Texte intégral
PHILIPPE RICHARD
David, ce n'est même plus un mauvais endroit au mauvais moment, c'est à domicile qu'une habitante des quartiers sud de Marseille a été victime d'un règlement de compte.
DAVID AUSSILLOU
Elle était cher elle, vous avez raison ; cette jeune femme de 24 ans travaillait dans sa chambre, devant son ordinateur dimanche soir lorsqu'elle a reçu une balle de kalachnikov. Balle perdue comme le veut l'expression. Bonjour Gérald DARMANIN.
GÉRALD DARMANIN
Bonjour.
DAVID AUSSILLOU
Bonjour à vous. Gérald DARMANIN est ministre de l'Intérieur. Vous êtes à Marseille aujourd'hui, dans cette ville où ça n'est plus du tout bandit contre bandit, trafiquant contre trafiquant seulement ; ça change beaucoup de choses cette histoire, non ?
GÉRALD DARMANIN
Écoutez, c'est un drame absolu. Je sais que la Préfecture de la République et la préfète de police se sont rendues sur place et ont communiqué pour d'abord évidemment communiquer aux familles et aux proches les condoléances de l'État. C'est évidemment le drame d'une femme qui n'a, à notre connaissance, rien à voir avec les trafiquants de drogue. Et les trafiquants de drogue qui souvent sont la cause de mort du fait de la drogue, du fait des règlements de compte entre trafiquants, tuent aujourd'hui une jeune femme qui en effet subit une violence inacceptable. Et je peux vous dire que si la mobilisation et le combat contre la drogue est dure, je pense que chacun voit pourquoi on est là, pourquoi on élimine les points de deal ; pourquoi à Marseille il y a des policiers qui courageusement le font ; c'est pour éviter aussi ce genre de drame. Et je pense qu'aujourd'hui, on peut tous se mobiliser contre ces trafiquants de drogue et contre la drogue.
DAVID AUSSILLOU
Mais cette impression que quand la police supprime un point de vente de drogue dans une cité, il ne fait que se déplacer dans la ville ou dans une autre ville comme à Nîmes.
GÉRALD DARMANIN
C'est faux. C'est d'autant plus fou ici dans les Bouches-du-Rhône ; il y a eu 40 % de points de deal en moins. Il y a des points de deal qui sont bien sûr reconstitués. Un point de deal à Marseille, c'est entre 25 000 euros et 100 000 euros d'argent liquide. Il y a beaucoup d'enjeux, mais c'est aussi des endroits où désormais, les gens reviennent tranquilles. C'est le cas d'une partie de la Paternelle, c'est le cas d'autres parties des quartiers nord de Marseille, dans les quartiers sud, c'est le cas dans certaines communes comme Salon-de-Provence qui était gangrené par la drogue. Par contre, c'est tout à fait vrai que les trafiquants de drogue, parce qu'ils vivent très largement de cet argent liquide distribué, se battent contre les services de l'État. Vous savez, je pense à ce policier, monsieur MASSON qui a été tué à Avignon par des trafiquants de drogue. Et c'est un combat très difficile. Et aujourd'hui, ceux qui ont la clé, c'est les consommateurs. S'il n'y avait pas de consommateurs, s'il n'y avait pas de gens qui fumaient du cannabis, ils ne sont que moins de 10 % de la population française. S'il n'y a pas de gens qui prenaient de la cocaïne, il n'y aurait pas de trafiquant de drogues, il n'y aurait pas de points de deal, il n'y aurait pas de règlements de comptes. Donc chacun a une part de responsabilité : l'État bien sûr en mettant des moyens et il faut encore mettre davantage beaucoup plus de fermeté encore. Je suis là pour ça. Mais aussi les citoyens qui doivent arrêter de consommer de la drogue.
DAVID AUSSILLOU
Gérald DARMANIN, je voudrais que vous écoutiez ce que nous disent les habitants de Marseille. Loin d'un cortège ministériel représentant, des locataires de ce quartier Saint-Thys qui à ceci à vous dire ; écoutez-le.
INTERVENANT
Au lieu de s'acharner sur l'abaya, il vaut mieux s'acharner sur la destruction des réseaux. Nous, on demande des rentes régulières de l'ABAC pour que le réseau ne puisse pas s'installer. Quand le réseau est installé, c'est fini. Le mal est déjà fait puisqu'une jeune fille a pris une balle perdue mais on peut éviter d'autres.
DAVID AUSSILLOU
Qu'est- ce que vous lui répondez à ce monsieur ?
GÉRALD DARMANIN
D'abord, monsieur, je voudrais vous dire que ce n'est pas loin des cortèges ministériels. Je me suis rendu des dizaines de fois à Marseille, j'étais aller vers une commune Tourcoing qui n'est pas une commune facile. Je ne suis pas énarque, je pense qu'il ne faut pas faire de démagogie comme ça.
DAVID AUSSILLOU
Non, ce n'est pas de la démagogie, Gérald DARMANIN, non, non.
GÉRALD DARMANIN
Je vais vous le dire parce que je sais d'où je viens, je sais dans quel quartier j'ai habité et je connais très bien les difficultés qu'ont les habitants. Deuxièmement, je comprends ce monsieur ; il a parfaitement raison. C'est pour ça qu'on a mis 330 policiers de plus à Marseille. C'est pour ça que ce matin, je vais voir les hommes et les femmes du RAID à Marseille. C'est pour ça que je vais les engager contre les trafiquants de drogue. C'est pour ça d'ailleurs qu'on crée une nouvelle unité de CRS à Marseille. On a déjà trois qui sont là et qui tapent les points de deal tous les jours. Et c'est pour ça d'ailleurs que nous renforçons aussi, monsieur a raison de dire qu'il y a une question d'investigation qui est une question de réseaux, nous renforçons aussi la police judiciaire ; c'est 26 renforts de plus de la police judiciaire de Marseille. Et oui, c'est très difficile parce que pendant très longtemps, on a laissé faire, vous le savez bien, partout à Marseille, partout son territoire national les trafics de drogue. Et quand vous voulez de la tranquillité, vous arrêtez d'envoyer des flics dans les quartiers. Quand vous ne voulez pas de règlements de comptes, vous vous arrêtez d'envoyer des flics dans les quartiers. Eh bien, ce n'est pas ce que nous faisons. Pour la première fois, nous sortons la poussière sous le tapis et effectivement sous le tapis, ce n'est pas très beau.
DAVID AUSSILLOU
Vous dites que vous allez rencontrer les hommes du RAID à Marseille. Y compris ceux qui sont mis en examen et sous contrôle judiciaire après la mort de Mohammed Ben DRISS, ce jeune Marseillais de 27 ans pendant les émeutes ?
GÉRALD DARMANIN
La Justice fait son travail et elle aura à condamner les personnes s'il faut les condamner. Mais moi je soutiens tous les policiers qui sont en fonction à Marseille et ailleurs. Ils font un travail difficile, ils risquent leur vie tous les jours, ils interviennent dans des conditions très dures. Ils vont accueillir en même temps que la Coupe du monde de rugby, la venue du Saint Père à Marseille dans des conditions où le risque terroriste est très fort. Et par ailleurs, tous les jours, ils luttent contre la drogue. Il n'y a aucune raison pour moi de ne pas soutenir les policiers du RAID.
DAVID AUSSILLOU
Il faudra donc leur aide pour assurer la sécurité du Pape, vous le dites. Lorsqu'il va remonter l'avenue du Prado dans la Tata mobile, combien de policiers vous allez devoir mobiliser pour un événement pareil ? Vous nous entendez, GÉRALD DARMANIN ?
GÉRALD DARMANIN
Pour la venue du Pape, il y a évidemment énormément de monde.
Oui, je vous entends.
DAVID AUSSILLOU
D'accord.
GÉRALD DARMANIN
Vous m'entendez ?
PHILIPPE RICHARD
Oui, il y a un décalage. On vous entend très bien monsieur le ministre. On vous écoute.
GÉRALD DARMANIN
Vous m'entendez ?
DAVID AUSSILLOU
On vous entend.
GÉRALD DARMANIN
Pardon. Pour la venue du Pape, il y a évidemment énormément de monde. Nous allons faire un point ce matin avec la préfète de police. Ce qui est sûr c'est qu'il y aura sans doute entre 4 000 et 5 000 policiers et gendarmes qui vont à la fois assurer la Coupe du monde de rugby et la venue du Pape à Marseille pendant deux jours, notamment lors de cette grande messe au Vélodrome où en plus il y aura un millier d'agents de sécurité privés. Donc il y aura autour de 6 000 agents de police et de gendarmerie et de sécurité privée qui vont assurer la sécurité à Marseille.
DAVID AUSSILLOU
Merci Gérald DARMANIN. Et pardonnez-nous à tous pour cette qualité de liaison évidemment puisque vous êtes en route pour Marseille. Bonne journée à Marseille Gérald DARMANIN. Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 septembre 2023