Interview de Mme Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé et des solidarités, à CNews et Europe 1 le 17 janvier 2024, sur le projet de loi sur la fin de vie.

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Média : Europe 1 - CNews

Texte intégral

SONIA MABROUK
Et place donc à « La Grande Interview » sur CNews et Europe 1. Bienvenue et bonjour Catherine VAUTRIN.

CATHERINE VAUTRIN
Bonjour Sonia MABROUK.

SONIA MABROUK
Merci de votre présence. Merci aussi de nous accorder votre première prise de parole. Vous êtes la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. C'est un ministère XXL, incluant, Madame la Ministre, des domaines très importants, avec de fortes implications pour les Français qui nous écoutent sur Europe 1 et nous regardent sur CNews. On va beaucoup insister sur cela, évidemment. Et puis, on va essayer de mieux vous connaître, c'est peut-être la première fois que certains Français vous découvrent ou écoutent votre voix. Mais tout d'abord, Catherine VAUTRIN, au lendemain de la conférence de presse du président de la République, les oppositions de droite, comme de gauche, ont dénoncé beaucoup de bavardages, un cap qui n'est pas clair à leurs yeux. Le président, lui, a voulu réarmer son quinquennat, avec une phrase, en particulier : pour que la France reste la France. Qu'est-ce que la nouvelle ministre, que vous êtes, a compris de cette phrase et de ce cap ?

CATHERINE VAUTRIN
Vous savez, hier soir, le président de la République a été extrêmement clair, rendre la France plus forte, rendre la France plus juste. C'est dire s'il y a cette volonté de donner à notre pays la place qui est la sienne, et surtout, de donner à nos concitoyens ce message, tellement important, qui est celui d'être en capacité de travailler sur les sujets qui sont les sujets de l'ensemble des Français. En d'autres termes, la France des proximités, pour être très concrète, et le ministère dont j'ai l'honneur d'être en charge aujourd'hui, est précisément une déclinaison très concrète. Vous l'avez vu, mon ministère va des tous les premiers jours de la vie jusqu'au tout dernier jour de la vie, avec des sujets qui préoccupent chacun d'entre nous, bien évidemment, la santé, ce capital, qui est un capital qu'il faut, à la fois , prévenir, c'est-à-dire faire de la prévention, le garder, et chacun est propriétaire de son capital quelque part, et puis, bien évidemment, le soin, la France soigne très bien. Evidemment, toute la partie des métiers du social, du médico-social, et le travail dans sa grande globalité. Quand vous vous êtes occupé de votre travail, de votre famille et aussi bien de vos enfants que de vos parents, et quelquefois, de celles et ceux qui sont en situation de handicap, vous avez déjà touché beaucoup des sujets de votre famille.

SONIA MABROUK
On va en parler. Donc vous retenez le cap de la proximité, et aussi le mot qu'on a beaucoup entendu, de l'ordre de l'autorité. Et là, je m'adresse à la personnalité que vous êtes issue de la droite, avec des convictions, je suppose, qui viennent de cette partie de l'échiquier politique. Le président a donc insisté, Catherine VAUTRIN, sur les plus jeunes avec l'uniforme à l'école, l'instruction civique, la Marseillaise dès la primaire, et l'autorité plus largement. Le tout pour une véritable école de la République. Les mots peuvent sonner juste, Catherine VAUTRIN. Mais pourquoi tout cela n'a pas été fait avant ? Est-ce que vous, vous croyez vraiment, et avec votre entrée, que ce qui vient d'être énoncé hier va désormais être fait ?

CATHERINE VAUTRIN
Est-ce que vous vous souvenez que nous sortons d'une crise qu'aucun pays dans le monde n'avait connue, que tous les pays du monde ont connue aujourd'hui, qui est celle de la Covid. Et si vous regardez ce qui s'est passé, notamment dans le premier quinquennat du Président de la République, le sujet, ça a été celui-là, et gérer – et je prends le dernier – et gérer cette fameuse crise qui était du jamais vu, il n'y avait pas de modèle, et la France a été au rendez-vous aussi bien sur…

SONIA MABROUK
Après du retard à l'allumage sur beaucoup de sujets…

CATHERINE VAUTRIN
Mais permettez-moi de vous dire que, aujourd'hui, quand vous discutez avec les entreprises, elles vous disent toutes que s'il n'y avait pas eu l'accompagnement qu'il y a eu, elles ne se seraient pas relevées. Et quelque part, déjà, avoir cette capacité à investir sur ce sujet avec des accompagnements, comme par exemple le PGE, qui a permis, vous savez, moi, je suis une élue de territoire, je suis élue à Reims, un territoire proche de Paris et avec de nombreuses activités, et j'ai vu ces entreprises, et la façon dont ces aides les ont aidées à continuer, comment nos concitoyens ont, grâce à cela, permis de connaître leur emploi. Et aujourd'hui, ce que nous voyons de façon très concrète, c'est qu'après une grande période de chômage de masse, nous avons une évolution des chiffres de l'emploi qui est tout à fait importante. Derrière…

SONIA MABROUK
On va en parler, pour arriver à l'objectif de plein emploi, le chemin est encore long…

CATHERINE VAUTRIN
Mais on va y aller.

SONIA MABROUK
Mais qu'est-ce que vous nous dites de la méthode ? Ça veut dire quoi, qu'il y a une adaptabilité, c'est ça la méthode d'Emmanuel MACRON ? Il a finalement peut-être posé le bon diagnostic, et il va y répondre ?

CATHERINE VAUTRIN
Mais aujourd'hui, le président de la République, à juste titre, il l'a rappelé dans des mots très forts hier soir, la France appartenir, faire nation, c'est un élément clé. Comment est-ce que l'on fait nation ? On se retrouve sur un certain nombre de valeurs. Ces valeurs, c'est notre histoire, et ce qui a été expliqué hier soir, c'est la nécessité, dont vous faisiez allusion, par exemple, à l'instruction civique, d'où la nécessité, par exemple, qu'effectivement, les enfants de notre pays, alors les tout petits, commencent par la Marseillaise, avec les symboles de la Marseillaise qui est notre hymne national, que, derrière, ils connaissent les grandes étapes qui nous permettent de nous retrouver, de nous reconnaître dans ce qu'est l'histoire de notre pays, derrière, évidemment, la place de l'école, dont on sait combien elle est importante aux côtés des parents. Nous sommes parents, nous savons combien, à la fois, nous sommes en charge de l'éducation de nos enfants, mais comment Il y a ce binôme, quelque part, avec l'ensemble des enseignants auxquels je rends hommage…

SONIA MABROUK
Mais Catherine VAUTRIN, j'imagine que tout cela résonne, et je dis à la femme politique de droite, vous l'êtes toujours, parce que la question est de savoir si en terrain Macroniste, on laisse ses convictions au vestiaire ?

CATHERINE VAUTRIN
Mais est-ce que vous n'avez pas l'impression que l'histoire du débat droite/gauche, c'est un peu démodé ?

SONIA MABROUK
Vous croyez qu'il n'y a plus aujourd'hui de convictions de droite et de gauche ?

CATHERINE VAUTRIN
Moi, je crois qu'aujourd'hui, il y a un socle de valeurs sur lesquelles les uns et les autres peuvent se retrouver. Et quand nous disions tout à l'heure que le président souhaitait rendre la France plus forte et plus juste…

SONIA MABROUK
Vous vous retrouvez totalement sur cela…

CATHERINE VAUTRIN
Je me retrouve parfaitement là-dessus, parfaitement.

SONIA MABROUK
Bien. Vous allez gérer, et rentrons davantage dans les contours de votre ministère, Catherine VAUTRIN, vous allez quand même gérer des réformes sensibles, l'AME, l'Aide Médicale d'Etat, l'exécutif a précisé qu'il y aura bien cette réforme, sans donner de calendrier, je le rappelle, soutenue et voulue par la droite. Mais de nombreux soignants y sont opposés. Quelle est votre méthode ? Comment vous allez mener cette réforme délicate avec, finalement, toutes les contestations possibles ?

CATHERINE VAUTRIN
Vous savez, moi, je vais commencer de façon extrêmement simple. J'ai rendez-vous avec Claude EVIN, je verrai bien évidemment Patrick STEFANINI, ils viennent de faire un rapport. Je ne fais pas partie de celles et ceux qui considèrent que les rapports servent à caler les étagères. Et donc, très concrètement, je vais commencer par prendre connaissance, il y a quatre jours que je suis là, je ne connais pas le rapport. Je vais prendre ce rapport, le regarder, discuter, échanger, et ma méthode sur l'ensemble d'ailleurs de ces domaines, c'est l'écoute, le dialogue et le respect. Je vais toucher de très nombreux sujets qui sont des sujets qui touchent à l'intime, quand on touche à l'intime, je crois que c'est extrêmement important, plus encore qu'ailleurs, qu'on sache écouter, dialoguer et respecter…

SONIA MABROUK
Et à la fin, décider. Vous allez devoir travailler sur des sujets dits sociétaux, vous en avez parlé, Catherine VAUTRIN, très importants, majeurs, je dirais, comme la fin de vie. Alors, de nombreuses voix s'inquiètent, Madame la Ministre, de votre position que vous n'avez pas d'ailleurs très clairement exprimée, peut-être la question ne vous a-t-elle pas été posée clairement sur le sujet de la fin de vie. Moi, je vais vous demander très directement : quelle est votre intime conviction sur ce sujet ?

CATHERINE VAUTRIN
Eh bien, je vais vous répondre tout aussi directement. Je vais vous dire que sur un sujet comme celui-là, il y a deux éléments, il y a un premier élément dont vous allez me dire qu'il est plus facile, qui est celui des soins palliatifs. Ça me semble une évidence, et on doit avancer rapidement sur le sujet. Il y a un deuxième sujet, on va l'appeler par son nom, c'est l'aide active à mourir. Là-dessus, je n'ai pas de difficulté personnelle à aborder ce sujet. Evidemment que nous devrons légiférer d'une main tremblante parce que sur des sujets aussi importants que celui-là, comme le disait Montesquieu, il faut être extrêmement vigilant. Pour autant, personnellement, je n'ai pas de difficultés. Notre société a évolué. Nous devons accompagner ces évolutions avec prudence, bien évidemment. Là encore, avec dialogue et respect.

SONIA MABROUK
Madame la Ministre, là, j'entends très clairement que vous dites que vous pourriez accompagner l'instauration d'une aide active à mourir en France, comme ce pourrait être envisagé par Emmanuel MACRON, alors que certains vous prêtent des positions disons plus conservatrices et une opposition à l'euthanasie.

CATHERINE VAUTRIN
Alors, je n'ai pas d'opposition, pour être extrêmement claire, et derrière…

SONIA MABROUK
Mais avez-vous une position ferme ?

CATHERINE VAUTRIN
Je vous le dis…

SONIA MABROUK
Ou elle peut évoluer ?

CATHERINE VAUTRIN
Non, je vous dis très concrètement que je n'ai pas de difficulté à aborder ce sujet. Derrière, je dis immédiatement qu'un sujet comme celui-là devra être extrêmement précis. Nous devrons travailler avec beaucoup d'écoute, beaucoup de réflexion, et bien évidemment, cadrer les choses. Je ne vais pas vous dire le contraire, mais je n'ai aucun problème à aborder ce sujet à titre personnel.

SONIA MABROUK
Beaucoup d'écoute pour rassurer ceux qui pourraient être inquiets. Il y a quand même une communauté médicale importante, c'est-à-dire que vous allez coconstruire quelque chose…

CATHERINE VAUTRIN
Mais c'est non seulement…

SONIA MABROUK
... Une sorte de projet de loi qui a été laissé par Agnès FIRMIN-Le BODO, qui a laissé une sorte de projet de loi…

CATHERINE VAUTRIN
Alors non seulement, il y a une communauté médicale, mais, il y a l'ensemble des Françaises et des Français, dans le respect des convictions des uns et des autres.

SONIA MABROUK
Catherine VAUTRIN, continuons sur votre parcours, vos convictions, elles sont importantes évidemment dans ce ministère…

CATHERINE VAUTRIN
Bien sûr.

SONIA MABROUK
Plusieurs critiques vous concernant ont trait à votre vote contre le mariage pour tous et votre participation à la Manif pour tous. Alors, on va être très clair, depuis, vous avez exprimé vos regrets, estimant, je cite, que vous aviez, et je vais reprendre votre phrase…

CATHERINE VAUTRIN
Vous allez lire le tweet…

SONIA MABROUK
Non, non, que vous aviez raté ce rendez-vous qui est devenu une évidence…

CATHERINE VAUTRIN
Oui, tout à fait...

SONIA MABROUK
Interrogé à ce sujet, c'est intéressant, le Premier ministre, Gabriel ATTAL a répondu : Catherine VAUTRIN est membre d'un gouvernement dont je suis à la tête. Chacun me connaît. Chacun sait qu'elle est ma vie. Rare allusion à la vie et à l'orientation sexuelle du Premier ministre. C'est lui-même qui le fait. Est-ce que pour vous, c'est de l'histoire ancienne ?

CATHERINE VAUTRIN
C'est effectivement une histoire qui date de 2013, pour être extrêmement précise, pour chacune et chacun de vos auditeurs et de vos téléspectateurs. Ce qui veut dire que, qui, dans cette société, je ne vais pas évidemment me permettre de vous interroger, mais, pour autant, qui, dans notre société, n'a pas, sur des sujets aussi personnels, aussi intimes, évolué dans les convictions qui sont les siennes ? Onze ans après, on voit les choses, mêmes tous, maintenant, on voit les choses différemment. Et je pense que c'est tout à fait important d'avoir le courage, je pense que c'est un acte de courage et d'honnêteté que de le dire. Et vous remarquez que je l'ai dit à un moment où je n'entrais pas au gouvernement, si tant est que quelqu'un puisse…

SONIA MABROUK
On vous aurait posé la question évidemment, d'avoir adapté votre réponse à votre nomination…

CATHERINE VAUTRIN
Voilà, donc vous remarquez que les choses ne sont pas d'hier. Et dans ma vie du quotidien, parce que c'est ça qui est le plus important, j'étais adjointe au maire, et je dis : j'étais, parce que je viens de démissionner…

SONIA MABROUK
La présidente du Grand Reims…

CATHERINE VAUTRIN
Et présidente du Grand Reims…

SONIA MABROUK
Je rappelle aussi, Catherine VAUTRIN, vous avez été ministre, vous avez une expérience ministérielle, le gouvernement RAFFARIN, le gouvernement VILLEPIN également…

CATHERINE VAUTRIN
Tout à fait. Pourquoi est-ce que je dis ça ? Tout simplement parce que, comme adjointe au maire, j'étais officier d'Etat-civil, et j'ai personnellement fait des mariages de personnes de même sexe, des amis, et des gens que je ne connaissais pas, quand, comme tout élu, le samedi, vous mariez. Donc je n'ai pas de difficulté sur le sujet, et je le redis, je crois que c'est une question d'honnêteté que de dire, oui, j'ai évolué.

SONIA MABROUK
Ecoutez, c'est bien d'entendre ce mot, honnêteté, il n'est pas souvent prononcé par les responsables politiques. Alors, continuons sur ce registre, si vous le voulez bien, Catherine VAUTRIN, parce que vos positions également... Là, nous sommes vraiment sur des sujets très importants…

CATHERINE VAUTRIN
Ah, complètement…

SONIA MABROUK
Majeurs, l'avortement. En 2017, alors que vous étiez députée, vous avez fait partie d'une liste de parlementaires qui avait demandé, pour résumer, je vais vite, au Conseil constitutionnel, de censurer une loi protégeant l'accès à l'avortement. Une question se pose dès lors, quid, Catherine VAUTRIN, du projet de faire rentrer l'IVG dans la Constitution, qui doit aboutir dans les prochaines semaines ? Est-ce que vous êtes à l'aise avec tout cela ?

CATHERINE VAUTRIN
Alors, je pense que vendredi matin, vous aviez d'autres choses à faire que de regarder les passations de pouvoirs. Mais…

SONIA MABROUK
Nous les avons suivies avec intérêt…

CATHERINE VAUTRIN
Mais pour autant, j'étais à Duquesne. Mes premiers mots, lorsque je suis entrée à Duquesne furent de rendre hommage à Simone VEIL. Simone VEIL était la présidente de mon comité de soutien lorsque j'ai mené une première campagne électorale à Reims. Aujourd'hui, nous sommes le jour du 49ème anniversaire de la loi Veil, 17 janvier 1975. Vous voyez, il a fallu un demi-siècle pour entrer, pour graver, en fait, dans notre Constitution l'avortement.

SONIA MABROUK
C'est vraiment nécessaire ? Il y a un danger aujourd'hui ? Faut-il constitutionnaliser cela ?

CATHERINE VAUTRIN
Moi, je pense que constitutionnaliser l'avortement, c'est une fois pour toutes et définitivement mettre en avant l'importance de ce que notre pays reconnaît, c'est-à-dire la légalisation. Alors, comme vous le savez, c'est un dossier, pour aller au fond, que je vais porter avec le Garde des sceaux, mais bien évidemment, je serai à ses côtés. Et on peut se revendiquer de cette femme qui a depuis toujours été mon modèle politique, lui rendre hommage 49 ans après. Vous imaginez qu'au-delà de l'hommage, il y a une émotion à laquelle je suis très attachée.

SONIA MABROUK
On va continuer avec des questions sur l'hôpital, c'est très important, Catherine VAUTRIN, d'abord, pour tous les Français et pour le personnel soignant…

CATHERINE VAUTRIN
Pas que l'hôpital, les déserts médicaux aussi…

SONIA MABROUK
Tout à fait, effectivement, dont a parlé le président hier. Il y a deux personnalités sous les projecteurs qui sont entrées dans ce gouvernement. Vous-même et Rachida DATI. Et la question que l'on se pose, puisqu'on parle d'honnêteté, c'est pour quelles contreparties ? On a appris ce matin que Rachida DATI sera bien candidate pour Paris, je ne sais pas ce que vous en pensez d'ailleurs, c'est une bonne chose ?

CATHERINE VAUTRIN
Ecoutez, moi, je n'ai pas d'avis, pour l'instant, je m'occupe du ministère qui est le mien. C'est déjà pas mal.

SONIA MABROUK
Pas de contreparties vous concernant ?

CATHERINE VAUTRIN
Moi, je n'ai strictement aucune contrepartie, le sujet, vous savez, c'est un honneur, je crois qu'il faut le redire, Sonia MABROUK, c'est un honneur que d'être au service des Français, quand vous êtes, vous savez, à la charge d'un ministère comme le mien, qui est celui du quotidien, vous l'avez dit à plusieurs reprises, l'hôpital, la santé des Français, aussi bien la médecine libérale que le médico-social, que l'hôpital, c'est un sujet de tous les jours. Je pense immédiatement à tous les soignants. Vous avez vu, ce matin, vous parlez tous de la neige et du verglas. Je connais, moi, les infirmières, qui, ce matin à 5h, ont pris leur voiture parce qu'elles sont allées voir les dialysés, parce que c'est ça la réalité de leur métier. C'est le cas de celles et ceux qui ont pris leur service à l'hôpital. Entre ceux qui sont partis en fin de nuit, ceux qui sont arrivés ; ce sont des métiers du présentiel, de l'accompagnement, et je pense que c'est ça qui les intéresse, c'est qu'allons-nous faire pour eux…

SONIA MABROUK
Ça, ça veut dire que c'est une vision qui n'est pas bureaucratisée. Le Président de la République a insisté sur la débureaucratisation hier de l'hôpital. Ça reste encore flou, mais, on sait que les tableaux Excel ont un peu pris le pouvoir à l'hôpital…

CATHERINE VAUTRIN
Non, ce n'est pas flou. Vous savez, la volonté du président de la République, c'est que, très concrètement, on apporte des réponses et qu'on rentre du temps médical. Qu'est-ce que ça veut dire rendre du temps médical ? Ça veut dire très concrètement qu'un médecin libéral, aujourd'hui, a effectivement beaucoup paperasseries, et on a besoin de son savoir-faire pour s'occuper de ses patients. Si on arrive à le décharger avec l'assistant médical, qui sera la personne qui va accueillir, qui est la personne qui peut peser et regarder ce qu'on appelle les constantes, eh bien, le médecin, lui, après, s'occupe de la partie strictement médicale. Et peut-être qu'au lieu de voir un patient, il en verra deux. Maintenant, il ne faut jamais oublier qu'un patient, ce n'est pas sur un tableur Excel, parce que selon la pathologie, le temps passé n'est pas forcément le même. Quant à l'hôpital, en une phrase, ce qui me paraît extrêmement important, c'est qu'il y a eu toute l'opération Ségur. N'oublions pas ce qui existe. Et aujourd'hui, pour l'hôpital, il y a effectivement des engagements financiers. Ces engagements financiers, il faut qu'ils deviennent réalité.

SONIA MABROUK
Eh oui, importants…

CATHERINE VAUTRIN
C'est vrai pour le médico…

SONIA MABROUK
Moi, j'entends un avertissement, il faut qu'ils deviennent réalité…

CATHERINE VAUTRIN
Non, mais ça veut dire quoi…

SONIA MABROUK
Vous attendez que ça vienne en monnaie sonnante et trébuchante.

CATHERINE VAUTRIN
Non, la monnaie sonnante et trébuchante, elle est là. Il faut que demain, on ait les constructions qui sont prévues. Il faut qu'on avance sur la rénovation des établissements, parce que ce n'est pas un sujet de budget aujourd'hui, c'est un sujet de réalisation. Et donc ce qu'il faut, c'est réaliser. Et n'oublions pas dans ce champ du médico-social, tout ce qui concerne le handicap, qui est un sujet absolument majeur, et qui fait le lien avec l'emploi. Parce que ce que demandent nos concitoyens, c'est le plus d'inclusion possible, c'est-à-dire l'accès à l'emploi, l'accompagnement. Vous voyez, des sujets vraiment très, très concrets.

SONIA MABROUK
Je vais conclure vraiment en quelques secondes, Catherine VAUTRIN, c'est quand même un parcours singulier que le vôtre. Et ce matin, les Français vous découvrent. Vous êtes la nouvelle ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, c'était en 2022, vous étiez quasiment Première ministre le temps d'un week-end. Et finalement, Emmanuel MACRON a choisi, second choix, Elisabeth BORNE, vous étiez Première ministre, vous êtes aujourd'hui ministre de la Santé, du Travail et des Solidarités.…

CATHERINE VAUTRIN
Mais vous savez, ce qui est important, c'est que je fasse ce que j'adore, c'est-à-dire, être au service de mes concitoyens et de notre pays.

SONIA MABROUK
Ce n'est pas de la langue de bois, parce que, généralement, les ministres…

CATHERINE VAUTRIN
Vous pouvez remarquer que j'entre dans mes sujets, et que mon sujet, comme le dirait le Président de la République : pas d'états d'âme, des états de service, c'est ce qu'attendent les Français, de l'autorité, de l'audace et de l'engagement.

SONIA MABROUK
Ce sera la méthode VAUTRIN donc.

CATHERINE VAUTRIN
Voilà.

SONIA MABROUK
Merci Madame la Ministre, merci d'avoir accordé votre première interview ce matin sur Europe 1 et CNews. A bientôt.

CATHERINE VAUTRIN
Merci à vous. A très vite.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 janvier 2024