Déclaration de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, sur la situation économique internationale après les G20 et G7, le Pacte de stabilité et de croissance et les relations franco-allemandes, à Luxembourg le 17 octobre 2023.

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  • Bruno Le Maire - Ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique

Circonstance : Arrivée au Conseil "Affaires économiques et financières"

Texte intégral

M. Bruno Le Maire : "Bonjour à toutes et à tous, je voudrais d'abord adresser un message de sympathie et de soutien au peuple belge qui a été frappé cette nuit par une attaque terroriste, message de soutien que j'étends évidemment à la Suède, dont deux compatriotes ont été tués hier à Bruxelles. La priorité absolue, chacun le comprend bien aujourd'hui, c'est la sécurité de nos compatriotes et l'unité face à ces actes terroristes.

Nous allons aujourd'hui dans le cadre de l'Ecofin, discuter de la situation économique internationale après les G20 et G7 qui se sont tenus au Maroc et qui ont permis d'avoir une évaluation de la situation économique internationale. Premier point que je veux souligner, c'est la bonne performance de l'économie française. Les prévisions pour 2024 sont de 1,3% de croissance pour le FMI, très proche du 1,4% de croissance que j'ai présenté au Parlement comme prévision de croissance pour l'économie française en 2024. L'économie française résiste, elle est solide, ses fondamentaux sont solides, c'est une bonne nouvelle pour nos compatriotes. La deuxième chose, c'est que nous regarderons, une nouvelle fois ce matin à Bruxelles, les conséquences de la situation au Proche-Orient sur la situation économique mondiale. Conflit local, conséquences économiques locales. Conflit global, conséquences économiques globales. Voilà comment je peux résumer notre position sur ce sujet. Aujourd'hui, les conséquences du conflit au Proche-Orient sont limitées, nous avons vu que les prix du gaz et du pétrole avaient peu augmenté au cours des derniers jours, parce que le conflit reste limité à Israël et à la Bande de Gaza. Si demain le conflit devait prendre une plus grande ampleur et qu'il devait y avoir une escalade dans le conflit, les conséquences économiques seraient beaucoup plus importantes : conflit local, conséquences économiques locales ; conflit global, conséquences économiques globales. Nous devons donc être particulièrement vigilant et, comme l'a dit le Président de la République, éviter toute escalade du conflit.

Le deuxième sujet de discussion ce matin, c'est évidemment le Pacte de stabilité et de croissance. L'Union européenne a besoin de nouvelles règles budgétaires, et en a besoin rapidement. C'est une question de crédibilité pour la zone euro, c'est une question de crédibilité pour l'Union européenne dans son ensemble. Nous devons donc nous fixer un objectif en termes de calendrier. Notre objectif doit être de parvenir à un accord d'ici la fin 2023 sur les nouvelles règles du Pacte de stabilité et de croissance. Nous aurons une première discussion importante ce matin et un deuxième rendez-vous important, c'est l'Ecofin du 9 novembre où nous devons enregistrer de premières avancées concrètes sur la réforme du Pacte de stabilité et de croissance. Je propose donc un calendrier très clair : des avancées ce matin, des avancées concrètes le 9 novembre et la conclusion d'un accord sur un nouveau Pacte de stabilité et de croissance pour la fin de l'année 2023. Nous ne devons pas réduire nos ambitions. Nous avons besoin de nouvelles règles qui correspondent à la nouvelle situation économique, financière et budgétaire, qui est née du COVID et de la crise inflationniste que nous avons connue. C'est un principe de réalité, c'est un principe aussi de crédibilité politique pour l'Union européenne. Deuxième chose, je propose en méthode que nous nous concentrions sur un indicateur : la dette. C'est l'indicateur clé pour définir les nouvelles règles du Pacte de stabilité et de croissance. Sur cette dette, nous devons viser une réduction de la dette, une réduction qui soit crédible et progressive. L'endettement de tous les États membres doit se réduire progressivement et de manière crédible. Nous devons aussi nous entendre sur le fait que l'objectif n'est pas d'avoir le niveau de dette publique le plus bas possible. L'objectif est d'avoir un niveau de dette soutenable, c'est-à-dire un niveau de dette compatible avec votre niveau de croissance et les investissements dont chacun voit qu'ils sont absolument indispensables : investissements pour la transition climatique et investissements pour la défense et la sécurité dans un contexte international qui est particulièrement agité et difficile.

Enfin, troisième point et troisième proposition que je ferai ce matin, c'est de continuer à avancer main dans la main entre la France et l'Allemagne. Chacun sait que, au final, un accord sur les nouvelles règles du Pacte de stabilité et de croissance passe par un accord franco-allemand. Nous en avons parlé avec Christian Lindner, nous continuerons à travailler avec Christian Lindner dans les semaines qui viennent pour essayer de parvenir à un accord franco-allemand qui pourrait servir de base à un accord plus global. Donc voilà les trois propositions très simples et très claires que je veux faire ce matin : tenir un calendrier ambitieux, un accord d'ici fin 2023 ; se concentrer sur la question de la réduction de la dette publique ; et en troisième lieu, continuer à travailler en Franco-Allemand.


Q : On the economic governance review, we heard from M. Lindner that he wants two parameters of reduction : one for debt and one for deficit. Is there a red line for France that the deficit should not be constrained more than they already are under the current rules ? Secondly, if you can tell us today, there is a meeting in Brussels on frozen assets and at the G7 meeting in Marrakesh, [inaudible] endorsed using the proceeds. What is France's position on this ? Would you like to see a Commission proposal by the end of the year ?

M. Bruno Le Maire : Well, on the first point, it is only a question of method. We need, of course, indicators on debt and indicators on public deficits, but I think that from the point of view of the European method, it is absolutely key to focus on one single element on which we could try to find a compromise. My proposal is to really focus on the question of debt sustainability. What could be a sustainable debt for all member States, taking into account the different situations of all member states, with the view of gradually reducing the public debt in every country. Then, we could move to other topics, like the level of public deficits. So I'm not putting beside the question of public deficit, I'm just explaining that if we want to get an agreement, we need a starting point, and to me the right starting point is the level of public debt and the necessity of gradually reducing the level of public debt so that we can have an agreement on the level of sustainable debt. Which means debt, which is consistent with your level of growth and with the necessary investments on both climate transition and security, because we should never forget that this new Stability and Growth Pact is only a tool for a political goal, and the political goal is to have more productivity, more growth, more jobs for all European countries, which means also keeping the possibility to invest on climate transition and on defense. I will not come back to France explaining to my citizens “you know what ? we have got rid of any investments on climate transition and defense” I think it would be impossible for me. I think it would be impossible for all Finance ministers of European countries. So let's be credible. Let's focus on this question of sustainable debt, taking into account the necessary investments on climate transition and defense. As far as frozen assets are concerned, when I was in the G20 in Morocco I proposed a method. The method is first of all to isolate the Russian frozen assets, so that we have a clearview of the total amount of the Russian foreign assets. The second point is to have control on the revenues of the frozen assets because the key point is the use that could be made of the revenues of the frozen assets. My third point in the method is, of course, to stick to all legal international commitments. We should never forget that there are some legal international commitments as far as frozen assets are concerned. If we want to keep and reinforce the credibility of the eurozone and the European continent, we have to obey by the law.

Q : Sur le Pacte de stabilité, quel est le point principal qui bloque en ce moment ? Et sur la BEI, est-ce que la France a un candidat ?

M. Bruno Le Maire  : Je ne dirais pas qu'il y a des points qui bloquent aujourd'hui sur le Pacte de stabilité et de croissance. Il y a des évaluations sur les indicateurs qui sont différentes. Certains veulent des indicateurs plus stricts et plus contraignants, d'autres estiment qu'il faut mettre un peu de souplesse dans le mécanisme. Je donne un exemple sur le niveau de réduction de la dette : est-ce que le chiffre doit être le même chaque année ou est-ce qu'on doit prendre une évaluation plus globale, comme une moyenne sur 5 ans, par exemple ? Ce sont des évaluations, vous voyez, qui sont différentes. Elles ont des conséquences importantes, mais ça n'est pas ce que j'appellerais des points de blocage. C'est pour ça que je considère que même si les difficultés sont encore importantes, et qu'il y a encore des haies élevées à sauter, nous pouvons garder l'objectif d'un accord d'ici fin 2023 sur les règles du Pacte de stabilité et de croissance. Sur la Banque européenne d'investissement, comme vous le savez, il y a beaucoup de très bons candidats. La France fera connaître sa position prochainement pour la présidence de la Banque européenne d'investissement.

Q : [inaudible] support for the EIB President ?

Bruno Le Maire  : I was just responding to the question. We have plenty of good candidates, so we will make the French decision on the EIB presidency as soon as possible".


Source https://ue.delegfrance.org, le 23 octobre 2023