Texte intégral
La ministre de la Santé et de l'accès aux soins a présenté une communication relative à la santé mentale, Grande cause nationale pour 2025.
Le Premier ministre a annoncé sa volonté de faire de la santé mentale la priorité de l'action gouvernementale, en engageant une démarche en profondeur, qui sera conduite pendant plusieurs années par l'ensemble des ministères. L'année 2025, qui fera de la santé mentale la grande cause nationale, permettra ainsi d'initier ce chantier transversal en lui donnant un éclairage et un écho important auprès de l'opinion, mais l'enjeu collectif sera de poursuivre les chantiers engagés pendant plusieurs années.
La santé mentale constitue une priorité de santé publique comme le récent rapport du Haut commissariat au Plan vient de le souligner à nouveau. La santé mentale des Français se dégrade de manière préoccupante ces dernières années :
- une personne sur trois souffre d'un trouble psychique à un moment de sa vie ;
- environ deux millions de Français sont pris en charge chaque année en psychiatrie ;
- on constate un doublement des troubles dépressifs et anxieux chez les jeunes depuis la pandémie.
C'est aussi un enjeu de dépenses publiques avec près de 19,3 milliards d'euros de dépenses directes par an. C'est enfin un enjeu pour des millions de familles, qui nécessite qu'un nouveau regard soit porté sur la santé mentale, que de nouvelles prises en charge et de nouveaux accompagnements se développent mais aussi que la recherche en santé mentale soit davantage soutenue.
L'ambition de la grande cause nationale est de changer le regard en mobilisant toutes les sphères de la société, santé, travail, familles, éducation nationale, enseignement supérieur, sécurité, sport, action sociale, etc. Il s'agit de rendre visible la santé mentale, dans une dynamique interministérielle, et de renforcer, encourager et valoriser les initiatives partenariales sur le territoire.
1. Capitaliser sur les actions engagées
Ces dernières années, la santé mentale a fait l'objet de plusieurs stratégies nationales avec :
- la feuille de route nationale Psychiatrie et santé mentale (2018-2026) qui trace le cadre d'actions national ;
- le Plan des 1000 premiers jours de l'enfant;
- la Stratégie nationale autisme dans les troubles neurodéveloppementaux;
- la feuille de route Prévention du mal être et accompagnement des agriculteurs en difficulté.
Ces plans d'actions ont permis de renforcer la place des droits des patients, de libérer les initiatives organisationnelles et de déployer le cadre fédérateur des projets territoriaux de santé mentale. L'élargissement récent du dispositif Mon soutien Psy (permettant l'accès des jeunes à un psychologue remboursé par l'assurance maladie) est une avancée majeure vers sa généralisation. Pour autant, en dépit de premiers résultats positifs, les réponses ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux :
- malgré la diminution du nombre de suicides dans toutes les classes d'âge (-33 % depuis 2000), le suicide reste la deuxième cause de mortalité entre 15 et 24 ans et est devenu la première cause de mortalité des jeunes mamans ;
- les délais de prise en charge en ville et à l'hôpital restent élevés d'autant que l'inégale répartition des psychiatres et notamment des pédopsychiatres ne permet pas de répondre à certains besoins. La psychiatrie, notamment la psychiatrie publique, connaît des difficultés sous la pression de tensions en ressources humaines, tant médicales que paramédicales et ce secteur souffre d'un déficit d'attractivité qui ne lui permet pas de répondre de façon satisfaisante aux besoins des patients.
2. Une grande cause nationale pour affirmer une ambition nouvelle Il s'agit aujourd'hui de porter une ambition renouvelée pour la politique de santé mentale dans notre pays. Cette Grande cause nationale doit être soutenue par tous les acteurs, en particulier la société civile, avec notamment l'appui de collectifs tels que le collectif « Santé mentale, grande cause nationale » qui regroupe 23 organisations représentant plus de 3 000 structures, établissements et associations travaillant dans le champ de la santé mentale au sens large (représentants de la psychiatrie, du champ médico-social, de l'accompagnement professionnel, sanitaire et social, des usagers, des familles et proches, des pairs aidants, des lignes d'écoute, etc) mobilisés partout sur le territoire. L'affirmation de cette stratégie de la politique de santé mentale, partagée au niveau interministériel et avec les autres collectivités publiques (départements et villes notamment) devra s'inscrive dans la durée, avec pour objectifs prioritaires :
- la déstigmatisation, afin de changer le regard sur les troubles psychiques et les troubles mentaux ;
- le développement de la prévention et du repérage précoce, grâce à la sensibilisation et la formation dans toutes les sphères de la société ;
- l'amélioration de l'accès aux soins en tous points du territoire par la gradation des parcours, le développement des nouveaux métiers de la santé mentale en veillant aux soins des personnes les plus fragiles et présentant les troubles les plus complexes ;
- l'accompagnement des personnes concernées dans toutes les dimensions de leur vie quotidienne, à savoir, la formation, l'emploi, le logement, l'accès aux loisirs…
L'année 2025 est donc l'occasion de donner une nouvelle impulsion mais aussi et surtout de mobiliser tous les acteurs sur cette grande cause pour construire des réponses coordonnées et favoriser les initiatives.
Dans l'immédiat, le Premier ministre invite chaque ministère à se doter d'une feuille de route dédiée, étant entendu qu'un comité interministériel sera mis en place pour piloter cette nouvelle stratégie de santé mentale, sous la coordination de la ministre de la santé et de l'accès aux soins et de la ministre déléguée en charge de la coordination gouvernementale, avec l'appui d'une « task force » composée de plusieurs personnalités.