Conseil des ministres du 31 octobre 2023. Bilan de la Coupe du monde de rugby.

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Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

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Trois jours après la fin de la compétition, la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques a présenté le bilan de l'organisation de la Coupe du monde de rugby en France, qui s'est déroulée du 8 septembre au 28 octobre 2023, année de la célébration du bicentenaire de la création de ce sport.

Cette 10e édition de l'événement, remportée par l'Afrique du Sud, devenue ainsi l'équipe la plus titrée en Coupe du monde avec 4 victoires, était la deuxième organisée par la France et la première intégralement sur son sol.

Il convient tout d'abord de souligner l'immense engouement populaire observé pendant les 51 jours de compétition.

Plus de 2,4 millions de spectateurs ont été accueillis dans les 9 stades retenus pour la compétition, soit le plus grand nombre de spectateurs de l'histoire de cet événement, avec un taux de remplissage de plus de 95 %. Pas moins de 600 000 visiteurs étrangers, issus de 115 nations dont environ 45 % d'Anglais, ont été accueillis et ont séjourné en moyenne 9 jours en France.

Cette dynamique s'est appuyée sur la mobilisation des 10 villes hôtes de la compétition. Les "Villages rugby", zones de célébrations, ont rassemblé plus de 1,6 million de visiteurs venus assister à la diffusion des matchs, participer à des initiations rugby ou découvrir les marchés du rugby déployés avec le soutien du ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire pour mettre en valeur les produits locaux et la gastronomie française.

La célébration s'est également étendue à travers les 48 villes ayant accueilli les équipes et plus de 850 événements du "Rugby Festival" organisés dans les territoires depuis le printemps 2023.

Le Gouvernement a souhaité associer à cette fête les personnels des établissements publics de santé, qui sont en "première ligne" aux côtés de nos concitoyens. Une billetterie sociale financée par l'État a ainsi permis de distribuer 5 440 places à ces personnels dans 49 établissements situés dans les régions accueillant des matchs afin de marquer la reconnaissance de la Nation à l'égard des soignants.

Troisième plus grand événement sportif mondial, la Coupe du monde de rugby a été massivement suivie par les Français. Ainsi, les audiences font état de plus de 230 millions de téléspectateurs cumulés pour les retransmissions télévisées, avec des pointes à plus de 15 millions pour certains matchs du XV de France et la plus grosse audience de l'année à date, tous programmes confondus, pour le quart de finale France - Afrique du Sud.

Les passionnés du monde entier ont également suivi la compétition, avec la plus large couverture de l'histoire de la Coupe du monde : 54 diffuseurs et 15 radios officiels. Plus de 2,8 milliards d'impressions sur les plateformes de World Rugby et Rugby World Cup ont été comptabilisées.

Le Comité d'organisation France 2023 en lien avec l'État produira dans les prochaines semaines une évaluation plus précise de la dynamique économique induite par la compétition. D'ores et déjà, il convient de relever les niveaux record enregistrés pour la billetterie (plus de 350 millions d'euros) ou la vente de produits dérivés : plus de 200 000 maillots du XV de France ont été vendus pendant les phases de poules, soit davantage que le nombre de maillots vendus pendant la Coupe du monde 2019 au Japon toutes équipes confondues.

Le très important travail engagé depuis plusieurs mois pour assurer la bonne organisation de l'événement et garantir une expérience à la hauteur des attentes du public doit être rappelé.

Dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, le bon déroulement de la Coupe du monde de rugby permet de tirer des enseignements utiles démontrant la robustesse du dispositif de sécurité dans un contexte particulièrement exigeant, la bonne gestion des flux et des systèmes de transport, passés les rodages du premier week-end de compétition et la capacité à coordonner un ensemble complexe de parties prenantes (collectivités, opérateurs, bénévoles, agents de sécurité privée, associations de protection civile, etc.) avec réactivité face aux imprévus.

La coopération avec World Rugby a été particulièrement fluide et la gouvernance au sein du Comité d'organisation, associant à ses membres fondateurs (État, Fédération française de rugby, Comité national olympique et sportif français) des représentants des collectivités territoriales et des partenaires sociaux d'une grande qualité.

Il faut également rendre hommage à l'implication exemplaire des 232 collaborateurs de France 2023, que le Président de la République est personnellement venu saluer le 19 octobre.

À leurs côtés, 4 400 volontaires de France 2023 et 1 900 volontaires des collectivités territoriales ont apporté une contribution précieuse à la bonne organisation de l'événement, confirmant l'une des forces de notre modèle d'organisation de grands événements sportifs. Ces salariés et les bénévoles de la Coupe du monde ont acquis des compétences qui seront valorisées dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 et au-delà.

En outre, a été mise en évidence la qualité de la coordination interministérielle. Une nouvelle structure interministérielle, le Centre national de commandement stratégique (CNCS), inaugurée à Beauvau juste avant le début de la Coupe du monde, a permis la remontée d'informations en temps réel et partagées entre tous les acteurs du pilotage au sein de l'État, mais aussi avec le comité d'organisation.

Sur le plan de la sécurité, a été saluée la mobilisation exceptionnelle, sous l'autorité du ministre de l'intérieur et des outre-mer, des préfets, des forces de sécurité intérieure (11 000 policiers et gendarmes mobilisés tout au long de la compétition) et de la sécurité civile (jusqu'à 2 100 secouristes par match pour les plus grands stades), équipes complétées par le recours à 3 000 policiers municipaux et 10 000 agents de sécurité privée (dont le taux de défaillance a été inférieur à 3 %).

Au cours des deux derniers mois, 4 880 opérations "zéro délinquance" pilotées par le ministère de l'intérieur et des outre-mer, centrées sur les principaux sites concernés et leurs abords, avaient donné lieu à 781 interpellations et permis d'entraver la délinquance d'opportunité. Pendant la compétition, il a été procédé à 287 gardes à vue, liées notamment à des atteintes aux biens (34 %) ou aux personnes (27 %). Plusieurs opérations anti-drones ont été menées aux abords des stades (20 brouillages de drones) et le risque cyber a été maîtrisé.

Ce dispositif global a permis d'organiser la compétition sans incident majeur de sécurité dans les stades comme dans les "Villages Rugby". Il s'est adapté à l'actualité de la menace terroriste, avec le concours en fin de compétition de plusieurs sections Sentinelle pour renforcer la sécurisation des sites.

Sur le plan des transports, la mise en œuvre d'un plan de mobilités de la Coupe du monde, coordonné par le ministère chargé des transports en lien avec la délégation interministérielle aux grands événements sportifs, a permis de prévoir avec précision les déplacements des équipes et surtout des spectateurs, en prenant les mesures nécessaires pour fluidifier leurs trajets dans les aéroports, les gares et les transports en commun urbains.

Cette anticipation des besoins s'est traduite par des renforts d'effectifs, notamment 600 agents pour fluidifier les contrôles de la police aux frontières, 800 volontaires de la SNCF dans 18 gares pour mieux accompagner les voyageurs et plus de 300 agents dédiés dans les stations de la RATP. Les opérateurs régionaux concernés ont déployé des renforts d'offre, par exemple sur le réseau des TER entre collectivités accueillant des rencontres.

Dans un objectif de lissage et de gestion réactive des flux, de très nombreux SMS, méls et notifications ont été adressés par l'organisateur aux spectateurs de la compétition, en lien avec les opérateurs de transports et les préfets, qui ont également veillé au bon positionnement des volontaires sur les parcours.

Enfin, le savoir-faire des entreprises françaises dans l'organisation des grands événements sportifs, largement reconnu dans une très grande variété de métiers et de compétences (logistique, diffusion média, événementiel, etc.) doit être mis en valeur. Les "Rugby Clubs" organisés à l'initiative de Business France, l'agence en charge de promouvoir l'attractivité à l'international de l'économie française, dans les territoires hôtes de la compétition, ont été des moments d'échanges privilégiés entre acteurs régionaux, entreprises françaises et investisseurs étrangers.

L'organisation de cette Coupe du monde a également été, pour la France, l'occasion de porter ses engagements écologiques, sociaux et sociétaux au cœur de l'événement.

L'impact carbone de la Coupe du monde de rugby a fait l'objet d'une attention particulière.

Les plans de mobilité ont été conçus avec la volonté de réduire l'empreinte carbone, liée pour 85 % aux déplacements internationaux des spectateurs. Les trajets des supporters ont ainsi été réalisés à 88 % en train (après leur arrivée sur le territoire national, avec plus de 1,9 million de spectateurs transportés par la SNCF) et ceux des équipes à 80 % en train et bus.

La stratégie écologique du Comité d'organisation, signataire de la Charte des 15 engagements éco-responsables du ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, s'est enfin appuyée sur l'utilisation d'infrastructures sportives déjà existantes et s'est accompagnée d'une politique d'achats responsables, mais aussi de dispositifs de tri des déchets et de lutte contre le gaspillage alimentaire dans les stades.

Avec le soutien de ses parties prenantes (sponsors, collectivités territoriales, World Rugby), France 2023 a réussi à mobiliser un budget de 1,8 million d'euros dans l'objectif d'absorber la moitié des émissions carbone des déplacements des 600 000 visiteurs étrangers.

La responsabilité sociale a été placée au cœur de la préparation et du déroulement de l'événement.

Cet enjeu a d'abord pris la forme d'une charte sociale signée avec les partenaires sociaux le 5 avril 2023, précisant les engagements du Comité d'organisation en matière de dialogue social, de santé au travail, de prévention de toute forme de discrimination, ou d'intégration de clauses sociales dans l'ensemble des marchés. La Coupe du monde de rugby est le premier grand événement sportif à avoir obtenu le label "Terrain d'égalité" du ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques.

Cette Coupe du monde a aussi permis d'affirmer un engagement collectif pour un sport inclusif.

L'organisation de la Coupe internationale de rugby fauteuil pour la première fois pendant la Coupe du monde de rugby a permis de renforcer la visibilité et la promotion du parasport, en faisant mieux connaître cette discipline paralympique spectaculaire et ses athlètes. Entre le 18 et le 22 octobre, les 8 meilleures équipes mondiales se sont affrontées à la Halle Carpentier puis à l'Accor Arena devant près de 18 000 spectateurs. Les deux derniers jours de compétition ont réuni plus de 2,8 millions de téléspectateurs. La ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques a salué la 4e place très encourageante de l'équipe de France à moins d'un an des jeux Paralympiques.

Plus largement, le public en situation de handicap a fait l'objet d'une attention particulière : plus de 12 000 personnes en situation de handicap ont été invitées gratuitement et dotées d'une place au prix le plus faible (catégorie 4) pour leur accompagnant.

Pour lutter contre toutes les formes de discriminations, le programme "Rugby is my pride" a mis en lumière l'attachement collectif à un sport inclusif et protecteur des droits des personnes LGBT+. Ce programme a été mis en œuvre dans le cadre d'une coopération avec World Rugby, la Fédération Française de Rugby (FFR), la Ligue Nationale de Rugby et l'État, témoignant de la très forte mobilisation de ce sport en la matière.

La Coupe du monde a par ailleurs été l'occasion de promouvoir des actions d'insertion sociale, notamment dans le cadre du partenariat avec l'Association "Petits Frères des Pauvres" qui a permis à 262 seniors isolés d'assister à un match.

Le tournoi national des quartiers a constitué un temps fort supplémentaire, avec 6 000 enfants des quartiers populaires des villes hôtes âgés de 8 à 13 ans qui ont pu découvrir le rugby et ses valeurs d'engagement et de solidarité, et la possibilité donnée à 1 180 d'entre eux d'assister aux matchs de la Coupe du monde. La perspective est celle d'une pérennisation par la FFR de ce très beau programme d'inclusion par le sport.

Car l'ambition est bien de faire en sorte que cette Coupe du monde de rugby en France laisse un héritage durable pour le rugby et le sport français.

La réussite de la Coupe du monde crée les conditions favorables pour faire grandir la pratique du rugby en France et pour soutenir les projets de la Fédération visant au développement de l'impact sociétal de ce sport, en s'appuyant sur ses missions éducatives, inclusives et sur les vertus qu'il porte en termes d'insertion sociale ou de santé.

France 2023 a ainsi instauré un fonds de dotation d'un million d'euros, baptisé "Rugby au cœur", pour soutenir à la fois des actions de dimension nationale et 250 projets locaux portés par les clubs, comités ou ligues touchant à la pratique féminine, la pratique des personnes en situation de handicap, le rugby santé ou l'insertion par le rugby. 100 000 personnes ayant déjà bénéficié d'actions financées par "Rugby au cœur", la FFR a décidé de le pérenniser en son sein afin de soutenir durablement les multiples initiatives qui émergent partout en France.

Au global, les clubs de rugby bénéficieront directement de l'engouement populaire autour de la compétition qui devrait engendrer, selon le président de la FFR, une augmentation de 15 % du nombre de licenciés, masculins et féminins, et de ses bénévoles.

Pour répondre à ces nouveaux besoins d'accueil, le monde du rugby sera le premier bénéficiaire de la réussite économique de la compétition. L'État accompagnera la modernisation des infrastructures de rugby en soutenant à hauteur de 5 millions d'euros, via l'Agence nationale du sport, des projets d'investissements dans les équipements sportifs portés par les collectivités territoriales et la FFR.

De même, la FFR, en lien avec l'État, a saisi l'occasion de cette compétition pour faire avancer l'enjeu prioritaire de la protection des pratiquants, qu'il s'agisse de mieux prévenir et lutter contre le jeu dangereux dans le monde amateur comme professionnel, mais aussi, avec le concours de l'Union Nationale du Sport Scolaire, qui est la fédération française du sport scolaire, de renforcer la sécurisation de la pratique en rugby scolaire.

C'est également dans la perspective de laisser un héritage durable que France 2023 a souhaité, avec le soutien de l'État, investir sur la formation, l'emploi et l'éducation.

France 2023 a ainsi mis en place un Centre de formation des apprentis baptisé "Campus 2023", soutenu à hauteur de 70 millions d'euros par l'État au titre de la politique d'aide à la formation des apprentis. Avec ce projet inédit, 1 400 jeunes ont bénéficié d'une formation exceptionnelle au cœur du troisième plus grand événement sportif au monde, pour occuper ensuite des emplois structurants dans le secteur du sport, amateur en particulier, en administration de clubs ou en gestion de projets.

La réussite de cette expérience est incontestable, avec un taux de diplomation supérieur à 90 %, 40 % des diplômés ayant déjà des perspectives d'embauche sécurisées et au moins 260 jeunes qui verront leurs emplois pérennisés dans des clubs de rugby et d'autres associations sportives avec l'aide d'une contribution de l'État et de France 2023 d'environ 10 millions d'euros. D'autres apprentis vont rejoindre l'aventure des Jeux olympiques et paralympiques, tout comme certains cadres expérimentés du comité d'organisation.

Enfin, le projet de la Mêlée des chœurs, porté conjointement par la Maîtrise populaire de l'Opéra-Comique, le ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse et le ministère de la culture a permis à 7 000 enfants accompagnés de 300 professeurs d'interpréter les hymnes nationaux durant toute la compétition. Par-delà les ajustements techniques qui ont dû être apportés, les élèves ont pleinement pu profiter de la grande richesse de ce projet dans sa double dimension pédagogique et artistique.

Le 8 septembre dernier, avec la Coupe du monde de rugby, a débuté une année calendaire exceptionnelle pour le sport français, qui se poursuivra jusqu'au 8 septembre 2024 par la cérémonie de clôture des jeux Paralympiques.

Les travaux de préparation et d'anticipation, les ajustements apportés durant la compétition et les enseignements tirés de l'organisation particulièrement réussie de cette Coupe du monde, qui a battu de nombreux records de popularité, sont des acquis précieux dans la perspective des jeux.

Cet événement a été aussi une opportunité pour notre pays de contribuer à faire émerger une nouvelle référence de grands événements sportifs internationaux plus sobres, plus solidaires et plus utiles pour promouvoir durablement la place du sport dans la société.

Ce sont ces mêmes ambitions, au cœur de la feuille de route du Gouvernement, qui animeront le sport, grande cause nationale tout au long de l'année 2024 et amplifieront les bénéfices que les Françaises et les Français peuvent retirer du sport à titre individuel comme collectif.