Texte intégral
ANTOINE COMTE
Agnès PANNIER-RUNACHER, bonjour. Merci d'être avec nous ce matin sur Franceinfo TV. Première question évidemment, les élections européennes. Elles ont lieu dans deux semaines environ, le 9 juin. Il y a un récent sondage qui est sorti, sondage Ifop, qui donne votre candidate, la candidate Renaissance, MoDem et Horizons Valérie HAYER, à 17 points du Jordan BARDELLA, le candidat du RN. Est-ce que ça vous inquiète ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Antoine COMTE d'abord. Non, ça ne nous inquiète pas. Nous, on fait campagne. Moi j'étais encore hier en réunion publique. Je sens que le public commence à s'intéresser à cette campagne. C'est une campagne européenne, ce n'est pas un sujet qui est toujours au devant de l'actualité. On parle beaucoup de sujets nationaux et aujourd'hui, on le voit, on a une candidate qui a un bilan, on a une candidate qui a de l'expérience et qui pèse au niveau européen, et on a une candidate qui a un programme ambitieux pour l'Europe. Et ce programme, je dirais qu'il tient en une phrase : nous n'aurons pas une France forte si nous ne sommes pas capables de défendre une Europe forte. En particulier dans un monde où aujourd'hui la Russie, la Chine et parfois même un peu notre allié les Etats-Unis, ont plutôt intérêt à affaiblir l'Europe.
ANTOINE COMTE
Comment on explique ce retard quand même qui est énorme ? Je veux dire, si vous dites qu'elle a un bon bilan, elle préside le groupe, en effet, au Parlement européen, vous continuez à faire campagne, il y a une forme de montée en puissance dans cette dernière ligne droite. Comment expliquer ce retard qui semble s'agrandir de semaine en semaine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, je crois que ce sera les Français qui décideront le résultat de ces élections.
ANTOINE COMTE
Vous ne croyez pas aux sondages ? Vous dites " on ne fait pas campagne avec les sondages " ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je dis les sondages sont des indications, mais moi je sais que c'est à la fin, le 9 juin, ce seront les Français qui choisiront. Et surtout nous, notre objectif, c'est de parler d'Europe, c'est de parler de l'intérêt des Français, pourquoi ces élections européennes sont importantes pour les Français, pourquoi l'Europe c'est leur quotidien, même s'ils ne le sentent pas tous les jours. Mais en fait, l'Europe, c'est ce qui leur a permis de traverser le Covid en bien meilleure situation que si nous avions été tout seuls. Lorsqu'on regarde ce qu'est devenu le Royaume Uni, on voit à quel point les promesses de bénéfices de sortie de l'Europe n'ont pas été tenues, les Britanniques sont les premiers à le dire. 80% des Britanniques disent qu'ils sont déçus de ce qui s'est passé.
ANTOINE COMTE
Ils voudraient revenir dans l'Union européenne.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Qu'ils voudraient revenir dans l'Union européenne. Je crois que tous ces éléments montrent bien à quel point il est important de ne pas faire de l'Europe un objet politique national et de bien regarder combien ça compte, ces élections.
ANTOINE COMTE
Agnès PANNIER-RUNACHER, hier il y avait un grand débat qui était très attendu dans le cadre de ces élections européennes entre le Premier ministre Gabriel ATTAL et la tête de liste RN Jordan BARDELLA. J'imagine que vous l'avez évidemment suivi. On a vu un Premier ministre très offensif, qui a attaqué frontalement son adversaire. Quel était l'objectif ? " Il faut sauver le soldat Valérie HAYER ", c'est ça ? On monte au front, on va débattre, on rentre dans l'arène ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois surtout que le Premier ministre, qui a été effectivement très clair et très incisif, a montré les louvoiements et les incohérences de Jordan BARDELLA. Et d'ailleurs en regardant ce débat, j'ai vraiment deux questions. D'abord, qu'est-ce que Jordan BARDELLA connaît de l'Europe ? On a parlé d'un texte pendant ce débat qui est celui de la réforme du marché de l'électricité. Jordan BARDELLA a révélé qu'il ne l'avait même pas lu. Il a voté contre ce texte, il ne l'a pas lu, il n'en connaissait pas le contenu. Et on peut multiplier les exemples dans cette direction. Et puis, dans quelles mains Jordan BARDELLA veut-il mettre notre pays ? Lorsqu'il veut du 100 % pétrole, c'est dans les mains des pays arabes, c'est dans les mains de la Russie ? Enfin, moi je crois, encore une fois, que nous sommes à un moment historique important. Nous avons une puissance qui fait la guerre à nos portes. Nous avons la Russie qui multiplie les attaques cyber et les attaques informationnelles, pas seulement en France d'ailleurs mais dans tous les pays européens, qui systématiquement attaque nos intérêts en Afrique ainsi que les intérêts européens. Est-ce qu'aujourd'hui nous ne devons pas nous mobiliser pour faire en sorte que nous soyons plus forts dans une Europe plus forte ?
ANTOINE COMTE
Qu'un Premier ministre décide comme ça de rentrer dans l'arène et d'aller débattre face à une tête de liste, c'est du jamais vu dans une campagne européenne. Peut-être un président de la République, Emmanuel MACRON va peut-être débattre face à Marine LE PEN ; ce n'est pas confirmé mais ça pourrait arriver, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que vous n'avez pas confiance en votre tête de liste Valérie HAYER ? Pourquoi le Premier ministre s'emploie autant pour essayer de rectifier le tir et de rattraper ce retard ? Qu'est-ce qui se passe dans cette campagne ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Gabriel ATTAL est le chef de la majorité donc il fait son travail de chef de la majorité. Il n'y a aucune surprise là-dedans.
ANTOINE COMTE
Jordan BARDELLA n'envoie pas Marine LE PEN débattre face à d'autres têtes de listes. C'est Jordan BARDELLA qui, lui, débat.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Peut-être que Jordan BARDELLA a envie de prendre la lumière. Peut-être que Jordan BARDELLA se rêve d'un destin présidentiel. Moi je serais Marine LE PEN, je commencerais à m'inquiéter.
ANTOINE COMTE
Derrière vous aussi sur cette liste, Raphaël GLUCKSMANN. Selon ce même sondage de l'Ifop, le candidat Place publique-Parti socialiste est à un point, il vous talonne juste derrière. Est-ce qu'il ne faudrait pas aussi débattre et regarder un peu derrière vous, face à ces candidats-là et notamment Raphaël GLUCKSMANN qui pourrait peut-être vous dépasser, pourquoi pas, dans la dernière ligne droite ? Là, vous focalisez le débat face à l'extrême-droite mais est-ce qu'il ne faut pas regarder un peu derrière ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors je rappelle que Valérie HAYER ne cesse de débattre avec les têtes de listes. Elle a d'ailleurs débattu avec Jordan BARDELLA, vous semblez le mettre de côté, mais elle l'a fait et elle l'a fait avec brio.
ANTOINE COMTE
Il y a quelques semaines.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, tout à fait. Bien sûr que nous débattons avec Raphaël GLUCKSMANN. Nous débattons d'autant plus que là encore, nous avons face à nous un candidat qui essaie de ripoliner le vieux PS. Mais enfin, c'est quoi Raphaël GLUCKSMANN ? C'est en troisième position le monsieur qui a négocié les accords de la Nupes, et on nous explique que ce serait un…
ANTOINE COMTE
Il a dit que si les listes de gauche fusionnaient après les européennes, ce serait sans Jean-Luc MELENCHON. Donc il y a quand même une petite nuance par rapport à la Nupes de l'époque.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sans doute mais enfin moi, j'observe que Raphaël GLUCKSMANN dit qu'aux prochaines élections, c'est évidemment groupé et avec la Nupes qu'on passe les élections et qu'en troisième position - ce qui est un signal fort, troisième position - on met celui qui a négocié les accords avec la Nupes. Et puis regardez la liste : cinq Parisiens dans les dix premiers, je trouve que c'est effectivement très représentatif de la France et de tous nos territoires. Non, je crois qu'aujourd'hui, la liste qui porte vraiment les intérêts des Français en Europe, celle qui a obtenu des budgets inédits, historiques, qui a obtenu qu'on ait un plan de relance que n'a pas voté Raphaël GLUCKSMANN. Et lorsqu'il ne vote pas le plan de relance, Raphaël GLUCKSMANN, il fait le jeu de l'extrême-droite. Il fait le jeu du désinvestissement dans les territoires, il fait le jeu de l'abandon des territoires ruraux, donc…
ANTOINE COMTE
Agnès PANNIER-RUNACHER, je voudrais qu'on parle la Nouvelle-Calédonie puisque le temps file un peu aussi, et notamment ce déplacement d'Emmanuel MACRON ces dernières heures. Il est resté 17 heures sur place. Nos envoyés spéciaux qui sont en Nouvelle-Calédonie ce matin nous disent que les barrages sont toujours en place. En tout cas, la plupart des barrages. Est-ce que finalement ce déplacement a été un déplacement utile ou pas du chef de l'Etat ? on a l'impression d'une impuissance du gouvernement et du chef de l'État face à ce conflit majeur en Nouvelle-Calédonie.
AGNES PANNIER-RUNACHER
D'abord, le président de la République il a tendu la main et il a envoyé des signaux d'apaisement. Il a indiqué qu'il était prêt à soutenir un accord. Il a donné quelques semaines de plus pour pouvoir trouver, avec l'ensemble des forces représentatives, des parties prenantes de la Nouvelle-Calédonie, un accord politique. Je pense que c'est très important. Ce signal était attendu, de même qu'était attendue la mobilisation des figures les plus importantes de notre exécutif. Le dossier de la Nouvelle-Calédonie a toujours mobilisé le président de la République ou le Premier ministre depuis 40 ans qu'il est sur la table de notre exécutif, de notre gouvernement. La deuxième chose, c'est que les violences doivent cesser et c'est pour cela que, dans le même temps, nous avons renforcé les moyens. Nous devons sécuriser les populations qui doivent pouvoir vivre de manière pacifique. Donc c'est ces deux éléments qui sont aujourd'hui essentiels, et nous attendons des signaux positifs de la part des parties prenantes dans les prochaines heures.
ANTOINE COMTE
Agnès PANNIER-RUNACHER, il nous reste une petite minute. Je voulais vous questionner aussi sur cette réforme de la fusion de l'audiovisuel public. Vous avez vu qu'hier le groupe Radio France et France Télévisions étaient très mobilisés. De nombreux grévistes et des programmes qui n'ont pas pu être diffusés, être assurés. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu ce projet ? Les revendications des salariés, en tout cas les craintes des salariés sont que des économies soient faites sur leur dos. Un exemple concret : la BBC Radio et Télé a fusionné il y a dix ans, 1 800 emplois supprimés, 30% de budget en moins. Est-ce que l'objectif du gouvernement, c'est ça ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, ce n'est pas ça. L'objectif du gouvernement est un objectif de renforcement de notre service public. C'est un objectif de regrouper les forces et les compétences de la radio et de la télévision publiques comme tous les autres groupes privés l'ont fait médiatiquement. Nous sommes dans un paysage concurrentiel en matière de médias qui est de plus en plus effectivement concurrentiel, de plus en plus forte, avec des changements d'habitudes, avec des jeunes qui aujourd'hui n'ont plus l'habitude d'avoir accès à des médias classiques. Donc il faut pouvoir utiliser tout le travail que vous faites sur le digital par exemple.
ANTOINE COMTE
Il n'y a pas un risque sur l'indépendance après du groupe ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ça, je ne crois pas du tout. Parce que quand on est plus fort, en règle générale on est aussi plus indépendant dans le contenu que l'on peut envoyer. Et moi, je ne voudrais pas que l'on prive le public de la force de ce qui permet aujourd'hui à des groupes privés de gagner des parts de marché. Je rappelle une chose…
ANTOINE COMTE
Très vite, s'il vous plaît.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui. L'âge moyen en télévision pour la TV publique, c'est 64 ans. Ça veut dire que vous êtes en train de perdre la bataille des jeunes, c'est un enjeu essentiel. Et regrouper l'ensemble de ces deux rédactions, c'est aider justement à réinvestir les jeunes générations.
ANTOINE COMTE
C'est rajeunir le groupe.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Deuxième élément, un financement qui est pérennisé et ça, c'est très important pour l'audiovisuel public.
ANTOINE COMTE
Agnès PANNIER-RUNACHER, merci d'avoir été avec nous. Merci et bon week-end à vous.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 mai 2024