Texte intégral
THOMAS SOTTO
Bonjour et bienvenu dans "Les 4V", Gérald DARMANIN.
GÉRALD DARMANIN
Bonjour.
THOMAS SOTTO
La tragédie, le cauchemar, la désolation, ce sont les mots qui reviennent pour essayer de raconter le drame vécu par les Marocains depuis le séisme de vendredi soir. Et comment, évidemment, ne pas compatir avec les Marocains. Les besoins sont immenses, hier soir le Maroc a accepté l'aide de quatre pays, l'Espagne, l'Angleterre, le Qatar et les Émirats arabes unis, et pas celle de la France. Quel est le problème avec le Maroc aujourd'hui ?
GÉRALD DARMANIN
Le Maroc et la France sont deux pays frères. Je veux évidemment avoir une pensée extrêmement forte pour les milliers de personnes touchées au Maroc. La France se tient à disposition du Maroc. Le Maroc c'est un grand pays. Un grand pays africain qui a une grande protection civile, et s'il pense, et c'est bien normal, que d'une manière ou d'une autre l'aide internationale peut être au rendez-vous, la France sera là, mais ce que je sais…
THOMAS SOTTO
On a des moyens qui sont prêts à partir aujourd'hui ?
GÉRALD DARMANIN
Je sais, le président de la République nous a demandé d'y travailler, mais je sais que le Maroc a une grande protection civile et est capable de répondre à ce genre de difficultés, tout simplement.
THOMAS SOTTO
Mais il y a aussi de la politique, on sait que les relations diplomatiques sont compliquées entre nos deux pays depuis plusieurs mois, il n'y a plus d'ambassadeur du Maroc en France. Ça peut être lié ou pas, Gérald DARMANIN ?
GÉRALD DARMANIN
Non, je ne le crois pas. Encore une fois la tragédie qui touche le Sud du Maroc touche tout le monde, touche tous les Français, et nous sommes vraiment à la disposition de nos amis marocains.
THOMAS SOTTO
Est-ce que vous pouvez nous confirmer l'information de nos confrères du Parisien, sur laquelle le roi Mohammed VI était en France au moment du séisme ?
GÉRALD DARMANIN
Je n'ai pas à parler de ce genre de choses.
THOMAS SOTTO
Il était là ? Vous le savez ou vous ne le savez pas ?
GÉRALD DARMANIN
Je n'ai pas à commenter ce genre de choses.
THOMAS SOTTO
D'accord. En général, un ministre de l'Intérieur est concerné quand un chef d'État étranger…
GÉRALD DARMANIN
En général, le ministre de l'Intérieur est tenu au secret, dans toutes ses fonctions. Donc voilà.
THOMAS SOTTO
On n'en saura pas plus. Venons-en à la guerre difficile contre les trafics de drogue dans nos villes, dans nos cités, on voyait encore un sujet à Nîmes dans le journal de 07h30. "C'est la bataille de Stalingrad" avez-vous dit. Personne ne remet en cause votre volonté de lutter, des moyens importants sont déployés, on a beaucoup parlé de cette fameuse unité CRS-8, mais tout cela visiblement n'impressionne pas les trafiquants, on continue de compter les morts, de plus en plus souvent les victimes collatérales, hier matin encore à Nîmes, dans cette fameuse cité où la CRS-8 a été déployée, la cité Pissevin, on a eu deux personnes blessées par balles. Que comptez-vous faire, que pouvez-vous faire de plus ?
GÉRALD DARMANIN
Alors, elles ont été blessées par des éclats de verre, mais ça ne change rien au drame que connaît Nîmes et que connaît notamment ce quartier, qui est un quartier extrêmement dégradé, pour m'y être rendu à plusieurs reprises. C'est 16 000 habitations, vraiment dans une désolation urbaine. Donc la police, d'abord est là pour l'urgence, mais ça n'est pas elle qui structurellement change un quartier, change la façon de vivre d'un certain nombre de villes de France. Mais ce que je peux vous dire, c'est que quand on lutte contre la drogue, on lutte contre trois choses, très rapidement. D'abord, on lutte contre des organisations criminelles qui ne doivent pas grandir. On ne peut pas éradiquer totalement le trafic de drogue, celui qui dit ça, est un menteur ; en revanche, de limiter la pieuvre, l'organisation criminelle, capable ensuite de corrompre des fonctionnaires, de tuer des journalistes, de tuer des avocats, de tuer des hommes politiques, c'est ce qui se passe aux Pays-Bas, lorsqu'on on a laissé tomber la lutte contre la drogue, eh bien la France, elle, elle permet par son travail, par ses policiers et ses gendarmes très courageux, de limiter…
THOMAS SOTTO
Mais ce n'est pas forcément le sentiment des habitants de ces quartiers qui ont l'impression que l'emprise est de plus en plus forte sur les quartiers.
GÉRALD DARMANIN
Alors, ça dépend où. Il y a des moments où c'est plus difficile, je prends l'exemple effectivement de Nîmes, parfois de Marseille ou du Vaucluse. Il y a des endroits où heureusement il y a eu des réussites. Regardez cette nuit à Nice, il y a eu six interpellations, qui permettent de démanteler une filière dans le quartier des Moulins, à la demande de Christian ESTROSI. Donc nous avons des réussites, je regarde dans l'agglomération lilloise, à Roubaix, à Lille Sud, on a beaucoup de réussite. En Seine-Saint-Denis cet été, j'ai eu l'occasion de le dire, pas un homicide du fait du trafic de drogue, mais il y a des endroits où c'est encore très difficile, et c'est parce qu'il y a des policiers et des gendarmes courageux, qu'il ne faut rien lâcher. Maintenant, vous savez, regardez ce qui se passe dans le monde, la drogue elle touche tous les pays du monde et notamment les pays occidentaux. Aux États-Unis il y a le Fentanyl, et il y a l'Ice qui tuent, première cause de mortalité…
THOMAS SOTTO
Deux drogues de synthèse.
GÉRALD DARMANIN
Oui mais première cause de mortalité chez les Américains de moins de 50 ans, ce qui n'est pas encore arrivé sur le territoire national, sans doute parce que la police et la gendarmerie françaises font un excellent travail.
THOMAS SOTTO
Mais ça veut dire que c'est un combat qui va prendre des années ?
GÉRALD DARMANIN
Mais c'est un combat qui date du début, si j'ose dire, de la lutte contre toute forme d'addiction, toute forme de difficultés sanitaires, et qui sera à poursuivre encore pendant des années et des années, bien évidemment.
THOMAS SOTTO
Mais on a impression que ça s'aggrave. Encore une fois, qu'est-ce qu'on peut faire de plus ? Il va y avoir une unité d'investigation nationale qui va être…
GÉRALD DARMANIN
Il y a les moyens de la police et de la justice, incontestablement, mais d'abord s'il n'y avait pas de consommateurs, il n'y aurait pas d'offre. S'il n'y a pas de demande, il n'y a pas d'offre, donc que chacun ait une part de responsabilité. Vous savez, les consommateurs occasionnels de cannabis, c'est entre 10 et 15 % de la population. Eh bien si ces 10 à 15 % de gens qui nous écoutent peut-être, arrêtaient de consommer du cannabis, prendre un rail de coke, prendre un joint, ça peut paraître festif comme ça, mais en fait vous faites vivre des trafiquants qui font des règlements de comptes, qui tuent des gamins de 10 ans. Vous êtes en partie responsable de ce qui se passe. Donc le consommateur, le consommateur qui nous écoute est responsable de cette situation.
THOMAS SOTTO
Le consommateur, maintenant quand il se fait prendre, il peut payer son amende forfaitaire par carte bleue ou en liquide, tout de suite, au moment où il est pris, est-ce que ce n'est pas un peu les déresponsabiliser ? Parce qu'on se dit finalement : oh, ce n'est pas plus grave qu'un PV pour stationnement gênant. Je me fais prendre, je paie mon PV et puis je passe à autre chose.
GÉRALD DARMANIN
Alors, d'abord ce sont les premières fois où vous vous faites prendre, puisqu'ensuite vous êtes considéré comme un récidiviste, et donc c'est une réponse pénale prison. Donc ça ce n'est pas une amende à répétition. Deuxièmement, c'est une amende pénale, vous l'avez sur votre casier judiciaire, et elle vous empêche après de passer des concours de la Fonction publique, d'accéder à un certain nombre de choses extrêmement importantes. Et puis troisièmement ce sont toujours des moyens de réponse très rapides. Avant, ce qui se passait, c'était quoi ? J'étais maire d'une commune, à Tourcoing, quand on chopait quelqu'un qui avait un joint dans la rue, on ne l'emmenait pas en garde à vue, on ne le mettait pas en prison, on lui disait "allez va-t'en", et on prenait son joint et on l'écrasait par terre. Ça c'était la pire des réponses que pouvaient faire les policiers. Aujourd'hui, chacun a une réponse. Ce qui est certain c'est que le consommateur, il a une clé, une grande clé de la paix de nos quartiers, pour éviter les règlements de comptes et pour éviter les désagréments extrêmement graves que fait naître la drogue.
THOMAS SOTTO
À propos de trafic de drogue et de délinquance en tout genre, quel bilan pouvez-vous faire de l'opération de démantèlement des bidonvilles à Mayotte, qui a été lancée il y a presque 6 mois maintenant. Ça avait fait grand bruit, on en est où aujourd'hui ?
GÉRALD DARMANIN
Alors à Mayotte, une situation s'est rétablie, il y a - 10 % de violences physiques, - 20 % d'agressions sexuelles.
THOMAS SOTTO
Par rapport à quoi, par rapport à il y a 6 mois ?
GÉRALD DARMANIN
Par rapport au fait que nous avons commencé cette opération, donc à peu près 5 mois en effet. Nous avons sur 59 chefs de gang, délinquants connus, pu arrêter 55 personnes, grâce au RAID et au GIGN, qui sont aujourd'hui en prison, soit à Mayotte, soit à La Réunion, soit dans l'Hexagone. Nous avons détruit 400 habitats illégaux, ce qui a permis à la rentrée scolaire à Mayotte de se dérouler, hormis un fait à Mamoudzou, de façon extrêmement positive, et 8 300…
THOMAS SOTTO
Mais il y a 15 000 enfants non scolarisés en ce moment à Mayotte. C'est un autre problème, mais…
GÉRALD DARMANIN
C'est un autre sujet, moi je suis…
THOMAS SOTTO
On ne peut pas dire que la rentrée scolaire ait été satisfaisante…
GÉRALD DARMANIN
Pour la sécurité, moi je suis ministre de l'Intérieur, je pense que j'ai déjà assez de travail comme ça, et sur 1 300 interpellations de personnes qui plus ou moins étaient soupçonnées par la police et par la gendarmerie, de commettre des actes de délinquance, la paix publique a été rétablie à Mayotte. A Mayotte il y a d'autres problèmes, vous avez raison, un problème de l'eau extrêmement important, il y a une sécheresse à Mayotte, du fait d'un phénomène climatique et d'une absence de nappes phréatiques, donc il faut qu'on règle ce problème, on et aux côtés des…
THOMAS SOTTO
Mais cette opération, elle est terminée ?
GÉRALD DARMANIN
Pardon ?
THOMAS SOTTO
Elle est terminée cette opération ?
GÉRALD DARMANIN
Non, nous la continuons. Nous la continuons parce que nous avons sept escadrons de gendarmerie mobile sur place à Mayotte, et que nous avons augmenté de 50 % le nombre de policiers à Mayotte.
THOMAS SOTTO
Qui vont rester jusqu'à quand ?
GÉRALD DARMANIN
Eh bien qui resteront, voilà, parce que…
THOMAS SOTTO
Ils sont pérennes.
GÉRALD DARMANIN
Exactement. Il faut qu'à Mayotte nous ayons la paix publique assurée pendant les mois, c'est un département français, on le doit à nos compatriotes mahorais.
THOMAS SOTTO
Gérald DARMANIN, est-ce que vous faites comme le Rassemblement national, un lien direct entre trafic de drogue, qu'on évoquait tout à l'heure, et immigration en France ?
GÉRALD DARMANIN
Non mais il y a des personnes immigrées, et notamment des mineurs isolés, qui sont exploités par des réseaux de délinquance, c'est le cas à Marseille, c'est le cas à Nîmes, par exemple, qui effectivement participent au trafic de drogue, mais il y a aussi beaucoup de trafiquants français, et donc malheureusement le côté lucratif de la drogue, entre 25 000 et 100 000 € d'argent liquide par jour, pour un point de deal, attire tout le monde, quelles que soient les nationalités.
THOMAS SOTTO
Donc c'est un problème lié strictement à l'immigration.
GÉRALD DARMANIN
Il y a un problème de drogue et de la mondialisation. D'abord, comme je l'ai dit, une partie de trafiquants ou une partie de chouf comme on dit, sont des personnes étrangères, en situation irrégulière, mais ce n'est pas la majorité du genre. Et il y a…
THOMAS SOTTO
Le chouf, c'est ceux qui surveillent, c'est les petites mains, souvent.
GÉRALD DARMANIN
Oui, exactement, et on les prend mineurs, et on les prend sans-papiers, parce que, quand dis "on", c'est les réseaux criminels, parce qu'évidemment, quand la police les arrête, il faut qu'ils cherchent leur identité, et une fois qu'ils sont mineurs, ça n'est pas la même réponse pénale. Et on y travaille avec le garde des Sceaux pour changer cela. Et puis, il y a un deuxième sujet, c'est qu'il y a eu 900 % de containers de plus sur les mers du monde en 10 ans, la mondialisation, et les trafiquants aujourd'hui que nous poursuivons, ils sont dans les États du Maghreb, ils sont dans le golfe Persique, et malheureusement, à distance ils commandent des arrivées de drogue au port du Havre, au port de Marseille, et donc il y a un lien entre l'étranger et la drogue, mais il n'y a pas un lien égal entre les étrangers et les trafics de drogue.
THOMAS SOTTO
À propos du projet de loi sur l'immigration, je dois vous avouer que je suis un peu perdu, donc je voudrais bien, si vous êtes d'accord, qu'on fasse question simple et réponse simple. Ce sera quand ?
GÉRALD DARMANIN
Le 6 novembre au Sénat.
THOMAS SOTTO
Et à l'Assemblée ?
GÉRALD DARMANIN
Sans doute janvier/février, ça dépendra des débats budgétaires.
THOMAS SOTTO
Donc ça veut dire un texte voté au printemps sur l'immigration ?
GÉRALD DARMANIN
Exactement.
THOMAS SOTTO
Texte voté au printemps. Il y aura un ou deux textes ?
GÉRALD DARMANIN
Il y aura un seul texte, c'est le texte présenté par le gouvernement, dès le début, qui a d'ailleurs été adopté par la Commission des lois du Sénat, c'est-à-dire par la majorité…
THOMAS SOTTO
Donc il y aura à la fois le volet répressif, contre les délinquants, c'est ça, et le volet "social", pour régulariser les travailleurs dans les métiers en tension ?
GÉRALD DARMANIN
Ce texte est très important, je ne rentre pas dans le détail, mais il y a deux volets en effet. Le premier c'est être dur avec les étrangers délinquants, ce qui permet au ministère de l'Intérieur aujourd'hui de ne pas pouvoir expulser des étrangers qui ont commis des actes de violence, demain je pourrai le faire grâce à ce texte. C'est normal, les gens qui viennent chez nous, ils doivent bien se comporter. Et puis il y a un volet qui est d'intégration, les gens qui travaillent, les gens qui nettoient les bureaux, qui travaillent dans les restaurants, qui travaillent dans le BTP, qui ramassent les fraises dans le Vaucluse, eh bien on va pouvoir les régulariser, s'ils n'ont aucun, pas de casier judiciaire.
THOMAS SOTTO
Ça c'est clair. Beaucoup, comme Jordan BARDELLA ou Éric CIOTTI, réclament un référendum sur l'immigration. Alors, après une modification de la Constitution. Est-ce que vous y seriez favorable, vous, à un référendum sur ce sujet-là ?
GÉRALD DARMANIN
De manière générale, consulter le peuple, moi je n'y suis jamais défavorable. C'est une décision du président de la République, il a évoqué le fait que lui-même pouvait reprendre cette proposition, mais comme vous l'avez très bien dit vous-même, monsieur BARDELLA ment un peu aux gens, puisqu'on ne peut pas aujourd'hui, dans l'état de la Constitution actuelle, c'est l'article 11, consulter les Français sur l'immigration. Il faudrait donc modifier…
THOMAS SOTTO
Ils ne mentent pas, puisqu'ils expliquent qu'il faut le faire.
GÉRALD DARMANIN
Non mais…
THOMAS SOTTO
Après, là où il y a volonté, il y a un chemin, dit-on.
GÉRALD DARMANIN
Bien sûr, mais ça ne serait pas immédiat, donc entre temps, il faut voter un texte, parce que sinon c'est comme Sœur Anne, on ne verra rien venir. Il faut d'abord, il ne faut pas prendre les Français pour des idiots, ils savent très bien comprendre les explications des femmes et des hommes politiques. L'article 11 de la Constitution qui permet de consulter des gens ne prévoit pas de référendum sur l'immigration. Il faut d'abord réformer la Constitution, pour ensuite…
THOMAS SOTTO
Mais en tout cas, le ministre de l'Intérieur que vous êtes, y est plutôt favorable.
GÉRALD DARMANIN
Le citoyen. Le citoyen Gérald DARMANIN est favorable à la consultation du peuple, en général, et sur l'immigration, bien sûr.
THOMAS SOTTO
Est-ce que vous souhaitez revenir sur le traité de 68, avec l'Algérie, qui pour faire simple facilite les échanges migratoires entre nos deux pays, surtout ceux de l'Algérie vers la France ? Édouard PHILIPPE hier soir sur TF1 disait que lui, ce texte n'avait plus de raison d'être.
GÉRALD DARMANIN
Je pense que c'est une question extrêmement compliquée, parce que…
THOMAS SOTTO
C'est un sujet sensible, on le sait.
GÉRALD DARMANIN
C'est un sujet sensible, mais indépendamment de ça, c'est un sujet compliqué, parce qu'il y a des pays avec lesquels nous n'avons pas d'accord, comme l'Algérie, et pour autant nous n'arrivons pas, pour autant, à mieux expulser les personnes qui seraient délinquantes sur le territoire national. Donc, ce n'est pas parce qu'il y a un accord, qu'on y arrive mieux manifestement, mais ce n'est pas parce qu'il y a pas d'accord qu'on n'y arrive pas. La vérité, c'est que quand on a fait l'accord de 68, ça date, au lendemain de la guerre d'Algérie, on a imposé aux Algériens des visas. Il y a des pays avec lesquels on n'a pas de visa. Donc ce n'est pas tout à fait vrai non plus que cet accord de 68 permet la libre circulation, c'est même assez faux, mais je pense que le président de la République réfléchit évidemment à améliorer nos relations en général avec l'Algérie.
THOMAS SOTTO
Il n'est pas question de supprimer ce traité aujourd'hui.
GÉRALD DARMANIN
C'est au président de la République que de décider. C'est un traité…
THOMAS SOTTO
Vous lui refilez beaucoup de ballons aujourd'hui.
GÉRALD DARMANIN
C'est un traité international, et je pense que, avec nos amis algériens, voilà, je pense que notre relation d'amitié est tellement forte, notre histoire est tellement parfois difficile, qu'on ne peut pas, en quelques instants comme ça, quand on est en responsabilité, mettre la main sur l'histoire.
THOMAS SOTTO
Gérald DARMANIN, vous ne cessez de dire que la menace terroriste est très forte en France, y compris la menace venant de l'étranger. La Coupe du monde du rugby est-elle une cible selon vous ? Y a-t-il une menace particulière qui pèse sur ce Mondial ?
GÉRALD DARMANIN
Alors, à notre connaissance il n'y a pas de menace particulière pour la Coupe du monde de rugby, mais comme vous l'avez dit vous-même tout à l'heure, il y a 12 millions de personnes qui vont aller dans les stades, dans les bars, circuler en France. Des centaines de milliers de spectateurs et quand il y a le 4e évènement au monde, ça peut attirer effectivement un acte terroriste. Ce qui se passe au Sahel, la reconstitution de cellules terroristes, au Levant, malheureusement Irak, Afghanistan, nous inquiète, de menaces dites projetées, des menaces dites de l'extérieur, comme pour le Bataclan….
THOMAS SOTTO
C'est ce qu'on a connu avec le Bataclan.
GÉRALD DARMANIN
Comme pour le Bataclan qui viendraient en France ou en Occident et c'est d'autant plus vrai pour les Jeux olympiques. Il y a aussi…
THOMAS SOTTO
Pardon mais sur les Jeux olympiques, est-ce que du coup il est prudent d'envisager cette cérémonie d'ouverture qui sera sans doute très prestigieuse et très belle mais aussi très dangereux en public et en plein air ?
GÉRALD DARMANIN
Alors voyez comme le disait ma grand-mère, (inaudible) n'a plus de goût, on peut déjà regarder ce qui se passe depuis le début de la Coupe du monde de rugby. On m'avait promis beaucoup de difficultés, une cérémonie d'ouverture qui s'est extrêmement bien passée, des matchs qui se passe depuis 4 jours où les policiers et gendarmes sont extrêmement présents, chacun peut se satisfaire de l'accueil….
THOMAS SOTTO
Et dans une enceinte qui est close…
GÉRALD DARMANIN
Oui mais enfin on m'a parlé plusieurs fois du Stade de France constatons qu'il y a eu plusieurs matchs au Stade de France avec 80 000 personnes et ça s'est très bien passé, tant mieux c'est grâce précis aux policiers, aux gendarmes parce qu'on fait un travail méticuleux et ce travail méticuleux nous le ferons pour l'arrivée du Pape. Je me rends à Marseille demain justement parce que nous accueillons le Pape François pendant deux jours à Marseille.
THOMAS SOTTO
C'est une zone à risque ça pour les attentats ?
GÉRALD DARMANIN
Quand le pape vient…
THOMAS SOTTO
Il y a une menace particulière là-dessus ?
GÉRALD DARMANIN
Quand il y a des centaines de milliers de personnes qui vont accueillir le pape, nous regardons évidemment avec beaucoup d'intérêt puisque la France est une cible terroriste de manière générale et puis bien sûr pour les Jeux olympiques, je voudrais quand même dire que la menace principale c'est la menace de chez nous qu'on appelle endogène, pas qui vient de l'extérieur mais qui est de chez nous, quelqu'un capable pas connu des services de renseignement, de prendre un couteau et d'aller dans la rue.
THOMAS SOTTO
Comme on l'a malheureusement déjà connu.
GÉRALD DARMANIN
Et ça c'est important…
THOMAS SOTTO
De quand date le dernier attentat évité en France Gérald DARMANIN ?
GÉRALD DARMANIN
De quelques semaines.
THOMAS SOTTO
Ça visait qui, ça visait quoi ?
GÉRALD DARMANIN
De quelques semaines c'est souvent des jeunes gens radicalisés…
THOMAS SOTTO
C'était endogène ou ça venait de l'extérieur ?
GÉRALD DARMANIN
De notre territoire national, voilà c'était des jeunes gens qui voulaient passer allait et grâce à la DGSI, grâce aux services de renseignement qui dépendent du ministre de l'Intérieur nous avons su les interpeller.
THOMAS SOTTO
Qui visaient une cible en particulier.
GÉRALD DARMANIN
Qui visaient des cibles en particulier.
THOMAS SOTTO
Lesquelles, des cibles religieuses ?
GÉRALD DARMANIN
Des représentations diplomatiques, mais nous avons su interpeller ces personnes.
THOMAS SOTTO
Deux questions pour finir, vous répétez en boucle, on n'en fait pas assez pour les classes populaires, ce qui est d'ailleurs en agace quelques-uns dans votre propre camp politique, ne serait-il pas temps d'en faire un peu plus pour les prix de l'essence qui flambe comme jamais, pour être clair est-ce que le gouvernement doit amortir les prix en rognant par exemple sur ses taxes ?
GÉRALD DARMANIN
Alors ces taxes, elles payent le service public donc moi je n'aime pas trop ce débat puisque les gens qui le proposent, il faudrait qu'ils proposent des services publics en moins pour justement les gens des classes populaires, les gens de chez moi à Tourcoing, c'est eux qui ont besoin du service public, des policiers, service de la justice, service public télévisé. Je ne pense pas que ce soit une question de prix de l'essence même si on peut toujours regarder.
THOMAS SOTTO
A 2 euros le litre ça devient une question.
GÉRALD DARMANIN
Bruno LE MAIRE en a fait, je le sais une priorité et on le gouvernement a su voilà quelques mois baisser ce prix en faisant ce travail avec les professionnels. Ce qui m'intéresse plutôt c'est le salaire, vous avez 2 façons de faire, soit vous faites en fait que des produits soient moins chers, ça vous faites que vous êtes mieux rémunéré. Moi je pense que le sujet en France ce sont très en partie les salaires et une grande partie des gens qui gagnent 1000, 1200, 1300, 1400 euros, les employés, les ouvriers, ils ne s'en sortent pas alors qu'ils travaillent et je pense que les Français ils s'énervent quand ils voient qu'eux travaillent et qu'ils ont l'impression que d'autres à côté ne travaillent pas et s'en sortent autant.
THOMAS SOTTO
Plutôt sur les salaires et plutôt sur les entreprises…
GÉRALD DARMANIN
Et donc c'est plutôt sur les salaires.
THOMAS SOTTO
Ma dernière question parce qu'on arrive au bout, concerne la Nouvelle-Calédonie, vous a reçu en fin de semaine des délégations indépendantistes et non indépendantiste qui ne s'étaient pas parlé depuis 2019, donc ça déjà c'était presque un fait historique. Il y a déjà eu 3 référendums sur l'autodétermination là-bas en 2018, en 2020, en 2021 et à chaque fois les électeurs ont répondu non à l'indépendance, est-ce que ça veut dire que cette question de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie est définitivement réglée, qu'elle appartient au passé ?
GÉRALD DARMANIN
Ça veut dire que les Calédoniens ont choisi de rester français.
THOMAS SOTTO
Définitivement.
GÉRALD DARMANIN
Ils ont choisi de rester français, la Nouvelle Calédonie, c'est un gouvernement autonome avec une citoyenneté calédonienne, nationalité française, donc ce n'est pas tout à fait la même chose qu'un territoire, un autre territoire de la République et dans notre Constitution il est prévu pour les peuples d'outre-mer un droit d'autodétermination. Et donc ce que nous négocions en ce moment, c'est que la Nouvelle Calédonie reste française conformément à ces 3 référendums qui n'est plus d'épée de Damoclès sur les Calédoniens parce que quand vous votez tous les 5 ou 10 ans, vous n'investissez pas, quand vous êtes jeune, vous ne vous projetez bas et en même temps il faut prévoir l'exercice notre droit de notre constitution. Donc c'est ce que nous négocions en ce moment et j'ai proposé qu'on le fasse pour une fois historiquement, si j'ose dire, sans date et qu'on prévoit un process, mais qu'on ne prévoit pas une date pour que chacun puisse être heureux d'avoir une Nouvelle-Calédonie dans la France.
THOMAS SOTTO
Merci Gérald DARMANIN d'être venu dans "Les 4V". Merci à vous et bonne journée.
GÉRALD DARMANIN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 septembre 2023