Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
Marie LEBEC, bonjour.
MARIE LEBEC
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Et bienvenue. L'actualité est dominée évidemment par la situation géopolitique : Israël va riposter après l'attaque de l'Iran. Les propos du Président de la République sur l'explication du soutien technique et militaire de la France ont un peu troublé. Il a expliqué que la France était intervenue en soutien à Israël, mais surtout en protection de ses bases et de l'espace jordanien et sur une gêne au plus haut du pouvoir français à dire "on est avec Israël".
MARIE LEBEC
Déjà, peut-être se rappeler effectivement que Israël a été attaqué par l'Iran directement sur son sol. Et comme, depuis le 7 octobre, et le Président l'a rappelé également hier dans son interview, le ministre des Affaires étrangères, Stéphane SEJOURNE, également ; la France se tient aux côtés d'Israël…
CHRISTOPHE BARBIER
C'est clair et net.
MARIE LEBEC
... dans la préservation et l'intégrité de son territoire, dont le droit à défendre ce territoire. Mais la France, c'est aussi un acteur d'importance dans cette zone du Moyen-Orient et elle a des alliés et des partenaires des pays arabes, notamment la Jordanie ou d'autres pays encore avec lesquels nous discutons dans l'espoir de faire... de trouver un compromis entre Israël et Gaza. Et donc effectivement, la France s'engage aussi aux côtés de ses pays partenaires.
CHRISTOPHE BARBIER
L'éventualité d'une riposte en Israël. Quel message envoie la France ce matin, à Jérusalem ?
MARIE LEBEC
Ce qu'a dit le Président de la République, c'est que la France œuvrait dans un souci d'éviter l'escalade des tensions entre les pays de cette zone. Effectivement, encore une fois, si nous reconnaissons le droit d'Israël à se défendre, il est aussi très important que l'embrasement ne devienne pas régional et donc nous œuvrons pour la paix. Nous œuvrons pour la paix entre Israël et les territoires palestiniens et nous agissons effectivement pour éviter un embrasement régional.
CHRISTOPHE BARBIER
Jean-Luc MELENCHON s'est étonné sur le réseau X : Pourquoi est-ce NETANYAHOU qui annonce le soutien militaire de la France ? Est-ce qu'on aurait perdu notre souveraineté ?
MARIE LEBEC
Non, je ne crois pas. Mais Jean-Luc MELENCHON, depuis le début de cette crise qui nous préoccupe beaucoup, cherche essentiellement la petite polémique déplacée, je crois. Encore une fois, la situation depuis le 7 octobre est absolument dramatique. Les événements qui ont eu lieu en Israël sont terribles. Aujourd'hui, la situation humanitaire à Gaza nous impose aussi d'agir dans le sens d'un cessez-le-feu, d'une ouverture de couloirs humanitaires. Et je crois que, encore une fois, on peut être Jean-Luc MELENCHON et chercher les polémiques ou se mettre dans la position du Président de la République et tenter de trouver un chemin de paix entre l'ensemble des États et des territoires de cette région.
CHRISTOPHE BARBIER
Volodymyr ZELENSKY s'est félicité de l'intervention notamment des Occidentaux contre les missiles iraniens. Mais il dit : "Mais pourquoi ne pas le faire quand les Russes envoient des missiles sur l'Ukraine ?"
MARIE LEBEC
Alors sur l'Ukraine, l'Europe est pleinement engagée ; d'une autre manière, peut-être que ce que nous pourrons... la façon dont nous accompagnons Israël. Mais nous fournissons à la fois des moyens techniques, du matériel, du soutien qui permet aujourd'hui à l'Ukraine de faire face dans ce conflit qui l'oppose à la Russie.
CHRISTOPHE BARBIER
Tout cela pèse sur l'ambiance dans le pays, sur l'angoisse climat de guerre et crainte d'une guerre qui se veut, qui se mondialiserait. Est-ce que les élections européennes sont aussi une réponse à cela ?
MARIE LEBEC
Les élections européennes, ce qui est évident, c'est que c'est un temps majeur de, à la fois, la position de la France dans le monde et la position de l'Europe dans le monde. C'est pour ça que c'est très important que la France soit au rendez-vous. Et nous faisons campagne pour rappeler à la fois à nos concitoyens l'importance de cette élection et l'importance de la vision que nous plaidons au sein du Gouvernement, de la majorité présidentielle, pour une Europe forte, avec une France forte qui, justement, vient soutenir ses alliés : l'Ukraine, Israël, que vous avez rappelés, les négociations et les partenariats avec les pays arabes et également de la région. Mais vous avez raison ; on voit bien que ces conflits interrogent, inquiètent légitimement nos concitoyens. Et nous essayons de démontrer que ces élections européennes sont aussi l'occasion d'amener une position qui serait une position claire de la France. Moi, je crois très sincèrement, et c'est ce que j'ai dit hier à l'occasion de la réunion publique où j'étais à Magny-en-Vexin, que, bien sûr, c'est un... il y a un enjeu pour la France ; mais au-delà de la France, nous sommes extrêmement regardés par nos alliés, nos partenaires et les pays qui attendent beaucoup de la France et de l'Union européenne. Et donc, c'est pour ça que ces élections européennes sont absolument cruciales.
CHRISTOPHE BARBIER
Vous étiez en campagne. Pour l'instant, la liste de la majorité présidentielle fait à peu près la moitié du score du Rassemblement national dans les sondages. Comment combler ce retard ?
MARIE LEBEC
De toute évidence, c'est pour ça... C'est le sens de la campagne, c'est le sens des opérations militantes. Il y a un enjeu à réussir à susciter de l'intérêt pour cette campagne qui est effectivement, malgré tout, un petit peu éteinte par les conflits dans le monde ou par des actualités plus réjouissantes que sont les Jeux olympiques. Mais le Gouvernement, les députés de la majorité, les militants aussi, qui sont très en soutien de notre tête de liste, Valérie HAYER, sont pleinement engagés pour cette campagne. Nous essayons à la fois de rappeler que cette campagne, au fond, c'est l'occasion de réaffirmer la souveraineté de la France dans l'Union européenne, les combats que nous avons pu porter au cours des six années de mandat, et la souveraineté de l'Europe dans le monde ; rappeler les enjeux géopolitiques autour de ces élections et aussi – et je crois que c'est important – amener un discours de modération et de construction autour de l'Europe. Ce que je constate, c'est que nous avons sans cesse des oppositions, des oppositions radicales qui passent leur temps à nous expliquer que l'Europe serait la faute de tous leurs maux. Ce que nous voulons porter, c'est montrer tout ce qu'il est possible de faire au sein de l'Union européenne lorsque nous avons une vision positive de l'Europe et ce que nous nous battons pour que les valeurs que nous souhaitons incarner rayonnent au sein de cette Union européenne.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais c'est la colère qui l'emporte chez les gens ; c'est la colère par rapport à leurs difficultés quotidiennes, à l'insécurité, à l'islamisme politique. C'est ça qui fait le vote RN.
MARIE LEBEC
Bien sûr, mais nous l'avons très bien dit hier avec Bruno LE MAIRE ; ce qui suscite la colère. Les combats sont à regarder chez nous et c'est le sens de l'action du Président de la République que nous avons engagée il y a sept ans, c'est répondre à ces colères-là. Vous savez, quand on a été élu il y a sept ans, les gens s'inquiétaient pour la question du chômage, énormément. Et aujourd'hui, cette question est quasiment reléguée dans les sondages de ce qui inquiète les Français pour l'avenir. Et d'autres questions sont venues. C'est parce que nous avons apporté des réponses claires, parce que dans des territoires qui étaient victimes du chômage de longue durée, nous avons su réindustrialiser, nous avons redonné de la fierté d'un point de vue économique. Et il y a encore, vous avez raison, des réponses apportées. Je pense aux questions autour de la sécurité qui est de toute évidence inquiète. Et je note que la majorité Renew au Parlement européen a voté le pacte migratoire quand les oppositions de gauche et d'extrême droite ont fait le choix de s'abstenir sur ce texte ou de voter contre. Donc tout ça est un peu paradoxal. Ce que nous voulons montrer, c'est qu'à la fois nous sommes capables d'agir dans l'Union européenne, mais bien sûr pas si nous portons une vision de la destruction de l'Union européenne, de son démantèlement. Ce que nous voulons, c'est dire à nos compatriotes qu'il est possible d'agir au sein de l'Union européenne quand vous vous battez pour l'Union européenne. Si vous battez contre l'Union, vous n'aurez aucune victoire. Et ça, c'est ce qui vous attend si vous votez pour l'extrême gauche ou pour l'extrême droite.
CHRISTOPHE BARBIER
Ce qui pèse aussi sur la campagne de la majorité présidentielle, c'est un esprit de division. Edouard PHILIPPE pense à 2027, Bruno LE MAIRE pense à 2027, Gérald DARMANIN pense à 2027.
MARIE LEBEC
Moi, je ne suis pas d'accord avec vous. Encore une fois, il y a une temporalité de fin de mandat mais qui n'est pas celle de notre actualité, qui n'est pas celle que nous avons engagée pour la campagne des européennes. Moi, ce que je constate sur le terrain, dans les territoires, à l'occasion de mes déplacements, c'est que l'ensemble des partenaires de la majorité sont alignés. Vous savez, quand je me déplace, je prends le temps de rencontrer les militants. À chaque fois, ce sont les militants de Renaissance, de Horizons, du MoDem, qui participent à ces échanges, qui me racontent leur expérience de tractage de la campagne. Donc, encore une fois, sur le terrain, tout le monde est mobilisé... Tout le monde est mobilisé pour faire gagner Valérie HAYER qui, je crois au demeurant de démontrer, notamment auprès de ses militants. Et après, il nous doit de... Il est chargé, à nous, de convaincre les Français. Mais son engagement sur le terrain à venir parler d'Europe, à venir se battre pour l'Europe, à être des représentants crédibles de la France au sein de l'Union européenne.
CHRISTOPHE BARBIER
Aujourd'hui, la flamme olympique des Jeux de Paris va être allumée dans le site historique d'Olympie. Ça vous concerne. Parce que certains députés ont montré leur scepticisme ou leur grogne face au passage de la France dans leur département, parce que ça coûte trop cher.
MARIE LEBEC
Il y a toujours probablement des grognons lorsque ça touche aux Jeux olympiques. Moi, je trouve que c'est un très bel événement qui mobilise, qui a en plus le mérite de mobiliser dans tous les territoires. Alors bien sûr, ça s'appelle les Jeux de Paris, mais la réalité, c'est que beaucoup de nos territoires vont être concernés et impactés. Ça permet de mettre à l'honneur les sportifs aussi des départements, les engagés des territoires où la flamme va passer. Et je crois qu'au fond, bien sûr, il y a toujours peut-être un peu d'appréhension légitime avant le début de cet événement, mais de la mobilisation de nos forces de l'ordre, des services publics, de ceux qui se sont engagés, depuis des années maintenant pour la construction de cet événement, fera qu'à la fin, ce sera une vraiment une belle réussite et que la France brillera par l'organisation de ces Jeux.
CHRISTOPHE BARBIER
Vous voulez sortir le Parlement de Paris. Alors, la dernière fois qu'il est allé siéger ailleurs, c'était à Bordeaux 1940 ; ce n'est pas forcément un bon souvenir. Quel est votre projet, exactement ?
MARIE LEBEC
Effectivement, on a décidé avec mon équipe de se dire qu'au fond, le Parlement, ce n'est pas que Parisien. Alors ça apparaît souvent comme parisien parce que c'est dans des lieux prestigieux…
CHRISTOPHE BARBIER
L'hémicycle, Congrès etc.
MARIE LEBEC
Le palais Bourbon, l'hémicycle, le Palais des... effectivement la salle du Congrès à Versailles, le Palais du Luxembourg. Et l'idée, au fond, c'est de montrer à nos concitoyens que le Parlement, ce n'est pas parisien et ça impacte leur vie quotidienne que les parlementaires qui les représentent à Paris et dont parfois on a l'impression qu'ils... Vous savez, les parlementaires souffrent de cette image qu'ils ne sont pas assez en circonscription, ou pas assez à Paris, que l'équilibre est toujours difficile à trouver. Et nous, ce qu'on veut démontrer en faisant ces déplacements, c'est de dire "eh bien, au fond, le Parlement, c'est un impact concret sur vos vies quotidiennes. Quand votre député, votre sénateur, fait le choix de voter telle ou telle disposition, voilà ce que ça transforme. On prend aussi le temps d'aller dans les écoles, échanger avec les élèves sur ce que… Est-ce que c'est que le fonctionnement de nos institutions, comment ça marche, l'équilibre entre l'exécutif et le législatif ? On fait ça à deux avec le parlementaire, ça fonctionne très bien et également les élus locaux, je crois, c'est très important. Encore une fois, le non-cumul des mandats, ça nous oblige à rebattre un peu les cartes de l'organisation entre les parlementaires, les élus locaux et les représentants de l'État déconcentré. Moi, je crois beaucoup que c'est un trio qui peut très bien fonctionner et je pense que la ministre des Relations avec le Parlement prenne le temps d'avoir cet échange avec les parlementaires des territoires et les élus locaux montre bien que, au fond, il y a une émulation collective qui doit exister.
CHRISTOPHE BARBIER
Des parlementaires présents auprès de leur circonscription, donc, vous êtes contre la proportionnelle qui éloigne les parlementaires du terrain ?
MARIE LEBEC
À titre personnel, j'ai effectivement, monsieur, exprimé plutôt en défaveur de la proportionnelle. Je crois que la question qui se pose au-delà de la question de la proportionnelle ou du mécanisme de proportionnelle, c'est effectivement, comment est-ce qu'on améliore la représentativité de nos concitoyens dans les deux chambres ? Comment est-ce que ceux qui ne sont pas en phase avec le parti majoritaire à un instant donné, estiment avoir aussi une voix ? Il y a beaucoup de chose qui a été faite, il y a une assemblée qui est constituée de manière très différente avec cette logique de majorité relative, un travail qui a été fait depuis sept ans aussi pour permettre aux oppositions d'avoir une meilleure représentativité, un meilleur lieu d'expression à l'Assemblée nationale. Et je crois encore une fois que, dans tous les cas, la baisse de la participation aux législatives, elle doit nous interroger sur comment est-ce qu'on redonne le sens et le goût du Parlement ? Comment est-ce qu'on montre qu'effectivement, le législatif, c'est une composante essentielle de notre vie politique ? Est-ce que ça passe par la proportionnelle ? Je n'en suis pas persuadé pour les raisons que vous avez évoquées, l'éloignement des territoires peut être aussi des territoires qui apparaîtraient entre guillemets comme les moins stratégiques. Mais néanmoins, les réflexions sont ouvertes à date. Il n'y a pas d'arbitrage qui a été rendu, donc, c'est un débat utile que nous pouvons avoir autour de la proportionnelle.
CHRISTOPHE BARBIER
Un mot sur ce qui se passe à Mayotte ce matin, Wuambushu 2, une nouvelle opération de sécurisation, il y aura la fin du droit du sol à Mayotte ? Ça va passer dans la Constitution ? C'est une solution ?
MARIE LEBEC
Alors, on n'en est pas encore là, dans la mesure où ça a été annoncé par Gérald DARMANIN. Mais après, il faut le formaliser par un texte, un projet de loi constitutionnelle et puis, une adoption d'abord dans les deux chambres et ensuite en congrès. Donc, le cheminement est encore long mais, ce qu'il faut rappeler, pourquoi est-ce qu'on s'est mis dans cette... Pourquoi est-ce que le ministre de l'Intérieur fait cette déclaration ? C'est parce qu'effectivement, la situation à Mayotte, et c'est le sens de Wuambushu 2, elle est extrêmement tendue. Nos concitoyens Mahorais sont victimes d'une violence extrêmement forte qui leur pourrissent la vie et sur lesquels l'État doit apporter les bons, les bons éléments de réponse. Il y a un Wuambushu qui est une opération très concrète qui permet de continuer de démanteler des bidonvilles qui se sont construits de manière illégale, de reloger ceux qui sont en situation d'être relogés, de lutter contre les chefs de gangs et les chefs les plus violents qui organisent au fond cette déstabilisation du département. Et ensuite, si nous y parvenons, cette question du droit du sol, je crois, doit légitimement être débattue. Elle est très attendue par nos compatriotes mahorais. La voix du Parlement tranchera sur ce qu'il faut faire.
CHRISTOPHE BARBIER
Marie LEBEC, merci, bonne journée !
MARIE LEBEC
Merci à vous
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 avril 2024