Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
C'est une Marseillaise qui rentre dans ce studio. Bonjour Sabrina AGRESTI-ROUBACHE.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bonjour à tous.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous êtes la secrétaire d'État en charge de la Ville. La ville, où les punaises de lit se multiplient, la ville où les réponses aux émeutes se font attendre, la ville où le trafic de drogue peut parfois provoquer jusqu'à la fermeture d'une Fac, je parle évidemment de ce qui se passe à Marseille. Votre réponse, c'est dans un instant sur RMC.
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APOLLINE DE MALHERBE
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, merci d'être dans ce studio, vous êtes secrétaire d'État en charge de la Ville, vous êtes aussi un peu la secrétaire d'État chargée de Marseille.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Du Marseille en grand.
APOLLINE DE MALHERBE
Du Marseille en grand, c'est même dans vos attributions.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Dans mes décrets d'attribution.
APOLLINE DE MALHERBE
Et vous écoutiez l'auditeur tout à l'heure, avec Charles, et ça vous a fait sourire, j'avoue.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Légèrement sourire. Vu que la dernière fois on a perdu 4 à 0.
CHARLES MAGNIEN
Voilà, c'est la revanche des Marseillais.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Eh, voilà, un petit cheh, allez.
CHARLES MAGNIEN
Allez, cheh, de beau matin, comme ça.
APOLLINE DE MALHERBE
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, les émeutes, ça traîne, quand même, non ? C'était avant l'été, et on a l'impression qu'il n'y a toujours pas de réponse politique. Est-ce que vous jouez la montre, est-ce qu'Emmanuel MACRON se dit : bon, allez, les gens vont passer à autre chose, je n'aurais pas à m'en soucier ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. Pas du tout. Non non non, alors pas du tout, puisque, plusieurs choses. On a décalé le CIV, le Conseil Interministériel des Villes, ce soir on a un CNR, qui est le Conseil National de la Refondation, qui tient à cœur au président de la République, à juste titre, et il a raison. Plusieurs choses. Je vous écoutais dire "dans la ville tout va mal". Non, dans la ville il y a des problèmes, mais tout ne va pas mal. Quand vous regardez les chiffres sur les émeutes, seulement un tiers des villes qui ont des quartiers prioritaires de la ville, dont je m'occupe, ont été touchées par les émeutes Donc ça veut dire que le problème est beaucoup plus large au niveau de la jeunesse que ce qu'on imagine. Et moi j'ai toujours été partisane de la concertation, la discussion, avec les élus locaux, avec les associations. J'ai fait passer une circulaire…
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais il y a encore des coins qui portent les stigmates de ces émeutes, et si rien n'est fait, ça peut recommencer demain.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, alors pas "rien n'est fait", nous avons fait, et j'étais encore députée quand on l'a voté, le projet de loi reconstruction. On permet aux élus locaux de pouvoir déroger à la commande publique, pour qu'on puisse reconstruire vite, pour qu'on puisse justement déroger aussi au code de l'urbanisme…
APOLLINE DE MALHERBE
Ne pas être obligé d'attendre que le processus…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
... au dépôt de permis, par exemple ça les élus l'ont salué, au dépôt de permis on peut commencer les travaux. Donc ce n'est pas vrai de dire que tout est resté au point mort. Et on a utilisé toutes ces semaines-là, tous ces mois-là pour se concerter. Moi j'ai rencontré par exemple, dès que j'ai été nommée, dès le lundi, j'ai été nommée le vendredi, le lundi j'avais déjà le Conseil national des villes, villes et banlieues, tous les élus locaux, les associations, les préfets, les sous-préfets…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous, vous bossez avec eux.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je bosse main dans la main. Je bosse main dans la main, et quand on n'est pas d'accord, je vous le disais juste avant l'antenne, on se le dit les yeux dans les yeux. Mais par contre, quand on se dit les choses dans mon bureau, où on tombe d'accord sur une mesure, par exemple les mesures qui.... On leur a donné un premier draft de mesures, qui viennent en fait des concertations, c'est-à-dire que c'est eux…
APOLLINE DE MALHERBE
Comme quoi par exemple ? Comme quoi ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Eh bien par exemple la généralisation des cités éducatives. Les cités éducatives c'est quoi ? Alors, c'est financé sur les budgets prioritaires, donc sur le budget de la ville, et l'Éducation nationale. Et qu'est-ce qu'on a dit ? Je suis allée voir Christophe BECHU, mon ministre, l'un de mes ministres de tutelle, et grâce au Fonds vert, donc grâce à l'argent, les fameux 7 milliards de la transition écologique, je vais pouvoir généraliser les cités éducatives, nous en avons 200, et c'est le dispositif dont les élus locaux vous parlent le plus, en vous disant "je veux encore une cité éducative, parce que ça marche bien", et en gros on met l'Éducation nationale…
APOLLINE DE MALHERBE
Qui sont des lieux pour fédérer.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Pour fédérer tous ceux qui ont envie de travailler autour de nos enfants et de l'éducation, donc... de l'éducation et au sens Éducation nationale.
APOLLINE DE MALHERBE
Bon. Vous leur dites "on va faire ça", et derrière, est-ce que vous avez l'impression que vous pouvez travailler main dans la main, y compris avec des maires qui sont parfois d'étiquettes très différentes…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Complètement différentes, ah mais complètement différentes. Je vais citer Gilles LEPROUST, le maire d'Allonnes. Je suis allée le voir, donc je le rencontre…
APOLLINE DE MALHERBE
Allonnes, dans la Sarthe.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument, dans la Sarthe, donc je suis allée au Mans, je suis allée à Coulaines, je me balade partout en France. Et je fais quoi avec Gilles LEPROUST ? Il me dit : le sport, pour moi c'est important, il faut faire une cité sportive. J'ai dit, tu as raison, on ne va pas faire une cité mais on va mettre plus de budget sport du droit commun, parce que le droit commun c'est le régalien, c'est-à-dire la sécurité, l'éducation nationale, la justice, la culture, le sport, et je veux que dans le point en commun chacun reprenne sa place, et les politiques de la ville ne sont que, en réalité, une politique exceptionnelle, pour des territoires exceptionnellement difficiles, c'est-à-dire qui ont des besoins spécifiques. Et on tombe d'accord tous les deux, et il me fait, il a fait des propositions, avec villes et banlieue, avec le Conseil national des villes, et le la chose que je lis souvent et qui n'est pas vraie, les élus locaux, hier je recevais François SAUVADET, le président des départements de France, on ne se connaissait pas, je savais qui il était, il vient et on discute. Et il me dit : pourquoi est-ce que c'est reporté ? Je lui dis : eh bien on va utiliser ce temps, Monsieur le Ministre, parce qu'il a été ministre, vous vous rappelez de la Loi Sauvadet, on va utiliser ce temps pour se concerter encore un peu plus, ce à quoi sert le CNR. Là où vous dites "on perd du temps", moi je dis "on discute, on gagne du temps", parce que quand on annoncera des choses, elles seront…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc je le précise, en effet, ce soir seront reçus notamment les maires de tous ces lieux qui ont été les plus touchés par les émeutes, l'un d'eux sera d'ailleurs mon invité demain matin à 08h30, et demi le maire de L'Haÿe-les-Roses. Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, il y a cette antenne de la Fac de Marseille…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Colbert.
APOLLINE DE MALHERBE
... qui ferme à cause des dealers. Alors, la fermeture est peut-être suspendue, mais la volonté du patron de la Fac et d'une partie des enseignants, c'était de fermer le site, de passer en tout distanciel, parce qu'ils disent ne plus pouvoir assurer la sécurité, ni des enseignants, ni des étudiants.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, la réaction est immédiate…
APOLLINE DE MALHERBE
Comment c'est possible une chose pareille ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Comment c'est possible, alors je reviens. Les dealers, vous savez, un dealer c'est assez basique et assez pragmatique, il va là où il a la possibilité de vendre sa drogue. Ça c'est le préalable, point, sinon il ne serait pas venu s'installer là. La deuxième chose, un Conseil de Fac va se tenir à 09h30, et le Doyen de la faculté de droit, pardon, de Colbert, l'a provoqué, et le président de l'Université, donc AMU. Vous savez que notre Université, Aix-Marseille Université, est la plus grande université francophone du monde, 75 000 étudiants…
APOLLINE DE MALHERBE
Non mais moi je veux bien, mais si elle ferme, justement c'est d'autant plus la honte.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, vous savez quoi ? Elle ne va pas fermer, parce qu'hier, quand Eric BERTON, le président de l'université, m'a appelée, tout de suite j'ai été au courant dans la minute, Gérald DARMANIN a évidemment réagi tout de suite et il a fait quoi ? Il a demandé à la préfète de police d'installer de manière pérenne des forces de police. Donc la Fac ne fermera pas, parce que la réponse de la police, et je vous rappelle juste une chose, en préambule vous l'avez dit dans vos annonces, je vous rappelle juste un chiffre : le budget du ministère de l'Intérieur a été augmenté de 22 %, c'est 14 milliards, donc on ne peut pas dire qu'on fait ne fait rien, c'est-à-dire, est-ce que vous me dites "est-ce que c'est toujours suffisant ?", bien sûr que non, mais en tout cas…
APOLLINE DE MALHERBE
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, les dealers…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
En tout cas l'État a été là.
APOLLINE DE MALHERBE
Les dealers n'ont pas gagné, il y aura des policiers…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument.
APOLLINE DE MALHERBE
... devant la porte de la Fac de manière pérenne. Mais pérenne combien de temps ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Pérenne, ça veut tout le temps. Autant que la ville et autant que cette faculté et que cet endroit-là, juste pour rappeler, pour ceux qui ne connaissent pas Marseille, c'est le centre-ville, c'est une faculté en centre-ville, donc autant…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est dans le 1er arrondissement, c'est dans votre circonscription.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Exactement, et autant qu'on en aura besoin. Et d'autre…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc s'il faut un policier devant chaque porte de Fac, il y aura un policier devant chaque porte de Fac ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Il y aura un policier, et je rappelle juste un chiffre : dans le Marseille en grand, puisque vous parliez du Marseille en grand, que je porte maintenant politiquement, et est dans mon ministère, c'est moi qui dois instruire ce dossier, je rappelle juste 3 chiffres comme ça…
APOLLINE DE MALHERBE
Allez-y.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
400 policiers en plus dans le cadre du Marseille en grand, affectés à Marseille de manière pérenne. Trois compagnies de CRS, enfin je veux dire, c'est, on ne peut pas dire non plus que Marseille a été laissée de côté, au contraire, puisque les autres communes, les élus, puisque je les vois tout le temps maintenant, me disent : "Nous aussi on veut notre Allonnes en grand, on veut notre Le Mans en grand", enfin, et tant mieux parce que ça veut dire c'est un dispositif qui leur parle. Et quand on met des moyens, quant on met des moyens, on voit les résultats. 400 policiers en plus à Marseille, ça permet le pilonnage. 70 points de deal complètement arrêtés.
APOLLINE DE MALHERBE
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, il y a cette Fac qui, bon, pour l'instant semble-t-il, d'après ce que vous nous dites ce matin, ne fermera donc pas puisque vous mettrez des policiers partout…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Puisque la réponse de l'État est là.
APOLLINE DE MALHERBE
Et puis, alors ça n'a strictement rien à voir, mais on se rend compte qu'en effet il y a quand même des sites qui ferment, il y a des sites qui ferment, eux, à cause des punaises de lit. On se retrouve avec des collèges, un collège à Marseille notamment, qui ferme temporairement, le temps qu'il faudra. Il y a un amphithéâtre de l'université d'Aix-Marseille qui a également été évacué hier…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Fac de droit, justement, celle que je…
APOLLINE DE MALHERBE
… Est-ce qu'il faut une solution plus large, est-ce qu'il faut carrément faire une forme de nettoyage de printemps comme Clément BEAUNE l'a annoncé pour les transports…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui, moi je…
APOLLINE DE MALHERBE
... dans les Facs et dans ces lieux-là ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Vous savez, bon, ce sont des nuisibles et je sais, pour l'avoir lu et vu, loi j'ai beaucoup de gens qui m'interpellent, c'est catastrophique pour ceux qui le vivent. Donc moi ce que je crois, là c'est plus qu'un grand nettoyage de printemps qu'il faut faire, là il faut tout nettoyer, quitte à fermer, à repartir à zéro, parce que de toute manière contre eux, contre ces nuisibles, alors là pour le coup, la guerre est vraiment déclarée, mais…
APOLLINE DE MALHERBE
Ce que vous voulez dire, c'est qu'un policier devant chaque porte ne marchera pas.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui, mais comment on doit faire ? Alors, on ne peut pas non plus reprocher à l'État, enfin, ce que je veux dire, il y a un sujet…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais, est-ce qu'il faut un service public de la dératisation, de la désinfectisation ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je ne sais pas s'il faut un service public, ce que je sais, c'est un problème public, donc c'est un problème d'État, et ça je n'ai pas de mal à l'assumer, parce que c'est exactement ce comment je perçois moi mon job, allez, mon job de ministre. Il y a un problème, on répond, et surtout on se pose, on parle et on n'hésite pas à se dire la vérité. Oui, il faut fermer des sites pour pouvoir les désinfecter. Bon, enfin, c'est juste le degré, vous voyez, le plus basique du nettoyage. Et il ne faut pas oublier que ça va... On connaît, on sait traiter ce genre de choses, ça arrive, vous le voyez bien, le réchauffement climatique, justement, c'est pour ça que je suis moi aussi très attachée à ce sujet de la transition écologique, parce que tout ça est lié, très largement lié, donc répondre quand on en a besoin c'est notre travail, et puis Clément BEAUNE a bien fait de l'annoncer.
APOLLINE DE MALHERBE
Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, donc secrétaire d'État chargée de la Ville, et qui porte aussi donc ce Marseille en grand…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Du président de la République.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être passée par le studio de RMC et d'avoir répondu à mes questions.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 octobre 2023