Texte intégral
ADRIEN GINDRE
Bonjour François DUROVRAY.
FRANÇOIS DUROVRAY
Bonjour Adrien GINDRE.
ADRIEN GINDRE
On va bien sûr parler transports avec vous dans un instant, mais d'abord un mot qui vous concerne puisque beaucoup de nos téléspectateurs vous découvrent ce matin, vous êtes depuis 2015 président du Conseil départemental de l'Essonne, j'ai envie de vous demander ce qui vous a conduit à accepter cette proposition, qu'est-ce que vous allez faire dans cette galère, un gouvernement qui n'est pas sûr de tenir et avec les convictions les plus disparates entre ses membres ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Comme vous l'avez dit, je suis président du Conseil départemental de l'Essonne, c'est-à-dire un département de la banlieue parisienne, qui a de gros problèmes de mobilité, c'est peut-être ce qui explique aussi mon engagement, et puis on est dans un moment particulier de l'histoire politique de notre pays, avec l'absence totale de majorité après l'élection législative du 7 juillet…
ADRIEN GINDRE
Ça ne vous fait pas peur ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Non. Quand le pays est confronté à de telles difficultés, économique, sociale, démocratique aujourd'hui, la responsabilité des élus locaux, comme moi, c'est tout simplement d'essayer de construire quelque chose pour le pays.
ADRIEN GINDRE
Alors, vous dites élus locaux, il se trouve que le Premier ministre a dit " je veux un gouvernement des territoires ", ça veut dire que vous, par exemple, vous allez être à la fois ministre des Transports et président du Conseil départemental de l'Essonne, les deux à la fois ?
FRANÇOIS DUROVRAY
J'entends effectivement rester président du département, tout simplement parce que nous avons également de grands défis dans les collectivités et qu'il est important qu'il y ait des élus qui connaissent le terrain, c'est le souhait également du Premier ministre que d'avoir des remontées du territoire.
ADRIEN GINDRE
Quelque chose me dit que vous devez être favorable au cumul des mandats alors, qui avait été abandonné.
FRANÇOIS DUROVRAY
Evidemment, je crois que c'est… beaucoup d'élus, y compris ceux qui avaient voté la loi sur le cumul, aujourd'hui y reviennent.
ADRIEN GINDRE
Vous souhaitez que le gouvernement remette cette proposition sur la table, qu'on réautorise le cumul des mandats ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Il appartient vraiment au Premier ministre d'indiquer ses priorités.
ADRIEN GINDRE
Alors, je parlais des transports, l'un des dossiers très urgent en ce qui vous concerne, c'est à Paris, le périphérique parisien, que la maire veut limiter à 50 kilomètres à l'heure à partir de la semaine prochaine, vous vous dites la maire de Paris ne peut pas prendre la décision seule, bon, très bien, mais vous, vous êtes pour ou contre ces 50 kilomètres à l'heure maximum ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Je suis ni pour, ni contre…
ADRIEN GINDRE
Il va falloir avoir une position.
FRANÇOIS DUROVRAY
Non, mais attendez. Le périphérique, c'est une voie communale, la maire de Paris peut juridiquement fixer la limitation à 50 km/heure, simplement j'entends et je veux dire à la maire de Paris que le périphérique n'est pas uniquement une voie qui concerne les Parisiens, c'est une voie qui concerne tous les Franciliens et même au-delà, et donc je partage son objectif de réduire la pollution, de réduire le bruit pour les riverains, c'est légitime, d'ailleurs les études montrent que l'abaissement à 50 km/heure ne permettra pas toujours d'atteindre cet objectif., simplement je lui dis mettons-nous autour de la table, avec la présidente de la Région, je l'ai eue hier soir au téléphone, elle est d'accord, et essayons de voir comment on peut concilier à la fois des enjeux environnementaux, qui sont portés par la maire de Paris, mais également des enjeux de vie quotidienne pour tous les…
ADRIEN GINDRE
Vous avez eu un retour d'ores et déjà de la maire de Paris sur cette proposition de dialogue, j'imagine que vous attendez qu'elle suspende sa décision ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Pas encore, pas encore, mais, voilà, je lui dis mettons-nous autour de la table, mettons au regard à la fois la limitation de la vitesse, mais l'augmentation de l'offre de transports publics sur le périphérique, pour qu'il n'y ait pas d'un côté les Parisiens et de l'autre côté les habitants de banlieue. Nous sommes vraiment, encore une fois, à un moment très compliqué dans notre vie démocratique, si à chaque fois on montre aux périphéries, aux gens qui travaillent, qui font la richesse de la capitale, qu'ils n'y ont pas accès, que leur vie au quotidien est très compliquée, on creuse ce problème démocratique.
BRUCE TOUSSAINT
A propos de limitation de vitesse, 130 km/heure sur l'autoroute, on touche pas ?
FRANÇOIS DUROVRAY
C'est une règle qui est fixée maintenant depuis de nombreuses années, je considère que l'électrification des véhicules à venir va permettre d'améliorer, de réduire les consommations.
BRUCE TOUSSAINT
Et 80, 90, sur les départementales, ça non plus on ne touche pas, sur les nationales ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Ecoutez, vous savez la décision qui avait été prise il y a quelques années…
BRUCE TOUSSAINT
Oui.
FRANÇOIS DUROVRAY
Aujourd'hui la main est aux départements, n'ouvrons pas de nouvelle guerre.
ADRIEN GINDRE
Il y a une guerre, il y a quelques années, qui concernait l'écotaxe sur les poids lourds, vous-même vous aviez rédigé un rapport à ce sujet, est-ce que c'est une solution que vous pourriez remettre sur la table ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Ecoutez, aujourd'hui nous avons des infrastructures qui sont importantes dans le pays, qui sont de qualité, il s'agit des infrastructures ferroviaires, routières notamment, mais avec…
ADRIEN GINDRE
Mais on a besoin d'argent.
FRANÇOIS DUROVRAY
Avec de très grands défis d'investissement, des défis qu'il faut partager avec les Français, qui concernent à la fois la maintenance de ces équipements, mais également la transformation de ces équipements pour réussir la transition écologique, pour mettre également plus de transports publics sur la route, et donc il faut…
ADRIEN GINDRE
Donc je comprends qu'il faut regarder les solutions qui rapportent de l'argent.
FRANÇOIS DUROVRAY
Non, mais il faut des recettes. Je me suis adressé évidemment, depuis dimanche dernier, à l'ensemble des partenaires, les présidents de région notamment, les présidents de métropole, je leur ai proposé une rencontre pour qu'on voit de quelle manière nous pouvons avancer ensemble sur ces solutions.
ADRIEN GINDRE
Donc vous n'excluez pas un éventuel retour de l'écotaxe poids lourds.
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais, nous sommes au début, encore une fois, nous sommes au début de ce nouveau gouvernement…
ADRIEN GINDRE
Mais ce n'est pas un tabou.
FRANÇOIS DUROVRAY
Le Premier ministre va faire sa déclaration de politique générale la semaine prochaine, il a demandé à l'ensemble des ministres de faire remonter un certain nombre de propositions, il appartiendra au Premier ministre…
ADRIEN GINDRE
Et vous en ferez ?
FRANÇOIS DUROVRAY
D'indiquer ses priorités.
ADRIEN GINDRE
D'ailleurs, puisqu'on cherche de l'argent, il y a la question des impôts, alors le Premier ministre a dit ne pas alourdir sur l'ensemble des Français. Vous, vous considérez que ce serait une bonne chose d'aller chercher un effort chez les plus riches ou sur les très grandes sociétés ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Le Premier ministre a d'abord indiqué qu'il n'y aurait pas d'augmentation d'impôts pour les Français…
ADRIEN GINDRE
Ça il l'a dit.
FRANÇOIS DUROVRAY
... modestes, catégories moyennes, et c'est un engagement extrêmement important.
ADRIEN GINDRE
Les plus riches…
FRANÇOIS DUROVRAY
Qu'il y ait, face à une situation budgétaire extrêmement compliquée, un effort demandé à ceux qui le peuvent, ça ne me semble pas du tout inconsidéré. J'ai d'ailleurs lu avec intérêt les déclarations du président du MEDEF, patronat ce matin, chez vos confrères des Echos, qui laisse la porte ouverte sur cette participation.
ADRIEN GINDRE
Il y a la question des dépenses aussi. Il y a quelques mois, enfin quelques années maintenant, face à la hausse du prix de l'essence, le gouvernement avait accepté de faire un geste pour aider les automobilistes. Heureusement, aujourd'hui, les prix sont à niveau, on va dire, correct, mais la remontée est possible. Est-ce que si elle se produit, le gouvernement à nouveau aidera les automobilistes ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Comme vous venez de l'indiquer, nous ne sommes pas dans cette situation aujourd'hui. En revanche…
ADRIEN GINDRE
Gouverner, c'est prévoir.
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais si d'aventure une situation tendue intervenait, ce qu'il faudrait, c'est là encore cibler en direction des plus modestes qui ont des difficultés, qui ne peuvent pas se séparer de leur voiture et qui n'ont pas les moyens forcément de…
ADRIEN GINDRE
Donc on ferait un distinguo en fonction éventuellement des niveaux, même si on sait que techniquement c'est très compliqué. Dans les projets également que vous allez devoir traiter, qui sont dans les cartons des anciennes équipe gouvernementales, il y a Le Pass Rail. Alors, je le rappelle, c'est un dispositif pour les 16/27 ans, pouvoir voyager à 49 euros par mois pendant l'été, sur les TER Intercités. C'est le président de la République qui avait voulu ce Pass Rail. On a vu que le succès avait été très mitigé, pour ne pas dire carrément absent cet été. On va abandonner ce projet ou on va le garder ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Non. J'ai demandé à mon administration d'en faire le bilan. 250 000 jeunes qui ont profité du Pass Rail. Il y a évidemment des choses à regarder…
ADRIEN GINDRE
On en ... à 700 000.
FRANÇOIS DUROVRAY
Oui, bien sûr. Mais est-ce que c'est tout simplement une montée du dispositif, ce que je souhaite et auquel cas nous allons pouvoir continuer avec l'ensemble des régions partenaires que je veux saluer. Ou est-ce que ce dispositif ne répond pas à la demande des jeunes ? Auquel cas, il faudra en tirer les leçons. Mais encore une fois, laissons vivre ce dispositif.
ADRIEN GINDRE
Quel type de ministre des Transports vous entendez être, François DUROVRAY ? Est-ce que, par exemple, sur le prix des billets de train, vous considérez qu'il est de votre responsabilité de garantir aux Français des trains moins chers ou aux tarifications plus prévisibles ? On sait notamment que vous allez bientôt devoir nommer un successeur au patron de la SNCF, monsieur FARANDOU. Est-ce que ça fait partie de la feuille de route ?
FRANÇOIS DUROVRAY
La SNCF, comme toutes les grandes entreprises publiques, sont des entreprises qui appartiennent à tous les Français. Et moi, je suis attaché à ce qu'il y ait un service public qui soit de qualité partout sur le territoire et qui reste accessible à nos concitoyens, à nos usagers.
ADRIEN GINDRE
Et moins cher ça veut dire ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Ça veut dire qu'il doit y avoir la possibilité pour toutes les familles d'avoir accès aux trains comme à l'ensemble des mobilités. C'est une question là aussi qui dépasse les sujets économiques et sociaux. C'est une question démocratique. La question des mobilités, c'est le rapport des Français au reste du pays. Et c'est là que moi, en tant que ministre des Transports, je souhaite, parce que je suis un élu local, parce que j'ai cette expérience, je souhaite tout simplement développer l'ensemble des mobilités et permettre à nos concitoyens d'améliorer leur vie quotidienne.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup François DUROVRAY. En fait, j'ai oublié de vous demander : vous avez une voiture vous, à titre personnel ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Evidemment, comme beaucoup d'habitants de l'Essonne, je suis contraint d'avoir une voiture.
BRUCE TOUSSAINT
Vous roulez à quoi ? Au diesel ? Au sans plomb ?
FRANÇOIS DUROVRAY
J'ai la chance d'avoir un véhicule hybride.
ADRIEN GINDRE
Hybride. Très bien. Français ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Français.
BRUCE TOUSSAINT
C'est fini pour l'interrogatoire.
FRANÇOIS DUROVRAY
Merci.
BRUCE TOUSSAINT
Merci à vous. Merci Adrien GINDRE.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 septembre 2024