Conférence de presse de Mme Maud Bregeon, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, sur la modernisation du régime des fonds d'investissement alternatifs et sur les réquisitions pour les besoins de la défense et de la sécurité nationale portant sur la préparation et la gestion des crises, Paris le 1er octobre 2024.

Prononcé le 1er octobre 2024

Intervenant(s) : 
  • Maud Bregeon - Ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement

Circonstance : Conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres

Texte intégral

(...) Bonjour,

Premier exercice pour moi, un petit peu stressant, mais je suis très contente de voir dans cette salle bon nombre de visages que je connais déjà et j'aurai l'occasion, je n'en doute pas, d'échanger avec celles et ceux que je ne connais pas encore.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, permettez-moi un propos liminaire, un peu plus personnel, pour vous dire que ce compte rendu constitue un moment essentiel. Pour moi, bien sûr, en tant que porte-parole du Gouvernement, mais surtout pour l'ensemble des Français, qui chaque semaine vont nous écouter ou nous regarder.

Des Françaises et des Français à l'endroit desquels nous avons un devoir, plus que jamais, de vérité et de clarté. Nous le faisons et nous le ferons grâce à chacune et chacun d'entre vous. Chacun à notre place, chacun dans notre rôle, nous assurons une mission essentielle au bon fonctionnement du débat public et de la démocratie.

Cette mission est plus que jamais vitale. Nous vivons, et vous le savez au moins autant bien que moi, une époque qui est marquée par la prolifération d'information. À l'heure des réseaux sociaux, chacun peut émettre des informations sans vérification. Cette explosion ne s'accompagne pas nécessairement d'une amélioration de la qualité. Bien au contraire. Nous vivons ce que j'appelle une "déchéance de rationalité". Par le jeu des algorithmes et des manipulations, beaucoup de nos concitoyens se retrouvent plongés dans des bulles où l'information sérieuse n'existe plus. C'est une menace existentielle pour nos démocraties, une menace lorsque les valeurs fondamentales de notre démocratie disparaissent dans ces bulles de désinformation et parfois d'invectives. Une menace, quand il n'est plus possible pour les citoyens, de distinguer le vrai du faux.

Et dans ce contexte, avec l'ensemble du Gouvernement, nous croyons au pouvoir d'une parole publique claire et transparente, d'où qu'elle vienne. Cet enjeu est immense et nous avons une responsabilité collective, vous comme nous, vis-à-vis des Français. Ma responsabilité, comme porte-parole, sera de dire ce que nous faisons, de rendre compte, de répondre à vos questions, même lorsqu'elles déplaisent. De dire aussi, parfois – et ce n'est pas toujours l'habitude en politique – que je ne sais pas.

Je le ferai partout où les gens vivent, et partout où ils s'informent, avec vous.

Je souhaite ensuite préciser deux choses concernant l'exercice d'aujourd'hui. La première concerne l'endroit où nous sommes. J'anticipe probablement certaines de vos questions. Et pour les gens qui nous écoutent, je précise que nous nous trouvons ce matin dans la salle de presse du Service d'information du Gouvernement, qui est une administration placée sous l'autorité du Premier ministre. Jusqu'à présent, vous le savez, ce compte rendu avait lieu à l'Élysée. Alors : pourquoi ce lieu ? D'abord, vous dire que c'est une décision conjointe, qui fait suite à des discussions entre le président de la République et le Premier ministre. Et c'est une décision qui a été prise parce qu'elle nous semble illustrer, au mieux, la nouvelle donne institutionnelle et politique. Celle, au fond, d'un nouveau modèle : nous ne sommes ni dans une majorité présidentielle, ni en cohabitation. C'est une "troisième voie" qu'il nous revient de bâtir.

Ma deuxième remarque concerne la déclaration de politique générale – vous le savez, elle aura lieu cet après-midi à 15 heures à l'Assemblée nationale, prononcée par le Premier ministre, et simultanément au Sénat par Didier Migaud, ministre de la Justice et garde des Sceaux.

Vous comprendrez, j'espère, que mon rôle n'est pas de faire la déclaration avant la déclaration. Et il ne vous aura pas échappé que je ne suis pas Michel Barnier. Le Gouvernement est responsable devant le Parlement, donc c'est évidemment aux représentants de la nation que le Premier ministre réserve ses grandes orientations. J'essaierai néanmoins de vous répondre, avec ce que je sais, le plus précisément possible.

Je passe maintenant au compte rendu du conseil des ministres.

Le président de la République a ouvert ce deuxième conseil des ministres en affirmant que c'était un jour important. Important parce qu'il allait permettre d'apporter de la clarté auprès des parlementaires et des Français. Le Premier ministre a affirmé que les débats, les discussions qu'il avait pu avoir avec les présidents de groupes, le séminaire gouvernemental qui s'est tenu vendredi dernier, les convictions qui sont les nôtres au sein du Gouvernement, avaient permis de contribuer, avec notre action commune, à construire ces discussions de politique générale, et à définir le socle législatif que nous porterons et qui vous sera présenté cet après-midi.

Il a affirmé que malgré le contexte difficile, sensible, il y avait un chemin. Ce sera donc un discours d'action, concentré sur les priorités exprimées par les Français aux élections législatives. Et elles sont nombreuses. Ce sera un discours de vérité – il aura l'occasion de revenir sur la dette financière et la dette écologique – et un discours de méthode. Une méthode d'écoute, une méthode de respect du Parlement, et une méthode de respect de l'État de droit. Il a également rappelé les lignes rouges qui étaient les siennes. Beaucoup de gens ont des lignes rouges. Le Premier ministre a le droit d'en avoir aussi : aucune tolérance sur le racisme, sur l'antisémitisme ; aucune tolérance sur le communautarisme, aucune tolérance face aux violences faites aux femmes ; aucune tolérance aux atteintes à la laïcité. Aucune remise en cause, évidemment, des avancées sociétales. Et aucune remise en cause, de même, de l'État de droit.

À la suite, il a indiqué que les ministres devront se montrer solidaires du cap et du cadre fixés par le Premier ministre, et "Au travail" !

Deux textes ont ensuite été présentés, qui concernent le projet de loi, ratifiant une ordonnance du 3 juillet 2024 portant modernisation du régime des fonds d'investissement alternatifs, et un décret relatif aux réquisitions pour les besoins de la défense et de la sécurité nationale et leurs articulations avec les différents régimes juridiques, portant sur la préparation et la gestion des crises.

J'en viens enfin à la situation internationale, pour vous annoncer qu'un conseil de Défense et de Sécurité nationale se tiendra ce soir à 19 h 30. Jean-Noël Barrot, ministre chargé des Affaires étrangères, est allé au Liban pour rappeler notre soutien au peuple libanais, qui paie un prix très lourd, apporter également notre soutien à notre réseau diplomatique. Il a relayé la solution diplomatique, portée par le président de la République et le Président Biden, de cessez-le-feu. C'est une voie diplomatique qui est exigeante, mais qui à nos yeux existe. Je vous rappelle la ferme opposition de la France à toute incursion terrestre d'Israël au Liban.

Jean-Noël Barrot a par ailleurs redit l'importance, pour le Liban, de se doter d'un Président pour sortir de la crise politique.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a rappelé que 700 soldats français étaient engagés au Liban au sein de la FINUL, sous commandement de l'ONU et que leur présence là-bas était pour nous un objet, évidemment, de préoccupation quotidien.

Quant au Hezbollah, nous rappelons que le Hezbollah, qui a engagé cette confrontation le 8 octobre dernier, porte une lourde responsabilité dans la situation. Et la France n'oublie pas que la branche militaire a perpétré des attentats mortels et des actes de toute nature qui ont touché notre pays et affaibli le Liban.


Source https://www.info.gouv.fr, le 4 octobre 2024