Message de M. Emmanuel Macron, président de la République, à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre 2023.

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Chaque jour, des femmes subissent l'oppression, les sévices, l'emprise.

Chaque jour, des coups sont donnés et des vies sont détruites.

Cette persistance de la violence faites aux femmes n'est pas une fatalité.

Nous pouvons y mettre fin.

Nous devons y mettre fin et nous allons le faire.

Depuis 2017, je me suis engagé pour l'égalité entre les femmes et les hommes, Grande cause renouvelée.

C'était la Grande cause du premier quinquennat.

Ce fut et c'est encore la Grande cause du deuxième quinquennat.

Grande cause, donc, pour l'égalité entre les femmes et les hommes, et contre toutes les formes de violence.

Le mouvement MeToo est venu libérer la parole des femmes.

Des victimes ont osé témoigner pour dénoncer des agressions commises au travail, dans la rue, à la maison, dans les transports en brisant les tabous et la loi du silence.

Le courage de toutes ces femmes nous oblige.

Avec le Grenelle des violences faites aux femmes, nous avons changé de dimension.

Nous avons alors lancé des actions dans tous les domaines pour ce combat contre les violences conjugales, en sensibilisant professionnels comme grand public, en protégeant les victimes, en sanctionnant aussi les auteurs avec beaucoup d'actions concrètes qui ont été conduites.

Jamais notre Nation n'avait consacré autant de moyens à cette cause impérieuse.

Pour que chaque victime puisse être entendue, les horaires du 3919 ont été élargis, en faisant 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.

La mise en place de la plateforme numérique d'accompagnement des victimes a déjà permis de recueillir plus de 50 000 signalements.

Il est aussi plus simple de déposer une plainte, y compris en dehors des commissariats, avec les dispositifs qu'on appelle « hors les murs ».

Parce qu'un parole qui se libère doit être recueillie dans l'écoute et le respect le plus strict, nous avons mené un effort sans précédent en matière de formation de nos policiers et de nos gendarmes.

L'ensemble des élèves policiers et gendarmes sont ainsi formés à l'accompagnement des victimes.

C'est aussi une action de terrain, avec plus de 2 600 enquêteurs dédiés, 4 000 d'ici 2027, des brigades de protection de la famille et, pour mieux protéger les victimes et mettre hors d'état de nuire les auteurs, plus de 4 500 téléphones " Grave danger " sont déployés et 1 000 bracelets anti-rapprochement sont actifs.

Le secret médical est désormais levé en cas de danger immédiat pour la victime.

Il n'y a jamais eu autant de condamnations, elles ont doublé entre 2017 et 2022.

Pour mieux accompagner les victimes, plus de 10 000 places d'hébergement d'urgence dédiées ont été créées, et chaque département sera doté d'une structure de prise en charge sanitaire et sociale pour ses victimes.

Ces efforts on porté leurs fruits.

Ils ont permis la libération de la parole, la mobilisation et la coordination de tous.

Mais nous n'aurons de cesse de poursuivre nos efforts.

244 000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées cette année par les forces de sécurité.

C'est deux fois plus qu'en 2017.

Ces chiffres traduisent bien sûr l'expression plus libre de la parole des femmes.

C'est une bonne chose, mais il n'en reste pas moins que 118 femmes sont mortes des mains de leur conjoint en 2022.

Je pense avec émotion à chacune d'entre elles, à leurs enfants, à leur famille, à leurs proches.

Ce sont à chaque fois des drames inadmissibles pour la République.

Ils font violence à notre conception de l'humanité, de la dignité et à nos idéaux.

Ils sont, pour chacun, des motifs d'indignation, de deuil et, pour les responsables publics, une obligation d'agir.

C'est pourquoi, au-delà de tout ce que nous avons fait ces dernières années ensemble, nous devons aller plus loin, plus fort et je veux m'engager devant vous aujourd'hui pour que nous renforcions encore la manière dont nous prévenons, dont nous réprimons, dont nous aidons les victimes.

Les prochaines semaines marqueront la réalisation d'engagements importants.

D'abord, et je m'y étais engagé auprès de vous, le fichier de prévention des violences intrafamiliales se déploiera dès janvier prochain.

Il permettra aux acteurs de terrain, aux forces de l'ordre, aux acteurs judiciaires d'améliorer la connaissance et le suivi des auteurs de violences conjugales et la prise en compte des signaux faibles, et ainsi une meilleure garantie de la sécurité des victimes.

Ensuite, tous les tribunaux judiciaires auront désormais des pôles spécialisés, qui traiteront en transversalité les dossiers de violences intrafamiliales, tant sur le plan civil que pénal, avec un dossier unique et des audiences dédiées, cela à compter du 1er janvier 2024.

Enfin, à compter du 1er décembre, une aide financière d'urgence sera versée par les CAF pour permettre aux victimes de violences conjugales de faire face aux dépenses urgentes en cas de mise à l'abri ou de séparation.

Nous expérimentons un pack Nouveau départ pour offrir à chaque femme victime un interlocuteur unique, à même de coordonner les intervenants sociaux et d'offrir une réponse totalement adaptés à ses besoins.

La société est en train de changer dans le bon sens.

Dans ses représentations, dans ses comportements et dans ses tabous.

Nous pouvons bâtir un pays où la vie des femmes soit enfin exempte de cette forme de brutalité, d'oppression que trop d'entre elles connaissent ou ont connue.

Ceci ne se fera qu'au prix d'une action sans relâche, que nous parviendrons tous ensemble à déployer. C'est la condition pour éradiquer ce fléau.

C'est une oeuvre d'éducation, de sensibilisation, de mobilisation, de réaction et d'action, qui est constamment nécessaire pour l'édification des générations à venir et pour en finir avec ce drame terrible de notre société.

En la matière, au nom de nos principes, dès à présent, la République est tenue par une impérieuse nécessité de résultats.

C'est ce pourquoi, au-delà de tout ce que nous avons fait, des résultats que nous avons déjà obtenus, nous n'avons pas le droit de rester simplement à ce stade. Nous devons continuer d'avancer, d'être plus exigeants, d'être plus protecteurs et de mieux prévenir.

Voilà.

Nous continuons et nous ne lâcherons rien.