Déclaration de Mme Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État chargée de la citoyenneté et de la ville, sur le plan "Marseille en Grand", à Marseille le 24 novembre 2023.

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Circonstance : Réunion stratégique dans le cadre de l'accélération du plan Marseille en Grand

Texte intégral

Monsieur le Préfet de Région,
Messieurs les Préfets et membres du corps préfectoral,
Monsieur le Recteur,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire, cher Benoit,
Madame la Présidente, chère Martine,
Monsieur le Vice-Président représentant le Président de la Région Sud, Cher Ludovic,
Mesdames et messieurs les Présidents,
Mesdames et messieurs les directeurs généraux,


Le 2 septembre 2021, depuis le palais du Pharo, le Président de la République prononçait un discours fondateur, qui allait faire date : celui qui faisait naître le plan "Marseille en Grand". Pour la première fois dans une telle ampleur, l'Etat se mettait au chevet de la ville de Marseille.

Marseille c'est deux fois et demi la superficie de Paris ;
C'est deux fois la population de Lyon ;
C'est 300 000 habitants de plus entre 1946 et 1975 ;
C'est le dernier dispensaire de Médecins du Monde en France à quelques centaines de mètres du Vieux Port ;
C'est le quartier le plus pauvre d'Europe avec Saint Mauron ;
C'est aussi la plus ancienne Chambre de Commerce et d'Industrie de France ;
C'est la plus grande Université francophone du monde ;
C'est le premier musée de France consacré aux civilisations méditerranéennes ; 
mon cher Pierre-Olivier ;
C'est le premier port de commerce de France ;
C'est la moitié de sa population qui a moins de 30 ans.

Marseille est une ville hors norme et c'est pour cela que le Président de la République a voulu faire, Marseille en Grand.


Laissez-moi vous rappeler quelques chiffres pour vous redire ce qu'est Marseille en Grand. Vous le savez déjà mais il me parait important que chacun prenne bien conscience de l'ampleur inédite de ce plan.

Marseille en Grand, cela représente un soutien financier de l'État de 5 Md€, avec plus de 15 Md € de retombées en matière d'investissements.

Il concerne toutes les dimensions de l'action publique : sécurité, écoles, logement, culture, transports, ou encore santé.

Il nous fallait agir sur toutes ces dimensions pour transformer Marseille.

Plus de deux ans après l'annonce de ce plan, beaucoup a déjà été fait.

Concernant la sécurité, l'objectif de 300 agents supplémentaires est atteint et les deux compagnies de CRS sont pérennisées.

Plus de 2 500 caméras individuelles ont été livrées aux policiers sur le terrain.

Le développement de la vidéo-protection doit encore s'accélérer, notamment grâce à une étroite collaboration avec la ville de Marseille.

En matière de transport, la signature d'un protocole a permis de débloquer 1 milliard d'euros pour des projets qui améliorent concrètement le quotidien des Marseillais : l'automatisation du métro, la création de 7 lignes de tramway, 4 lignes de bus à haut niveau de service et de 4 pôles d'échanges multimodaux.

Madame la Présidente, chère Martine, c'est l'essence même de cette Métropole de projets que tu pilotes depuis 5 ans.

Près de 240 millions d'euros ont été prévus par l'Etat pour soutenir l'APHM, permettant notamment l'ouverture de la Maison des femmes. La livraison est prévue pour le premier trimestre 2024. C'est un projet vraiment symbolique de ce que l'on sait faire quand nous sommes tous réunis.

La première phase de travaux pour la reconstruction du SAMU a démarré avec une livraison prévue pour fin 2025. Je tiens à saluer l'engagement sans faille de la Région sur ce sujet qui tient particulièrement à cœur de son Président.

Pour les écoles, nous avons prévu de rénover les 188 sites les plus délabrées.

Des moyens financiers et techniques hors du commun sont mobilisés.

Ainsi, 1 milliard d'euros de l'Etat, dont 400 millions d'euros de subvention y seront investis.

La société publique des écoles marseillaises a été créée en février 2022 pour s'assurer de la réalisation de ces travaux.

Monsieur le Maire, cher Benoit, tu as fait de ce sujet une priorité politique. Sache que tu trouveras toujours l'Etat à tes côtés pour le faire avancer, au bénéfice de tous les jeunes marseillais.

Pour la culture, 22,5 millions d'euros ont été injectés pour plusieurs projets favorisant le rayonnement culturel de Marseille : la Cinéfabrique, l'antenne Cinémathèque Française, le pôle Média de la Belle de mai ou encore la base logistique.


Mes chers amis, il serait trop long et fastidieux de faire la liste de tous les projets qui ont été lancés.

Ce ne sont pas que des effets d'annonces sans lendemain.

Nous ne pouvons plus faire comme avant : annoncer des millions et des milliards sans que les marseillais en voient la couleur. Il en va de la crédibilité de l'action publique. La vôtre et la mienne.

Marseille en Grand, ce sont des engagements concrets qui produiront des effets concrets sur la vie des habitants. C'est ce qui m'importe.

Aujourd'hui, la quasi-totalité des projets annoncés ont été engagés. Et nous pouvons nous en féliciter collectivement.

Mais des projets engagés, ça ne veut pas dire des projets achevés ou même des projets qui avancent à un bon rythme.

Je ne distribuerai pas aujourd'hui les bons et les mauvais points. Il n'y a qu'un arbitre, et c'est le Président de la République.

Mais le bilan du Plan Marseille en Grand sera collectif. Soit on gagne tous ensemble, soit on perd tous ensemble. Mais si on perd, ce sera surtout Marseille, notre ville de cœur à tous, et ses 870 000 habitants qui seront les réels perdants.

Arrêtons-nous quelques instants et regardons vers un passé récent.

Des rendez-vous manqués entre l'État et Marseille, il y en a eu. Je vous rassure, je ne remonterai pas jusqu'à la ville sans nom sous la Révolution. Regardons simplement au cours des vingt dernières années. Et n'y voyez pas de malice partisane de ma part.

Souvenons-nous simplement que les premières lignes de tramway réalisées sous la mandature de Jean-Claude Gaudin et de Renaud Muselier n'ont obtenu que 60 millions d'euros d'aides de l'Etat pour un projet de près de 800 millions d'euros.

Souvenons-nous aussi des promesses du Premier Ministre de l'époque en 2013 qui annonçait 2,5 milliards d'euros pour Marseille. Une grande partie de cette somme était destinée aux travaux de la gare Saint Charles. Les études commencent à peine maintenant, 10 ans après.

Deux ans et deux mois après le discours fondateur du Président de la République, force est de constater que nous devons aller plus vite, plus loin, plus fort. Si vous me permettrez de filer la métaphore sportive à moins de 250 jours des Jeux olympiques.


Voici donc venu le temps l'accélération de Marseille en Grand, qui est la raison principale de ma présence parmi vous aujourd'hui.

Nous devons désormais accélérer partout, pour réduire les inégalités et améliorer le cadre de vie. Il y a urgence. Nous devons poursuivre et amplifier les efforts déjà fournis.

Un plan d'une telle ampleur, d'une telle ambition, doit être porté et suivi sur le long-terme pour produire pleinement ses effets.

En matière de sécurité, le Président de la République a annoncé la création d'une compagnie de CRS de type CRS-8 et le renforcement des moyens humains et matériels d'enquête.

Pour le secteur de la santé, une aide additionnelle de 240 millions d'euros sera attribuée à l'APHM pour garantir sa trajectoire financière, portant le soutien de l'Etat à 479 millions d'euros.

Sur le volet mobilité, le Président de la République a annoncé le doublement de la part de subvention de l'État, de 256 millions d'euros à 500 millions d'euros.

Un premier temps fort de l'accélération de Marseille en Grand sera la réunion du GIP Mobilités dès le mois de janvier. Il permettra de valider un plan d'actions pour les 18 prochains mois.

Pour le volet éducation, un deuxième temps fort de l'accélération de Marseille en Grand sera la réunion d'un comité de pilotage général de la Société des écoles de Marseille. Nous devons l'ouvrir aux élus et aux parents d'élèves. Nous aurons ainsi une perspective claire sur les travaux engagés et à réaliser.

Si vous me le permettez, j'aimerais m'attarder sur le logement. Le constat est hélas partagé : notre pays connaît une crise du logement et Marseille n'est pas épargnée. Elle est même particulièrement impactée. Se loger dignement et à un coût abordable à Marseille relève encore trop souvent du parcours du combattant.

L'agence nationale de rénovation urbaine déploie ici à Marseille son plus grand chantier de France.

Dix projets ont été validées en mars 2023 pour un montant total de travaux de 2,5 milliards d'euros.

650 millions d'euros de subvention sont apportés par l'ANRU.

Cette somme a doublé par rapport au premier plan de rénovation urbaine des années 2000-2010.

Pour avoir un ordre de comparaison, cela représente la moitié des subventions dévolues à l'ensemble des projets ANRU de Seine Saint Denis.

Les travaux sur les 10 sites devront être engagés avant 2026, au risque de voir l'argent remonter à Bercy. Ça serait une catastrophe pour la crédibilité de notre ville et pour les habitants de ces quartiers qui n'en peuvent plus.

Des premières réunions de concertations se sont tenues à Air Bel, à La Bricarde à La Castellane, à Corot ces derniers jours.

Depuis quelques semaines, l'Etat et l'ANRU assure un copilotage resserré sur ce sujet. Au-delà des moyens financiers exceptionnels, des moyens humains sont aussi déployés avec le financement de 25 postes.

Un troisième temps fort de cette accélération sera donc la réunion d'une revue de projets complète au début de l'année 2024. Seulement 3 mois après celle de la rentrée. Il est indispensable de garder un rythme soutenu. Nous le devons aux habitants.

Pour lutter contre les copropriétés dégradées, l'établissement public foncier régional sera mobilisé plus fortement à Marseille. Le travail avec la société publique locale d'aménagement du centre-ville est bien avancé. J'en remercie David Ytier, son Président, pour sa ténacité depuis près de 5 ans.

L'EPF pourra également se mobiliser pour des acquisitions foncières en vue de la construction de logements. Je remercie d'ailleurs son président, Nicolas Isnard, maire de Salon de Provence et Vice-Président de la Région Sud.

Vous l'avez compris, le logement est aujourd'hui la première priorité du Plan Marseille en Grand.

Nous devons mobiliser et renforcer tous les outils qui sont à notre disposition.

C'est pourquoi, nous allons également étendre le périmètre de l'Etablissement public d'aménagement et de l'Opération d'intérêt national d'Euroméditerranée.

Nous sommes partis d'un constat. La production de logements, notamment sociaux, s'est maintenue dans le périmètre d'Euroméditerranée alors qu'elle est en chute libre partout ailleurs.

Cela est dû à la fois à sa gouvernance partagée efficace. Je salue d'ailleurs Laure-Agnès Caradec pour sa diplomatie et sa parfaite connaissance du territoire. Mais cela est aussi dû à la délivrance des autorisations d'urbanisme par l'Etat.

Nous définirons ensemble, dans les prochaines semaines, ce nouveau périmètre avec toutes les parties prenantes.

Bien sûr, tout n'est pas simple. J'entends celles et ceux qui me disent : « cela ne va pas assez vite ! ». Le Président de la République lui-même avait été interpelé lors de la séquence à la Busserine.

Mais sur l'ensemble de la ville, ce n'est pas l'État qui a la compétence pour délivrer des permis de construire. Et là, permettez-moi de m'adresser à monsieur le maire de Marseille, cher Benoît : accélérerons !

Je sais que vous avez pris conscience du problème et que vous déployez des efforts en la matière.

Nous connaissons trop les conséquences directes d'un manque de délivrance de permis de construire. Le rattrapage doit se faire de manière beaucoup plus puissante. Des gens dorment dehors actuellement. Il faut des logements sociaux partout, au sud comme au nord de la ville.

L'Etat s'est massivement engagé : maintenant c'est aux collectivités de s'y mettre !

Il y a un dernier volet sur lequel nous souhaiterions accélérer, c'est celui du développement économique et du plein emploi.

Le Président de la République l'a rappelé cette semaine, si nous avons créée près de 2 millions d'emplois depuis 2017, le taux de chômage est encore à 7% dans notre pays. Et à près de 10% à Marseille.

Nous soutiendrons et nous labelliserons des projets créateurs d'emplois et de formations. 1 habitant sur 4 à Marseille a moins de 20 ans. C'est l'avenir de notre ville qui est en jeu.

L'avenir de cette jeunesse sera aussi construit par notre université. Cher Eric, je sais pouvoir compter sur l'excellence académique de tes formations et sur le rayonnement qu'elles apportent à notre territoire.

La nouvelle cité judiciaire, annoncée par le Garde des Sceaux Eric Dupond Moretti pour plus de 350 millions d'euros, ouvre des perspectives pour la redynamisation du centre-ville. Nous serons là aussi au rendez-vous aux côtés des acteurs économiques du territoire, mon cher Jean-Luc. Je sais pouvoir compter sur l'ensemble des personnes présentes aujourd'hui à commencer par la Région qui est compétente sur le développement économique.

L'argent est là :

- 1 milliard d'euros pour les écoles
- 1 milliard d'euros pour les transports
- 650 millions d'euros pour la rénovation urbaine

Les outils techniques et juridiques sont là :

- Un établissement public d'aménagement
- Une opération d'intérêt national
- Deux sociétés publiques locales d'aménagement d'intérêt national
- Un groupement d'intérêt public

Bien sûr, vous pourrez toujours compter sur mon engagement sans faille au quotidien pour mener à bien ce plan et changer la vie des Marseillais, Nous le devons aux Marseillais.

A ce titre, les Marseillais doivent pouvoir identifier ce plan et s'approprier ses réussites. C'est tout le sens du logo que vous découvrez aujourd'hui. Je remercie le designer Ora-Ito qui l'a imaginé et conceptualisé.

Pour terminer, j'aimerais prendre un peu de hauteur.

J'ai eu l'occasion d'égrener devant vous les nombreux projets lancés dans le cadre de Marseille en grand et les moyens financiers massifs que nous lui allouons.

Mais je souhaite remettre tout ceci en perspective et vous rappeler la chose suivante : jamais l'Etat, dans l'histoire de notre pays, n'avait décidé, en dehors de circonstances exceptionnelles, d'investir autant d'argent dans une ville.

Le Président de la République en a confié la supervision au Ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer et a nommé une Secrétaire d'Etat spécialement chargé de son instruction.

C'est tout simplement inédit et je vous invite à saisir ces opportunités offertes par ce plan. Vous avez l'occasion d'écrire les plus belles pages de l'histoire de Marseille au XXIe siècle, ne ratez pas cette occasion.

J'aurai pu terminer par quelques mots de Marcel Pagnol pour décrire notre amour de Marseille, mais je préfère les magnifiques mots de Schopenhauer dans son Journal de voyage : "je suis convaincu que Marseille est la plus belle ville de France. Elle est tellement différente de toutes les autres".

C'est bien parce que Marseille est à part que Marseille ne peut être que grande. 
C'est l'ambition que nous portons pour notre ville. 
C'est l'ambition du Président  de la République pour sa ville de cœur.


Source https://gomet.net, le 30 novembre 2023