Déclaration de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur les inondations dans le Pas-De-Calais et la gestion des catastrophes naturelles, à Saint-Omer le 14 novembre 2023.

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Circonstance : Déplacement dans le Pas-De-Calais à la suite des intempéries exceptionnelles

Texte intégral

Je veux vraiment, aux côtés de mon épouse et des ministres, vous remercier.

Merci Monsieur le Préfet pour le point très précis qui a été fait. 
Merci au président du Conseil régional et au président du conseil départemental pour leurs propos extrêmement clairs.


Je vais d'ailleurs tout de suite essayer d'y répondre. Moi, je veux vraiment avant toute chose, vous remercier, remercier l'ensemble des services de l'État. Monsieur le préfet, Monsieur le préfet de région et avec vos sous-préfets évidemment nos sapeurs-pompiers, nos pompiers et les renforts nationaux, remercier nos gendarmes et nos policiers qui ont été mis à contribution et puis la solidarité extraordinaire avec les collectivités territoriales, la protection civile et qui est venue en appoint ainsi que l'ensemble des bénévoles, la Croix-Rouge, toutes les associations qui sont venues là et l'ensemble de celles et ceux qui ont permis depuis le début de ces inondations et de cette tempête, d'être aux côtés de la population et d'avancer.

Je veux également remercier les élus parce que je sais combien vous êtes, aux côtés des vôtres. Prenant aussi la pression, la fatigue maintenant qui s'installe et vous remercier de la formidable solidarité dont vous avez fait preuve, remercier vos équipes. On ne lâchera pas et si je suis parmi vous aujourd'hui, c'est aussi pour vous remercier et vous dire notre reconnaissance et le soutien de la nation tout entière.

Je remercie également voies navigables de France qui a joué un rôle important avec l'ensemble des acteurs et qui continuera à en jouer pour permettre d'évacuer.

Alors maintenant, si je suis là, je le disais, c'est pour vous dire notre solidarité, notre soutien. Elle va se traduire dès cet après-midi par le classement de toutes les communes qui l'ont demandé en catastrophe naturelle. Donc, il y en a 214 sur le département et une trentaine dans le Nord, toutes celles qui l'ont demandé à date, je le dis et ce sera publié donc au J.O de demain. Évidemment, il peut y en avoir d'autres après qui viennent et donc c'est un dispositif très souple et qui gardera toute sa souplesse dans les jours et les semaines qui viennent. Donc ça, cela ce sera fait et c'est dès aujourd'hui.

Ensuite, évidemment, les assureurs sont mobilisés. On aura des dispositifs de soutien et merci du fonds qui est mis en place, je pense que c'est très pratico-pratique. Et on va mettre en place des dispositifs pour accompagner les collectivités locales qui vont en soutien de la population, et on a la garantie en effet de nos assureurs. Madame LUSTMAN sera avec vous dans un instant, sur la réactivité, les dispositifs de soutien, les mécanismes exceptionnels qu'on met en place.

Deuxièmement, on a pris la décision immédiate de mettre en place un fonds de soutien. C'est le début, mais pour amorcer pour les collectivités, de 50 millions d'euros qui, de manière exceptionnelle, permet de faire face aux premières dépenses. Évidemment, on aura à chiffrer ensuite tout ça et à améliorer les choses. Ensuite, donc ce fonds, c'est un fonds d'urgence qui vient en plus de ces dispositifs et lui aussi il sera évolutif.

La troisième chose, c'est pour nos agriculteurs. Ça a été dit, le Ministre rentrera dans les détails tout à l'heure. Évidemment, on va activer le dispositif qu'on a créé il y a maintenant quelques mois, calamités agricoles, qui va permettre d'accompagner et de compenser. Mais pour le faire non seulement avec souplesse, mais pour faire face aux circonstances un peu exceptionnelles, on va mettre en place, sur la base des propositions du ministre, un fonds exceptionnel de soutien qui va d'ailleurs valoir pour les inondations, mais aussi les différentes tempêtes qu'on a eues, qui vaudra pour votre département, enfin pour la région Normandie et la région Bretagne, parce qu'on voit bien qu'on a un sujet particulier. Et donc là, on va les calibrer et on va accompagner nos agriculteurs de manière exceptionnelle, soit pour les besoins en investissements, soit pour les pertes d'exploitation et de production. On est à la charnière, on le sait, pour certaines récoltes. Et donc là, on aura accompagné. On va aussi le faire de manière très souple.

Troisième élément, vous l'avez demandé, les mécanismes qu'on a mis en place en effet dans la Roya, on va les adapter. C'est un des mêmes problèmes qu'on a ici. Mais oui, on a besoin de souplesse et de rapidité. Et donc, ce qu'on a appris là-bas et dans notre territoire, on va l'appliquer à votre territoire et à ceux qui ont été frappés par ces événements : des dérogations, la simplicité, comme je le disais tout à l'heure, pour le curage en particulier et tous les travaux qui sont à faire parce qu'on a aujourd'hui des règles qui ne sont pas adaptées de toute façon, je dirai, elles ne sont même pas adaptées en temps de paix, a fortiori elles ne sont pas adaptées en temps de crise. Donc ça, on va les inscrire et prendre des mécanismes à part. Et je pense, c'était suggéré par Monsieur le maire de Saint-Omer de pouvoir réfléchir aussi aux meilleures pratiques européennes. Nos amis belges ont exactement les mêmes difficultés. J'avais ce matin le premier ministre qui sera sur le terrain cet après-midi chez lui. Mais c'est vrai que les Néerlandais et d'autres ont mis en place des techniques de dragage, de conduite à la mer qui sont innovantes, dont on peut peut-être s'inspirer.

Mais moi, je veux déjà ici saluer, vous le rappeliez président, le travail qui a été fait ces 20 dernières années. Parce que si après 2002, vous n'aviez pas fait au niveau local, tout ce qui a été fait, ça aurait été absolument terrible et bien pire. Donc là, on va encore apprendre de cette crise. L'idée, c'est de pouvoir faire vite, au mieux et en effet d'en tirer les leçons et de tirer les leçons de ce que font les voisins. Il y a deux choses : on a appris les leçons de post 2002. Ça a été votre travail collectif et on a appris les leçons post-Lubrizol, ça a été France Alerte et le dispositif qui a aussi permis, là encore, de sauver beaucoup de vies. Et en ce moment même, le directeur général m'en faisait état. On est en train de mettre en place des techniques de pompage qu'on n'avait jamais utilisées dans notre histoire de la sécurité civile. Et donc, cette crise est en train de nous apprendre aussi collectivement de nouvelles choses. Voilà les quelques réponses de court terme que je voulais apporter sur le monde économique. La ministre va tenir tout de suite une table ronde avec l'ensemble des acteurs. Là aussi, on va mettre en place des mécanismes avec l'Urssaf, avec des reports de charges, avec des mécanismes de reports d'échéances fiscalo-sociales. Et je tiens à le dire ici aussi parce qu'on avait quelques entreprises importantes qui avaient déjà des difficultés avant les inondations, qu'on sera là en soutien pour ne pas que ces événements viennent fragiliser et l'entreprise et les salariés, qu'il y a une angoisse qui s'ajoute.

Voilà les quelques éléments que je voulais apporter en réponse à ce qui avait été dit. Mais dans ces moments-là, je sais combien la fatigue s'installe parce-que c'est long, ça dure. On va encore avoir beaucoup de pluie aujourd'hui et cette nuit. Et donc, ça va créer un peu un découragement, je le sais, chez certains, dans certaines familles, donc il faut tenir dans ces heures. Ce qui nous est quand même indiqué, c'est que la deuxième partie de semaine nous laisse amorcer quand même un calme qui va revenir. Mais on le sait, dans certains endroits, la décrue va mettre du temps. Il y a plusieurs jours, le moral est déjà éprouvé, qu'il y a une fatigue qui s'est installée dans les équipes, chez les élus, dans les familles. Et donc, c'est aussi pour ça que je suis à vos côtés. Il faut tenir. On va mettre en place tout ce qu'on peut pour pomper, pour aller au plus vite vers le retour à la normale. On va mettre en place des mécanismes exceptionnels pour accompagner les familles, le monde économique. Mais dans ces heures-là, il faut vraiment tenir et garder le moral. Et je vous transmets toute l'énergie, la force, le soutien et l'affection de la nation. Merci à vous.