Texte intégral
JOURNALISTE
Et justement David, faire reculer le trafic de drogue, c'est l'un des objectifs du plan " Marseille en grand ".
DAVID AUSSILLOU
Oui. Le Président de la République avait d'ailleurs dit, l'été dernier, que c'était une responsabilité collective. Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, tout le monde est donc responsable de ce qu'on vient d'entendre. Si des étudiants subissent la drogue à la porte d'Aix, c'est la faute de tout le monde, y compris de ceux qui consomment de la drogue.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi, je l'ai toujours assumé et c'est une réalité. Il suffit juste de se balader comme je le fais tout le temps sur le terrain. Les habitants vous disent quoi ? Justement, ceux qui ont des points de deal chez eux, c'est de dire mais c'est quand que vous allez enfin vous occuper des consommateurs ? Pas de consommateur, pas de dealer. Moi, je n'ai pas changé d'avis, je viens de là.
DAVID AUSSILLOU
Sauf qu'on n'en verbalise pas beaucoup.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, mais… Alors, le Président de la République avait demandé au Premier ministre, bien sûr, au ministre de l'Intérieur, sur les amendes forfaitaires délictuelles, d'aller plus fort et de permettre justement aux policiers de pouvoir prendre et faire payer tout de suite l'amende délictuelle, parce qu'il faut une responsabilisation. Et dans le plan que je lance sur la prévention, la nouvelle, donc c'est la rénovation de la prévention de la délinquance. De quoi on va parler ? On va parler de prévention. Ce mot a disparu. Je pense que nos auditeurs, vous, nous tous, on est d'accord ; ce mot a disparu ces dernières années.
DAVID AUSSILLOU
On a l'espoir qu'on est passés à autre chose.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ce n'est pas parce qu'on est passés à autre chose. Je pense qu'il y a eu aussi une espèce de laisser-aller. Vous savez, les incivilités emmènent aussi aux situations qu'on voit. On jette un papier par terre, ce n'est pas grave, il n'y a plus rien qui était grave. Si, moi, je pense que tout est important. Chaque acte de nos concitoyens, chaque acte de la société, est important. On ne peut plus continuer à faire comme si ça n'existait pas. Et pour revenir sur le plan Marseille en grand, c'est le Président de la République, le 2 septembre 2021, qui lance le plan Marseille en grand avec un volet sécurité. C'était quoi ? 300 policiers en plus pour Marseille, trois compagnies de CRS en plus pour Marseille, une compagnie de CRS 8 en plus pour Marseille. Et la préfète de police avec le ministre de l'intérieur ont fait une stratégie, ont appliqué une stratégie à Marseille, qui est la stratégie du pilonnage. Et on savait qu'il allait avoir, comme on dit, des effets de bord. Parce que le pilonnage, c'est quoi cette stratégie ? C'est de dire " on supprime des points de deal ; -70 en deux ans sur Marseille. " On ne parle vraiment que de Marseille intra-muros. Mais on sait très bien qu'en faisant ça, les parts de marché se réduisent. La violence entre les trafiquants de drogue augmente. Et pour ma première question au Gouvernement, quand j'étais députée, c'était quoi ? C'était de demander au Gouvernement, à mon Gouvernement, d'appliquer une stratégie qui pourra… Il faut une stratégie courageuse qui est le désarmement financier massif des trafiquants de drogue. Parce que si on ne va pas taper là où ça fait mal, on pourra toujours continuer. Et vous-même le redirez encore sur vos plateaux et on se redira la même chose.
DAVID AUSSILLOU
Vous parlez d'argent, ça tombe bien. Dans le Gouvernement de Gabriel ATTAL, vous avez la responsabilité de la ville. Vous étiez hier à la Cité Kallisté pour dire aux habitants que la rénovation de leur quartier allait s'accélérer. Mais vous avez une baguette magique ou quoi ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, je n'ai pas de baguette magique, mais par contre j'ai beaucoup de bonne volonté, j'ai l'envie. Moi, je viens de là. Je sais ce que ça fait de vivre…
DAVID AUSSILLOU
C'est suffisant, ça, l'envie ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. Si l'envie suffisait, on n'en serait pas là. Par contre, si tous ensemble, on s'y met, c'est-à-dire les collectivités territoriales, la mairie, la métropole ; là, parce qu'on parle du logement, donc chacun ses compétences. L'Etat a investi massivement. Là, on revient sur le plan Marseille en grand, sur dix projets dans nos quartiers prioritaires, 650 millions d'euros de l'Agence nationale de la rénovation urbaine. Sur Kalliste, ça représente 47 millions d'euros. Et qu'est-ce que m'ont dit les élus locaux hier ? C'est de dire " il faut pouvoir nous permettre… "
DAVID AUSSILLOU
Aller plus vite.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non mais, comment on va plus vite ? En faisant aussi du dérogatoire.
DAVID AUSSILLOU
D'accord.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Vous savez, on a un mille-feuille administratif qui empêche parfois les élus d'aller vite. Donc moi, c'est ce qu'on m'a demandé. Je rentre à Paris lundi matin. Lundi matin, je vais voir toutes mes administrations et je donne des instructions pour leur permettre d'aller plus vite, pour changer la vie des gens. Parce que ce qu'on oublie, David, si vous me permettez, c'est juste de changer rapidement la vie des gens.
DAVID AUSSILLOU
J'aimerais bien une petite souris lorsque vous allez leur dire ça. Est-ce que vous allez leur dire ceci ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
On dit on fait, on fait, on dit et on accélère.
DAVID AUSSILLOU
Voilà, ça, c'est votre formule.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui.
DAVID AUSSILLOU
Un peu comme Gabriel ATTAL : " Tu casses, tu répare "… Formule courte ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais courte, mais c'est la réalité. Mais enfin, la réalité, c'est qu'on a des administrations formidables sur lesquelles on s'appuie beaucoup, qui travaillent tout le temps. Parce que dès qu'on prend une décision politique derrière, comme on dit, il faut que ça suive et les administrations suivent. Mais la réalité, c'est que l'impulsion, elle vient du politique. Moi, je ne suis pas une directrice d'administration, je suis ministre, donc ministre. Je prends mes responsabilités. Je sais comment je peux aborder sur le plan, on va dire, dérogatoire, parce que ça, on ne le dit pas suffisamment. On n'a pas besoin systématiquement de passer par une loi pour changer la vie des gens.
DAVID AUSSILLOU
Aller plus vite que la loi ? C'est ça ce que vous voulez dire ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Absolument. Regardez ce qu'on a fait sur le projet de loi. Le projet de loi reconstruction après... Donc après les émeutes, c'était le post émeutes, on a permis aux maires, aux élus locaux parce que ça a été une demande et on a accédé à leur demande parce que c'était tellement évident de le faire, de pouvoir déroger rapidement au Code de l'urbanisme. Donc vous voyez, on dit on fait et on est capables, mais la volonté, c'est la base, c'est-à-dire, ce qu'il faut avoir au départ. Le courage, c'est ce qui vient après. Et encore une fois, le bon sens au dessus de la pile.
DAVID AUSSILLOU
" On dit en fait ". Sauf que parfois, ça ne marche pas comme ça. Votre intérêt pour l'expérimentation à Marseille de la tenue unique, à votre connaissance, combien d'établissements - vraiment - ont envie d'expérimenter à Marseille ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi, je ne suis pas ministre de l'Education nationale.
DAVID AUSSILLOU
Vous savez que ce n'est pas beaucoup.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Moi, ce que je sais… Non, mais même si ce n'est pas beaucoup. Mais moi, je n'écoute pas forcément, je n'écoute pas, on va dire que la communauté éducative, puisque je ne suis pas ministre de l'Education nationale. Moi je suis ministre de la Ville, la Citoyenneté et de la Ville. Donc, mon rôle, c'est d'être tout le temps dans la vraie vie des gens. Dans la vraie vie des gens, qu'est-ce qu'ils vous disent aussi dans les quartiers prioritaires? Samia GHALI était pour. Mais enfin, bon moi, je veux bien qu'on nous taxe de tout. Mais Samia GHALI était pour faciliter la vie des parents qui souvent galèrent parce qu'ils n'ont pas les moyens d'acheter la bonne tenue aux petits. Ça permet aux mamans d'avoir et aux parents d'avoir peut-être une vie plus facile sur la gestion, on va dire de l'habillement des enfants pour aller à l'école. Quand on va à l'école, on va à l'école pour apprendre, on ne va pas à l'école pour montrer la nouvelle paire de baskets qu'on a…
DAVID AUSSILLOU
…En 2022 quand vous écrivez ce livre : " Moi, la France, je la kiffe ", vous écrivez en parlant de votre scolarité à Salon, j'enfile une jolie tenue et je rejoins mes…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, pas à Salon, à Salon, c'est ma mère,
DAVID AUSSILLOU
D'accord, mais ravie de passer de bonnes vacances à Salon, pardon
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
J'ai passé des vacances à Salon, merci…
DAVID AUSSILLOU
Mais encore plus d'enfiler une jolie tenue et de rejoindre les copains en classe. Voyez, quand vous étiez jeune, vous étiez…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais on était tous habillés à peu près pareil. On avait la jupe plissée et les colons…
DAVID AUSSILLOU
Mais vous n'aviez pas l'uniforme…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non.
DAVID AUSSILLOU
Et vous étiez content ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, on avait les collants, on avait les collants, la jupe plissée et on se passait les affaires. On n'avait pas beaucoup d'argent, se passait les affaires entre frères et soeurs et entre âge... Vous voyez, on avait nous tous à peu près deux ans de différence. On était cinq filles, un garçon et les cinq filles, on s'est passé les mêmes fringues pendant toute notre adolescence. C'est notre enfance.
DAVID AUSSILLOU J
'ai trente secondes pour vous poser une dernière question. Vous en pensez quoi de l'idée du maire de Marseille d'aller installer un bassin au pied du MUCEM ? Six millions, 6,5 millions d'euros pour quelques semaines l'été. Ce n'est pas too much ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ecoutez, vous lui poserez la question à lui. Moi, je ne suis pas maire de Marseille.
DAVID AUSSILLOU
Je pose la question.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non mais moi je vous pose la question
DAVID AUSSILLOU
Ils vont en penser quoi les gens des quartiers nord ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais vous allez leur poser la question. Non mais…
DAVID AUSSILLOU
Vous le feriez ou pas, c'est ça ma question ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais jamais de la vie.
DAVID AUSSILLOU
Jamais de la vie. Merci Sabrina AGRESTI-ROUBACHE. J'ai lu dans un magazine allemand que votre plat préféré, celui que vous faites le mieux, c'est la blanquette de veau.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui.
DAVID AUSSILLOU
Ce n'est pas de la bouillabaisse ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Ce n'est pas la bouillabaisse. Non, mais c'est trop technique pour moi. Ma mère l'a fait parfaitement bien. Je préfère celle de ma mère.
PHILIPPE RICHARD
Mais c'est bon une blanquette.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est bon une blanquette quand c'est bien fait.
PHILIPPE RICHARD
Et bien, quand vous voulez.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je vais augmenter l'argent de poche de ma fille parce qu'elle a dit que c'était le plat que je faisais le mieux.
DAVID AUSSILLOU
C'est ce qu'elle a dit, effectivement, oui, j'ai hâte de la goûter.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et c'était rigolo parce que dans le Frankfurter Magazine, le titre, c'était : « Les mères et les filles de Paris ».
DAVID AUSSILLOU
Exactement. Merci à vous.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Merci à vous infiniment. Bonne journée.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bonne journée à tout le monde.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 février 2024