Interview de M. Olivier Becht, ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger, à France Info le 8 août 2023, sur les chiffres de la balance commerciale.

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  • Olivier Becht - Ministre délégué, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger

Média : France Info

Texte intégral

Q - Bonjour Olivier Becht.

R - Bonjour.

Q - Ministre délégué chargé du commerce extérieur ou encore de l'attractivité, merci d'accepter l'invitation du 10/14 de France Info. C'est vous qui avez présenté ces chiffres de la balance commerciale. Vous affirmez que la France tire son épingle du jeu, dans un monde où le commerce ralentit. Pour quelle raison ?

R - Eh bien, écoutez, d'abord parce que le contexte international, effectivement, reste relativement mauvais, avec une série de crises et des prix qui restent encore tirés par le haut par l'inflation mondiale. La Chine n'a pas encore véritablement retrouvé son niveau économique d'avant Covid... Et malgré cela, le commerce extérieur de la France progresse. Il progresse, alors, bien sûr, parce que les prix de l'énergie ont reculé sur les marchés, que nous importons moins d'énergie que l'année dernière, où nos centrales nucléaires étaient à l'arrêt. Mais, si on regarde la situation hors énergie, eh bien, la France regagne des parts de marchés. Et ça, c'est une très bonne nouvelle. Notre déficit, hors énergie, recule. Notre solde commercial s'améliore même de 7,3 milliards d'euros, en particulier grâce à la hausse des exportations dans le secteur de l'aéronautique, dans le secteur de l'automobile, ou encore dans le secteur des parfums, des cosmétiques. Voilà, donc ça, c'est une très bonne nouvelle pour les produits français.

Q - L'aéronautique, vous en parliez : 12% d'exportations en plus, 8% de plus pour l'automobile. Comment est-ce que vous expliquez le dynamisme dans les exportations de ces secteurs-là en France ?

R - Eh bien, on a d'une part un rattrapage, effectivement, par rapport à la période du Covid, où les exportations en matière aéronautique avaient fortement régressé. Et puis nous avons aussi l'arrivée de nouveaux produits dans l'automobile, notamment les véhicules électriques, les voitures françaises, qui s'exportent très bien. Et c'est une bonne nouvelle, parce que nous avions déjà de très bonnes dynamiques d'exportation pour les avions, les trains, les navires ; aujourd'hui, nous voyons cette dynamique arriver dans l'automobile. Cela prouve que les produits français sont de très grande qualité, parmi les meilleurs produits du monde, comme dans les cosmétiques, le luxe ou encore dans les produits agricoles. C'est vrai aussi dans les services. Et, ça aussi, c'est une bonne nouvelle, parce que ça porte la France sur les marchés, et puis c'est une fierté aussi, pour notre pays, de pouvoir vendre ses produits à travers le monde.

Q - Olivier Becht, ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité, nous venons de détailler le côté exportations. Côté importations, vous l'avez évoqué tout à l'heure, la facture énergétique s'est réduite au mois de juin, ce qui peut expliquer la réduction de notre déficit commercial. Mais récemment l'Arabie saoudite, par exemple, très gros fournisseur de pétrole, a annoncé réduire encore un peu sa production de barils pour redoper les prix. Ça, est-ce que ça ne met pas à mal les bons résultats, comme vous les qualifiez, pour les prochains mois ?

R - Eh bien, c'est la raison pour laquelle il faut être prudents, parce qu'en matière énergétique, nous sommes toujours, en fait, à la merci de la conjoncture internationale, des chocs géopolitiques également. Et donc, forcément, si on devait avoir une recrudescence des prix sur le pétrole, eh bien, nous savons que le pétrole, c'est un produit pour lequel aujourd'hui il n'y a pas beaucoup de substitutions pour les avions, les navires, les voitures notamment, et donc il est très difficile de s'en passer de manière rapide. Donc, oui, il faut rester prudents. Ce sont des bons chiffres, mais ce sont des chiffres qui restent évidemment sujets au maintien d'une bonne conjoncture sur les prix de l'énergie.

Q - Quelles conséquences va-t-on voir, par exemple, dans notre vie quotidienne ? On parle de balance commerciale, ce n'est pas forcément très clair dans l'esprit de tout le monde. Est-ce que ces résultats que vous présentez comme bons vont avoir un impact concret dans nos vies ?

R - Oui, alors, d'abord, le déficit commercial, ce n'est pas un déficit de l'Etat. C'est un déficit de la nation. C'est-à-dire que lorsqu'on importe plus que l'on exporte, en fait, c'est la France qui s'appauvrit globalement. Donc, le fait que nous réduisions notre déficit commercial, c'est une bonne nouvelle pour le pays tout entier. Derrière, ce sont aussi plus d'entreprises exportatrices ; c'est-à-dire que nous avons aujourd'hui près de 150.000 entreprises exportatrices. C'est plus 30.000 par rapport à ce que nous avions encore, il y a quelques années. Ça aussi, c'est une bonne nouvelle, parce que dans notre vie quotidienne, ce sont des emplois qui sont créés, dans les territoires français, et donc ce sont aussi des salaires qui permettent aux gens de vivre dignement. Et tout ça, ce sont aussi des bonnes nouvelles pour les Français.

Q - Quelles mesures, éventuellement, vous envisagez, à l'avenir, pour continuer de maintenir ce cap-là ?

R - Nous annoncerons un plan export fin août, qui visera notamment à aider davantage les petites et les moyennes entreprises à exporter. Parce que les chiffres que nous avons annoncés sont bons, mais nous pouvons faire encore mieux ; d'abord la France peut redevenir une grande puissance exportatrice ; elle l'était [coupure] industrialiser le pays, mais il faut surtout que nos petites et moyennes entreprises aillent davantage à l'exportation, qu'elles comprennent qu'aller à l'international, ce n'est pas prendre un risque, au contraire, c'est faire en sorte de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, avoir plusieurs marchés. Et donc, nous allons accompagner ces petites et ces moyennes entreprises davantage à l'export. Je le disais, et c'est une source de fierté, la France, nous produisons parmi les meilleurs produits du monde, eh bien, il n'y a pas de raison que nous n'arrivions pas à les vendre à l'étranger, comme le font nos voisins européens, l'Allemagne ou l'Italie notamment. C'est le grand défi, c'est la grande cause que nous voulons porter, avec le Gouvernement, dans les prochains mois.

Q - Olivier Becht, nous sommes à mi-parcours, en cette année 2023, quelles perspectives pour le reste de l'année ?

R - Ecoutez, il faut être optimistes sur la base de ces premiers résultats, sur le premier semestre, tout en restant prudents, parce que, encore une fois, vous le savez bien, nous vivons une époque de chocs. Nous avons vu à la fois le choc sanitaire, le choc de la guerre en Ukraine, le choc énergétique, qui a produit de l'inflation. Donc nous sommes à la merci, malheureusement, d'autres chocs qui peuvent arriver. Et je pense que le meilleur moyen d'être résilients face aux chocs, eh bien, c'est de continuer à réindustrialiser notre pays, à faire en sorte que nos entreprises continuent à produire des produits de grande qualité. Mais je le disais aussi des services, parce que nous sommes vraiment portés par le tourisme : la France est la première destination touristique mondiale, ça aussi, c'est une fierté. Et vous le savez, dans les services financiers, nous sommes désormais la première place financière européenne. Nous avons détrôné la City, notamment sur le marché des actions, à la suite du Brexit...

Q - à Londres.

R - À Londres, tout à fait. Et ça aussi, c'est une très bonne nouvelle. Donc il faut continuer à être résilients, continuer à produire les meilleurs produits, les meilleurs services, et les vendre dans le monde entier. C'est ce qui permet à notre pays de s'enrichir.

Q - Merci, Olivier Becht, ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité, d'avoir accepté l'invitation du 10/14 de France Info pour réagir à ces tout nouveaux chiffres de la balance commerciale française qui se rééquilibre.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 août 2023