Texte intégral
Q - Avant de parler de la campagne et de ses enjeux, en quoi consiste exactement le rôle de ministre délégué chargé de l'Europe ?
R - Je porte la voix de la France à Strasbourg, Bruxelles et dans les capitales européennes. Et je porte la voix de la politique européenne dans nos territoires, comme ce jeudi à Yssingeaux et la semaine prochaine dans le Puy-de-Dôme.
Q - Depuis les territoires, justement, l'Europe paraît souvent lointaine.
R - Ici, dans le Velay, l'Europe est très concrète. Un tremplin pour les agriculteurs avec la PAC [1]. Pour les artisans et les savoir-faire avec les fonds Leader [2], comme pour la brioche d'Yssingeaux et nos commerces. Elle se concrétise aussi dans le parcours des jeunes avec Erasmus +. Si l'Europe paraît lointaine, c'est ma responsabilité de la faire connaître de tous.
L'abstention aux élections européennes n'est pas une fatalité. Elle est passée sous la barre des 50% en 2019, pour la première fois depuis 25 ans. C'est pour cela que le gouvernement communique intensément par tous les canaux possibles. C'est l'élection qui va déterminer le poids de la France en Europe.
Q - Un poids qui est toujours important ?
R - La France n'a jamais été aussi influente à Bruxelles. Sur la PAC, sur le Mercosur [3] ; sur l'immigration. Mais la France ne gagne que lorsqu'elle porte le brassard de capitaine et qu'elle joue au centre. (...)
Q - Le sentiment d'appartenance à l'Europe est plus forte dans d'autres pays, en particulier à l'est.
R - Les peuples de l'Europe de l'Est, surtout ceux proches du front ukrainien, savent et ressentent que l'Europe protège de la guerre. Nous devons garder en tête que chez nous aussi, elle protège de la guerre. L'Europe est notre assurance-vie.
L'Europe a également permis de nous protéger face au Covid. Sanitairement, avec la gestion du vaccin. Et économiquement, grâce à un plan de relance commun. Mais l'Europe est menacée à l'extérieur par les nouveaux empires russe et chinois, et à l'intérieur par les nationalismes.
Q - En quoi la Chine menace-t-elle l'Europe ?
R - En subventionnant massivement son industrie pour inonder les marchés mondiaux et donc européens, ce qui menace l'emploi en France. Il faut imposer, par exemple, une réciprocité. La Chine ne peut pas fermer des marchés publics à nos industries, sinon nous devrons faire la même chose.
L'Europe est le plus grand marché économique du monde. Si elle est unie et ambitieuse, elle peut imposer ses règles et ses principes.
(...)
[1] PAC : politique agricole commune
[2] Leader : Liaison Entre Action de Développement de l'Economie Rurale
[3] Mercosur : Marché commun de l'Amérique du Sud
source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mai 2024