Interview de Mme Aurore Bergé, ministre des solidarités et des familles, à Europe 1/Cnews le 6 octobre 2023, sur la baisse de la natalité en France, les aidants et le projet de loi immigration.

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Média : Europe 1 - CNews

Texte intégral

ROMAIN DESARBRES 
La grande interview d'Aurore BERGE, bonjour Aurore BERGE.

AURORE BERGE 
Bonjour.

ROMAIN DESARBRES 
Merci d'être avec nous à la fois sur CNEWS et sur Europe 1. Ministre des Solidarités et ministre des Familles. Beaucoup de sujet à aborder avec vous évidemment les aidants, grand plan pour aider les aidants, ceux qui aident un parent malade ; on va en parler ; beaucoup d'actualités. Mais je voudrais commencer par un sujet que je trouve particulièrement inquiétant : il n'y a jamais eu aussi peu de naissances en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec une chute de près de 7% au premier semestre par rapport à la même période l'année dernière. L'année dernière déjà, les naissances étaient inférieures à 20% par rapport au pic de l'après-guerre. Est-ce qu'il faut que les Français se remettent à faire des enfants ? Et si oui, comment est-ce que vous comptez vous y prendre pour les y inciter ?

AURORE BERGE
Alors, on n'incite pas à faire des enfants ; par contre, on accompagne les familles et on fait en sorte de les aider. Aujourd'hui, en moyenne, les familles, quand on les interroge, les futures familles nous disent qu'ils aimeraient avoir 2,38 enfants pour être précise. Donc ça veut dire qu'en fait, entre le désir d'enfant et le nombre d'enfants qu'on arrive à accueillir dans nos familles, il y a un écart. Et donc là, oui, l'Etat a un rôle majeur à jouer sur sa politique familiale. Et oui, la politique familiale que mène l'Etat, elle a un impact ensuite sur le taux de natalité. De manière très claire, les réformes qui ont été entreprises dans le quinquennat HOLLANDE ont limité le quotient familial, qui ont baissé les allocations familiales. Elles ont eu une incidence parce que c'est à partir de cette date qu'on voit qu'il y a une baisse progressive de la natalité. Donc ça veut dire qu'il faut changer sur la politique familiale pour se dire que ça doit être d'abord une politique au service de toutes les familles et une politique donc qui doit encourager et soutenir la natalité.

ROMAIN DESARBRES
Mais comment vous l'expliquez cette baisse de la natalité, c'est une peur de l'avenir ?

AURORE BERGE
Je pense qu'il y a plein de facteurs qui peuvent l'expliquer. Il y a des facteurs sanitaires ; on voit qu'il y a une hausse, par exemple, de l'infertilité. Ça, c'est un grand tabou et il faut le mettre sur la table parce que c'est un enjeu sanitaire majeur et ça fracasse des familles de se dire qu'on désire ardemment avoir un enfant mais qu'on n'y arrive pas pour des enjeux de santé et de santé publique. Et donc, il faut assumer de poser ce sujet sur la table. C'est ce qu'on va faire avec le ministre de la Santé. Et puis, parce que les parents ne se sentent peut-être pas aussi assez soutenus, assez accompagnés. C'est pour ça que j'ai mis sur la table le fait de réformer le congé parental, celui qui vient après le congé maternité et paternité. Parce que si vous savez que vous allez avoir plus de temps auprès de votre jeune enfant, eh bien, ce n'est pas la même chose aussi sur la manière avec laquelle vous concevez votre parentalité par exemple.

ROMAIN DESARBRES
Certains craignent que l'immigration vienne remplacer la natalité. Qu'est-ce que vous leur dites ?

AURORE BERGE
Moi, je ne veux pas rentrer dans ces débats-là. Moi, ce que je veux…

ROMAIN DESARBRES
Pourquoi ?

AURORE BERGE
Parce qu'en vérité, il faut d'abord qu'on ait un débat positif sur « est-ce que les Français qui souhaitent avoir des enfants, qui souhaitent passer au premier enfant, qui souhaitent en accueillir d'autres, est-ce qu'ils ont les moyens aujourd'hui de pouvoir réaliser ce qui est un des désirs les plus intimes et les plus puissants qu'on puisse avoir ? Et ça, c'est le rôle de l'Etat de les accompagner.

ROMAIN DESARBRES
Aurore BERGE, je voulais vous entendre dans la grande interview CNEWS-Europe 1 sur le projet de loi immigration, je l'évoquais à l'instant. Il est en préparation ; le texte devrait prévoir des expulsions facilitées et une réforme de l'AME (l'aide médicale d'Etat) qui est versée, qui est proposée, qui est accordée aux étrangers, même en situation irrégulière. C'est toujours d'actualité de revoir l'AME ou pas ? Gérald DARMANIN l'avait évoqué.

AURORE BERGE
Non, mais en vérité, il y a un débat qui existe au Sénat. Vous savez que le projet de loi a commencé sa vie parlementaire au Sénat, il a été adopté en commission, donc il va être débattu dans l'hémicycle au Sénat. Donc, moi, j'attends de voir déjà ce que les sénateurs vont dire avec les deux volets que vous abordez, parce qu'il n'y a pas de tabou à avoir sur ces sujets-là. Comment on fait en sorte que ceux qui n'ont pas vocation à rester sur notre territoire soient bien expulsés dans les meilleurs délais ? Rétablir la double peine, vous le savez, c'est-à-dire que quelqu'un qui a été condamné pour un délit ou un crime dans notre pays, purger une peine de prison, puisse être ensuite renvoyé, expulsé. Et puis, et j'y tiens aussi, la question de régulariser celles et ceux qui s'intègrent dans notre pays par le travail et dont on a besoin en plus dans beaucoup de secteurs qui sont des secteurs en tension.

ROMAIN DESARBRES
Et ça, ça passerait par une circulaire ou un arrêté ? Ce serait du texte ?

AURORE BERGE
Encore une fois, le projet de loi est déjà sur la table et il est déjà en cours de discussion. Donc voyons ce que disent déjà les parlementaires ; respectons le travail parlementaire.

ROMAIN DESARBRES
Mais Aurore BERGE, pourquoi régulariser des illégaux, quand bien même ils travaillent dans des secteurs en tension, alors qu'il y a déjà 430 000 étrangers réguliers, qui ont des papiers, sans emploi sur le territoire ?

AURORE BERGE
Parce qu'il faut peut-être se poser la question de qui on veut accueillir justement. Et c'est ça le résultat d'un Etat qui doit être un Etat souverain.

ROMAIN DESARBRES
Mais pourquoi donner des papiers à des illégaux alors qu'il y a déjà des étrangers légaux qui n'ont pas d'emploi ?

AURORE BERGE
Un Etat souverain doit décider qui il accueille et qui il expulse.

ROMAIN DESARBRES
Ce n'est pas le cas aujourd'hui.

AURORE BERGE
Mais c'est ce qui doit être notre cas. C'est-à-dire que la France doit retrouver (et c'est ce qu'on fait depuis six ans) sa pleine souveraineté, notamment en matière de politique migratoire : qui on accueille ? Qui on expulse ? Et donc dire qu'on préfère accueillir celles et ceux qui s'intègrent à nos valeurs républicaines par le travail qui tiennent aussi (il faut être très lucide) parlez-en aux chefs d'entreprises, des secteurs entiers, que ce soit dans l'agriculture, que soit dans le bâtiment, dans l'hôtellerie, la restauration ou le médico-social. Vous avez un certain nombre de personnes qui sont des immigrés, qui travaillent et dont nous avons besoin. Et je préfère accueillir ceux-là, les régulariser, permettre que leurs enfants aillent à l'école, que les choses se passent dans de bonnes conditions, mais expulser avec la plus grande fermeté ceux qui enfreignent encore une fois nos valeurs et nos règles.

ROMAIN DESARBRES
Il faut un référendum pour, sur l'immigration, pour ça, il faudrait toucher à la Constitution, mais est-ce que vous le souhaiterez ce référendum ?

AURORE BERGE
Déjà, vous le dites, il faudrait modifier la Constitution pour pouvoir poser la question aux Français sur les enjeux immigratoires, et encore une fois, il y a déjà un débat parlementaire pour…

ROMAIN DESARBRES
Et vous regrettez qu'on ne puisse pas poser la question aux Français ?

AURORE BERGE
Cette chance au débat parlementaire. Encore une fois, il y a un débat parlementaire, moi, je veux qu'on puisse aller au bout. J'étais parlementaire pendant six ans avant d'entrer au Gouvernement, je tiens à ce débat et je pense que les parlementaires peuvent réussir à sortir un projet qui ait du sens et qui ait beaucoup d'efficacité surtout.

ROMAIN DESARBRES
Mais vous ne trouvez pas ça fou qu'on ne puisse pas interroger, questionner les Français sur un thème qui n'est pas un petit thème, l'immigration, ça, vous nous disiez, c'est un thème important de savoir qui rentre en France…

AURORE BERGE
Oui, on peut aussi considérer qu'une campagne présidentielle, vous le savez, l'un des principaux thèmes en général qui est abordé lors d'une campagne présidentielle, c'est celle de la souveraineté de notre pays. Et donc les questions migratoires sont largement évoquées dans la campagne présidentielle qui fait, je trouve, un peu quand même office parfois de référendums sur ces enjeux-là. Je crois que le général de Gaulle, s'il a mis des règles claires aussi sur qu'est-ce qui doit être ou pas soumis au référendum, je crois que c'est aussi pour de bonnes raisons. Si ça doit évoluer, on en discutera justement.

ROMAIN DESARBRES
Aurore BERGE, ministre des Solidarités et des Familles. Un fait divers, je vais vous entendre sur un fait divers et ses conséquences : une intrusion de jeunes délinquants lors d'une expédition punitive dans un établissement scolaire à Épernay dans la Marne. C'était ce mercredi. Il y a eu des interpellations. Je ne vais pas vous demander de commenter ce fait divers, mais on entend les Français réclamer la fin des aides sociales pour les familles de délinquants. Qu'est-ce que vous en pensez en tant que ministre des Familles ?

AURORE BERGE
Je dis que déjà en grande partie, ça existe et peut être que les gens ne le savent pas. Mais si un mineur délinquant est condamné, alors immédiatement les allocations familiales sont suspendues. Donc j'entends le Rassemblement national qui veut en faire une grande loi et on en débattra à l'Assemblée nationale la semaine prochaine, mais enfin….

ROMAIN DESARBRES
Oui, le 12 octobre.

AURORE BERGE
En vérité, ça existe déjà. Le sujet, ce n'est pas tant ça, c'est l'enjeu d'abord de responsabilisation des parents, la question des droits et devoirs. Hier, au côté de la première ministre, on était justement en débat sur ces enjeux-là. Quels sont les enseignements qu'on tire ? Après les émeutes qui ont marqué malheureusement notre pays ? C'est déjà ça. C'est le retour de la question de la parentalité, des droits et des devoirs, de la responsabilisation des parents. Et j'insiste sur un point qui fera peut-être polémique, qui est la responsabilisation des pères. Aujourd'hui, on me dit qu'il y a presque une famille sur quatre qui serait monoparentale, mais les pères, ils n'ont pas disparu. Et donc, à un moment, ils sont là aussi dans la responsabilité qui doit être la leur tout au long de leur vie et tout au long de la vie de leur enfant pour ne pas laisser les femmes seules en première ligne à assumer leurs responsabilités parentales ? ça, je crois que c'est un vrai débat de société qu'on mériterait d'avoir.

ROMAIN DESARBRES
Et comment on pourrait l'avoir, ce débat ? Parce qu'effectivement, il y a énormément de... On parle pudiquement d'une famille monoparentale, ça veut dire dans l'immense majorité des cas, une mère avec ses enfants. Et vous dites :"Il faut qu'on retrouve le père" ?

AURORE BERGE
Je dis juste que, en fait, quand on se sépare de sa femme, on ne se sépare pas de ses enfants. Quand on met des enfants au monde, c'est pour toute la vie de nos enfants que nous nous engageons et que nous avons une responsabilité à leur égard. Cette responsabilité, ce n'est pas juste une pension alimentaire. Cette responsabilité, c'est les droits et devoirs. C'est les valeurs que nous leur transmettons. C'est pour ça qu'on a envie d'avoir des enfants dans notre pays, pour transmettre à la fois un héritage, des valeurs. Mais on a aussi une responsabilité à leur égard et on ne peut pas laisser les femmes seules tout le temps en première ligne à assumer ces responsabilités-là.

ROMAIN DESARBRES
Alors, qu'est-ce que vous proposez très concrètement, madame la ministre des Familles ?

AURORE BERGE
Je vous le dis, à la fois, réfléchir réellement au rôle et à la mission que les pères doivent avoir dans notre société. Aujourd'hui, l'Etat, il est venu…

ROMAIN DESARBRES
Mettre les pères devant leurs responsabilités ?

AURORE BERGE
Oui parce qu'aujourd'hui l'État, il est venu souvent se substituer pour de bonnes raisons. Quand la pension alimentaire n'est pas payée, on ne va pas faire payer à la mère et à l'enfant le fait que le père soit défaillant. On a besoin évidemment d'accompagner cette famille et d'accompagner la mère et les enfants. Mais je crois qu'encore une fois on a une responsabilité politique, une responsabilité morale dans notre pays de se dire qu'à un moment, on a des parents et que c'est les deux parents qui doivent être placés devant leurs responsabilités et qui doivent accompagner leurs enfants tout au long de leur vie.

ROMAIN DESARBRES
Je voudrais, puisqu'on parle des familles, qu'on parle de la Journée nationale des aidants familiaux. C'est votre, l'un, l'un de vos sujets et vous allez présenter un plan pour les aidants familiaux. On parle de huit à onze millions de personnes, une dizaine de millions de personnes en France.

AURORE BERGE
C'est ça, plus de neuf millions de personnes qui, au cours de leur vie, vont aider un proche. C'est-à-dire tout simplement que vous allez aider un parent qui est en perte d'autonomie, vous allez aider un enfant en situation de handicap, vous allez aider votre conjoint. Donc plus de neuf millions de Français qui souvent aussi s'oublient eux-mêmes parce qu'ils vont accompagner de proches, parce qu'ils sont aidants et aimants de la personne, et donc qui vont tellement accompagner ce proche que parfois ils vont être en rupture, rupture de leur vie professionnelle, ils vont oublier leur propre santé. Et notre enjeu, c'est si on veut bien accompagner les personnes qui sont en difficulté parce que personnes en situation de handicap, perte d'autonomie, il faut aussi prendre soin de ceux qui prennent soin d'eux.

ROMAIN DESARBRES
Alors concrètement, ce plan en quelques lignes ?

AURORE BERGE
Concrètement, leur offrir du répit, c'est-à-dire que vous ne pouvez pas 365 jours sur cinq jours et demi prendre soin de l'autre. Vous avez aussi besoin de prendre soin de vous-même. C'est la garantie de la promesse du Président de la République. A minima, quinze jours de répit par an pour les aidants, c'est aussi augmenter encore les droits des aidants. On a créé un congé proches aidants qu'on vient renforcer avec des droits qui sont rechargeables parce que dans une vie, vous pouvez aider un parent, vous pouvez aider un enfant, et donc ça vous permet de prendre un congé pour l'accompagner. Et ce que je tenais beaucoup. La responsabilisation des entreprises. Elles vont venir au Ministère, cela dans les plus grandes entreprises, notre pays. Je pense à L'ORÉAL, à la JCDECAUX, à la BNP et LA POSTE, SNCF notamment. Ce n'est que quelques exemples pour s'engager pour les aidants, c'est-à-dire augmenter leurs droits, mieux les accompagner. Qu'il n'y ait pas de rupture dans leur vie professionnelle, qu'on ait une société qui soit aussi plus bienveillante. Est-ce que vous savez ? Un chiffre, 400 000 familles chaque année sont concernées par l'arrivée d'un enfant en situation de handicap ou un enfant malade. Donc, c'est toutes les familles françaises qui peuvent être confrontées à ces difficultés et qui doivent être accompagnées.

ROMAIN DESARBRES
Ça se traduit par quoi concrètement ? Quinze jours de répit, ça veut dire quoi ? Quinze jours d'arrêt de travail ? Des vacances ? Oui ?

AURORE BERGE
Alors, on a déjà un congé proche aidant qu'on peut prendre. Donc, qui vous garantis, évidemment, vous continuez à être indemnisé, soutenu financièrement, mais cela se traduit surtout par des places en plus, des places pour de l'accueil temporaire, si vous avez besoin par exemple vous-même, de souffler, vous-même par exemple d'être opéré et que vous avez besoin de laisser la personne que vous aimez et que vous aidez…

ROMAIN DESARBRES
Quand on s'occupe d'un malade d'Alzheimer par exemple, on peut le laisser une journée ?

AURORE BERGE
Oui, alors, évidemment, c'est de l'accueil temporaire d'accueil de jour quand vous avez un enfant en situation de handicap. C'est aussi pouvoir parfois souffler un peu le week-end, souffler un peu pendant les vacances. Donc, on crée 6 000 nouvelles places, accueil temporaire, le week-end ou pendant les vacances. Ce qui va faire que d'ici la fin du quinquennat, on aura ce qu'on appelle 40 000 places de répit dans notre pays. En plus évidemment, de toutes celles et ceux qui sont accueillis parfois dans des établissements spécialisés, au regard évidemment de la nécessité due à leur santé ou parfois leur handicap.

ROMAIN DESARBRES
Aurore BERGE, ministre des Solidarités et des Familles, la grande interview sur CNEWS et sur Europe 1. Je voulais vous entendre également sur l'Arménie. La ministre des Affaires étrangères françaises, Catherine COLONNA, dit que ce qui s'est passé au Haut-Karabagh ressemble à une épuration ethnique : 100 000 Arméniens déplacés. Mais Emmanuel MACRON estime que pour le moment, il ne faut pas sanctionner l'Azerbaïdjan qui a chassé les Arméniens du Haut-Karabakh. Qu'est-ce qu'on attend pour sanctionner l'Azerbaïdjan ? Qu'elle envahisse l'Arménie ?

AURORE BERGE
On n'a pas attendu pour aider l'Arménie et vous le savez. On a débloqué des fonds d'urgence pour accompagner notamment les Arméniens. On a envoyé aussi des moyens qui sont de moyens militaires. Le lien d'amitié entre la France et l'Arménie, il est tellement puissant, vous le savez bien, la communauté arménienne est extrêmement importante dans notre pays et importante pas juste en nombre, mais importante au regard des liens que nous avons tissés. Donc il est inévitable, évidemment, que la France laisse tomber l'Arménie, que l'Union européenne laisse tomber l'Arménie, parce que si on laisse tomber l'Arménie, on laisse tomber les valeurs qui sont les nôtres et l'héritage aussi qui est le nôtre au sein de ce rapport.

ROMAIN DESARBRES
Mais qu'est-ce qu'on attend pour sanctionner l'Azerbaïdjan ? A qui on achète du gaz.

AURORE BERGE
Mais les décisions qui doivent être prises, elles seront prises. Elles doivent être prises au niveau européen. On n'a pas tremblé sur l'Ukraine, vous le savez bien ; alors que c'était aussi des décisions très difficiles, y compris parfois économiques, et il y compris parfois on a dû ensuite soutenir financièrement en France. Encore une fois, personne ne peut laisser tomber l'Arménie. Et vous le savez très bien que le Président de la République, sur ces sujets, il a largement contribué à faire en sorte évidemment d'alerter, et non seulement d'alerter, mais de faire en sorte que des décisions soient prises pour les accompagner et les soutenir.

ROMAIN DESARBRES
Le campus de rentrée de votre parti Renaissance a lieu à Bordeaux ce week-end. Ursula Von Der LEYEN - la présidente de la Commission européenne - est invitée. Elle qui a signé un contrat de gaz avec l'Azerbaïdjan. L'Azerbaïdjan, qui vient d'attaquer les Arméniens du Haut-Karabakh. Vous êtes à l'aise avec la venue d'Ursula Von Der LEYEN ?

AURORE BERGE
Elle est invitée en tant que, vous le savez, présidente de la Commission européenne parce que s'il y a bien…

ROMAIN DESARBRES
Non mais la question : est-ce que vous êtes à l'aise avec la venue d'Ursula Von Der LEYEN ?

AURORE BERGE
Elle représente la Commission européenne. Elle est présidente de la Commission européenne. Vous savez, l'engagement qui est le nôtre sur les enjeux européens. Et je crois que dans une année qui va être une année d'élection européenne, c'est aussi un signal qui est envoyé de dire que nous, on est très au clair sur l'engagement européen qui est le nôtre. Ce n'est quand même pas totalement le cas d'un certain nombre d'autres partis politiques dans notre pays. Et qu'en plus, nous, nous sommes unis pour les élections européennes, ce qui n'est là encore pas totalement le cas d'un certain nombre d'autres partis politiques.

ROMAIN DESARBRES
Ce sera ma dernière question : de nombreuses personnalités sont attendues à cette réunion de Renaissance. Il sera question des européennes. Quel candidat allez-vous soutenir ? Le RN a déjà son candidat, les LR sont en passe de l'avoir. Quel candidat allez-vous soutenir ? On parle de Stéphane SEJOURNE.

AURORE BERGE
On verra. Il est en tout cas totalement légitime. Il est président du parti, il est le président du groupe Renew au Parlement européen. C'est lui qui décidera s'il souhaite ou pas être la tête de liste. Je pense que plutôt que de s'engager tout de suite sur une tête de liste, j'aimerais plutôt que les autres partis nous disent quel est leur projet. Moi, je les ai vus en effet, se précipiter à désigner des candidats ; je ne les ai pas vu se précipiter, ni à s'unir ni à définir le projet européen qui est le leur. Nous, on a un projet et non, on a une totale union entre Renaissance, le MoDem et Horizon et je crois que c'est ça qui est important.

ROMAIN DESARBRES
Merci beaucoup.

AURORE BERGE
Merci à vous.

ROMAIN DESARBRES
C'était la grande interview d'Aurore BERGE, ministre des Solidarités et des Familles. Merci beaucoup madame la ministre d'être venue ce matin sur CNEWS et Europe 1


source : Service d'information du Gouvernement, le 9 octobre 2023