de notre pays, je souhaite évidemment qu'il puisse continuer…
NEÏLA LATROUS
C'est un justiciable comme un autre, même s'il est ministre ?
STANISLAS GUERINI
Mais, les procédures doivent s'appliquer, et les membres du gouvernement n'ont pas à commenter les affaires de justice en cours. Pardon, ça peut parfois être frustrant pour vous, peut-être pour ceux qui nous écoutent, mais je crois qu'en République il faut avoir une boussole et respecter quelques règles du jeu.
NEÏLA LATROUS
Merci Stanislas GUERINI, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques.
STANISLAS GUERINI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 31 juillet 2023