Texte intégral
Mesdames et Messieurs les ministres,
Monsieur le président du Conseil économique, social et environnemental,
Mesdames et Messieurs les secrétaires généraux,
Messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs,
Avant toute chose, je voulais avoir un mot après le drame qui a touché notre pays vendredi dernier à Arras, Dominique Bernard, professeur de Lettres au lycée Gambetta, a été sauvagement assassiné, victime du terrorisme islamiste. Un autre enseignant, et deux agents de service, ont été blessés. Cette attaque survient à un moment particulier. Trois ans pratiquement jour pour jour après la mort de Samuel Paty, et dans le contexte géopolitique que nous connaissons.
Avant d'entamer nos échanges, je voulais une fois de plus adresser mes pensées, dire ma solidarité, celle de mon Gouvernement, et je n'en doute pas, celle de chacune et chacun envers les familles, les proches, et les collègues des victimes. Dire notre soutien à toutes les équipes du lycée Gambetta, aux parents, aux élèves, et plus généralement, assurer tous les enseignants de France de notre mobilisation et de notre soutien.Comme le feront tous les établissements scolaires de France tout à l'heure, je vous propose d'observer une minute de silence.
Je vous remercie.
Après échange avec les uns et les autres, nous avons décidé de maintenir cette conférence sociale, car nous n'acceptons pas que le terrorisme mette notre pays à l'arrêt. Je vous prie par avance de m'excuser mais en raison de cette situation, je devrai rejoindre l'Élysée pour un Conseil de Défense et de Sécurité nationale à midi. Face à de tels drames, nous avons un devoir d'unité. L'unité, ça n'est pas nier nos différences, c'est aussi être capable de se parler, de mener ensemble un dialogue apaisé, pour construire des solutions dans l'intérêt du pays et des Français. C'est précisément l'enjeu de cette conférence sociale, dans la lignée des rencontres de Saint-Denis initiées par le président de la République, avec les partis politiques.
Au sein de cet hémicycle du Conseil économique, social et environnemental, chambre de la société civile, nous ouvrons aujourd'hui, organisations patronales, syndicales, Gouvernement, chercheurs, experts, une nouvelle étape pour notre démocratie sociale. La semaine dernière, avec le ministre du Travail Olivier Dussopt, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec vous, pour préparer cette conférence sociale. Je souhaite que le dialogue soit ouvert et que nous puissions évoquer les sujets qui vous tiennent à cœur. C'est dans cet état d'esprit que nous avons tenu compte de vos demandes sur le déroulé de cette journée, et ajusté les thèmes de cette journée en conséquence.
À travers vos interventions puis de quatre ateliers, nous aurons l'occasion de mettre sur la table des enjeux importants pour l'ensemble des Français qui travaillent.
Pendant de nombreuses années, les conférences sociales ont été consacrées à la question du chômage. Grâce à la politique économique menée depuis 2017, deux millions d'emplois ont été créés, et le chômage a baissé de près de trois points. Aujourd'hui, grâce à un taux de chômage plus bas, des travailleurs ont plus de pouvoir de négociation au sein des entreprises et des branches – c'est particulièrement vrai dans les branches où il existe des tensions de recrutement – et qui doivent en partie réinventer les conditions de travail pour continuer à être attractives.
Dans ce nouveau contexte, notre ambition de plein emploi doit aller de pair avec le bon emploi. C'est pour cela que nous nous retrouvons aujourd'hui, avec la volonté que le travail paie mieux, et de relancer la promotion sociale. Car nous avons une conviction : c'est d'abord du travail que vient le pouvoir d'achat. C'est le sens de la politique économique menée depuis six ans sous l'autorité du président de la République, par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, en restaurant notre attractivité, en baissant les impôts et les charges, et en investissant massivement dans les secteurs d'avenir. C'est aussi l'objectif de la réforme du marché du travail et de la réforme de l'assurance chômage.
De plus, face à l'inflation, nous avons eu une attention particulière au pouvoir d'achat des classes moyennes et des plus modestes. Nous avons lancé le bouclier énergétique, un chèque énergie exceptionnel, et l'indemnité carburant. Et avec le ministre du Travail Olivier Dussopt, nous avons revalorisé les petites retraites. Avec la ministre des Solidarités et des Familles Aurore Bergé, nous simplifions le versement de la prime d'activité. Mais les Français nous le disent : il faut que le travail paie mieux, notamment dans certaines professions essentielles. Des actions ont été engagées pour améliorer le partage de la valeur dans les entreprises – je pense notamment à la prime dite Macron, désormais pérennisée avec la prime de partage de la valeur, mais aussi à l'accord que vous avez trouvé et que le Parlement est en train de retranscrire fidèlement dans la loi.
Du côté des agents publics, le Gouvernement a pris ses responsabilités avec les hausses du point d'indice, le Ségur de la Santé pour les [personnels hospitaliers], ou encore la revalorisation des rémunérations de tous les enseignants. Mais en dehors de la fonction publique, l'évolution de la rémunération relève de la négociation de branche ou d'entreprise, pas de l'État. C'est l'enjeu central de notre réflexion commune aujourd'hui, c'est la négociation qui amènera la révision des grilles de classification, c'est la négociation que fera évoluer les salaires minimums des branches qui sont encore en-dessous du Smic, et c'est ensemble que nous pourrons progresser sur la question des temps partiels subis et des contrats courts. Bien sûr, l'État prendra toute sa part. Je souhaite notamment mener une action résolue et renforcée en faveur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. C'est l'un des thèmes des ateliers de cet après-midi, des actions fortes sont nécessaires. Nous devons agir ensemble : c'est au cœur de la feuille de route de la ministre Bérangère Couillard.
Mesdames et Messieurs, cette Conférence sociale doit être l'occasion de nous demander comment collectivement, nous pouvons accélérer la promotion sociale, et faire progresser les salariés. C'est aussi une condition de notre compétitivité. Aujourd'hui, avec le ralentissement des gains de compétitivité, les salaires n'augmentent plus avec le dynamisme d'autrefois. Et la promesse républicaine d'ascension sociale et salariale tout au long de la carrière, est souvent remise en question. Personne n'aspire à passer toute sa carrière au même niveau de rémunération, chacun doit avoir des perspectives, à la fois de carrière et de salaire.
Ma conviction, c'est qu'il n'y a pas de fatalité. Et c'est notamment en investissant dans les compétences et dans la formation tout au long de la vie qu'il est possible de relancer cette dynamique. C'est le sens de la politique menée depuis 2017, en favorisant l'apprentissage, la formation, avec par exemple la création du compte personnel formation, et en accompagnant davantage les personnes les plus éloignées de l'emploi. Avec Olivier Dussopt, nous poursuivons notre action, notamment avec la création de France Travail.
Vos discussions aujourd'hui sont complémentaires de celles que vous allez aborder dans l'agenda social, avec l'ouverture prochaine d'une négociation sur l'emploi des seniors, et les enjeux de parcours et de reconversion professionnelle.
Mesdames et Messieurs, sur la façon d'améliorer le pouvoir d'achat, et les carrières par la négociation collective, sur la lutte contre les temps partiels subis et les contrats courts, sur l'impact des cotisations et des prestations sociales sur les revenus, ou pour renforcer l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, je souhaite que cette conférence sociale soit l'occasion de partager les constats, trouver des points d'accord, et des perspectives d'évolution au service des travailleurs et des entreprises. Nous en avons la responsabilité, je dirais même le devoir, car ce sont les attentes des salariés et des Français. Nous devons collectivement y répondre.
Je vais maintenant laisser la parole à Jean-Luc Tavernier, Sandrine Cazes, Antoine Bozio et Gilles Bercette, pour dresser un diagnostic de notre situation économique et sociale. Je tiens à les remercier particulièrement pour leur présence aujourd'hui.
Je vous remercie.
Source https://www.gouvernement.fr, le 18 octobre 2023