Interview de Mme Prisca Thevenot, ministre déléguée, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement, à CNews - Europe 1 le 22 janvier 2024, sur le mouvement de contestation des agriculteurs, la fiabilité du diagnostic de performance énergétique (DPE) des logements, l'école et le Printemps des poètes.

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Média : CNews - Europe 1

Texte intégral

SONIA MABROUK
"La grande interview" sur CNews et Europe 1, bienvenue et bonjour Prisca THEVENOT.

PRISCA THEVENOT
Bonjour Sonia MABROUK.

SONIA MABROUK
Et merci de votre présence, vous êtes la porte-parole du Gouvernement, également en charge du Renouveau démocratique. Gabriel ATTAL reçoit donc aujourd'hui le syndicat agricole de la FNSEA, et les jeunes agriculteurs, Bruno LE MAIRE en a appelé hier, Prisca THEVENOT, à des propositions faites par les agriculteurs, le ministre de l'Agriculture de son côté a été contraint de reporter le projet de loi, pour y ajouter le volet de simplification, on a l'impression que vous avez été rattrapés par une crise, que vous ne l'aviez pas anticipée ?

PRISCA THEVENOT
Déjà rappelons effectivement que ce qui s'exprime en ce moment dans le pays, de la part de nos agriculteurs, de la part de ces hommes et de ces femmes engagés chaque jour dans un travail extrêmement dur, éprouvant, pour quoi ? pour que nous puissions nous alimenter sainement, pour que nous puissions continuer à faire vivre nos territoires, et je pense que c'est aussi important de le rappeler, eh bien oui, ils expriment une colère. Cette colère elle est légitime parce que c'est l'expression d'incompréhensions, mais également de revendications, et ces revendications nous devons être capables de les entendre. Elles ne sont pas nouvelles, et pourquoi je dis ça ? c'est parce que notre travail, à cet endroit, n'est pas nouveau non plus. Nous ne partons pas d'une feuille blanche, un certain nombre de dispositifs ont déjà été mis en place, et je ne vais pas ici vous faire l'offense de les rappeler en permanence…

SONIA MABROUK
Parce que vous savez qu'ils sont déjà insuffisants.

PRISCA THEVENOT
Exactement, mais je veux dire que nous ne partons pas de la feuille blanche, nous avons travaillé sur cela, sur la protection de la rémunération de nos agriculteurs, mais également sur la protection face au dérèglement climatique avec la réforme de l'assurance récoltes et puis également la capacité de répondre à des crises comme la maladie qui touche les bovins en ce moment et dont le ministre de l'Agriculture, sur lequel s'est prononcé hier, mais devons accepter que nous devons aller plus loin.

SONIA MABROUK
Alors, c'est très intéressant, Prisca THEVENOT vous dites que ces revendications ne sont pas nouvelles, effectivement, on connaît les doléances des agriculteurs, trop de charges, une frénésie normative, trop d'injonctions contradictoires, alors qu'est-ce que vous attendez pour agir, pourquoi demander les propositions aux agriculteurs ?

PRISCA THEVENOT
De continuer à travailler, de continuer à travailler. Les lois EGalim, 1, 2, 3, qui ont été mises en place, la loi Descrozaille de l'année dernière…

SONIA MABROUK
Et pas toujours appliquées, concrètement !

PRISCA THEVENOT
Eh bien vous avez raison, vous avez raison, nous avons aussi cette nécessité d'aller vérifier que ces lois sont parfaitement appliquées, et c'est tout l'enjeu qu'a rappelé Bruno LE MAIRE la semaine dernière, parce que voter des lois c'est bien, faire en sorte qu'elles s'appliquent correctement, pour protéger justement ces femmes et ces hommes qui font en sorte que nous puissions être fiers d'être Français, eh bien oui, nous devons le faire, ça s'appelle justement ce continuum que nous devons assurer. Maintenant soyons clairs aussi, oui il y a un projet de loi qui a été mis en place sur la base de concertations lancées par Marc FESNEAU en fin d'année…

SONIA MABROUK
Reporté pour y ajouter un volet simplification, pourquoi ne pas avoir pensé à cela avant ?

PRISCA THEVENOT
Justement, regardons plutôt le verre à moitié plein. Nous allons nous servir de ce texte législatif, de cet outil législatif, pour répondre le plus rapidement possible aux attentes de nos agriculteurs.

SONIA MABROUK
Avec des vraies mesures, enfin un choc de simplification j'allais dire…

PRISCA THEVENOT
Il est nécessaire.

SONIA MABROUK
L'expression est un peu galvaudée, mais on va faire ça ?

PRISCA THEVENOT
Il est nécessaire.

SONIA MABROUK
Bien. Est-ce que vous craignez, Prisca THEVENOT, un mouvement éruptif, on a vu il y a quelques semaines ces mouvements impressionnant en Allemagne, il y a le blocage de l'A64 entre Toulouse et Bayonne, peut-être d'autres blocages de villes et de routes, est-ce que c'est votre crainte aujourd'hui, et celle du Gouvernement ?

PRISCA THEVENOT
Je pense que la position en responsabilité, quand on est responsable politique, ce n'est pas d'anticiper les scénarios du pire, surtout quand on est autour de la table pour dire que nous voulons continuer à travailler ensemble, et j'insiste sur le continuer. Effectivement, le président de la République a rappelé que les préfets devaient se mobiliser, la semaine dernière, pour aller à la rencontre de ces femmes et de ces hommes directement sur le terrain, le ministre de l'Agriculture était sur le terrain aussi ce week-end, aujourd'hui, à Matignon, Gabriel ATTAL, le Premier ministre, reçoit les syndicats, la FNSEA…

SONIA MABROUK
Oui, vous êtes tous sur le pont, on a compris que, attention…

PRISCA THEVENOT
On n'est pas simplement sur le pont, on est au travail, mais pas simplement entre nous, avec celles et ceux qui expriment une colère, et c'est ça qui est important. Moi j'ai écouté ce matin votre chaîne, CNews, et si je ne me trompe pas, entre 6h et 7h vous avez reçu sur votre antenne le secrétaire général de la FNSEA, il le dit de façon très simple, l'enjeu n'est pas de bloquer, mais c'est de trouver ensemble des solutions, et ils vont se rendre à Matignon ce soir pour travailler sur cela, sans totem, ni tabou, mais avec une seule ligne, faire en sorte que ces femmes et ces hommes puissent vivre dignement de leur travail, et plus encore, qu'ils puissent se projeter pour transmettre le fruit de leur travail à leurs enfants quand il y en a.

SONIA MABROUK
Prisca THEVENOT, ce matin sur Europe 1 et sur CNews, j'entends bien évidemment que vous êtes à l'écoute, et plus que cela, par rapport aux agriculteurs, même, j'allais dire, compatissants à Paris, et certains disent complaisants à Bruxelles, est-ce que le problème n'est pas là, est-ce qu'on a encore notre souveraineté, est-ce que Bruxelles n'impose pas des normes environnementales trop contraignantes, fait venir d'autres régions du monde, de Chine, des produits qui ne sont pas imposés à des normes comme celles de nos agriculteurs, le problème n'est-il pas là justement ?

PRISCA THEVENOT
Deux choses. Premièrement, je pense que c'est facile, ici lundi matin à 8h10, au chaud dans un plateau, de venir pointer du doigt Bruxelles. Rappelons simplement ce qu'est Bruxelles…

SONIA MABROUK
C'est vrai que ce sont les nations, ce sont les gouvernements qui votent.

PRISCA THEVENOT
C'est que pour ça que rappelons ce qu'est Bruxelles. Bruxelles, cette année, pour le monde agricole, pour 400 000 bénéficiaires du monde agricole, c'est quoi ? C'est 9 milliards d'euros. 9 milliards d'euros justement pour répondre à un certain nombre d'injonctions contradictoires, environnementaux, économiques, sociaux. Nous devons bien évidemment continuer à avancer dans ce sens-là, mais aussi à lever des tabous.

SONIA MABROUK
Mais comment ?

PRISCA THEVENOT
Est-ce qu'il y a un certain nombre de sujets sur lesquels la contrainte est trop importante ?

SONIA MABROUK
Harcèlement normatif, disent les agriculteurs, est-ce qu'il n'y a une forme de schizophrénie, très sincèrement Prisca THEVENOT ? Votre groupe de la majorité, Renew, vote ces injonctions contradictoires, et en même temps vous nous dites ce matin avec conviction, il ne faut pas aller dans ce sens-là.

PRISCA THEVENOT
Il y a deux choses. Est-ce que nous devons continuer à protéger nos agriculteurs ? Oui. Est-ce que nous devons continuer à avancer sur les enjeux environnementaux et sanitaires, qui sont les nôtres, et sur lesquels nous pouvons être fiers en tant que Français parce que, oui, notre agriculture est une des plus vertueuses, est la, pardon, plus vertueuse au monde ?

SONIA MABROUK
On peut aller sur ce "en même temps" ?

PRISCA THEVENOT
On peut, pardon, on doit, on doit aussi bien pour les agriculteurs, mais pour l'ensemble des Français, et pour ce que nous représentons en tant que France. Je suis désolée, je le redis ici, le président de la République l'a rappelé à très juste faisons de cette année 2024 l'année des fiertés, retrouvons un peu cette capacité à être fiers en tant que Français, fiers de ce que nous sommes, fiers de ce que nous avons été, et fiers de ce que nous devons continuer à être ensemble, un peuple résilient, mais un peuple combatif capable de regarder les difficultés qui sont face à nous, non pas de s'apitoyer dessus, mais d'y travailler ensemble, et c'est bien ce qui va se passer aujourd'hui à Matignon entre le Premier ministre et les représentants syndicaux sur le sujet agricole.

SONIA MABROUK
Les agriculteurs sont résilients, une partie du monde agricole s'est malgré tout tournée vers le vote du Rassemblement national, Prisca THEVENOT. Ce sera d'ailleurs l'un des enjeux de ces élections européennes. Vous avez vu le président du RN et tête de liste, Jordan BARDELLA, qui a exhorté le Gouvernement à voter une loi sur le patriotisme économique, et lui, il dit que l'Europe d'Emmanuel MACRON, justement, elle est en train d'organiser la mort de notre agriculture. Qu'est-ce que vous lui répondez à ça ?

PRISCA THEVENOT
On parle du Rassemblement national, le parti du mensonge et de la paresse. Pardon, on va être très clair, si on sait ce qu'est le Rassemblement national. Regardons peut-être ce qu'ils font. Et ça, on n'en parle pas assez. Ils passent leur temps en permanence à aller devant les caméras pour nous dire défendre l'intérêt des Français. Mais très bien, grand bien leur fasse. Mais plutôt que de leur dire, peut-être devraient-ils le faire. Regardons le quotidien des Français, le bouclier tarifaire, dont on vient de parler en début d'interview, ils ne l'ont pas voté, et aujourd'hui, ils réclament le maintien de ce bouclier tarifaire, par rapport aux entreprises françaises, il y a quelques semaines, dans l'hémicycle, ils se sont alliés avec La France Insoumise pour venir mettre à mal la compétitivité et l'attractivité de nos TPE et de nos PME françaises.

SONIA MABROUK
Ils sont en train de saborder les intérêts de la France. C'est ce que vous dites ?

PRISCA THEVENOT
Mais de façon très claire, soit, par paresse, soit, par méconnaissance des dossiers qu'ils travaillent…

SONIA MABROUK
C'est intéressant... allez-y, oui…

PRISCA THEVENOT
Sur l'agriculture, pareil…

SONIA MABROUK
Exhorter à une loi sur le patriotisme économique, ce n'est pas franchement aller contre les intérêts de la France ?

PRISCA THEVENOT
Oui, et en parallèle, demander à sortir de l'Union européenne, je le redis encore.

SONIA MABROUK
Sortir de l'Union européenne ?

PRISCA THEVENOT
Soyons très clairs…

SONIA MABROUK
Ah bon, c'est toujours un projet...

PRISCA THEVENOT
Ils n'ont jamais changé sur ce sujet. Les beaux sourires n'en changeront rien. Regardons ce qu'ils font. Cassons cette démarche de simplement regarder les gens sourire devant la télé. Ils sont responsables…

SONIA MABROUK
Ce n'est que ça, Jordan BARDELLA, un sourire devant les caméras ?

PRISCA THEVENOT
Ecoutez, moi, je vais vous le dire de façon assez simple, je suis conseillère régionale d'Ile-de-France d'opposition à Valérie PECRESSE, et nous sommes présents. Certes, l'opposition est minoritaire, mais nous sommes présents, en plus d'un an de mandat, j'ai vu deux fois Jordan BARDELLA. Donc encore une fois, je pense que faire campagne, c'est bien, quand on est élu, siéger, c'est mieux.

SONIA MABROUK
Alors, sur le fond, parce que vous avez parlé, vous les avez critiqués sur le bouclier tarifaire. Donc, dans ce contexte, je le rappelle à nos auditeurs et téléspectateurs, Prisca THEVENOT, il y a une hausse de moins de 10 % qui a été actée et confirmée hier par Bruno LE MAIRE. C'est la fin du quoi qu'il en coûte. Mais quand même, j'ai calculé le prix de l'électricité, il a déjà connu une augmentation record de 31 % l'an dernier. Est-ce que vous êtes en train, en fait, d'acter d'une taxe, en réalité, cette hausse de l'électricité, c'est une taxe pour les Français. C'est une asphyxie fiscale pour les plus modestes ?

PRISCA THEVENOT
Il faut déjà rappeler effectivement d'où on vient. Je pense que c'est aussi important, pour pouvoir effectivement commenter encore une fois sans tabou où on va. Face à l'agression de Vladimir POUTINE en Ukraine, nous avons dû faire face en Europe à une crise énergétique sans précédent. Le prix de l'électricité aura été multiplié par deux pour l'entièreté des Françaises et des Français. Très rapidement, nous avons mis en place des mesures dont le bouclier tarifaire. Effectivement, nous l'avons toujours dit, il s'agissait, et il s'agit d'une mesure importante mais exceptionnelle. Qui dit "exceptionnelle", c'est qu'elle a une date de début, une date de fin. Maintenant, soyons très clairs aussi, face et à côté de ces mesures exceptionnelles qui ont été mises en place, il y a aussi un travail de longue haleine qui est mis en place pour justement sortir de la dépendance et de la volatilité des énergies fossiles…

SONIA MABROUK
Bien, vous nous expliquerez, mais le court terme, parce que nous sommes dans des crises croisées. Vous dites : la guerre en Ukraine, évidemment, a un impact, mais est-ce que POUTINE n'a pas, pardonnez-moi, un dos trop large ? Est-ce que le prix de l'électricité n'a pas aussi augmenté, eh bien, du fait, comment dire, de choix énergétiques et nucléaires erratiques ces dernières années, de zigzags, en fait, est-ce qu'on n'est pas en train de payer une politique énergétique aléatoire ?

PRISCA THEVENOT
La trajectoire est pourtant très claire…

SONIA MABROUK
Elle l'est devenue, reconnaissez-le…

PRISCA THEVENOT
Elle l'est, nous sommes en train de le dire…

SONIA MABROUK
Ces derniers temps, oui...

PRISCA THEVENOT
On peut effectivement venir chicailler sur la sémantique. Je pense que les Français attendent, et vous l'avez très justement dit, des mesures concrètes pour leur quotidien. Et, oui, nous avons besoin d'aller vers une énergie décarbonée, avec un mix énergétique assumé, avec le développement des énergies renouvelables, et avec l'attractivité autour de nos capacités françaises, d'un savoir-faire français qui est le nucléaire. Nous avons voté deux lois majeures sur ce sujet l'année dernière. Nous devons continuer aussi en européen. Et il y a quelques semaines, c'est un peu passé sous silence, mais le Parlement européen et le Conseil de l'Union ont trouvé un accord justement autour d'un texte pour réformer le marché européen de l'électricité…

SONIA MABROUK
Oui, intéressant, mais vous dites, en européen, mais pourquoi... vraiment, pourquoi est-ce qu'on n'est pas sorti, même temporairement, du marché européen de l'électricité ? Pourquoi ? On dirait que c'est un totem auquel il ne fallait pas toucher ?

PRISCA THEVENOT
Sortir des traités, c'est sortir de l'Union européenne…

SONIA MABROUK
Même temporairement. Vous pensez que…

PRISCA THEVENOT
On ne sort pas temporairement, vous le savez très bien…

SONIA MABROUK
Certains pays l'ont fait…

PRISCA THEVENOT
Regardons à notre niveau, vous avez un contrat de travail, vous signez un contrat avec votre employeur. Puis, un moment, vous dites, donc vous êtes avec un CDD ou un CDI, et puis, à un moment, vous dites : écoute, là, juste là, je veux sortir temporairement de la clause de telle ou telle ligne du contrat de travail. Je vais dire : en fait, tu fais quoi, tu es en train de démissionner ? Tu veux une rupture conventionnelle ? Il faut parler concrètement, c'est ça…

SONIA MABROUK
On est pieds et poings liés à ce point ?

PRISCA THEVENOT
Il ne s'agit pas d'être pieds et poings liés. Rappelons que ce que nous apporte l'Europe, aujourd'hui, à l'heure où les grandes puissances mondiales se réaffirment, où nous avons la guerre qui revient. Est-ce que nous avons d'autant plus besoin de cette Europe, d'autant plus qu'il y a cinq ans ? Oui et encore oui, c'est ma position. Je l'affiche et je la revendique. Peut-être que d'autres positions existent. Je suis prête à en débattre. Mais ce que je dis aujourd'hui, c'est que nous devons, nous devons faire avec l'Europe, parce que c'est ainsi que nous pourrons réaffirmer cette fierté d'être Français et de pouvoir avoir notre destin entre nos mains.

SONIA MABROUK
Prisca THEVENOT, on va continuer sur des sujets très concrets. Je voudrais vraiment vous poser une question pour nos téléspectateurs et auditeurs ce matin sur le logement. Une crise dont malheureusement le président n'a pas dit un mot lors de la conférence de presse. Mais c'est l'occasion d'en parler ce matin avec vous. Sur quelles pistes vous travaillez ? Est-ce que vous nous confirmer que vous êtes prêts à revoir votre copie concernant le fameux diagnostic de performance énergétique qui détermine, je le rappelle, le bilan énergétique d'un logement, et qui est considéré, il faut le dire, par certains, comme étant déloyal pour les petites surfaces ?

PRISCA THEVENOT
J'entends tout à fait, encore une fois, là, je pense que c'est du bon sens de pouvoir dire la vérité ; est-ce que nous devons pouvoir avoir cette trajectoire écologique, environnementale dans le quotidien des Français ? Bien évidemment, pour déjà respecter notre trajectoire environnementale, mais aussi et surtout pour pouvoir protéger le pouvoir d'achat des Français. Habiter dans une passoire énergétique, surtout, quand il s'agit de petites surfaces, on sait souvent que ce sont des foyers fragiles, eh bien, ça a une conséquence directe en fin de mois sur la facture d'électricité. Donc oui, nous devons continuer à avancer dans ces deux directions, mais gagner en souplesse et en agilité. Donc j'aimerais simplement rappeler qu'il y a un certain nombre de locataires dans des petites surfaces qui peuvent s'inquiéter en se disant qu'ils seront peut-être mis dehors de leur logement au regard effectivement de ces DPE. Non, il ne sera pas question qu'ils soient mis dehors. Et par ailleurs, je serai, après notre entretien, avec le ministre Christophe BECHU, justement pour pouvoir échanger sur les différents dispositifs et le travail qu'il est en train d'engager en ce moment.

SONIA MABROUK
Autre sujet très concret également, Prisca THEVENOT, l'école. Suite à la polémique autour de la ministre de l'Education nationale, beaucoup ont vu une forme de guerre scolaire réactivée entre le public et le privé, et puis il y a cette affaire autour de l'établissement privé Stanislas, est-ce que vous estimez qu'il y a une forme de, comment dire, une tentative de déstabilisation de cet établissement, on a vu beaucoup de critiques à son égard, le directeur d'établissement s'en est défendu, est-ce qu'il y a une forme d'attaque de l'excellence ?

PRISCA THEVENOT
Il faut être fier de l'excellence, l'excellence pour notre pays, pour nos enfants, pour ce que nous sommes capables de transmettre, et c'est la mère que je suis qui vous le dit, nous voulons le meilleur pour nos enfants et c'est heureux. Maintenant, effectivement, il y a peut-être une volonté de venir mettre en place à nouveau une guerre larvée, qui existe depuis longtemps, entre le public et le privé, non, il ne devrait y avoir qu'un seul combat, celui de l'excellence, comme vous l'avez très justement dit, pour l'école, pour nos enfants, pour notre pays. Et donc nous devons nous attacher à faire en sorte que cette école continue à porter ses belles lettres de noblesse, qu'elle soit privée ou publique, et que nous avancions sur des sujets concrets, la revalorisation des enseignants notamment, en début de carrière, mais également des dispositifs pour aller vers l'égalité des chances, le dispositif "devoirs faits", la mise en place des cités éducatives, qui sont extrêmement plébiscitées et qui marchent concrètement, notamment dans les QPV, nous devons continuer à faire cela. Maintenant, les autres polémiques, je pense que quand elles sont utiles pour nourrir le débat, allons-y, et quand elles sont vaines pour simplement flatter quelques egos, passons.

SONIA MABROUK
L'école, la culture, et donc la littérature. À ce sujet, Prisca THEVENOT, Sylvain TESSON a reçu le soutien de nombreuses personnalités, rappelons qu'une tribune dans "Libération" s'oppose à la nomination de l'écrivain en tant que parrain du Printemps des poètes, car les signataires estiment quand même, je le lis, je le dis à nos auditeurs et téléspectateurs, qu'il est une icône de l'extrême droite. Sylvain TESSON a reçu le soutien de la nouvelle ministre de la Culture, Rachida DATI. D'abord, est-ce que vous lui apportez votre soutien, et surtout qu'est-ce que vous pensez d'une telle polémique et d'une telle tribune ?

PRISCA THEVENOT
Regardons les choses concrètement.

SONIA MABROUK
Dites-moi.

PRISCA THEVENOT
La seule question à poser est est-ce que Sylvain TESSON a les qualités littéraires pour pouvoir être le parrain du Printemps des poètes ? La réponse est oui, un oui clair et franc. Il est un esprit libre, un créateur de talent, une personnalité littéraire reconnue, mais reconnue par ses pairs, aussi par des prix littéraires qu'il a reçus, et par les nombreux Français et Françaises qui le lisent quotidiennement, donc je pense qu'aujourd'hui, plus que jamais, plus que jamais, la littérature, la poésie, doit retrouver cette capacité d'être libre et de vivre pleinement.

SONIA MABROUK
On peut encore être libre avec parfois une forme de police de la pensée par certains ?

PRISCA THEVENOT
On le doit.

SONIA MABROUK
On le doit, bon ! si j'ai bien compris vous êtes une lectrice fervente de Sylvain TESSON.

PRISCA THEVENOT
J'ai lu quelques ouvrages, notamment sur la navigation, je me souviens.

SONIA MABROUK
Ça permet de s'échapper aussi parfois de l'actualité.

PRISCA THEVENOT
Ça fait du bien.

SONIA MABROUK
Merci Prisca THEVENOT, c'est votre "Grande interview" ce matin sur CNews et Europe 1, je vous dis à bientôt bien sûr.

PRISCA THEVENOT
A bientôt.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 janvier 2024